Catégorie : 2020

  • L’essentiel

    L’essentiel

    Les décisions les plus cruciales, inversement au temps ultime,
    Prises à la dernière secondes sont aussi les plus décisives ;
    Naître d’une façon spéciale, vivre une adolescence intime,
    Suivre une carrière vagabonde, mourir de manière évasive.

    Ne prendre qu’une chose essentielle ; de quoi lire et de quoi écrire
    Un « Aller-simple » simplement pour ne plus jamais revenir.
    Suivre l’étoile existentielle, seul moyen d’aimer et sourire,
    Et embarquer au sifflement du train vers un autre avenir.

    Photo de Tejal Patni.

  • La gitane de bonne aventure

    La gitane de bonne aventure

    Dans le vieux quartier du panier, lorsque j’habitais à Marseille,
    Je me souviens d’une voyante qui m’avait prédit l’avenir.
    Son air gitan-caravanier m’a laissé un précieux conseil
    Que la visionnaire prévoyante m’a concédé en souvenir.

    Elle m’a exhorté à aimer les petits bonheurs de la vie
    Que l’on découvre sur les chemins de bonne aventure et d’amour.
    Alors je suis parti semer mes petites graines d’envie
    Presque du jour au lendemain en prenant le train de l’humour.

    Tableau de Ramzi Taskiran.

  • Fabienne chez les monstres

    Fabienne chez les monstres

    Fabienne fut à bonne école dans la famille des Grands Ducs
    Dont les enfants criaient famine matin, midi, goûter et soir.
    Aujourd’hui, on vit à la colle mais sa dextérité caduque
    Ne lui sert que de dopamine quand elle évoque l’oppressoir.

    Illustration de Suwi.

  • La pomme et le poisson

    Bon, le problème de la pomme, à l’origine alimentaire,
    Était pourtant la bonne idée pour devenir végétariens.
    La femme aurait nourri son homme avec tous les fruits de la terre,
    Ainsi Ève nous aurait guidés vers un paradis plus terrien.

    Alors Adam est arrivé avec son poisson à la main
    Car il a pris la connaissance carrément au pied de la lettre.
    Depuis les humains sont rivés à produire en un tournemain
    Tellement, tellement plus de naissances que l’on ne sait plus où se mettre.

    Tableaux de Marlina Vera.

  • À l’alcool de mes Reflets Vers

    À l’alcool de mes Reflets Vers

    La vie devient une habitude dans chaque jour de solitude
    Alors je me permets de transgresser, alors je me permets de m’agresser.
    Je prends quelque chose à fumer, le cerveau prêt à être allumé
    Et je m’envole dans un verre à l’alcool de mes Reflets-Vers.

    Illustration d’Adrian Borda.

  • Bienvenue chez « Reflets Vers & Prose »

    Bienvenue chez « Reflets Vers & Prose »

    L’entrée, dans le style classique, comporte plusieurs escaliers
    En quatrième dimension vers les galeries de tableaux.
    L’humour et le genre érotique sont accrochés sous le palier,
    L’absurde, soustrait aux conventions, est caché derrière un hublot.

    Le spirituel est au sous-sol avec la cave aux spiritueux ;
    Le fantastique est au grenier sous une poussière d’étoiles ;
    Les interdits sous la console avec les nus voluptueux ;
    L’ordre, je ne peux le renier, prend les gens à rebrousse-poil.

    Gravure de Maurits Cornelis Escher.

  • Les comédiennes

    Sonnant comme un troupeau de vaches, je m’attendais à des génisses
    Mais je rencontrai leur bergère au tablier de clochetons.
    Elle me semblait fière et bravache et me dit : « Que Dieu vous bénisse !
    Nous cherchons une main étrangère qui peint les corps à croupetons ! »

    En effet, derrière un bosquet une femme nue, tatouée
    Semblait en pleines dévotions envers un esprit défloré.
    Elle m’a regardée offusquée, j’étais – je peux vous l’avouer –
    Surpris que de telles émotions puissent exister dans la forêt.

    « Tout va bien ! » me dit la grand-mère avec des oiseaux dans la poche.
    « Nous répétons un numéro au carnaval des animaux !
    Si vous voulez faire le compère et si ça vous paraît fantoche,
    Nous cherchons un nouvel héros qui s’appellerait Geronimo ! »

    Tableaux d’Anne Siems sur https:www.annesiems.com .

  • Blanche-Neige, ma môme

    Une fuite au cours de l’histoire de Blanche-Neige et des sept nains
    Révèle qu’il était un plombier qui répara cette avarie.
    Ils rentrèrent en train, rue Victoire, dans un palais assez bénin :
    Une H.L.M. de rombier dans une banlieue de Paris.

    La Blanche-Neige de mon histoire s’appelait Madame Leprince.
    Elle eut deux p’tits princes jumeaux qui lui ont tant tiré son lait
    Qu’elle s’ennuya, c’était notoire, dans cet appartement qui grince
    Mais étant du signe des gémeaux, elle s’en est bien consolée.

    Quant au mari, quelle avanie ! Il développa sa clientèle
    Pour déboucher les robinets de toutes les princesses du pays.
    Peau d’âne, Raiponce et Mélanie furent ses clientes fidèles ;
    Il put ouvrir un cabinet de toilette aux femmes ébahies.

    Illustrations de Quentin Gréban.

  • Justement faux

    Justement faux

    Juste est la loi de l’attraction mais l’attraction est-elle juste ?
    Immuable est la loi du temps mais le temps est-il immuable.
    Incommensurable est l’espace mais l’espace est-il incommensurable ?
    Éternellement Dieu est Dieu mais Dieu sera-t-il éternel ?

    C’est moi ce petit homme aveugle sensé savoir juger le peuple
    En brandissant une balance, juste ou fausse quelle importance ?
    Je suis ce tout petit bouton capable de donner le ton
    Et même si je fais fausse route, c’est Dieu qui l’a voulu, sans doute… ?

    Tableau d’Eduardo Rodriguez Calzado.

  • L’identification

    Nous voulons tous être un héros, une héroïne, une princesse
    Et les romans savent flatter tous nos désirs les plus secrets.
    L’auteur, reparti à zéro, décrit dans toute sa bassesse
    Le personnage qui va relater tous nos échecs et nos regrets.

    On dissimule dans un tiroir ce journal d’intimes paroles
    Car on y croit, dur comme fer, que l’aventure nous est acquise !
    On s’étudie dans le miroir pour mieux se glisser dans le rôle ;
    Est-ce que mes seins feront l’affaire ? Mes fesses seront-elles exquises ?

    Tableaux de Balthus.

  • Les souris du Moulin Rouge

    Les souris du Moulin Rouge

    On pourra dire ce qu’on voudra mais les souris du Moulin Rouge
    Attirent toujours les matous lorsqu’ils débarquent à Paris.
    De l’Opéra aux petits rats, ils ne ratent rien de ce qui bouge
    Dans la capitale, avant tout, où la nuit tous les chats sont gris.

    Tableau de Colette Brunelière.

  • L’amour de la mort

    Subitement je vis la mort, habillée d’étrange façon,
    Tenter en se pinçant le sein de m’attirer dans ses filets.
    Et je l’embrasse et je la mords pour satisfaire à la leçon
    Et elle, d’un sourire assassin, se retourne pour m’en filer.

    Je fais l’amour avec la mort ou bien la mort avec l’amour
    Mais finalement satisfaite, elle s’endort pour décompresser.
    Alors je m’enfuis sans remords, sachant très bien qu’un de ces jours
    Elle me souhaitera ma fête mais bon, je ne suis pas pressé.

    Illustration de Alberto Vargas.

  • Incessamment sous peu

    Incessamment sous peu

    On est en train d’éliminer ces fichus effets secondaires ;
    Sinon, incessamment sous peu, on vaincra ce virus immonde.
    D’abord on va l’inséminer uniquement aux volontaires
    Et puis après, sauve-qui-peut, on vaccinera tout le monde !

    Illustration de Waldemar Von Kazak sur https:designyoutrust.com201509fantastic-illustrations-by-waldemar-von-kozak .

  • Attention, chat peureux !

    Attention, chat peureux !

    Nous sommes toujours très surpris quand quelqu’un sonne à notre porte.
    Hier, Chanelle fuyait dans l’armoire, aujourd’hui c’est Cherche-Midi.
    Alors, contre ce parti pris qui nous fâche et nous insupporte,
    J’ai écrit en aide-mémoire « Chat peureux ! » sur notre huis maudit.

    Illustration de Waldemar Von Kazak sur https:designyoutrust.com201509fantastic-illustrations-by-waldemar-von-kozak .

  • L’amante du vent

    L’amante du vent

    Sur les plateaux des hautes terres, elle aime quand le vent s’engouffre
    Et lui fait voler ses jupons et lui caresse son giron.
    Comme un vieux plaisir solitaire qui l’apaise lorsqu’elle souffre
    De n’avoir pu mettre son harpon sur un bel amant bien girond.

    Tableau d’Olga Klimova.

  • La Lune et ses comètes

    La Lune et ses comètes

    Lune ronde ou Lune gironde, Lune pleine ou Lune vilaine ?
    La Lune masque son visage et surtout sa fesse cachée ;
    La Lune courtise à la ronde les comètes, fils de Silène,
    Dont les queues forment un balisage par leurs idylles panachées.

    (Tableau de Casimir Lee sur https:supersonicart.compost188547289992casimir-lee-recent-work-recent-incredibleamp
    Silène était un Satyre, père adoptif et précepteur du dieu Dionysos et ancêtre des silènes.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Tous des marionnettes

    Tous des marionnettes

    Pourquoi personne ne regarde ceux qui dirigent les manettes ?
    Pourquoi tout le monde se tourne plutôt vers ceux qui les harcèlent ?
    Moi-même, n’y prenant pas garde, suis devenu marionnette
    Jusqu’à ce que je me retourne et coupe toutes mes ficelles.

    Tableau de Luiz de Souza sur http:galeriadigitaldearte.blogspot.com201402luiz-de-souza-artista-plastico.html?m=1 .

  • La poitrine de mer

    La poitrine de mer

    La poitrine de mer aux tétons coralliens
    Se soulève et s’affaisse comme tôle ondulée.
    Pourtant téter ma mère fut pour moi cornélien
    Bien que, je le confesse, les atolls ont du lait.

    Illustration de Victor Ngai.

  • Le problème de la cigogne

    Le problème de la cigogne

    Avec la surpopulation dans tous les pays émergeants,
    La natalité cause problème aux livraisons de la cigogne.
    Le nombre de copulations – bien plus important que l’argent –
    Commence à créer des dilemmes et déjà les échassiers grognent.

    Tableau de Ray Shuell.

  • L’escargophone

    J’écoutais volontiers la mer dans un coquillage quelconque
    Mais voici que l’escargophone en améliore la transmission
    Car je peux parler à ma mère d’une voix sortie d’outre-conque ;
    Quant à mon père, il reste aphone à toutes ces compromissions.

    Il fonctionne aussi en arrière pour téléphoner au passé
    Parfois il y a un peu d’attente et les voix paraissent déformées.
    J’ai accès à l’année dernière et toutes les autres entassées
    Dans le réseau en dilettante avec mon présent transformé.

    Sculpture de Roman Khalilov.

  • Dédoublement

    Dédoublement

    Juste avant l’ombre du sommeil, dans son miroir, je me dédouble.
    Un temps nos pensées s’entrecroisent, une rencontre est impartie.
    Après, dans la nuit sans soleil, tandis que deux oiseaux s’accouplent,
    Nos deux rêves bouclent et se croisent mais au réveil, l’autre est parti.

    Tableau de Daria Petrilli.

  • L’apparition – 3

    L’apparition - 3

    Ma quête arrivait à sa fin quand m’apparut la clef des songes
    D’une forme ovoïde et noire qu’elle tenait en son giron.
    J’ai dû lui indiquer enfin quelle était l’heure sans mensonge
    Et comme j’ai bonne mémoire je lui dis : « minuit, environ ! »

    Tableau de Leonor Fini.

  • L’apparition – 2

    Lors, elle a repris ses cristaux et ses coupes multicolores
    Ensuite elle les a remplis d’élixir des toutes les sortes.
    Puis, elle a dit : « Monte-Cristo m’a confié la garde de l’or ;
    Tu es l’héritier accompli selon comment tu te comportes ! »

    Alors j’ai pris le Graal Divin, indigo et parsemé d’or
    Et but l’élixir de jouvence qui était peut-être empoisonné.
    Ce n’était qu’un esprit-de-vin mais voilà, soudain, je m’endors
    Tandis que l’ange de connivence fond dans le mur décloisonné.

    Quand le mur s’ouvre de nouveau, l’ange qui sait est de retour
    Et je me réveille devant les mêmes coupes, évidemment.
    Mais j’atteins un autre niveau car la gardienne sans détour
    Prend son calice en le levant et me l’ fait boire diligemment.

    Tableaux de Leonor Fini.

  • L’apparition – 1

    Après avoir déambulé dans des voies de contemplation,
    Cette nuit, j’ai eu la visite de la gardienne immaculée.
    Lors, elle m’a véhiculé vers un lieu de méditation
    Taillé d’un bloc de magnésite pour un éveil miraculé.

    Puis, elle a choisi plusieurs coupes aux couleurs de cristaux taillés ;
    Elle m’en a offert une à boire mais que ma sélection soit brève.
    J’ai pris celle dont la soucoupe était légèrement entaillée
    Qui me rappelait le ciboire que j’avais déjà vu en rêve.

    Quand mes yeux se sont dessillés, elle a pris apparence humaine,
    Un grand chapeau sur l’auréole qui émanait de ses cheveux.
    J’étais en train de vaciller mais elle est restée la semaine
    Pour m’aider à tenir mon rôle afin d’accomplir ce qu’elle veut.

    Tableaux de Leonor Fini.

  • Cherche-Midi n’a peur de rien

    Cherche-Midi n’a peur de rien

    Cherche-Midi n’a peur de rien sauf retourner dans le panier.
    Il s’est résigné à son sort mais rêverait de s’échapper
    Pour s’en aller comme un vaurien pêcher des poissons cancaniers
    Qui ne font même pas l’effort de se faire un jour attraper.

    Mais point de poisson dans la Töss, l’homme a stoppé la migration
    Par des cascades et des obstacles de plusieurs mètres d’importance.
    Alors que faire, nom de Zeus ! Cherche-Midi, en réaction,
    Me guett’ comm’ si j’étais l’oracle qui promettrait sa délivrance.

    Tableau de Neda Azimi.

  • Pom Pom Lama

    Eh bien voilà, c’est officiel, le lama devient helvétique
    Et il arbore fièrement les blasons des vingt-six cantons.
    Il illumine notre ciel magnifiquement esthétique
    Par la blancheur de sa toison de la croix dont nous nous dotons.

    Les messieurs portent les bannières aux couleurs des fleurs du pays ;
    Les dames arborent les pompons en hommage aux cloches de vaches.
    Quant au Pérou, pas de manière ; ils ont été tous ébahis
    De voir leur totem en jupons de fières conquêtes bravaches.

    Pour les enfants, le bel emblème d’une longue écharpe rouge et blanche
    Qui leur protégera la gorge et dont ils pourront s’amuser
    À se décharger des problèmes en déclenchant une avalanche
    De catastrophes dont ils forgent un avenir désabusé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • IIII. La reine épique

    IIII. La reine épique

    Tranchons dans le vif du sujet et coupons court à tous propos :
    La reine épique possède un dard dont le fourreau est son croupion.
    Elle le sort sans préjugé – or ce n’est pas de tout repos –
    Et connaît, l’enfance de l’art, toutes les bottes du scorpion

    Tableau de Joshua Burbank.

  • III. La reine des tarots

    III. La reine des tarots

    Elle avait lu dans les étoiles toutes ces aventures amoureuses
    Qui agitent les couches royales ici, d’ailleurs et maintenant.
    Mais elle garde sous le voile toutes ses cartes langoureuses
    Qu’elle abat d’une main loyale lorsque le risque est attenant.

    Tableau de Joshua Burbank.

  • II. La reine économe

    II. La reine économe

    Le roi d’ailleurs l’a contrariée en venant chasser sur ses terres
    Car le gibier lui coûte cher et on y perd à la revente.
    Il prétendrait la marier or, il n’est point célibataire !
    De toutes manières, œuvre de chair se négocie avant la vente !

    Tableau de Joshua Burbank.

  • I. La reine d’ailleurs

    I. La reine d’ailleurs

    Dimanche matin, la reine d’ailleurs en a le cœur tout retourné.
    Le roi chasse avec la voisine, la putative reine économe.
    Elle s’est levée d’un ton railleur ; sa réception est ajournée
    Et s’en va dire à sa cousine qu’elle veut divorcer de son homme…

    Tableau de Joshua Burbank.

  • L’ivresse des couleurs

    L’ivresse des couleurs

    L’ivresse des couleurs paraît à la vie aussi naturelle
    Que le vin de ses océans et l’alcool de ses crépuscules.
    Lorsque la saveur disparaît sous la nuitée conjoncturelle
    Que le temps m’impose céans, j’en blâme l’addiction ridicule.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • Le vivarium de Cherche-Midi

    Le vivarium de Cherche-Midi

    Pour amuser Cherche-Midi, les poissons que ma femme achète
    Ne sont heureusement que jouets, pas la peine de la dénoncer.
    Pour attiser sa perfidie, elle les pêche à l’épuisette
    Et dès son petit air enjoué, le spectacle peut commencer.

    Tableau de Murman Kutchava.

  • Le langage des arbres

    Le langage des arbres

    On dit les arbres silencieux mais ils parlent toute l’année
    Par le langage des couleurs qu’ils usent comme sémaphores.
    Au fil des saisons sous des cieux, ils offrent une miscellanée
    De teintes selon les douleurs des fleurs aux fruits qui s’élaborent.

    Tableau de Robert Burridge.

  • Les pompons du bonheur

    Les pompons du bonheur

    Elle savoure les dandelions qu’elle appelle « pompons du bonheur »
    Car elle sait que chaque spore est une prière exaucée.
    Elle veut que nous nous consolions de nos peines et de nos malheurs
    Alors elle observe le score que le vent aide à exhausser.

    Tableau de Jimmy Lawlor.

  • La gardienne triangulaire

    La gardienne triangulaire

    Elle était assise à l’entrée dans une position insolite ;
    Je suis resté quelques secondes intimidé par sa quiétude.
    Et puis je fus déconcentré par l’arrivée d’un acolyte
    Qui, dans une laconique faconde, m’a confirmé mon hébétude :

    « La gardienne triangulaire médite depuis très longtemps
    Et ne doit pas être dérangée même si elle bloque le chemin. »
    L’information préambulaire m’a laissé coi un certain temps
    Puis, laissant ces moines étrangers, j’optai pour revenir demain.

    Tableau de Leonor Fini.

  • La vengeance de Cherche-Midi

    Mon chat se venge à sa façon quand je l’emmène chez le véto.
    Depuis la veille, il a compris que j’allais le mettre dans le panier.
    Alors, il joue au polisson dès qu’il me voit me lever tôt
    Et le lendemain ce malappris ne cesse de me calomnier.

    Illustration de Jeff Leedy.

  • Les mille-et-une nuits du chat Razad

    Les mille-et-une nuits du chat Razad

    Razad, grand chasseur de souris rêvait des mille-et-une houris
    Qui l’attendaient au Paradis et qui l’auraient ragaillardi.
    Pour sa minette, quel combat pour enlever sa djellaba
    Et lui conter son affection à grands coups de contraception !

    Tableau de Nadya Sokolova.

  • Les amourettes de Patte-en-rond

    Patte-en-rond cherche un papillon, un peu de chic et d’élégance
    Car le matou est amoureux, son cœur est pris pour une souris.
    Il s’est montré bien tatillon avec les cravates et les ganses
    Puis, il a choisi langoureux un petit nœud pas trop pourri.

    Mais voilà donc le pot-aux-roses ! Madame souris est un Monsieur !
    Du coup, pas de problème évidemment au sujet de la descendance.
    Nous ne leur souhaitons qu’une chose, c’est que cet amour officieux
    Ne cache pas finalement une ruse pour se garnir la panse.

    Tableau de Galina Y. Chuvilyaeva.

  • L’usine à malades

    L’usine à malades

    Les petites grippes saisonnières restent par trop artisanales ;
    L’homme a décidé de passer à l’industrialisation.
    L’Amérique, cette nation pionnière qui a fait fort dans les annales,
    Nous promet de se dépasser à coups de stérilisation.

    Tableau de Jacek Yerka.

  • L’année des fleurs de joie

    L’année des fleurs de joie

    C’était l’année des fleurs de joie qui nous ont embaumé la Terre
    À l’aide de germinations disséminées sur la planète.
    Par tous les chemins et les voies, de Chine jusqu’en Angleterre,
    Tous les élus de la nation nous ont masqué la comprenette.

    Tableau de Viktoria Prischedko.

  • Floues, les femmes floues – 2

    J’en ai rêvé, la science l’a fait. On va nous greffer la rétine
    Par un dispositif chelou qui floutera les femmes nues.
    Comme ce n’est pas encore parfait à cause de la sécrétine,
    Toutes les femmes seront floues qu’elles que seront leurs tenues.

    Du coup, tout le monde va penser qu’elles sont toutes des salopes
    Ce qui finalement ne changera pas grand-chose au climat actuel.
    Néanmoins on aura dépensé une fortune dans l’enveloppe
    Mais qui peut-être aboutira à l’égalité sexuelle.

    Mais je raconte n’importe quoi ! Ce sont mes verres de lunettes
    Qui s’embuent quand je vois passer toutes ces filles presque nues
    Qui déambulent, je ne sais pourquoi, pour bronzer des pieds à la tête
    Sur le petit îlot espacé sur la rivière en continu.

    Photos de Maciek Jasik sur http:www.apar.tvphotographiemaciek-jasik-le-nu-irrationnel .

  • Floues, les femmes floues – 1

    C’est dans le cerveau reptilien que se crée l’objet du scandale.
    L’homme compare ce qu’il voit à sa morale atrophiée.
    Selon s’il est politicien, il traite la femme de vandale ;
    S’il est parmi les filles de joie, il tente d’ se l’approprier.

    S’il est endoctriné chrétien, il la brûlera comme sorcière ;
    S’il est asservi au Coran, il lapidera l’infidèle ;
    S’il la connaît de ce matin, il lui ouvrira la portière
    Et s’il l’emmène au restaurant, il finit par la bagatelle.

    Tout ça c’est fou, tout ça c’est flou, faut arrêter coûte que coûte !
    Les histoires d’hommes et de bonnes femmes, c’est blanc-bonnet et bonnet-blanc.
    Il faudrait que le Dieu Afflelou crée des lunettes qui les floutent
    Afin qu’il ne soit plus infâme de s’rincer l’œil en plus troublant.

    Photos de Maciek Jasik sur http:www.apar.tvphotographiemaciek-jasik-le-nu-irrationnel .

  • Strip-Chess

    Elle ne faisait pas attention au début en perdant ses pièces ;
    Elle enlevait une chaussette, une partie de sa tenue.
    Après plusieurs inattentions, elle retrouva son hardiesse.
    C’était trop tard ! Dure défaite de se retrouver toute nue.

    Photo de Julian Wasser avec Marcel Duchamp jouant avec Eve Babitz racontée sur https:www.artsy.netarticleartsy-editorial-marcel-duchamp-played-chess-naked-eve-babitz .

  • Quand les seins sont mûrs !

    Elle s’était cousue au printemps une robe couleur de temps.
    Puis, lorsque l’été fut venu, les fruits aux arbres furent au menu.
    Tant et si bien qu’à la coquine, mûrit pareillement sa poitrine
    Et, depuis, la montée de lait pèse dans les seins potelés.

    Réalisation d’Ekaterina Guseva.

  • La forteresse cristallisée

    La forteresse cristallisée

    Ce n’était qu’un petit minéral, né de la famille Cristal ;
    Il poussa si bien son effort qu’il en devint un château-fort.
    Si vous passez par la Lorraine, pays des anciennes moraines,
    Ne manquez pas de visiter la forteresse cristallisée.

    Illustration de Jacek Yerka sur https:www.yerkaland.comprojects .

  • Dans le lit de la rivière

    Dans le lit de la rivière

    Qu’il fait bon vivre et bien dormir au fond du lit de la rivière
    Bercé par la mère des sirènes sous la protection de Neptune !
    Et qu’il fait bon se rendormir sur les algues en guise de civière,
    Choyé par les mains de la reine des loups de mer de la lagune !

    Illustration de Jacek Yerka sur https:www.yerkaland.comprojects .

  • L’amour confiné

    L’amour confiné

    Sa chambre était toute petite dans sa minuscule maison
    Mais l’amour y était plus fort et la marquait de son empreinte.
    Elle m’invitait, moi, où m’habite la passion plus que de raison
    Et je mettais tous mes efforts pour offrir la plus belle étreinte.

    Durant tout le confinement, nous vécûmes d’amour et d’eau fraîche ;
    Les voisins sympas pourvoyaient à gérer l’alimentation.
    Depuis le déconfinement, nous avons dû les battre en brèche
    Car tout le monde se fourvoyait en règle de distanciation.

    Tableau de Alexander Sulimov.

  • Les jeux confinés

    Pauvres enfants dans quatre murs soumis aux vacances forcées
    Et dont les cris ont fait vibrer toutes les fenêtres du port.
    Car les parents de ces fruits mûrs les stimulaient pour amorcer
    Des bravos déséquilibrés à qui braillerait le plus fort.

    Heureusement ces chérubins ont le soutien d’un animal
    Un chat, un chien ou un cheval, du moment qu’il crie assez fort.
    Et pour exciter leurs bambins, les parents, femelles et mâles,
    Organisent des festivals afin d’ leur venir en renfort.

    Tableaux de Alexander Sulimov.

  • Valentine

    Valentine

    Je l’aimais bien, ma Valentine qui me racontait ses malheurs ;
    Elle faisait commerce de charmes sur le trottoir devant chez moi.
    Ses études de laborantine n’avaient pas su mettre en valeur
    Tout ce qui peut tirer des larmes aux cœurs solitaires en émoi.

    Elle venait me raconter, les seins nus tout décontractés,
    Tous ceux qu’elle avait rencontrés au fil de ses folles journées.
    Moi, j’étais l’ami patenté, celui qu’elle aimait contacter
    Car nous étions tous deux montrés comme ceux qui avaient mal tourné.

    Je l’aimais bien, ma Valentine mais je ne l’ai jamais baisée.
    Nous passions simplement du temps à parler de tout et de rien.
    Quand elle enlevait ses bottines, laissant ses pieds nus apaisés,
    Je me souviens de ces instants comme un trésor épicurien.

    Tableau de Maia Ramishvili.

  • Jeux de dames

    Jeux de dames

    Les dames jouent avec les yeux, les dames jouent avec les cœurs,
    Avec les piques, avec les pions, avec les hommes, avec les femmes.
    Leurs jeux nous paraît fallacieux, leurs stratagèmes alambiqueurs,
    Mais les stratégies des champions jouent de tous les moyens infâmes.

    Infâmes ou simplement infimes, cette différence minime
    Figure la carte maîtresse qui désignera le vainqueur.
    Mais voyons ! Soyons magnanimes et reconnaissons là l’ultime
    Capacité de leurs caresses lorsqu’elles gagnent notre cœur.

    Tableau de Maia Ramishvili.