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  • Au rite de la ballerine

    Au rite de la ballerine

    Pour effeuiller la marguerite, la ballerine fait des pointes ;
    L’amour répète ainsi le rite des pieds tendus et des mains jointes.
    Ainsi soit-elle pâquerette, fleur des champs, éternel miracle,
    En déployant sa collerette pour laisser s’exprimer l’oracle :

    M’aimera-t-il passionnément, à la folie ou pas du tout ?
    Le cœur a souvent ses raisons, l’amour toujours imprévisible.
    Crochètera-t-il impunément mon cœur de son passe-partout ?
    Donne-moi, Ô fleur d’oraison, ta réponse la plus plausible.

    Tableau de Tetsuhiro Wakabayashi.

  • Santa Maria

    Passés les Colonnes d’Hercules et le Détroit de Gibraltar,
    Le fantôme du Galion d’Or git par mille mètres de fond.
    Une fois l’an, au crépuscule, refait surface son avatar
    De l’esprit d’un conquistador, léviathan vaincu des tréfonds.

    Féminin paraît l’égrégore comme Vénus née de la mer
    Dont la tête évoque la proue fièrement dressée sur sa croupe.
    L’âme dont le vent revigore les voiles aux mémoires amères,
    Revient rappeler peu ou prou ses épopées, le vent en poupe.

    Tableau de Salvador Dali.

  • Physiologie des Galipettes

    La problématique chez l’homme et l’équivoque chez la femme
    Reviennent à boire à la source du désir d’immortalité :
    Pour l’un, verser ses chromosomes vers ce calice qui l’affame,
    Pour l’autre, lui vider ses bourses pour jouir d’une maternité.

    Parce qu’une femme est une île et parce qu’un homme est une aile,
    L’amour convole à tire-d’aile vers des destinations de rêves.
    L’amour rend le cœur juvénile et la raison, irrationnelle.
    Quel dommage pour la bagatelle que l’excitation soit si brève !

    Tableau de Pablo Picasso sur https:www.theguardian.comartanddesign2018mar11picasso-1932-love-fame-tragedy-review-tate-modern#img-5 .

  • Le virus du voyage

    Malgré les destinées tragiques, les drames et les félonies
    Qui soufflent leurs vents latéraux de romans en littératures,
    La vieille Europe nostalgique de ses lointaines colonies
    Insuffle encore à ses héros l’invitation à l’aventure.

    Par les boulevards maritimes ou les grands couloirs aériens,
    Chacun peut prétendre aujourd’hui relier l’Asie à l’Amérique.
    Hier encore esclave ou victime, banni ou pauvre galérien,
    L’homme est devenu le produit d’un néo-tourisme hystérique.

    D’après Hergé.

  • Les mondes invisibles

    Les mondes invisibles

    Si je parviens à recevoir toute la substance qui passe
    Par l’air qui entre en mes poumons et qui me nourrit du prana,
    Et si j’arrive à percevoir la coexistence dans l’espace
    Entre les anges et les démons, je verrai l’antre du nirvâna…

    Ou bien sa fenêtre céleste qui communique avec le monde
    En convertissant de lumière, l’obscurité que j’entrevois.
    Ainsi mon esprit se déleste de toute cette fange immonde
    Et mon corps retombe en poussière tandis que l’âme trouve sa voie.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • L’âme de la maison

    L’âme de la maison

    Lamartine avait exploré l’âme des objets inanimés,
    Pourtant l’ensemble du mobilier assujetti à la maison
    Vibre à l’écho évaporé qui résonne aux murs élimés
    De tous les gestes familiers qu’on y fait en toutes saisons.

    L’âme de la maison materne, le cœur de la maison enfante.
    Elle est la présence invisible qui s’imprègne de ses locataires.
    Son esprit brille dans les lanternes et respire de toutes ses fentes
    Elle, à jamais indivisible, comme égrégore propriétaire.

    Tableau de Remedios Varo.

  • Aurore

    La lueur brillante et rosée avant le lever du soleil,
    Quand celui-ci va se lever, apparaît drapée de lumière.
    Et la nuit métamorphosée par cette porte des merveilles
    Cède la place au pied levé devant l’aurore coutumière.

    À l’aube de l’humanité, quand le poisson sortit de l’eau,
    Ses yeux se sont épanouis par l’observation sidérale.
    Ensuite, sa féminité s’est éveillée dans le halo
    D’un clair de Lune évanoui après le crépuscule astral.

    Qu’elle soit boréale ou australe, ou même encore équatoriale,
    L’aurore sait nous éblouir de tout l’éclat de sa brillance.
    Voyez sa beauté magistrale, ses tonalités mémoriales
    Qui viennent sans cesse nous réjouir de maternelles flamboyances.

    d’une infinité de vaillances.
    de régulières flamboyances.
    de maternelle bienveillance.

    Tableaux d’Irina Vitalievna Karkabi encadrant celui de Gustav Klimt.

  • Immersions

    Les femmes, en totale impression de leurs existences passées,
    Se rappellent à chaque seconde que leur rôle n’est pas terminé.
    Elles ont trop subi la pression d’une société compassée
    Et voudraient refaire le monde d’un équilibre déterminé.

    Les femmes, en totale immersion avec l’existence actuelle,
    Mesurent avec circonspection quelle est l’égalité des sexes.
    Les hommes, toujours en dispersion, gardent leur manie rituelle
    De se croire d’une conception intelligente et sans complexe.

    Les femmes, en totale expression de l’existence du futur,
    Savent qu’elles doivent gagner la partie et les hommes, battre la campagne.
    Le machisme et ses répressions parvient déjà à sa rupture
    Et se voit en contrepartie laisser la place à sa compagne.

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • L’origine de la « Tempérance »

    L’origine de la « Tempérance »

    Avant d’être nommée « Tempérance », Angèle n’était qu’une débauchée,
    Volant aux sommets des collines chassant les étoiles filantes.
    Mais après un siècle d’errance, elle finit complètement fauchée
    Vêtue d’haillons de crinoline comme guenille horripilante.

    Elle vendit ses ailes au marché, trouva un boulot pour manger
    Et fut nommée « Modératrice » décrétée par ordre divin.
    Toute nue – elle l’avait cherché – elle fit le serment de changer
    De façon accommodatrice, et mettre de l’eau dans son vin.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Derrière l’iris

    Derrière l’iris

    Derrière chaque iris, un pilote observe le monde de loin
    Abrité dans sa cavité baignée d’une humeur capricieuse.
    Ensemble, les deux copilotes s’accordent selon les besoins
    De l’âme dans la concavité de ses tentations ambitieuses.

    Mais parfois la gauche et la droite ne voient pas le même objectif
    Et le cerveau reçoit en double différentes illusions optiques.
    Mais seul, grâce à une vue adroite, l’amour, d’un rayon subjectif,
    Malgré la situation trouble, offre à l’âme sa vue érotique.

    Tableau de Tuco Amalfi.

  • Les tontons flingueurs à la rescousse

    Les tontons flingueurs à la rescousse

    Tonton Lino, tonton Francis et tonton Bernard, le placide,
    Montrent le bout de leurs museaux tout en finesse et en silence.
    Ils tombent à bras raccourcis, d’un rictus au regard acide,
    Et l’ennemi, des deux fuseaux, s’évanouir en ambulance.

    Donc je propose de confier le combat pour la pandémie
    À notre trio de tontons chargé de la javéliser.
    Dès qu’ils auront pacifié les prochaines vagues ennemies,
    Ils s’attaqueront au fronton du laid palais de l’Élysée.

    Dessin de Jacques Tardi.

  • Pas si bête, la femme

    Pas si bête, la femme

    La pomme était bien verte ; Ève n’en a point voulu.
    Elle en est restée nue de toute connaissance.
    Comme elle était ouverte et toute fraîche émoulue,
    Son esprit ingénu vécu dans l’innocence.

    Elle bâtit sa maison sans poutre ni chevron ;
    Elle avait deux mains gauches et pas trop de bon sens.
    Ses enfants sans raison à l’avenir poursuivront
    Cette vie de débauche et de concupiscence.



    Alors finalement, remercions notre Ève
    D’avoir croqué la pomme pour deux sous de jugeote.
    Bien sûr, évidemment, cette histoire soulève
    Que dans le cœur de l’homme, une femme mijote.

    Tableau de Jacek Yerka sur http:liryka-liryka.blogspot.com201408robinson-jaromir-nohavica.html#more .

  • Demain, les citrons

    Demain, les champs de citronniers auront envahi la planète
    À force de se critiquer et se gausser les uns des autres.
    Se disputer comme chiffonniers avec des propos malhonnêtes,
    On presse un jus sophistiqué dont l’acidité fait l’apôtre.

    Et pourquoi pas des cornichons pourris dans les champs de navets
    Arrosés d’une pollution, pluies acides sur les graminées ?
    Ne poussons ni le bourrichon ni le linge sale à laver ;
    Trouvons plutôt une solution à ce futur contaminé !

    Tableaux de Vitaly Urzhumov sur https:www.finedininglovers.comarticleworld-full-lemons .

  • Voyages aux îles de la Désolation – 5

    Voyages aux îles de la Désolation - 5

    Enfin, quand vient l’aube du monde saluée d’une aurore australe,
    Paraît le véritable Maître dans sa houppelande outremer.
    Brusquement le silence inonde d’un milliard de pauses orchestrales
    Exécutées au spectromètre pour l’aubade à la Terre-Mère.

    Cérémonial évènement dans le respect des traditions
    Qui unissent les êtres vivants à l’omnipotence immobile
    De l’éternel avènement de la Nature en soumission
    Au protocole ravivant d’iridescence indélébile.

    Illustration d’Emmanuel Lepage.

  • Voyages aux îles de la Désolation – 4

    Voyages aux îles de la Désolation - 4

    Venez, vastes oiseaux des mers, aux envergures impressionnantes,
    Venez, indolents compagnons, qui escortez notre voyage !
    Venez sur les gouffres amers et les montagnes rugissantes
    Venez tous, nous vous enjoignons à pratique votre frayage.

    Rois de l’azur aux ailes blanches ployant comme des avirons,
    Comme vous nous semblez déchus et bien maladroits sur la Terre !
    Sur mer, par-dessus l’avalanche de vagues triomphe l’oiseau girond
    Jusqu’à l’apothéose échue de son ivresse solidaire.

    Illustration d’Emmanuel Lepage.

  • Voyages aux îles de la Désolation – 3

    Voyages aux îles de la Désolation - 3

    Communautés de l’océan qui régnez dans les eaux australes
    Comme des chevaliers des mers qui en confirment ses frontières ;
    Baleines à bosse, Léviathan, Reines, Impératrices magistrales,
    Émissaires de la Terre-Mère aux pouvoirs plénipotentiaires.

    L’homme a pourtant volé votre or, votre huile et votre descendance
    Jusqu’à se satisfaire ailleurs, faute d’énergie en puissance.
    Méditez dans l’australe aurore avec fiel et condescendance
    L’irrespect du pêcheur railleur maudit par sa concupiscence.

    Illustration d’Emmanuel Lepage.

  • Voyages aux îles de la Désolation – 2

    Voyages aux îles de la Désolation - 2

    Crozet, ou l’île des manchots, paradis des ornithologues,
    Les seuls humains autorisés à se montrer les plus discrets.
    De tous les oiseaux à sang chaud, seul l’Empereur climatologue
    Trône au palais valorisé par ses mystères et ses secrets.

    Est-ce le lieu ou ses monarques qui galvanisent leurs richesses ?
    Sont-ce leurs chants polyphoniques qui rivalisent de lyrisme ?
    Seuls, les passionnés les remarquent parmi la faune sauvagesse
    Dans des accords cacophoniques entre onirisme et empirisme.

    Illustration d’Emmanuel Lepage.

  • Voyages aux îles de la Désolation – 1

    Voyages aux îles de la Désolation - 1

    Peut-être un jour, j’aborderai les Îles de la Désolation,
    Embarqué sur le « Marion Dufresne », navire des terres australes.
    Peut-être un jour, je rêverai dans un écrin de sensations,
    Très loin de mes forêts de frênes mais proche des légendes ancestrales…

    Crozet, Amsterdam et Saint-Paul ; Kerguelen, proche de l’Antarctique ;
    Égarées entre les quarantièmes et cinquantièmes parallèles.
    Tant battues par les vents des pôles géographiques et magnétiques
    Et aux négatives tantièmes températures annuelles…

    Illustration d’Emmanuel Lepage.

  • Quand tout va mal

    Quand tout va mal sur la planète des hommes, cul par-dessus tête ;
    Quand les fléaux, les hécatombes, sèment la mort, creusent les tombes ;
    Quand toute l’humanité gronde, les pauvres animent la fronde ;
    Quand les gouvernements confinent et pire encore nous vaccinent ;

    Comme je reste solidaire, je me repens en solitaire ;
    De tout mon être, je me demande qui détient vraiment les commandes ;
    Je me mets la tête à l’envers, je m’interroge en quelques vers
    Sur ma responsabilité envers cette débilité.

    Tableaux de Leonora Carrington.

  • Sablier d’amour

    Le temps, c’est de l’argent ; le temps, c’est de l’amour.
    Peu importe le corps pourvu qu’on ait l’ivresse.
    Le temps c’est du bonheur qui s’écoule chaque jour
    Et colore la vie d’une touche d’allégresse.

    Le temps est un pervers qui ne manque pas d’humour
    Qui vieillit le physique mais bonifie le cœur.
    Le temps va à l’envers quand, coloré d’amour,
    Il repousse la mort de son rire moqueur.

    Il ravive l’espoir qui nous rendra vainqueur.
    Il transcende la vie en repoussant la peur.

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  • Dernières nouvelles des étoiles

    Mathématiquement parlant, le néant, cet ensemble vide,
    Engendre les nombres entiers du zéro jusqu’à l’infini.
    Mais seul un fou, un vert galant, amoureux des chiffres et avide
    Saura emprunter le sentier de tout cet embrouillamini.

    Alors il compta les étoiles, des nébuleuses aux galaxies,
    Que mesurait la Tempérance et ce depuis belle lurette.
    Comme la fille était à poil, il tomba en apoplexie
    Et arrêta là son errance mais, cette fois, pour conter fleurette.

    Tableaux de Leonora Carrington.

  • La carte du tendre recto-verso

    Retournons la carte du tendre pour examiner son verso
    Et explorons là, le bassin, ici, les côtes, enfin, l’épaule.
    Qu’il est agréable de tendre la main aux côtés transversaux
    Opposant la courbe des seins comme la calotte des pôles.

    Côté recto, la grand plaine recouvre le reste du monde.
    Au nord, deux montagnes célèbres pour leurs charmantes sensations ;
    Au sud, une végétation pleine de moiteur où les sources abondent
    Pour abreuver dans leurs ténèbres vos plaisirs et vos tentations.

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  • La mauvaise clef

    La mauvaise clef

    On nous avait bien expliqué de bien nous fier au serrurier
    Dont la clef était attestée guérir les âmes les plus rétives.
    Sous des contraintes appliquées par un devoir procédurier,
    Nous allions nous faire tester, ténus dans la foule captive.

    Seulement la clef était truquée car elle crochetait les serrures
    Que la police pouvait ouvrir afin de mieux nous accuser.
    Nous fûmes alors rééduqués et sentîmes alors sa ferrure
    Tout honteux de le découvrir, mais trop tard pour nous récuser.

    Tableaux de Remedios Varo.

  • L’ange des Halles

    L’ange des Halles

    Personne n’a vu Cupidon de tout l’hiver jusqu’au printemps ;
    Toutes les amours confinées se dessèchent et se dénaturent.
    Mais après une année bidon dans un isolement éreintant,
    Les temps sont durs pour combiner amourettes avec aventures !

    Il s’est occupé d’élevage de petits cœurs dans les clapiers
    En accouplant des chauds lapins avec les meilleures pondeuses.
    Ce matin, guettez l’arrivage des œufs emballés de papier
    Sur des palettes de sapin que vous proposent ses vendeuses.

    Au matin, elles ont déchargé les œufs aux couleurs chamarrées
    Qui contiennent un certain poison dans le chocolat trafiqué.
    En ces temps de vache enragée, les amis, on va se marrer
    Quand vont tomber en pâmoison hommes et femmes paniqués.

    Œuvre originale « Cupidon » de William-Adolphe Bouguereau par Alexey Kondakov.

  • Salut les cloches !

    Lorsque les cloches voleront à Pâques où à la Trinité,
    Quand les élus imprévoyants seront nommés chefs d’escadrille,
    Alors les gongs convoleront dans toute leur virginité
    Et naîtront, des œufs chatoyants, des lapins chaussés d’espadrilles.

    Cachez ces œufs dans le jardin, dans les arbres et dans les buissons
    Et laissez les incompétents chercher midi à quatorze heures !
    Là, vous verrez les plus radins rafler les œufs pour la cuisson
    D’une omelette en omettant, bien à propos, l’argent du beurre.

    Dessin d’André Franquin.

  • Joyeuses Pâques

    Tous les chemins mènent à Rome, surtout pour les cloches d’airain
    Qui firent le voyage retour chargées des œufs en chocolat.
    À chaque gong, tout cet arôme gagna peu à peu du terrain
    Avec la Reine aux alentours qui aussitôt caracola.

    C’était la plus belle des cloches, tout en or et tout en canons
    Qui lancèrent des coups de tonnerre qui ébranlèrent les maisons.
    Et ce fut à coup de taloches que les frelons et faux-bourdons
    Fredonnèrent et puis, bourdonnèrent jusqu’à en perdre la raison.

    Tableaux de James Christensen.

  • Météo Pascale

    Lundi, le temps paraît maussade et suggestionne son visage
    Comme si les nuages l’ombrageaient et lui ternissaient le regard.
    Mardi, le temps d’une embrassade éclaircira son paysage
    Comme si le soleil s’engageait à briller de tous ses égards.

    Mercredi, le temps s’améliore et resplendit sur sa coiffure
    Comme si le fond de l’air frais faisait reluire ses cheveux.
    Jeudi, le beau temps dure encore mais perturbe une ébouriffure
    Comme un petit vent qui l’effraie et ne fait pas ce qu’elle veut.

    Vendredi, pluies mêlée de vents qui fouettent et mouillent ses paupières
    Comme si ruisselaient les larmes des eaux d’un ciel qui prête à rire.
    Samedi, au soleil levant, un soleil doux chauffe les pierres ;
    Dimanche, nous sommes sous le charme de Pâques et du temps de sourire.

    Tableaux de Julia Klimova.

  • Les masques inversés

    Derrière un masque… d’autres masques ; c’est l’arbre qui cache la forêt.
    Derrière la crainte de la mort, c’est la solution de la fuite.
    Mes propos ne sont pas fantasques ; j’ai moi-même longtemps abhorré
    La peur qui sème des remords dans de grands voyages sans suite.

    Derrière le masque, le visage, derrière le visage, les pensées
    Qui parfois laissent échapper un regard plein de chatoiements.
    De doux reflets, plus ou moins sages, raison sereine ou offensée,
    Un sentiment handicapé derrière un cœur de larmoiements.

    Derrière la pensée, l’amour et puis, derrière l’amour, la haine ;
    Sorte de tour de passe-passe dont vie et mort ont hérité.
    Peut-être tomberont un jour les faux masques de porcelaine
    Qui se briseront dans l’espace ténu du temps de vérité.

    Tableaux de Cordovelian.

  • Auto-support

    Auto-support

    Si quelques maisons solidaires se serraient coudes et balcons,
    Cela érigerait un pont pour enjamber les précipices.
    Il aiderait les solitaires qui cherchent âme-sœur et hameçon
    Pour faire valser les jupons autour des plus beaux édifices.

    En pratiquant des ouvertures par les terrasses et les greniers,
    L’amour pourrait aménager des cocons en les étoffant.
    Et par le faîte des toitures et des échelles de meunier,
    Des couples iraient emménager et procréer beaucoup d’enfants.

    Montage d’Erik Johansson.

  • Tempête rose

    Tempête rose

    N’en déplaise au diable du peintre, d’une palette au ciel d’azur
    Mouillé d’une mer outre-mer et d’un soleil rouge et morose,
    La voûte céleste en plein cintre d’une profonde démesure
    Trouble le père, séduit la mère qui enfante une tempête rose.

    L’éternelle logique absente, clamée par mon esprit vainqueur,
    Concède à l’appétit de l’âme la priorité du moment.
    Ainsi, ma conscience exigeante se nourrit par le canal du cœur
    De cette substance éphémère contenue dans le firmament.

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  • Des astres vus d’en haut

    Derrière le mur de lumière, hors des coulisses de la matière
    Le Soleil a crevé l’espace lorsqu’une voix cria « Fiat Lux ! »
    L’aube s’est levée la première pour féconder la Terre entière
    Depuis, le char de feu repasse, salué par Castor et Pollux.

    Dans le royaume des ténèbres où les morts remontent en silence,
    Règne la Lune qui attire l’âme des hommes éperdus.
    Suivant le cortège funèbre, Elle décompte avec vigilance,
    Tous ceux qui ensemble bâtirent le paradis des pas perdus.

    Cartes du tarot de… de qui au fait ?

  • Des astres vus d’en bas

    Le Soleil ne me fait pas peur car il revient tous les matins ;
    Vainqueur de la nuit et du froid, il revient toujours flamboyant.
    L’aube me sort de ma torpeur et quand le crépuscule l’éteint,
    Je le supporte avec effroi et je l’attends en aboyant.

    Je suis le chien, l’ami fidèle qui clame les phases lunaires ;
    Du premier quartier au dernier et notamment en pleine Lune ;
    C’est moi qui vous tient la chandelle et ce, depuis des millénaires,
    Afin que vous nous retourniez dans votre quiétude nocturne.

    Tableaux de Leonora Carrington.

  • Le lotus violé

    Le lotus violé

    Le Radjaïdjah m’a rendu fou au pays du soleil levant ;
    Ainsi, le coronavirus est arrivé jusqu’au ponant.
    Devrais-je apprendre le Kung-Fu, devrais-je prendre les devants
    Et jouer à la roulette russe avec un vaccin détonnant ?

    Heureusement il y a Tintin dont les aventures notoires
    Ont vaincu l’abomination dans tous les pays de la Terre.
    J’entends sa voix dans le lointain qui dit que toutes ces histoires
    Relèvent de l’affabulation et de pratiques délétères.

    Illustration de Hergé.

  • Le visa santé

    Les passeports pour l’avenir comportent un visa de santé
    Et l’on ne pourra voyager que si l’on montre patte blanche.
    Fini le temps des souvenirs ; demain vous devrez présenter
    Votre statut d’esclavagé pour accéder aux villes franches.

    Il se peut même qu’on applique un QR-code sur votre front
    Afin que flics et douaniers numérisent vos déplacements.
    Et de ce fait, pas de réplique ! Les armes à scanner recevront
    Votre identité remaniée pour vous nuire efficacement.

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  • L’étiquette pour tous

    L’étiquette pour tous

    Le test PCR est obsolète, le test anal est périmé
    Pour chercher la petite bête, vous devrez bien vous arrimer :
    Désormais des pieds à la tête en passant par le périnée,
    On vous enfonce une pipette, rassurez-vous, glycérinée.

    Puis on vous colle l’étiquette sur laquelle seront imprimés
    Vos goûts, croyances et religion et même le compte bancaire.
    Partout des mouchards contre-enquêtent peuvent même vous supprimer
    Selon le taux de contagion de votre existence précaire.

    Tableau de Leonora Carrington.

  • Les banquets suisses

    Les banquets suisses

    Mettez de l’or dans la fondue et de l’oseille dans la raclette ;
    Fourrez vos saucisses de Ricola et, de tout votre blé, les spätzli.
    Évaluez les fruits défendus mais sans rabais sur la galette ;
    Mangez vos pièces en chocolat et assaisonnez vos rösti.

    Les banquets suisses anonymes savent accommoder leurs valeurs
    Aux spécialités du terroir, numérotées et décomptées.
    Liquide et blé sont synonymes avec pots de vin racoleurs
    Et les recettes de fond de tiroir s’enrichissent avec du comté (… du Jura).

    Tableau de Leonora Carrington sur https:www.wikiart.orgenleonora-carrington .

  • Mars se relooke

    Mars se relooke

    Tout le monde se précipite, toujours à la dernière minute,
    Pour quitter la principauté de Mars et franchir sa banlieue.
    Voyez Mars, le cœur qui palpite, au point de changer d’azimut,
    S’en aller chez le Chat-Botté chausser ses bottes de sept lieues.

    Afin de finir en beauté, Mars est allée se relooker
    Chez Vénus, sa muse érotique qui tient la boutique esthétique.
    Avec une charibotée d’onguents et de fleurs en bouquets,
    Elle changera d’humeur névrotique par des vacances helvétiques.

    Tableau de Remedios Varo.

  • Le requiem de mars

    Avec des pluies de giboulées et un rayon de pleine lune,
    L’ange interprète devant nous le requiem du chant de Mars.
    Ainsi, ce soir, dans la foulée, une grande fête opportune
    Marque le mois qui se dénoue avec ses innombrables farces.

    Mars nous aura bien étonnés de ses mélanges pluies-et-neiges
    Qui ont mis nos projets à l’eau sans barbecue ni pique-nique.
    Chaque jour aura détoné selon le temps et le manège
    D’un Soleil qui brille à vau-l’eau derrière des vents de panique.

    Tableau de Remedios Varo.

  • Histoires de voiles

    Histoires de voiles

    Toutes ces histoires de voiles et d’attentats à la pudeur
    Sont tous entièrement issus de la pomme de connaissance.
    De peur que la femme ne dévoile un avenir de cheerleader,
    Rajoutons un peu de tissus pour une poignée de décence.

    S’il faut remettre la calotte en plus du masque qui fait « tilt »,
    Je rejoindrai les naturistes pour dire ce qui me préoccupe ;
    Je rejoindrai les sans-culotte, les parties libres sous mon kilt,
    Et je prierai les féministes d’en faire autant dessous leurs jupes.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • L’arbre sourit

    L’arbre sourit

    Quand le ciel pleure, l’arbre rit de sa nature à contretemps ;
    Quand le vent souffle, l’arbre plie, le roseau le lui a appris.
    Dis-moi par quelle diablerie te moques-tu du mauvais temps ?
    A-t-il fallu que tu supplies l’Univers et quel en est le prix ?

    Alors je suivrai ton exemple, je rirai des calamités ;
    Quand un cyclone soufflera, je pirouetterai une danse.
    Comme toi, je bâtirai mon temple en suivant la conformité
    De ta Nature qui portera les plus beaux fruits en abondance.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Suspendu à la routine

    Suspendu à la routine

    Revêtu de mes habitudes, ma conscience au portemanteau,
    Je m’acquittais de la routine commandée par ma hiérarchie.
    Je suivais avec rectitude les décrets gouvernementaux
    Jusqu’à ce qu’un jour se mutine mon aptitude à l’anarchie.

    Un petit oiseau s’est posé là où je n’avais plus de tête,
    Puis, il s’est mis à chantonner là où je n’avais plus de cœur.
    Alors je me suis opposé à cette marque de la bête
    Qui me forçait à ânonner mon obéissance aux vainqueurs.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • L’homme qui a vu l’homme qui peint l’homme au chapeau

    L’homme qui a vu l’homme qui peint l’homme au chapeau

    Celui qui peint « l’homme au chapeau », celui qui photographie l’homme,
    Celui qui écrit ce poème, celui ou celle qui le lira,
    Tous sont sous le même capot de ce véhicule autonome
    Qui regroupe l’espèce humaine qui ne sait où la conduira.

    Je suis toi, je suis lui ou elle ; je suis de toutes les parties ;
    Je suis de toutes les époques ; nous sommes « un » finalement.
    Mais hélas l’individuel ne prend pas en contrepartie
    Cette liaison équivoque qui nous unit comme un aimant.

    René Magritte peignant « L’homme au chapeau melon », 1964 par Christian Gibey.

  • Hommes et femmes cybernétiques

    Hommes et femmes cybernétiques

    Si l’homme roule des mécaniques, la femme, devenue pragmatique,
    Jongle avec son automobile, son smartphone et l’ordinateur.
    Ceux qui la pensaient satanique aux pensées mélodramatiques
    Ou stupidement volubile, sont de vieux récriminateurs.

    Pour les hommes, l’ordinateur est féminin :
    Les femmes ont leur logique interne ; Dieu seul sait ce qui les materne…
    Leur mémoire stocke toute erreur qui sort à point, avec horreur.
    Leur langage semble dithyrambique à l’homme monosyllabique.
    Et leurs contrats, bien trop coûteux avec suppléments trop douteux !

    Pour les femmes, l’ordinateur est masculin :
    Pour attirer leur attention, il faut susciter l’intention.
    Ils sont bourrés d’informations mais aucune imagination.
    Censés résoudre les problèmes, ils accumulent les dilemmes
    Et si on avait attendu, on aurait plus d’inattendu.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La belle et le robot

    La belle et le robot

    N’en déplaise à Adam et Ève, le premier robot fut une femme ;
    Pour créer l’objet sexuel, l’homme a de l’imagination.
    Ainsi les organes qu’il prélève pour lui provoquer ses orgasmes
    Sont basés sur le sensuel tourné vers l’invagination.

    Mais il doit être masochiste car son fantasme virtuel,
    D’une voix plutôt féminine, le guide avec son GPS.
    Alors cessons d’être machistes envers la femme intellectuelle
    Et accordons à nos machines d’être inférieures à nos déesses.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Joli chant des fleurs

    Joli chant des fleurs

    J’aime la musique des fleurs et leur langage vert-galant,
    Ouïr le chant du rossignol, le bourdonnement d’une abeille.
    La nature, de sa main, effleure mes goûts qui vont se régalant ;
    Inventive tellement tartignole mais reine au-dessus des merveilles.

    Jolies clochettes, jolies trompettes, tous les sons sont dans la nature
    Organisés, enjolivés, magnifiés par le silence.
    Lupins malins qui font trempette et les fées en villégiature
    Imagent et me font saliver l’art dans toute son opulence.

    Tableau de Casey Weldon sur https:supersonicart.compost94072477342casey-weldon-novel-relicamp .

  • Le Comte du Missouri

    Le Comte du Missouri

    Descendant du Roi Mistigri et de la Reine des Souris,
    Cherche-Midi, mon chat vairon, était parti aux Amériques.
    Au départ, un peu amaigri, il devint Comte du Missouri
    Après avoir, nous le verrons, suivi un parcours homérique.

    D’abord il fut fait chevalier par les oiseaux paradisiers
    Et battit les ornithologues à la bataille de Kansas City.
    Il rejoignit les alliés dans le rang des arquebusiers
    Car il était politologue et leur imposa l’amnistie.

    (Photo de Svetlana Melik-Nubarova.
    « Cherche-Midi » mon chat noir n’est pas raciste, heureusement.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Aventure en rouge – 2

    Les chattes rouges jouent les souris et l’une d’elles m’a souri.
    Et comme un rêve inachevé, je suis resté à son chevet.
    J’y suis resté jusqu’au matin, serrés dans ses draps de satin,
    J’y suis resté toute ma vie pour tout recommencer à l’envi.

    J’avais emporté pour bagage tous mes souvenirs d’un autre âge
    Que j’ai abandonnés pour elle afin de vivre dans sa tourelle.
    Nous y avons aménagé assez d’électro-ménager
    Et disposé notre cuisine dans un coin de la mezzanine.

    Je l’ai mariée un lundi comme on dit « opera mundi »
    Car ainsi le monde fonctionne car ainsi l’amour nous actionne.
    Le rouge est resté la couleur qui me rappelle sans douleur
    Qu’il faut sortir de sa coquille et tout quitter pour une fille.

    Tableaux de Viktor Sheleg.

  • Aventure en rouge – 1

    Les chattes rouges jouent les souris pour le bonheur de leurs minets
    Dans certains bouges de Paris quand le couvre-feu a sonné.
    On y rencontre ses houris, Vénus aux portes d’estaminets
    Qui vous ouvrent le paradis pour un peu d’amour passionné.

    Suivez le rouge, suivez le fil, suivez la trace du message
    Qui vous emmènera un soir dans quelques passages secrets.
    Prenez la place dans la file, vous obtiendrez droit au passage
    Mais pour traverser la passoire, vous devrez vous montrer discret.

    À l’arrivée, demandez Paule, c’est notre mère, notre égérie.
    C’est elle qui marie l’amour et lui accorde ses victoires.
    Elle vous met la main sur l’épaule, vous conduit dans la féérie
    Et vous dévoile à contre-jour l’une des plus charmantes histoires.

    Tableaux de Viktor Sheleg.

  • Petit nid d’amour

    Petit nid d’amour

    Tel un joli paradisier qui souhaiterait bâtir son nid,
    La demoiselle tourterelle déjà prépare son lit nuptial.
    Elle a ôté son chemisier, sa jupette et son bikini ;
    Toute nue, extra corporelle, elle a atteint le point crucial.

    Lui, il volète Par-ci, par-là ; pense qu’il va de son honneur
    À visiter toutes les belles ; tant qu’à faire essayer leurs lits.
    Elle, n’est pas Marie-couche-toi-là ; pense à construire son bonheur
    Et calme ses ardeurs rebelles en s’offrant un brin de folie.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Habitations pastorales

    Au printemps, un couple de bardes dans un arbre a bâti son nid
    Afin de vivre en autarcie et enfanter ses galopins.
    Mais chez tous les voisins, ça barde ! Chez eux, le new âge est honni
    L’amour libre, ils s’en sont farci et préfèrent biner leur lopin.

    Et puis l’été vient à propos pousser les murs de la maison.
    Les voisins se sont apaisés ; leurs champs de blé ont bien germé.
    Le temps n’étant pas au repos avec les travaux de saison,
    Les bardes continuent à baiser pour vivre heureux mais enfermés.

    Tableaux de Jacek Yerka sur http:liryka-liryka.blogspot.com201408robinson-jaromir-nohavica.html#more .