Catégorie : 2020

  • L’arbre de Babel

    De ma vieille souche française, ou de Navarre à Dieu ne plaise,
    Je porte un fruit européen aux pépins méditerranéens.
    Dopée aux greffons italiens et même néandertaliens,
    Ma descendance assurément mutera démesurément.

    Au dix-neuvième siècle toutes les races émigrées aux Amériques ont formé les peuples Brésiliens, Étasuniens mêlés au sang indien.
    Au vingt-et-unième siècle les migrants par millions renouvellent ce mélange.
    Je ne sais pas encore comment seront nos descendants du 22ème siècle mais ce sera certainement une surprise physique, psychologique et spirituelle… si la Terre tourne toujours évidemment.

    Collage de Michael Waraksa et tableau d’Alison O’Donoghue.

  • Résignation et résiliation

    Pauvre frêle rose, ainsi donc abandonnée au caniveau
    Mais amour et compétition imposent leur résignation ;
    Pauvre soldat de Cupidon qui n’a pas atteint le niveau,
    Impitoyable reddition qu’entraîne la résiliation.

    Pourtant tu étais la plus belle des roses de la roseraie,
    Pourtant tu étais destinée à fleurir ceux qui sont épris
    Mais l’amour se montre rebelle envers celui qui oserait
    Croire au cœur de sa dulcinée lorsqu’elle n’a que du mépris.

    Plusieurs fois dans la vie, nous nous retrouvons rejetés, abandonnés par la compétition.
    Comme un Icare blessé qui se serait trop rapproché d’un soleil impitoyable.
    N’empêche que dans notre société, nous sommes souvent transformés en soldats et expédiés au front comme chair à canon économique. Alors la bonne nouvelle lorsque nous nous trouvons éjectés, c’est que NOUS SOMMES SORTIS DU TROUPEAU.

    Photos de Barbara Florczyk sur https:designyoutrust.com201712beautiful-flower-photography-by-the-polish-photographer-barbara-florczyk .

  • La force du tigre

    Corps de tigre au cœur de lionne mais l’esprit d’un oiseau chanteur,
    Je parcours jungle et Reflets Vers à la recherche de mon âme.
    Et tandis que je papillonne dans ces paysages enchanteurs
    Où le monde tourne à l’envers, j’y trouve et découvre ma femme.

    Chacun voit midi à sa porte. Chacun possède sa vision « subjective » du monde et certains d’entre nous tentent de l’imposer aux autres. Si j’étais philosophe avec de l’expérience et si je comparais ma propre vision à celle des autres, j’en déduirais une vision « objective » à suivre quitte à me retourner sur moi-même voire à retourner ma veste. Mais je sais aussi que, quand je chevauche un tigre, il m’est difficile d’en descendre.

    Tableau de Henri Rousseau.

  • Gare à la sorcière !

    Au soleil, elle se baignait nue pour la couleur de ses cheveux
    Puis, sous une eau de pluie, rincée pour la pureté de sa peau.
    Je ne sais ce qu’elle est devenue, elle fait toujours ce qu’elle veut
    Depuis qu’elle m’a évincé en me transformant en crapaud.

    Croyez-vous à la magie noire et aux philtres magiques et aux malédictions ?
    Aujourd’hui, j’assiste à une chasse aux sorcières sous la houlette du coronavirus qui mute plus vite que l’ombre d’une nouvelle vague.
    Un combat de sorciers ; d’un côté des gouvernements qui se cachent derrière des sortilèges, répressions et confinements ; de l’autre des mages comme Raoult et Perronne qui contrattaquent ; au milieu l’élixir diabolique du vaccin bientôt obligatoire.
    En Suisse, on étudie la légitimité d’un passeport COVID…

    Tableaux de Aïtch.

  • Détente et détente

    Maître-yoga incontesté, le léopard vit la détente
    D’une douce méditation achetée au prix de la vie.
    Nul besoin de manifester auprès de ses proies compétentes
    Ses désirs en délectation au gré des goûts et des envies.

    Sportif de très haut niveau en saut en longueur comme en hauteur, le léopard est la preuve incarnée que repos et action ont un point commun : la détente.
    Aussi, lorsque vous voyez votre ado préféré jouer aux Gaston Lagaffe, méfiez-vous de sa détente… sauf si son animal totem s’apparente au paresseux.
    Quant à moi, je me sens tout à fait Léopard avec détente au premier et second degrés.

    Photos de Benoît Bussard.

  • Les femmes nues ont des épines

    Les femmes nues ont des épines comme la fleur à peine éclose
    Qui s’épanouit au matin pour un petit bonheur futile.
    Comme la rose et l’aubépine qui fleurissaient les maisons closes
    Lorsque les robes de satin glissaient sur le sol, inutiles.

    La beauté serait-elle un masque derrière lequel se cache le cœur d’une femme ?
    La laideur ou les épines pourraient alors également dissimuler l’âme…
    Il est tentant de déshabiller une femme pour en découvrir le cœur,
    Il est risqué d’écarter les épines pour en dénuder l’âme.
    En amour, qui s’y frotte s’y pique !

    Tableau de Lora Vysotskaya.

  • Le blues de la Terre

    Terre dont nous avions héritée, Tu incarnais la perfection,
    La vie et la pensée humaine, l’amour et la beauté de l’âme.
    Tout ça, nous l’avions mérité avec ou sans circonspection
    Jusqu’à ce que l’argent amène autant d’opprobre que de blâmes.

    Jusqu’à présent toutes les guerres ont décimé l’humanité et les familles éparpillées…
    Mais aujourd’hui, c’est le progrès qui ravage les océans, les mers, la faune et les forêts.
    Toutes les erreurs de naguère reproduites à l’unanimité, toutes les ressources pillées,
    Laisseront la place aux regrets qui retourneront au néant et à la terre déshonorée.
    Pauvre Jules Verne, visionnaire qui n’a rien vu venir…

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Née dans les genêts, nue et ingénue

    Elle a poussé dans les genêts naturellement au soleil ;
    Preuve que les filles ne naissent pas dans les roses forcément.
    J’en oubliais mon déjeuner dans ses effluves que balaye
    Un vent de charme et de jeunesse qui me captaient comme un aimant.

    Plus tard, son acné juvénile s’épanouit en mille fleurs
    Qui lui parsemaient le visage semblable au masque de beauté
    Qui décore les campaniles quand au village sonnent les heures
    Des soirs aux exquis paysages qui conservent leur primauté.

    Son maquillage, couleur du temps, où défilaient ces paysages,
    Faisait penser à un voyage qui jamais ne s’arrêterait.
    Son curieux regard déroutant illuminait tout son visage
    Et ses cheveux, comme un feuillage qui jamais ne déparerait.

    Photos de Marta Bevacqua.

  • Vol au-dessus du temps qui passe

    Plutôt que des années qui m’effraient, je chevaucherai mon effraie
    Pour voir le chemin parcouru, combien de temps j’aurai couru.
    Plutôt que ressasser le passé que je ne peux plus surpasser,
    Je retiendrai les bons moments qui ont marqué l’événement.

    Plutôt que des années de regrets qui constitueront mes secrets,
    Je reprendrai les jours de honte, je sais que mon cœur les surmonte ;
    Je revivrai tous mes échecs, les imprévus tant intrinsèques,
    Pour les transformer en victoire et réécrire mon histoire.

    Plutôt que des années de péché où Dieu ne s’est pas empêché
    De me glisser des chausse-trappes et tous les malheurs qui me frappent ;
    Au fond du cœur j’ai un mantra car il est dit dans mon contrat :
    « Plus la vie et les années passent et moins tout cela ne me tracasse. »

    Tableaux de Lucy Campbell.

  • Dans l’eau trouble de mon bain

    Laver le cœur, l’âme et l’esprit dans un bain en quadrichromie
    Me permettrait d’évacuer mes fantasmes et mes stupeurs.
    J’y verrais ce que j’ai appris et tout ce que j’aurais omis
    Qui pourrait réévaluer colères, joies, tristesses et peurs.

    Aujourd’hui, science sait reconnaître la forme d’un rêve à partir d’images du cerveau ;
    Demain, elle saura explorer la mémoire et nous n’aurons plus rien à cacher ;
    Déjà, les scanners des aéroports nous déshabillent et nous montrent nus ;
    Lorsqu’une puce implantée nous servira de monnaie d’échange tout en signalant où nous sommes, il faudra être propre à l’intérieur comme à l’extérieur.

    Tableau de Frida Kahlo.

  • Le son du corps

    Dans ce manège qui tourne en rond sans jamais arrêter sa course,
    Un jour retentira l’arrêt du cheval fougueux qui me porte.
    Ejecté dans les environs de l’attraction de la Grande Ourse
    Viendra le temps de me séparer de ce qui aujourd’hui m’importe.

    Depuis l’enfance suivie de l’adolescence jusqu’à l’adulte et après la vieillesse, le corps subit de nombreuses mutations. Ce serait drôle de reprendre notre corps à chaque étape et faire un bout de chemin avec. Ce n’est pas que ça me préoccupe mais, histoire de réparer mes échecs et mes blessures, je me verrais bien revenir avant chaque accident de ma route pour récupérer mes points. Ça fait plein de choses à faire après sa mort…

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Le réveil-matou

    Juste avant l’aube, il fanfaronne et met tout son cœur à la tâche
    D’une manière inadéquate pour nous hâter vers la cuisine.
    Toute la journée, il ronronne et tique-taque des moustaches
    Après avoir gobé ses boîtes puis, va dormir chez la voisine.

    Il n’y a pas que les matous qui donnent l’heure, les toutous aussi. À Sennhof, petit village où chiens et chats vivent au paradis, tous les matins, midis et soirs, nous voyons défiler sur les berges de la Töss tous les chiens du village, une bonne centaine, et même un chat en voiturette. Quant à notre chat, Cherche-Midi, il ne sort pas mais commence dès quatre heures du matin à réclamer sa nourriture en faisant tout le bruit possible en jouant ou en griffant les meubles.

    Tableaux de Jacek Yerka et Remedios Varo.

  • Là où ira l’éléphant

    Quand le dernier éléphant viendra sonner à ma porte
    Pour que je l’emmène ailleurs vers une autre destinée,
    Je vous jure, mes enfants, je l’embarque et je l’emporte
    Loin des chasseurs pinailleurs qui veulent l’exterminer.

    Quand elle aura exterminé quelques six milliards d’humains et qu’elle aura vidé la planète de toute sa vie parasite, la nouvelle race vivra dans son hôtel de luxe avec vue imprenable au clair de l’ancienne Terre. Pour ces nouveaux privilégiés, ce n’est qu’une question de temps et d’argent, ils en ont les moyens. Quant à nous, nous ne sommes pas encore morts…
    Cette impression me vient de très nombreux scénarios de films et de séries américaines contemporains comme si on voulait éduquer et conditionner nos enfants au monde de demain.

    Illustrations de Quint Buchholz.

  • L’étoile errante

    De peur qu’elle ne se compromette avec sa fougue étincelante,
    La déesse se fit comète et vécu d’étoiles filantes.
    Au fil du temps, elle revient contempler le soleil, son frère
    Afin de voir ce que devient sa prépondérance solaire.

    Depuis ce mois d’octobre, j’ai changé ma « méthode » d’expression. Je laisse le soin à Maryvon Riboulet d’écrire un poème en vers à partir d’une image inspirante et à Raymond Verdilhan celui d’exprimer ma pensée du moment en prose. Cette réflexion n’est ni à prendre au sérieux ni une idée révolutionnaire mais juste une manière de rester libre et parler en toute franchise (avec mes erreurs et mes vérités) afin de ne pas attraper « la grosse tête ».

    Tableaux de Remedios Varo.

  • Vérité impudique

    Si aujourd’hui la vérité est enfermée dans une cage,
    C’est pour cacher sa nudité qui oppose encore un blocage.
    Et le gardien des bonnes mœurs l’empêche de se révéler
    Derrière de fausses rumeurs qui par la presse sont corrélées.

    Alors le coronavirus ? Vraie menace, ou intoxication ? Peu importe ; c’était l’arbre qui cachait la forêt et, aujourd’hui, la peur ayant conditionné l’humanité, les gouvernements nous oppressent, nous confinent, ferment les lieux de rencontre, imposent des amendes aux contrevenants et finissent par devenir une dictature. Le coronavirus est la première bataille que nous avons perdue. Mais nous n’avons peut-être pas perdu la guerre.

    Illustration de Leslie Ditto.

  • Fleurs d’automne

    Les fleurs d’automne paraissent tristes dans leurs coloris mordorés ;
    Le soleil a diminué l’ensemencement de lumière.
    Alors elles se font artistes en exposant leurs cœurs dorés
    Dès le matin dans des nuées de brouillard au pied des chaumières.

    Beaux dahlias, jolis colchiques, belles gentianes, fières impatiences,
    Asters vivaces, robustes hélianthes, viennent pour un dernier baptême.
    L’automne devient nostalgique rêvant à des jours d’insouciance
    Dans cette saison conciliante qui voit fleurir ses chrysanthèmes.

    Elles sont belles, elles sont tristes, les fleurs d’automne dans la lumière tamisée des jours qui raccourcissent.
    Chaudes couleurs, un peu flétries, qui sèment encore du bonheur dans la grisaille des matins et des soirs éphémères.
    Pourtant, malgré le renouveau du printemps et la magnificence de l’été, l’automne sait se montrer artiste par sa palette de couleurs mordorées.

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • Rencontre au réverbère

    « Jeune homme, avez-vous vu mon chien ? » Dit-elle, d’une voix autoritaire,
    À ce garçon éberlué, debout au pied du réverbère.
    Lui, étudiant théologien, les yeux au ciel, l’air solitaire,
    Attendait, pour la saluer, la fille aînée de la mégère.

    Une fois sa mère repartie, la fille accourt porter secours
    À l’amoureux qui l’attendait, le cœur transi de solitude.
    Heureusement, en contrepartie, plus fort il lui fera la cour ;
    Quant à elle, elle, pour s’amender, lui permettra une folitude…

    …Puis, il a plu. Quelle bévue ! Il a sorti le parapluie.
    Elle, mouillée, déshabillée, s’est rhabillée et s’est blottie.
    Lui, entendu, à tout prévu, la main caressant sous la pluie
    Son petit sexe écarquillé, bien au chaud, pas si mal loti.

    Ça leur a plu ; alors depuis, lorsqu’il pleuvra, ils sortiront
    Sans parapluie, n’ayant pas peur de se mouiller, ont pactisé :
    Ils aiment l’amour sous la pluie et même ils s’y asserviront.
    Ils auront plein d’enfants de cœur puisque, en principe, baptisés.

    Illustrations de Pascal Campion.

  • La rencontre

    Toute vêtue d’habits de nuit d’or et d’étoiles scintillantes,
    Elle aperçut sortir de l’ombre, sur l’arbre un oiseau fabuleux.
    Il se tenait devant son huis avec ses plumes émoustillantes
    De mi-lumière en mi-pénombre par son ramage nébuleux.

    Par cette étrange ressemblance du lapis-lazuli des robes,
    Une amitié unit leurs cœurs d’amours et d’ors émoustillés.
    Pourtant malgré la vraisemblance, la réalité se dérobe
    Et au matin du jour moqueur, le paon n’est qu’un rêve oublié.

    Les rêves plient et courbent la réalité un peu comme un ruban de Möbius qui crée des correspondances entre désirs, peurs, invraisemblance et situations vécues. Les souvenirs lointains et oubliés sont grossis à la loupe, les films et les romans s’immiscent dans le quotidien et les angoissent s’épanouissent. Pourquoi les rêves ? Peut-être pour réaliser d’autres possibilités requises.

    Tableau de Loetitia Pillault.

  • Récolte de petits bonheurs

    Fruits du printemps, fruits de l’été, fruits de l’automne, fruits de l’hiver,
    Ma connaissance est complétée par les échos de l’univers.
    Livres d’automne, tomes de saison, aux couvertures rouge et or ;
    Ma litanie à la maison, mon credo, mon confiteor.

    J’ai voyagé un peu partout tout autour de la Terre avec Prévert et d’autres, ainsi qu’ailleurs dans des pays d’absurdités et d’utopie. Les meilleures compagnies littéraires offrent des voyages organisés complets du début à la fin mais les plus mauvaises m’ont laissé en plan au premier chapitre – les erreurs de lecture sont fréquentes. Mais j’ai absorbé les plus belles images sans sortir le moindre smartphone.

    Tableaux de Mariusz Stawarski et Pawel Kuczynski.

  • La gravité

    Rien ne se perd, rien ne se crée mais tout est lié par l’attraction ;
    Les forces gravitationnelles entraînent des révolutions.
    Les catastrophes et les regrets qui nous frappent par effraction
    Donnent une force proportionnelle qui marque notre évolution.

    Le champ gravitationnel terrestre et la gravité d’une situation ont un point commun : Ils nous maintiennent les pieds sur Terre et nous font évoluer. Une épreuve de forte gravité est toujours l’occasion d’un changement lorsqu’elle est comprise et acceptée ; plus elle est grave, plus elle donnera de force pour rebondir. Quant à la mort, c’est un trou noir mystérieux…

    Tableaux de Remedios Varo.

  • Astuces et raccourcis

    Les astuces, indispensables pour me simplifier la vie,
    M’évitent de passer trop de temps à tourner dans mon quotidien.
    Mais la quantité innombrables qu’il faut retenir m’asservit
    L’intelligence à cœur battant durant mon rythme circadien.

    Toutes ces astuces et ces recettes de grands-mères assimilées au quotidien nous simplifient la vie mais… au cours d’une vie, ça fait beaucoup de choses à retenir… il faudrait une astuce pour les intégrer en réflexe.
    Découvrir et retenir des astuces est une adaptation de l’esprit, une intelligence. Je me demande s’il existe des astuces pour intégrer l’amour au cœur ?

    Tableau de Rafal Olbinski et illustration de Guy Billout.

  • La libération

    J’ouvre la cage de mon cœur qui s’envole comme un oiseau
    Dans les voies d’imagination vers des paysages inconnus.
    Et je libère ainsi la peur des chats tapis dans les réseaux
    Qui ourdissent des machinations pour dévorer mon âme nue.

    Les informations du monde ont tendance à m’enfermer dans une cage d’oppression.
    Le stress devient une prison qui empêche tout effort de création et d’imagination.
    Tant que j’accepte cela, je sombre petit à petit dans l’apathie et la cage se resserre.
    Mais dès que je cesse d’avoir peur, toute la création revient car elle n’a jamais été annihilée.

    Tableaux d’Andrey Remnev.

  • Complexité et difficulté de la connaissance

    Dès l’entrée de la connaissance, le parcours peut paraître obscur
    Et la progression se complique à chaque étape du chemin.
    Ainsi la vie dès la naissance n’évoque pas une sinécure
    Malgré tout ce qu’on nous explique pour faire de nous des humains.

    Alors que la religion appelle « péché originel » la volonté de l’homme et de la femme d’accéder à la connaissance, il me semble plus judicieux d’appeler ce passage de l’innocence vers la responsabilité : « conséquence du libre arbitre ». Le parcours est beaucoup plus difficile mais évolutif, positif et conscient. Il n’est ni une faute ni une solution de facilité.

    Illustrations de Marcin Bondarowicz et Pawel Kuczynski.

  • La Rose sauvage

    Les ornements dans les cheveux, une fleur posée sur l’oreille,
    Une croix, un symbole saint, tout cela me donne raison
    Mais je ne fais pas ce que je veux ; ma beauté nue n’est pas pareille
    Et si je veux montrer mes seins on me renvoie à la maison.

    D’une part, une minorité montante islamique tente d’imposer son voile ;
    D’autre part une majorité démagogique rejette les décolletés jugés impudiques ;
    Et puis, des gouvernements qui nous imposent le masque et le confinement…
    Quelle est la forêt que l’arbre coronavirus tente de nous cacher ?

    Tableau de Linas Cicėnas.

  • Selon ma reine

    Si j’étais roi, juste pour un jour, je prendrais une reine pour la nuit ;
    Le lendemain, monarque déchu, je devrais me sauvegarder.
    Je ne vous raconte pas l’amour que je devrais faire à minuit
    Pour, qu’à la dernière heure échue, elle ait envie de me garder.

    Si j’étais roi, juste pour un an, je prendrais une reine en leasing
    Pour l’amortir sur douze mois et pouvoir manger à ma faim.
    Tous les matins en déjeunant je l’aimerais dans le living
    Pour lui faire un enfant de moi, rentabilisé sur la fin.

    Si j’étais roi, mais pour toujours, je prendrais une reine éternelle
    Qui ne s’use pas quand on s’en sert mais qui jouerait de l’olifant.
    Évidemment, jour après jour, grandirait l’appétit charnel
    Qui nourrirait, jusqu’au dessert, l’espoir d’avoir beaucoup d’enfants.

    Tableaux d’Alexander Sigov.

  • Gare au gorille !

    Monsieur prétendait que sa femme étrennait un nouvel amant
    À la voir rire en son manoir, tant glousser que ses seins en bougent.
    Pourtant rien ne semblait infâme dans le personnel du moment :
    La cuisinière vêtue de noir et le chauffeur en manteau rouge.

    Madame voyait la vie en rose et montrait de belles couleurs
    Quand elle partait en promenade chez une présumée Daisy.
    Elle quittait la vie morose de son château plein de douleurs
    Pour une vive fanfaronnade avec un’ touche de fantaisie.

    Le chauffeur, un gorille blanc, appartenait à la chapelle
    Des primates érotomanes, le genre qui ne plait qu’aux dames.
    Car le singe, sans faux-semblants, donnait des orgasmes à la pelle
    À sa maîtresse nymphomane en roulant sur le macadam.

    Tableaux de Caroline Christen.

  • Les chapitres au long cours

    Les romans fleuves jettent à la mer toutes les larmes accumulées
    Par les tempêtes de colères et par les pluies de calomnies.
    Et sur cet océan amer, je vois des vaisseaux pulluler
    Au gré des vents épistolaires soufflant dans mes nuits d’insomnies.

    Depuis le début de ce mois d’octobre, je dors la première partie de la nuit puis, dans un demi-sommeil éveillé, je fais des voyages extraordinaires sur des terres ou dans des espaces inconnus où je vois défiler toute ma vie comme des vagues de souvenirs mais je découvre également des mondes fantastiques, poussé par des vents de reconnaissance.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • L’expression

    Ne croyez pas que je fantasme sur un Éternel Féminin
    Mais son modèle reste imprimé dans mes rêves les plus secrets.
    J’y découvre aussi quelques orgasmes qui me fait cracher mon venin
    Que je n’ai plus qu’à exprimer sans la moindre ombre d’un regret.

    Sous les tropiques, l’abondance de nourriture a fait évoluer l’oiseau en paradisier qui transforme l’énergie qu’il mettait à se nourrir en parade sexuelle pour attirer sa femelle.
    La même évolution métamorphose l’homme en artiste qui s’exprime pour capter son public. Et la femme ? Elle est pareille mais ce n’est pas pareil quant à l’appareil.

    Tableau de Juliette Belmonte.

  • La plupart…

    La plupart…

    Je n’ai pas parlé aux champignons ;
    La plupart sont mortels.
    J’ai écouté la quiétude ;
    La plupart de la forêt regorge de vie.

    (Dans la forêt d’Eschenberg, j’ai cheminé sans problème mais j’ai buté sur « la plupart »…

    Le verbe s’accorde toujours, en genre comme en nombre, avec le complément de « la plupart » :

    La plupart des robes ont été vendues.
    La plupart du temps est consacré à la lecture.

    S’il n’y a pas de complément, le verbe se met au masculin pluriel :

    La plupart se sont excusés.
    La plupart refusent de changer de poste.

    Source : https:www.projet-voltaire.frregles-orthographela-plupart-est-ou-la-plupart-sont )

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • sans titre)

    sans titre)

    Aujourd’hui pas de mot.
    Ce matin, je suis parti dans la forêt.
    J’ai entendu le silence et je l’ai écouté.
    L’automne m’a répondu.

    Ce matin dans la forêt d’Eschenberg.

  • Miss Octobre Joli-Cœur

    Miss Octobre Joli-Cœur

    Enfin, Miss Joli-Cœur arrive pour s’installer trente-et-un jours
    Dans le grand palais de l’automne pour une nouvelle saison.
    Adieu Septembre à la dérive, bonjour Octobre au bon séjour
    Et que les teintes monotones s’envolent loin de nos maisons.

    Illustration de Janice Sung.

  • La voie vers l’abstraction

    La voie vers l’abstraction

    Naviguer entre ciel et Terre, entre ces deux mondes parallèles
    Et parvenir à l’infini pour échapper à l’attraction
    Comme un voyage en solitaire où l’aventure donne des ailes
    Et nous ouvre en catimini l’issue de secours vers l’abstraction.

    Photo de Phil Koch.

  • Miss Septembre pas si tendre

    Miss Septembre pas si tendre

    Mademoiselle de Septembre n’aime pas trop céder la place
    À cette pimbêche d’Octobre qui lui ravit sa primauté.
    Mais elle doit quitter la chambre et laisser les clefs du palace
    Avant midi malgré l’opprobre de son masque de cruauté.

    Illustration de Janice Sung.

  • Le mousse du mercredi

    Le mousse du mercredi

    Le mercredi, première plage ; pour le mousse, premier volume.
    Au pied du livre de la mer, des milliards de vagues racontent
    Tous les bateaux, les équipages, les uniformes et les costumes,
    Sur fond du décor outremer d’où s’écoulent les plus beaux contes.

    Tableau de Pawel Kuczynski.

  • Rêves emportés par le vent

    Rêves emportés par le vent

    Dans toutes ces feuilles volantes, l’automne écrit ses beaux romans
    Que je lis en suivant le vent comme un feuilleton de saison.
    J’en dévore les belles amantes, nues sur leurs limbes en slalomant
    Entre les souffles se poursuivant depuis le seuil de ma maison.

    Tableau de Sandro Del-Prete.

  • Sous l’horloge cosmique

    Sous l’horloge cosmique

    Vue du dessous, la grande horloge impressionne nos petits instants
    Qui durent le temps d’un soupir et nos vies, juste un battement.
    Parfois en rêve, je déroge à la mécanique du temps
    Quand l’ange passe s’assoupir dans ma main, délicatement.

    Plafond de la salle de musique de la Villa Stuck à Munich peint par Franz von Stuck.

  • Échec à la mort !

    Échec à la mort !

    Quand la vie joue contre la mort, la partie joue sur deux terrains
    Le vivant voit le côté blanc ; personne ne revient du côté noir.
    On perd une pièce avec remords, on perd un œil, on perd un rein ;
    On gagne sa vie mais en tremblant jusqu’au mat, tel un assommoir.

    Tableau de Sandro Del-Prete.

  • Je perds la tête

    Je perds la tête

    Je prends ma tête entre les mains et je la perds dans la tourmente ;
    Plus le temps passe et plus les gens agissent comme des fous à lier.
    Mais j’ai compris sur le chemin en cette époque désarmante
    Que je suis trop intransigeant dans un monde inhospitalier.

    Lorsque la Terre tourne trop vite, je m’affole et deviens nerveux ;
    Je suis comme cette grenouille qu’on plonge dans de l’eau bouillante.
    Je préfère ainsi car j’évite de me faire cuire à petit feu,
    Agonisant, mourant de trouille sous une oppression malveillante.

    Tableau de Maggie Taylor.

  • Entre deux eaux

    Entre deux eaux

    Sur la frontière du sommeil entre conscience et inconscience,
    Les rêves portent loin sur l’eau de cette hypnotique quiétude.
    Et dans ces moments sans soleil mes intuitions donnent naissance
    À des images dans un halo d’une inconcevable mansuétude.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Au pis-aller, les pissenlits

    Pissenlit dent-de-lion de jaune inflorescence,
    Tu es la fleur véritable, l’égale du soleil.
    Sous le signe du lion, tu dardes d’effervescence
    Tes spores charitables qu’un coup de vent balaye.

    Là, Pissenlit gracile aux couleurs brun-rougeâtre,
    Tu sèmes de tes graines toute ta descendance.
    Ton envolée facile sous l’automne douceâtre
    Annonce l’année prochaine des fils en abondance.

    Tableaux d’Alla Tsank.

  • Au clair de ma plume

    Depuis que j’ai prêté ma plume à ma voisine de palier,
    Je vois la Lune s’inverser à moins que ce ne soit mon cœur.
    Car il a pris tant de volume qu’il déborde dans l’escalier
    De tout l’amour qu’il a versé en lisant ses mots chroniqueurs.

    Dès le premier quartier de lune, elle m’écrit ses mots d’amour
    Autour de son croissant d’argent à l’encre noire de la nuit.
    Je lis ses rimes opportunes dès mon réveil, au petit jour
    Et je m’en vais les partageant avec l’auditoire qui me suit.

    Au dernier quartier de la Lune, elle s’envole quelques jours
    Pour s’en aller broyer du noir aux sources de son encrier.
    Et je tempère mon infortune tout le temps que dure son séjour
    En surveillant de mon manoir la date du calendrier.

    Tableaux de Duy Huynh sur https:www.liveinternet.ruusers4237948post287544410 .

  • Chasse-Lune

    Premier quartier, Minet s’éveille et son environnement surveille
    Si les souris dans les nuages croient que la lune est un fromage.
    Quand monte le premier croissant, tranche de Gouda grimaçant,
    Paraît le leurre scélérat et le matou chasser les rats.

    Dernier Quartier, Minet s’endort sous la lune au beau croissant d’or.
    Mais les souris ont tout mangé du fromage à croûte orangée.
    La peste soit de ces voleuses qui ne sont que des enjôleuses !
    Alors dans la nuit, il s’éclipse et fait ses adieux d’une ellipse.

    À chaque quartier savoureux, notre Minet est amoureux ;
    C’est arrivé, c’est très récent, d’une chatte aux yeux phosphorescents.
    Leurs queues se sont entrelacées, leurs museaux se sont embrassés
    Et demain, sous la pleine lune, ils s’aimeront dans les callunes.

    Tableaux de Raphaël Vavasseur.

  • Le vague à l’âme

    Le vague à l’âme

    Lorsque le papillon, d’une aile, brasse l’air de son vague à l’âme,
    La planète en transmet les ondes qui deviendront fronts de tempêtes.
    Ma contribution personnelle en accueille le retour de flamme
    Comm’ cinquième élément d’un monde où chacun n’en fait qu’à sa tête.

    Tableau d’Alice Wellinger.

  • Derrière la fonte des glaces

    Derrière la fonte des glaces

    Derrière la fonte des glaces, s’ouvre la porte de l’exode
    Et l’ours hésite sur le seuil à abandonner sa banquise.
    Tous les curieux qui se déplacent pour regarder chaque épisode
    N’en porteront jamais le deuil puisque la planète est conquise.

    Tableau d’Akira Kusaka.

  • La femme-poisson

    La femme-poisson

    Une sirène avec deux jambes et une tête de poisson-chat…
    La réciproque est-elle admise dans les échos référendaires ?
    La créature, bien plus ingambe, ferait bien mieux ses entrechats
    Mais l’incertitude est permise quant à son charme légendaire

    Tableau de Maggie Taylor.

  • Échecs aux poissons

    Échecs aux poissons

    Le vendredi, jour du poisson, la reine devient la sirène,
    les requins-marteaux épouvantent les hippocampes à fond la caisse
    Autour des tours colimaçons où s’acheminent les murènes,
    Jusqu’à la cuisson émouvante du roi des mers en bouillabaisse.

    Tableau de Maggie Taylor.

  • La Balance de l’automne

    La Balance de l’automne

    Soudain la Vierge de l’été devient Balance de l’automne
    Et la nature s’harmonise à sa nouvelle garde-robe.
    La rouille vient se refléter dans les ramures monotones
    Des arbres qui se synchronisent et dont les feuilles se dérobent.

    Tableau de Alla Tsank.

  • L’aube de l’intuition

    L’aube de l’intuition

    Comme le soleil en apparence qui tourne autour de la planète,
    Ce petit oiseau, qu’est mon âme, s’oriente en opposition.
    Mais il m’atteste l’assurance que ma progression reste nette
    Tandis que j’écoute la flamme que me chuchote l’intuition.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Phénix bleu

    Phénix bleu

    J’avais rêvé d’un phénix bleu que ne renaîtrait pas du feu
    Mais d’une source d’ondes pures et féminine par nature.
    Au berceau bordé de nuages, juste revêtue d’un plumage
    Et dont le cri résonne encore quand j’entends battre son cœur d’or.

    Tableau de Chie Yoshii sur www.chieyoshii.com .

  • La jokeuse vertueuse

    La jokeuse vertueuse

    Comme un blason de liberté taillé d’une hache de guerre
    Qui lui divise le visage des quatre vertus cardinales :
    Deux yeux de force et de fierté, un goût de justice à la lèvre,
    Les larmes au prix de la prudence mêlées d’un sang de tempérance.

    Photo d’Irina Darina.