Catégorie : 2020

  • Le Paradis déconfiné

    Le Paradis déconfiné

    Confinés dans leur nirvâna, ils mangèrent tellement de compote
    Qu’ils ne purent même plus passer par la porte du Paradis.
    Il leur fallu l’assistanat d’un ange qui changea leur popote
    Par une soupe aux pois cassés, une salade et un radis.

    Tableau de Fernando Botero.

  • Le monde à l’envers

    Le monde à l'envers

    Après le monde déconfiné, plus rien ne sera comme avant.
    Ceux qui n’ont plus les pieds sur Terre prendront d’éternelles vacances
    Vers des pays déterminés, encore mieux qu’auparavant,
    À offrir aux gens solitaires le plaisir en extravagance.

    Photo de Benoit Gaillandre.

  • Chacun son chat

    Moi, en robe de paon ; toi le chat sacripant,
    Moi, j’offre mon giron ; toi, offre ton ronron.
    Couchés sur le divan un instant captivant
    À guetter les souris d’une attention nourrie.

    Moi, en robe fleurie ; toi, le chat aguerri,
    Viens me faire un câlin, joli matou malin !
    Partager mon fauteuil aux couleurs de tilleul
    Et rêver un moment comme de vieux amants.

    Moi, en robe de vagues ; toi, le chat qui divague,
    Moi, contre mon minou ; toi, contre mes genoux.
    Tes poils sur la bergère et moi en tenue légère
    Pour passer la journée ensemble à ronronner.

    Tableaux de Didier Lourenco.

  • Les oiseaux de bons auspices

    Au fil des heures étirées par la tombée du crépuscule,
    Le soir empourpre les ruelles et couvre d’ombre les arcades.
    Dans le silence déchiré par des oiseaux en groupuscules,
    Une huée douce et cruelle brise le calme de la rocade.

    Dans le sommeil qui vous emporte dans le doux ventre de la nuit,
    Une fenêtre s’illumine ; ici, non plus, on ne dort pas.
    Aussitôt, on ouvre une porte ; il n’est pas très loin de minuit.
    Une présence féminine étouffe le bruit de ses pas.

    Sitôt sortie de sa chaumière, la silhouette volatile
    D’une femme s’apprête à goûter suavement l’instant propice.
    Alors les oiseaux de lumière donnent de leurs cris versatiles,
    À celle qui sait écouter, l’écho de leurs meilleurs auspices.

    Tableaux de Malwina de Brade.

  • Comme une araignée au plafond- 6

    Comme une araignée au plafond- 6

    Après une bonne formation pour capter la télévision,
    La femme des années soixante savait comment nous captiver.
    Aujourd’hui, les informations que je vois en mondovision
    Sont fausses et tellement angoissantes que j’ai dû la désactiver.

    Dame Lesley Lawson – dite Twiggy – photographiée pour Vogue.

  • Comme une araignée au plafond- 5

    Comme une araignée au plafond- 5

    Avant de me déconfiner, je dois respecter les paliers
    Afin que la décompression ne me fasse pas bouillir le sang.
    Je ne suis pas déterminé à dégringoler l’escalier
    Et offrir aux gens l’impression que mes cheveux sont repoussants.

    Photo de Roberto Folk Seminari.

  • La merde

    La merde

    Les pattes accrochées au fumier, le coq est si fier de chanter !
    Les racines plongées dans la boue, la fleur de lotus s’ouvre au jour.
    Ne craignons pas d’avoir les pieds dans la merde et devoir déchanter
    Car nous en sortirons debout nos plus belles histoires d’amour.

    Cette belle couleur marron, si répandue et odorante,
    Devrait plutôt porter le nom de peinture à merde marrante.
    Finalement, notre passage, dans cette vie insignifiante,
    Se résume au matelassage de la planète par notre fiente.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mon chemin

    Mon chemin

    Je ne suis pas les chemins tracés
    Mais je suis mon propre chemin ;
    Mes reflets verts sont des repères
    Pour celui qui veut l’emprunter.

    Mon chemin n’est pas le plus court
    Mais il embrasse les paysages ;
    Je ne sais pas où il arrive
    Mais c’est toujours une surprise.

    Il suit les contours du terrain
    Et fait des circonvolutions ;
    Il n’obéit pas au cartographe
    Mais pour moi c’est le plus adroit.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le masque à ras

    Le masque à ras

    Le masque devient obligatoire – qu’il soit ou ne soit pas commode –
    Chacun en fait une occasion pour s’exprimer à sa façon.
    Bientôt les couturiers notoires sauront l’apprêter à la mode
    Et nous connaîtront l’invasion de virales contrefaçons.

    Isabella Blow par Mr Pearl sur www.jessicalight.blogspot.com201401mr-pearl.html .

  • Le poison lent

    La civilisation en marche, alliée au progrès du futur,
    Nous télécharge à domicile les fruits du monde épicurien.
    Quel plaisir pour le patriarche d’offrir à sa progéniture
    Des objets les plus imbéciles aux gadgets qui ne servent à rien.

    Mais voilà qu’un couac intervient dans cette chaîne industrielle ;
    Un poison lent s’est immiscé dans toute la consommation.
    Et comme personne ne parvient à en fabriquer des kyrielles,
    Voici la fin d’une odyssée et de la mondialisation.

    Illustration de Moebius.

  • Comme une araignée au plafond – 4

    Comme une araignée au plafond - 4

    L’inconscient sent son cauchemar s’insinuer dans tous les rêves
    Qui viennent le hanter la nuit comme si c’était prédestiné.
    Car le jour nous en avons marre de voir que l’on vit ou l’on crève
    Selon un pouvoir qui nous nuit à défaut de nous estimer.

    Tableau de Michael Sowa.

  • Comme une araignée au plafond – 3

    Comme une araignée au plafond - 3

    Tant elle usa, elle abusa de son pouvoir bouleversant
    Qu’elle ne put quitter son plafond sur lequel elle se confinait.
    Son mari point ne s’amusa et trouva plutôt renversant
    De la voir en toile de fond, nue, tandis qu’il se lancinait.

    Tableau de Brooke Shaden.

  • Comme une araignée au plafond – 1

    Comme une araignée au plafond - 1

    Comment en suis-je arrivée là, moi, l’innocente et son minet ?
    Comment le monde a basculé vers une telle absurdité ?
    Comment le monde s’emmêla à désirer me confiner
    Comme s’il avait calculé mon degré de crédulité ?

    Photo de Brooke Shaden.

  • Comme une araignée au plafond – 2

    Comme une araignée au plafond - 2

    Heureusement j’ai des infos que je dois comprendre à l’envers.
    Heureusement j’ai la radio dont j’entends les conseils pervers.
    Heureusement j’ai la télé qui montre ce que je dois voir
    Et j’en serai inoculée de ce qu’ON pense être mon devoir.

    Photo de Rosie Hardy.

  • Des racines et des ailes

    Maintenant que j’ai pris racine dans mon plancher en bois verni,
    Voilà que le confinement met un terme à ma gestation.
    Je sors les pieds de ma bassine, mes ailes blanches un peu ternies
    Mais avec le raffinement de sortir sans attestation.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Et volent les moutons

    Et volent les moutons

    Fêtons le déconfinement en savourant la liberté
    Qui nous donne des ailerons qui prolongent nos espadrilles.
    En poussant le raffinement nous en serons déconcertés ;
    Lorsque les moutons voleront, nous serons tous chefs d’escadrille.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Aux sources du stradivarius

    Aux sources du stradivarius

    Après la leçon de piano, il s’en va faire un gros dodo
    Car les enfants l’ont épuisé par leurs cris stridents et laïus.
    Les concours internationaux ont tant pompé sa gamme de do,
    Qu’en dormant il ira puiser auprès d’un vieux stradivarius.

    Pour ce dernier jour confiné dans son petit conservatoire,
    Il s’en ira conter fleurette aux souris et aux petits rats.
    Le violon d’Ingres du minet s’étant révélé, c’est notoire,
    D’accompagner les amourettes sur des miaulements d’opéra.

    Tableau de Maria Pavlova.

  • En avance sur son temps

    En avance sur son temps

    Monsieur Héron, motorisé car en avance sur son temps
    Sur une tortue populaire, croisa une jolie luronne.
    Alors il s’est autorisé à lui demander le montant
    D’une partie de pattes-en-l’air pour calmer sa testostérone.

    La belle, à patte et à plume, répliqua à cette envergure
    En déployant ses grandes ailes et s’envola dans le silence.
    De cette histoire, nous conclûmes qu’il n’était pas de bon augure
    De se pavaner avec zèle et frimer avec insolence.

    Tableau de Kevin Sloan sur http:paradisexpress.blogspot.com201010kevin-sloan.html .

  • Les femmes-anima

    Au sein de son imaginaire, l’homme s’approche d’une image,
    Représentation féminine de son anima masculine.
    Il cherche l’âme originaire qui se dérobe dans un mirage
    Dès que sa raison léonine fait monter son adrénaline.

    Alors pour dépasser le mur du masculin au féminin,
    Remontons la fibre animale dont nous sommes les héritiers.
    Et ce fil ténu nous murmure d’un écho sans doute bénin
    Que la vie a créé le mâle et la femelle usufruitiers.

    Car la vie nous prête le corps et nous n’en sommes que locataires,
    L’homme comme les animaux, comme la femme sans frontière.
    Ainsi pour retrouver l’accord de l’anima héréditaire,
    Ces fils infinitésimaux sont tendus sur la faune entière.

    http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet.

  • Les femmes-oiseaux

    Cri de chouette dans la nuit, femme qui rêve dans son lit.
    Vol d’alouette au point du jour, femme qui s’éveille au matin.
    Survol de l’aigle de minuit, femme dans sa mélancolie.
    Hululement, voix de velours, femme dans ses draps de satin.

    Le saviez-vous ? Ce sont les femmes qui se transforment en oiseaux
    Lorsqu’elles rêvent où se réveillent ou s’abandonnent à leurs pensées.
    Ce n’est ni bestial ni infâme, c’est leur partie de damoiseau
    Qui prend le relais et qui veille comme pour les récompenser.

    Quand je vois l’envol d’un corbeau, d’un canard ou d’un épervier,
    Je pense à la femme qui dort et laisse s’envoler son âme.
    De leurs gazouillements verbaux, quelquefois je suis convié
    À partager ce rêve d’or dont je vous livre le sésame.

    http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet.

  • Le cours du chat

    Le cours du chat

    Durant notre confinement, quand vocifèrent les enfants,
    J’en suis toujours à m’ demander d’où leur vient cette voix criarde.
    Je l’ai appris dernièrement par la souris dont l’éléphant
    Connaît le cours recommandé d’un chat hurlant comme un vieux barde.

    Tableau de Maria Pavlova sur https:www.thegreatcat.orgthe-cat-in-art-and-photos-2cats-art-contemporarymaria-pavlova-1979-present-russian .

  • Chappartement – 1

    Chappartement - 1

    Dommage qu’il ait déménagé de son joli chappartement
    Qu’il occupait dans mon armoire d’une manière sans pareille.
    Depuis, je ne puis présager les orages à retardement
    Qu’il faisait, si j’ai bonne mémoire, tonner, la patte sur l’oreille.

    Tableau de Giovanna Zoboli.

  • La théorie du complot

    La théorie du complot

    « Ha ha, il paraît qu’on sera tondus ! » Tout ça, c’est des sous-entendus !
    « Hé hé, il paraît qu’on rationne l’herbe  ! » j’ai déjà ouï ce proverbe !
    « Hi hi, on nous traite comme des moutons ! » méfions-nous du qu’en-dira-t-on !
    « Hu hu, il paraît même que ça urge ! » comme les moutons de Panurge !
    « Ho ho, il paraît qu’on sera pucés ! » avec science et caducée !
    « Hou hou, il paraît qu’on sera mangés ! » ça ne doit pas nous déranger !

    Tableau de Scott Gustavson sur www.scottgustafson.comcharacter-design .

  • Trois petits singes

    Trois petits singes

    On n’a rien entendu de pis que les grippes du temps jadis !
    On n’a rien vu au niveau masques, l’erreur paraît plutôt fantasque !
    On n’a rien dit aux confinés pour qu’ils ne montrent plus leur nez !

    Black-out complet dans les cités, ignorons les atrocités !
    L’information est muselée afin de vous dissimuler
    Que l’ coronavirus, c’est l’arbre qui cache la forêt macabre.

    Tableau de Scott Gustavson sur www.scottgustafson.comcharacter-design .

  • La folie des grandeurs

    La folie des grandeurs

    Rien n’est trop beau pour la princesse qui n’en aura jamais assez
    Et si elle prend trop de place, on augmentera les impôts.
    Après tout pourquoi la richesse devrait-elle un beau jour cesser
    Puisqu’il paraît que la populace a choisi de porter le chapeau.

    Il faut au peuple ses héros et ses vedettes à admirer
    Afin de, par procuration, rêver à la vie de château.
    Tant pis si on reste à zéro, tant pis si on est aspiré
    Par notre procrastination car agir, c’ n’est pas du gâteau !

    Tableau de Tomasz Sętowski sur https:www.designstack.co201801oil-paintings-magical-realism-meets.html

  • Les tours d’ego

    Les tours d’ego

    Dans les immeubles confinés, les cages d’escaliers résonnent
    Comme des chœurs de cathédrales où chacun prie pour son église.
    Dans les familles recombinées, plusieurs générations raisonnent
    Sur les mesures magistrales que nos dirigeants diabolisent.

    Il paraît qu’on va nous tracer par des dispositifs légaux
    Pour donner des informations sur ce qu’on fait et où l’on est.
    Ce n’est pas que j’ sois agacé que l’on surveille mon ego
    Mais plutôt la déformation d’un totalitarisme inné.

    Tableau de Tomasz Sętowski sur https:ego-alterego.comtomasz-setowski-paintings#.XrLVXf8kyf1

  • Vivement le mois d’août !

    À tant suivre un confinement durant les longs jours du printemps,
    Je me mets à désespérer aux vacances toutes l’année.
    Je propose le raffinement de les faire durer à plein temps,
    Laisser le mois d’août prospérer d’une éternité à flâner.

    Tableau de Jessie Wilcox Smith.

  • Les sirènes modernes

    Les sirènes modernes

    D’une culotte marinière plutôt qu’une queue de poisson,
    Les sirènes s’habillent moderne, je vous en fais ce désaveu.
    Depuis le siècle des lumières, elles se sont mises aux caleçons
    Avec écailles en baderne, seins nus et fleurs dans les cheveux.

    Tableau d’Elena Khmeleva sur http:touchofcolorr.blogspot.com201506elena-khmeleva.html?m=1#more

  • L’amour du temps

    Le temps n’est pas une dimension, le temps n’est qu’une condition.
    La science ne peut le prétendre et n’arrive pas à comprendre.
    Ne sait que mesurer la trace du passage du temps qui passe
    Et donne du fil à retordre alors qu’il représente l’ordre.

    L’amour n’est pas une dimension, l’amour est la prolongation
    De la vie qui ne peut ni mentir ni cesser de s’anéantir.
    L’amour un message à transmettre à l’évolution qui va naître
    À chaque rencontre amoureuse dans une explosion langoureuse.

    (Tableau de Vladimir Kush.
    « Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. » Jean Cocteau.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La reine aux deux faces

    La reine aux deux faces

    Madame la reine nous entraîne dans un bal de sévérité
    Et se joue de la tyrannie pour galvaniser ses sujets.
    Gare à celui qui est à la traîne et gare à sa témérité !
    Celui qui résiste est banni a priori, sans préjugé.

    Madame, la reine de la nuit, entièrement nue à sa fenêtre,
    Se détend langoureusement pour un rapport d’intimité.
    Dès le premier coup de minuit, elle se donne à qui la pénètre
    Et lui offre amoureusement du sexe en magnanimité.

    Tableau de Joshua Burbank.

  • La plus belle des saisons

    La plus belle des saisons

    Notre-Dame des pâlichons, méprenez-vous sur la maigreur
    Des arbres noirs, des arbres en deuil que les corbeaux mettent à l’honneur !
    Tout paraît un peu folichon, tout paraît noyé dans l’aigreur ;
    On croirait au premier coup d’œil que c’en est fini du bonheur.

    Ce n’est que de la comédie, la terre n’est pas morte, elle dort
    En rêvant à la renaissance qui s’épanouira au soleil.
    L’hiver n’est qu’une parodie tirée de la boîte de Pandore ;
    Seul le sage a la connaissance que le trésor est en sommeil.

    Tableau de Yana Fefelova.

  • La danse à sept tams-tams

    La danse à sept tams-tams

    Toi qui conduit la cadence, toi qui dirige l’orchestre,
    Toi qui rythme la mesure, toi qui impose le temps,
    Toi qui nous immerge en transe les soirs de la Saint-Sylvestre,
    Mes pas résistent à l’usure et mon cœur en bat autant.

    Tableau de James Christensen.

  • L’hommage

    L’hommage

    Prince de la Sainte-Victoire et de tous les champs de la Terre,
    Toi, qui a su remédier à la couleur de mes espoirs,
    Toi, qui a raconté l’histoire à ma peinture élémentaire,
    Laisse-moi donc te dédier l’ensemble de mon répertoire.

    Tableau de Pablo Picasso en l’hommage à Paul Cézanne.

  • L’appel de la nature

    L’appel de la nature

    Quand les maux s’écrivent en douleurs tissées en forme de cuirasse,
    Seul un retour à la nature peut réveiller un cœur blessé.
    Flore et faune offrent leurs couleurs qui viennent à bout des carapaces
    Et autorisent l’ouverture vers les délices délaissées.

    Tableau de Cyril Rolando.

  • L’âme et le corps déconfinés

    « Nous ne vieillirons pas ensemble. » Je parle de moi et de mon corps,
    Celui qui retourne à la terre avec les plaintes et les remords.
    Quant à l’âme, si elle se rassemble avec mes autres plus vieilles encore,
    Je rejoindrai le grand mystère d’une autre vie après la mort.

    Quand Dieu devra penser à moi, plutôt que moi penser à lui,
    Soit je n’aurai plus rien à faire, soit je devrai recommencer.
    La mort aveugle, toute en émoi, me vendra le même produit :
    « Je vous propose une bonne affaire, cela dit sans vous offenser ! »

    Sauf que si l’âme se réveille hors de mon cœur, hors de l’esprit
    Qui à cette heure se véhicule dans un corps qui se reproduit ;
    Ce nouvel être qui s’émerveille dans un ailleurs qu’il s’approprie
    Connaîtra-t-il le ridicule de ce que je pense aujourd’hui ?

    http:artilo-artilo.blogspot.com201207seddon-boulet.html

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet.

  • Musique en Do confiné

    Je vis dans mon propre tableau encadré par les quatre murs
    Que mes petites cellules grises ont transformé en miniature.
    Heureusement, j’ai mon hublot d’où j’entends des voix qui murmurent
    Et me révèlent des surprises portant ma propre signature.

    Alors je les mets en musique accordée sur les courants d’air
    Qui me donnent un Do confiné plutôt qu’un La de référence.
    Mais pour tous les vents amnésiques, l’exactitude reste secondaire
    Et ma zizique, mal peaufinée, n’a pas atteint ma préférence.

    Alors j’ai fermé le hublot durant quelques heures par jour
    Pour écouter dans le silence mon propre diapason de l’âme.
    Et j’ai repris dans mon tableau ma place dans l’étroit séjour
    Où, dans mes heures de vigilance, je joue ce que mon cœur réclame.

    Tableaux de Alexander Sulimov.

  • L’ennui

    L’ennui

    Béni soit le temps de l’ennui car il m’entrouvre une fenêtre
    Dont je me sers pour aérer l’intérieur avec l’extérieur.
    Souvent, comme le jour et la nuit, dans ces instants je sens renaître
    Cette appétence désespérée avec mon Prāna supérieur.

    Tableau de Roza Goneva d’après Klimt.

  • Sophie et ses chattes

    Pour échapper aux tentacules de la pieuvre libidineuse
    Qui s’insinuent, la chatte humant les repousse à grands coups de griffes.
    Sous ses assauts, les testicules de cette verge enquiquineuse
    Se replient sous le châtiment dans les replis de l’escogriffe.

    Comme il poursuivait sa compagne avec sa langue de belle-mère,
    Elle s’enfuit de ses montagnes et trouva refuge à la mer.
    Grâce à Dieu, la chatte siamoise qui la veillait en son logis,
    Croqua l’appendice grivoise défiant sa gynécologie.

    Tableaux de Rezzan Ganiz.

  • Le messager des couleurs

    Le messager des couleurs

    Je livre le vert de l’espoir lorsque votre cœur est morose ;
    Je remets la touche violette qui efface les bleus de l’âme.
    J’apporte le courrier du soir et vous voyez la vie en rose ;
    Et je repars à la volette pour renouveler votre flamme.

    Lorsque souffle un vent de colère, je sème vos lettres écarlates ;
    Lorsque gronde un orage sombre, j’y disperse vos idées noires.
    Je me montre protocolaire par des blancs que l’on relate ;
    Les couleurs qui restent dans l’ombre glissent dans mes trous de mémoire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le temps du Muguet

    Lorsque vint le temps du gui, on s’est souhaité bonne année
    Et puis quand vient le muguet, déjà, on n’y pense plus.
    À la fin on s’alanguit, on devient moins spontané,
    Peut-être aussi fatigué si l’année nous a déplu.

    Lorsque vint le temps du houx, on s’est offert des cadeaux
    Et puis quand vient le muguet, on s’en est déjà lassés.
    On s’en ira au mois d’août, on prendra les sacs-à-dos,
    La rentrée sera moins gaie, les vacances sont passées.

    Lorsque vint le mois de mai, on était tous confinés
    Et puis quand vient le muguet, on regarde la nature.
    On le sait tous, désormais, tout a été combiné
    Pour nous envoyer dinguer sous la loi des dictatures.

    Tableaux de Jan Pashley.

  • Bas les masques !

    Bas les masques !

    Lorsqu’elle ment, elle porte un masque pour abriter sa vérité
    Ne laissant qu’un fantomatique regard figé et indolent.
    Mais si ce soir, je la démasque, même en toute sincérité,
    J’aurai le masque fatidique de l’inquisiteur insolent.

    Tableau de Maia Ramishvili.

  • L’offrande

    L’offrande

    J’offre mon corps à la science, le cerveau a très peu servi.
    J’offre mon cœur à la romance, il a battu, il a conquis.
    J’offre l’esprit à la patience d’attendre avant d’avoir compris.
    J’offre mon âme à la semence qui montera quand je serai parti.

    Tableau de Marti Fenton.

  • Et volent les cerveaux lents

    Et vogue la galère quand tout va à vau-l’eau ;
    Et volent dans le vent bien haut, les cerveaux lents ;
    Et roulent sur la Terre, les fêlés du vélo ;
    Et brûlent les vivants après soixante-cinq ans.

    Je plane entre deux âges et ne tient qu’à un fil
    Mais c’est sans conséquences, j’ai la mort en surplus.
    Et tout le paysage en cette fin avril
    Ressemble à des vacances qui n’en finissent plus.

    Tableau de Fred Calleri sur http:www.howardmandville.comfred-calleri.html

  • Réflexions en confinement

    Prendre une chaise comme une échelle pour voir le monde à sa fenêtre
    Pourrait changer la position de ce qu’on croyait parachevé.
    Peut-être que mademoiselle y verra un espoir renaître ?
    Mais à quoi bon ces dispositions qui laissent un doute inachevé !

    Prendre une chaise comme un prie-Dieu pour interroger son oracle
    Et peser dans chaque prière le poids de son acceptation
    Ne paraît pas plus fastidieux qu’attendre un soi-disant miracle
    D’un peuple dans la poudrière brûler en manifestations.

    Photos de Catherine Cornett.

  • La Mission des Malades Désarmés

    La Mission des Malades Désarmés

    Puisqu’on ne va plus à confesse avouer ses penchants pour la chair,
    Au Ministère de la Santé, on veut sans cesse nous alarmer.
    Je propose pour sauver nos fesses – sans que ça ne nous coûte cher –
    Le renommer, si vous le sentez : « Mission des Malades Désarmés ».

    Tableau de Alessandro Sicioldr.

  • La quarantaine est terminée !

    La quarantaine est terminée !

    Je cheminais dans la forêt – notre paradis helvétique –
    Le cœur lassé des jours moroses dans lesquels j’étais confiné.
    Une voix sortie des fourrés venue du ciel et prophétique
    M’annonça dans un nuage rose : « Ta quarantaine est terminée ! »

    Tableau de David Grove.

  • Le Coronavirus Masqué

    Le Coronavirus Masqué

    Le Coronavirus Masqué, une sorte d’ange déchu
    Sorti de la boîte de Pandore, vient nous transmettre la lumière…
    Le pot-aux-roses est démasqué ! Quoi qu’il nous fasse, il est fichu
    Malgré l’intox qui nous endort, il retournera à la poussière.

    Tableau de Karol Bak.

  • La Maison-Dieu

    La Maison-Dieu

    Hélas ! Nous n’avions pas compris l’opération pas saine d’esprit
    Prévue par des dieux imposteurs et leurs propos de radoteurs !
    Tous nos petits dérangements ne sont que leurs arrangements ;
    Notre prétendu libre arbitre n’est pas donné à juste titre.

    Ces dieux qui se croient immortels, au-dessus des pauvres mortels
    Sont en train de nous combiner une funeste destinée.
    Nous serons pucés et parqués comme des systèmes embarqués
    Pour produire toujours plus d’argent mais hélas sans le partageant.

    Tableau de Michael Hutter.

  • L’aristotélichien

    L’aristotélichien

    Pour trois sous de philosophie, je me confie à mon toutou
    Plutôt que mon chat cartésien qui se montre trop indépendant.
    Seul mon chien sait mettre à profit soit mes atouts, soit rien du tout,
    Selon sa queue qui va-et-vient et parle à mon corps défendant.

    Tableau de Pyotr Konchalovsky.

  • Fondue dans le décor

    Dans les couloirs de sa maison, Madame se fait une raison.
    Son existence se dépeint parmi ses murs de papiers-peints
    Qui l’hypnotisent jusqu’à loucher le soir dans sa chambre à coucher
    Où tout doucement elle s’endort dans un décor en feuilles d’or.

    Dans le salon de sa maison, Madame s’habille de saison.
    Pas de robes horribles à pois – elle n’est pas fille de joie –
    Mais des robes à motifs à fleurs – contre les soucis et les pleurs –
    Tant que ça tombe en pâmoison avec la couleur des cloisons.

    Si tout va bien, demain encore, elle se fondra dans le décor
    Pour une vie en transparence et paisible en toute apparence.
    À moins qu’un beau prince charmant réveille la belle-au-bois-dormant,
    L’emporte dans son château de sable se fondre dans l’indéfinissable.

    Tableaux de Didier Lourenco.