Catégorie : 2021

  • Braver la tempête

    Qui ose braver la tempête quand les éléments se déchaînent ?
    Qui ose affronter la puissance des événements d’oppression ?
    Qui prend le risque de tenir tête aux répercutions qui s’enchaînent
    Quand on oppose la résistance d’une population sous pression ?

    Nous sommes tous des colibris qui tentent d’apaiser le feu
    De l’incendie qui nous ravage et nous condamne à l’extinction.
    Les nantis et les sans-abris, tous unis, feraient de bons contre-feux
    Mais chacun subit l’esclavage des régimes en extension.

    Illustration de Jordan Singh

  • Entre chiens, chats et rats

    Il y a l’heure entre chien et loup et l’heure entre chiens, chats et rats
    Qui se rencontrent çà et là sans pour autant être adversaires.
    Les hiboux sont un peu jaloux d’observer ce conglomérat
    Et les serpents sifflent au-delà un cri jailli de leurs viscères.

    Que font-ils donc, ces animaux, à agir comme complotistes ?
    Nul n’en sait l’authenticité ; on se méfie de cette entente
    Car il se dit à demi-mot des propos indépendantistes
    Entre la domesticité et ceux qui vivent en dilettante.

    Gravure de Maurits Cornelis Escher

  • Bisou

    La communication muette d’un baiser longtemps soutenu
    Part du profond de la luette jusqu’au bout des lèvres charnues.
    J’aime cet échange discret qui en dit plus que mille phrases
    Et dont l’amour a le secret jusqu’à connaître l’épectase.

    Et le baiser se fait voyage dans la mer salée des deux bouches
    Avec le tendre paysage des regards qui presque se touchent
    Derrière les paupières fermées sur le bonheur inconsistant
    De deux cœurs en train de germer dans l’intervalle d’un instant.



    Rapellons-nous que l’Épectase désigne au choix « le Progrès de l’homme vers Dieu » ou « le fait de mourir lors de l’orgasme »

    Tableau de Pablo Picasso

  • Dans l’embrasure

    Elle me suivait de son regard dans l’embrasure de la porte
    Juste entrouverte sur la ruelle dans un vieux quartier de Strasbourg.
    Je voyais son visage hagard qui attendait que lui apporte
    Un courant de bonnes nouvelles par un vent messager d’amour.

    D’une inquiétude un peu fugace, dans l’instant bref d’une seconde,
    Elle pointait ses yeux sondeurs à chaque pas à peine entendu.
    Un beau jour, son esprit sagace trouvera sa source féconde
    En explorant en profondeur l’âme de son prince attendu.

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  • L’étiquette qui nous guette

    Puisqu’on nous prend pour des moutons et qu’on veut imposer le « Pass »,
    Pourquoi ne pas pousser plus loin le droit à notre étiquetage ?
    Nos oreilles cousues en bouton nous serviraient de mot de passe
    Et un masque posé sur le groin pour nous espionner davantage.

    Pour finir en queue de poisson, nous, moutons sots et ridicules,
    Nous, à qui l’on tond la toison, nous verrons pousser des nageoires.
    Quant à ceux qui font leur moisson des vaccins qu’ils nous inoculent,
    Versons-leur leur contrepoison directement dans leurs mangeoires.

    Illustrations de Myartamyhart

  • Les hippies d’antan

    Dites-moi où sont les hippies dont l’amour bannissait la guerre.
    Dites-moi où sont les tipis où l’on fraternisait naguère.
    Ils restent vraisemblablement de l’autre côté de la Terre
    Là où irrémédiablement les ont chassés les militaires.

    Dites-moi où sont les pionniers qui se sont battus pour leurs terres.
    Sans doute quelque part prisonniers isolés dans un monastère.
    Dites-moi où sont les héros qui préféraient mourir debout
    Plutôt que d’être un numéro et vivre couchés dans la boue.

    Illustrations de Minjae Lee

  • Prélude à la tempête

    Comme un prélude insaisissable, juste un coup avant la tempête,
    Comme une ouverture rapide, juste le choc des percussions,
    Le temps est inassouvissable et clame à grand coup de trompette
    Ses folles envies intrépides de jouer son exécution.

    Alors l’orchestre symphonique de tous ses instruments à vent
    Fait vibrer les cordes des arbres sous l’action des coups de tabac
    Et tous les cuivres polyphoniques, en rafales qui vont s’aggravant,
    Soulèvent les socles de marbre et les tombeaux des mastabas.

    Photo de Diana Meihing Lo

  • L’entente libérale

    Après l’attente, la bonne entente scelle le cœur des amoureux
    Dont l’amour distille la colle et son envoûtante attraction.
    La vie sur un nuage enfante des garçons aux bras vigoureux
    Et des filles dont le protocole serait d’être une distraction.

    Que feront-elles, ces pucelles sinon qu’attendre leurs beaux princes
    Qui vivent au-delà des frontières d’un machisme inconsidéré ?
    Mais aujourd’hui, ces demoiselles préfèrent leur serrer la pince
    Et vivre l’existence entière leur vie de femme libérée.

    Tableau de Julia Klimova

  • L’attente préalable

    Les jambes repliées et les bras nonchalants
    Pour tromper l’impatience de celle qui attend.
    Le regard éperdu, un air ambivalent
    Pour troubler l’espérance et son désir latent.

    Dans sa robe légère et ses souliers vernis
    Elle pose en princesse et le temps disparaît.
    La crainte passagère d’un rendez-vous terni
    S’efface dans l’allégresse de l’amant qui paraît.

    Tableau de Julia Klimova

  • Mes maux en couleur

    Que le rouge le plus intense qui a coulé dans mes douleurs
    S’amenuise autour de l’orange tandis que je reprends mon souffle !
    Que ma peur jaune, sans importance, qui me ternissait les couleurs
    Reverdisse d’un ton étrange tous mes maux qui s’y emmitouflent !

    Enfin je sortirai du blues, ce spleen à tire-larigot
    Qui voile mon ciel bleu d’azur et se dissipe à la volette.
    Et mes vieilles rancœurs jalouses mourront dans le puits indigo
    De l’âme au fur et à mesure, tout comme un bouquet de violettes.

    Tableaux de Melinda Cootsona

  • La couleur jaune d’or

    Parfois une couleur indélébile qui a pourtant été lavée
    Et relavée parmi mes rêves à la lessive de la nuit,
    Revient comme une tache immobile que rien ne pourrait délaver
    Malgré une aurore sans trêve qui veut l’effacer de l’ennui.

    Dans ce clair-obscur camaïeu des belles dames du temps passé,
    L’or de cette robe éternelle jamais ne se dissipera.
    Dans mes souvenirs broussailleux et mes mémoires espacées,
    Cette couleur sempiternelle jamais ne s’éliminera.

    Tableaux de Michael Strirnagle

  • Le chat du cimetière

    Gardien du temple, gardien des morts, méfiez-vous du chat qui dort.
    Gardien des rêves, gardien des limbes, en tous les cas, le chat regimbe.
    Il ne vous laisse pas entrer, nul ne peut le déconcentrer ;
    Il ne vous laisse pas sortir, nul ne saurait le pervertir.

    Il surveille les cimetières pendant ses neuf vies tout entières ;
    Il protège le secret des tombes et s’il faillit, il y succombe
    Il garde l’oubli des caveaux par l’opium des fleurs de pavots
    Confiez-lui votre mausolée, vous n’en serez point désolé.

    Illustration de Sabine

  • Dernières nouvelles de la montagne

    Hier, la montagne tremblait par tous ses pores et ses chemins ;
    L’hiver usait son privilège sur les glaciers et les moraines.
    Hier, la forêt ressemblait à une peau de parchemin
    Aux feuilles brûlées par la neige et ses troncs noirs comme l’ébène.

    Ce matin, changement de cap ; la mode est à la renaissance
    Et les ruisseaux drainent les terres comme porteurs de bonnes nouvelles.
    L’hiver n’est plus un handicap ; le printemps apporte l’essence
    Qui accentue le caractère de Gaïa qui se renouvelle.

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  • La météorologiste

    J’aimais ses cumulonimbus sous son manteau en peau de nuit
    Qui épousait les dépressions et les sommets de sa poitrine.
    Mais au moindre cunnilingus, qui lapait doucement son huis,
    Sa bouche s’ouvrait d’une expression semblable à un lèche-vitrine.

    Quand l’amour parsème à tout vent, les corps subissent la tempête
    Dans les folles précipitations de l’effervescence des sens.
    On y revient le plus souvent dès que l’orage monte à la tête
    Aussitôt que l’excitation met les cœurs en incandescence.

    Illustration « Ter » de Dubois & Rodolphe

  • La chasse aux météores

    En ce temps-là, nonchalamment, perchés au sommet de la piste,
    Nous dénombrions les météores, pluies, grêles, ouragans et tempêtes.
    J’y accompagnais galamment ma belle météorologiste
    Comme deux anges égrégores assis sans tambour ni trompette.

    La nuit venue, secrètement, juchés sur un esquif fragile
    Nous naviguions sous le prétexte d’améliorer nos connaissances.
    Mais pour parler concrètement nous nous échappions des vigiles
    Pour nous aimer dans un contexte plus en rapport avec nos sens.

    Illustrations « Ter » de Dubois & Rodolphe

  • L’amour flou, flou, flou

    L’amour fait chavirer le cœur et en aveugle la raison
    Par interférences avec moires dans les souvenirs partagés.
    J’en veux pour preuve avec rancœur les errances en toutes saisons
    Dont j’ai gravé dans ma mémoire les mésaventures outragées.

    Ève voyait flou, Adam myope, ils n’ont pas reconnu la pomme,
    Ont croqué le fruit défendu dans un paradis de brouillard.
    S’ils avaient été nyctalopes ou bien consulté les Prud’hommes,
    Ils auraient été entendus par un avocat débrouillard.

    Voilà pourquoi l’amour est flou voici pourquoi l’amour voit double.
    Dieu nous a brouillé l’œil du cœur en nous privant de connaissance.
    C’est ainsi, l’homme devient fou ; c’est ainsi, sa femme le trouble
    Mais peu importe la liqueur pourvu que l’ivresse des sens.

    Tableaux d’Egor Ostrov

  • Souveraine matin, midi et soir

    Au matin la reine s’éveille encore éperdue dans les songes
    Dont les souvenirs disparaissent de sa mémoire vaporeuse.
    Il suffit d’un peu de soleil pour faire traiter de mensonge
    La nuit aux ténèbres épaisses fors d’une attente langoureuse.

    À midi, la reine s’habille encore baignée de rosée
    Avec des pétales de rose et leurs arômes inégalés.
    Juste un éclat sur les pupilles sur une joue couperosée
    Qui lui efface l’air morose de rester seule en son palais.

    Le soir, la reine au crépuscule encore en attente du roi
    Dont le retour imprévisible deviendrait presque indispensable.
    Sans un seul mot, son cœur bascule, affolé, en plein désarroi
    D’une émotion intraduisible et d’une envie imprononçable.

    Tableaux de Joshua Burbank

  • La fuite de février

    Février s’enfuit, février de glace, les champs sous la neige, les prés chamboulés ;
    Février se meurt, février s’endort après quatre semaines, vingt-huit jours de froid.
    Février s’ennuie de laisser la place au mois du printemps et des giboulées ;
    Et Mars s’emparer de la toison d’or et février fuir sans aucun effroi !

    Février de glace descend l’escalier et s’en va rejoindre les années passées.
    Des années de joie, des années d’effort où l’on vit le fruit de l’amour s’ouvrir.
    Février descend, atteint le palier d’une humeur maussade, un peu compassée ;
    Elle est à l’honneur des mois les plus forts où tout l’or du monde reste à découvrir.

    Tableau de Melinda Cootsona

  • Monts et vallées de Vénus

    Qu’il est tortueux le parcours,       celui de la carte du tendre
    Entre les monts et les mamelles,   entre les gorges du bassin !
    La vallée où le ruisseau court,       la plaine où l’on aime s’étendre,
    Le lait au goût de caramel    qui suinte à la pointe d’un sein.

    Qu’il est chaud le microclimat       entre les touffes et les fougères
    Où l’on va se déshabiller      pour profiter de la chaleur.
    Les cuisses fraîches au minima,     les fausses couleurs mensongères
    Et les arômes vanillés  d’une vulve mise en valeur.

    Tableau de Christian Vey

  • La carte du tendre

    Sur tes épaules, dessinées les excursions de nos amours ;
    Sur la colonne, descendues nos émotions les plus profondes ;
    Sur tes deux hanches, hallucinées les caresses de chaque jour ;
    Et sur tes fesses, distendues nos étreintes les plus fécondes.

    J’ai tracé la carte du tendre sur la surface de ton dos
    En marquant toutes les étapes de nos voyages amoureux.
    J’ai toujours plaisir à entendre les échos de notre libido
    En passant ma main sur tes grappes de grains de beauté langoureux.

    Tableaux d’Anthony Barrow

  • Il était une fois… cousue de fil blanc

    Il était une fois un virus niché dans les monts de Vénus
    Qui fit un couac assez succinct avec l’appui d’un faux vaccin.
    Ensemble ils montèrent un complot pour secouer le peuple de sanglots
    Mais surtout pour assujettir tous les moutons à convertir.

    Ceux qui vivaient la vie de château les menèrent longtemps en bateau
    Par des paroles et des promesses, bien sûr, aux frais de la princesse.
    Ceux qui avaient brandi la rose se retrouvaient tous l’air morose
    Et les vagues d’opposition en très mauvaise position.

    On parla de révolution dans le peuple en évolution,
    Provinciaux aux gilets jaunis qui chantaient en polyphonie.
    Finalement ce sont les femmes – jugées créatures infâmes –
    Qui firent comprendre à leurs hommes que Dieu les prenait pour des pommes.

    Tableau de Rafal Olbinski

  • La porte du printemps

    La porte paraît si fragile qu’il en tombe des giboulées,
    Pluies abondantes aux Saints de Glace, frimas et gelées au printemps.
    Le froid, sur les terres d’argile et les fissures craquelées,
    Laisse l’empreinte qui verglace les chemins les plus éreintants.

    De temps à autre, s’ouvre le seuil d’où ruissellent des eaux du ciel
    Qui viennent goûter les sols gelés et saliver les dieux gourmands.
    Et l’on voit renaître les feuilles et les bourgeons providentiels
    Qui font les fleurs écervelées et les rameaux, pinces sarments.

    Tableaux de Rafal Olbinski

  • Il était une fois… qu’on en a marre !

    Bien qu’il ait été plusieurs fois en plusieurs lieues, en plusieurs temps
    Beaucoup d’amour entre les princes, les rois, les reines et les princesses,
    Il s’avèrerait toutefois que leurs enfants, représentant
    Toute leur descendance, grincent des dents car ils s’ennuient sans cesse.

    Évidemment, Ils ont tout fait ; combattu sorcières et dragons
    Gardé contre vents et marées leur royaume à chaque victoire.
    Et leurs enfants insatisfaits de ruminer dans leur jargon
    Qu’il serait temps de démarrer une autre page de l’Histoire.

    Tableau de Rafal Olbinski

  • La porte de l’hiver

    Presque sorti de février sur le seuil de l’intersaison
    Quand les beaux jours font l’alternance avec la froidure navrée.
    Les odeurs des genévriers plantés aux enclos des maisons
    Délivrent au matin leurs fragrances de fusions boisées et poivrées.

    Soudain un rayon de soleil qui prolonge au loin la vision
    Comme un chemin qui mène au seuil entre l’hiver et le beau temps.
    Les senteurs que le vent balaye comme un oracle en prévision
    De la sève qui monte aux feuilles et nous annonce le printemps.

    Tableaux d’Alfred Sisley

  • Les esprits en escalier

    J’ai un esprit en escalier qui descend tout droit de mon père
    Qui faisait des tours et des tours dans son clos en colimaçon.
    Un caractère fou à lier véritable nœud de vipères
    Qui font des tours et des retours et galipettes sans façon.

    Heureusement, j’ai des paliers et des portes sur le côté
    Qui me permettent d’échapper au cycle infernal des descentes
    Et remontées pour pallier une mauvaise foi chicotée
    Pour ne pas me faire attraper par une ascension oppressante.

    Tableaux de Cordovelian

  • Rêveries

    La nuit, Morphée m’ouvre ses portes et mon lit devient un bateau
    Qui accueille les naufragées de tous mes rêves récurrents.
    Je prends ce que les flots m’apportent souvent, cerise sur le gâteau,
    Je vois venir la Fée-Dragée, de tout son charme aventurant.

    Sur un air de Casse-Noisette et ses notes en pizzicato
    Jouées sur un vieux Célesta qui flotte au gré d’un courant doux,
    Quelques sirènes en nuisette dansent un passage en staccato
    Et moi, sur mon aérostat, je chante, vêtu comme un hindou.

    Tableaux de Julia Klimova

  • Sous une mer de moutons verts

    Sous une mer de moutons verts, agitée d’une tempête démone,
    Le vaisseau s’était retourné et ressemblait à une maison.
    Puis, sous les flots de ciel couvert, les marguerites en anémone
    Semblaient attendre une fournée de poissons clowns en déraison.

    Quand le tonnerre eut éclaté d’innombrables coups de canon,
    La pluie inverse sortit des larmes qui coulaient des pistils en peur.
    Alors la maison frégatée trembla comme un vieux cabanon
    Tandis que résonnait l’alarme issue des cœurs de mille fleurs.

    « Mammatus Cloud » au Dakota photographié par Aaron J. Groen

  • Avant, après

    D’abord, son regard bleu me glace et son air triste m’interpelle
    Comme une frontière invisible qui la défend pudiquement.
    Après, je ne sais pas ce qui se passe mais tout ce dont je me rappelle
    M’évoque un lien indivisible qui s’établit subitement.

    D’abord, d’un geste un peu timide, elle n’ose se montrer toute nue
    Comme une ultime pruderie qu’elle m’oppose imparfaitement.
    Après, ne sais-je qui m’intimide mais, d’une intention soutenue,
    Elle s’extrait de sa bouderie et arrache ses vêtements.

    Tableaux de Julia Klimova

  • La relativité des pommes

    Du grand ruisseau du paradis, débordaient les immenses pommes
    Que les filles d’Ève précipitaient sur les fils d’Adam de passage.
    Les anges étaient en maladie, les démons confinés at home
    Tandis que Dieu sollicitait Lucifer d’être un peu plus sage.

    Le serpent avait échoué et le fruit s’était répandu
    Puis, avait démesurément poussé comme des champignons.
    Les femmes s’étaient dévouées, les hommes leur avaient répondu
    Et le bordel assurément régna parmi ces compagnons.

    On ne sait comment débuta la guerre de la pomme de discorde;
    Il dut y avoir un pépin dans la création en foutoir.
    Finalement Dieu s’en dégoûta mais, pour que l’histoire concorde,
    Il en tira un papier-peint dont il tapissa son boudoir.

    Tableau de Rafal Olbinski

  • La relativité des femmes

    Quand elle s’est déshabillée tout l’univers s’est entrouvert ;
    Le puceau devint étalon et la pucelle devint chatte.
    Après l’avoir estampillée, à cœur perdu, à cœur ouvert,
    Il enfila son pantalon puis, il renoua sa cravate.

    Mais elle ne put se rhabiller car il avait, dans les orties,
    Jeté sa jupe et sa culotte pour garder l’œil sur le minou.
    Elle laissa s’éparpiller toute sa pudeur assortie
    À l’exhibition rigolote du mâle se mettant à genoux.

    Tableaux de Rafal Olbinski

  • La fondue marseillaise

    Bien que ce ne soit pas Venise, ici, le soleil nous gondole
    Toutes les images, peuchère, trois cent soixante-cinq jours par an.
    Autant la chaleur galvanise, autant le pastis nous console,
    À l’ombre des portes cochères, à la santé de nos parents.

    Tableau de Tinou Grimal

  • La dame avec la tête en fleurs

    La dame sortit de l’auto arborant une tête en fleur ;
    Fleurs magnifiques de surcroît qui lui camouflaient le visage
    Comme ornements sacerdotaux qui dissimuleraient les pleurs
    D’une déesse de qui l’on croit obtenir un tendre présage.

    Elle fit quelques pas à droite et s’agenouilla sur la berge
    De la rivière dont les eaux transportaient les neiges fondues.
    Dans une action souple et adroite la dame dégaina sa flamberge
    Solennellement de son fourreau dans le silence répandu.

    Tableaux d’Anna Kincaide

  • Manifestement

    Manifestement alarmistes sur les dangers qui les menacent,
    Les oiseaux commencent à crier comme les Oies du Capitole.
    Assez craintifs et pessimistes, ils ne s’en affichent pas moins tenaces
    Dans le milieu approprié des domaines arboricoles.

    Manifestement trop nombreux sur la planète fragilisée,
    Les oiseaux commencent à pleurer avec les mouettes rieuses.
    Qu’ils soient blancs ou bien ténébreux, ils se sont tous coalisés
    Avec les poissons apeurés par la pollution injurieuse.

    Manifestement trop à dire, trop à se plaindre et protester,
    Les oiseaux commencent à maudire les cargos et les pétroliers
    À qui on devrait interdire d’impunément se délester
    Du pétrole dont on peut prédire la mort de la Terre spoliée.

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  • Sous des spirales d’idées

    J’ai cru que la Terre était plate, j’ai cru que j’habitais au centre,
    J’ai cru que régnait le néant après le mur de l’horizon.
    Mais quand la vérité éclate – et même si cela fait mal au ventre
    Et me retourne sur mon séant – je dois me faire une raison.

    Alors il faut bien que j’admette, alors il faut bien que j’accepte
    Que tout ce que l’on m’a fait croire n’était qu’un monde d’illusion
    Avec ses plans sur la comète et ses vérités qu’on excepte
    Et ses dogmes contradictoires qui m’ont contraint par collusion.

    Aujourd’hui je lève le voile des doctrines d’obscurité
    Qui me maintiennent dans l’ignorance pour mieux m’auto-suggestionner.
    Je vois au-delà des étoiles mon futur de maturité
    Qui m’engage à la tolérance afin de me perfectionner.

    Tableaux d’Anna Ewa Miarczynska

  • Atout cœur

    La vie, c’est comme un jeu de cartes ; vous choisissez votre couleur,
    Vous validez les numéros de chaque étape jusqu’au château.
    Vous vous méfiez des pancartes qui dissimulent cris et douleurs
    Afin de devenir héros et toucher la part du gâteau.

    Seulement voilà, tout est caché, tout votre horizon est voilé
    Par un funeste labyrinthe où vous appellerez au secours.
    Autant l’amour est entaché de coups bas à peine dévoilés
    Et l’argent marque son empreinte en pervertissant le parcours.

    Tableaux de Rafal Olbinski

  • Les échecs relatifs

    La vie, c’est comme au jeu d’échecs, il faut trouver sa direction.
    Damer le pion à la pimbêche qui joue dans la partie adverse ;
    Battre le roi, l’émir, le cheik ou quelle que soit sa distinction ;
    Mettre l’adversaire tête-bêche par quelques chemins de traverses.

    Seulement voilà, tout est tordu ! Dès le début, tout est truqué !
    Les pions veulent devenir roi et faire partie des rupins.
    Alors la tâche devient ardue et la progression compliquée
    Tout ça pour finir à l’étroit dans un costume de sapin.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Controvirus

    Dès le matin, je mets le masque et toutes mes incertitudes
    Que je vais noyer dans la foule et dans le troupeau de moutons.
    Pour obéir à ces fantasques présomptueuses sollicitudes
    D’un état qui me rend maboule et qui me donne des boutons.

    Êtes-vous pour, êtes-vous contre ? Est-ce que ça dépend du moment ?
    Avez-vous peur des complotistes envers notre gouvernement ?
    Oseriez-vous aller à l’encontre de ce qu’on lit dans les romans
    Parlant de conspirationnistes tous punis d’emprisonnement ?

    Quand vient le soir, tombent les masques qui s’entassent dans les caniveaux ;
    Marque de solidarité envers la pollution du monde.
    Mais à la première bourrasque tout sera remis à niveau
    Donnant à la précarité une accélération immonde.

    Êtes-vous pour, êtes-vous contre ? Est-ce que ça dépend du moment ?
    Avez-vous peur des complotistes envers notre gouvernement ?
    Oseriez-vous aller à l’encontre de ce qu’on lit dans les romans
    Parlant de conspirationnistes tous punis d’emprisonnement ?

    Tableau de Grzdyl Ksiezycowy

  • Le Pont-des-Arches

    Rendez-vous sous le Pont-des-Arches mercredi soir, à minuit pile.
    Je t’envoie par carte postale mon invitation sans pareille.
    Sans l’accord de mon patriarche dont l’autorité m’horripile
    Mais dont l’écho serait brutal si ça lui venait à l’oreille.

    Beaucoup d’amants s’y sont noyés pour s’aimer pour l’éternité
    Mais nous, nous n’allons pas mourir ; notre amour est force et pouvoir.
    Mon père a trop fait tournoyer ses excès de paternité
    Mais il pourra toujours courir pour nous empêcher de nous voir.

    Tableau de Larisa Aukon

  • La reine rouge

    Bien que les reines sans histoires aient enfanté dans la douleur,
    On ne connaît pas leurs victoires, on n’a pas hissé leurs couleurs.
    Sauf pour Brigitte, la souveraine qui a épousé un enfant
    Et ainsi est devenue reine auprès de son roi triomphant.

    Bien que, dans les contes de fées, les vilaines reines soient des sorcières,
    On sait par quelle cause à effet elles finissent dans la souricière.
    Sauf pour Birgitt, la reine rouge couronnée aux Champs Élysées
    Qui souhaiterait que rien ne bouge du palais caramélisé.

    Tableau d’Ayami Kojima

  • La reine (ou)verte

    Les deux yeux pointés en avant dans l’embrasure de sa robe,
    Dissimulés derrière les pans comme de plongeantes paupières,
    La reine verte dorénavant à ses locuteurs se dérobe
    Afin de laisser en suspens toute réponse à leurs prières.

    Elle préfère détourner les yeux qui ne voient rien que le mensonge
    Afin de laisser l’œil du cœur libéré de toute contrainte.
    Quand l’amour devient litigieux et que le conflit se prolonge,
    Ses seins désignent le vainqueur au prix d’une mortelle étreinte.

    Photo de Sebastian Palacio

  • Les folles couleurs

    Fermez les yeux, ouvrez le cœur, écoutez les folles couleurs
    Que l’organe des sentiments perçoit au-delà du visible.
    Ignorez le regard moqueur, occultez toutes les douleurs,
    Oubliez les ressentiments envers ce qui n’est pas plausible.

    Aussitôt que la raison cède au cœur qui voit l’inconcevable,
    Alors l’aura vous illumine de toute la beauté de l’âme.
    Ainsi, celle-ci intercède auprès des lois irrécusables
    De l’amour qui vous enlumine l’existence avec une femme.

    Tableaux de Larisa Aukon

  • Les greffons de la Saint-Valentin

    Qui, après la Saint-Valentin, n’a pas aperçu les boutures
    Qui poussent le long des immeubles pour joindre les cœurs aux balcons ?
    Au premier, Mireille et Quentin ; au second, Morgane et Arthur ;
    Au troisième on pousse les meubles pour aménager son cocon.

    Avant que le printemps s’éveille, tous les greffons sont réunis
    Et les boîtes aux lettres regorgent à craquer du courrier du cœur.
    La nuit, on ne dort plus, on veille les fruits défendus, impunis
    Afin qu’ils libèrent dans la gorge tout l’arôme de leurs liqueurs.

    Illustrations de Pascal Campion

  • La pêche à l’espagnolette

    La pêche à pied, en pantalons, ça mouille et c’est irresponsable ;
    La pêche avec de hauts talons, ça s’enfonce trop dans le sable.
    Venez pêcher sur la Croisette dans notre belle principauté,
    Pour la pêche à l’espagnolette, la culotte en principe ôtée.

    Tableau de Ramón Gutiérrez

  • Carnaval nocturne

    À l’aube de la pleine lune, quand le disque d’argent paraît,
    Voici Pierrot et Colombine, revêtus de beaux habits neufs,
    Ouvrir un carnaval nocturne durant l’instant où apparaît
    Un halo blanc qui se combine avec la lune en œil-de-bœuf.

    Tableau de Henri Rousseau

  • Bleu et or

    J’ai quitté les tons rouge-et-or pour des tons lapis-lazuli
    Avec des vagues bleu-marine pour atténuer mes douleurs,
    Expédié comme un météore les moindres petits stimuli
    Qui provoque un jet d’azurine et fait ressortir ses couleurs.

    Et puis, le rêve disparaît dans un halo fantomatique
    Et le bleu quitte, comme à regret, la couleur dorée dominante.
    Alors peu à peu, m’apparaît, parmi les limbes chromatiques,
    Une âme que mon cœur agrée et qui deviendra mon amante.

    Tableaux d’Angela Betta Casale sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2011/10/angela-betta-casale-1954-torino-italy.html

  • Les ondes valentines

    Toutes les femmes me rappellent mes souvenirs d’avant la vie,
    Avant que je devienne un homme, avant de prendre un corps de chair.
    Et si les femmes m’interpellent, si leur présence me ravit,
    Je n’y vois là que le symptôme de mes principes les plus chers.

    Sans cesse leurs courbes m’évoquent des rayonnements magnétiques,
    Des interférences d’amour entre les plis de ma mémoire.
    La raison la plus équivoque qui guide mes rimes érotiques,
    Apparaît clair comme le jour parmi mes reflets vers qui moirent.

    Tableaux d’Egor Ostrov ; Facebook a censuré le deuxième tableau a sa parution.

  • La pomme de discorde

    Steve Jobs et les Beatles, déçus de n’avoir point été conviés,
    Désapprouvèrent le partage de la pomme de la discorde.
    Adam et Ève, bien fessus, n’avaient rien à leur envier ;
    Ils en subirent le boycottage par l’ange de miséricorde.

    Blanche neige et Guillaume Tell, trouvant la pomme empoisonnée,
    Jetèrent, sur Issac Newton, ce fruit sans trop de gravité.
    Bill Gates la mit sur Minitel et força tous ses abonnés
    À lui payer des kilotonnes de royalties accréditées.

    J’appelle tous les amoureux qui croquent la pomme à belles dents,
    À se souvenir de l’histoire de Blanche-Neige et de son prince
    Dont l’itinéraire langoureux s’apparente à Ève et Adam
    Qui pour une transgression notoire ont dû fuir leur jardin à pinces.

    Illustration de Marco De Angelis

  • En effeuillant la marguerite

    En effeuillant la marguerite, j’ai connu le bien et le mal ;
    En mesurant selon ses rites, j’ai jugé l’homme et l’animal ;
    En détachant chaque pétale, j’ai pesé, péché et vertu ;
    En dépouillant le végétal, j’ai vu le mâle qui s’évertue.

    À force de dire « je t’aime » de ma naissance jusqu’à ma mort,
    J’ai vu que le cœur du problème vit à travers tous mes remords.
    « Un peu, beaucoup et pas du tout », comme justice et injustice
    Peut-être je ne comprends pas tout mais tout est dans cet interstice.

    C’est à travers joies et douleurs que j’ai vu le ciel et l’enfer ;
    Je suis de toutes les couleurs, je suis le tout dans l’univers.
    C’est ainsi que j’ai pu apprendre que ce que je juge me juge ;
    C’est ainsi que j’ai su comprendre que je suis mon propre refuge.

    Inspiré d’un poème de Hazrat Inayat Khan, fondateur du « soufisme universel », un mouvement spirituel basé sur l’unité de tous les peuples et de toutes les religions.

  • Les quatre sens en question

    Sens-tu l’éternelle jeunesse battre chaque jour dans ton cœur ?
    Sens-tu sa douce flamme ardente brûler ton esprit de désirs ?
    Sens-tu la suprême finesse de l’âme et de son air moqueur
    Lorsque l’humeur pétaradante te fait explorer de plaisir ?

    Vois-tu l’éternelle lumière briller au plus profond de ton regard ?
    Vois-tu la couleur de l’amour lorsque tu joues à la poupée ?
    Vois-tu la vérité première qui sort de ton sourire hagard
    Lorsque ta bouche avec humour me dit « je t’aime » à mots coupés ?

    Entends-tu le son de ta voix lorsque tu me donnes ta bouche ?
    Entends-tu l’écho de ton cœur qui s’emballe tout feu tout flamme ?
    Attends-tu la fin de l’envoi pour répliquer qu’enfin tu couches
    Avec ton amant, ce vainqueur qui a su découvrir ton âme ?

    Goûtes-tu la saveur du jour lorsque vient la Saint-Valentin ?
    Goûtes-tu le bouquet du temps qui rythme le cœur des amants ?
    Écoute le son de l’amour résonnant au petit matin
    Réveiller en les affûtant le cœur et le corps, ardemment.

    Tableaux d’Edward Vardanian

  • La couleur des saisons

    Parlez-moi d’une saison d’une couleur de printemps
    Et de ses teintes pionnières qui envahissent la nature,
    De ses premières floraisons qui portent un bonheur chantant
    À nos abeilles ouvrières et aux papillons en pâture.

    Parlez-moi d’une saison d’une couleur de l’été
    Et de l’or en abondance qui se répand sur les terres.
    Arômes et exhalaisons que les vents ont haletés
    S’exhalent en récompense de la manne alimentaire.

    Parlez-moi d’une saison d’une couleur de l’automne
    Par la rouille qui convertit les feuilles de nos forêts
    D’une foi qui aurait raison de la terre monotone,
    Lasse d’avoir trop verdit et de s’être trop dorée.

    Parlez-moi d’une saison d’une couleur de l’hiver
    Et la neige en avalanche jour de la Saint-Valentin,
    Qui isole les maisons de la froidure qui diffère
    La Terre d’une nuit blanche comme un manteau de satin.

    Tableaux de Anna Ewa Miarczynska