Catégorie : 2021

  • Chat échaudé

    Chat échaudé

    Prêt à remplacer les humains par son esprit de conquérant,
    Minet s’amuse en attendant en dépit de nos sentiments.
    Un coup de griffe sur la main si tu te montres belligérant
    Ou un ronron surabondant si tu fais preuve de compliment.

    Il te pelotera le ventre en te prenant pour sa maman ;
    Il te mordillera l’oreille pour se sentir de ta portée ;
    Il occupera tout le centre de ta vie pour de longs moments
    Et il n’aura pas la pareille d’empoiler tes prêt-à-porter !

    Photo de Mario Sorrenti.

  • Cette infime frontière

    Cette infime frontière

    Touchez cette infime frontière par sa tension superficielle
    Entre le monde du dessus et l’antimonde du dessous !
    Passez de l’air à la matière juste à la porte interstitielle
    Et vous ne serez pas déçus d’en jouir de tout votre saoul !

    Bien sûr, nous sommes nés de la mer ; bien sûr, le liquide amniotique ;
    Bien sûr, l’élément de la vie ; bien sûr, l’essence de la Terre.
    J’aime la sensation douce-amère d’hériter pour tout viatique
    Cette fortune en indivis dont nous ne sommes que locataires !

    Photo de Mario Sorrenti.

  • Pavillon d’automne

    Pavillon d’automne

    Le soleil, bas sur l’horizon, courbe l’espace et la lumière,
    Raccourcit les heures du jour, prolonge celles de la nuit.
    Qu’elle est humide sa prison bien enfermé dans sa chaumière !
    Qu’il est silencieux le séjour, qu’il est monotone l’ennui !

    Aux feuilles arquées en pavillon comme une oreille qui entend
    Le temps interrompre son vol et le vent souffler sa berceuse.
    Dormez chenilles et papillons en chrysalides jusqu’au printemps
    Avec quelques rêves frivoles durant la saison paresseuse !

    Photo de BillSmith2315.

  • Mélancolies

    Je pédale comme un p’tit vélo qui ne sait jamais s’arrêter
    Mais tourne en circonlocutions sur mes chemins imaginaires.
    Lorsque mon cœur bat à vau-l’eau, le corps en est bien maltraité
    Et cherche une bifurcation vers des lieux extraordinaires.

    L’amour plane comme un p’tit avion dans le grand vide de mon crâne
    Tellement j’ai du vague à l’âme et des trous d’air dans ma mémoire.
    Heureusement, une évasion entre les plis de sa membrane
    Me permet de nourrir la flamme qui en éclaire son grand trou noir.

    Tableaux de Rafael Silveira.

  • Milady confiture

    Milady confiture

    Entre ses bains de confiture et de salades de fruits frais
    Dont elle badigeonnait sa peau, ses parties intimes arrondies,
    Elle m’en donnait pour nourriture le jus pressé qu’elle m’offrait
    Quand je venais bien à propos rendre visite à Milady.

    Elle me faisait goûter son lait, sa peau de pêche, son abricot,
    Les mûres de ses mamelons qui s’écoulaient dans son calice.
    J’opérais comme elle le voulait ces préliminaires amicaux
    Puis, elle m’enlevait mon pantalon et là, mes amis, quel délice !

    Tableau d’Alonsa Guevara.

  • Itinéraires tendres

    L’amour et ses itinéraires pourraient vous sembler compliqués
    Mais quand sa monture vous entraîne, laisser-vous porter sur son dos.
    Le cœur se montre téméraire quand le chemin est étriqué
    Pour atteindre la future reine qui vous choisira en cadeau.

    À pied, à cheval, en voiture, l’amour aveugle vous conduit
    Par les passages escarpés des montagnes de la passion.
    Appréciez la bonne aventure lorsque l’ardeur vous introduit
    Dans des liens qui vont vous happer vers d’exotiques occupations.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Ecce homo animalis

    Ecce homo animalis

    Certains humains ont conservé leurs racines animalières ;
    Les hommes-boucs, les hommes-cerfs, les Hommes-lions et les centaures.
    Vous les entendriez converser lors de leurs assemblées plénières
    Quand la pleine Lune est de concert avec Andromède son mentor.

    On les appelaient « fils du diable » dans ces années d’obscurantisme
    Où l’on vous brûlaient les sorcières, les gitanes et les métèques.
    Je suis un cas irrémédiable d’homme affecté de romantisme
    Qui ne craint que les souricières, moi, l’homme-rat-de-bibliothèque.

    Tableau de Mark Liam Smith sur https:supersonicart.compost189218467287mark-liam-smith-paintings-sensational-and .

  • La danse de la vie et de la mort

    Si la mort m’invite à danser, je danserai avec la mort.
    Si la vie m’invite à valser, je valserai avec la vie.
    Dans ma vie, tout est cadencé entre la joie et les remords
    Alors pourquoi ne pas calecer avec une mortelle envie ?

    Bien sûr, une valse à mille temps me tuerait d’une mort trop lente
    Et une pole-dance jusqu’à minuit brûlerait ma chandelle aux deux bouts.
    Mais si la mort vient en chantant, séduisante et affriolante,
    J’espère mille-et-une nuits de danses à dormir debout.

    Tableaux de Mark Liam Smith sur https:supersonicart.compost189218467287mark-liam-smith-paintings-sensational-and .

  • La veuve d’automne

    La veuve d’automne

    Quand je la vois porter le deuil des arbres qui perdent leurs feuilles
    Que le vent couche dans leurs lits en couleur de mélancolie,
    Je pense à la veuve d’automne et sa complainte monotone
    Qui va pleurer d’un pluie froide sur les troncs dénudés et roides.

    Mais quels baisers de compassion, quelles paroles d’incantation
    Sifflent entre les branches honnies, pleurent sur les feuilles jaunies !
    Et quels vents d’amour les emportent et les entassent devant la porte
    De l’hiver veuf et solitaire qui déjà engourdit la Terre !

    Collage de Smallditch.

  • Chop Suey

    Chop Suey

    L’odeur du chou chinois et du thé au jasmin,
    Mêlés de glutamate, de poulet ou de bœuf,
    Attirait les minois et le flot des humains
    Comme des automates et notamment les meufs.

    Moi, j’y mangeais souvent porc ou canard laqués
    Avec ces saugrenues malheureuses baguettes
    Enfin, cet émouvant gobelet de saké
    Et sa chinoise nue qui montait à la tête.

    Revenons aux clientes assises face à face
    Comme deux complotistes se donnant rendez-vous.
    Dans la salle bruyante, elles parlent à voix basse
    Mais à quoi ça consiste ? Tout le monde s’en fout.

    Tableau d’Edward Hopper.

  • Ô Tournesol !

    Tournesol, ma fleur de l’aurore, j’aime te voir dès le matin
    Guetter le rayon de soleil qui va enflammer tes pétales
    Dont les drapeaux unicolores flottent sous l’azur de satin
    Teinté de rose et de vermeil par les nuages qui s’étalent.

    Tournesol, ma fleur du midi, déployée en pleine lumière
    Pour des agapes d’énergies, de chaleur et bénédiction.
    À cœur ouvert, plein d’appétit pour cette manne coutumière
    Qui les raccorde en synergie d’une naturelle addiction.

    Tournesol, ma fleur du coucher, qui guette le dernier rayon vert
    Comme éternelle sentinelle qui attend les renforts à l’aube.
    Toute la nuit tu vas loucher sur les étoiles de l’univers
    Qui font la course sempiternelle dans le zodiaque autour du globe.

    Tableaux de José Roosevelt & Rob Gonsalves.

  • Sortir du cadre

    L’herbe du bon vieux temps passé semble plus verte, riche et plus grasse
    Et le temps présent, compassé, en garde toujours une trace.
    Il faut savoir choisir sa voie, des rails solides et sans danger
    Ou bien crier à pleine voix : « Je me tiens prêt à tout changer ! »

    Aussitôt sorti du cocon, l’inconnu paraît une montagne
    Et j’aperçois de mon balcon l’ampleur du pays de cocagne.
    Avec un doigt d’esprit pionnier et deux mesures de courage,
    Je cesse d’être prisonnier du temps et de son esclavage.

    Puis, à l’automne de ma vie, je fais un bilan mitigé
    Et je compare le devis à tout ce que j’ai érigé.
    Qu’ai-je gagné à être libre et d’être une pierre qui roule ?
    Peut-être un meilleur équilibre après être sorti du moule…

    Picasso revu par Abby Park sur http:abbydee.comportfolio-itemspicasso-self-portrait .

  • Cauchemar vert

    Cauchemar vert

    Tous les démons de l’an deux-mille font trembler même les philosophes
    Depuis les vagues de terrorisme aux grands exodes planétaires.
    Et le virus qu’on assimile à la plus grande catastrophe
    Devient aujourd’hui l’aphorisme brandi aux quatre coins de la Terre.

    Or, pour combattre l’invisible, l’homme se doit d’être aussi sage
    Que les naïfs et les crédules des habits neufs de l’empereur.
    Quand on joue la corde sensible à propos de l’ultime passage,
    Toute l’humanité s’adule à qui maitrise la terreur.

    Illustration de Henri Lievens.

  • Les clefs de l’évasion fiscale

    Celui qui maîtrise les clefs de notre liberté sacrée
    Nous enferme dans l’addiction de protection universelle.
    Et l’on accepte d’être bouclé et que sa vie soit consacrée
    À subir toutes restrictions pour conserver son escarcelle.

    Nous sommes devenus esclaves de l’argent et sa dépendance
    Sans pouvoir s’extraire du bocal qui nous a tous assujettis.
    Et s’il existait une enclave pour vivre en toute indépendance,
    Oserions-nous y faire une escale et fonctionner en autarcie ?

    Illustrations d’Otfried Preussler sur http:book-graphics.blogspot.com201304otfried-preussler-illustrator-nika-goltz.html .

  • Un amour de poisson

    Un amour de poisson

    Heureux comme un poisson dans l’eau, oui mais comment se faire aimer
    D’une sirène sans se noyer et sans sortir de son bocal ?
    Placez dans sa bouche un hublot et le poisson s’y enfermer
    Pour se laisser ainsi choyer par un petit plaisir buccal.

    Je sais pouvoir coincer la bulle à bon escient quand je le peux
    Et en embrasser la quiétude sans finir en queue de poisson.
    Béni soit ce conciliabule où j’ai pu me détendre un peu ;
    J’avoue en avoir l’habitude et en abuser sans façon.

    Tableau de Tanya Shatseva.

  • En poisson-lune

    En poisson-lune

    Quand vient l’hiver, les poissons-lune sortent groupés en vol de nuit
    D’un pôle à l’autre, en rase-mottes sur le méridien de Greenwich.
    Un gentilhomme de fortune, moitié anglais, moitié inuit,
    Vend du thé à la bergamote sur la banquise et des sandwichs.

    Jeune berger mais bipolaire, les moutons l’ont tant fatigué
    Qu’il a voulu prendre le large et, la mer de glace, contempler.
    Neiges éternelles ou polaires, il n’y a qu’un mile à naviguer,
    Ainsi, attelé à sa barge, un banc de poissons, s’il vous plaît.

    Illustration de José Francese.

  • Tripartition

    Tripartition

    Je les aime en tripartition les sœurs jumelles aux dents nacrées !
    Je les ai toutes trois épousées devant un maire au grand sourire
    Qui a vu l’équipartition des fluides de l’amour sacré
    Nous unir sans nous jalouser pour le meilleur et pour le rire.

    Ne me demandez pas leurs noms, je les confonds dans mon grand lit !
    Surtout si j’éteins la lumière, ouvre la bouche, ferme les yeux.
    D’abord elle susurrent en canon un chant doux comme stimuli
    Et je ne sais, de la première à la dernière, qui chante le mieux.

    Tableau « Verano, 2014 » de Santiago Galeas.

  • À l’encontre

    Derrière l’horizon de la mer se dresse le mur exotique
    Qui laisse passer à sens unique les riches vers les paradis.
    Mais à l’inverse, qu’il est amer l’exode en retour chaotique
    Quand le qualificatif ethnique le marque comme une maladie.

    Les perles noires dans leurs écrins pâlissent au soleil d’occident ;
    Les traditions et les costumes se heurtent à l’intégration.
    Seul le vent porte les chagrins des tragédies et accidents
    De ceux qui, à titre posthume, ont réussi leur migration.

    Tableaux de Stéphanie Ledoux sur https:positivr.frstephanie-ledoux-dessins-portraits-monde .

  • Vénus folle-à-lier

    Vénus folle-à-lier

    Vénus, elle-même, s’est installée, entièrement nue et sans complexe,
    Les fesses ouvertes et avenantes et les mamelons rubiconds.
    Je l’aperçois bringuebaler dans l’appartement en duplex
    Dont la terrasse est attenante en vis-à-vis de mon balcon

    Je lui proposai de monter boire un verre en sa compagnie
    Avec un whisky vingt ans d’âge que je gardais dans l’escalier.
    Mais d’un surcroît de volonté lorsqu’enfin je la rejoignis
    Elle me déclara sans ambages : « Je suis la Vénus folle-à-lier ! »

    Tableau d’Andrei Protsouk.

  • Artemisia au cœur bleu-et-or

    Artemisia au cœur bleu-et-or

    Noblesse de cœur bleu-et-or, pureté d’une âme d’azur
    S’accordent au lapis-lazuli de sa cape en plumes de paon.
    Projetée par un météore lequel, au fur et à mesure,
    Marque sa trace d’un brûlis évoquant la queue du serpent.

    Ainsi m’apparut la déesse Artemisia aux cheveux roux
    Le jour où je l’ai invoquée pour lutter contre mes harpies.
    Bien m’en a pris car sa prouesse amplifiée par son courroux
    Chassa les démons révoqués en les réduisant en charpie.

    Source: minimumpoliteness-deactivated20.

  • Du blues mouillé à l’eau de rose

    Du blues mouillé à l’eau de rose

    Rêves érotiques à l’eau de rose, vous ne m’avez jamais lassé !
    Amours enluminées de blues, vous demeurez mes préférées !
    Emmenez-moi d’un cœur morose sur mes désirs entrelacés
    Vers une conscience jalouse de mes fantasmes révérés.

    Stimulez mon rythme cardiaque, augmentez ma respiration
    Par des apparitions fugaces de femmes aux regards langoureux
    De tous les signes du zodiaque qui suscitent des transpirations
    Telles qui embueront la glace de nos coups de foudre amoureux !

    Photo de Remi Rebillard.

  • Les couloirs de ma folie

    Les longs couloirs de ma conscience où s’aventurent mes pensées,
    Des plus raisonnables aux plus folles, n’ont pas été tous exploités.
    Au sous-sol de la subconscience, je m’y suis tellement dépensé
    Que mon GPS s’affole devant les dédales miroités.

    Mais en empruntant l’escalier surplombant la mélancolie,
    J’ai découvert un labyrinthe de changements imperceptibles.
    La raison décroît par paliers et se termine par la folie
    Pourtant renforcée d’une empreinte de vérité indéfectible.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Rame de nuit

    Rame de nuit

    Sur la ligne de Minuit, terminus Station-des-Rêves,
    Je croise d’invraisemblables créatures immortelles.
    Telle la Reine de la Nuit, dans une apparition brève
    Avec sa robe inviolable sur un porte-jarretelles.

    Au passage sur le pont, elle a ouvert la fenêtre
    Et s’est jetée dans le vide, larguant chacun de ses voiles.
    C’est en voyant son jupon que j’ai pu la reconnaître
    À sa culotte provide qui brillait comme une étoile.

    Editta Sherman dans le métro photographiée par Bill Cunningham.

  • Musicolor & gastrocolor

    Goûter la musique en couleur pigmentée de Blues et de Soul
    Demande à laisser mon oreille apprécier par elle-même.
    Faibles douceurs, fortes douleurs s’alternent alors de tout mon saoul
    Dès que mon ouïe appareille sur une musique que j’aime.

    Écouter le sucré-salé, percevoir l’acide et l’amer
    Demandent à ma bouche gourmande de darder toutes ses papilles
    Jusqu’à en avoir des céphalées par l’explosion rouge-outremer
    D’un piment en pâte d’amandes relevé d’un sang de morilles.

    Photos de Paul Kurucz.

  • Elle aime se faire demander en mariage

    Elle aime se faire demander en mariage

    Une fois qu’elle a ferré sa proie en lui promettant son minou,
    Elle attend le moment propice où sa victime pavoisée
    Après un long chemin de croix, Ira demander à genoux
    À tomber dans le précipice du mariage apprivoisé.

    Après un mariage consommé avec dépenses et fioritures,
    Elle divorce dans la foulée, plus indemnités de surcroît.
    Une fois l’argent consumé, elle repart à l’aventure
    Et bien avant l’heure écoulée, repère sa prochaine proie.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire embrasser

    Elle aime se faire embrasser

    À cause des papilles amoureuses et de ses lèvres sirupeuses,
    Elle a développé son goût du sucré-salé d’un baiser.
    Alors sa langue langoureuse plonge dans la bouche pulpeuse
    De l’homme dont elle a le bagou sans jamais en être apaisée.

    Un peu d’alcool pour s’enivrer, un peu d’audace pour se livrer
    À son adorable convive qu’elle veut goûter absolument.
    N’hésitant pas à délivrer, de sa toilette, sa peau cuivrée
    Elle offre ses cuisses fraîches et vives pour gober l’amant goulûment

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Le capitaine à la rose

    Rose hier, l’esprit du pionnier animait ma soif de conquêtes
    Et je courrais le cœur léger pour me construire une carrière.
    J’ai longtemps été prisonnier de ce cycle à perdre la tête
    Jusqu’au sort qui m’a allégé de la machine aventurière avant-courrière.

    Rose aujourd’hui, en équilibre sur une actualité stressante,
    Je navigue à vue sur un fleuve à la fois tranquille et houleux.
    Hélas le prix pour rester libre est d’une souffrance oppressante
    Et chaque jour est une épreuve vers un avenir nébuleux.

    Rose demain, j’aurai planté tous mes espoirs à récolter
    Dont mes enfants sauront goûter mes valeurs et mes traditions.
    J’espère qu’ils pourront supplanter mes penchants pour me révolter
    Lorsque je me mets à douter contre ce monde en perdition.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Le combat sans-tête

    Le sans-culotte perd la tête au cours de la révolution
    Car il œuvre de tout son cœur et d’une volonté aveugle.
    À corps perdu il fait la fête à ceux dont la résolution
    S’oppose, du fond de leur bunker, aux revendications du peuple.

    Les hommes se sont tous regroupés à l’invite des gilets jaunes
    Pour arguer de l’austérité imposée par des mythomanes.
    Ils se sont fait entrecouper les yeux, les mains par un cyclone
    Déclenché par l’autorité d’un roitelet mégalomane.

    Les femmes, elles, ont le plus souffert de voir leurs familles endeuillées
    Et pleuré leurs enfants tués par d’honteuses forces de l’ordre.
    Tandis que les gens vocifèrent contre les troupes hélitreuillées,
    Les femmes vont se substituer à l’ange de la miséricorde.

    Tableaux de Beth Conklin sur https:ilmondodimaryantony.blogspot.com201806beth-conklin-digital-art.html?m=1 .

  • Elle aime se faire larguer

    Elle aime se faire larguer

    L’amour, comme les allumettes, n’allume qu’une fois ses amourettes
    Et, dès les matines sonnantes, elle largue bien vite son étalon.
    De peur qu’elle ne se soumette à trop se faire conter fleurette,
    On voit la religieuse amante l’expédier d’un coup de talon.

    Pourtant, s’il revient à la charge, hélas pour lui, son compte est bon !
    Car si la donzelle pardonne, elle déteste les pleurnicheurs.
    Or, il faut dire à sa décharge que malgré son air pudibond,
    Si dans l’amour il y a maldonne, pas de pitié pour les tricheurs !

    Illustration de Robert McGinnis.

  • La transmission des fluides

    La transmission des fluides

    Puisque la maladie d’amour est contagieuse à cent pour-cent,
    Il suffirait de vacciner l’homme OU la femme uniquement
    Mais pour obtenir, de nos jours, la certification « pur-sang »
    Il faut traiter la dulcinée ET le mari publiquement.

    Et puis prémunir les enfants, les femmes enceintes également
    Et si jamais on s’est trompé, il faudra tout recommencer.
    Or, si jamais je m’en défends, j’suis étiqueté salement
    De criminel au cœur trempé de complotisme prononcé.

    Tableau de Jeanette Jarville sur https:www.jeanettejarville.comportfoliofigurative .

  • Coupe fleurie

    Coupe fleurie

    Des voyages les plus chevelus aux filles les plus enchanteresses,
    Seules les croisières aphrodisiaques offrent la touche magicienne
    Ou bien ces coiffeurs farfelus qui enchantent coiffes et tresses
    Par des coupes paradisiaques qui font rêver aux tahitiennes.

    Par le truchement des ciseaux qui naviguent cheveux au vent
    Et passent, sur le fil du rasoir, outre les épis rabotés
    En imitant les becs d’oiseaux qui chantent au soleil levant
    Et changent un visage dérisoire en une Reine de beauté.

    Tableau de Stéphanie Ledoux sur https:positivr.frstephanie-ledoux-dessins-portraits-monde .

  • L’humanité est dans le cloud

    L’humanité est dans le cloud

    Au vingt-et-unième siècle, où est passée l’humanité ?
    D’un cloud dématérialisé où l’on stocke nos aptitudes,
    Le futur s’est montré espiègle envers nos personnalités
    Sans que nous eûmes réalisé quelles seraient nos servitudes.

    Nous n’avons pas su connecter le progrès et l’intelligence ;
    La politique gère la santé, les médias dictent nos loisirs.
    Les promesses nous sont injectées avec tellement de diligence
    Que nous nous sentons exemptés de nos véritables désirs.

    Photo de @vermibus.

  • Elle aime se faire discrète

    Elle aime se faire discrète

    Quand le matin la surprend nue dans la chambre de son galant,
    En courant d’air, elle se transforme en quête de ses vêtements.
    D’une discrétion soutenue derrière de grands rideaux ballants,
    On aperçoit ses jolies formes frémir et bondir prestement.

    D’un geste sec, elle récupère chaussures robe et soutien-gorge
    Des mains de l’amant éconduit qui lui dit : « À demain, Chérie ! »
    Puis, fébrilement elle espère ne pas trop faire attendre Georges,
    Son mari qui rentre aujourd’hui et que la fortune renchérit.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire mettre en valeur

    Elle aime se faire mettre en valeur

    Elle danse sous le ciel étoilé, juste à la lueur des lampions,
    Comme une louve déguisée qui patiemment cherche sa proie.
    Quand son visage est dévoilé à celui qu’elle prend pour champion,
    Elle l’emporte, tous sens aiguisés, mais ce n’est pas pour ce qu’il croit.

    D’abord, elle lui propose un verre. « Allons chez moi, c’est préférable ! »
    Et jusqu’à ce que le mec soit mûr, elle le ressert plusieurs fois.
    Alors elle dit d’un ton sévère : « c’est moi ta femme, misérable !
    Et ma vengeance, mon amour, est un plat qui se mange froid ! »

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire emballer

    Elle aime se faire emballer

    Pour emballer ses prétendants, elle se couchait dans les filets
    De son hamac, bien exposée comme une proie à emporter.
    Elle décomptait en attendant les princes charmants défiler
    En guettant le présupposé gros lot qu’elle pourrait remporter.

    On l’appelait la jardinière ; elle proposait ses fruits bien mûrs
    Aux chalands qui pouvaient tâter – à condition de bien payer.
    Le soir, vêtue d’une marinière, on la voyait raser les murs,
    Presque nue pour mieux appâter les retardataires égayés.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire déshabiller

    Elle aime se faire déshabiller

    Elle est passée maîtresse d’armes par le jeu de la séduction
    En croquant d’une botte secrète le cœur battant de ses amants.
    Elle dévoile un à un ses charmes patiemment en introduction
    Par le sex-appeal qu’elle sécrète et qui les gobe goulûment.

    C’est une amante religieuse qui fait aux homme découvrir Dieu
    Juste avant la petite mort qui leur transpercera le cœur.
    Mais sa prestation élogieuse leur laisse un sourire radieux
    Au moment où ces matamores se croient devenus son vainqueur.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire tripoter

    Elle aime se faire tripoter

    Couchée dans le foin, attachée par un bandit de grand chemin ;
    Au début, elle se débattit mais trouva le gredin bel homme.
    Et lui, pour ne rien vous cacher, prenant son courage à deux mains,
    La croqua de bon appétit grâce au syndrome de Stockholm.

    Elle devint vite sa complice et savait user de ses charmes
    Afin de distraire l’attention des victimes du Robin-des-cœurs
    Jusqu’à ce qu’un jour la police, par un fichu signal d’alarme,
    Mit fin aux mauvaises intentions de notre couple d’arnaqueurs.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire caresser

    Elle aime se faire caresser

    Elle aime se faire caresser par un vent chaud sur le perron,
    La chevelure dorée à point, pareille à un champ de blés d’or.
    Le chat, lui, aime paresser le ventre mou et le dos rond
    En exposant son embonpoint à la porte du corridor.

    Vent du matin ou vent du soir, c’est toujours le même plaisir
    Lorsqu’il s’engouffre sous sa jupe et lui fait frissonner le corps.
    Le chat, lui, ne saurait surseoir à ronronner tout à loisir
    Quand il vient, par un jeu de dupes, lui peloter le justaucorps.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire surprendre

    Elle aime se faire surprendre

    Espèce de petite ingénue qui aime te baigner presque nue,
    Les seins hardiment qui ballottent, juste vêtue d’une culotte !
    Tu cherches à te faire entreprendre, en tâchant de te faire surprendre,
    Par un pauvre prince charmant pour tes appas si désarmants !

    Sans doute par inattention ou avec perfide intention
    As-tu laissé tes vêtements s’envoler au vent prestement.
    Si tu te tournes avec pudeur, c’est pour exposer tes rondeurs
    Et si tu plonges dans la flotte, c’est pour y perdre ta culotte !

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire admirer

    Elle aime se faire admirer

    Bonjour Vous, je m’appelle Aurore et j’aime me faire admirer
    Aussitôt que le jour arbore son uniforme ensoleillé
    Tandis que les oiseaux pérorent de leurs voix douces et inspirées
    Et que le soleil collabore à mes désirs émerveillés.

    Quand viendra l’heure du crépuscule, peut-être changerai-je de nom
    Au moment où le soleil bascule je serai Ninette ou Ninon.
    Faites tourner la pellicule et faites de moi le Canon
    De la Beauté en Majuscules d’une starlette de renom.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire attendre

    Elle aime se faire attendre

    Chaque fois qu’ils devaient sortir, elle guettait le dernier moment
    Pour arranger un peu sa coupe et se refaire une beauté.
    Monsieur prenait l’air d’un martyr en l’attendant impatiemment
    Le regard fixé sur sa croupe qu’il aurait tant souhaité botter.

    Ils ont raté cent fois le train et tant loupé d’embarquements
    Que Monsieur a pris l’habitude de réserver plusieurs billets.
    Madame, toujours avec entrain, s’amusait à retardement
    À user de féminitude le soir à se démaquiller.

    Illustration de Robert McGinnis.

  • Elle aime se faire désirer

    Elle aime se faire désirer

    Elle aimait se faire surprendre par quelque voleur au cœur tendre
    Mais sans utiliser d’autre arme que le prestige de ses charmes.
    Un gentleman-cambrioleur, charmant mais juste un peu violeur,
    Lui vola sa virginité contre sa masculinité.

    La suite, il faut l’imaginer entre la rose invaginée
    Et le bourdon un peu fripon qui lui souleva le jupon.
    Sans doute le jeu la conquit car bientôt un enfant naquit
    Suivi par une ribambelle que le mari fit à sa belle.

    Illustration de Robert McGinnis sur https:pulpcovers.comtagrobertmcginnis .

  • Un goût d’Halloween

    Un goût d’Halloween

    Halloween en désuétude tombe pour la deuxième fois
    Depuis que les morts du COVID pleuvent avec effet immédiat.
    Cela devient une habitude, un peu ridicule toutefois,
    Car les gens hélas sont avides des gros titres dans les médias.

    Alors creusons bien nos citrouilles en carapaces sanitaires
    Dans lesquelles nous ferons brûler une bougie malodorante.
    Nous organiserons des patrouilles à vocation humanitaire
    Et nous irons déambuler pour une marche déshonorante.

    Illustration de Ray Bradbury.

  • Mortelle fricassée

    En revenant de ma cueillette des champignons de la forêt,
    Je les ai tous fait revenir avec persil et échalotes.
    Je leur ai creusé deux œillettes comme têtes de mort dorées
    D’après mon lointain souvenir d’une recette de gibelotte.

    Mais comme on ne vit que deux fois juste après sa mort imminente,
    J’en ai apprécié le poison qui coulait des orbites vides.
    Avec une fricassée de foie flambée à l’eau-de-vie dominante,
    J’en ai fait goûter à foison à toutes mes lectrices avides.

    Cuisine originale sur https:castellonskitchen.blogspot.com202004bread-of-dead-squid-ink-flatbread.html .

  • La girafe à rebrousse-poil

    L’indiscrétion de la girafe est de notoriété publique.
    Ses hautes jambes et son long cou satisfont sa curiosité.
    Heureusement les géographes ont délimité ses répliques
    À l’Afrique et, par contrecoup, on n’en voit pas dans nos cités.

    C’est bien dommage car la police, montée sur ces artiodactyles,
    S’élèverait à la hauteur pour observer tout l’horizon.
    Voyez, avec quelle malice, elle espionnerait en temps utile
    Terroristes et comploteurs avant de les mettre en prison !

    Mais la girafe, c’est notoire, au ras du sol si ridicule,
    Jamais ne s’y rabaissera car elle est plutôt bon enfant.
    Nous aurions déjà, dans l’histoire, noté ce genre de véhicule
    Lorsque Hannibal élabora sa traversée des éléphants.

    Sculptures de Lori Hough.

  • Les ondes féminines

    Quand les orgasmes de la Terre déclenchent séismes et répliques,
    Elle répond aux préliminaires de l’homme qui répand sa 5G.
    Et les Tsunamis qui atterrent sont phénomènes qui expliquent
    Une riposte disciplinaire envers ses enfants dérangés.

    Quand le halètement de la Terre provoque cyclones et tempêtes,
    Elle rend la monnaie de sa pièce à la flotte aéronautique.
    Et les tornades délétères mues par leurs forces centripètes
    Sont déchaînées avec hardiesse par ses calottes gyrostatiques.

    Quand l’embrasement de la Terre foudroie d’incendies ses forêts,
    Elle contre-attaque à l’audace des hommes qui creusent sa chair.
    Les coups de grisou qui les enterrent dans les mines qu’ils ont forées
    Sont imputés à ses fugaces indigestions en surenchère.

    Illustrations de Nester Formentera.

  • Qui saura me remonter le moral ?

    Qui saura me remonter le moral ?

    Je reste assise à ma fenêtre, moitié dedans, moitié dehors,
    Comme sur une balançoire qui oscille entre vie et mort.
    Si je recule, je vais connaître la trajectoire d’un météore
    Et si j’avance, je vais m’asseoir et tout accepter sans remords.

    Si je veux pouvoir entreprendre ce que je veux dans ce pays,
    J’accepte un vaccin sans histoire en déléguant mon existence.
    Mais lorsque j’essaie de comprendre, on dit que je désobéis ;
    Je deviens complotiste notoire, tel est l’écho de ma conscience.

    Photo de Drew Denny.

  • Les singes endormis

    Les singes endormis

    Les yeux de ceux qui n’ont rien vu baignent dans une eau conjonctive,
    Les dents de ceux qui n’ont rien dit trempent dans un bain de salive ;
    Quant aux oreilles dépourvues de toute audition attentive,
    Elles décantent bien refroidies d’une immersion de voix passive.

    Le lendemain les yeux sont cuits et ne voient qu’avec des œillères ;
    Les dents passées au lave-linge n’entendent plus que platitudes.
    Les oreilles sont en court-circuit avec l’intuition conseillère ;
    Finalement les trois p’tits singes sont heureux dans l’incertitude.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Plus noir que le tain de mon miroir

    Plus noir que le tain de mon miroir

    Aujourd’hui les miroirs magiques répondent avant qu’on leur demande ;
    Ils vous suggèrent vos désirs et même vous y conditionnent.
    Et l’on en devient léthargique à écouter leur propagande ;
    On y prendrait même du plaisir tellement on les affectionne.

    « Mon beau miroir, rassure-moi ! Donne-moi les informations
    Qui montrent que le gouvernement m’oppresse pour me récompenser !
    Influence-moi au fil des mois de terrorismes et migrations
    Et puisque jamais tu ne mens, dis-moi ce que je dois penser ! »

    J’ai mis mon miroir la cave quand j’ai su qu’il me trahissait,
    Qu’il me projetait l’avenir préparé pour mieux me berner.
    Depuis je ne suis plus l’esclave d’un despotisme policé
    Qui ne veut de moi qu’obtenir un pion soumis et consterné.

    Photo de Javier Vallhonrat.

  • QR-Trombines

    QR-Trombines

    Après mes empreintes digitales sur ma carte d’identité
    Et le lecteur du même type sur mon clavier d’ordinateur,
    Ma pupille devient capitale aux webcams de sécurité
    Qui analysent mon génotype plus ou moins discriminateur.

    Le QR-code sur le front, la puce insérée sous la peau,
    Le vaccin à champ magnétique et les contrôles d’immunité ;
    Tous ces trucs qui me font l’affront d’examiner tous mes propos
    M’obligent à trouver pathétique le futur de l’humanité.

    Illustration de Toru Fukuda.