Catégorie : 2020

  • L’extraterrestre

    À l’époque où je travaillais en Alsace comme informaticien indépendant, j’ai rencontré un jour dans son entreprise une nouvelle cliente et je découvris je ne sais plus comment qu’elle était une extra-terrestre.
    Les extraterrestres avaient contacté la Terre depuis de nombreuses années mais étaient restés très indépendants, un peu comme les américains vis-à-vis de l’ancienne Europe : arrogants et fiers envers les terriens, ils se sentaient supérieurs. Sous forme humanoïde, assez grands, 1m80 en moyenne, leur peau étaient nacrée et parsemée de taches ou de stries régulières et harmonieuses et de couleurs différentes selon les gens.
    À cette époque, les extraterrestres étaient peu présents sur Terre ; soit pour du tourisme en voyageant un peu partout sur les continents, soit pour établir des relations commerciales ou diplomatiques ou de communication avec leur propre planète sur laquelle ils préféraient vivre majoritairement.
    Je sympathisai avec ma nouvelle cliente que j’appellerai « Évasion » car je ne me souviens plus de son nom. Toujours est-il qu’elle m’invita à l’accompagner sur sa planète et que j’acceptai.
    Nous voyageâmes alors dans une sorte de fusée-navette et nous arrivâmes à l’astroport de leur planète ou tout était démesuré comme à l’américaine, décidément. Les cités, d’immenses mégapoles où une foule nombreuse déambulait dans les rues comme à Paris, New-York, Broadway, Londres, un soir de fête.
    Tout était sous contrôle avec caméras et micros partout et accessibles selon l’autorisation sur des sortes de téléphones portables, d’écrans virtuels ou des terminaux présents partout avec reconnaissance automatique de l’utilisateur. Chacun pouvait y voir et contrôler ses enfants, son chien, sa maison mais avec un accès utilisateur très rigoureux. J’essayai de regarder mais je ne pouvais voir uniquement que si quelqu’un me montrait son visuel. Dans les rues de grands panneaux lumineux où l’on pouvait voir ce qu’on voulait rien qu’en s’en approchant. Beaucoup de lumières. Tout respirait la grandeur et le luxe.
    Nous sortîmes en ville et allâmes boire un verre dans une sorte de Dancing- Boîte de nuit avec portier extérieur et portier intérieur. Le portier extérieur connaissait Évasion qui m’a semblé être une personne charismatique et réputée. Il s’aperçut immédiatement que j’étais terrien (en fait c’était facile puisque nous sommes physiquement différents) mais sans Évasion, je n’aurais jamais pu entrer. Après un couloir un deuxième portier devant l’entrée nous contrôla à nouveau. Nous pûmes entrer. Très grande salle, beaucoup de gens, beaucoup de lumières, de musique, de rires, de chants, de danse, tchin-tchin.

    Chez eux, la maison contrôle toutes les entrées. Les membres de la famille entrent et sortent à leur guise, les portes s’ouvrent et se referment automatiquement. Il n’y a pas de sonnette. Les membres de la famille extérieure entrent et sortent à leur guise mais sont annoncés par une voix synthétique. Les amis entrent et sortent mais à condition d’en avoir l’autorisation pour un jour en principe ou plusieurs jours selon leurs séjours. Les autres personnes doivent avoir pris rendez-vous pour entrer, médecins, conseillers, réparateurs, sinon les portes restent closes. Pour tout autre personne, la maison est comme un coffre-fort ; impossible d’entrer ni par les portes ni par les fenêtres. Les cambriolages n’existent pas. Quand un visiteur prévu arrive, un livreur de « pizza » (du moins quelque chose qui y ressemble) est automatiquement autorisé par la commande de « pizza », la porte s’ouvre et une voix annonce la personne.

    La maison d’Évasion était très grande, vaste entrée, porte d’entrée large et automatique, grand salon avec une grande table basse, des, enfants ados, livreurs annoncés, j’étais surpris à chaque fois de voir la porte s’ouvrir et annoncer le visiteur sans que cela semble déranger les enfants et les gens. C’était naturel.
    Nous allâmes dans les Bureaux d’Évasion où tout était contrôlé par des sortes d’ordinateurs. Je m’asseyais un moment à côté d’une secrétaire et j’essayai encore une fois de manipuler un écran, sans succès. Elle me montra ses enfants et sa maison mais moi-même n’y avais pas accès directement. Je fis une tentative de manipulation mais les contrôles restaient sévères et je ne pus rien faire. Même pour quitter l’application, si je répondais « Non, abandonner » le système me demandais pourquoi, qui j’étais, qu’est-ce que je voulais faire exactement. Le système se montrait hyper rigoureux et policier.
    J’attendais Évasion qui devait venir me rejoindre et puis, je me suis réveillé dans notre bon vieux vingt-et-unième siècle. Était-ce vraiment un rêve ou ai-je été contacté télépathiquement par des extraterrestres ? Si oui, pas de souci, ils me recontacteront et sinon, pas de souci non plus, ça m’aura quand même fait vivre une belle histoire.

    Photo de Jesse Paulk.

  • À manger !

    À manger !

    Du thon ou tant pis pour ton dos !
    Du mou ou tant pis pour ton ouïe !
    J’ai faim, donne-moi à manger,
    J’ai l’estomac dans les talons !

    Allez ! Fini de faire dodo !
    Allez ! Bouge-toi donc Louis !
    Tu vas voir comment j’vais arranger
    À coups de griffes ton salon !

    Tant qu’t’auras pas fait ton fardeau,
    Tant qu’au n’m’auras pas réjoui,
    Tant qu’tu mets mon ventre en danger,
    Je grifferai ton pantalon !

    Tableau de Yanin Alexander.

  • Pygmalion & Parangon

    Pygmalion & Parangon

    Pygmalion peignit Parangon d’une passion tant émouvante
    Qu’il en tomba fou amoureux tant l’image était captivante.
    Parangon sentit Pygmalion saisi de crainte et d’épouvante,
    Lui tendit ses bras langoureux ; elle était devenue vivante !

    Tableau de Yanin Alexander.

  • Les romans à l’eau de rose

    Les romans à l’eau de rose

    Dans les romans à l’eau de rose, la rose est le plus important,
    Dans les livres comme sur la mer, les yeux sur la rose des vents
    Pleurent avec la fille morose, rient avec l’homme réconfortant,
    Suivent la femme qui devient mère et qui attend sur son divan.

    Tableau de Yanin Alexander.

  • L’attentat à la pudeur (l’affaire des sandales)

    L’attentat à la pudeur (l’affaire des sandales)

    En attendant le train de rêve qui me ramènera chez moi,
    J’écris un mot qui me rappelle que je dois prendre mes sandales.
    L’arrivée en gare est très brève. Mais je suis toute nue, quel émoi
    Parmi tous ces gens qui appellent à la censure et au scandale !

    Tableau de Paul Delvaux.

  • L’attentat de Sarajevo

    L’attentat de Sarajevo

    Tandis qu’avance la Torpédo sur les pavés d’une ruelle,
    Un étudiant nationaliste reconnaît sitôt l’héritier.
    Ce jour-là, à Sarajevo, l’histoire bascule, cruelle,
    Et plonge, irrationaliste, dans une guerre sans pitié.

    https:fr.wikipedia.orgwikiAttentat_de_Sarajevo

    L’attentat de Sarajevo est l’assassinat perpétré le dimanche 28 juin 1914, sur l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg1, par le nationaliste serbe de Bosnie nommé Gavrilo Princip2, membre du groupe Jeune Bosnie (Mlada Bosna). Cet événement est considéré comme l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale, qui eut pour conséquence la défaite, la chute et le démembrement des Empires russe, austro-hongrois, allemand et ottoman.

  • L’amimaginaire

    Quand les nuages se déguisent de nuées chaudes et colorées,
    Je suis toujours prêt à donner la main à l’amimaginaire.
    La nébulosité aiguise toutes les cimes des forêts
    Nous allons y abandonner nos craintes sans préliminaires.

    Une fois passée la surprise devant la porte des merveilles,
    Tout comme l’amimaginaire, j’en subis la métamorphose.
    Mais qu’il n’y ait pas de méprise si j’ai des cornes qui s’éveillent,
    Ce ne sont que des luminaires pour éclairer le fond des choses.

    Après la rencontre fortuite du fruit de l’imagination,
    Je suis fleur-bleue dès le début durant la nuit métaphysique.
    Enfin, je devine la suite qui mène à la divination
    En conservant les attributs de mes antennes kinésiques.

    Tableaux d’Andy Kehoe sur https:www.chambre237.compeintures-fantastiques-de-andy-kehoe .

  • Petit à petit, femme varie

    La femme varie, paraît-il, nous apprend la géographie,
    Selon son bassin parisien ou bien méditerranéen ;
    Selon sa poitrine érectile et selon la topographie
    Du creux de son mont vénusien et son éden élyséen.

    La femme varie un peu plus si je l’embrasse du regard,
    Si je l’embrasse sur la bouche en suivant la carte du tendre
    En provoquant un stimulus sur les deux mamelons hagards
    De la caresse qui les touche pour les durcir ou les surprendre.

    La femme varie davantage, nous apprend la topologie
    Qui étudie toutes les courbes et les positions dans l’espace.
    D’autant plus que ses avantages apportent la joie au logis
    Et surtout, ne soyons pas fourbes, lorsqu’on sait s’ montrer efficace.

    Photos de Richard Rutledge et Matthieu Bordel.

  • Yoko bel œil

    Yoko bel œil

    Pour apprendre le japonais, l’œil bridé n’est pas suffisant.
    Hiragana, katakana, tout ça paraît bien compliqué !
    Approchez votre pouce au nez et l’index s’immobilisant
    Comme une tranche d’ananas et tout vous sera expliqué !

    Si vous avez les yeux vairons, faites de la calligraphie
    Pour dessiner de jolis signes noisette et bleu sur un fond noir.
    Avoir l’œil directeur marron, c’est bon pour la sérigraphie ;
    Quant à l’œil bleu, il sera digne de les graver au tamponnoir.

    Tableau de Shiori Matsumoto.

  • À l’écoute des poissons

    À l’écoute des poissons

    Elle écoute chanter les poissons dans le silence de la mer
    Comme une aveugle observerait la danse des nageoires d’or.
    Elle m’a dit qu’elle faisait moisson de tous ces bonheurs éphémères
    Qui passent et se réserveraient à son cœur tandis qu’elle dort.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le sphynx

    Le sphynx

    Au temps des anciens égyptiens, le Sphynx, une grande femme nue,
    Attirait tous les vacanciers à la piscine des pyramides.
    Or, par vengeance, un magicien fit l’incantation saugrenue
    Qui, d’un coup de maître faïencier, en fit un chat qui intimide.

    Tableau d’Eugenia Loli sur https:www.boumbang.comeugenia-loli .

  • Couper les cheveux en quatre

    Couper les cheveux en quatre

    Après la coupe énergétique quand le rasoir dresse le poil
    Pour laisser celui-ci se rabattre sur le crâne excité en feu,
    Voici la coupe dichotomique quand le peigne découpe en étoile
    Le visage en deux puis, en quatre comme le rasoir aux cheveux.

    Tableau d’Eugenia Loli sur https:www.boumbang.comeugenia-loli .

  • La transmission du phénix

    Quand la gardienne des phénix couvait l’œuf sorti de ses cendres,
    Elle savait, bien entendu, combien de temps il faut attendre.
    Pour un plumage couleur d’onyx, le sablier doit redescendre
    Mais souvent la teinte attendue est une essence de scolopendre.

    Quand la gardienne de l’œuf rouge a réussi sa mutation,
    Elle est heureuse car elle sait que le phénix sera royal.
    Elle ressent, tandis qu’il bouge au gré de ses supputations,
    Si l’oiseau aura du succès ou un avenir déloyal.

    Tableaux de Leonor Fini.

  • Les passages entre deux mondes

    Le temps me referme ses portes mais sans moyen de les rouvrir
    Sinon, regardant en arrière, j’y verrais ce qu’il faut refaire.
    Mais le chronomètre m’emporte vers le présent pour y souffrir,
    Pour y poursuivre une carrière, pour réaliser des affaires.

    L’amour est le passe-partout qui ouvre toutes les serrures
    Vers le passé, vers l’avenir, vers le présent et vers la mort.
    Quand j’ai aimé, j’ai vu surtout la vie sous de belles parures,
    Et la femme de mes souvenirs et qui m’embrasse et qui me mord.

    Tableaux de Leonor Fini.

  • Les amours d’été

    Les amours d’été

    Les amours d’été hypnotiques troublent de façon romantique
    Par le regard incandescent des plus beaux yeux luminescents
    Et les seins nus qui se dandinent comme canaille gourgandine.
    Ah, laissez-moi, comme il se doit, les toucher du bout de mes doigts !

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Faites de la musique !

    Faites de la musique !

    Bien sûr, il n’y a pas qu’en été que nous jouons de la musique
    Mais le goût des fêtes votives donne un sens à nos festivals.
    Alors vive le ton répété de nos jolis bals nostalgiques
    Et leurs rythmes qui nous motivent avec leurs danses estivales.

    Photo de Anil Saxena.

  • Les danses de l’été

    Les danses de l’été

    Vivent les danses de l’été qui font valser les mamelons !
    Vivent les seins nus prohibés par ceux qui n’y ont pas goûté !
    Secouez maracas étêtés et les seins ronds comme des melons
    Dont les boutons sont imbibés de perles de lait égouttées !

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Les soirées d’été

    Les soirées d’été

    Après les heures de chaleur, vivent les heures de fraîcheur
    Avec les dames court vêtues qui nous exposent leurs vitrines.
    Qu’y a-t-il de plus de valeur que ces jolis seins accrocheurs
    Qui font paraître dévêtues ou presque les jolies poitrines.

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Vive l’été !

    Vive l’été !

    Vivent l’été et les tétés qui rayonnent sur les balcons
    Des jolis jardinières en fleurs et des lavandes en boutons !
    Vivent les roses de l’été, oublié le printemps abscons
    Avec ses averses et ses pleurs d’orages que nous redoutons !

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Le jour où la lune se miella

    Le jour où la lune se miella

    Le jour du solstice d’été où la nuit sera la plus courte,
    La lune se décorera d’un or limpide comme miel.
    Or si le soleil est fêté, la lune rentre dans sa yourte
    Car elle aussi honorera cette date cérémonielle.

    Photo de Simon Kaempfer.

  • Le chœur des canaris orange

    Le chœur des canaris orange

    Le chœur des canaris orange commence sa tournée d’été
    Dès que, lundi, se détermine la fin de la saison des pluies.
    Après la pandémie étrange – non mais quel printemps ça a été ! –
    Il était temps que se termine ce satané grain de folie !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Solstice

    Solstice d’hiver ou d’été ? Cela dépend de l’hémisphère
    Mais tout cela revient au même : le soleil au point culminant.
    Les animaux peu hébétés par cette affaire dans l’atmosphère
    Émettent une aura sans dilemme dans le silence illuminant.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • À ses sœurs – 2

    La quatrième, par accident, me surprit car j’étais absent.
    Je n’ai jamais su si le père était le même que ses sœurs.
    Je me suis dit qu’en s’oxydant, un spermatozoïde adjacent
    Avait dû perdre ses repères et suivre ses prédécesseurs.

    La cinquième, là j’en suis sûr, était mon sang, Dieu m’en préserve.
    Elle était le portrait craché de sa mère mais avec mes yeux.
    Du moins c’est elle qui me l’assure et je l’accepte sans réserve
    Car j’y suis tellement attaché que réfuter serait odieux.

    La sixième resta la dernière, je commençais à m’épuiser
    À bâtir de nouvelles chambres et des meubles plus que de raison.
    Elle était un peu chicanière et d’une ardeur inépuisée.
    On l’a mariée en décembre et c’est Noël à la maison.

    Tableaux de Alyona Kosulnikova.

  • À ses sœurs – 1

    La première fille qui m’a marqué n’est pas celle que vous croyez
    Mais cette poupée minuscule, fruit des amours de ma jeunesse.
    Puis, la vie nous a embarqués et nous nous sommes octroyés
    De répéter au crépuscule le même échange de promesses.

    La deuxième naquit en couchette, train de nuit de l’Orient-Express.
    C’était, je crois, un premier mai car elle embaumait le muguet.
    Je l’aurais appelée « Clochette » mais c’était le nom de ma maîtresse
    Et j’ai préféré la nommer d’un prénom bien moins divulgué.

    La troisième arriva à terme dans un vieux quartier de Marseille
    Qui offrait la vue sur le port et sur la Porte de l’Orient.
    Ses cheveux et son épiderme très mat lui allaient à merveille
    Elle en reçut de bons rapports et des visages souriants.

    Tableaux de Alyona Kosulnikova.

  • Chat qui lit, chat qui rit

    Chat va, chat vient avec le temps que je passe à chercher mon chat
    Maintenant qu’il sait remonter chez la voisine de balcon.
    Mais j’ n’ai pas perdu pour autant mon temps de poète pacha
    Qui me permet de raconter ses faits et gestes les plus abscons.

    Chat-lut, Chat-va ? Dès le matin, le minet me tire du lit
    Pour lui apporter sa pitance – et de la première fraîcheur ! –
    Je quitte mes draps de satin pour calmer sa mélancolie ;
    Le soir je bois en pénitence du vin de messe pour le pécheur.

    (Le temps passé avec les livres et les chats n’est jamais perdu.
    C’est ce que je fais ; je bois du vin et je connais des choses.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le retour de Cherch’Midi

    Cherche-Midi est revenu ; il avait dû trouver refuge
    Sur le sofa d’une voisine et dormir toute la journée.
    Après sa fugue saugrenue, je ne sais par quel subterfuge,
    Il est rentré dans la cuisine ; il avait faim de sa tournée.

    Illustration de Philippe Geluck.

  • Evidences

    Evidences

    Les chaises ont quatre pieds, c’est pour poser par terre (Boileau).
    Les femmes ont quatre membres, pour s’envoyer en l’air.
    Les filles, comme il leur sied, cachent bien des mystères ;
    Les femmes, dans leur chambre, savent comment nous plaire.

    Illustration de Lou Shabner.

  • La fugue de Cherch’Midi

    De son balcon, Cherche-Midi observait les canards sauvages
    Et les promeneurs qu’accompagnent leurs compagnons de race canine.
    Toujours est-il, c’est c’ qu’on s’est dit, qu’il a dû plier ses bagages
    Puis, s’est enfui dans la montagne à la recherche d’ ses origines.

    Illustration de Philippe Geluck.

  • Le petit peuple des forêts

    Le petit peuple des forêts

    Le petit peuple des forêts dépose souvent ses offrandes
    Sur une souche protégée dans le bois du chemin des loups.
    J’avais moi-même décoré d’escargots au sel de Guérande
    Que deux chiens blancs ont cortégés pour ne pas faire de jaloux.

    Dans le Wolfstrasse – le chemin des loups – de la forêt d’Eschenberg, il y a une souche sur laquelle au fil des mois et des années des petits lutins déposent des petits sujets notamment les petits canards qui n’étaient pas là le mois dernier.

  • M. Cherch’midi

    M. Cherch’midi

    Si la nuit tous les chats sont gris, le mien vers trois heures s’écrie :
    « Tout le monde debout là-dedans ! J’ai faim et rien à me mettre sous la dent ! »
    Après, il griffe le sofa alors ça suffit comme ça !
    Ô Dieu des chats, protégez-nous des cris de cet odieux minou !

    Une amie nous a donné ce chat qui s’appelle « Schmidi » et nous essayons de le franciser en « Cher Schmidi » et ça donne « Cherch’midi ».

  • Je t’aime, moi non plus V6.17

    Je t’aime, moi non plus V6.17

    Je t’aime sur mon iPhone, moi aussi sur iPad,
    Je te hais sur Samsung, je te quitte sur Nokia.
    Fais-moi rêver Sony, c’est LG qui l’a fait,
    Je m’appelle Ericsson et moi c’est BlackBerry.

    Je t’aime en SMS et par messagerie ;
    Pour ton anniversaire je t’envoie un courriel.
    Tu n’ m’envoies plus de Poke et plus de commentaires ?
    Je te quitte face de bouc jusqu’à ta prochaine version !

    Illustration de Daniel Garcia.

  • Le puzzle de la vie

    Le puzzle de la vie

    Chaque jour apporte une pièce au puzzle qui me constitue.
    Il était marqué sur la boîte : quatre-vingt-dix ans de patience.
    Tout nouvel élément acquiesce qu’au final l’œuvre restitue
    La véritable femme adéquate ou l’homme suivant sa conscience.

    Illustration de Daniel Garcia.

  • L’Amante inquiète

    L’Amante inquiète

    Il venait lui rendre visite seulement toujours à l’improviste ;
    Il la maintenait aux abois, soumise au gré de ses saillies.
    Il fallait que rien ne parasite ses appétences récidivistes
    Jusqu’à ce qu’un jour, au fond des bois, elle jugea que l’homme faillit.

    Tableau de Jean-Antoine Watteau.

  • Voltaïde

    Il était riche, elle était belle, lui son amant, elle sa maîtresse ;
    Elle jouait les stars à la mode, lui un député triomphant ;
    Lui, vieux soixante-huitard rebelle, elle avait besoin de tendresse ;
    Avant que l’amour se démode, elle voulut lui faire un enfant.

    Elle était belle, il était riche, il a dit « non », elle a dit « oui » ;
    C’étaient tous deux des égarés d’un univers de mascarade.
    En amour quand l’un des deux triche, l’une simule et l’autre jouit ;
    Mais l’enfant les a séparés et eux, sont restés camarades.

    Tableau de Pablo Picasso.

  • Une autre dimension

    Une autre dimension

    Quand je me plonge dans un livre ou que je parcours une image,
    La page se met en relief entre les détails et les mots.
    Puis, derrière, quelqu’un me délivre une prédiction ou un message
    Comme un double, qui aurait des griefs, les transmettrait à son jumeau.

    Sculpture de Pam Langdon.

  • L’aube du lundi

    L’aube du lundi

    Lorsque le ciel se déchire après une nuit d’orage
    Et que le soleil transperce les fenêtres des maisons,
    Les rayons viennent fléchir la nuit qui s’enfuit de rage
    Loin de l’aube qui disperse ses regrets à l’horizon.

    Tableau d’Igor Goncharov.

  • Le chat fantôme

    Le chat fantôme

    Lorsque je verrai le fantôme d’un chat qui a vécu neuf fois,
    Peut-être aurai-je aussi vécu quelques existences avec lui ?
    Le mien en porte les symptômes car il fait sa crise de foi
    En pensant qu’il m’a survécu quarante jours quarante nuits.

    Tableau de Andrew Ferez, alias 25kartinok sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016091534325116.html .

  • Petit déjeuner matutinal

    À cinq heures, il m’a réveillé quand l’aube perçait les ténèbres ;
    Il m’a guidé vers la cuisine, toutes les gamelles étaient vides.
    D’un apéritif de croquettes, un peu de viande en mise en bouche
    Et une soupe de poisson avec une boîte de thon.

    Alors il s’est émerveillé que l’aube ne soit pas funèbre
    Mais l’occasion plutôt voisine de montrer l’appétit avide.
    Moi, endormi sur la moquette, lui affamé, pas très farouche ;
    Je n’ai pas troublé sa boisson et suis rentré sous l’édredon.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev.

  • Le jardin des délices

    Comme toute œuvre sur la Terre, une naissance, pure merveille,
    Représente un bonheur comblé et un avenir plein d’espoir.
    Chacun se ressent solidaire de ces enfants qui s’émerveillent
    De tout un monde rassemblé pour offrir de belles histoires.

    Mais dès qu’on atteint les limites de ce qu’on pensait infini,
    On est déçu et on comprend que la vie cache une obsession.
    Celle que l’argent délimite avec des abus impunis
    Et finalement on apprend le pouvoir de la possession.

    Mais tout ce que j’aurai acquis en richesses et en matériel
    Appartient aux mêmes racines que la mort qui m’engloutira.
    Si mon âme prend le maquis dans l’au-delà immatériel,
    Le fruit pesant de mes rapines peut-être alors m’alourdira.

    Tableau de Jérôme Bosch.

  • Tisseuse de charme

    Toute menue, toute ténue, on l’a laissée sur son rocher ;
    Sans doute un marin difficile, déçu de son anorexie.
    En queue de poisson, toute nue, personne n’osait l’approcher
    À part un oiseau imbécile qui gazouillait des inepties.

    Et comme l’oiseau fit son nid, il paya en guise de loyer
    Un œuf qu’elle mangea à la coque tous les matins au déjeuner.
    Et c’est ainsi qu’en harmonie sa poitrine s’est déployée
    Et désormais nul ne se moque de la valeur de ses nénés.

    Elle a délaissé les marins pour la culture d’huîtres perlières
    Et vit toujours sur son rocher devenu une principauté.
    Elle est mariée au souverain qui a fait d’elle sa régulière
    Et depuis on peut s’accrocher pour la voir son soutif ôter.

    Tableaux de Christian Schloe.

  • Le phare du Petit Minou

    Le phare du Petit Minou

    Le chat « Minuit » – tel est son nom lorsqu’il est venu parmi nous –
    Chaque fois que le temps est gris, prend le chemin garibaldien.
    Il sait un endroit de renom, le « Phare du Petit Minou »
    Dont son grand-père Mistigri en était le chat du gardien.

    (Photo de Mathieu Rivrin sur www.mathieurivrin.com
    Notre nouveau chat, « Minuit » vous souhaite la bienvenue.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les dieux hilares

    Fils de Mercure et de Lara, les dieux se sont réincarnés
    Dans nos animaux domestiques pour protéger notre foyer.
    Ainsi le chien sans embarras veille de façon acharnée
    Sur notre vie qui pronostique ce que la chance a envoyé.

    On leur consacre à la maison le gîte et les bons protocoles ;
    Une nourriture de choix, bienséante aux meilleurs hôtels.
    Ainsi l’oie a toujours raison de défendre son capitole ;
    Parfois même le chat échoit à partager le digne autel.

    (Tableaux de Michael Sowa.
    Les « Lares » sont des divinités romaines liées au domicile et appelés à protéger les êtres humains.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le croquemitaine en a marre !

    Le croquemitaine en a marre !

    Le croquemitaine en a marre d’être toujours le cauchemar
    Des mères poules attentionnées à l’amour surdimensionné.
    Il a installé dans la mare de quoi échauder les homards
    Et compte manger la chair fraîche de tous ces baigneurs à la crèche.

    Tableau de Michael Sowa.

  • Les nouvelles histoires de Patte-en-rond

    Les nouvelles histoires de Patte-en-rond

    Bien qu’il ait vaincu le vertige et grimpe aux arbres centenaires,
    Patte-en-rond se sent agressé lorsque l’amour est empressé.
    Avec tous ces bras qui voltigent, sa queue s’ dresse en paratonnerre
    Et balaie d’un air oppressé ces sentiments trop caressés.

    Tableau de Galina Y. Chuvilyaeva.

  • Pattes blanches et la laine fraîche

    Pattes blanches et la laine fraîche

    Franchement on aura tout vu ! Maintenant les chats s’font bergers !
    Il élèvent leurs propres moutons et substituent à leur fourrure
    La laine fraîchement tondue. Comment ont-ils pu gamberger ?
    Qui a donc pressé le bouton pour une pareille déchirure ?

    Tableau de Nadya Sokolova.

  • L’anniversaire et les minets

    L’anniversaire et les minets

    Minette et moi aurions fêté notre anniversaire de mariage
    Dans le beau pays des souris mais il y avait un embargo :
    Un virus nous a affecté et compromis notre voyage
    Lors dans un vieux rafiot pourri, nous sommes partis en cargo.

    Mais les souris nous ont déçus ; trop nombreuses et trop empressées ;
    Les hôtels sont des souricières et les chambres des tapettes à rat ;
    Les litières encore moins cossues et de la bouffe à engraisser !
    Finalement, par une chatière, nous nous sommes sortis d’embarras.

    Tableau de Nadya Sokolova.

  • L’oracle de Delphes

    L’oracle de Delphes

    Dès que s’ouvre l’œil de la lune quand le soleil sort en coulisses,
    La pâleur dessine une image dans le miroir de l’avenir.
    Couverte de fleurs de callunes, de roses et de myosotis,
    Phœbé dans son plus beau ramage vous chante votre devenir.

    Tableau de Mollie Kellogg.

  • L’aura de lumière

    Ce rayonnement magnétique émane du cœur et de l’âme ;
    L’anti-corps et l’anti-esprit qui ne font pas partie du monde.
    Car cette aura hypothétique paraît comme un halo de flammes
    Et qui ne peut qu’être surpris seulement une fraction de seconde.

    Parfois bleutée, parfois dorée ou argentée selon l’amour
    Qui fuse autour du corps astral pour s’unir à d’autres entités.
    Inutile de subodorer ou tenter de percer à jour
    Ce phénomène magistral, l’aura n’a point d’identité.

    Tableaux de Vincent Xeus.

  • La chatte à Pierrot

    La chatte à Pierrot

    L’ami Pierrot et sa féline écrivent ensemble au clair de lune
    Dont quelques rayons se chevauchent avec la bougie à moitié.
    Du coup les rimes orphelines s’accordent à la bonne fortune ;
    Le poème en est un peu gauche mais il s’en fout, il est droitier.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev.

  • L’anniversaire de ma minette

    Pour les treize ans de ma minette – ou un peu plus, faisons les fous –
    J’offre l’apéritif sucré-salé au bon lait de souris.
    Je lui en pose la devinette, cependant elle s’en contrefout
    Car l’ivresse des ans est sacrée, c’ n’est pas tous les jours qu’on sourit.

    Bien sûr tout est exagéré ! En réalité, elle (re)pose
    Comme une déesse d’amour qui peint mais jamais ne se plaint.
    Quant à moi, je n’ai qu’à gérer tous les festins qu’elle propose
    Afin de vivre avec humour du moment que son verre est plein.

    Tableaux de Vladimir Rumyantsev.