Catégorie : 2021

  • Le vieil homme et la mer

    Le vieil homme et la mer

    Je suis en quête d’impossible comme le vieil homme et la mer
    Qui poursuit longtemps sa chimère jusqu’à son ultime victoire
    Puis, observera impassible sa conquête prendre un goût amer
    De voir son bonheur éphémère prendre une fin contradictoire.

    L’histoire mêle le courage, la dignité et le respect
    Avec la condition humaine face au pouvoir de la nature.
    Malgré ses échecs, ses naufrages, l’homme restera circonspect
    Envers ce qui au fil des semaines lui confère une âme mature.

    Sculpture de Joe Lawrence.

  • Coucher sur mer orange

    Coucher sur mer orange

    L’heure entre chien et loup-de-mer dépose un filtre daltonien
    Qui transforme le paysage entre le pourpre et l’orangé.
    Et dans ces couleurs douces-amères, aux camaïeux hamiltoniens,
    J’aime sentir sur mon visage mes cheveux, au vent, effrangés.

    J’aime la brume qui étouffe les cris des mouettes rieuses,
    J’aime le fondu-enchaîné sur l’écran d’embruns saturé,
    J’aime les dernières esbroufes d’ultimes lueurs resquilleuses
    Et, sous le soleil rengainé, un rayon vert s’aventurer.

    Illustration de Pascal Campion.

  • L’âme saoule

    L’âme saoule

    Force d’averses, force de pluies ont saoulé mon âme trempée
    Et, par vases communicants, inondé mon cœur de ses eaux.
    Mais le corps sous mon parapluie qui, lui, ne s’est jamais trompé
    Se montre plutôt claudiquant par les courbatures des os.

    Porteurs de messages au secours, bouteilles à la mer dérisoires,
    Je vois des bateaux de papiers s’enfuir dans les rues submergées.
    Tandis que tout le monde accourt chercher un abri provisoire
    Moi, je commence à perdre pied dans un vague à l’âme immergé.

    Tableau de Kovács Anna Brigitta.

  • La Saint-Médard

    La Saint-Médard

    Si par hasard, la Saint-Médard voit arriver à grosses gouttes
    Toute la pluie tombée du ciel écrite en lettres décolorées,
    Ce sont les anges, qui dare-dare, pour que les humains les écoutent,
    Changent leur ton confidentiel pour une ondée de logorrhée.

    Recueillez voyelles et consonnes, séparez gras et italiques,
    Choisissez la bonne police en majuscules et minuscules.
    Vous entendrez le glas qui sonne dans les inversions vocaliques
    Avec une pointe de malice entre les lignes qui se bousculent.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Les inédits de Perrault et La Fontaine – 2

    Les inédits de Perrault et La Fontaine - 2

    Rien n’est pire qu’un sourd qui ne veut rien entendre
    Et Monsieur du Corbeau en fait sa gaudriole ;
    La nuit tarde à tomber, n’en pouvant plus d’attendre
    Il s’est bandé les yeux et guette les lucioles.

    « Espérons », pense-t-il, « qu’on prendra mes cerises
    Pour deux lampions de fête qui invitent à danser.
    Les insectes crédules devant cette surprise
    Se rueront tête bêche en bande condensée ! »

    Les vers luisants ont ri tellement aux éclats
    Que le corbeau honteux jura mais un peu tard.
    La Fontaine et Perrault en ont fait tout un plat
    Afin que l’un et l’autre le citent sans retard.

    Tableau de Paul David Bond sur https:webneel.comwebneelbloginspired-paintings-paul-david-bond?m=1 .

  • Les inédits de Perrault et La Fontaine – 1

    Les inédits de Perrault et La Fontaine - 1

    Rien ne sert de courir, il faut chasser à point
    Et le chat costumé en est le témoignage ;
    Se prétendant oiseau, bombant son embonpoint,
    D’un bec improvisé en prétend le lignage.

    « Gageons », dit celui-ci, « qu’à l’aide d’une pomme
    J’attraperai céans quelques oiselles gourmandes.
    Lorsque ces volatiles tomberont sous ma paume
    J’en ferai table rase presto à la demande ! »

    Tous les oiseaux se moquent du chat azimuté
    Qui s’est fait trop de films ou a lu trop de livres.
    La Fontaine et Perrault se le sont disputés ;
    L’un a fait une fable, l’autre une histoire à suivre.

    Tableau de Paul David Bond sur https:webneel.comwebneelbloginspired-paintings-paul-david-bond?m=1 .

  • Le renard bleu

    Le renard bleu

    Un renard bleu reste à l’affût des éléments collectionnés
    Dont je nourris l’insatiable appétit de mes souvenirs.
    Ce prédateur fait un raffut parmi mes rêves émotionnés
    A priori indissociables mais qui se laissent entretenir.

    Or je constate des dégâts dans les nombreux trous de mémoire
    Où l’animal m’a dévoré les émotions les plus subtiles.
    Au fil des ans, ce renégat me laisse comme une écumoire
    Où mes pensées détériorées se considèrent presqu’inutiles.

    Tableau par ELK64.

  • Dialogue en rose

    Dialogue en rose

    Le premier descend du bateau, l’autre descend de sa gouttière ;
    Le premier fait claquer ses bottes, l’autre fait patte de velours
    Mais chacun s’est pris un râteau tantôt avec sa gargotière
    Ainsi donc tous les deux barbotent, déconcertés et l’air balourd.

    Lorsque la ville devint rose à l’heure où les chats virent au gris,
    Les deux frustrés en mal d’amour se confortèrent du regard.
    Dans le crépuscule morose qui noyait les ruelles aigries,
    L’image ne manquait pas d’humour entre les deux compères hagards.

    Illustration de Hugo Pratt.

  • L’homo-papillon

    Femme-fleur, pour que tu jouisses, attire l’homme-papillon
    Qui te butinera le cœur, qui t’ensemencera le corps.
    Afin que tu t’épanouisses de vertiges et de tourbillons,
    Enivre-le de la liqueur qui perle de tes boutons d’or.

    Les hommes-papillons ensemble se trouvent décontenancés ;
    Pas de pistil aphrodisiaque, pas de pétale de velours.
    Même si certains se rassemblent hors des usages ordonnancés
    Loin de la fleur paradisiaque, ils se retrouvent un peu balourds.

    Femme-fleur toujours procréera, homme-papillon sèmera ;
    Fruits de l’amour s’en nourriront tout au long des générations.
    Femme-fleur toujours s’ouvrira, homme-papillon t’aimera
    Et tous leurs enfants mûriront pour autant sans modération.

    Tableaux d’Igor Morski.

  • L’arbre aux quatre saisons

    Je suis né un jour de printemps par une journée éphémère,
    Aussitôt gobé par l’oiseau qui m’invita à sa becquée.
    Je n’atteindrai pas mes vingt ans mais je renaîtrai primevère
    Et fleurirai dans les roseaux de peur d’être encore attaqué.

    Je suis né un matin d’été plutôt robuste d’expérience,
    Prêt à défendre mon logis, ma vie et celle des enfants.
    Vie qui m’a souvent répété dans les tréfonds de ma conscience
    De penser à l’analogie entre vaincu et triomphant.

    Je suis né un matin d’automne je fus tué l’été dernier,
    Invité par un prédateur à prendre part à son repas.
    Mes résurrections monotones et tous mes décès saisonniers
    Me maintiennent appréciateur à naître et passer à trépas.

    Pour cet hiver, je fais relâche ; je passe ma mort en vacances ;
    Je laisse un peu mon tour à d’autres et leurs issues sempiternelles.
    Et si vous me pensez trop lâche à m’y préparer à l’avance
    Sachez que je serai l’apôtre qui prédit la vie éternelle.

    Tableaux d’Igor Morski.

  • Le chemin de vie

    Le chemin de vie

    Si je pouvais relier les points des endroits où j’ai habité,
    Si je pouvais représenter tous les trajets que j’ai suivis,
    Je pourrais voir alors de loin se tracer la réalité
    De mes passages incrémentés sur mes envies inassouvies.

    Partout où je n’ai pu aller serait l’« Océan Chimérique »
    Partout où j’ai trop séjourné, le « Pic-de-la-Témérité » ;
    Tous les coins qui m’ont emballé seraient des sites touristiques
    Et tous mes voyages ajournés creuseraient le « Puits-de-Vérité ».

    Tableau de Kylli Sparre.

  • La maison vaccinée

    La maison vaccinée

    Les excès de vaccinations ont contaminé nos maisons
    Et l’on voit poindre sur les toits des armes sortant des trouées.
    Force de fortifications renforcent plus que de raison
    Nos murs qui en restent pantois par leurs fenêtres obstruées.

    Les résidences vaccinées ressemblent alors à des prisons
    D’où les animaux à l’écart ne retourneront plus jamais.
    Quand nos maisons assassinées recouvriront la guérison,
    Ce sera aux politicards d’être jugés et enfermés.

    Tableau de Mike Davis.

  • Le monde vu par l’éléphant

    Le monde vu par l’éléphant

    Moi, qui vais bientôt disparaître de ce monde où j’ai vu le jour,
    J’ai du mal à le reconnaître au crépuscule de mon séjour.
    Les voyages interplanétaires et leurs rêves caractéristiques
    Servent les crises humanitaires enrobées sous les statistiques.

    Finalement, tout va très bien dans ce monde qui va très mal ;
    L’univers a créé un schisme où l’homme est sa dérogation.
    Qu’elle soit au stade microbien, végétal ou bien animal,
    La vie demeure un pragmatisme… et moi, son interrogation.

    Alors je pèse de tout le poids de ma mémoire d’éléphant
    Pour tâcher enfin de comprendre pourquoi mes pensées sont immondes.
    Si mon passé fait contrepoids, que donnerais-je à mes enfants
    Pour qu’ils puissent à leur tour apprendre comment réinventer le monde ?

    Tableau de Tomasz Zaczeniuk.

  • Bienheureuse Solitude

    Bienheureuse Solitude

    Si hier encore, la solitude résonnait dans l’écho du vide,
    Aujourd’hui, elle m’est devenue une qualité rare et précieuse.
    Les villes de grande amplitude et leurs promiscuités avides
    M’obligent à fuir les avenues et leurs bâtisses disgracieuses.

    Parmi les arbres et leur silence, mon cœur se remet à l’écoute
    Par leurs antennes déployées qui relient le ciel et la Terre.
    Par leur présente vigilance et par leur essence qui goutte
    Comme une pluie qui vient noyer les vanités trop terre-à-terre.

    Quitter l’attraction du train-train imprégné de technologie,
    Demande une force d’action pour recouvrer ma plénitude.
    Au risque de manquer d’entrain, je m’extirpe de mon logis
    Pour un peu de récréation dans mes périodes de quiétude.

    Tableau de Tomas Sanchez.

  • Mémoires antérieures

    Mémoires antérieures

    Tous mes souvenirs n’appartiennent ni à mon cœur ni à mon âme
    Mais sont tissés des fils d’histoires de toutes civilisations.
    Le seul trésor que je détienne n’est pas inscrit dans ce programme
    Mais dans chaque petite victoire et dans chaque réalisation.

    Seules mes vraies aspirations qui tendent à me surélever
    Seront créditées d’intérêt sur la vie qui m’est confiée.
    Tout le reste n’est qu’aberrations qui seront alors prélevées
    Une fois ma dépouille enterrée et ma conscience justifiée.

    Quand ma structure aura fondu et désagrégée en poussière,
    Quand mes eaux se seront écoulées entraînant toute ma mémoire,
    Je ne serai plus confondu avec cet habit de lumière
    Qu’était Maryvon Riboulet, un personnage sans histoire.

    Photo de Bojan Jevtić.

  • Les choses sûres ?

    Les choses sûres ?

    Le monde est un château de cartes assemblées au cours de l’histoire
    Que nous continuons d’entasser selon nos modes et traditions.
    Si jamais l’avenir s’écarte de cette évolution notoire,
    Le monde en sera fracassé par ses propres contradictions.

    Les monuments de prétentions, les conglomérats d’entreprises,
    Les magnifiques organigrammes et illusoires mondanités ;
    Tout cela pave d’intentions un enfer rempli de surprises
    Qui causera, dans ce programme, la ruine de l’humanité.

    Aïe! Les rois sortent de la course, leurs valets déjà n’ont plus pied ;
    Les reines dont le cœur vacille, s’effondrent et tombent sur le carreau ;
    Les valeurs inscrites à la bourse s’envolent comme des petits papiers ;
    Toutes les cartes s’éparpillent et tout recommence à zéro.

    Tableau de Sherry Akrami.

  • Le séminaire buissonnier

    Quand la nature ouvre ses portes pour m’inviter dans ses salons,
    J’y vois disparaître tous ceux qui viennent afin de communier
    À pied, à cheval, peu importe, où même à vélo, c’est selon,
    Par ces temps tristes et malchanceux, pour un séminaire buissonnier.

    Dès que je pénètre ses lieux, la cathédrale de lumière
    Éclaire de tous ses vitraux feuillages, ramures et fourrés.
    J’y trouve le juste milieu parmi la flore saisonnière
    De tous les accents magistraux de l’authentique des forêts.

    Photos de Lars Van De Goor.

  • C’est pas volé !

    C’est pas volé !

    Les oies sauvages volent bas par les temps qui courent ici-bas
    Et même les canards sauvages, pourtant fidèles, sont volages.
    Quelque chose dans leurs regards me laisse un sentiment hagard ;
    Si j’en crois mon chapeau melon, rien ne va plus dans nos vallons.

    Tous les oiseaux perdent la tête, le canard, l’oie et l’alouette.
    Même le héron au long cou brusquement n’est plus dans le coup.
    J’en ai parlé à mon cheval qui m’a dit que ce carnaval
    N’était rien d’autre que le reflet de mes poèmes et mes pamphlets.

    Tableau de Simon McCheung.

  • Le tracassier

    Le tracassier

    Sur ma tour d’ivoire, je m’ennuie… j’aimerais tant que tout s’arrête…
    Mais le soleil continue sa course et j’attrape un torticolis
    Tandis que je passe mes nuits à effeuiller les pâquerettes
    Pour découvrir toute ressource à contrer ma mélancolie.

    Alors j’invente mille farces à réserver à mes semblables
    Qui se comportent comme prévu sur leur chemin sécurisé.
    J’en appelle à tous mes comparses sur cette route invraisemblable
    Semée de pièges et d’imprévus disposés pour les défriser.

    Tableau de Mike Davis.

  • L’art alimentaire

    L’art alimentaire

    Si je vivais de ma peinture et subsistais de mes poèmes,
    Je ne peindrais que des cuisines et des rimes de pommes-de-terre.
    Je mêlerais de nourriture et de vers de vin de Bohème
    Toutes les œuvres qui avoisinent dans les musées alimentaires.

    Par des pinceaux en spaghetti et une plume au confit d’oie,
    Je ressusciterais tout l’art des natures mortes de faim.
    Mes toiles mettraient en appétit et mes textes, comme il se doit,
    Apporteraient du goût au lard à l’encre de mes pots-de-vin.

    Tableau de Stephen McMennamy.

  • La folie des alpages

    Quand j’ai croisé le vieux berger, juste à la sortie du village,
    Qui transhumait sans ses moutons, ni chien, ni bâton, ni musette,
    Je l’entendis qui gambergeait sur la folie dans les alpages
    Qui lui donnait tant de boutons qu’ils perlaient sous sa chemisette.

    Je découvris le pot-aux-roses à l’ombre des chênes tranquilles ;
    Les brebis discutaient de laine et de coton mercerisé
    Tandis qu’un bélier, l’air morose, comptait avec son coupe-fils
    Des peaux de bêtes assez vilaines délavées et pastorisées.

    Hier, aux alentours du Château de Kyburg avec de vrais moutons mais un faux berger.

  • Les robes couleur d’ailleurs

    S’il a plu ici et ailleurs, si les rivières étaient en crue,
    Partons pour une nouvelle mode et quittons la désespérance !
    Prions couturiers et tailleurs de nous offrir leur meilleur crû ;
    Des robes qui ne se démodent, couleur d’azur et d’espérance.

    L’été nous invite à vêtir nos belles en robes de désir ;
    L’été nous invite à rêver nos belles en robes de souhait
    Qui sauront nous assujettir par leurs charmes à tous les plaisirs
    Au risque de nous préserver de nos fantasmes inavoués.

    Tableaux de Christian Schloe sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2015120633027278.html .

  • Les robes couleur de juin

    Demain, début du mois de juin, on sort les robes couleurs du temps
    Décolletées aux interstices, ajourées autour des volants,
    Larges pour sauter à pieds joints au-delà du seuil du printemps,
    Extra-longues puisqu’au solstice, les jours deviennent batifolant.

    Pour les robes couleur d’été, offrez-moi du bleu-outremer
    En accord aux plus beaux voyages et aux croisières en amoureux ;
    Assortis aux absurdités des amourettes éphémères
    Et promptes pour un déshabillage émoustillant et langoureux.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Les robes couleur d’espoir

    Il a tant plu sur le tissu au cours du joli temps passé
    Que les ciels se sont dérobés vers le large en robe de traîne.
    Les cumulus en pardessus et les nimbus carapacés
    Ont enveloppé et enrobé les dessous en queues de sirène.

    Le mois de mai n’ nous a pas plu, emmitouflés dans nos maison ;
    Les garde-robes estivales sont restées dans la naphtaline.
    Il est fini, n’en parlons plus, il faut s’en faire une raison ;
    La mode-printemps festivale pleure sur nos robes orphelines.

    Tableaux de Christian Schloe.

  • Les robes couleur de mai

    En fin de mois du mois de mai, en harmonie aux jours de pluie,
    Sous les averses exaspérantes, la mode est allée à vau-l’eau.
    Les femmes portent désormais des robes en forme de parapluie,
    Imperméables et transparentes, claires et limpides comme l’eau.

    Si le printemps tardif d’avril nous a gelé le temps qui passe,
    Le renouveau du mois de mai nous a mouillé le temps qu’il fait.
    Les femmes aux robes fébriles sont restées au fond de l’impasse
    Et celles qui s’y accoutumaient nous ont laissés insatisfaits.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • See you letter

    See you letter

    J’écris à rimes rabattues ce mot d’amour sous-entendu
    Que vous pourrez décacheter en soulevant le sceau mammaire.
    Je l’envoie à bride abattue tant ma passion, à flux tendu,
    Exige un renvoi tacheté de votre laitance douce-amère.

    Je tèterai votre réponse comme un acte sous seing privé
    Qui nous déclarera unis pour le meilleur et pour le pire.
    Je quêterai alors l’annonce de votre prochaine arrivée
    Scellée dans vos lèvres brunies auxquelles tout mon cœur aspire.

    Photo de Hassan Hajila.

  • En robe d’oiseaux

    En robe d’oiseaux

    Madame l’Aurore en robe d’oiseaux
    Au matin pérore parmi les roseaux.
    Au bord des rivières et forêts humides
    Jusqu’à la lisière des flores timides.

    Quand les rayons dorent dès potron-minet
    La robe d’Aurore toute illuminée,
    Les oiseaux s’envolent, l’aube reste nue
    Et le jour convole avec l’inconnu.

    Par le rossignol au chant passionné
    Et les campagnols qui pointent leur nez,
    La faune salue l’aube tourterelle
    Et, sur les talus, la rosée nouvelle.

    Madame, pudique, voile sa nudité
    D’une sporadique nébulosité.
    Puis elle disparaît dans le firmament
    Quand l’astre apparaît impertinemment.

    Photo de Dasha Pears.

  • Hommes et femmes modernes

    Les femmes sont toujours à la mode et les filles, toujours dans le vent ;
    Leurs cœurs, comme une girouette, oscille au gré de ses passions.
    D’ailleurs, l’amour s’en accommode par ses changements émouvants
    Qui lui libère ainsi la tête éperdue d’émancipation.

    Les hommes, gagnants de l’histoire après leurs femmes indémodables,
    Aiment observer leurs beautés comme des conquêtes soumises.
    Laissons-là ces griefs notoires bien qu’ils demeurent réprimandables !
    La femme incarne la primauté ; tant pis pour l’homme s’il la méprise.

    L’homme moderne a supplanté l’homo sapiens dans sa caverne.
    Désormais grâce à Internet, il s’épanouit au jour le jour.
    Même s’il s’est mille fois planté, car ses neurones le gouvernent
    Secondés par sa zigounette, il recommencera toujours.

    L’homme moderne reste l’esclave du capital entremêlé ;
    Il ne croit plus aux religions mais la science le fascine.
    Il a brisé toutes ses entraves sauf le wifi et la télé
    Qui le préserve des contagions de la Terre-Mère assassine

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Aux confins de l’amour

    Le songe d’une nuit d’été débute par une romance
    Et par le troubadour en herbe qui ouvre la porte du cœur.
    Au fil des soirées répétées, il faut sans cesse qu’il recommence
    Afin d’apprivoiser du verbe sa dulcinée dans son bunker.

    Ça ne marche pas à tous les coups ; alors, le troubadour s’éclipse
    Et va chercher l’inspiration dans un voyage autour du monde.
    La dulcinée pleure beaucoup mais ce n’est pas l’apocalypse
    Fors peut-être une aspiration pour un amour qui vagabonde.

    L’amour « Loin des yeux, loin du cœur ! »… n’a pas crié son dernier mot
    Et parfois une séparation en galvanise ses atomes.
    Si le mal d’amour nous écœure, il donne un tour de dynamo
    Qui booste la propagation d’une envie de retour « at home ».

    Sinon le monde se scinde en deux et l’un connaît, aux antipodes,
    Un autre amour, une autre histoire et d’autres plans sur la comète.
    Le destin se montre hasardeux au fil des divers épisodes
    Selon l’exécution notoire que ses personnages commettent.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • La girafe à grande gueule emmanchée d’un long cou

    La girafe à grande gueule emmanchée d’un long cou

    Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
    La girafe à grande gueule, emmanchée d’un long cou.
    Quelques anges farceurs l’avaient ainsi dotée
    Et, de ses quatre pattes, était bien empotée.

    Son cou démesuré lui permet de brouter
    Au-dessus des nuages, leurs surfaces encroûtées.
    Elle parle à la Lune, son unique voisine
    Avec quelques étoiles qui, le soir, l’avoisinent.

    Par les temps orageux, quand le temps est couvert,
    Sa tête hors d’atteinte demeure à découvert.
    À son regard hagard, nous pouvons supposer
    Qu’elle traîne ses pieds sans voir où les poser.

    On en fait l’étalon, par sa taille géante
    Depuis ses pieds arqués à sa gueule béante.
    Les élégantes adoptent sa robe chamarrée
    Dans les soirées mondaines parfois pour se marrer.

    Du haut de son royaume, elle ne craint personne.
    Les oiseaux l’importunent ? Elle les désarçonne.
    Tous ceux qui la regardent chopent un torticolis ;
    Du coup, son âme plonge dans la mélancolie.

    De ce septième ciel où vous posez la tête,
    J’aspire vaillamment à faire la conquête.
    Je gravirais l’aiguë tout en haut de la gamme,
    Madame la girafe, si vous étiez ma dame.

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  • L’étoile à sept jambes

    L’étoile à sept jambes

    Elle court, elle court contre la montre, elle tourne, elle tourne contre le temps ;
    Elle parcourt toute la semaine selon l’humeur au pied du jour.
    Elle bondit, bondit à l’encontre de son destin à contretemps
    Vers la fatalité humaine qui marque la fin du séjour.

    Plus elle court vite, plus elle s’enivre, malgré le cœur qui la martèle ;
    Elle lutte contre la frousse de perdre l’élan et la boule.
    À toute berzingue, elle se délivre de l’immobilité mortelle ;
    Jamais n’amassera de mousse, l’éternelle pierre qui roule.

    Tableau de Wolfgang Lettl.

  • Le Président Minimaliste

    Le Président Minimaliste

    Monsieur l’estimé Président, chef d’une république avare,
    Je vous écris cette missive qui pourrait paraître hermétique.
    Je ne serai plus résident ni de France et ni de Navarre
    Et vivrai ma vie subversive sur mes montagnes helvétiques.

    Je ne pourrai plus revenir sur la Terre de mes ancêtres
    Car je juge votre politique, crime contre l’humanité.
    Je ne pourrai plus subvenir à mes besoins et mon bien-être
    Puisque vous fermez les boutiques sous menaces de pénalités.

    Je m’asphyxie sous votre masque que vous m’imposez de porter
    Pour un virus qui, par malheur, grossit le bizness des vaccins.
    Le passeport-santé fantasque m’est impossible à supporter
    Car il va contre les valeurs des droits de l’homme, dès lors succincts.

    Bientôt, Monsieur le Président, après nous avoir tous réduits
    De quatre-vingt-dix-neuf pour cent à la surface de la Terre,
    Je rejoindrai les dissidents et ceux que vous aviez séduits
    Pour un procès nous remboursant de votre crise humanitaire.

    (Tableau de Katy133.
    « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c’est Tintin! » avait déclaré De Gaulle à Malraux.)

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  • Le temps des câlins

    Le temps des câlins

    Que vienne le temps des câlins après une vie de labeur
    Lorsque la mort m’embrassera le cœur en paix, l’âme ravie !
    Même si c’ n’était pas très malin d’avoir entretenu ma peur
    De mourir quand s’arrêtera le dernier souffle de ma vie.

    Durant ma vie paradoxale, j’ai aimé la petite mort,
    Celle qui succède aux fantasmes après le plaisir de l’amour.
    Mais pour l’issue philosophale d’une existence sans remords,
    Oserais-je comme ultime orgasme, mourir de rire non sans humour ?

    Mais quand je quitterai ma vie, j’en aurai les jambes coupées ;
    J’embrasserai celles qui restent, qui m’aiment et que j’ai bien aimées.
    De la première qui m’a ravi à ma dernière jolie poupée
    Pour lesquelles mon dernier geste sera un rencard programmé.

    Sculpture de Bruno Bruni.

  • Le mot

    Le mot

    Toutes les vérités ne sont point bonnes à dire
    Et certains mots déclenchent les pires catastrophes.
    Même Dieu ne supporte qu’on le cite pour médire
    Sur celui que l’on juge ou que l’on apostrophe.

    Les réseaux sociaux contrent les propos qui contiennent
    Des complots révélés d’authentification.
    Le Coronavirus et ses vaccins détiennent
    Le fleuron sans conteste de l’intoxication.

    Les gros mots dès l’enfance, considérés tabous,
    Font force de caractère ou de vulgarité.
    « Shit », « Scheiße », « Puta » et « Merde » assemblés bout-à-bout
    Ne sont dans le langage que contrevérités.

    Illustration extraite de « Tintin au Tibet » d’après Hergé.

  • Les passeports minimalistes

    Finalement ces passeports vont arriver en avalanche
    Obligeant à se vacciner, la population asservie.
    Dans les gares, les aéroports, il faudra montrer patte blanche
    Sous peine d’être confiné par ceux qui nous ont desservis.

    Plus besoin d’indiquer le sexe, le nom, la nationalité
    Puisqu’on verra le QR-code en appuyant sur un bouton.
    Et je propose qu’en annexe on pousse la fonctionnalité
    En nous expliquant la méthode qui nous traite comme des moutons.

    Illustrations de Coco Dávez alias Valeria Palmeiro.

  • Les années 80

    Les années 80

    Dans les années quatre-vingt disques, je m’habillais dans les vinyles,
    Je gagnais mes sous à la mode d’un monde moderne mais en crise.
    J’ai longtemps voyagé sans risque sur des musiques juvéniles
    Malgré les trous d’air incommodes des pots-pourris et des reprises.

    Puis, les CDs ont débarqué et ont remplacé dans les bacs
    Mes trente-trois tours nostalgiques par des petits carrés en plastique.
    Les médias se sont embarqués de transistors et de playback
    Avec Rap et Techno magiques qui me laissent un goût sarcastique.

    Illustration d’Ilya Milstein.

  • L’abominable beau minet

    Accueilli comme un petit prince, Cherche-Midi devint le roi
    En trônant sur le canapé et occupant tous nos fauteuils.
    Moi, de toutes mes dents, je grince ; ensemble, nous payons l’octroi,
    Et, nous trouvant handicapés du confort, nous faisons le deuil.

    La nuit, il nous fait sa tournée à miauler et nous houspiller
    Pour nourritures à la gelée et croquettes vitaminées.
    Puis, tout au long la journée, Cherche-Midi va roupiller
    Transfiguré en angelet, l’abominable beau minet.

    Collages de Loui Jover.

  • Le jardin de mon enfance

    Le jardin de mon enfance

    Que reste-t-il de mon enfance dans le jardin de ma mémoire ?
    Les grands arbres aux souvenirs portent toujours leurs meilleurs fruits ;
    Les fleurs bleues de mon innocence fleurissent avec mes idées noires
    Et les printemps voient rajeunir chaque année ce que j’ai construit.

    Certes, il est des chemins cachés que je n’ai pas encore explorés,
    Des plants de fruits de la passion qui n’ont jamais multipliés ;
    Des lieux où je me suis attaché, d’autres que j’ai à déplorer
    Mais qui ont fait l’éducation dont je reste à jamais lié.

    Tableau de Paul Gauguin.

  • Quarante jours de pluie

    Quarante jours de pluie

    En mai, le temps fait ce qu’il pleut ; les jours de plus en pluvieux
    Avec les nuits de même trempe nous baptisent du Saint-Esprit.
    Esprit floral, un peu fleur bleue, pour les jardiniers envieux ;
    Esprit qui mouille et qui détrempe les jardinières sans parti pris.

    S’il pleut jusqu’à la Saint-Médard, les quarante jours de déluge
    Sortiront de leur lit en crue les romans fleuves émérites.
    Je dresserai mon étendard pour accueillir dans mon refuge
    Les animaux du meilleur crû, mes amies et mes favorites.

    Tableau de Gerald Harvey Jones.

  • Tant va la cruche à l’eau qu’elle en fêle sa carapace

    Tant va la cruche à l’eau qu’elle en fêle sa carapace

    Si tu te jettes dans les reflets de mes vers,
    Si tu te fies à l’illusion de mes histoires,
    Si tu apprécies leur côté un peu pervers,
    J’aurai une fois de plus remporté la victoire.

    Bien sûr, j’y raconte toutes mes mésaventures ;
    Bien sûr, j’y mentionne comme un journal intime ;
    Bien sûr, j’y reprends le détail de mes blessures ;
    Mais j’y retouche leur vérité légitime.

    Finalement mes reflets ont un avantage ;
    Je peux écrire à l’encre de ma subconscience ;
    J’y trouve comme une guérison et davantage
    Et j’y explore les trous noirs de ma science.

    Tableau de Rob Gonsalves.

  • De mémoire eidétique

    Éidétique ou absolue, réminiscence photographique,
    Elle impressionne ses expériences d’une mémoire indélébile.
    Femme, toi qui jettes ton dévolu sur l’homme le plus photogénique,
    Tu enregistres sans défaillance son moindre geste malhabile.

    Moi, je ne retiens que les textes lorsqu’ils sont dignes d’intérêt
    Et retranscris dans la douleur mes souvenirs en noir et blanc.
    Toutefois sous aucun prétexte, je n’oublie l’instant espéré
    Où la première fille en couleurs m’a appris l’amour en tremblant.

    (Collages de Loui Jover.
    La mémoire eidétique, mémoire photographique, ou mémoire absolue, est la faculté de se souvenir d’une grande quantité d’images, de sons, ou d’objets dans leurs moindres détails.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La machine féminine

    La machine féminine

    Machine ultra perfectionnée avec toutes options de série,
    La femme tourne comme une horloge à la logique indescriptible.
    Mille options bien intentionnées fixées dans sa carrosserie
    Permettent à l’homme de faire l’éloge de ses charmes inextinguibles.

    Grâce à ses yeux enregistreurs couplés d’une mémoire infaillible,
    Elle retient l’information lestée du moindre souvenir.
    Si je m’en fais le détracteur lorsqu’elle se montre imprévisible,
    J’admire sa conformation à refléter mon avenir.

    Tableau de xxx.

  • SOS arboricole

    SOS arboricole

    C’était pourtant une bonne idée de construire les villes à la campagne ;
    Seulement on a exagéré et tous les arbres ont étouffé.
    Ceux-ci ont alors décidé de se transplanter aux montagnes
    Las, elles étaient déjà gérées par des promoteurs esbroufés.

    Alphonse Allais l’avait bien dit et les promoteurs l’ont suivi ;
    Il faut loger l’immigration coûte que coûte au meilleur coût.
    Ce fut la fin du paradis avec tout et ce qui s’ensuivit
    Pour toute la végétation qui a disparu sur le coup.

    Tableau de xxx.

  • Animaleries – 2

    Comme je suis plutôt grand dadais avec mes yeux de biche aux abois,
    Éternellement dans la Lune et la tête dans les étoiles,
    Je vais souvent me balader dans la nature à travers bois
    Pour découvrir des opportunes sources d’inspirations de tout poil.

    Comme j’ai un long cou de girafe et des lunettes sur le nez,
    Continuellement entre deux mondes et le cœur perdu dans les nues,
    Je tombe souvent en carafe et tout mon esprit égrené
    Se répand dans cette faconde que sont mes pensées devenues.

    Coco de Paris sur https:isntthatcharming.comcoco-de-paris .

  • Animaleries – 1

    Comme je suis plutôt noctambule et que je lis beaucoup la nuit,
    J’ai développé un gène hibou avec lequel je pars en chasse.
    Je traque alors sans préambule les idées qui passent sans bruit,
    Les contes à dormir debout dont je vous fait la dédicace.

    Comme je suis assez à cheval, par mon oreille mélomane,
    Sur les homélies cavalières qui répètent la même chanson,
    Je m’attends à un festival, où , en sautant du coq à l’âne,
    Les informations journalières joueront à noyer le poisson.

    Petits Objets de Compagnie sur https:petitsobjetsdecompagnie1.wordpress.com20170524quand-la-page-de-livre-devient-papier-a-dessinamp .

  • Sexy dreams

    Sur une plage vierge de vers au bord d’un océan de rimes,
    Rêvent des lectrices de charme, en attente d’un livre écumeur,
    Offrant leurs corps à découvert de toute la beauté qui prime
    Et me fait tirer une larme sucrée salée, selon l’humeur.

    Pour capter les ultraviolets qui se dégagent des reflets vers
    Des feux de l’astre qu’irradie le ciel d’azur incandescent,
    Et brunir leurs corps étiolés par une année passée sous verre,
    Dans une tenue de paradis, elles s’offrent au soleil indécent.

    Mais bientôt la littérature vient revêtir leur indécence
    Aux rimes riches et embrassées d’un florilège de poèmes
    Et la prose en villégiature stimule la concupiscence
    Des promeneurs embarrassés par leurs nudités de bohème.

    Collages de Kelly Maker.

  • À l’heure du lapin

    Un chaud lapin en mal d’amour, sans doute en quête d’une copine,
    Cherchait à remonter son cœur à l’aide de son âme-sœur
    Qui l’aiderait, jour après jour, à faire ce qui le turlupine
    Et calmer toute la vigueur de ses appétits de chasseur.

    Le rideau s’ouvre sur la lapine pour une prestation durable,
    Son petit derrière en panache et les oreilles attentives.
    Mue d’une fièvre galopine, elle commence sa danse du râble ;
    Lui, roulant ses yeux de bravache, lance aussi sec ses tentatives.

    Plus la forêt se fait profonde, plus s’échauffent les préliminaires,
    Peu à peu le lapin tiédit dans la douceâtre humidité.
    Son activité vagabonde s’étend sous le halo lunaire
    Aux aguets de sa Mylady dont il sent la timidité.

    Tableaux de Tetsuhiro Wakabayashi.

  • Vénéneuse

    Vénéneuse

    Certains champignons vénéneux ne le sont qu’une seule fois
    Tandis qu’une femme fatale peut tuer à plusieurs reprises.
    L’amour se montre venimeux tout comme l’alcool pour le foie
    Et sa consommation létale quand il se transforme en méprise.

    Je réclame la peine d’amour pour celles qui m’ont brisé le cœur
    Et l’ont jeté dans la prison de la passion immodérée.
    Je vous l’écris avec humour mais à l’encre de la rancœur
    Qui n’a connu de guérison qu’un handicap désespéré.

    Collage de Kelly Maker.

  • Entre les lignes

    Ceux qui croient encore aux lunettes qui dévoilaient l’intimité
    Des jolies filles qui passaient en détalant d’un air abscons
    Devraient savoir que ces minettes avaient, par leur félinité,
    Un pouvoir qui outrepassait ce petit gadget à la con.

    Elles savent lire entre les lignes, elle savent transpercer les cœurs,
    D’une vision extralucide qui ne laisse rien s’effacer.
    Perfides, finaudes et malignes, elles nous jettent un regard moqueur
    Et nous, pauvres hommes translucides, n’y sommes point interfacés.

    Collages de Kelly Maker.

  • Fragments

    Je me souviens partiellement – j’ai la mémoire en réduction –
    De jolis yeux, d’un beau sourire, d’une chevelure glamour,
    Des attributs charnellement étudiés pour la séduction
    Dont les fragments s’en vont nourrir ma boîte à puzzle de l’amour.

    Trop de trous dans mes souvenirs ne laissent qu’une image imparfaite ;
    Je n’en retiens que des extraits trop disparates et clairsemés.
    Peut-être un jour, à l’avenir, mon âme sera satisfaite
    En reconstituant le portrait de celle qui m’aura le plus aimé.

    Tableaux d’Anthony Gerace.