Catégorie : 2021

  • Le miroir de la mer

    Le miroir de la mer

    La ligne d’horizon tendue sur la frontière qui sépare
    L’O de la mer et l’R du ciel n’est que le bord du miroir d’OR
    Qui renvoie l’arc inattendu du rayon vert qui se prépare
    Quand le soleil interstitiel descend, s’immerge et puis, s’endort.

    Dans ce lieu bi-dimensionnel, un corps astral en pleine Lune
    Perce la surface outre-mer et diffracte en éclairs gris-blanc.
    L’astre nocturne ascensionnel répand dans la nuit opportune
    Le reflet d’argent éphémère qu’une vague apporte en tremblant.

    Illustration de Catherine Meurisse.

  • Bons baisers bien baveux !

    En Helvétie, la mer fantôme évoque encore le vendredi
    Les bisous tendres et bien baveux des sirènes alémaniques.
    En Romandie, mêmes symptômes mais c’est plutôt le mercredi
    Que leurs rappels, j’en fais l’aveu, demeurent les plus hédoniques.

    Sur les montagnes du Valais, les héritiers des loups de mers
    Remontent les torrents furieux au respect de leur libido.
    Et du Jura ont dévalé les néréides et les chimères
    Qui font le bonheur des curieux qui s’approchent, nus, des cours d’eau.

    (Tableaux de Pedro Covo.
    Sans mentir, j’ai trouvé un magnifique coquillage coniques dans un ruisseau en montant au château de Kyburg qui se dresse devant chez moi de l’autre côté de la Töss.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’aube de la féminité

    L’aube de la féminité

    Les nuits sont paraît-il enceintes et nul ne connaîtra le jour
    Qui naîtra demain des amours du Soleil amant de la Terre
    Dont l’intimité sacro-sainte à l’aube enfantera toujours
    Les merveilleux fruits du labour pour son offrande alimentaire.

    Ainsi quand deux soleils se lèvent comme nimbés d’une auréole,
    Dans une aurore qui frissonne après l’amour d’une nuit blanche,
    C’est la femme qui prend la relève par l’éclat de ses aréoles,
    Sa peau de pèche qui hérissonne et son bassin qui se déhanche.

    (Tableau de Vladimir Karnachev.
    « Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra. », proverbe ottoman.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Red Bull, sors de l’Europe !

    Red Bull, sors de l’Europe !

    Après avoir séduit Europe et lui avoir fait trois enfants,
    Zeus la donna en mariage au roi de Crète Astérion.
    Elle, abusa de psychotropes de toutes sortes en s’esclaffant
    Contre ce fol carambouillage que nous-mêmes discréditerions.

    L’histoire se répète de nos jours ; on nous promet l’Europe unie
    Pour aider notre économie et nous rendre compétiteurs.
    Hélas, nous sommes à notre tour violés, trompés et démunis
    De notre propre autonomie par nos alliés débiteurs

    Tableau de Vladimir Karnachev.

  • Iel, Faunet, faunette

    Iel, Faunet, faunette

    Est-ce un garçon manqué ? Une fille réussie ?
    On ne savait pas trop quelle était sa nature.
    En tous cas, il ou elle s’amusait sans souci
    À parafer ses farces de sa folle signature.

    Tu tombais dans trou et tu l’entendais rire
    En voyant son derrière s’enfuir dans les fourrés.
    Tu « le » ou « la » trouvais en train de te sourire
    Émergeant d’un étang, la tête énamourée.

    Comme elle était jolie ou comme il était beau
    Avec ses papillons en guise de couronne !
    « Il » ou « elle » dansait en frappant des sabots,
    Cornes en colimaçon et la queue fanfaronne.

    Tableau d’Akreon.

  • Déesses ou démones ?

    Je ne sais à qui me fier parmi tous ceux qui me promettent
    Une société exemplaire où justice serait attestée.
    Suis-je moi-même qualifié pour dire sans trop se compromettre
    Si untel pourrait me complaire ou si je pourrais le détester ?

    Tous ceux que j’ai pris pour des anges se sont révélés des démons
    Et ceux dont je me méfiais ont fait pire que je ne pensais.
    Mais je crois que lorsqu’ils mélangent gauche, droite, aval et amont,
    C’est pour mieux me stupéfier et bien mal me récompenser.

    Tableaux de Keith Stillwagon.

  • Le monde du dessous

    Le monde du dessous

    Sous les abysses insondables inaccessibles aux pollutions,
    Des créatures fantastiques jouent aux dépends de la science
    Qui les considère pendables au regard de l’évolution,
    Eux, qui se montrent sarcastiques de demeurer dans l’inconscience.

    Ils vivent de chasse et de pêche sans besoin de justifier
    Une nourriture équilibrée, minimum cinq algues par jour.
    Ils n’ont aucune loi revêche ni de credo mystifié ;
    Tant qu’ils ne sont pas dénombrés, ils se complaisent en leur séjour.

    Illustration de Lily Padula sur https:www.inprnt.comgallerylily_padula .

  • Le monde du dessus

    Le monde du dessus

    Au-delà de ce que peut comprendre la plupart des petites gens,
    Existe un royaume des dieux interdit aux simples mortels.
    Pour y entrer, il faut apprendre la loi du pouvoir de l’argent,
    Faire partie du club dispendieux et s’établir dans le cartel.

    La jet-set vit dans l’abondance dans son univers triomphant
    Où elle s’amuse à créditer crises et misères sur la Terre.
    Par la fontaine de jouvence alimentée par des enfants
    Elle vit depuis l’éternité de ses richesses excédentaires.

    De temps en temps, un ange déchu vient féconder une mortelle
    Afin de produire un héros qui vient galvaniser son peuple
    Et doit payer le terme échu de son parcours qui l’écartèle
    Par sa mort qui remet à zéro les péchés du troupeau aveugle.

    Illustration de Lily Padula sur https:www.inprnt.comgallerylily_padula .

  • Le monde intermédiaire

    Le monde intermédiaire

    Entre le paradis des riches et l’enfer des plus démunis,
    Toute une humanité subsiste coincée entre ces infinis.
    Certains n’hésitent pas et trichent, certains demeurent impunis,
    Tandis que les autres résistent vers un futur indéfini.

    J’ai connu des hauts et des bas, côtoyé de grosses fortunes,
    Passé du dénuement complet à une remontée en surface.
    Je n’en ferai pas un débat mais j’aime ces vagues opportunes
    Qui rendent mon parcours incomplet mais que voulez-vous que j’y fasse ?

    Illustration de Lily Padula sur https:www.inprnt.comgallerylily_padula .

  • Quand les jeux débloquent

    Bien sûr, nous sommes tous l’égaux comme des pièces interchangeables
    Mais ça agace notre ego de ne pas être indispensables.
    Bien sûr, nous sommes d’un même bois, d’une même chair, d’un même sang
    Mais qu’il est pénible le poids s’il s’en révèle embarrassant.

    L’histoire se répète comme un jeu dont chaque partie recommence ;
    Certains y voient même un enjeu pour tout remporter à outrance.
    Et les nouvelles générations, en reprenant les mêmes rôles,
    Revoient sans exagération tous ceux qui n’ont pas de parole.

    Photos de Lee JeeYoung sur http:elmarquesdeco.blogspot.com201402jeeyoung-lee-un-juego-hipnotico.html .

  • Impressionnisme en clair-obscur

    L’impressionnisme imaginaire illimité de la Nature
    Semble a priori prévisible sur l’intervalle d’une année.
    Bien sûr, tournesols factionnaires renouvellent leur mandature
    Régulièrement irrésistibles dans les champs jamais surannés.

    La garde-robe des toilettes à volonté des paysages,
    Elle aussi, paraît prédictible au fil des modes et des saisons.
    La Terre use ainsi de voilettes, de clair-obscur et d’éclairages
    D’une manière indéfectible selon qu’il plait à sa raison.

    Tableaux d’Iris Scott sur https:www.irisscottfineart.comlandscapes .

  • Impressionnisme entre terres et eaux

    Novembre restreint sa lumière d’un rideau de brume laiteux
    Et nous peint ses natures mortes sous un gesso de gelée blanche.
    Et moi, je rêve dans ma chaumière d’arbres aux parfums velouteux
    Que le vent du matin transporte tandis qu’il dénude leurs branches.

    Novembre obscurcit les étangs de l’encre noire de l’automne
    Et ragaillardit les oiseaux sur l’eau dormante des marais.
    Et moi, j’écris en reflétant mes pensées tristes et monotones
    Entre les chênes et les roseaux dans des couleurs bleues chamarrées.

    Tableaux d’Iris Scott sur https:www.irisscottfineart.comlandscapes .

  • Fusions des sexes

    Le corps a ses désirs qui soumettent l’esprit
    À la quête d’amour intense et magnétique.
    Les jeunes hommes ont faim, leurs cœurs en sont épris
    L’âme-sœur les attire, divine et érotiques.

    La peur donne des ailes à l’amoureux timide
    L’amour est un alcool pur qui le décomplexe.
    Avec un peu de zèle malgré ses mains humides
    Et un peu d’hardiesse dont il se sent perplexe.

    La guerrière amoureuse prépare ses stratagèmes,
    Ses plans sur la comète, tout l’amour à attendre.
    « Ô mon prince charmant, mon chevalier que j’aime,
    Sauras-tu me trouver sur la carte du tendre ? »

    Tableaux d’Anna Carll sur http:cristinafaleroni.blogspot.com201507anna-carll.html .

  • Fusions des cœurs

    Le cœur a ses couleurs que la raison n’a pas
    Et ose en afficher tous les bleus de son âme
    Ou l’esprit vert-galant pour qu’il serve d’appât
    À l’homme solitaire qui appelle une femme.

    Quand les corps se rencontrent, les couleurs se mélangent ;
    L’âme qui bleuissait alors se met au vert ;
    Les douleurs rouge-sang s’atténuent dans l’orange ;
    Les cœurs complémentaires se livrent à découvert.

    Puis l’amour maestro exprime sur la toile
    Les tons issus du père et que la mère enfante.
    Ils expriment la Terre, le Soleil, les étoiles
    Et fusionnent les cœurs d’une œuvre triomphante.

    Tableaux d’Anna Carll sur http:cristinafaleroni.blogspot.com201507anna-carll.html .

  • La complotiste en chair

    La complotiste en chair

    Les samedis, elle suivait toutes les manifestations
    Qui soulevaient tout le pays face aux lois institutionnelles.
    Dans la chaleur qui s’ensuivait, elle ôtait en contestation
    Ses fringues, sous les yeux ébahis, nue, anticonstitutionnelle.

    Il fallait la voir affronter les gendarmes en tenue casqués
    En leur pointant ses deux obus bien qu’ils n’en soient point convaincus.
    Lorsqu’ils chargeaient cette effrontée, il fallait les voir s’offusquer
    De la voir commettre l’abus de dandiner son petit cul.

    À force d’exciter ces larrons toujours butés, toujours plan-plan,
    Ils ne virent pas d’inconvénient à prévenir leur hiérarchie.
    C’est ainsi qu’on vit Macaron, Casse-tête avec Vérantanplan
    Ordonner à Darmaniannian d’arrêter net l’oligarchie.

    Tableau de Gary Benfield.

  • Dans le doute

    Est-ce que j’ai peur et n’ose pas manifester mes positions
    Pour suivre le troupeau docile qui regagne le bon vieux temps ?
    Ou oserai-je franchir le pas pour, en joignant l’opposition,
    Choisir le combat difficile dont je me sens représentant ?

    Puisque choisir c’est renoncer, qu’ai-je de plus facile à quitter ?
    L’argent qui s’en va et revient ou une fin de vie supposée ?
    Les médias nous l’ont annoncé : les dettes ne seront jamais acquittées
    Tandis que si la mort survient, la question n’est plus à poser.

    Alexandra Martynova photographiée par Charles Guo.

  • L’anti-Dieu

    L’anti-Dieu

    Au commencent de ce monde, il n’y avait ni dieu ni maître
    Mais un grand vide dénué de toutes bonnes intentions.
    Hélas, par un système immonde, nous vîmes la religion naître
    Qui nous a tant exténués par un Dieu de toute invention.

    IL dit qu’il nous tient dans sa main mais c’est pour mieux nous oppresser
    Et s’IL nous aime à la folie, c’est afin de mieux nous manger !
    Je préfère croire qu’ici demain, IL s’enfuira d’un air pressé
    Et qu’enfin ma mélancolie s’annihilera sans danger.

    Tableau de DADAIST-Gabriel.

  • Ce vide qui créa le monde

    Ce vide qui créa le monde

    Les croyants croient qu’un Dieu puissant a créé les cieux et la Terre ;
    Les savants préfèrent un Big-bang à l’origine de l’Univers.
    Chacun souhaite un épanouissant achèvement humanitaire
    Qui, à peine sorti de sa gangue, évoluera à cœur ouvert.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, tout cela n’est rien que poudre aux yeux !
    L’univers a été produit à partir du vide créé.
    Ainsi la Terre et les cieux ne sont pas le fruit orgueilleux
    Mais le résultat, aujourd’hui, du plus grand bide procréé.

    Illustration de Miles Johnston.

  • L’être nouveau

    L’être nouveau

    L’homme nouveau apparaîtra ou non selon le contenu
    De ce qu’on nous fait avaler comme propagande à l’envi.
    Tandis que l’âme comparaîtra dans un paradis convenu,
    Le corps, entièrement ravalé, vivra une nouvelle vie.

    Avec une aile de papillon, le vertige sera supplanté ;
    Avec une queue de poisson, fini l’œdipe avec sa mer ;
    Des cornes fixées aux pavillons pour nos téléphones implantés
    Et un radar à ultrasons pour sonder le fond de sa mère.

    Sculpture d’Irina Zaytceva.

  • En vers et en blues

    Entre la beauté mise en vers et la misère chantée en blues,
    La vie nous joue de l’oxymore avec d’étranges découvertes.
    Elle nous met le cœur à l’envers et la mémoire devient jalouse
    Des mains qui seules se remémorent l’étreinte de la femme offerte.

    La femme bleue chauffe bien mieux comme la flamme du feu follet
    Qui nous embrase toute une nuit d’un amour à dormir debout.
    Et quand un matin insomnieux se lève, le cœur est affolé
    De devoir patienter minuit, trop d’heures mises bout à bout.

    Tableaux de Jeremy Mann.

  • Portrait nature

    Portrait nature

    D’abord l’horloge biologique avec son capital-soleil,
    L’apport vital en vitamines A, B, C, D, fer, magnésium.
    Pour mes besoins physiologiques qui me maintiennent en éveil,
    Aliments antyoxydés, selon les récents symposiums.

    Je deviendrai fruits et légumes pour booster mon immunité ;
    Je consommerai naturel et respirerai au grand air.
    Par extraits de pépins d’agrumes, j’augmente ma sérénité
    Et par ces apports culturels, fleurira mon sale caractère.

    Portrait d’Elmira Namazova.

  • L’harmonie entre le flux et le reflux

    Au sommet de mes quarante ans – ou des cinquante selon les gens –
    Je me croyais être au sommet de toutes mes incertitudes.
    Mais comment remonter d’autant de temps qui va en s’allégeant
    Pour continuer d’assumer une existence en servitude ?

    Après le flux du temps qui passe, vient le reflux du temps passé ;
    Passé à revivre ses bilans et à rêver ses ambitions.
    Rompre le fil, crever l’espace, quitter ce monde compassé
    Paraît un remède jubilant mais clos de trop d’inhibitions.

    Tableaux de Vanessa Lemen.

  • Toujours dans la Lune

    Toujours dans la Lune

    Quand les conversations me semblent lourdes de phrases vides inconsistantes,
    J’échappe à l’attraction verbale et voyage autour de la Lune.
    Là, mes petites oreilles sourdes captent les paroles subsistantes
    Que les satellites bringuebalent purgées d’innombrables lacunes.

    Dans la Mer de Sérénité, j’écoute le ressac du temps
    Qui m’apporte avec du recul les informations essentielles.
    Tout ce qui n’est que vanité, inutile ou pas important,
    Devient résidu ridicule et gabegies excrémentielles.

    Illustration d’Andy Santoso.

  • Madame est servie !

    Madame est servie !

    En belle livrée naturelle, frac, plastron blanc et queue-de-pie,
    Le pingouin, petit majordome, excelle dans l’art du service.
    Ses connaissances culturelles, question thalassothérapie,
    Comblent autant de femmes que d’hommes, que d’amateurs ou de novices.

    Hélas, les pôles disparaissent causés par la fonte des glaces
    Et le réchauffement du climat par ce que les hommes ont gréé.
    Que l’humanité comparaisse fautive d’avoir pris trop de place
    Et restitue a minima la Terre que Dieu leur a créée !

    Tableau de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html?m=1 .

  • Le cœur au quatrième top

    Le cœur au quatrième top

    Au premier top, mes sens s’éveillent par l’audition et la vision ;
    Au deuxième top, mes sens opèrent par l’odorat puis, par le goût ;
    Au troisième top, je m’émerveille par le toucher en position
    Afin qu’ensemble, ils coopèrent pour que, tout de vous, je m’engoue.

    Au quatrième top, c’est le cœur qui entend, qui voit et qui sent,
    Qui goûte et touche tout l’amour qui émane de votre aura.
    De tous mes sens, il est vainqueur, pathétique et compatissant
    Car il vous touche de son humour en accord de son lectorat.

    Tableau de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html?m=1 .

  • La flèche bleue

    La flèche bleue

    Si Moi, flèche bleue d’Aphrodite, perce davantage les cœurs
    Que ce stupide Cupidon avec son esprit déluré,
    En amour, je dois, sans redite ni de rabâchage moqueur,
    Mais d’un seul impact pudibond toucher l’âme-sœur désirée.

    Ma pointe, d’un acier trempé, est plongée dans les bleus de l’âme
    Puis, dans les rires et les larmes durant un silence plombé.
    Enfin, je vise sans me tromper ; je tire et troue l’air de ma lame
    Sans lui laisser sonner l’alarme et fends le cœur d’une flambée.

    Photo de Absynth Photo.

  • Fée Floréale

    Fée Floréale

    Bien que nous soyons en automne, j’ai convié la Fée Floréale
    À agrémenter mon balcon qui se lamentait sous la Lune.
    Exit les plantes monotones, bonjour fougères idéales
    En petits jardinets féconds et jardinières de callunes.

    Quelques guirlandes disposées dans les bosquet comme éclairage ;
    Une tortue et trois grenouilles pour compléter l’exposition
    Hélas, le temps indisposé à fournir soleil et orage
    N’a fait pousser qu’une citrouille dans la florale composition.

    Tableau d’Annie French.

  • Joséphine et ses chats

    Joséphine et ses chats

    Comme elle désirait un chat, elle en eut trois séparément
    Le premier offert par sa mère et le deuxième par sa voisine.
    Le troisième, elle le dénicha, lui ouvrit avec agrément,
    Malgré la circonstance amère, la fenêtre de sa cuisine.

    Mais elle n’avait qu’un canapé dans son petit appartement
    Si bien que tous se disputaient le droit d’y gagner leurs caresses.
    Il fallait les voir galoper ! À chaque occasion prestement,
    Ils s’y battaient, s’y culbutaient pour y conquérir leur maîtresse.

    Tableau de Didier Lourenço.

  • Abondance de fleurs

    Les Fleurs de printemps ont crevé les couches glacées saisonnières.
    Ces primevères approuvées comme véritables pionnières ;
    Ces ridicules perce-neige mais qui n’ont pas eu froid aux yeux ;
    Et les pâquerettes au manège en trois petits tours merveilleux.

    Les Fleurs d’été sont à la fête pour toutes les bêtes-à-bon-dieu.
    Coquelicots et capucines parsèment la joie dans les champs ;
    Les tournesols tournent la tête vers un roi-soleil radieux ;
    Les lauriers-roses sur les collines égayent les soleils couchants.

    L’automne dore son calice avec l’ambre mêlée de rouille.
    Colchiques mauves dans les prés annoncent la fin de l’été ;
    Des lys et des volubilis fleurissent autour des citrouilles ;
    Et l’édelweiss veille au plus près par ses étoiles reflétées.

    Photos de Cecilia Paredes.

  • Femmes-troncs et jambes impressionnistes

    Des femmes-troncs, on imagine assez mal leurs jambes et leurs pieds
    Ainsi que les stars qui embrassent leurs mâles en plan américain.
    On peut en montrer l’origine, en installant sur un trépied
    Des prothèses mais ça embarrasse l’élite et tout le saint-frusquin.

    Et si les tableaux des musées avaient des jambes à la hauteur,
    Ils vadrouilleraient dans les rues en promulguant l’art populaire.
    Les gens seraient bien amusés de voir tous les plus grands auteurs,
    Tous nos chers peintres disparus et leurs chefs-d’œuvre spectaculaires.

    Ne sommes-nous pas tous d’ailleurs de véritables tableaux vivants ?
    J’ai pour épouse une Joconde dont la valeur croît grandement.
    Moi-même poète scribouilleur, je suis l’artiste connivent
    Qui fait des rimes vagabondes de pieds aux beaux enjambements.

    Photo d’eyeAm et créatifs au Japon qui se sont déguisés en tableaux célèbres pour la parade d’Halloween.

  • Eurêka Virus !

    Eurêka Virus !

    La surpopulation nous guette car la Terre n’est pas assez grande
    Pour accueillir et pour nourrir l’humanité d’ici vingt ans.
    Heureusement, d’un coup de baguette, la science nous a fait l’offrande
    D’un manière de mourir au profit des gens importants.

    Évidemment quand on est riche, on a envie d’être le roi
    Entouré de sujets, d’esclaves et de courtisanes adultères.
    C’est la raison pour laquelle trichent tous ceux qui se sentent à l’étroit
    Pour mieux nous garder dans l’enclave de la réserve humanitaire.

    Photo de Howard Schatz.

  • On va tous vous tuer mais c’est pour notre bien !

    Vivent la France et l’Amérique, la Russie et la Chine unies !
    Sauf que ce slogan mirifique ne vaut pas pour les démunis
    Mais seulement pour une élite de riches, puissants et nantis
    Qui vivront dans un satellite le temps qu’on soit anéantis.

    La Covid n’est qu’une rumeur pour vacciner toute la planète
    En inoculant la tumeur qui tuera tous les gens honnêtes.
    Après viendra l’ordre nouveau qui pleurera le sacrifice
    De tous ses moutons et ses veaux qui ont gobé le maléfice.

    Photos de Lee JeeYoung sur http:elmarquesdeco.blogspot.com201402jeeyoung-lee-un-juego-hipnotico.html .

  • Dernier bain de couleurs

    Dernier bain de couleurs

    Quand flambe le bouquet final, né au printemps puis, feu d’automne,
    Toute la flore s’applaudit d’avoir si bien joué son rôle.
    L’habituel chemin vicinal ne sera jamais monotone
    Tant que les arbres ébaudis s’impressionneront sans parole.

    Et le rideau retombera par ses grands vents humides et froids
    Et tout le décor pâlira dans un camaïeux gris et blanc.
    Seule la Lune bombera sa pleine figure sans effroi
    Et seul le Soleil palliera au temps maussade sans faux-semblants.

    Tableau d’Iris Scott.

  • Ultime bain de couleurs

    Ultime bain de couleurs

    Quand l’automne aura replié sa panoplie de rouille et d’ambre,
    L’hiver dressera son décor de gelées blanches et de grisailles.
    La fête resterait oublié si le solstice en fin décembre
    Ne venait ranimer encore les feuilles mortes en représailles.

    Comme un égrégore fantastique chevauchant un cheval bleu-nuit,
    Surgit des pays de cocagne Yule, le chevalier polaire
    Qui commande d’un geste drastique l’invasion au coup de minuit
    À ses troupes dans les campagnes sans sommation protocolaire.

    Tableau d’Iris Scott.

  • Chili Girl

    Chili Girl

    Chili-Girl aimait pimenter les soirées de ses invités
    Qu’elle triait sur le volet selon leur goût pour le piquant.
    De ses lèvres condimentées d’un soupçon d’agressivité,
    Elle embrassait à la volée de baisers les plus urticants.

    Moi, qui adorait les piments rouges ou vert ou paprikas,
    J’ai apprécié le goût poivré de sa peau rehaussée de Cayenne
    Nous avons joints nos sentiments dans cet arôme délicat
    Des échanges aux fluides enfiévrés bien supérieurs à la moyenne.

    Photo de Svetlana Mandrikova.

  • La clef des songes

    Un inventaire à la Prévert, un catalogue à la Magritte
    Et les images s’affranchissent de leur futile identité.
    L’œuf redevient l’acacia vert, le melon, de neige hypocrite
    Et les orages se rafraîchissent dans un grand verre de vérité.

    Magritte était-il complotiste lorsqu’il dénonçait l’étiquette
    Que l’homme posait sur un objet que son vocable démentait ?
    Prévert était-il anarchiste dans ses poèmes où, en cachette,
    L’irrationnel était sujet à dire ce qui le tourmentait ?

    Magritte a raison ; les images ont autant de mots que de langues
    Et la bougie, dans un plat, fond sans se retrouver sur nos têtes.
    Les mots-valises rendent hommage par un effet de boomerang
    À l’illogisme le plus profond dont j’aime me faire l’interprète.

    Tableau de René Magritte.

  • Ève au tricot

    Ève au tricot

    Une fois la pomme croquée, Ève se découvrit les seins nus
    Et s’empressa de les cacher oui mais avec quoi et comment ?
    Une peau de bête troquée au premier animal venu
    Lui fit une robe harnachée qui lui suffit sur le moment.

    Mais plus Adam l’ensemençait, plus elle pondait à perdre haleine
    Et plus sa poitrine à l’étroit prenait une place outrancière.
    En même temps, elle commençait, goûtant au travail de la laine,
    Maille à l’envers, maille à l’endroit, à se tricoter des brassières.

    De bonnet A en bonnet B, de bonnet C en bonnet D,
    Elle tricota, détricota, jusqu’au gabarit « vache à lait ».
    Mais ils ne sont jamais tombés, au contraire ont tant débordé
    Qu’elle en dépassa son quota de tonte sur ses agnelets.

    Eva Herzigova photographiée par Tim Walker sur https:anneofcarversville.comstyle-photos2016821tim-walker-captures-breasts-overload-in-portrait-of-a-lady-for-love-fw-2016 .

  • Mozambique en mosaïques

    Soleil de feu, mer mosaïque en vaguelettes virginales ;
    L’aigue-marine du ciel d’azur au littoral omniprésent ;
    Tous ces reflets du Mozambique dans les images subliminales
    Parlent à mon cœur dans l’embrasure de la fenêtre du présent.

    Toutes ces couleurs dithyrambiques de la nature originelle ;
    La faune et la flore imbriquées dans les rapports les plus divers ;
    Tous ces éclats du Mozambique dans ses ethnies traditionnelles
    Réveillent mon âme étriquée et lui ouvre son univers.

    Tableaux de Natalia Shatrova.

  • Les goûts et les couleurs

    Puisqu’on peut se marier transgenre, s’aimer parfois dans la douleur,
    Je m’attends à voir sans complexe montrer sa liberté pubienne.
    Puisqu’il faut ignorer les genres, mettons notre peau en couleurs
    Selon les valeurs multisexes, hétéros, homos, bis, lesbiennes.

    Les hétéros resteraient roses, sans changer vraiment leurs arrières ;
    Les homos et gays, tous en jaunes, toutes races unies, blanches ou noiraudes ;
    Les bis, selon qu’ils font la chose, rose devant, violet derrière ;
    Et les lesbiennes en amazones maquillées de vert émeraude.

    Photo d’Alessandro Michele.

  • Juste avant l’aube

    Juste avant l’aube

    Juste avant que l’aube n’aborde, les oiseaux crèvent le silence,
    Chacun sur sa branche scellé pour célébrer le Soleil-Roi.
    Comme un orchestre qui s’accorde, les becs testent avec vigilance
    Leur organe afin d’exceller à Lui garantir Son octroi.

    C’est ce moment qu’elle préfère, blottie dans ses draps de satin
    Pour se concentrer à inviter ce qui composera sa journée.
    Elle prépare ses affaires sereinement dans ce matin,
    Voire les ennuis à éviter, pour bien commencer sa tournée.

    Illustration de Edwin Georgi.

  • L’impudique maîtresse

    L’impudique maîtresse

    J’entends le présent sonner creux des résonances du passé
    Et le futur, sourd à ma quête, rendre son immonde silence.
    Le temps se montre langoureux comme une femme compassée
    Dont j’aime faire la conquête mais qui me répond d’insolence.

    Le temps, infernale maîtresse, régit toute mon existence.
    Impudique et inconvenante, d’une humeur toujours spontanée.
    Tantôt alliée, tantôt traîtresse, je ne compte plus les instances
    Où elle se montre impertinente sur le nombre de mes années

    Tableau de Marcin Mikołajczak.

  • À la mode de Vincent

    À la mode de Vincent

    Comment son œil impressionniste verrait-il ce monde en folie
    Sous la couleur de l’épouvante, sous la douleur de l’oppression ?
    Et dans le cadre sécessionniste qui combat la mélancolie,
    Comment peindrait-il l’éprouvante violence de la répression ?

    Les terrasses des cafés éteintes ne seraient que l’ombre d’elles-mêmes
    Sous la nuit étoilée lugubre, confiné dans sa chambre en Arles.
    Les champs de blé en demi-teinte, iris, tournesols, chrysanthèmes,
    Ressortiraient bien insalubres de sa peinture qui nous parle.

    Photo de Shusaku1977.

  • L’esprit de Mona Lisa

    L’esprit de Mona Lisa

    Par l’esprit de Mona Lisa guidant la main de Léonard
    L’inspiration devient boussole et dirige le sens de mes vers.
    L’art me délivre ses visas sur mon passeport goguenard
    Qui me sourit et me console pendant mes longues nuits d’hiver.

    Je trempe dans le clair-obscur de son sourire mystérieux
    Cette encre d’abord invisible qui se révèle sympathique.
    Alors la plume me procure comme un désir impérieux
    Qui touche la corde sensible de mon audience pathétique.

    Photo de fabiogis50.

  • La peinture hygiénique

    La peinture hygiénique

    À l’instar de l’autoradio et du baladeur MP3,
    La mode est à l’art transporté ; tous les goûts vont dans la nature.
    Car les grands maîtres primordiaux, dans les musées, sont à l’étroit
    Mais savent me réconforter à pied, à cheval, en voiture.

    Avec Van Gogh, j’aime dormir dans les blés à la belle étoile ;
    Avec Monet, j’aime plonger dans les couleurs complémentaires ;
    Avec Renoir, le souvenir des bals musettes se dévoile
    Et Picasso vient prolonger mes voyages autour de la Terre.

    Photo de Shusaku Takaoka sur https:voyage-onirique.com20190928shusaku-takaoka .

  • Les souvenirs de l’au-delà

    Les rêves absurdes m’interpellent plus que les autres que j’oublie. ;
    Sans doute lèvent-ils un voile sur une autre éventualité ?
    Tout simplement, ils me rappellent un souvenir que je publie
    Issu du cœur d’une autre étoile dans une autre réalité.

    Les femmes fantasmagoriques que je rencontre m’ont aimé
    Et nos enfants sont devenus mes anges-gardiens attitrés.
    Dans mes poèmes métaphoriques, j’en ai par milliers essaimés
    Grâce aux décisions soutenues que leurs mères ont su m’arbitrer.

    Tantôt brune ou bien blondinette selon la couleur de la Lune,
    Tantôt châtain ou bien rouquine, encore amoureusement vôtre.
    Toujours jolies et choupinettes, donnent à mon âme sa fortune
    D’une valeur des plus coquines que j’emporte d’une vie à l’autre.

    Tableaux de Neil Gaiman.

  • Un monde fou, fou, fou

    Dès l’instant où il vient de naître, il ne voit que dans sa fenêtre
    Un monde surdimensionné, impossible à ambitionner.
    Famille, école et camarades lui tissent une mascarade
    Qui fait le décor de l’enfance dans cet univers sans défense.

    Lorsqu’il quitte l’adolescence tout lui paraît obsolescence.
    Le monde adulte périmé le laisse un moment déprimé.
    D’une mentalité guerrière, il commence alors sa carrière
    Dans l’univers économique d’une existence tragi-comique.

    Quand sonne l’heure de la retraite, il veut tout faire d’une traite :
    Voyager, découvrir le monde, fuir la société moribonde.
    Mais si l’expérience a fleuri, il ne vit que de ronfleries…
    Comprendra-t-il sans doute à tort son but au-delà de la mort ?

    Tableaux d’Aleksei Bordusov aka Aec Interesni Kazki.

  • Changement d’air

    L’expression « Vivre avec son temps » dite à l’encontre de nos parents
    Nous servait à les critiquer pour imposer nos idées neuves.
    Nous désirions notre content d’un monde moderne et transparent ;
    Un paradis sophistiqué où chacun y ferait ses preuves.

    Cette expression s’est retournée comme une pierre qu’on a jetée
    Dans le petit jardin secret que nous cultivions en pionniers.
    Le sommeil nous a détournés d’un temps qui nous a rejetés
    Avec des lois et des décrets pour nous maintenir prisonniers.

    Tableaux de René Magritte.

  • La confiance aveugle

    « Fermez les yeux, ouvrez la bouche ! » nous clamait la publicité
    Afin de nous mettre en confiance et nous faire boire ses paroles.
    Peu à peu, tout ce qui nous touche nous est dicté, plébiscité
    Par nos proches sans méfiance qui le répètent à tour de rôle.

    Aujourd’hui l’état a gagné, nous sommes tous assujettis
    Tout le monde sauf un petit nombre qui résiste à l’envahisseur.
    Quant à ceux qui ont regagné le cocon des reconvertis,
    Ils ne se sont que parqués dans l’ombre de leurs maîtres asservisseurs.

    Photos de Tim Tadder.

  • Le songe d’une nuit de pleine Lune

    Le songe d’une nuit de pleine Lune

    Quand la pleine Lune paraît, s’extériorise à l’évidence
    L’envie d’enfant s’épanouir surtout lors des nuits estivales.
    Et lorsque l’astre disparaît, se manifeste en coïncidence
    Le besoin de s’évanouir dans l’ombre de cet intervalle.

    Moi qui suis né à mi-juillet, il semblerait par déduction
    Que ce soit la Lune d’octobre avec son halo transparent.
    Je vous en fiche mon billet qu’il y ait délit de séduction
    Envers des étoiles moins sobres qui auraient ébloui mes parents.

    Illustration de Franklin Booth.

  • L’amant de la sirène

    L’amant de la sirène

    Besoin d’amour, de protection, envie d’étreintes et de soutien
    Ont apporté à la sirène un culte plus que de raison ;
    Par son appétit d’affection, sécurité et entretien
    Elle a troqué sa vie sereine pour s’attacher à la maison.

    Et quelles attaches, mes amis ! Une pieuvre aux huit tentacules
    Qui la protègent et qui l’étreignent de ses ventouses à coussinets.
    Et si jamais un ennemi montre son nez, il l’émascule
    Afin que la belle s’astreigne à lui donner des poulpinets.

    (Tableau de Frank Brunner.
    Il ne semble pas qu’il existe un nom particulier pour parler du petit de la pieuvre. On peut utiliser l’expression « bébés pieuvres » ou faire un barbarisme comme moi avec « poulpinets ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.