Catégorie : 2020

  • Rouge dansant

    Rouge dansant

    Mes yeux avaient envie de boire le parfum d’un bouquet d’encens,
    Rouge comme une idée récurrente, rouge comme un ciel de soir d’été.
    Et voici qu’à force d’y croire, m’est venu un chemin dansant
    M’ouvrant la vision rassurante d’un ravissement répété.

    Photo de Khánh Phan.

  • Antilope

    Antilope

    À l’origine, elle était « pour » puis, s’est révélée « antilope » ;
    L’amour a produit ses ravages dans les eaux bleutées de ses yeux.
    Et la vie a repris son cours mais son cœur, dans son enveloppe,
    S’est refermé sur le rivage d’une mer de désirs périlleux.

    Tableau d’Andrey Remnev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201707Andrey-Remnev.html .

  • Petit soldat de bois

    Petit soldat de bois

    Si le petit soldat de bois n’a point de trou au côté droit,
    Il arbore la fleur au fusil devant la petite Suzie.
    N’ayez pas peur, il n’est pas mort ; il fait semblant, le matamore !
    Car il attend le doux baiser qui pourra son cœur apaiser.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • En robe de vierge

    En robe de vierge

    Elle avait pris cette habitude d’aller se baigner toute nue,
    Juste vêtue, fallait l’oser, de pétales de roses illimités.
    Elle n’avait aucune inquiétude à rencontrer des inconnus
    Car des épines étaient posées pour garder son intimité.

    Tableau de Jana Brike.

  • Parfum de poème

    Parfum de poème

    Les vers n’exhalent une fragrance qu’entre les lignes de bonne grâce ;
    Parfum sauvage, odeur musquée, aux rimes riches et salutaires ;
    Essence à forte pénétrance quand elles se croisent et qu’elles s’embrassent ;
    Parfois l’onguent reste embusqué pour surprendre un vers solitaire.

    Tableau de Chie Yoshii sur www.chieyoshii.com .

  • Le grand livre de la fleur

    Le grand livre de la fleur

    La fleur, glissée entre les pages, m’a raconté son aventure.
    Comment une petite graine peut croître en sa mère la Terre,
    Comment un subtil arrosage lui développe sa verdure,
    Comment la chaleur souveraine du soleil l’honore d’un père.

    Texte d’après un poème de Dianne Cikusa et un tableau de Chie Yoshii sur www.chieyoshii.com .

  • …Des fleurs dans les filles

    …Elles étaient six le lendemain, effet de parthénogenèse,
    Et moi, hôte de trois jumelles bien difficiles à distinguer.
    D’abord ce fut un jeu de mains pour tâter leur morphogenèse
    Entre douze cuisses et mamelles par mes caresses prodiguées.

    Quand elles se tenaient deux par deux, bizarrement mon cœur battait
    Doublement, de plus en plus fort car j’en tremblais de tous mes membres.
    Il aurait été hasardeux d’en rire et point me débattais
    Lorsqu’elles prirent sans effort possession des murs de ma chambre.

    À mon réveil, elles ornaient les murs de la tapisserie
    Parmi les fleurs de la saison de cet été d’Apollinaire.
    Depuis, sans trop me flagorner, mais sans trop de jacasserie,
    Je fais visiter ma maison à des femmes extraordinaires.

    Tableaux de Belinda Eaton sur http:www.belindaeaton.compaintings .

  • Des filles dans les fleurs…

    Parmi la montagne de fleurs reçues à mon anniversaire,
    Certaines, qui n’étaient qu’en bouton, ont eu l’honneur d’un joli vase.
    Bien arrosées de tous mes pleurs et larmes d’une joie sincère,
    Posées sous le regard glouton d’un matou qui guettait l’occase.

    Dans la nuit j’entendis un bruit… suivi de la fuite éperdue
    Du chat qui aurait vu Satan et qui en craignait pour sa vie.
    Mon joli vase était détruit, les jolies fleurs étaient perdues
    Mais les fruits mûris juste à temps, là, découverts sur le parvis.

    Trois jolies filles étaient écloses, parées de fleurs aux mamelons,
    Des seins joliment couronnés, des feuilles partout sur le corps.
    Moi-même, redoutais qu’explosent mes envies dans mon pantalon
    Alors, je leur ai boutonné mes chemises et mes justaucorps…

    Tableaux de Belinda Eaton sur http:www.belindaeaton.compaintings .

  • Le marchand de nuages

    Le marchand de nuages

    Comme je n’avais plus confiance en la météo nationale,
    J’ai acquis par correspondance des nuages à élever soi-même.
    J’ai acheté sans méfiance un climat multirégional
    Que le marchand, sans impudence, m’a aménagé sans problème.

    Mais les nuages étaient anglais avec des moissons de saison ;
    Le soleil bradé des tropiques, les vents des tonnerres brestois.
    Depuis que les pluies ont cinglé aux quatre coins de ma maison,
    Le temps devient misanthropique et moi, j’émigre sur mon toit.

    Tableau de Marcin Kolpanowicz.

  • Pardonnez-moi de vous manger !

    Pardonnez-moi de vous manger !

    Les petites souris s’en vont recommander
    De l’aide au chat gourmand qui paraît bon apôtre ;
    Celui qui leur sourit pour les réprimander
    Mettra fin au tourment en croquant l’une et l’autre.

    Illustration de Pawel Kuczynski.

  • Ma destinée

    Ma destinée

    Elle me présenta cinq cartes, cinq possibilités de naître ;
    Homme, femme ou un animal : un chat, un chien, un éléphant.
    Je lui demandai qu’elle écarte celles dont je devais me démettre ;
    Il resta la carte du mâle dans le corps d’un petit enfant.

    Tableau de Chie Yoshii sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160610chie-yoshii .

  • La cinquième saison

    La cinquième saison

    Ainsi l’amour s’épanouit quand vient la cinquième saison ;
    Comme une rose sur le cœur qui vit pour ne jamais mourir.
    Mais si le jour s’évanouit et la nuit tombe sans raison,
    Vient l’oiseau bleu, merle moqueur, pour la charmer et la nourrir.

    Tableau de Chie Yoshii sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160610chie-yoshii .

  • Le vers terminus

    Le vers terminus

    Rien ne sert de voler et crever les nuages
    Si je n’ sais atterrir sans casse et sans dommage.
    La poésie m’entraîne sur des vols inconnus
    Mais ce que j’y découvre m’est alors reconnu.

    Quand vous lisez mes vers, la casquette en arrière,
    Je ne rime jamais plus haut que mon derrière.
    Et le plus difficile d’un vol en solitaire
    Reste bien de finir les deux pieds sur la Terre.

    Photo par West Michigan Aviation Enthusiasts.

  • La reine à carreaux

    La reine à carreaux

    Lorsque le roi donne un banquet, la reine se tient à carreau ;
    Mais aussitôt qu’il part en guerre, elle retrouve son amant.
    S’il les surprend, c’est le bouquet ! Ils iront derrière les barreaux
    Mais comme cela n’arrive guère, ils en profitent évidemment.

    Tableau de Michael Cheval.

  • S.O.S. inspiration

    S.O.S. inspiration

    Boum ! Quand l’inspiration s’éteint et que le courant s’est perdu,
    Tous les morceaux éparpillés semblent impossibles à réunir.
    Alors je laisse le destin dériver ma course éperdue
    Avec les yeux écarquillés sur les surprises d’avenir.

    Photo de Natacha Einat.

  • La reine de cœur épique

    La reine de cœur épique

    La reine de cœur donne la réplique à tous ses problèmes d’amour ;
    Elle découvre sa poitrine en ouvrant sa combinaison.
    Le roi – quelle mouche le pique ? – envoie ses chevaux et ses tours
    Que ses deux évêques endoctrinent, pour rester seuls à la maison.

    Tableau de Michael Cheval.

  • Messagerie pas très express ?

    Messagerie pas très express ?

    Quand la messagère des prières me semble gaspiller son temps
    Et prendre tout à la légère, délaissant le plus important,
    D’une minutie d’horlogère, elle doit agir à contretemps
    Pour réaliser la carrière qui m’offrira tout mon content.

    Tableau de Michael Cheval.

  • La ronde des Échecs

    La ronde des Échecs

    Savoir manipuler les gens revient à jouer aux échecs
    En faisant s’affronter les pions à ceux qui voudraient être roi.
    En mise en jeu, beaucoup d’argent, des titres et des carnets de chèques,
    Et pour finir, juste un champion à qui l’on accorde l’octroi.

    Tableau de Michael Cheval et les échecs dans l’art sont sur http:systemecolle.free.frtextesLa%20peintureLa%20peinture.htm .

  • Échecs à la ronde

    Échecs à la ronde

    Contrairement à la marelle qui vous emmène au paradis,
    Aux échecs, fatidiquement, un roi se retrouve en enfer.
    Grâce au recours d’une passerelle qui ne lui coûte pas un radis,
    Sa reine saura logiquement comment opérer son transfert.

    Tableau de Michael Cheval.

  • Derrière le miroir de l’âme -2

    Derrière le miroir de l’âme -2

    Dans une autre dimension, hors du temps et de l’espace,
    Hors du réseau de matière qui représente mon corps,
    J’échappe à la détention, mon âme retrouve sa place
    Vers l’étoile tout entière d’où sonne le divin accord.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Derrière le miroir de l’âme – 1

    Derrière le miroir de l’âme - 1

    Aussitôt que je m’endors, ou quand le divin m’enivre,
    L’esprit s’échappe un moment et le cœur rejoint mon âme.
    J’y vois comme un ballon d’or qui s’ouvrirait comme un livre
    Qui transcrirait le roman de l’ad vitam æternam.

    Tableau de Naoto Hattori.

  • Carton doux carton

    M’as-tu vu dans mon carton, m’as-tu vu dans ma maison ?
    Je ne sais ce qui m’attire, je ne sais ce qui m’inspire !
    J’y plonge mes ripatons, sans motif et sans raison,
    Au risque de compatir à l’épître d’un chat qui expire.

    M’as-tu vu quand je t’observe dans ma cabane à l’affût ?
    M’as-tu vu quand je m’y cache pour me soustraire à tes yeux ?
    Plus je sors de ma réserve et plus je fais du raffut,
    Plus, au carton, je m’attache à ses quatre coins moelleux !

    Tableaux de Natalia Leonova et Ruskin Spear.

  • Les mains rouges de l’utopie

    Aurions-nous du sang sur les mains comme on voudrait nous faire croire ?
    Comme on voudrait nous le faire entendre, comme un péché originel ?
    Faut-il encore que demain les tensions continuent à croître
    Et même aller jusqu’à prétendre que nous sommes tous des criminels ?

    L’homme a mis l’homme en esclavage et s’est enrichi de sa chair ;
    Ainsi, depuis l’antiquité, le pauvre donne sa vie au riche.
    La guerre poursuit ses ravages au prix du sang de plus en plus cher ;
    Le pouvoir et l’iniquité ont mis l’humanité en friche.

    Aujourd’hui, on dit « place aux jeunes », on dit aussi « plus jamais ça ! »
    Mais dès demain ça recommence ; la haine grandit tous les jours.
    Je dirais bien « faisons le jeûne de nos querelles d’ici-bas… »
    Mais on ne se fait plus confiance, on préfère la guerre à l’amour…

    Tableaux de Pier Toffoletti.

  • L’art du bain

    Dans les secrets les mieux gardés parmi les choses impénétrables,
    Il en est où, pour y entrer, vous devez montrer patte blanche.
    Et vous ne pourrez regarder ces confidences vénérables
    Qu’à condition de démontrer que vous êtes de la même branche.

    Eh oui, l’art du bain féminin n’est réservé qu’au gynécée
    Et l’intrus qui aurait osé y pénétrer, serait chassé.
    Et même s’il paraît bénin de réussir à s’y immiscer,
    Vous risqueriez d’être exposé aux quolibets et pourchassé.

    Ainsi je dois me contenter d’imaginer ces nudités
    À l’aide de tableaux de maîtres peuplés de rêves et de fantasmes.
    Mais si un jour vous consentez à m’offrir l’opportunité,
    Devant vos beautés, d’apparaître, j’en sens déjà monter l’orgasme.

    Tableaux de William Russell Flint.

  • La réhabilitation

    La réhabilitation

    Toutes les femmes et tous les hommes pourraient saluer le soleil
    Et dessiner sur une plage l’arbre de leurs vies établies,
    Comme la revanche de la pomme sur la connaissance en éveil
    Qui relierait, au nouvel âge, Adam et Ève rétablis.

    Photo de Olhodagua.

  • Les vents d’inspirations

    Les vents d’inspirations

    Voici ma participation : un bloc offert à ma fenêtre
    Ouverte aux vents d’inspirations, accessible aux idées à naître.
    Et chaque jour vient le miracle d’un aphorisme réflecteur
    Afin d’élever au pinacle le médiateur et ses lecteurs.

    Tableau de Rafał Olbiński.

  • Space invaders

    Space invaders

    Complètement dissimulé sous une nébulosité,
    Cet envahisseur de l’espace nous est prédit envenimé.
    À coups d’alertes simulées, de peurs et de frilosités,
    On ne voit pas ce qui se passe mais un orage est confirmé.

    Photo d’Eliseo H. Zubiri.

  • Cœur solitaire

    Cœur solitaire

    Il paraît n’avoir nulle attache loin des rivages qu’il accoste ;
    Il paraît précaire et fragile mais l’eau lui offre une assurance.
    Demain, quelle que sera sa tâche, il sera fidèle à son poste ;
    Pour lui, le temps reste immobile, ses jours ne sont que récurrence.

    Photo de Tran Tuan Viet.

  • La nuit dévoilée

    La nuit dévoilée

    J’ai rêvé qu’on avait voilé tous nos espoirs de liberté ;
    J’ai rêvé qu’on forçait un masque sur toutes nos envies de vivre.
    Mon cauchemar m’a dévoilé que je devrai manifester
    Contre ceux qui nous estomaquent et nous empêchent d’être libres.

    Tableau de Tomek Setowski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201708Tomek-Setowski.html .

  • Mosaïques

    La Terre, organisme vivant, fait sa mue selon des périodes
    Qui peuvent durer dix mille ans, le temps d’une civilisation.
    Au gré des guerres, au gré des vents, sa peau se tend, sa peau s’érode,
    Sous les conflits les plus violents et fait ses réinitialisations.

    Elle raconte en mosaïques l’histoire des civilisations
    Qui ont cru laisser leur empreinte pour défier l’éternité.
    Les pyramides prosaïques témoignent leur infatuation
    Mais rien ne reste de l’étreinte de ces absurdes modernités.

    Quelque part en Bolivie et au Nevada.

  • La nuit voilée

    La nuit voilée

    Bientôt l’automne, la nuit se voile ; les derniers jours sont émouvants.
    Adieu l’été et ses beaux masques qui ont augmenté sa chaleur.
    Vont-ils tomber sous les étoiles comme feuilles mortes au vent
    Ou bien roussir en teintes flasques pour déroger à nos valeurs ?

    Tableau de Rafał Olbiński.

  • Racines d’ici et au-delà

    Je n’ai pas demandé à naître et je ne souhaite pas mourir,
    Pourtant j’obéis aux coutumes du pays qui m’a accueilli.
    Je me soumets, j’accepte des maîtres tout juste assez pour me nourrir
    Et j’accumule l’amertume d’un monde qui s’enorgueillit.

    Tous ceux qui sont nés de couleurs ou d’altitudes différentes
    Obéissent à leurs traditions qui vont à l’encontre des nôtres.
    Et l’on s’affronte dans la douleur pour des richesses proliférantes
    Qui sont pillées par les nations au nom de saintes patenôtres.

    Tableaux de Rafał Olbiński.

  • La Vie Heureuse

    La Vie Heureuse

    Ô Dieu Végan, que n’as-tu fait l’homme à l’image de ta Nature ?
    Un homme-fruit, une femme-fleur qui ne vivraient que pour jouir !
    L’enfant naîtrait presque parfait d’une copie en miniature
    De parents sans verser de pleurs ni de sang pour s’épanouir.

    Tableau de Rene Magritte – 1944.

  • Sous la tapisserie…

    Sous la tapisserie…

    Il n’a jamais appartenu à l’étoffe tissée des héros,
    À la société d’hypocrites qui ne font que tapisserie.
    Mais il s’est toujours abstenu de figurer un numéro
    Parmi le troupeau circonscrit au monde de la finasserie.

    Alors il s’est fait anarchiste, un libertaire, un marginal ;
    Il vit constamment hors-saison, discret car son silence est d’or.
    On dit qu’il est un peu artiste, indépendant, original,
    Qu’il aurait perdu la raison pour réveiller l’enfant qui dort.

    Mais vous ne pouvez pas l’entendre ; trop de bruit brouille vos oreilles.
    Mais vous ne pouvez pas le voir ; manque d’argent, manque de temps.
    Vous ne pouvez pas le comprendre , il faudrait que l’on vous réveille.
    Qui sait ? Peut-être que, sans le savoir, vous êtes morts depuis longtemps.

    Tableau d’Andrew Remnev sur http:dona.eklablog.comandrej-remnev-peintre-russe-contemporain-un-peintre-de-genie-a113107336 .

  • La vie avec les flamants

    La vie avec les flamants

    Loin des vallons, s’étend la plage dans le pays plat des flamants
    Où vit auprès des marécages la femme qui s’est consacrée
    À observer les accouplages des oiseaux qui vont s’exclamant
    À grands coups de becs dans le cœur les chants d’amour du feu sacré.

    Tableau d’Andrew Remnev sur http:dona.eklablog.comandrej-remnev-peintre-russe-contemporain-un-peintre-de-genie-a113107336 .

  • La dernière sirène

    La dernière sirène

    Ce soir, la dernière sirène revêt son bel habit de nuit
    Pour rêver aux marins perdus qu’elle a envoûtés de son chant.
    Tandis qu’au loin une carène semble sombrer, elle s’ennuie
    En songeant au temps suspendu sur l’horizon à contrechamp.

    Tableau de Rafał Olbiński.

  • Du côté de M. Escher

    Du côté de M. Escher

    Dans mon univers intérieur et mes pensées en escaliers,
    Les épanouissements m’élèvent et les dépressions me rabaissent.
    Tantôt je me sens supérieur, tantôt je suis fou à lier.
    Que voulez-vous ? Cela relève d’avoir vécu à fond la caisse.

    Photo de Forrestaguar.

  • Le paradis de celles qui aiment les poissons

    Tandis que nous redescendions du paradis des animaux,
    L’étage me parut bien humide, d’une odeur de poisson thermidor.
    Des femmes éclairées au lampions m’ont salué à demi-mot ;
    J’ai compris sans être timide qu’ici le silence était d’or.

    « Mais que fait donc ce chat ici ? » demandai-je à l’ange Saint-Pierre.
    « Lui, en revanche, est en enfer ! » répondit-il en souriant.
    « Nous l’avons, avec minutie, enfermé dans la souricière ! »
    Le chat semblait à son affaire cependant tout en roupillant.

    Tableaux de Kira Panina.

  • Le paradis de celles qui aiment les oiseaux

    …Puisque j’étais au paradis, j’ai demandé à visiter
    Ce qui fait la curiosité et les endroits les plus cocasses.
    Tout en haut, je fus refroidi d’air frais en exclusivité
    Brassé en spécificité pour des perroquets bien loquaces.

    Les aigles, pigeons et bécasses, les canards de toutes les mares
    Et tous les oiseaux du bonheur rassemblés au dernier étage.
    « Les femmes sont très efficaces surtout lorsqu’elles sont au plumard ! »
    Plaisanta l’ange de bonne humeur devant la volière sans cage.

    « Celles qui aiment les oiseaux sont invitées par les moineaux,
    Les canaris et les perruches dont elles se sont occupées. »
    M’expliqua l’ange dans les roseaux accompagné des étourneaux
    Qui discutaient avec l’autruche en train de les entourlouper.

    Tableaux de Kira Panina.

  • Le paradis de celles qui aiment les chats

    Comme je priais pour mon chat – qui d’aventure est protestant –
    Un ange est venu me chercher et m’a invité à le suivre
    Au Paradis « section pachas » où, les miaulements l’attestant,
    Se retrouvent là-haut perchés tous les matous qui vont s’ensuivre :

    Des chambres pour toutes les races équipées de chaises à griffer,
    De canapés à élimer et de rideaux à déchirer.
    Pourtant d’odeurs, aucune trace. D’abord, les meubles sont dégriffés
    Enfin des maîtresses sublimées font le cœur des chats chavirer.

    « Ce sont celles qui aiment les chats ! » m’assura l’ange sereinement.
    « Tous vos matous viennent ici accompagnés des meilleurs maîtres ! »
    « Sans faire de prêchi-prêcha, à titre de renseignement
    Et d’après la superficie, qu’y-a-t-il d’autre au périmètre ? »…

    Tableaux de Kira Panina.

  • Bipolaire

    Bipolaire

    Ô partie cachée de mon âme, tapie à l’ombre de moi-même,
    Qui vient toujours pour m’inspirer ce que jamais je n’ose faire !
    Qui sait par des manœuvres infâmes me prouver ô combien je m’aime !
    Jamais ne te remercierai de m’avoir rendue bipolaire !

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Poupée découpée

    Poupée découpée

    Par l’effet kaléidoscopique des règles obscures de l’optique,
    Voici sur verre, découpée, l’illusion d’une jolie poupée.
    L’audace fantasmagorique de l’eau plate – mais allégorique –
    Produit un art entrecoupé qui ne manque pas de toupet !

    Photo de Hamza Lafrouji.

  • Mais où est la reine ?

    Mais où est la reine ?

    Sur le grand patchwork damassé couvrant les dessous de l’affaire,
    Deux prétendants et une souveraine, complotent ainsi à mots couverts.
    Déjà, l’un d’eux s’est ramassé tandis que l’autre a dû s’y faire :
    « Mais où est donc passée ma reine ? » Trop tard ! Le sein est découvert.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:catrina-burana.livejournal.com26110.html .

  • Ceux d’en haut et ceux d’en bas

    Ceux d’en haut et ceux d’en bas

    Ma vie aurait pu ressembler à ce grand escalier social
    Qui nivelle l’élite par le haut et la pauvreté par le bas.
    J’y suis monté, il m’a semblé n’y trouver rien de bien spécial ;
    Les gens y sont aussi idiots que vous et moi en contrebas.

    Finalement où que je vive, où que j’accède sur mon palier,
    J’y verrai les snobs du dessus, j’y verrai les humbles au-dessous.
    Les anges paraissent bon convives, les démons paraissent fous à lier,
    Moi, loin des clichés préconçus, je me raccroche au garde-fou.

    Tableau de Mark Kostabi.

  • Les chemins de vie

    Les chemins de vie

    Soit Adam au sexe carré et soit Ève au sexe girond,
    Imaginez leur descendance, hommes et femmes hybridés.
    Tous ces enfants désemparés qui demain interagiront
    Avec un monde en dépendance d’une croissance débridée

    Mais qui sont ces triangulaires qui s’insinuent dans le parcours ?
    S’agit-il d’un carré manqué ou bien d’un cercle émancipé ?
    J’en appelle aux quadrilatères afin de nous porter secours
    Pour cesser de polémiquer sur un chaos anticipé.

    Tableau de Scott Albrecht.

  • Fête des clones

    Fête des clones

    Plutôt qu’adopter un enfant, faites-vous cloner plusieurs fois
    Et vous pourrez recommencer autant de vies que vous voulez.
    Si personne ne vous le défend, vous pourrez revivre à cœur joie
    Plusieurs existences romancées ou sexuellement refoulées.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • La reine des quatre lunes

    La reine des quatre lunes

    La reine est nue, bonne nouvelle, elle est maîtresse en son royaume !
    Jour après jour, son règne croit et s’arrondit d’aura lunaire.
    Dans deux semaines, elle étincelle, d’or et d’argent, elle rayonne.
    Et si son empire décroît, c’est qu’elle est révolutionnaire.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • Caméléon

    Caméléon

    Tu ne le verras pas venir, il se confond dans le décor ;
    Tu ne l’entendras pas darder son coup de langue télescopique
    Pour puiser dans tes souvenirs les démons et les égrégores
    Qui se sont souvent attardés lors de tes lectures périodiques.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • La Reine Primevère

    Dualité dans les reflets sur l’eau tranquille de l’étang ;
    Kaléidoscope de verts mêlés de houx rouge-vermeil ;
    Miroir de nature soufflée par le vent de la nuit des temps ;
    Enfin la Reine Primevère qui sort de son demi-sommeil.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • Petit cœur d’oiseau

    Petit cœur d’oiseau

    Prête-moi les ailes de ton cœur d’oiseau,
    Je m’envolerai pour d’autres horizons.
    Je serai oiselle, toi mon damoiseau
    Et je t’offrirai ma défloraison.

    Donne-moi la couleur de ta différence
    Je m’en nourrirai le cœur chaque jour.
    Ôte la douleur de l’indifférence
    Et je sourirai à tout ton amour.

    Ouvre-moi la porte de ton cœur ouvert
    J’y déposerai une clef du mien.
    Prends ce que j’apporte, mes rimes et mes vers,
    J’y réchaufferai mon cœur et le tien.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.