Catégorie : 2021

  • Qui sait qui c’est Kiki de Montparnasse ?

    Qui sait qui c’est Kiki de Montparnasse ?

    Si tu as connu la belle époque que Man Ray photographiait,
    Si tu as connu le Montparnasse d’Amedeo Modigliani,
    Sans doute as-tu connu l’épique modèle qui s’y bonifiait
    Que certaines traitaient de pétasse – toujours la même litanie.

    Elle a débuté boulangère mais préféra offrir ses miches
    En se hasardant la première à poser nue pour ses artistes.
    Incriminée pour mœurs légères, la créature aux yeux de biche
    Mit tout son art à la lumière, n’en déplaise aux obscurantistes.

    C’était Kiki de Montparnasse, femme de cœur surestimée
    Qui tombait souvent amoureuse des plus grands peintres de Paris.
    De ses amours les plus tenaces, tous ses amants ont exprimé
    Son corps aux formes langoureuses doté du meilleur gabarit.

    Tableau de Christopher Nevinson.

  • La chute du pantomime

    Aujourd’hui, l’homme arrive en boîte comme un produit de consommation
    Qui, bien qu’apporté par la poste, n’est ni repris ni échangé.
    Toutefois si mon cœur m’emboîte le pas pour la transformation,
    Je crains que l’esprit ne riposte en me livrant tout mélangé.

    Inimitable corps humain issu du Big-Bang alchimique,
    Autant fragile qu’un roseau, autant éternel qu’éphémère,
    Tu t’es égaré en chemin et, dans ta chute pantomimique,
    Tu t’es emmêlé les réseaux nerveux, sociaux et nycthémères.

    (Tableaux de Fabien Nissels sur https:petapixel.com20130403photographer-prints-friends-body-onto-blocks-for-quirky-photo-project
    Nycthémère : Cycle biologique de vingt-quatre heures correspondant à une nuit et un jour … et qui n’a rien à voir avec « nique ta mère ».)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le partage du temps

    Le partage du temps

    Selon les lois de la Nature, il faut être un peu kamikaze
    Et la vie découpe le temps selon l’appétit animal.
    Pour les oies, le temps s’aventure au long de soixante-trois cases
    Et pour les taureaux débutants, l’arène est le point terminal.

    Pour le lièvre, rien ne sert de courir, il faut savoir partir à temps ;
    Pour le cochon, tout est jambon à toute heure et en fricassée ;
    Les oiseaux se cachent pour mourir mais ils reviennent au printemps ;
    Quant à l’homme, même s’il est bon, le bon vieux temps est dépassé.

    Tableau de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html .

  • Alchimie et coquelicots

    Assises sous les coquelicots, le temps des jeunes filles en fleurs
    Ouvre les rêves romantiques teintés au rose de Thuringe,
    Qui deviennent rouges tropicaux quand l’amour brûle dans les cœurs
    Dans une extase aromatique, douce folie pour les méninges.

    Assises sur les coquelicots, les jeunes filles bucéphales
    Vivent leurs rêves alchimiques à l’alcool des fleurs de pavot
    Dont les désirs ombilicaux avec la pierre philosophale,
    Dignes d’un opéra-comique s’exalteront sous les bravos.

    (Tableaux de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html
    Les bucéphales sont des papillons de nuit.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les Rois Chevaliers

    La Reine Jument se morfond tout en haut de sa tour d’ivoire
    Dont le Soleil peine à percer les murs bleu-de-nuit tout autour.
    Sa chambre du sol au plafond ne lui laisse rien entrevoir
    Malgré les fentes dispersées sur le plancher aux alentours.

    Le Roi Étalon sans ombrage pratique aussitôt l’ouverture
    Et dame le pion aux valets qui ne peuvent l’empêcher d’entrer.
    Puis, il se rue avec courage à l’assaut de cette structure
    Et, à force de cavaler, délivre la reine cloîtrée.

    La Tour Équestre, depuis ce temps, sert aujourd’hui de témoignage
    Et beaucoup de poulains royaux viennent invoquer leur destinée.
    Ils y retrouvent, le cœur battant, le caractère de leur lignage
    Défiant les rivaux déloyaux pour conquérir leur dulcinée

    Tableaux de Wolfgang Lettl.

  • Lumières de saisons

    Lumières d’un printemps qui éclairent à nouveau
    Le monde qui renaît pour tout recommencer.
    Premiers rayons suintants qui remettent à niveau,
    Dans l’odeur des genêts, les amours romancées.

    Lumières d’un été, fortes et resplendissantes
    Qui font mûrir la Terre d’amours les plus fécondes.
    Les rayons reflétés par les eaux bondissantes
    Des flots alimentaires des rivières profondes.

    Lumières d’un automne qui me réchauffent encore
    Se terminent en beauté pour me réconforter
    D’un souffle monotone dû aux vents de l’aurore
    Sur les charibotées de feuilles emportées.

    Lumières d’un hiver qui marquent le contraste
    Produit par la mort blanche qui règne en son séjour.
    La loi de l’univers crée ce cycle néfaste
    Dont la vie, en revanche, triomphera toujours.

    Tableaux de Stéphanie Gauvin.

  • La maman des poissons

    Au dernier terme de sa grossesse, une maman-sirène enceinte
    Aura le cœur bien accroché quand elle perdra les eaux de mer !
    L’ichtyologie nous le professe, en une seule vague succincte
    Sortiront de petits brochets impatients de téter leur mère.

    Sa poitrine gorgée de laitance aux gros mamelons turgescents
    Aiguiseront leurs jeunes dents lorsqu’ils les mordront sans façon.
    Un marin par inadvertance, trouvant le thème intéressant,
    Provoquera un incident en y jetant son hameçon.

    La maman des poissons connue pour être de nature gentille,
    Peut les curieux incommoder en les aimant à sa manière :
    L’intrus dans sa déconvenue et sous l’assaut qui le mordille
    Devient friture accommodée avec des moules marinières.

    Tableau de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html .

  • Tutu, l’es-tu ?

    Colombine en tutu, légère et court-vêtue,
    L’air indéfinissable, cheminait sur le sable,
    Les ailes déployées, le cœur apitoyé,
    L’esprit mélancolique d’un amour bucolique.

    Plus tard en cotillon et chapeau papillon,
    Elle reprit des couleurs oubliant sa douleur.
    La teinte du tutu comme quoi restitue
    Tantôt l’air écumeur, tantôt la bonne humeur.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Dans les bras de la Grande Ourse

    Dans les bras de la Grande Ourse

    Lorsque les bras, Morphée me tend, je me tiens prêt à m’assoupir
    Mais la coquine me contourne afin d’enlacer la Grande Ourse.
    Je reste là, le cœur battant, tout en poussant un grand soupir
    Tandis que les aiguilles tournent et que je me retrouve hors course.

    La nuit suivante, recommencent leurs amours fidèles et célestes.
    Tant pis ! Je n’ai pas la vedette ; encore une nuit d’insomnie !
    Un peu jaloux, de leur romance et leur passion, je me déleste ;
    Je fais des plans sur la comète et je fais fi des calomnies.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Mémoires oblongues

    Le temps s’arrête brusquement sur le mouvement ascendant
    Qui fait monter les espérances au-delà du septième ciel.
    Pourtant tout va trop lentement mais bien trop vite cependant
    Sur ce vêtement en errance qui me dévoile l’essentiel.

    Cette poitrine, soudain vivante, d’où jaillissent deux seins triomphants,
    Rappelle comme la mémoire de là où tout a commencé.
    Cette apparition motivante donne envie de faire un enfant
    Mais pour l’instant, c’est son histoire que je m’apprête à romancer.

    Tableaux d’Andrei Protsouk sur https:www.andreiart.comcatalog .

  • L’éléphant rouge

    L’éléphant rouge

    À défaut d’un éléphant rose, je vois passer l’éléphant rouge
    Sans boire une goutte d’alcool mais en écrivant ce poème.
    Ainsi, quand j’ai le cœur morose, toutes mes cellules grises bougent
    Avec l’esprit qui caracole dans une jungle de bohème.

    Je redeviens l’homme-cornac, celui qui conduit l’éléphant
    Là où son imagination fait pousser ses barrissements.
    Bien mieux qu’un verre de cognac, mon stylo-plume triomphant
    S’enivre de la pagination à l’encre des rugissements.

    Sculpture d’Andrea Kowalewski.

  • L’amour qui fait des tours

    L’amour qui fait des tours

    Au fil des nuits et des journées, l’amour et ses passions défilent
    Et les amoureux impassibles tissent des liens d’attachement.
    Chacun y va de sa tournée pour passer un bras qui s’enfile
    Autour de l’autre si sensible qu’il s’en fait un harnachement.

    Il paraît que les amoureux ont une musique dans la tête ;
    La même chanson à deux voix pleine de vie, pleine d’humour.
    Pas un petit air langoureux qui sonne sans tambour ni trompette
    Mais un refrain rempli de joie et des couplets remplis d’amour.

    Tableau d’Alberto Ruggieri.

  • La femme-araignée

    La femme-araignée

    Après les Parques, l’araignée qui tisse les fils de la vie
    Que les trois sœurs ont déroulés durant toute l’humanité,
    Dont chaque fibre est imprégnée de nos folies, de nos envies,
    De nos existences écoulées entre l’orgueil et la vanité.

    La femme-araignée prend la suite pour nous enfermer dans sa toile
    Et dévorer au fil du temps nos moments les plus croustillants.
    L’homme, toujours à la poursuite de la course autour des étoiles,
    N’est qu’un aliment consistant moqueur, suave et gouleyant.

    Photo de Rebecca Litchfield.

  • Fantasmagoriquement vôtre

    Entre les fondus-enchaînés sur la pellicule du temps,
    Les pauses et les ralentis sur les meilleurs évènements,
    Où sommes-nous donc entraînés, nous, les comédiens débutants
    Sur un scénario pressenti joué nous ne savons comment ?

    Il faudrait relire l’histoire de toutes les civilisations,
    Revivre les amours célèbres de toutes les générations,
    Dénouer les secrets notoires qui restent sans explication
    Et faire sortir des ténèbres notre modeste consécration.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein et Christian Schloe.

  • Les tours de Babel

    Les tours de Babel

    Et si Dieu avait inspiré l’être humain à se rapprocher
    En élevant son habitat au plus près du septième ciel ?
    Et si l’homme avait conspiré contre l’idée de s’accrocher
    De peur qu’Il ne cohabitât dans ses quartiers résidentiels ?

    Autant de tours, autant de langues, autant de projets échoués ;
    Autant de brouilles et de discordes, autant de peines et de frictions.
    Autant de novlangues et virelangues, langues de bois inavouées
    Afin que jamais l’on ne s’accorde à voir dans la même direction.

    Tableaux de Minoru Nomata.

  • Main-de-jour et main-de-nuit

    J’ai la main pleine de fourmis lorsqu’un rayon me la caresse
    Tandis que je suis endormi et que je traîne par paresse.
    Enfin, un par un tous les pores s’ouvrent pour saluer le jour
    Tandis que j’écarte les stores et l’agite pour un bonjour.

    J’ai la main encore en éveil lorsque brille un rayon de Lune
    Tandis qu’encore je surveille les étoiles naissantes une à une.
    Enfin, l’heure vient confirmer par les douze coups de minuit
    Tandis que dorment à poings fermés mes deux mains qui rêvent à la nuit.

    Sculptures de Nicola Tripodi.

  • Composition alchimique

    Composition alchimique

    Tout est objet d’inspiration, tout est source d’illumination,
    Transformé au cœur de l’artiste par une alchimie poétique.
    D’une plume d’admiration trempée dans la sublimation
    Guidé de sa muse qui l’assiste par ses voyages hypothétiques.

    Pour lui, les oiseaux sont des anges que la peinture a convertis ;
    D’or et d’argent issus d’étoiles aux autres couleurs de la Lune.
    Il lit dans l’âme des mésanges son propre cœur introverti
    Qu’il représente sur la toile teinté d’une verve opportune.

    Tableau de Remedios Varo.

  • En mariant les méridiens aux parallèles

    En mariant les méridiens aux parallèles

    En reliant les méridiens jusqu’à leurs pôles opposés,
    En franchissant les latitudes de part et d’autre de l’équateur
    Selon le rythme circadien en parallèles supposés
    Conformément aux longitudes chères aux plus grands navigateurs,

    Le cartographe alors découvre dans ce réseau enchevêtré,
    Non pas une carte du tendre mais la constellation du cœur
    Avec une étoile qui ouvre une romance interprétée
    Par la femme qui sait attendre celui qui reviendra vainqueur.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Symphony on green

    Le printemps nous a composé une symphonie embrumée
    De sons chargés de grosses gouttes sur sa partition délavée.
    Les instruments décomposés nous jouent un été enrhumé
    Qui ne parvient à notre écoute qu’en coups portés sur les pavés.

    Le réchauffement planétaire ainsi que la montée des eaux
    Luttent ensemble pour survivre dans un monde qui caracole.
    C’est la réponse de la Terre à la question dont les réseaux
    Débattent tant que je m’enivre de pluies diluviennes sans alcool.

    Tableaux de Duy Huynh.

  • Rhapsody in blues

    Sans la fête de la musique, sonne la Rhapsody in blues
    D’un été un peu trop timide qui n’ose chasser le printemps.
    Le piano devient amnésique d’une composition jalouse
    Entre des notes un peu humides qui dégoulinent en suintant.

    Mignonne, allons voir si s’arrosent les caprices et les tourmentes
    Qui nous agitent les saisons d’une planète en confusion !
    Or si le printemps fut morose, l’été de façon alarmante
    Bat du tonnerre sans raison avec des pluies à profusion.

    Tableaux de Duy Huynh.

  • Le blues de la femme d’affaires

    Le blues de la femme d’affaires

    Assise sur la corde raide du présent qui fait la frontière,
    Je méditais sur mon passé ; j’imaginais mon avenir.
    Un futur marqué par l’entraide promise à la planète entière
    Et nos afflictions surpassées par un progrès en devenir.

    J’ai fait des plans sur la comète à l’âge où tout m’était promis ;
    J’ai même décroché la Lune qui me tendait ses bras ballants.
    Je ne sais plus où j’ai la tête et j’ai fait trop de compromis
    Sur des placements de fortune aux mouvements bringuebalants.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Sale temps sur la planète !

    Sale temps sur la planète !

    Il fait sale temps sur la planète avec des vents d’époque épiques
    Qui bouleversent les traditions sous des pluies de technologie.
    J’ai beau parler sur internet dans des réseaux sociaux typiques,
    L’amour entre en contradiction avec l’épistémologie.

    Et je me raccroche à la rose qui, hier matin, à peine éclose,
    M’a invité à retrouver le chemin de la liberté.
    Je lâche mes pensées moroses de peur que mon âme n’explose
    Vers un petit nid approuvé où l’amour n’a point déserté.

    Tableau de Christian Schloe repris le 15.05.2022 « Lily Magnolia ».

  • L’apocalivre – 2

    Les pages ont pris la liberté d’une indépendance informelle
    À se raconter elles-mêmes des histoires extraordinaires.
    On voit les livres disserter, ouverts dans les rues pêle-mêle,
    Et se dégarnir sans dilemme avec les plus gros dictionnaires.

    Aussi vite qu’un cheval ailé qui s’envolerait au galop,
    Les livres partent à l’aventure et bientôt prennent de la hauteur.
    Mais ils ont beau se rebeller à en devenir mégalos,
    À tirer trop la couverture, ils y perdront leurs droits d’auteur.

    Et ce qui devait arriver est arrivé en prévision :
    L’homo-libris, sorti de presse, est la prochaine évolution.
    Tant pis pour les hommes rivés au poste de télévision,
    Son successeur déjà se presse à faire sa révolution.

    Tableaux de Wolfgang Lettl.

  • L’apocalivre – 1

    Pour contrer les épidémies qui ont enfermé les bouquins
    Derrière des grilles d’interdits et un zèle d’obscurantisme,
    J’ai engagé l’Académie Française et tout le Saint-Frusquin
    À contrer les abâtardis de cet inique ignorantisme.

    Tandis que l’on faisait l’amour dans des positions arbitraires,
    Les romans se sont envolés suivant les guides de voyage.
    Ensuite, les livres d’humour accompagnés par les libraires
    Ont décollé à la volée avec le reste des ouvrages.

    Ils seraient en villégiature loin des rayons des librairies
    Dans un paradis littéraire à l’abri des autodafés.
    L’absence de littérature déçoit toutes les confréries
    Depuis les bibliothécaires jusqu’aux terrasses des cafés.

    Tableaux de Wolfgang Lettl.

  • Paris sous Seine

    Paris sous Seine

    Au pied de la Dame de Fer, dans le Champ-de-Mars sous la Seine,
    L’Orient-Express transatlantique vous emporte au fond des abysses.
    Et moi, dans l’humide atmosphère où baigne le bois de Vincennes,
    Je m’enivre des authentiques herbes infusées de cannabis.

    La locomotive entre en gare de Notre-Dame-sous-Paris
    Où quelques poissons mécontents s’enfuient au fond des océans.
    Alors je cherche du regard celle avec qui je m’apparie ;
    La sirène de Ménilmontant qui m’épouse aujourd’hui céans.

    Tableau de Michael Raaflaub.

  • Sur les toits de Paris

    Sur les toits de Paris

    À six cents mètres de la Tour, comme une trotteuse affolée,
    Une fille courait sur les toits pour échapper au temps qui passe.
    Pas un témoin aux alentours. Dommage, elle aurait raffolé
    D’avoir un compagnon courtois pour lui murmurer à voix basse :

    « Allons-nous asseoir sur le zinc comme deux beaux chats de gouttière
    Qui sauteraient de chiens-assis et de lucarnes en belvédères !
    Aimons-nous à toute berzingue, à genoux sur les tabatières,
    Sur les charpentes et les châssis des toits du Paris légendaire ! »

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat.

  • La reine des mers

    La reine des mers

    Dans une mer d’huile d’olive, issue des fruits de la Provence,
    La reine, détail accablant, lorsque personne ne l’observe
    Nage et regagne dans l’onde vive d’un océan d’eau de jouvence
    Son palais bâti en fer blanc des belles boîtes de conserve.

    Si vous voulez la visiter, n’utilisez pas d’ouvre-boîte
    Mais juste une clef à sardines, elle en appréciera le geste.
    Offrez-lui l’exclusivité de votre présence adéquate
    Et mettez l’iPhone en sourdine puis, simplement, tombez la veste.

    Si elle vous propose son lit, bordé d’herbes aromatiques,
    Elle vous en sera tout ouïe jusqu’à presqu’en perdre la tête.
    Lors, aimez-la à la folie avec du vinaigre balsamique
    Ensuite, si elle s’en réjouit, avec du piment d’Espelette.

    Tableau de Gabriel Pacheco.

  • Au cœur de l’œuvre

    Où faut-il puiser l’origine du tableau avant sa naissance ?
    Dans l’impalpable ou l’invisible des réseaux de la noosphère
    Ou la mémoire qui se pagine dans ses feuillets de connaissance
    Ou le canal imprévisible que seul le cœur sait satisfaire ?

    Entre deux rêves, entre deux songes souvent les muses me racontent
    Une histoire à dormir debout sur un écran surréaliste
    Teint de vérités et mensonges selon la nature du conte
    Mais dont j’ouvrage jusqu’au bout la peinture immatérialiste.

    (Tableaux de José Roosevelt sur http:www.juanalberto.ch19831984.html .
    La noosphère représente l’espace composé de l’ensemble des consciences et des pensées humaines.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Loufoqueries avec des chiffres et des lettres

    De stalactites en stalagmites, entre girafes et girofars,
    Les mots s’emboîtent dans ma tête comme une Fermeture Éclair.
    J’ai outrepassé les limites du dictionnaire qui m’effare
    De substantifs en épithètes qui me contraignent à y voir clair.

    J’ai aussi compté les lapins dans la suite de Fibonacci
    Mais les nombres ont interféré entre chiffres pairs et impairs.
    Alors sur mon petit lopin, ils se sont, avec anarchie,
    Multipliés et transférés au rythme d’une cadence hors pair.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le Maître du Soleil

    Le Maître du Soleil

    Sous le soleil incandescent, la Terre apprête ses cultures,
    Sous le chapeau condescendant, la tête accommode un chef-d’œuvre.
    L’artiste, sans doute reconnaissant de le trouver dans la Nature,
    Éprouve un pouvoir transcendant qu’il suffit de mettre à l’épreuve

    Toutes les vagues de chaleur qui mouvementent l’atmosphère,
    L’air échauffé et miroitant qui occasionne les mirages,
    Matérialisent la valeur du Grand Maître et son savoir-faire
    Car patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

    Tableau d’Alireza Karimi Moghaddam.

  • Comme un éléphant…

    Quel est le poids de la mémoire d’un pauvre éléphant qui observe
    Son monde devant sa fenêtre au fil des nuits et des journées ?
    Combien de pages fait le grimoire des évènements qu’il conserve
    Depuis le jour qui l’a vu naître jusqu’à sa dernière tournée ?

    Tous les souvenirs consignés dans le réseau de l’existence
    Sont enregistrés dans l’espace d’un éther non incorporé.
    Et le contrat qu’il a signé lui garantit la persistance
    Jusqu’à ce que, quoi qu’il se passe, son destin soit corroboré.

    Tableaux de Lars Van De Goor.

  • Les voyages en Escalator

    Les voyages en Escalator

    Fi des voyages en avion, des journées à l’aéroport !
    Vivent les Malls et les Drugstores et leurs lignes d’Escalator !
    C’était écrit, nous le savions, sans recours au moindre passeport,
    Dans les snacks où l’on se restaure d’un Tiramisu Salvatore.

    Assis aux degrés gigantesques, naturellement à contresens
    Quelle sera la destination et les meilleures offres de prix ?
    Boutiques de mode pittoresques pour l’effervescence des sens
    Avec une jubilation pour un Gadget du dernier cri

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La femme est une île

    La femme est une île

    Que mon cœur se plaise à choisir celle qui surgira des eaux
    Pour se révéler l’île vierge où bâtir notre paradis.
    Où il fera bon à loisir faire l’amour dans les roseaux
    Afin que le bonheur converge vers les légendes de jadis.

    J’en ai croisé d’inaccessibles avec barrières de corail
    Qui font fuir les aventuriers et les amours illégitimes
    Et d’autres trop insubmersibles, isolées derrière leurs murailles,
    Que contournent les long-courriers de peur d’en être les victimes.

    Pour la mienne, j’ai inventorié toutes les cartes maritimes
    Jusqu’à trouver la perle rare dans les océans helvétiques.
    Une ile non répertoriée excepté dans mon journal intime
    Marquée d’une pierre de Carrare, blanche, immaculée, prophétique.

    Photo de Laima Kavaliauskaité.

  • Mon atelier

    Dans l’atelier, tout mon désordre subit l’ordre de mes pensées
    Et mes pensées en confusion troublent la suite de mes idées ;
    Idées qui donnent du grain à mordre et du talent à dépenser
    Que je remets en perfusion dans mon sang neuf suroxydé.

    Puis, la nuit vient accommoder tout ce qui reste à décanter
    Et le lendemain, le chaos n’en est que plus incohérent.
    Je n’en suis point incommodé ; l’inverse me ferait déchanter
    Car le désordre crée des cahots qui me rendent proliférant.

    Tableau de Remedios Varo.

  • La bulle de rêves

    La bulle de rêves

    Le grand pouvoir de la rêveuse réside en sa bulle de silence
    Qui l’isole d’une part du monde dans un royaume inaccessible.
    L’ensemble des fibres nerveuses abandonnent toute vigilance
    Pour une liaison vagabonde avec des limbes impossibles.

    Bien sûr, ce n’est qu’une utopie pour s’échapper du matériel
    Où le cerveau se prédispose à puiser dans l’imaginaire.
    Un pays vierge de l’entropie de ce désordre caractériel
    Qui l’agite et qui l’indispose en réduisant son ordinaire.

    Tableau d’Armando Barrios https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201511Armando-Barrios.html .

  • Le principe d’Archimour

    Le principe d’Archimour

    Deux corps qui entrent en contact subissent une poussée des sens
    Selon le principe écoulé des cœurs plongés en compassion.
    Rien ne ressortira intact des âmes en reconnaissance
    Et l’esprit, loin de dessaouler, connaît l’ivresse de la passion.

    J’ai vu ces témoins du désir, s’évaporer en feux follets
    Quand l’amour fait des étincelles après un violent coup de foudre.
    J’ai perçu l’écho du plaisir retentir d’un cri affolé
    Quand le puceau et la pucelle voient leurs émotions se dissoudre.

    Tableau d’Anna & Elena Balbusso sur https:www.cuded.compaintings-by-anna-elena-balbusso .

  • Les fantômes du Louvre

    Les pensées des anciens modèles s’échappent la nuit de leurs cadres
    En des couleurs fantomatiques qui réfléchissent les bleus de l’âme.
    Parfums de lys et d’asphodèles se répandent autour de l’escadre
    Dans des volutes aromatiques qu’exhalent d’ultimes petites flammes.

    Toutes ensemble forment des flambeaux, ces témoins de l’impressionnisme
    Rallient les écoles modernes aux sources de l’antiquité.
    Depuis Carthage et Salammbô, en hommage au perceptionnisme,
    Flammeroles follettes et lanternes en raniment l’authenticité.

    Tableaux d’Enki Bilal sur http:www.belle-etoile.frgalleriesenki-bilal-les-fanto%CC%82mes-du-louvre .

  • Une vie de roman

    Une vie de roman

    Le cliquetis de la machine rythmé à mon pas cadencé,
    La feuille de papier qui monte comme l’aurore à l’horizon,
    L’original qui se pagine en fonction de mon avancée,
    La page blanche que je surmonte pour me sortir de ma prison.

    De mon clavier aux mille clefs qui m’ouvrent la route du tendre,
    Des lettres en noir qui la jalonnent, du rouge auquel je n’ai recours,
    Du manuscrit enfin bouclé dont la fin se faisait attendre,
    Et de l’article en deux colonnes qui me vaudra le prix Goncourt.

    Tableau de Jim Tsinganos.

  • Le manoir de l’ombre et de la lumière

    Le manoir de l’ombre et de la lumière

    Dans mes nuits trouées d’insomnies, s’ouvrent des portes anonymes
    Que rien ne distingue du noir, excepté une réminiscence
    Parasomnies et sexsomnies, comme deux rêves synonymes,
    Me sollicitent en leur manoir de l’obscure luminescence.

    J’y redécouvre toutes les scènes qui ont jalonné mon enfance,
    Les acteurs et les seconds rôles dans des films pas très orthodoxes.
    Quelques situations obscènes dans lesquelles j’étais sans défense
    Et pour terminer, le plus drôle, absurdités et paradoxes.

    Tableau d’Anna & Elena Balbusso.

  • Le virus de l’improbable

    Rien ne sert de s’imaginer l’invraisemblable perfection,
    Il faut appréhender à point l’imprévisible instantané.
    Le créateur, contaminé par le virus de l’exception,
    Cherche l’agréable contrepoint de l’immaculée spontanée.

    Aussitôt qu’il trouve sa proie, il fait semblant de dessiner
    Mais en réalité transmet son obsession pathologique.
    Et tandis que le dessin croît, guidé d’une main fascinée,
    Son modèle subit, fantasmé, la contagion graphologique.

    Sitôt rentrée, elle griffonne, elle dessine trait pour trait,
    Se met nue devant le miroir pour satisfaire à son caprice.
    Elle prend des poses bouffonnes, elle fait son autoportrait
    Et amoncèle dans ses tiroirs toute sa folie dévastatrice.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat.

  • Le cahier bleu

    Belle, sans ornements, dans le simple appareil
    D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil,
    Elle s’habilla vite et courut se cacher
    Dans le fauteuil crapaud de velours soutaché.

    Dans l’ombre de l’attente qui oppresse le temps,
    Son âme se connecte à son cœur chuchotant.
    Puis, le regard hagard, elle arrête de penser
    Et toute sa beauté en est récompensée.

    Sous les feux du soleil, sa beauté se confond
    Dans l’ombre et la lumière qui forment un puits sans fond
    Où s’engouffrent ses formes, divine silhouette
    Élancée dans envol de la frêle alouette.

    (Illustrations d’André Juillard.
    Les deux premiers vers sont de Jean Racine.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La complexité de l’être

    La complexité de l’être

    Compliqué de s’imaginer quelle est ma vie d’avant la vie !
    Vivais-je dans les chromosomes de mes parents, coupé en deux ?
    Comment l’un s’est invaginé et comment l’autre l’a suivi ?
    Suis-je un démon ou un fantôme né d’un mariage hasardeux ?

    Je découvrirai la réponse certainement après la mort ;
    Hors de ma vie et hors du temps de l’univers indéfini.
    Car toutes mes pensées absconses ne représentent que l’oxymore
    D’un être qui fait le battant entre le zéro et l’infini.

    Tableau de Tank Art.

  • Racines mammalogiques

    Racines mammalogiques

    Explorant la souche ancestrale de l’arbre généalogique
    Passant par la branche discrète des escales obstétricales,
    J’ai retrouvé la magistrale hérédité mammalogique
    De la féminité secrète via son cordon ombilical.

    Tout en remontant du présent jusqu’aux origines de l’homme,
    Je suis entré en connexion avec notre Ève originelle.
    Son féminin omniprésent a vibré dans mes chromosomes
    M’accordant cette réflexion et cette image émotionnelle.

    Tableau d’Yseult Digan alias YZ sur https:create78d4.myportfolio.comyz .

  • Entre les lignes

    Entre les lignes

    Entre les lignes de mes reflets, entre les lignes de ma prose,
    Le véritable messager se cache derrière le rideau.
    Parfois il me glisse un pamphlet selon une pointe d’humeur morose,
    Parfois un trouble passager selon l’heur de sa libido.

    Parfois rusé et astucieux, il commence à me laisser faire
    Puis, brusquement après deux vers, d’un sourire au coin de la bouche,
    Dévie mon texte minutieux pour une tout autre atmosphère
    Et prévient que, d’un seul revers, à la fin de l’envoi, il touche.

    Tableau de Simona Fedele sur http:jennhales.comshop .

  • La petite idée derrière la tête

    La petite idée derrière la tête

    Juste une idée derrière la tête qui naît d’une nuit de récolte
    Que tous les beaux rêves ont semée et les étoiles ont fait mûrir.
    Je la recueille l’air en fête taisant mes chagrins révoltés
    Qui, hier encore, ont parsemé ma vie en vue de l’ahurir.

    Je ne sais si Dieu l’a voulue ou bien si je l’ai attisée
    Mais l’idée neuve s’épanouit chaque matin fidèlement.
    Mais je ne suis point trop goulu à prétendre être divinisé
    Sinon l’idée s’évanouit et moi… déçu cruellement.

    Tableau de Jenn Hales sur http:jennhales.comshop .

  • Les Louis Lumières

    Les Rois Louis sur leurs lampions remontent encore sur le trône
    Lorsque sonne l’anniversaire de leurs mémoires transcendantes.
    Et plus on compte de champions de l’art de porter la couronne,
    Plus brilleront dans les ténèbres leurs montgolfières ascendantes.

    Le Roi est mort, vive le Roi ! Les Louis sont en république
    Mais on les sacre pour l’honneur d’un souvenir valorisant.
    Et moi qui en ai deux ou trois dans l’arbre généalogique
    J’expédie au petit bonheur ces quelques petits vers luisants.

    Tableaux de Joze Shimazaki.

  • Les châteaux ronds

    Les châteaux ronds

    Ils ont des châteaux ronds, vive la Bourgogne !
    Ils ont des châteaux ronds, vivent les bourguignons !

    Avec ses derniers habitants, soldats de l’armée allemande
    Qui l’ont quitté pour la débâcle malgré leur culpabilité,
    Ç’aurait été discréditant que la France le réprimande
    Et que la société renâcle à nous le réhabiliter.

    Château médiéval de Meauce sur https:www.bourgognemagazine.compost20170611château-de-meauce-résurrection-annoncée-53 .

  • La famille Dubois

    La famille Dubois

    Abélard de la Contrebasse et Bérénice du Violoncelle
    Tombèrent ensemble en pâmoison, s’aimèrent et eurent beaucoup d’enfants.
    Monsieur jouait surtout des basses et Madame de la chanterelle ;
    Ils se marièrent au diapason d’un prêtre jouant de l’olifant.

    Avec les cuivres et les bois, les trois aînés violoncellistes
    Furent acceptés comme membres des Amis du Piano Forte.
    En duo avec un hautbois, la cadette, d’abord soliste,
    Rejoignit l’orchestre de chambre plus favorable à sa portée.

    La famille avec ses cachets étendit sa prédominance
    À toute la congrégation des instruments d’orchestration.
    Chacun proposant son archet à sa caisse de résonance,
    On ouït mille interprétations de l’art de l’improvisation.

    Tableau de Thor Lindeneg sur http:sociedadedospoetasamigos.blogspot.com201207thor-lindeneg-pintor-dinamarques.html .

  • Au bon lait !

    Sans doute, les vaches ont du lait dont maintes mamelles s’épanchent
    Grâce à des déesses en jupons qu’on entend le soir dévaler.
    Sur les toits du monde ondulés, ces nymphes versent la neige blanche
    D’où s’écouleront sous les ponts les eaux fertiles de nos vallées.

    Un peu plus haut, dans les alpages, trônent des génies colossaux,
    Des dieux solides et gaillards, des spécialistes du sorbet.
    Après un hiver de trempage, ils en déversent à grands seaux
    Glaces et nappes de brouillard d’un épanchement résorbé.

    Collages de Ben Lewis Giles.

  • Belle-de-jour, belle-de-nuit

    Dès l’aube elle s’épanouit comme une jeune fleur des champs
    Qui assimile la rosée, le vent, le soleil et la Terre.
    Et quand le soir évanouit ses couleurs dans l’astre couchant,
    La voici métamorphosée dans une robe de mystère.

    La nuit, sa beauté se dérobe entre les ombres et la pénombre
    À la recherche d’une étoile de la Voie Lactée soutachée.
    Soudain le halo qui l’enrobe triomphe de son côté sombre
    Et la pleine lune dévoile toute sa vénusté cachée.

    Créations de Julie Nutting.