Catégorie : 2021

  • Saint-Valentin et chauds lapins

    Saint-Valentin, un chaud lapin, et sa voisine, chaude lapine,
    Se sont rencontrés curieusement en période de confinement.
    Ainsi se sont mis le grappin mutuellement, copain-copine,
    Et se proposent furieusement de s’aimer intensivement.

    Ils vont repeupler la planète par une maladie d’amour
    Qui produira maints lapereaux et bien plus si affinités.
    Madame et son mari honnête feront bombance et bonne bourre
    Lui, en brandissant son poireau et elle, sa féminité.

    Tableaux de Hannah Silivonchyk

  • Saint-Valentintin

    Valentintin serait homo et son Paddock, un Roméo ;
    C’est ce qu’on lit dans leurs albums entre les lignes, parmi les hommes.
    Très peu de femmes entre les pages mais plutôt virils équipages
    Et des compagnons plutôt gais et toujours prêts à naviguer.

    Un coup de foudre, un coup de bôme, entre deux héros en binôme,
    Les ont réunis pour la vie et rassemblés au même avis.
    Alors pour la Saint-Valentin, Paddock et son Valentintin
    Vivront des amours masculines avec beaucoup de vaseline.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Saintes glaces

    Anticipant les saints de glace, Saint-Michel se couvre de blanc
    Et adopte un air de banquise sous un petit vent d’est glacial.
    Là-bas, on ne tient plus en place. Il paraît même, détail troublant,
    Que les prophylaxies requises gèlent sous le masque facial.

    Photo de Mathieu Rivrin sur https://www.mathieurivrin.com

  • Illusion d’optique

    Un promeneur en sac-à-dos qui s’enfonce dans la forêt ;
    Un chien qui court decrescendo et qui descend dans les fourrés ;
    Selon l’humeur de mes tourments, je sens l’énergie s’élever
    Tandis que mon tempérament sent ses ressources prélevées.

    Photo de Terri Babers

  • Dépistage occulte

    Bonne nouvelle ! Le port du masque sera bientôt abandonné
    Au profit d’un bouchon anal qu’on devra porter constamment.
    La faciale protection fantasque des voies nasales contaminées
    Est détournée, c’est pas banal, du postérieur au fondement.

    Vu sur https://clipartguy.com/design/clip-art-of-a-white-male-patient-getting-shot-in-the-butt-by-a-nurse-with-a-syringe-by-djart-222

  • Sur le toit du monde

    Assis, les cornes en gratte-ciel, bien à plat sur la cheminée,
    Le bouquetin rend son hommage à la chèvre de Monsieur Seguin
    Sous le regard circonstanciel des éminences ravinées
    Qui ouvrent sur les pâturages un appel, le temps d’un regain.

    Là-haut s’ennuie le loup lubrique qui envoie une onde hypnotique
    Pour attirer toutes les proies qui passeraient à sa portée.
    Mais le bouquetin nostalgique reste sourd au charme exotique
    Et le loup peut faire une croix sur l’envoûtement avorté.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sinusoïdes

    Cette ondulation qui moutonne comme une rivière tremblante
    Et franchit l’océan de neige sous la garde des chiens de mer,
    Produit l’écume qui s’encotonne parmi la blancheur aveuglante
    Du flot qui suit comme un manège la houache du navire-mère.

    Toutes épuisées, elles ondulent en espérant la bergerie
    Au bout de ce méli-mélo où elles trouveront du repos.
    Certaines complotistes fabulent qu’elles vont droit à la boucherie
    Mais lorsque tout va à vau-l’eau, personne n’écoute leurs propos.

    Photos de Fer Burak à Van, une ville de l’est de la Turquie

  • La nuit, tous les chats sont phares

    Sous l’influence des étoiles et de toutes les lunes rondes,
    Les chats, depuis belle lurette, ont le regard phosphorescent.
    Quelle que soit la couleur des poils et la longueurs des queues d’aronde,
    Les matous allument leurs mirettes pour se rendre plus attendrissants.

    Illustration de Dorota Sroka

  • Riboulet le débrouillard

    Comme il est écrit dans les livres, mon caractère est astucieux
    Mais ce crédit reste entaché ; on se méfie des débrouillards.
    Afin qu’un jour je m’en délivre, il me paraît plus judicieux
    Pour vivre heureux, d’être caché sous mille couches de brouillard.

    Roman « Loulet le débrouillard » de Jehan de Seneval dont j’ai falsifié le titre, illustré par René Hausman

  • Escapades sous la lune – 2

    Lorsque vint la dernière neige, après trois mois d’un rude hiver,
    Les animaux prirent l’habitude d’ouvrir le bal en pleine lune.
    Qu’il est charmant, le doux manège de ces enfants de l’univers
    Qui expriment leur gratitude et dansent à la bonne fortune.

    Le lièvre avec sa descendance, le cerf et sa progéniture,
    Dansent un quadrille endiablé pour fêter la fin de l’hiver.
    Mais au printemps, sous l’abondance du rendement de la nature,
    Tout le monde vient s’attabler encore au bal de l’univers.

    Tableaux de Catherine Hyde sur https://fossfineart.com/artists/25-catherine-hyde/works

  • Escapades sous la lune – 1

    Il a tant neigé sous la lune en ces derniers jours de l’hiver
    Que la poudre de fées opère sur les animaux des forêts.
    Admirez la danse opportune des partenaires à ciel ouvert ;
    Le lièvre et le cerf, son compère, courir un ballet guilleret.

    Le lièvre invite sa levrette, le cerf invite sa bibiche.
    Si la hase n’est point vexée que son mâle l’ait confondue,
    La biche, plutôt guillerette, n’écoute pas, elle s’en fiche
    Et personne n’est complexé par ces joyeux malentendus.

    Tableaux de Catherine Hyde sur https://fossfineart.com/artists/25-catherine-hyde/works

  • Désobéissance

    J’ai toujours eu cette impression que les règles que l’on m’impose
    Ne servent qu’à sauvegarder les avantages d’une élite
    Qui établit une oppression envers ceux que ça indispose
    Et qui auraient souhaité garder une équité cosmopolite.

    Photo du National Geographic

  • Madame météo

    Quel temps fait-il, Madame Subtile ? Fait-il beau temps, Miss Météo ?
    Beau temps au réveil, je l’espère, selon les caprices des vents ;
    L’année n’étant pas bissextile, février verra Roméo
    Et sa Valentine prospère dormir vingt-huit jours en rêvant.

    De gros nuages à l’horizon pourtant il fera beau demain ;
    Ce sera le temps des amours quarante jours, quarante nuits.
    Le temps n’a pas toujours raison, variant du jour au lendemain,
    Car il ne manque pas d’humour pour vous détremper de l’ennui.

    Maquillages de Marian Santos

  • La distribution

    À la distribution des corps, je me suis fondue dans le décor ;
    Pour la distribution des cœurs, j’ai pris le mien à contrecœur ;
    À la distribution des âmes, j’étais nue tout comme une femme ;
    Pour la remise des cerveaux, j’ai été remise à niveau.

    Tableau de Felice Casorati

  • Une femme à sa fenêtre

    Parfois au sortir de la douche, elle se met à la fenêtre
    En plaquant son corps de sirène contre la vitre tout embuée.
    Ensuite, elle y colle sa bouche à la recherche d’un bien-être
    Pour sentir cette joie sereine à laquelle j’ai contribué.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Astérisques et arobas

    L’arobas fait des arabesques et les astérisques, des étoiles
    Sur les parures couleur du temps, des temps modernes, évidemment.
    Bien que le goût du romanesque prenne la femme à rebrousse-poil,
    Elle ne trouve pas rebutant d’y renouer incidemment.

    Or, l’astérisque devient sexy quand, posée sur le mamelon,
    Elle en souligne sans cacher l’affriolante rotondité.
    Et je tombe en apoplexie quand l’arobas glisse selon
    Comment l’étoffe reste attachée en dévoilant l’intimité.

    Vêtue de poussière d’étoiles ou d’arobas ou d’astérisques
    Tout ça c’est cousu de fil blanc, c’est blanc bonnet et bonnet blanc !
    Mais jamais elle ne se dévoile, la fille ne prend aucun risque,
    Car elle se protège en tremblant contre mensonges et faux-semblants.

    Tableaux de Csaba Markus

  • Ces murs qui ont du nez

    Si les murs avaient des oreilles, dorénavant ils ont du nez !
    C’est dû à l’effet combiné de l’internet et la 5G.
    L’humanité n’est plus pareille maintenant qu’elle est condamnée
    À se retrouver confinée sous une protection singée.

    Grâce à nos appareils modernes, le futur nous suit à la trace
    Grâce à nos cartes de crédit qui s’usent graduellement.
    Le téléphone nous materne avec tous ses forfaits voraces
    Dont l’abonnement nous prédit son tacite renouvellement.

    Vous aurez plus que la lumière ! Demain on vous rase gratis !
    Tout est promis, tout est prévu dans notre offre de comédie !
    Depuis l’échéance première, au fil des mois, on vous ratisse
    Jusqu’à la mort, sauf imprévu, mais là, cochon qui s’en dédit !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La fonte

    Lorsque je peux déconnecter toutes les pensées qui m’animent
    Et que je connecte mon âme ouverte sur le canal du cœur,
    Toutes les peines affectées s’écoulent dans un flot unanime
    Comme percées du brise-lames d’un esprit libre à contrecœur.

    Par le renouveau d’un printemps d’inspiration indépendante,
    Je me relie aux origines du sang qui coule dans mes veines.
    L’âme nue retrouve, en suintant de ses folies condescendantes
    Vers ses authentiques racines, toute son âme-sœur écrivaine.

    Tableau « Mon âme se reposera dans ton étreinte » d’Elena Kraft

  • Cherche-Midi est un lion

    Lorsqu’il entend des animaux ou qu’il aperçoit ses amis,
    Cherche-Midi lève le nez et lorgne sur la vidéo.
    Puis, il accourt prestissimo entre l’écran et le tapis
    En observant, tout étonné, l’image de ses idéaux.

    Le cri d’un lion réveille en lui son cœur de matou conquérant,
    L’oiseau paradisier stimule l’œil de lynx toujours à l’affût,
    Le fauve qui déchire la nuit d’un feulement vitupérant
    Ravive l’instinct que formule l’empire de ses sens diffus.

    Cherche-Midi sait se montrer très bon public

  • Masturbation cérébrale

    Où s’établissent les fantasmes, le plaisir et la jouissance
    Dans les volutes du cerveau et la volupté du cortex ?
    Quel est l’origine des orgasmes qui détonent à toute puissance
    Depuis les plis en écheveau jusqu’auvertiges du vortex ?

    Tableau d’Ilya Filatov

  • Renversant !

    Renverser l’objet du désir pour découvrir son caractère
    C’est comme passer au scanner chaque parcelle de son corps.
    Cela permet, tout à loisir, sans avoir d’avis réfractaire,
    De goûter le plaisir charnel en pensées et bien plus encore.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Recyclages

    Qu’arrivera-t-il à mon âme, une fois l’éternité passée ?
    Que restera-t-il de mon corps, une fois sorti les pieds devants ?
    Qu’arrivera-t-il à mon cœur, une fois ses amours compassées ?
    Qu’adviendra-t-il de mon esprit, une fois emporté par le vent ?

    Ici, de la poussière d’ange pour souffler d’autres créations ;
    Là, de la poussière d’étoile pour ensemencer l’univers ;
    Là, des passions évanescentes pour aimer en procréation ;
    Ici, des pensées vagabondes pour inspirer rimes et vers.

    Tableaux d’Alicia Ross

  • Les dessous d’une œuvre

    Si j’explorais aux rayons X les célèbres toiles de maîtres,
    J’y découvrirais sûrement leurs secrets entre parenthèses.
    Léonard par ses idées fixes et ses folies au kilomètre,
    Vermeer et ses goûts mûrement axés sur les belles hollandaises.

    Je gratterais sous la peinture, leurs pense-bêtes olé-olé :
    Pourquoi ce sourire de merle que Mona Lisa affichait ?
    Quelle a pu être l’aventure avec Perrette-au-pot-au-lait
    Et la jeune fille à la perle au regard de biche aguiché ?

    Collages de Carme Magem

  • L’amour équitable

    Je ne suis pas très à cheval sur mon idéal féminin
    Et l’imagine pas trop bonniche mais, tant soit peu, hospitalière.
    Si, entre nous, l’amour cavale, j’aimerais cracher mon venin
    Entre les reins de ma pouliche lors d’une érection cavalière.

    Tableau de Costa Dvorezki

  • L’amour au toucher

    C’est vrai, l’amour ne se voit pas ; c’est vrai, l’amour ne s’entend pas ;
    C’est vrai, l’amour ne se sent pas; c’est vrai, l’amour ne se goûte pas.
    Mais je le vois en te touchant, mais je l’entends en te palpant,
    Mais je le sens en te tâtant, mais je le goûte en t’embrassant.

    Et je te mange avec mes yeux, et je te tâte avec mes mains,
    Et je t’embrasse avec mes lèvres, et je te goûte avec mon sexe,
    Et je te palpe les seins soyeux, et je pénètre ton vagin,
    Et nous jouissons avec fièvre d’un plaisir concave et convexe.

    Tableaux de Marlina Vera

  • La loi de l’attraction

    Selon la relativité, l’espace-temps est déformé
    Et la lumière déportée par les attractions magnétiques.
    Impossible alors d’éviter de sentir ma vie transformée
    Par le sex-appeal apporté par des créatures érotiques.

    Tableau de Konstantin Razumov

  • Ceci n’est pas un trou noir

    Plus noir que vous ne le pensiez au petit bout de la lorgnette,
    Gravitation universelle et relativité s’affrontent.
    Les frais d’un Dieu trop dépensier font des trous noirs bien malhonnêtes
    Dans l’univers où s’amoncellent de vieux démons qui s’y confrontent.

    Image d’un trou noir supermassif divulguée le 10.04.2019 par un réseau de huit télescopes répartis à travers le globe

  • Ève-Académie

    Plusieurs femmes ont concouru au concours d’Ève-Académie
    De races noires, jaunes et blanches, aux tresses brunes, rousses et blondes.
    Si l’une d’entre-elles mourut à cause d’une épidémie,
    Les autres tinrent jusqu’au dimanche pour briguer le titre Miss Monde.

    Adam fit partie du jury et ordonna l’épreuve ultime
    Avec un test de connaissances à propos des fruits défendus.
    Se détacha de l’écurie, lui croquant ses parties intimes,
    Une femme dont la naissance d’une côte aurait dépendu.

    Tableau « le jardin des délices » de Jérôme Bosch

  • Péché de genèse

    Dans la genèse alternative, Ève aurait fait la connaissance
    D’oiseaux de paradis en nombre et appris leurs danses nuptiales.
    L’âme séduite, admirative, Ève, d’amoureuse effervescence,
    Se serait vêtue de pénombre dans un registre bien spécial.

    Adam, lui, se serait paumé dans le labyrinthe d’Éden
    Et aurait croisé sa maîtresse, une charmeuse de serpent.
    Puis, Ève n’aurait pas chômé à le chasser, non sans dédain,
    Et, pour compenser sa détresse, aurait fui avec Peter Pan.

    Tableaux de Julie Heffernan

  • Pendant ce temps…

    Tandis que les humains voyagent pour mieux réchauffer la planète,
    Tous ceux qui vivent des grands froids devront s’adapter ou mourir.
    Quant aux ours blancs, le bousillage de leur banquise fait place nette
    À une lutte avec effroi pour trouver de quoi se nourrir.

    Adieu compagnons plantigrades qui montraient toujours patte blanche,
    Vous resterez dans nos mémoires rangés avec les dinosaures !
    Vous étiez juste rétrogrades à la croissance en avalanche
    Des humains et de leurs déboires à coups de Nabuchodonosor.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le vilain petit canari

    Les femmes aux cervelles d’oiseaux nous trompent depuis le début ;
    Elles jouent les filles innocentes, pimbêches et superficielles.
    Elles nous prennent pour des zozos dotés des pires attributs
    Par la conscience abêtissante volatile et obédientielle.

    « C’est mon p’tit doigt qui me l’a dit ! » lancent-elles à brûle-pourpoint
    Avec l’intuition féminine et les mots qui s’y apparient.
    Entre les dits et les non-dits ou les « Va ! Je ne te hais point ! »,
    Derrière ces phrases sibyllines se cache un vilain canari.

    Tableaux de Maria Pace-Wynters

  • Petits pois sont rouges et verts

    Les petits pois sont bien revêches comme de subtils ennemis
    Et les pois cassés racornis sont les pires belligérants
    Car les princesses, ces pimbêches, ne supportent pas l’infamie
    Après une nuit d’insomnie causée par ce mal ulcérant.

    Les petits poissons rouge et or peuplent les rêves polissons
    Du chat botté qui en profite lorsque la princesse est partie.
    Quand ces souris sont au-dehors, queue lovée en colimaçon,
    Minet, la mine déconfite, se repose en contrepartie.

    Les petits pois sont confortables, surtout l’intérieur de leur cosse,
    À condition d’avoir poussé suffisamment sur l’échalas.
    Et la princesse insupportable préfère un légume précoce
    À ce lit qui l’a courroucée malgré ses douze matelas.

    Tableaux de Hanna Silivonchyk

  • Faute de filles, on prend des merles

    Merle noir ou rossignolet, qui fait le meilleur professeur ?
    Les filles-merles, dans la nuit, en ont retenu la leçon.
    Les deux oiseaux croquignolets restent les plus grands connaisseurs
    Des chants qui tirent de l’ennui filles chipies et polissons.

    Quand elles ont le cœur galopin qui révèle une âme friponne,
    Elles viennent travailler leur voix avec éclat et apparat.
    Sur les Impromptus de Chopin, elles s’entraînent, elles chantonnent ;
    Les oiseaux leur ouvrent la voie qui les conduit à l’opéra.

    Quand vient le temps de la maîtrise, décorées d’une grive blanche,
    Les filles en jupes et chemisiers donnent un gala de circonstance.
    Sous le vertige de leur emprise, un saisissement se déclenche
    Que même les paradisiers n’ont jamais vu dans l’assistance.

    Tableaux de Maria Pace-Wynters

  • La dimension d’amour

    Au-delà des trois dimensions, au-delà de l’espace-temps,
    Au-delà d’une brève pensée, au-delà de l’univers connu,
    S’ouvre le pouvoir de l’intention, la dimension des sentiments,
    La dimension récompensée par l’ouverture à l’inconnu.

    Avant que l’amour soit lumière, avant que l’amour soit matière,
    Avant qu’il entrouvre le temps, avant qu’il entrouvre l’espace,
    L’origine, la source première, l’objectif de la Terre entière
    N’est rien d’autre de plus important qu’une impulsion d’amour qui passe.

    Tableaux de Marlina Vera

  • La fille d’à côté

    Souvent, pour m’amuser, j’écoute avec hommage
    La voix de ma voisine, femme au charme subtil
    Qui se pâme indolente, expose son ramage
    À l’oreille attentive de mon cœur versatile.

    À peine a-t-elle ouvert la bouche à la fenêtre,
    Que moi, prince charmant, j’en deviens amoureux
    Et lorsqu’elle se penche, je sens une envie naître
    À me l’approprier d’un baiser langoureux.

    La fille de mes désirs, comme elle est fascinante !
    Elle, naguère petite, comme elle est grande et belle !
    Elle aguiche mon cœur d’envies avoisinantes
    Et je redeviens mâle qui traque sa femelle.

    Ma drôlesse, si semblable à Vénus authentique,
    Pourrait bien me tuer d’une flèche d’humour ;
    Elle ressemble aux sirènes dont le chant romantique
    Captivait les marins pour les noyer d’amour.

    Tableaux d’Anthony Falbo

  • Verte délivrance

    As-tu déjà diagnostiqué une envie profonde de vert ?
    Une folle envie d’espérance comme un remède à tes douleurs ;
    Sentir ton corps gymnastiqué, goûter le cœur à découvert
    L’éther comme une délivrance vers un espoir tout en couleurs.

    Tableau de Vincent van Gogh

  • À l’encre du regard

    J’écris ancré à ton regard d’où coule l’encre sympathique
    Qui scintille de reflets verts aux commissures de tes lèvres.
    J’y trace quelques vers hagards inspirés du ton hypnotique
    De ta voix aux mots entrouverts qui parlent d’amour avec fièvre.

    Puis, lorsque ton regard s’attriste, je reviens puiser dans ton cœur
    Tout le feu rouge comme sang qui effacera ta pâleur.
    J’aime jouer l’équilibriste sur le fil de ton air moqueur
    Qui m’invite, compatissant, à t’embrasser avec chaleur.

    Photos de Katharina Jung et Julija Lichman

  • Totems

    Femme-enfant, ta folle jeunesse rugit dans ton corps de tigresse ;
    Femme-mère, le feu de ton sein enflamme ton cœur de lionne ;
    Femme-éternelle intemporelle, tu te transformes en phénix
    Pour renaître encore demain comme un oiseau de paradis.

    Femme-enfant, jamais la vieillesse ne ternira ton allégresse ;
    Femme-mère, tu vis à dessein de tout l’amour dont tu rayonnes ;
    Femme-éternelle et corporelle, l’arôme antique de l’onyx
    Donne à la chaleur de tes mains la douceur que tu irradies.

    Tableau d’Alexander Maskaev sur https://000cosm.livejournal.com/761992.html

  • Tout l’univers

    Tout l’univers me fut conté durant les siècles de mon enfance
    Et tous les mystères étirés aux confins de l’éternité.
    Puis, le temps s’est mis à compter chaque seconde d’innocence
    Jusqu’à finir par expirer pour cause de modernité.

    Enfermé dans les temps modernes qui ne jurent que par la science,
    Mon univers est devenu tout un bric-à-brac démodé,
    Accueilli comme balivernes avec un geste d’impatience
    Par tous ceux qui sont parvenus aux certitudes accommodées.

    Tableaux d’Anna Berezovskaya sur https://tanjand.livejournal.com/1035982.html#cutid1

  • Zénitude

    Ce matin-là sur ma terrasse dans la jeune fraîcheur de la neige,
    Une grenouille en zénitude plongée en pleine méditation.
    Afin que rien ne l’embarrasse, j’ai juste noté son manège
    Et sa circonspecte attitude au rang de l’illumination.

    Le temps passa et ma grenouille se hissa sur la balustrade
    Pour mieux savourer les flocons qui oignaient son recueillement.
    De peur que la neige la mouille sur le faîte de son estrade,
    Je fis brûler sur mon balcon un cierge d’ensoleillement.

    Le jeu doit plaire à l’ingénue et à la neige également ;
    Car le gros temps s’intensifie le temps d’une contemplation.
    Et la quiétude s’insinue dans le silence Suisse-allemand
    Que l’univers me bonifie de quelques vers d’ostentation.

    Photo du jour sans trucage à Sennhof de mon balcon

  • Les amours complexes

    Les grandes amours tracent leurs voies à l’infini, à travers bois ;
    Elles jouissent à pleines voix, elles passent et les chiens aboient.
    Les grandes amours soufflent leurs vents, à travers les murs des maisons
    Qui vantent les duels émouvants entre le cœur et la raison.

    Les femmes subissent l’étreinte, les hommes impriment leurs empreintes
    Parfois sur des amours contraintes, parfois sur des amours enfreintes.
    S’alternent des amours violentes avec des amours partagées
    Et des amours affriolantes sur des amours apanagées.

    Tableaux de Tomek Setowski

  • L’univers endormi

    J’ai dormi toute mon enfance, dormi toute l’adolescence
    Dormi durant ma vie d’adulte tout en rêvant ma destinée.
    Évidemment pour ma défense, j’ai vécu en convalescence
    Une maladie qui résulte de trop de grasses matinées.

    J’ai dormi à la belle étoile, dormi dans des draps de satin,
    Sommeillé dans des wagons-lits et dans des bateaux de croisière.
    Aujourd’hui je lève le voile et, si je meurs demain matin
    Enterré dans les pissenlits, je dormirai ma mort entière.

    Tableaux d’Anna Berezovskaya sur https://tanjand.livejournal.com/1035982.html#cutid1

  • Serpentines

    Quels sont ces moutons qui serpentent dans mes nuits blanches comme neige
    Dont je dénombre les têtes noires, les cornes et la laine fraîche ?
    Ce sont les idées que j’invente et qui tournent dans le manège
    De mes pensées qui font la foire et qui, la nuit, battent en brèche.

    Je m’y vois, mouton confiné, suivre aveuglément mon berger
    Qui m’entraîne en garantissant de l’herbe verte en abondance.
    Mais c’est pour mieux déterminer à quel point je peux diverger
    Hors de l’ordre assujettissant des « honni soit qui mal y pense » †.



    † Devise anglo-normande qui signifie « Honte à celui qui y voit du mal »

    Photo de Fer Burak à Van, une ville de l’est de la Turquie

  • Rêves-de-bains

    Mes insomnies lavent mes rêves dans le bassin de mes nuits blanches
    Et décolorent ma mémoire qui déteint dans mes souvenirs.
    Toutes ces images trop brèves qui m’arrivent en avalanche
    Sont imprégnées dans la baignoire où coulent des eaux d’avenir.

    Douces rêveries érotiques dessinent sur la porcelaine
    Des femmes nues énigmatiques qui ne me laissent qu’un murmure
    Dont tous mes réveils sporadiques traduisent en bleu de méthylène
    La rémanence aromatique comme une buée sur les murs.

    Salle de bains créée par Saul Steinberg et photographiée par Robert Doisneau

  • Ouverture et désobéissance

    Je voudrais le contact des femmes sans la moindre distanciation,
    Renouer le contact des hommes pour se retrouver tous ensemble.
    Cesser ces mesures infâmes laissées à l’appréciation
    D’un confinement économe de tout l’amour qui nous rassemble.

    Je veux pouvoir boire en terrasse et regarder passer les gens ;
    M’enfermer dans les restaurants avec des milliers de convives.
    Ces précautions qui nous harassent de la part de nos dirigeants
    Ne sont qu’un remède instaurant la stagnation sur le qui-vive.

    Illustration d’Albert et Marcel Uderzo

  • Voyages à travers le monde

    Le taureau aime les voyages et leurs étapes gastronomiques
    Qui lui révèlent en abondance la bonne chère des terroirs ;
    Une entreprise de convoyage très sûre et très économique
    Qui permet de faire bombance et de remplir tous ses tiroirs.

    Quand revient la belle saison, il organise des banquets
    Sur des bateaux à ciel ouvert, Pianos-Cocktail et cabarets.
    Et vous le verrez sans raison se mettre à poil, les pieds tanqués
    Et, les génitoires découverts, chanter l’ curé de Camaret.

    Tableaux d’Anna Berezovskaya

  • Le cœur voyageur

    Avez-vous le cœur voyageur qui ne reste jamais en place ?
    Si oui, vous êtes sagittaire ou un butineur d’aventures ;
    Globe-trotter, déménageur, dont l’esprit sans cesse se déplace
    Constamment autour de la Terre à pied, à cheval, en voiture.

    J’ai croisé ces oiseaux bizarres lors de leurs rares retour à terre
    Qui m’ont raconté l’Orénoque, le Pérou et la Mongolie ;
    Ils auraient croisé Balthazar dans un vieux château d’Angleterre ;
    Ainsi leurs âmes, sans équivoque, ont vaincu la mélancolie.

    Illustrations de Bianca Green

  • Le château des quatre lunes

    Selon les phases de la Lune, mon château change de saison.
    Il nettoie ses tours au printemps au premier quartier de sa dame
    Et ses murailles fort opportunes quand elles sont en pleine floraison
    Puis, son donjon désappointant du dernier quartier bas de gamme.

    En hiver, je ferme ses portes et tout s’endort jusqu’au printemps ;
    On fait l’amour dans les tourelles pour se réchauffer tour à tour.
    Le froid, que le diable l’emporte, reste l’ennemi fort inquiétant
    Dont les neiges intemporelles annoncent l’éternel retour.

    Tableaux d’Anna Ewa Miarczynska

  • C’était avant l’hiver

    J’ai connu des printemps voraces d’une jeunesse insatiable
    Baignée dans un temps d’insouciance presque arrêté sur mes treize ans,
    Où nulle inquiétude n’embarrasse ni dieu, ni maître, ni le diable
    Et où la vie n’est qu’impatience à boire le moment présent.

    J’ai connu des étés de rêves comme un paradis avant l’heure,
    Avant que ne démarre l’horloge du temps stupide des adultes.
    L’hiver où tu marches ou tu crèves afin d’entretenir le leurre
    D’une vie qui ferait l’éloge des vanités qui en résultent.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https://www.aisato.no

  • La conquête du soupirant

    D’abord pour commencer, il y va pas à pas
    Au hasard des rencontres qu’il sait anticiper.
    Un début romancé car il ne faudrait pas
    Trop aller à l’encontre d’une femme émancipée.

    Une fois qu’elle a ri, il passe à l’offensive
    En flattant son physique mais aussi son sourire.
    Si elle ne s’apparie pas à la défensive,
    Son audace magique saura la conquérir.

    Quand la femme est conquise, son vainqueur magnanime
    Pénétrera le Saint Graal de sa forteresse.
    Et sa chair tout exquise dans un cri unanime
    Accueillera en son sein la sève enchanteresse.

    Illustrations de Riccardo Guasco