Catégorie : 2020

  • Les mauvaises humeurs du lion Némo

    Les mauvaises humeurs du lion Némo

    Quand il rigole, tout le monde rit. Quand il sanglote, tout le monde pleure.
    Il faut se faire une raison, le lion a toujours raison.
    S’il joue au chat et à la souris, s’il sème partout pièges et leurres,
    C’est pour montrer qu’en toute saison, il reste maître en sa maison.

    Photo de Marcel Siebert.

  • Chacun son lion, sa lionne

    Chacun son lion, sa lionne

    J’ n’ai pas eu à choisir mon père, il était du signe du lion ;
    Ma mère était, heureusement, capricorne mais surtout sa bonne.
    Si vous êtes comme moi, j’espère ; évitez ce genre de trublion
    Trouvez-vous, amoureusement, une femme qui ne soit pas lionne.

    Tableau de Jahar Dasgupta.

  • Le cœur

    Le cœur, c’est un grand pot de fleur mais de fleurs qui poussent d’amour ;
    Le cœur, c’est comme un coffre-fort qui renferme tous vos trésors ;
    Le cœur, il se remplit de pleurs mais pour les changer en humour ;
    Le cœur, l’organe le plus fort qui sait donner tout son essor.

    Le cœur, c’est un carnet d’amis qui vous aident à chaque problème ;
    Le cœur, c’est un sac à malice où l’on dépose ses baisers ;
    Le cœur, subit un tsunami quand un autre lui dit qu’il l’aime ;
    Le cœur, c’est lui, le Saint Calice porté à vos lèvres braisées.

    Illustrations de Aitch Heliana.

  • Le grand départ

    Lorsqu’elle décidera de partir, que mettrai-je dans ses valises ?
    Alain Barrière et Crèvecœur ? Sans oublier les écouteurs !
    Les vieilles photos à répartir entre ses voyages à Venise,
    Et ses tableaux accroche-cœurs ? Sans oublier ses droits d’auteur !

    Ne cherchez pas de concession ou une place au cimetière !
    Elle veut être incinérée, ses cendres dispersées au vent.
    Il n’y aura ni procession, ni héritiers, ni héritières,
    Puisque ses œuvres énumérés auront brillé de son vivant.

    Illustrations de Aitch Heliana.

  • Tigres bleus ou classiques ?

    Les tigres bleus chauffent bien mieux dans le moteur
    Quand ils sont deux acrimonieux et radoteurs.
    Mais si je l’ dis, je serai jeudi traité de fou
    Et puis lundi ou vendredi on m’tordra l’cou.

    Restons classiques et authentiques avec les tigres.
    Soyons pratiques et pacifiques, laissons les libres.
    La prochaine fois, j’parlerai ma foi, du Lion Némo
    Puisqu’il est roi, du moins je crois, des animaux.

    Tableaux de Gabriel Alix.

  • La jungle en folie

    « Trop souvent la cacophonie de cette jungle m’exaspère
    Et je sais bien que l’empathie devrait me rendre tolérant !
    Comme aux anciennes colonies quand, dans les rues, on vitupère
    À propos d’os et d’abattis à Tombouctou ou Téhéran ! »

    Ainsi vociférait d’ son balcon mon voisin dont j’ tairai le nom
    De peur de nous voir rappliquer tous les animaux en colère.
    Je suis d’accord, c’est un sale con et, pour ma part, je n’ dis pas non
    À venir un jour m’expliquer avec la faune protocolaire.

    Tableaux de Jahar Dasgupta et Laurel Burch.

  • La création de la femme

    La critique est aisée mais l’art est difficile.
    La création d’ la femme en est une gageure.
    Car Dieu s’est fait baiser, ce n’est pas si facile ;
    Les essais sont infâmes et le résultat jure.

    Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage.
    Après avoir raté la première Lilith,
    Dieu s’est pris d’amitié à sauver son naufrage
    Mais il a piraté les dieux grecs plus stylistes.

    Finalement ce fut Ève qui connut le succès
    Mais ce qu’on ne dit pas : « où sont passées les autres ? »
    Avant que l’heure s’achève je vous donne l’accès :
    L’une a fait un faux pas, l’autre s’est faite apôtre.

    Photos de Uldus Bakhtiozina sur https:www.vogue.itenphotovogueportfolio?id=227&md_photographer_id=227&md_pageIndex=0&md_page=0&md_pid=508264 .

  • Trois pages de romance

    Cette histoire commence au début du chapitre.
    Ignorez la préface – souvent trop de délire –
    Trois pages de romance – c’est écrit dans le titre –
    Que voulez-vous qu’on fasse ? On continue à lire.

    Déjà en page Une, la lecture s’égare ;
    On n’a pas tout compris, on relit plusieurs fois ;
    On décroche la lune dans les romans de gare,
    C’est bon pour les esprits des écrits d’autrefois.

    Et puis on fait l’amour ou presqu’à chaque page ;
    Et puis on s’assassine ou presqu’à chaque tome ;
    Et puis passent les jours là-haut dans les alpages ;
    On y a pris racine après le post-scriptum.

    Illustrations de Quint Buchholz.

  • On est tous là pour défiler !

    On est tous là pour défiler !

    Boris Vian n’est pas très content ; il n’a pas vu le défilé.
    L’état n’est pas trop mécontent, il n’aperçoit plus les gilets.
    Comment peut-on manifester sans gêner le gouvernement
    Quand on veut lui admonester tout notre mécontentement ?

    Marcher masqués ? La bonne idée ! Avec casques et boucliers
    Personne ne pourrait décider qui est flic ou fou à lier !
    Même en burqa ! Et pourquoi pas ? Hommes et femmes tous pareils
    Ou bien tous nus et sans tracas et dans le plus simple appareil !

    Collage de Johanna Goodman.

  • Bon voyage !

    Bon voyage !

    Hésitez-vous entre la mer et la montagne ?
    Souhaiteriez-vous une évasion dans la campagne ?
    Prenez l’avion, prenez le train, nous on s’en fout !
    Vous êtes ailleurs, si bien qu’ici, on fait les fous !

    N’hésitez pas à goûter à la quarantaine
    Si le virus vous tombe dessus dans la quinzaine.
    Profitez bien des hôpitaux sous équipés ;
    Vous aurez droit à une mort anticipée.

    Collage de Johanna Goodman.

  • La vallée de charme – 2

    La vallée de charme - 2

    L’autre chemin n’est pas sur Terre, seulement son portail fermé
    Qui ne s’ouvrira sous vos pieds que si vous êtes déshabillés.
    Plongez dans l’eau élémentaire de la rivière transformée
    En cascade faisant marchepied entre deux arbres entortillés.

    Le retour paraît impossible car la route empruntée s’efface,
    Gommée au fur et à mesure que vous montez au paradis.
    De grâce, restez impassibles, surtout ne perdez pas la face ;
    Tôt ou tard s’ouvre une embrasure ; n’en faites pas une maladie.

    Bienvenue dans l’hypothétique – où les morts sont encore en vie –
    Île de l’univers invisible dans une bulle imaginaire.
    J’y ai vécu de pathétiques jours avec les âmes ravies
    Jusqu’au retour imprévisible mais qui demeure secondaire.

    Tableau de Neil Simone.

  • La vallée de charme – 1

    La vallée de charme - 1

    Il existe encore des chemins qui s’évanouissent à la frontière
    De ces mondes au-delà des rêves que personne ne peut découvrir.
    Absents de tous les parchemins, inconnus des cartes routières,
    Parfois dans une minute brève, une porte pourrait s’ouvrir.

    J’en connais deux ou trois peut-être dans ces sentiers vers nulle-part
    Que j’ai ouvert par accident ou qui se sont entrouverts pour moi.
    Entre deux chênes ou deux hêtres, les ronces forment un rempart
    Qui s’écarte sans incident pourvu qu’un de mes yeux larmoient.

    La lumière à travers les larmes me fournit la clef pour entrer
    Ou plutôt m’annonce à l’oracle que je désire consulter.
    Au-delà la vallée de charme, sur la montagne excentrée,
    J’y ai découvert par miracle la reine sans difficulté.

    Tableau de Neil Simone.

  • Le syndrome de Magritte

    J’ai le syndrome de Magritte ; je n’ sais plus si ce que j’écris
    Est plus vrai qu’ la réalité ou plus faux que tous les mensonges.
    Pareil au serpent hypocrite qui se mord la queue sans un cri
    De peur que sa virtualité devienne une histoire à rallonge.

    Quand je relis, un an après, deux ou trois ans ou davantage,
    Mes petites circonlocutions, je pourrais presque m’y tromper.
    Mais si je regarde de près, je n’y vois point d’escamotage ;
    L’eau trouble reste sans solution et je n’ai plus qu’à la pomper.

    Tableaux de Neil Simone.

  • Son quota d’histoires

    Derrière le rideau de nuit, le paysage paradoxal
    D’un ciel d’azur au bleu de rose pour des rêves contradictoires
    Afin de pomper de l’ennui les oreillettes abyssales
    De mon cœur qui devient morose s’il n’a pas son quota d’histoires.

    Alors laissons notre théâtre s’ouvrir sur un monde meilleur
    La tête dans les nuages épars sur un océan de quiétude.
    L’esprit, grandiose et bellâtre, regardera sans doute ailleurs ;
    Le cœur, déjà sur le départ, saura goûter sa complétude.

    Tableaux de Rafal Olbinski.

  • Cherche-Midi braconnier

    Cherche-Midi braconnier

    Tandis que j’écrivais ces lignes, Cherche-Midi est repassé
    Plusieurs fois avec ses échasses, un filet, une cage dorée.
    Je crois que la bête maligne a décidé d’outrepasser
    La fin de la saison de chasse et va braconner en forêt.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev.

  • Fin de partie

    Le Roi reste roi, vive le roi ! Mais qu’advient-il des autres pièces ?
    La reine est vite répudiée et remplacée par sa rivale ;
    Les pions demeurent pions, je crois, s’ils ne sont pas morts de vieillesse ;
    Le fou qui a étudié devient historien médiéval.

    L’autre fou de Dieu, ce gros évêque, prend la place du roi déchu
    Et fait repartir en croisade les tours qui sont restées fidèles.
    Après quelques prises de bec, on s’aperçoit que c’est fichu ;
    En effet, c’est Shéhérazade, la maîtresse de la citadelle.

    Tableaux de Paul Jonkers.

  • Alerte au coronavirus – 2

    Alerte au coronavirus - 2

    Il a été créé par l’homme pour lutter contr’ la grippe aviaire
    Mais, dès le début, ça a foiré quand les martiens ont débarqué.
    D’abord, on crût à un myélome mais on s’aperçut qu’en Bavière
    Les vaches qui s’étaient enfoirées avaient mordu ces détraqués.

    Toute information complotiste est authentiquement et rigoureusement fausse.

  • Alerte au coronavirus – 1

    Alerte au coronavirus - 1

    On nous avait bien avertis qu’il y aurait un’ deuxième vague
    Mais ce qu’on n’avait pas compris c’est qu’elle arriverait sur les plages.
    Les vénusiens extravertis et les martiens fous qui divaguent
    Ont décidé, pour le même prix, de nous envahir les rivages.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Chacun sur son monde perçu – 2

    Chacun sur son monde perçu - 2

    Par mes yeux d’homme, je vois le monde ; un’ femme le verra autrement ;
    Mon chat le voit de la toiture et les oiseaux depuis l’azur.
    Toutes ces visions vagabondes, chacune prise séparément,
    Donneraient au cercle sa quadrature si elles fusionnaient d’aventure.

    Illustration de Kyle T. Webster.

  • Ma forêt intérieure – 2

    Ma forêt intérieure - 2

    Je passe d’une année à l’autre comme dans la pièce d’à côté
    Avec toujours le même décor, les mêmes noëls brillantés.
    Je ne pourrais faire l’apôtre d’une vie tarabiscotée
    Car c’est la même qui encore revient m’apprendre à patienter.

    Photo de Suzanne Moxhay.

  • Les femmes qui marchent – 3

    Les femmes qui marchent - 3

    Moi qui suis le dernier représentant qui marche
    De l’espèce des mâles en train de disparaître,
    Je n’ peux pas le nier j’aimerais être patriarche
    Auprès des animales qui me voudraient pour maître.

    Illustration de Renn Qin.

  • Les colères de Cherche-Midi

    Les colères de Cherche-Midi

    Je n’sais pourquoi, quelle misère, Cherche-Midi est en colère
    Depuis que je l’ai emmené consulter la vétérinaire.
    Depuis il souffle, il vocifère d’une mine patibulaire
    Dès qu’il me voit pointer mon nez malgré mon aspect débonnaire.

    Il a le blues évidemment et je le verrais bien clamer
    Ses griefs, la guitare à la patte, pour les chanter dans le quartier.
    Si par hasard, ses miaulements étaient, dès demain, acclamés,
    J’espère que la critique ingrate décriera le matou altier.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev.

  • Les femmes qui marchent – 2

    Les individuelles portent un vanity-case,
    Les jolies secrétaires, un nouveau sac à main.
    Les intellectuelles arborent l’attaché-case
    Et les femmes artistes leurs dessins en sous-main.

    Les sportives ne marchent déjà plus, elles roulent
    À vélo, en Roller ou en planche à roulette.
    Il faut aller plus vite, il faut qu’elles déboulent ;
    L’avenir est en marche, faut pas faire de boulette.

    L’appétit vient souvent tout à coup en marchant
    On s’arrête au drugstore ou bien au restaurant.
    Tout dépend si elles sont dans un centre marchand
    Ou dans les petits villages à l’air revigorant.

    Il faut boire surtout des boissons énergétiques,
    Bien surveiller sa ligne mais se faire plaisir ;
    Et toute la semaine, des menus diététiques
    Le week-end on verra, c’est selon les désirs.

    Illustrations de Renn Qin.

  • Les femmes qui marchent – 1

    Depuis longtemps déjà plus personne ne marche ;
    Quelques femmes encore en perpétuent l’usage.
    Pour comprendre il faudrait observer leurs démarches,
    Pour l’entendre il faudrait un radio-balisage.

    Il en est déjà passé des femmes de toutes sortes,
    En jupe, en pantalon, ou en drôles de robes.
    On les voit apparaître soudain devant la porte
    Puis soudain disparaître, une ombre les dérobe.

    Soit chaussées de bottines, soit droites dans leur bottes,
    Avec talon aiguille ou talon compensé.
    À petits pas chassés, on les voit qui barbotent
    Sous les gouttes de pluie puis, se mettent à danser.

    Elles paraissent affairées, elles font mille choses
    Soit un enfant au bras ou soit un téléphone.
    Puis au coin de la rue, elles se métamorphosent
    Devant une vitrine ou un bel anglophone.

    Illustrations de Renn Qin.

  • À la plume des flamants bicolores

    À la plume des flamants bicolores

    J’ai ajouté une couleur aux reflets de ma plume rose
    Avec un flamant blanc-nacré pour pigmenter les mots de l’âme.
    J’exprime bien mieux les douleurs qu’a supportées mon cœur morose
    Et l’esprit rejoint le sacré de la déité de sa flamme.

    Tableau de Alexander Sigov.

  • Matou malin

    Cherche-Midi, matou malin, s’intéresse de peu aux oiseaux ;
    Je l’ai vu prendre ce matin le chemin qui mène aux roseaux.
    En échange de trois câlins, il m’a emprunté mes ciseaux
    Et m’a tenu un baratin pour me présenter son réseau :

    Des petites maisons tressées comme abris pour les volatiles
    Qu’il va planter sur notre toit car la technique est difficile.
    Ensuite, le voilà dressé avec un filet contractile
    Pour attraper, d’un air matois, ceux qui feront un’ proie facile.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev.

  • La couturière

    La couturière

    Elle s’est tissée un’ deuxième peau, elle porte des talons aiguilles
    Et sur sa drôle de bobine, un chapeau à mètre-ruban.
    Elle a tressé, bien à propos, autour des joues en bas résille,
    Une fermeture coquine où elle range ses turbans.

    Photo de Gary Dorsey et collage d’Austin Fashion sur https:www.behance.netgallery450865Austin-Fashion-Week-2010 .

  • Sous la burqa la plage

    Mystère sous l’austère habit qui cache son jardin secret.
    Qui saura donc déverrouiller ce virginal coffre à bijoux ?
    Mais s’il est du même acabit que le saint calice sacré,
    Alors la clef n’a pas rouillé car son propriétaire en joue.

    Tableau de Léon Samoilovitch Bakst.

  • L’homo sine dolor

    La portée du confinement, sur des vacances un peu forcées,
    Fait évoluer l’homo sapiens au consommateur de loisirs.
    La loi de l’emmagasinement par internet est renforcée
    Et il passe une vie de prince selon ses moindres désirs.

    Tableau de Georges Seurat.

  • Cherche-Minuit

    Cherche-Minuit

    La nuit, lorsque mon chat a faim, il vient miauler jusqu’à mon lit.
    Or, à deux heures du matin, il est venu me réveiller.
    Je l’ai suivi dans la cuisine, mais non, le bougre a obliqué
    Vers le balcon pour me montrer et partager l’événement.

    C’était la lune en plein quartier qu’il m’expliqua d’un miaulement
    Qui signifiait que désormais, j’étais devenu son ami.
    Après l’avoir remercié, il est rentré mais sans manger ;
    Nous avons regagné nos chambres, lui dans son lit, moi dans le mien.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Gare au Goya !

    Demain la technique saura comment rhabiller tous les nus
    Demain la censure pourra aux ronds-points et aux avenues,
    Gommer les seins, barrer les culs, flouter les sexes de tous poils,
    Prêcher la honte aux convaincus qui tiennent les cordons du poêle.

    On enlèvera les cigarettes, la pipe au bec des comédiens,
    On changera tous les gros mots par du politiquement correct.
    Dans les romans, chaque amourette sera chaperonnée par un gardien
    Des mœurs et enfin les homos seront neutralisés direct.

    Tableaux de Francisco Goya.

  • Les chats autour du monde

    Les chats siamois, de Thaïlande ou sylves sauvages de Norvège,
    Avec les roux, les noirs, les blancs et les chats tigrés de gouttière,
    Toutes les nuits nous enguirlandent pour bouffer, sortir ou que sais-je
    Tant et si bien qu’il est troublant qu’ils n’aient, eux, aucune frontière.

    Le gros Maine Coon vient d’Amérique, le pays de la démesure
    Et le chat nu viendrait de Chine – à moins qu’ ce n’ soit du Canada –
    Toujours est-il qu’apriorique que soit le chat contre nature,
    Il pèse et nous courbe l’échine et jusqu’au bout nous rend fadas.

    Tableaux de Ryan Conners.

  • Un ange est né

    Un ange est né

    Comme quoi, les prières du soir ne sont pas tombées dans l’oubli
    Car un ange a pris la commande de la descendante de Marie.
    Comme il ne pouvait plus surseoir à ce qu’elle soit rétablie,
    Son père accepta sa demande et lui accorda son mari.

    Illustration de Neda Azimi..

  • La liberté en marche

    La liberté en marche

    J’aim’ voir la liberté en marche ou plutôt rouler sous le vent
    Qui s’engouffre dans ses vêtements et les transforme en oriflamme.
    J’aime l’audace matriarche qui ouvre la voie au levant
    Pour délivrer complètement de l’oppression toutes les femmes.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Les deux reines de la nuit

    Dans le royaume de la nuit, deux reines partagent le règne ;
    Lucifer, prince des ténèbres, n’a jamais su se décider.
    Bien sûr, l’une des deux s’ennuie que son monarque la contraigne
    Tandis que la seconde célèbre sa nuit de noces rétrocédée.

    Elle fulmine, elle est jalouse, elle fomente dans la tourmente
    Tandis que l’autre jouit du sceptre dans la couche de Lucifer
    Mais qui demain aura le blues car elle ne sera plus l’amante
    Mais celle’ qui sentira le spectre de l’ennui comme un crucifère.

    Tableau de Skupova Lyubov.

  • La sirène et le cheval de bois

    Si les sirènes n’existaient pas et les chevaux ne parlaient pas,
    Je n’aurais pu vous raconter ce que mon chat m’a rapporté
    Qu’il appris par ses amis – des rats de Mésopotamie –
    À propos d’une cavalière et sa monture singulière.

    Alors… il était une fois, un intrépide cheval de bois
    Qui coula à pic lors d’un naufrage et connut d’autres pâturages.
    Une sirène l’apprivoisa et le cheval en pavoisa
    Tant qu’ils connurent l’aventure et l’amour en villégiature.

    Tableau de Peter Mitchev.

  • La libellule – 2

    La libellule - 2

    La libellule m’a pardonné lorsque je lui ai proposé
    De lui dédier ce poème qui la présente à mon public.
    Elle s’est donc abandonnée dans une humeur plus reposée
    Et son petit air de bohème m’apparut comme une supplique.

    À toutes les petites fées que je rencontre dans ma vie,
    Je vous aime et je vous adore pour vos belles inspirations.
    Les libellules ont un effet particulier qui me ravit :
    Ell’s ressemblent à un rayon d’or qui fait tout’ mon admiration.

    Tableau de Pat Brennan.

  • La libellule – 1

    La libellule - 1

    Une libellule s’est posée sur le bord de mon encrier
    Et dans son petit gazouillis, elle me fixe et m’apostrophe :
    « Monsieur, vos poèmes sont osés et les femmes y sont décriées !
    Vos vers sont d’un beau cafouillis à chaque ligne, à chaque strophe ! »

    J’ai bien écouté sa critique car elle est souvent pertinente
    Et je demande à mes lectrices si elles pensent la même chose.
    Bien sûr, c’est de l’autocritique car c’est ma plume proéminente
    Qui trace la ligne directrice de mes érotiques psychoses.

    Tableau de Pat Brennan.

  • Danse du vent sur la Côte d’Opale

    Drapée de rouge, au vent flottant comme une femme en cerf-volant
    Qui cherche auprès du soleil pâle l’inspiration d’un mouvement,
    Pareil aux oiseaux sifflotant et qui s’en vont batifolant
    Au large de la Côte d’Opale qu’ils se réservent jalousement.

    Elle en a saisi le principe, elle l’a appris à son corps
    Qui saura se mémoriser le tournoiement et l’amplitude.
    Déjà son âme s’émancipe et son esprit est en accord
    Avec l’espace valorisé par le vent et sa promptitude.

    Le rideau tombe sur la mer, l’entraînement est terminé ;
    Le cœur battant, le corps battu, l’artiste rentre en son logis.
    Et sur la plage douce-amère d’un soleil indéterminé,
    Les nuages noirs rabattus referment leur morphologie.

    Tableaux de Jimmy Lawlor.

  • Toute nue dans la lecture

    Elle déshabille les livres page après page, lentement
    Pour en savourer le plaisir de mettre à nu chaque chapitre.
    Joie solitaire qui la délivre, au creux de son appartement,
    De la folie et du délire que lui évoque son libre arbitre.

    Ell’ commenc’ toujours par la fin le moindre roman policier
    Car l’intrigue, ainsi dévoilée, met plus de sel aux personnages.
    Elle a voyagé aux confins des mers par les beaux officiers
    Qui lui ont, le cœur, étoilé au moment du déboutonnage.

    Si la fin n’est pas à son goût, elle en invente une à dessein
    En jouant la femme fatale, beauté virginale ineffable.
    À New-York, Paris ou Moscou, le héros caressant ses seins
    Prodigue des amours fœtales… qui, hélas, ne sont qu’une fable.

    Tableaux de Pablo Picasso.

  • Le soleil androgyne

    Le soleil androgyne

    Si l’aube avait l’air une femme, elle éclairerait l’horizon
    De ses premiers rayons d’amour comme caresse de satin.
    Cette lumière qui m’affame tire mon cœur de sa prison
    Où la nuit enferme mes jours jusqu’à l’aurore du matin.

    En plein midi, c’est plutôt l’homme qui règne en maître dans le système
    Qui fixe l’empire solaire par la puissance de son feu
    Qui établit dans son royaume éternellement le même thème
    Selon l’humeur de ses colères et selon l’ampleur de ses vœux.

    Le crépuscule redevient femme qui invite à se reposer
    Auprès d’elle dans la nuit tiède et qui nous invite à s’aimer.
    Alors s’épanouit notre âme qui monte au moment supposé
    Nous venir au secours à l’aide pour vivre un amour essaimé.

    Tableau de Freydoon Rassouli.

  • Liquoreuse

    Liquoreuse

    Après le coucher du soleil, j’ai voulu prendre un raccourci
    Puis, je suis tombé dans la mare et j’ai bien failli m’y noyer.
    C’est bien plus tard, à mon réveil, après mes rêves obscurcis
    Par un moment de cauchemar, que je l’ai revue tournoyer.

    Gravée au fond des souvenirs d’une nuit prétendue affreuse,
    J’ai vu les bras de la sirène m’emmener en sécurité.
    Elle avait lu mon avenir dans un courant d’eau liquoreuse
    Et était accourue, sereine mais pleine de témérité.

    Après, mes souvenirs sont flous mais je me souviens des caresses
    Comme si mon corps possédait sa propre mémoire attitrée.
    Heureusement le cœur renfloue l’esprit de quelques maladresses
    En lui rappelant les idées qu’il a, malgré lui, arbitrées.

    Tableau de Miho Hirano.

  • La femme enfilée

    La femme enfilée

    Le port du masque obligatoire va bientôt se généraliser ;
    Vous devrez enfiler la gaine protectrice et entièrement.
    Or pour les femmes, il est notoire qu’on va leur idéaliser
    Une tenue dont la dégaine lui servira de vêtement.

    Photo de Bruno Birkhofer.

  • La vague d’or

    La vague d'or

    Lorsque dansera l’océan et se rencontreront les vagues,
    La lumière, d’une impression d’or, sera d’harmonie et de force.
    Comme une valse de géants sous la tempête qui zigzague
    Tandis que le soleil s’endort des grandes marées qui s’amorcent.

    Photo de Mathieu Rivrin sur www.mathieurivrin.com .

  • Madame et son chat en juillet

    Madame et son chat en juillet

    Mes chers voisins, pour cet été, je dois promener mon minet
    Un peu partout, sous vos fenêtres et tout au long de l’avenue.
    Il faut chaud, vous vous en doutez, aussi vous l’avez deviné ;
    Lui sera comme on l’a vu naître et moi, je serai torse nu.

    Collage de Derek Gores.

  • Les estivales

    Les estivales

    Juillet, voici venu le temps des corps hissés comme drapeaux
    Qui librement flottent au vent sans enveloppe et démasqués.
    Sous le soleil, juste haletant mais en savourant sur la peau
    La pâleur qui, en se sauvant, s’abandonne au bronze musqué.

    Tableau de Robert Burridge.

  • La réforme du Blanc et du Noir

    La réforme du Blanc et du Noir

    Désormais tous les « Blanc » s’appelleront « Legris »
    Pareil pour tous les « Noir » qui deviendront « Legris ».
    Désormais le « Mont Blanc » se nommera le « Mont Gris »;
    Les tableaux de « Renoir » seront œuvres de « Regris ».

    Le maître au tableau gris, l’a écrit gris sur gris :
    « Montrez donc patte grise et vous serez admis
    Car en cas de méprise, ce sera le cachot gris ! »
    Le jour tout le monde a compris, la nuit les chats sont gris.

    Photo de Rodney Smith.

  • La femme publique en marche

    La femme publique en marche

    Emmanuel l’avait promis, Brigitte n’a pas démenti,
    Dans les rues, ça va castaner contre les désembouteillages !
    Les gilets jaunes sont compromis, l’opposition anéantie
    Et tous les français basanés ne seront pas déçus du voyage.

    Collage d’Emanuele Crovetto.

  • L’œil du monde

    L’œil du monde

    Lorsque notre œil sera capable de nous inclure dans sa vision
    Ni disproportionné d’Ego, ni limité d’humilité,
    J’aimerai voir l’âme impalpable mise à l’échelle en prévision
    Du contact d’égale à égaux entre nous et la vérité.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le fils de Pygmalion

    Le fils de Pygmalion

    Le fils de Pygmalion cherchait une œuvre d’art à son échelle
    Tant et si bien qu’il entendit sa belle voisine se trémousser.
    Alors tandis qu’il se perchait pour observer la belle Michelle,
    Celle-ci le vit et lui tendit son savon pour la faire mousser.

    Tableau de Yanin Alexander.