Catégorie : 2021

  • Les faux-témoins

    Les faux-témoins

    L’un qui regarde par-dessus, l’autre qui observe par-dessous ;
    Aujourd’hui les regards se croisent mais sans jamais se rencontrer.
    L’un croit ferme aux idées reçues et l’autre croit de tout son saoul
    Qu’ils sont ennemis et ils se toisent sans que rien ne soit démontré.

    Qu’est-ce qui est faux ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qui donc détient la vérité ?
    Sans doute est-elle relative et dépend de l’observateur ?
    Si d’aventure je découvrais la juste contre-vérité,
    Je n’aurais d’autre alternative qu’être à mon tour perturbateur.

    Art Maori.

  • L’art alimentaire

    L’art alimentaire

    En cas de pénurie des sens, j’ai peint des tableaux à goûter
    D’une technique alimentaire avec la peinture au couteau.
    Le palais en effervescence pour savourer le velouté
    De la matière pigmentaire qui fait ressortir le gâteau.

    J’ai peint des boîtes de conserve pour dîner comme un petit prince ;
    J’y ai collé des étiquettes des menus des grands restaurants.
    Au fond, la porte de la réserve avec du champagne de Reims
    Que j’ai verni d’une frisquette de caramel édulcorant.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Hors-jeu

    Hors-jeu

    Plus vraie que la réalité, l’imagination m’hypnotise
    En effaçant portes et fenêtres et l’empreinte de l’habitude.
    Hermétique aux actualités qui ne deviennent que sottises,
    Elle m’isole et me pénètre d’une séduisante quiétude.

    Lorsqu’un intrus crève ma bulle avec l’esprit perturbateur,
    Il me croit toujours disponible pour me raconter ses sornettes.
    Et moi, pareil au somnambule, je vis l’effet dévastateur
    De l’anéantissement pénible de tous mes plans sur la comète.

    Illustration de Ray Bradbury.

  • Cœur de papillon

    Cœur de papillon

    Cœur d’artichaut, cœur sur la main, tu donnes à tous, sans lendemain.
    Toutes les feuilles que tu détaches pour donner un peu à tout l’monde
    Symbolisent les graines de demain qui poussent le long du chemin ;
    Même si ceux à qui tu t’attaches un jour jamais ne te répondent.

    Cœur d’artichaut, ton messager, ce papillon aux ailes d’or,
    Transmet les ondes positives de tes petits bonheurs passés.
    Tant pis si l’amour passager, parti comme un conquistador,
    Trouve réaction négative parmi la foule compassée.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Auto-portrait à la Vénus de Milo

    Auto-portrait à la Vénus de Milo

    Les bras m’en tombent le plus souvent quand je réalise une erreur ;
    Je me vois nue et dépouillée de toute trace intelligente.
    Tous ces souvenirs émouvants alimentent alors la terreur
    Qui commence à me barbouiller ma confiance négligente.

    La somme de toutes mes fautes après tout n’est qu’un examen
    Que j’ai complètement déformé pour le décrocher et survivre.
    Pourtant je tiens la dragée haute car ça éclaire le chemin
    De ma personne transformée et j’en fais ma raison de vivre.

    Photo de Andrea Mary Marshall.

  • Auto-portrait démultiplié

    Auto-portrait démultiplié

    Est-ce que je pense avec mon cœur, mes bras, mes cuisses et mon bassin ?
    Est-ce que je rêve avec ma bouche, avec mes pieds, avec mes mains ?
    Mon cerveau n’est que chroniqueur qui consigne tous les desseins
    De tout ce dont mon corps s’attouche par tous ses organes humains.

    Le sexe estime à sa façon comment diriger mes envies,
    Le cœur dirige mes émotions pour en exprimer la couleur,
    Mes mains retiennent la leçon des brûlures au cours de la vie,
    Et le cortex en commotion n’en retient que rires et douleurs.

    Photo de Ahn Sun Mi.

  • Auto-portrait mensonger

    Auto-portrait mensonger

    Quand je m’enfonce dans les limbes de l’eau de mes rêves en couleurs,
    Ma réalité se transforme et fait place à l’absurdité.
    Mon irréalité regimbe contre ce monde de douleurs
    Et l’exprime par toutes les formes d’une folle intrépidité.

    Âme et pensées se liquéfient et passe à travers l’écumoire
    Qui ne retient que le réel et oublie tout l’imaginaire.
    Et le matin solidifie le peu qui reste en ma mémoire
    Et j’en écrit de surréels poèmes au goût d’Apollinaire.

    Tableau d’Alexa Meade.

  • Auto-portrait en pied

    Auto-portrait en pied

    Au pied du mur, on voit le maçon ; au pied du chef-d’œuvre, l’artiste.
    Et peu importe la pointure s’il y a l’ivresse des couleurs.
    Il n’est point de contrefaçon dans l’autoportrait réaliste
    Si le peintre y met sa peinture pour couvrir ses propres douleurs.

    Ainsi je peins ma chevelure juste au couteau selon la coupe
    Que je souhaite mettre en valeur pour un résultat chatoyant.
    Je repasse et je peinturlure en faisant couler sur ma croupe,
    À même la peau, la couleur qui dégoutte en me chatouillant.

    Tableau d’Alexa Meade.

  • Auto-portrait naturiste

    Auto-portrait naturiste

    Changer de vie ou de lunettes ? J’ai peint les verres de mes mirettes !
    Je vis l’existence autrement de tout mon corps entièrement.
    J’ai hésité… fatalement mais je vis nue finalement
    Et choisis un look futuriste en redevenant naturiste.

    Après la douche du matin, j’use un kilo de fond de teint
    Que je répands sur tout le corps, deux, trois fois, encore et encore.
    Peinture à l’huile sur les seins, peinture à l’eau sur le bassin ;
    Enfin en guise de cache-sexe, juste un collage sans complexe.

    Tableau d’Alexa Meade.

  • Auto-portrait immergé

    Auto-portrait immergé

    Puisqu’il faut l’autorisation de l’Empereur de la santé
    Pour découvrir dans les musées des œuvres d’art non-essentielles,
    J’inverse la vaporisation sur mes tableaux innocentés
    Et j’établis pour m’amuser leurs identités officielles.

    J’en appelle à Claude Monet pour ma photo d’identité
    Avec un QR-code flou et un visa impressionniste
    À mettre dans mon porte-monnaie pour montrer aux autorités
    Combien la peinture renfloue mon agrément de complotiste.

    Tableau d’Alexa Meade.

  • Auto-portrait réfléchi

    Auto-portrait réfléchi

    Si le tableau réfléchissait comme un miroir impressionniste,
    J’en produirais plusieurs saisons, période bleue, période rose.
    Si les couleurs me guérissaient de mon côté perfectionniste,
    J’en recouvrerais ma maison en petites touches de prose.

    Si le miroir osait mentir comme une peinture hypocrite,
    Je me verrais tel qu’on me voit sous un œil juste et percutant.
    Si l’éclat pouvait pressentir tout mon potentiel émérite,
    J’aurais déjà choisi la voie qui m’aurait fait gagner du temps.

    Finalement tous mes tableaux renvoient la valeur de mon âme
    Comme un miroir intelligent ferait la météo du cœur.
    La nuit, ils forment des hublots entrouverts sur les mélodrames
    Que vivent mes rêves émergents sur un monde absurde et moqueur.

    Tableau d’Alexa Meade.

  • Chromothérapie

    Quand la migraine et la douleur s’étendent sur la moitié du crâne,
    L’accalmie n’est de bon augure qu’après trois cachets d’aspirine.
    À part peut-être la couleur que je répands sur la membrane
    De la moitié de ma figure en reflets-vers bleu-azurine.

    Quand le coccyx et le bassin me rappellent à leurs souvenirs,
    J’étale alors sur tout le corps la thérapie par la peinture.
    Mais pas besoin d’faire un dessin ; je n’aurais aucun avenir
    Dans le grand livre des records à poser ma candidature.

    Tableaux d’Alexa Meade.

  • Vespa Godiva

    Vespa Godiva

    Pour protester contre son Jules qui vendait ses charmes trop cher,
    Madame enfourcha sa Vespa et roula nue dans le village.
    Elle se flattait d’être l’émule du bloc en exposant sa chair
    Et força Monsieur Godiva à solder sa femme volage.

    Tableau d’Alexey Kondakov sur https:mymodernmet.comphoto-manipulation-alexey-kondakov .

  • Un tour de cochon à vélo

    Puisque je suis ce que je mange tant que mon corps s’en trouve accru,
    Mon caractère de cochon ne ramène plus jamais sa fraise.
    J’ai l’estomac qui me démange d’avoir aimé le jambon cru
    Et la queue en tire-bouchon quand le soir j’honore Thérèse.

    Elle m’appelle « cochonnet » et je rougis comme un goret
    Qui se retrouve avec sa truie à copuler en trémolo.
    Ça me coupe le robinet et je me sens bien timoré
    D’avoir voulu faire à autrui un tour de cochon à vau-l’eau.

    Tableaux de Stasys Eidrigevičius sur http:dreamersrise.blogspot.com201104stasys-eidrigevicius.html .

  • L’enlèvement de Sabine

    L’enlèvement de Sabine

    Sabine aimait son Roméo et Roméo aimait Sabine
    Seulement papa ne voulait pas, maman et ses frères non plus.
    Il ne resta aux deux héros que s’engouffrer dans la cabine
    De l’autocar vert, à grand pas, pour fuir ceux qui leur ont déplu.

    Tableau d’Alexey Kondakov sur https:mymodernmet.comphoto-manipulation-alexey-kondakov .

  • Ô Châteaux – 2

    Tous les châteaux inachevés continuent encore de vivre ;
    Leurs toits ne sont pas terminés car ils ne cessent de monter.
    Ils s’endorment sur le chevet de leurs tours couvertes de givre
    En attendant une destinée dépendante d’autres volontés.

    Si d’aventure je devenais propriétaire d’un château,
    Je m’assiérais sur une chaise face aux murs en démolition.
    Et si son fantôme revenait portant sa tête sur un plateau
    Je lui dirais : « Cher Louis XVI, on refait la révolution ! »

    Tableaux de Olivier Lamboray sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201908Olivier-Lamboray.html .

  • Jamais muse ne s’use si j’en abuse

    Jamais muse ne s’use si j’en abuse

    La poésie, mon véhicule au moteur de l’inspiration,
    M’invite aux voyages impossibles entre les lignes, entre les vers
    Où l’imagination circule à l’encre de transpiration
    Sur la page vierge impassible dépucelée à mots couverts.

    Elle va de la bouche des hommes à celle des femmes en prose,
    Elle s’invente des chimères chaussées de semelles du vent,
    Elle recouvre les fantômes du romantisme à l’eau de rose
    Par des étoiles éphémères qui s’évanouissent du levant.

    Je la chasse en salles d’attente dans le silence de l’ennui
    Et je tue la mélancolie des journées où rien ne se passe.
    Grâce à ma muse combattante et à l’insomnie de mes nuits,
    Mon cœur d’étoile vit la folie de l’infinité de l’espace.

    Illustration de Karl James Mountford.

  • Madame aux quatre quarts

    Au matin, Madame se lève, baignée des couleurs de l’aurore
    Encore parfumée des étreintes qui l’ont fait rugir de plaisir.
    À midi, Madame prélève juste une pincée d’ellébore
    Pour éliminer sans contrainte l’ennui qui pourrait la transir.

    Tout l’après-midi jusqu’au soir, Madame sort de son apathie
    Avec ses prétendants galants pour sélectionner le vainqueur.
    La nuit, comme elle ne peut surseoir à l’appel de ses appétits,
    Elle festoie en se régalant d’amour et d’ivresse du cœur.

    Tableaux de Manolo Valdés.

  • La voix des oiseaux

    Sur l’onde subtile du temps qui n’use d’aucune fréquence
    Les cris des oiseaux se diffusent sans nuire à l’environnement.
    D’eux-mêmes les piafs débutants se rallient à cette alliance
    Malgré l’agitation confuse de leurs jeunes égarements.

    Une voix perce leurs ramages ; la colombière qui les appelle,
    Envoie sa perdrix aux ailes d’or pour en recueillir les nouvelles.
    Langue de becs et de plumages s’échangent là-haut à la pelle
    Et lorsque le soleil s’endort revient la fière bartavelle.

    Sculpture de Kathleen Sukiennik.

  • La couleur des émotions

    Verte de peur, rouge de colère, ses serrements de cœur la trahissent
    En témoignant de tous ses gestes la couleur de ses sentiments.
    Éclipses et éruptions solaires couvrent son corps et le tapissent
    D’une écarlate orbe céleste dans un costume rouge piment.

    Les bleus de l’âme sur son visage et sur la pointe de ses seins,
    Autant de témoins indiscrets qui s’expriment par la couleur.
    Pour se noyer dans le paysage et masquer ses obscurs desseins,
    Elle dérobe tous ses secrets derrière son habit de douleur.

    Photos de Nick Knight et de Nadia Lee Cohen sur http:www.nadialeecohen.com .

  • Il est des jours où la sirène s’en fout

    Il est des jours où la sirène s’en fout

    Comment fête-t-elle Halloween sans une automne au fond des mers ?
    Comment fête-t-elle Noël sans un hiver dans les abysses ?
    Comment chante-t-elle à la Lune sans une Grande Ourse opportune ?
    Comment échappe-t-elle au réel sans un parfum de cannabis ?

    Mais la sirène est au-dessous de ce qui s’ passe en nos manoir
    Car au fond, elle n’est pas si conne parmi les algues fourmillantes.
    Quand le pétrole se dissout dans la mer, elle broie du noir
    Et quand l’humanité déconne, elle rit d’une queue frétillante.

    Tableau de Marcia Snedecor.

  • Vagues de nuit

    Durant les éclipses solaires, poussées par les vents de l’espace,
    Ondulent les queues en couleurs, comètes fantasmagoriques.
    Issues de l’Étoile Polaire, elles abandonnent leurs carapaces
    D’où s’échappe un flot de douleurs d’amours volages et chimériques.

    Car elles ont aimé le soleil qui leur a fécondé le cœur
    Semant des poussières d’étoiles qui renaîtront en galaxies.
    Mais quand les comètes s’éveillent, elles restent seules avec rancœur
    Car l’astre fier déjà se voile d’une nocturne cataplexie.

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet sur http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html .

  • La respiration de la sirène

    Comment respire une sirène ? Par des branchies ou des poumons ?
    Écoutons Reflets-Vers&Prose en donner leurs résolutions :
    « D’une respiration sereine » d’après ce qu’en pense Raymond,
    Pour Maryvon « l’aileron rose de sa queue » est la solution.

    Périodiquement en surface, elle vient inspirer l’air iodé
    En offrant sa poitrine rose à l’atmosphère de l’océan.
    Le haut du corps sert d’interface, sa peau sait s’y accommoder
    Et, de sa queue, l’aponévrose joue un grand rôle bienséant.

    Elle demeure enfin une énigme presque trop belle pour être vraie.
    Mais, comme disent les poètes, les femmes cultivent le mystère.
    La sirène reste un paradigme que la Nature nous devrait
    Et la science reste muette quant à son existence sur Terre.

    Tableaux hyperréalismes de Reisha Perlmutter sur https:www.oldskull.netilustracionla-increible-pintura-de-reisha-perlmutter .

  • Rêve de sirène

    La sirène dort, la sirène rêve,
    Sans queue de poisson mais en corps de femme
    Ici aux tréfonds, là entre deux eaux,
    Ici en surface, là dans les abysses.

    La sirène part dans les profondeurs
    Songer aux marins, rêver à l’amour.
    Autour des navires le soir vers minuit
    Pour capter la vie de l’homme de mer.

    La sirène échappe à l’évolution
    Elle n’a jamais été un poisson
    Elle est créature, fille de Neptune
    Reine de la mer et des océans.

    À quoi rêve-t-elle, nue dans le grand bleu ?
    Peut-être de moi, peut-être de vous.
    Si la nuit prochaine vous l’apercevez
    Noyée dans vos rêves, là vous le saurez.

    Tableaux de Bill Bate.

  • Gaïa mal à la tête

    Gaïa mal à la tête

    Gaïa aïe aïe, Gaïa a mal ! Mal à la tête, mal aux sinus !
    Ses forêts de cheveux coupées, sa température qui monte,
    La fin de son règne animal, prochain arrêt au terminus,
    L’humanité entourloupée par les faux-vaccins de la honte !

    Elle en a perdu sa culotte par la fonte des seins de glace
    Et s’est revêtue de plastique jusqu’à ses profonds orifices.
    Pendant que les migrants ballottent sur les océans dégueulasses,
    D’autres emploient des moyens drastiques pour susciter leur sacrifice.

    Sculpture de Sara Swink.

  • Celle qui sait

    Celle qui sait, celle qui lit, celle qui pense et qui enquête
    Sera considérée hors-la-loi et complotiste patentée.
    Celle qui vit, celle qui s’allie, qui crie dans les rues à tue-tête
    Sera constamment aux abois d’une police assermentée.

    Pourtant ce sont les marginaux qui font avancer le troupeau ;
    Ce sont les martyrs en prison qui font s’effondrer les barrières ;
    Depuis les temps originaux, les faibles luttent sans repos
    Car l’ennemi à l’horizon ne sait avancer qu’en arrière.

    Illustrations de Julia Iredale sur https:sosuperawesome.compost142222171978julia-iredale-on-tumblr-and-society6-so-superamp .

  • Ainsi va la vie

    Ainsi va la vie

    Ainsi va la vie, ainsi va le temps, ainsi vont les hommes, ainsi vont les femmes,
    Ainsi vont les guerres, ainsi vont les luttes, ainsi vont les fous, ainsi va l’histoire.
    Et tout recommence, c’est intermittent et tout meurt demain d’une mort infâme ;
    Et le monde tourne, faisant des volutes mêlant les défaites avec les victoires.

    Une histoire à suivre, une histoire à vivre, à mourir de rire, à mourir de rien ;
    On trouve normal, on s’y habitue, on se dit qu’ainsi c’est la vie qui fuit.
    Un jour on s’enferme puis, on se délivre, un jour on s’en va et puis, on revient ;
    Un jour on a peur, un jour on se tue, un jour on mourra mais pas aujourd’hui.

    Tableau de Brenda York.

  • Le monde carrément perdu

    M’adapter ou bien fuir le monde laisse un goût amer dans la bouche
    De l’échec de la société pour la liberté de penser.
    Les règles deviennent immondes ; soit je me tais et je me couche,
    Soit je lutte contre l’anxiété en me battant pour compenser.

    Je vois la rivière de larmes couler d’une justice aveugle
    Qui nous oblige à accepter d’être marqués et abâtardis
    Grâce à un système d’alarme qui désormais guide le peuple
    En le laissant libre, excepté tout de que l’état interdit.

    Illustrations de Julia Iredale sur https:sosuperawesome.compost142222171978julia-iredale-on-tumblr-and-society6-so-superamp .

  • S’élever pour mieux rebondir

    S’élever pour mieux rebondir

    Passer tout le temps de ma vie à contourner tous les problèmes
    Ne laisse pas beaucoup de temps pour les rencontres amoureuses.
    Trop de factures et de devis, de règlement et de dilemmes
    Décomptent à l’amour tout autant d’opportunités savoureuses.

    Alors je crie pour m’élever, alors je prie pour m’échapper
    À la gravité du train-train où je dors plus que je ne vis.
    Des avatars m’ont soulevé, des accidents m’ont écharpé
    Mais j’ai rebondi avec entrain vers d’autres lieux pour d’autres vies.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html?m=1 .

  • L’automne en stéréotonie

    La Nature admirable, divine couturière
    Dévoile chaque année sa collection d’automne.
    Cette année, la maîtresse se fait aventurière
    Et remise au placard ses tenues monotones.

    Robe empruntant au lynx le teint de sa fourrure,
    Jupe en plumes de paon aux reflets miroitants,
    Dentelles délicates et moirées de dorures,
    Une étole à l’épaule aux éclats chatoyants.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Le train sifflera trois fois dans la cheminée

    Le train sifflera trois fois dans la cheminée

    Les cheminées utilisées une fois par an, en fin d’année,
    Ont été rodées et usées, polies, frottées et ramonées.
    Depuis que le Père Noël a mis son site sur internet,
    On entend son continuel réseau ferré sur la planète.

    Tchou-Tchou ! Aux douze coups de minuit, vous entendrez siffler trois fois
    La loco du convoi de nuit comme les vieux trains d’autrefois.
    Dégagez bien la cheminée, bricolez un quai de fortune
    Et vous verrez s’acheminer une livraison opportune.

    Tableau de René Magritte.

  • À la recherche du temps perdu

    Le temps de la jeunesse dure une éternité relative ;
    Trop de secondes par minute et bien trop de minutes à l’heure.
    Au bénéfice de sa richesse, sa valeur reste spéculative
    Puisque jamais ne se transmute quand l’âge prend de la valeur.

    Et le temps va diminuant puisque le temps, c’est de l’argent.
    Et elle court, elle court l’inflation de la banque des Dieux débloqués
    Qu’on vénère en s’exténuant mais, comme ils ne sont pas partageant,
    Au jour de la compensation, les comptes sont overclockés.

    (Tableaux de Michael Cheval.
    Overclocker, c’est augmenter la fréquence d’horloge d’un microprocesseur au-delà de celle définie par le constructeur par une manipulation matérielle pour le rendre plus rapide… au risque de le griller.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’École des Thésophiltres Sympatisants

    L’École des Thésophiltres Sympatisants

    Un peu sorcières, un peu voyantes extralucides extravagantes,
    Les visions qu’elles invoquaient, à travers les feuilles de thé,
    Se révélaient soit flamboyantes, soit inquiétantes voire arrogantes,
    Selon la transe que provoquait un thé chinois de qualité.

    Il leur fallait aussi du rhum, blanc ou ambré, en abondance ;
    Sans doute pour faciliter le transit des divinités.
    Tous les chemins mènent à Rome, mais il est des correspondances
    Où le Diable est habilité à changer si affinités.

    J’avais accompagné l’alcool d’un thé de Chine vieux de dix ans
    Qu’elles avaient accueillis ravies, m’ouvrant leurs quartiers de noblesse.
    Je fus donc admis à l’École des Thésophiltres Sympatisants
    Après l’avoir, sans préavis, goûté aux lèvres des diablesses.

    Tableau de Leonora Carrington.

  • Climatologies

    L’être humain possède un climat qui varie selon les espèces,
    Selon le sexe chaud ou froid ou un tempérament bouillant.
    Les femmes ont un microclimat imprévisible entre les fesses
    Que certains hommes maladroits tâtent d’un doigt en le mouillant.

    La femme froide fait un peu peur ; le mâle craint sa frigidité.
    La femme chaude, on s’en méfie ; sautes d’humeur, sautes du temps.
    Les femmes tièdes à contrecœur ; on s’ennuie, elles sont limitées.
    Seules relèveraient le défi : les femmes à thermostat constant.

    Tableaux de William Tolliver.

  • Laura Papillons

    Laura Papillons

    Plutôt rebelle et sauvageonne, elle habite au cœur des forêts,
    Vêtue d’une tenue légère de plumes en guise de cotillon.
    Rien sur ses épaules maigrichonnes, juste une coiffe décorée
    Qui donna à la jeune mégère son surnom : Laura-Papillons.

    Fortuitement je l’ai surprise dans l’eau de la claire fontaine
    Où j’allais inopinément apaiser ma soif d’aventures.
    Pour éviter toute méprise envers l’ondine puritaine
    Je me cachai impunément pour en observer sa nature.

    Mais les papillons m’ont trahi en virevoltant autour de moi
    Et la belle désabusée cria en sautant sur la berge.
    Et moi, je restai ébahi d’avoir miré avec émoi
    Ses deux petits seins médusés par un regard fou qui diverge.

    Photo de Danny Suhendar.

  • Vers la lumière

    Chaque jour de ta vie, tu montes d’un degré le grand escalier
    Et chaque année vient le décompte lorsque tu atteins le palier.
    D’abord tu restes, tu te reposes, insouciamment, tu as le temps
    Mais peu à peu le temps t’impose son mouvement intermittent.

    Dodo, métro, boulot, dodo, tous les étages se ressemblent ;
    Tu ne comptes plus ton mal de dos et tu fais partie de l’ensemble.
    Mais ta marche ralentit bientôt, tu sens même ton corps qui lévite
    Tandis que le monde aussitôt tourne alors de plus en plus vite.

    Tableaux de Rob Gonsalves.

  • Mode d’automne

    Mode d’automne

    En pleine Lune, les sorcières tissent des jupes opalines
    Pour attirer les hirondelles représentantes en lingerie.
    S’ouvre l’étal de la mercière, fleurettes en boutons des collines,
    Que la Nature renouvelle par une collection fleurie.

    Les apprenties un peu timides dissimulent leurs intimités
    Sous des tatouages de roses et des coiffures de saison :
    Feuilles d’automnes encore humides qui donnent à l’unanimité
    Les meilleures transes et névroses aux magiciennes en pâmoison.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Pleine apparition

    Pleine apparition

    En pleine Lune, les fantômes portent l’habit opalescent
    Tissé d’étoiles et feux follets pour célébrer l’événement.
    Voyez ces étranges symptômes et leurs profils luminescents
    Lorsque les spectres affolés font balloter leurs vêtements.

    Parfois ils laissent sur un buisson un lambeau de fils de lumières
    Que les sorcières vont recueillir pour entrelacer de grands cercles.
    Si vous ressentiez les frissons de cette diablerie coutumière,
    Vous pourriez vous enorgueillir d’en avoir soulevé le couvercle.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’œil du cygne

    L’œil du cygne

    Par l’œil du cygne, la Nature vous dévoile votre avenir
    Qui variera en noir ou blanc selon la couleur de l’oracle.
    Choisissez bien votre monture quand l’occasion va survenir
    Car ce petit détail troublant peut vous accorder un miracle.

    Les cygnes noirs en clair-obscur faciliteront la vision
    Plutôt qu’un cygne en robe blanche aux divinations endurcies.
    Un bon contraste ne procure que les meilleures prévisions
    Dont le destin ne se déclenche que si le cygne est obscurci.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Interférences

    Interférences

    Tandis que les vagues d’ardeurs produisent leurs ondulations,
    L’instinct dessine la rencontre prolongeant les lignes de vie.
    Dans l’intervalle du quart d’heure, admirez les modulations
    Des signes qui viennent à l’encontre de leurs amours inassouvies.

    Lorsque les zèbres s’interpénètrent par leurs desseins entrecroisés,
    La vie crée des interférences par leurs zébrures associées.
    Le petit zébron qui va naître portera ce chassé-croisé
    Sur son pelage en référence à sa conception négociée.

    Sérigraphie de Victor Vasarely.

  • La rumeur

    La rumeur

    Comme une femme qui roule nue sur son vélo sans retenue,
    La rumeur parcourt le village de bouche à oreille volage.
    On l’a vue dandiner des fesses, chacun l’atteste et le confesse
    Mais on ne l’a vue que de dos descendre les rues crescendo.

    On aimerait voir son visage se montrer dans le paysage ;
    Il paraît que la jouvencelle suivrait un régime sans selle.
    Tout le monde en parle assurément avec maints en maints suppléments ;
    Le bruit court qu’elle manifeste pour sa liberté sans conteste.

    Tableau de John Hendrikus Moesman.

  • Les chemins de fer ondulés

    Les chemins de fer ondulés

    Tout ce qui est dur comme fer se met soudain à onduler ;
    Les règles droites ramollissent et le temps vient se recourber.
    La Terre change d’atmosphère, l’air se met à démoduler
    Des nues aigües qui ralentissent vers des terres basses embourbées.

    Alors le train en caoutchouc s’étire comme un élastique
    Et les voyageurs morfondus se liquéfient sur les couchettes.
    Puis, on entendit dans un Tchou-Tchou la locomotive fantastique
    Gagner l’horizon confondu sous l’œil myope des vachettes.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • Tête-à-tête jardinier

    Tête-à-tête jardinier

    Avec les seins en tête-à-tête qui m’observaient droit dans les yeux
    Et les fesses en circonférence qui me détournaient l’attention,
    La jardinière un peu follette tentait un bouquet audacieux
    Mêlant avec indifférence attrait et fleurs de la passion.

    Je lui ai pris son arrosoir pour mouiller son jardin secret ;
    La clôture qui le contenait doucement s’est évanouie.
    J’ai ôté ce fil dérisoire qui gardait le bouton nacré
    Et tandis que je jardinais, la rose s’est épanouie.

    Tableau d’Andrei Protsouk.

  • Les Dessous-Fric

    Les Dessous-Fric

    Monsieur suit les cours de la bourse et la croissance du capital ;
    Madame suit le cours de la mode et ses effets psychologiques ;
    Chacun suit donc ainsi la course qui obsède la capitale
    À savoir ce qui accommode l’argent avec les dessous chics.

    Monsieur compte les dividendes que lui rapporte son argent ;
    Madame compte les avantages que lui rapporte sa beauté;
    Tant que les deux fils se distendent, bourse et mode iront se partageant
    Pelotage et boursicotage, les deux mamelles les plus cotées.

    Tableau d’Andrei Protsouk.

  • L’étoile de Lune

    L’étoile de Lune

    L’Étoile de Lune, au teint d’albâtre, en robe de velours nacré
    Renvoie le battement lunaire quand le premier quartier paraît.
    Sa pulsion continue à battre, croissant jusqu’à la nuit sacrée
    Où s’ouvrent les préliminaires de la pleine Lune qui comparait.

    Alors les Étoiles d’argent, sur les montagnes escarpées,
    Brillent de la même clarté et vibrent à la même cadence.
    Les lueurs croient en se partageant dans la voûte céleste harpée
    Le fief du soleil écarté des étoiles en correspondance.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian.Schloe.html?m=1 .

  • L’école des poissons-pilotes !

    L’école des poissons-pilotes !

    J’ai connu un poisson-pilote, ordre du requin souriant,
    Diplômé d’une grande école, prix d’une éducation sereine.
    Aspirant de la Grande Flotte, il fit carrière en dérouillant
    Quelques ennemis piscicoles qui tourmentèrent les sirènes.

    En récompense à ses exploits, il accéda au rang suprême
    De Capitaine de la garde de la Reine – ce fut une erreur ;
    Celle-ci lui fit à contremploi tant et tant d’avances extrêmes,
    Qu’il choisit pour sa sauvegarde d’être admis chez les éclaireurs.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian.Schloe.html?m=1 .

  • Bleue rêverie

    Bleue rêverie

    Des rêves en bleu aux couleurs froides aux bleus de l’âme aux couleurs chaudes ;
    L’esprit en quête d’aventure, l’amour à bonne température.
    Femmes anguleuses aux formes roides, femmes fragiles qui s’échaudent ;
    Tout dépend de la conjoncture, tous les goûts sont dans la nature.

    Femmes aux galets pour rigoler, femmes emballées pour un ballet ;
    Mes réflexions vertes et roses riment en reflets verts et prose.
    Femmes ballons pour picoler, femmes foldingues au pis-aller ;
    Femmes-fleurs aux épines moroses, femmes-fleurs au cœur de primerose.

    Tableau de Kamal Koria sur https:kkoria.com#jp-carousel-219 .

  • En costume de pluie

    En costume de pluie, la reine de la nuit
    Dans sa brume de voile danse au bal des étoiles.
    Des éclats de rosée en cercles arrosés
    Marqueront le ballet de sa ronde emballée.

    En costume de nuit, la reine de la pluie
    est venue également valser élégamment.
    Mais le vent s’est levé et les robes envolées
    N’ont laissé dans les nues rien que deux reines nues.

    Costume disponible sur https:www.costume-works.comthunderstorm1.html .

  • La biche à la rose

    La biche à la rose

    La biche, pas encore aux abois, a reçu au courrier la prose
    Qu’un jeune cerf aux quatre bois lui a parfumé d’une rose.
    Or la biche, un vrai cerf-manqué, s’habilla d’une redingote
    Et courut au rancard planquée, timide, au fond d’une gargote.

    Dans l’entrefaite, le cerf arrive, les bois cirés et reluisants,
    Avec un œil à la dérive et l’autre fier et séduisant.
    Il voit la biche un peu morose et clame d’un air triomphant :
    « Buvons ! C’est ce soir que j’arrose et que j’enterre ma vie de faon ! »

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian.Schloe.html?m=1 .

  • La vache de Monsieur Seguin

    La vache de Monsieur Seguin

    Fidèle à l’esprit de Blanquette, dévouée à Monsieur Seguin,
    Une normande nostalgique s’ennuyait ferme en son enclos.
    Le soir, assise sur sa banquette, elle se découvrait le béguin
    Envers une envie névralgique à sortir de son monde clos.

    Comme il n’y avait pas de montagne et ni de loup à l’horizon,
    Un matin, elle se décida à faire le mur et galoper
    Puis, elle battit la campagne sans revenir dans sa prison.
    Dommage qu’Alphonse évita d’en raconter son épopée.

    Illustration de Gillermo Mordillo.