Catégorie : 2020

  • Second bilan

    Je reviens sur l’année zinzin, a posteriori alarmante
    Et ses remèdes administrés de façon assez équivoque.
    On se méfie de son voisin par des techniques infamantes
    De délateurs en sinistrés, comme on fit dans une autre époque.

    Bientôt pour pouvoir voyager il faudra montrer patte blanche,
    Avoir un passeport qui confirme un corps saturé de vaccins.
    Les labos vont esclavager le monde sous une avalanche
    De mutations qui nous affirment que les traitements sont succincts.

    Tableaux de Jamel Akib.

  • Premier bilan

    L’année zinzin me paraissait, a priori, communicante
    Elle le fut par un virus de manière grandiloquente.
    Tous les chinois sont harassés, européens, américains,
    Enfin unis avec les russes, les iraniens, les africains.

    S’harmoniser, communiquer, partager les informations
    Sont devenus la plus profonde caution pour les générations.
    Tous les humains ont paniqué d’ouvrir la boite de Pandore
    On s’aperçoit que notre monde était notre poule aux œufs d’or.

    Tableaux de Jamel Akib.

  • Attentes urbaines

    Pourquoi toujours chercher ailleurs quand l’amour est entre les murs ?
    Pourquoi chercher la solitude quand on est si bien entouré ?
    Mais aujourd’hui, on est railleur et on se plaint dans un murmure
    De vivre dans l’incertitude d’une sécurité ajourée.

    Le confinement un remède ? Serait-il pire que le mal ?
    Il ressemble à une prison où l’on nous traite comme des veaux.
    Après le temps d’un intermède, est-ce que tout redeviendra normal ?
    Ou verrons-nous à l’horizon se lever un ordre nouveau ?

    Illustrations de Pascal Campion.

  • La solution

    J’ai résolu tous mes problèmes en m’arrêtant de calculer
    Au fil des jours et des journées comme un esclave formaté.
    J’ai solutionné mes dilemmes en m’arrêtant de fabuler
    De l’importance des tournées et des horaires acclimatés.

    J’ai donc arrêté de mentir, j’ai donc arrêté de courir,
    Arrêté de porter un masque, cessé de me voiler la face.
    Et mon cœur de se repentir a sitôt cessé de mourir
    Et toutes mes couleurs fantasques sont remontées à la surface.

    Illustrations de W. Scott Forbes.

  • Solitudes urbaines – 2

    Sur mon nid d’aigle citadin, au-dessus des toits des maisons,
    Je parle le soir aux étoiles selon les dernières rumeurs.
    À l’heure du chat baladin qui trottine en toutes saisons
    À la recherche d’un bon poêle contre caresses et bonne humeur.

    Juste au-dessus des magasins qui s’endorment à la fermeture,
    Je discute avec les oiseaux sur les platanes de la ville.
    À l’heure des chats des voisins dont les dernières mésaventures
    Sont racontées par le réseau des créatures volatiles.

    Illustrations de Pascal Campion.

  • Les combinaisons

    Les combinaisons de la vie pourraient sembler aléatoires
    Mais obéissent en secret aux lois des probabilités.
    L’amour qui flatte et qui ravit les cœurs au cours de notre histoire
    Mélange souhaits et regrets selon leurs compatibilités.

    Toutes formes d’éducation aboutissent à un formatage ;
    Nos enfants essuient les déboires de nos propres déconvenues.
    À force de manipulations, la vie se trouve en ballotage
    Sans aucune autre échappatoire qu’un futur déjà convenu.

    Tableaux de Wagnogueira.

  • Solitudes urbaines – 1

    Chacun observe son petit monde de la hauteur de son balcon
    Et chacun sait juger immonde les gens qui passent pour des cons.
    Tout en haut de ma tour d’ivoire, mon calme est tarabiscoté
    Par les voisins et leurs histoires en bas, en haut et à côté.

    La communication à outrance a fini par nous isoler
    Et l’on habite des résidences où plus personne ne se connaît.
    J’ai même subi des remontrances de la part du voisin d’en haut
    Dont le chien à outrecuidance s’égosille toute la journée.

    Illustrations de Pascal Campion.

  • Échec aux dames

    Les reines du dimanche matin prennent soin de leur échiquier
    Car elles profitent du sommeil des rois sortis le samedi.
    Elles s’habillent de satin et récupèrent leurs chéquiers
    Pour aller briller au soleil sans conteste et sans contredit.

    Alors les reines jouent aux dames en discutant au guéridon
    Avec les princesses complices qui aiment échanger leurs secrets.
    Pauvres rois, s’ils savaient, mesdames, de combien de fois on rit donc
    En se gaussant dans les coulisses de leurs échecs et leurs regrets !

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • L’amour relativement

    S’aimer d’amour passionnément dans le train express de la vie,
    S’aimer d’amour éperdument dans ce train roulant vers la mort,
    Pour sauter délibérément, si nécessaire à sa survie,
    Pour s’éjecter résolument du train en marche, sans remords.

    Alors je m’enivre d’amour pour me redonner du courage
    Et alors mon cœur bat plus fort pour aimer à toute vitesse ;
    Alors autant de fois par jour font plus que force ni que rage
    Et alors au dernier effort, je meurs d’amour, je le confesse.

    Tableau de Remedios Varo.

  • L’amour en peinture

    Ce n’est pas l’homme qui peint la femme mais son pinceau qui la pénètre
    Et éjacule ses couleurs dans un orgasme expressionniste.
    Son cœur sait que l’amour l’affame par les tentations qu’il voit naître
    Lorsqu’il accouche dans la douleur d’un chef-d’œuvre autant réaliste.

    Quand c’est la femme qui peint l’homme, son pinceau vibre de bonheur ;
    La virginité de sa toile subit le mâle en profondeur.
    L’artiste et son œuvre, en binôme, vivent en tout bien tout honneur
    La passion qui porte aux étoiles l’âme-sœur dans toute sa splendeur.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les femmes-oiselles de nuit

    Cri de griffon au crépuscule, les oiseaux de jour sont partis
    À l’appel des oiseaux nocturnes qui viennent se nicher dans l’ombre.
    Dans les futaies, on se bouscule, on cherche le meilleur parti
    Parmi les hiboux taciturnes et les chouettes en grand nombre.

    Minuit s’impose par les grands-ducs qui font leur tournée d’apparat
    Pour éblouir les courtisanes et s’attirer leurs bonnes grâces.
    Désormais les vielles pies caduques sont éloignées, bon débarras,
    Et l’on fait place aux partisanes des strigiformes et des rapaces.

    Au point du jour, juste avant l’aube, les femmes-oiselles fécondées
    Viennent se baigner au clair de lune et se refaire le plumage.
    Les mâles heureux ferment leurs lobes de leurs oreilles légendées
    Puis, dans la lumière opportune, font gazouiller un doux ramage.

    Tableaux de Sirrin Bird et Edward Binkley.

  • Les femmes-oiselles de jour

    Cri de chimère quand vient l’aurore, les oiseaux de nuit sont partis
    À l’appel de la femme-oiselle, ils regagnent le royaume des ombres.
    Un dernier grincheux qui pérore et qui cherche une répartie
    Mais rien à faire, mesdemoiselles, vous devez rejoindre le nombre !

    Vers midi, l’aiglonne royale se découpe dans le soleil
    Pour aveugler ceux qui l’observe et lui manqueraient de respect.
    La femme-oiselle reste loyale et délivre au vent que balaye
    Quelque échantillon de sa verve en quelques conseils circonspects.

    Le soir, couleur de crépuscule, la femme-oiselle, toute en beauté
    Vient se baigner de la lumière qui dore ses plumes et sa crête.
    Sous l’horizon, lorsque bascule le soir on l’entend jaboter
    Afin de chanter la première le chant de la forêt secrète.

    Tableaux de Viktor Vasnetsov.

  • Les écureuilles

    Pourquoi les écureuilles rousses sont-elles artistes naturelles ?
    Parce qu’elles créent sans intention des chefs-d’œuvre extraordinaires,
    Qu’elles vivent en pleine cambrousse loin des lieux pluriculturels
    Et consacrent leur attention aux cueillettes imaginaires.

    Elles récoltent des fleurs de lune qui font les huiles essentielles ;
    Elles ne cherchent pas, elles trouvent car la forêt leur fait des signes ;
    Elles recueillent la fortune tapie aux pieds des arcs-en-ciel ;
    Quant aux amours qu’elles approuvent, seuls les héros s’en montrent dignes.

    Plus j’augmente en âge, plus le nombre de cadeaux reçus à Noël augmente.
    Finalement, coronavirus ou pas, la joie de se retrouver ensemble en famille continue invariablement à croître et l’année se termine sur ce point positif.
    Et comme nous ne sommes que le 26 décembre, ça nous laisse encore 6 jours à l’année pour nous surprendre encore. Comme quoi, l’année zinzin aura mal commencé, aura développé un printemps alarmant, un été pathétique, un automne catastrophique et un hiver … mais je vous en laisse la surprise, mes chers amis.

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • Joyeux Coronoël !

    Puisque nous sommes condamnés à un réveillon confiné,
    Profitons-en pour déguster – à défaut d’être dégoûtés –
    Une boisson instantanée à base de vin résiné
    Sans doute atteint de vétusté mais sans qu’on ait à le redouter.

    À minuit offrez des virus ou des vaccins contaminés
    Avec un verre de sirop parfumé à la chlorophylle !
    Levez bien haut les humérus, buvez cul-sec sans radiner
    Mais gardez-en pour l’apéro à la santé des drosophiles.

    Si le lendemain au réveil vous n’avez pas frôlé la mort,
    Faites bouillir l’antipoison dilué dans un bouillon d’onze heures.
    Alice au pays des merveilles en aurait goûté sans remords
    Avant de tomber en pâmoison sous l’œil d’un chat hypnotiseur.

    Tableaux de Greg ‘Craola’ Simkins.

  • Avant-après Noël

    Il a invité une dinde, elle a gloussé comme une dingue,
    Une de ces grues grassouillettes qui faisait un peu l’andouillette.
    Une pouliche bien dodue, il n’y avait pas d’ malentendu,
    Elle n’s’est pas montrée réticente ; bref, une poule appétissante.

    Après l’avoir bien pelotée, après l’avoir déculottée,
    Après une bonne mise en bouche, lui a remis deux ou trois couches
    De godiveau dans la corolle, elle est passé à la casserole,
    Il l’a sautée pour la saisir et l’a dévorée de plaisir.

    Tandis qu’il dort à poing fermé, l’essai n’étant pas transformé,
    Madame prépare la dinde qui va repartir pour les Indes.
    N’en pouvant plus d’être fourrée, elle rejoint les vaches sacrées
    Pour des amours plus compatibles et un destin moins comestible.

    Tableaux de Michel Sowa.

  • L’arbre de Noël- 3

    Il faudrait un arbre aux miracles pour apporter beaucoup d’amour ;
    Il faudrait de très hautes branches qui brillent plus que de coutume ;
    Il faudrait un nouvel oracle qui nous prédise des beaux jours ;
    Il faudrait que Noël débranche le flot courant de l’amertume.

    De l’amour en guise de boules, du cœur en guise de guirlandes
    Et les meilleures intentions fixées aux réalisations.
    Plutôt qu’un fléau qui chamboule, un état qui nous enguirlande
    Avec ses vaines prétentions d’un vent de mondialisation.

    Noël contre virus ; traditions contre restrictions ; espérance contre désespérance ;
    Qui va gagner ?
    Soixante-dix années environ depuis la dernière guerre mondiale nous ont enfermés dans un cocon d’illusions et de fausse paix artificielle, industrielle et futuriste.
    Une pandémie mondiale et le monde crie « Maman ! », renie Dieu et accable ses élus et ses justiciers pervers.
    Une belle occasion pour faire son bilan de fin d’année à défaut de fin de vie…

    Tableaux de Diane Culhane.

  • L’arbre de Noël- 2

    Mon beau sapin, roi des forêts, tu es orné et décoré
    De la couleur de l’espérance que cette année teinte en garance.
    L’histoire a frappé d’un revers la tradition des sapins verts ;
    L’année prochaine, j’espère encore que tu seras multicolore.

    Mon beau sapin déraciné dans chaque foyer confiné,
    Le Père Noël s’est calciné en tombant dans la cheminée.
    La dinde aux marrons déconfite, presque personne n’en profite ;
    Toute cette farce ne sert à rien, je redeviens végétarien.

    Incroyable l’abondance de prospectus religieux, cartes et cadeaux catholiques que je trouve dans ma boîte aux lettres depuis le début du mois (et par rapport à l’année dernière où nous n’avions rien reçu) !
    On dirait que pandémie booste les attentionsintentionstentations religieuses.
    Je trouve que ça fait un peu comme l’extrême-onction qu’on proposait aux malades en fin de vie… l’effet était radical ! Comme dans le « César » de Pagnol.
    Personnellement, je me tiens éloigné de la folie pandémique comme religieuse et je reste réfractaire au masque et aux vaccins… et pourquoi pas les sept sacrements pendant qu’on y est ?

    Tableaux de Diane Culhane.

  • L’arbre de Noël- 1

    Et si je décorais mon arbre avec mes plus belles pensées,
    Avec mes jolis coups de cœurs et mes folies à l’improviste ?
    Des pierres polies comme marbre, noires et blanches pour compenser
    Mes amours au petit bonheur et mes succès relativistes.

    Je disposerais sur les branches des guirlandes de poules blanches,
    J’accrocherais sur les rameaux tout un tas de petits animaux :
    Corbeaux, hérons, cygnes et canards avec des biches et des renards,
    Petits compagnons de fortune qui rendent ma vie opportune.

    Hélas, la magie de Noël n’opère plus. Il faut dire que ça ne date pas du coronavirus. Depuis les années 2000 environ, les traditions s’effacent, les mémoires sont oubliées, les crèches abandonnées pour cause d’islamisme aiguë, le Petit Jésus menacé par la pédophilie et Marie a perdu ses droits à la caisse d’allocations familiales.
    Mais finalement, Noël c’est comme son petit jardin potager ; c’est à chacun de nous à l’entretenir, le faire pousser et à en faire partager les fruits avec sa famille et ses amis.
    Qui a dit que Noël était une affaire d’état ?

    Tableaux de Diane Culhane.

  • La lune en solstice

    Tandis que la Lune s’endort et les ténèbres s’amalgament,
    Tandis qu’elle se renouvelle dans un sommeil réparateur,
    L’amour guette le croissant d’or, premier messager de Madame,
    Dont la coiffure s’échevelle dans un halo propagateur.

    Tandis que la Lune s’éveille dans son ministère lunaire,
    Elle préside aux amoureux qui s’abandonnent sans remords.
    Puis, au solstice, ils s’émerveillent augmentant les préliminaires
    Qui, dans des gestes langoureux, atteignent la petite mort.

    Tableau de Giovanni Auriemma sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201110giovanni-auriemma-1976-italy-digital.html .

  • Le solstice sacré

    J’officierai dans mon temple la prière à l’univers
    Qui honorera la Terre, berceau de l’humanité
    Pour que les hommes contemplent au solstice de l’hiver
    L’équilibre élémentaire qui régit l’éternité.

    Au moment où la lumière diminuera dans le ciel,
    Au moment où les ténèbres vivront leur événement,
    Agira la coutumière inversion des potentiels
    Pour que les anges célèbrent le divin avènement.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le chant des anges

    Certains soirs, faites attention en écoutant le chant des anges
    Qui se propage dans le ciel pour nous guérir de nos blessures.
    Sur les poteaux, la partition sur des portées bleues, rouges, orange
    Chante l’accord sacrificiel apposé sur nos meurtrissures.

    La lune marque la cadence à quatre temps selon ses phases,
    Tandis que les étoiles en chœur et les comètes font les basses.
    Sous le firmament, Vénus danse avec Mars qui est en extase ;
    Soudain la nuit ouvre son cœur en nous confiant son mot de passe.

    Les oiseaux ressemblent à des anges.
    Curieusement, les descendants des dinosaures disparus sont devenus ceux qui se rapprochent le plus du ciel.
    Peut-être que, lorsque notre espèce aura disparu, nous nous transformerons en archanges. Comme quoi, on fait bien de se précipiter à bousiller la planète, nous serons ainsi plus proches de Dieu et dans les temps…
    Mais non, qu’est-ce que je raconte ? Il faut sauver la planète, sauver Noël et nous sauver nous-mêmes… s’il est encore temps avant que l’année ZinZin se termine !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Abondance

    C’est l’abondance du printemps et l’arrivée des jeunes feuilles,
    La renaissance des bourgeons et la percée des fleurs des champs.
    C’est la jeunesse des vingt ans des jeunes filles qu’on effeuille
    Et des amours entre les joncs et des premiers mots attachants.

    C’est l’abondance de l’été riche en couleurs, riche en chaleur
    Et les beaux feux de la saison des crépuscules langoureux.
    C’est une table complétée par des aliments de valeur
    Et l’on boit plus que de raison à la santé des amoureux.

    C’est l’abondance de l’automne dans la saison qui se prépare
    À amasser les provisions dans les greniers pleins à craquer.
    Les premières pluies monotones qui ravivent l’or qui accapare
    Tous les arbres à profusion aux feuilles de rouille laquées.

    Quelle abondance cet hiver sinon celui de l’intérieur,
    Blottis devant la cheminée ou chacun chante, rit et danse ?
    On se repose des faits divers des mois passés et antérieurs ;
    On se prépare à cheminer vers une prochaine abondance.

    Tableaux de Layla Nowras.

  • Les villages de moi-même

    J’ai subi l’immaturité d’une enfance trop engourdie ;
    J’ai rêvé de grandes échasses pour m’élever plus promptement.
    Et j’ai crevé l’obscurité en me croyant plus dégourdi
    Au risque de perdre la face dans de nombreux égarements.

    J’ai emprunté d’autres chemins plutôt que ceux déjà tracés
    Mais qui n’étaient pas adaptés à ma manière de survivre.
    J’ai connu d’autres lendemains qui m’auront laissé harassé
    Mais j’ai fini par adopter ma plus belle raison de vivre.

    Je ne voulais pas ressembler à ceux qui semblaient des machines
    Alors j’ai pris d’irrationnelles façons de vivre pour m’éveiller
    À ne pas devoir assembler une vie cadrée à la routine
    Mais suivre ma voie personnelle quel que soit le prix à payer.

    Je me suis construit ma maison au fil des jours et des années ;
    Les portes ne ferment pas à clef car il n’y a rien à voler.
    J’ai abandonné la raison au profit d’un cœur spontané
    Qui n’aura jamais renâclé à composer à la volée.

    Tableaux de Michiel Schrijver.

  • Anniversaires urbains

    Les statistiques élémentaires montrent que les anniversaires
    Arrivent plusieurs fois par jour dans les cités et les faubourgs.
    Tant et si bien qu’à ma fenêtre je suis certain de reconnaître
    Quel voisin célèbre le sien, avec fêtards et musiciens.

    Si je pouvais choisir ma chaîne, dès que les fêtes se déchaînent,
    Je me mettrais à mon balcon pour écouter chanter les cons.
    Et pour mon propre anniversaire, j’enverrai tous mes émissaires
    Pour vous proposer vous aussi de vous joindre à cette idiotie.

    Illustrations de Pascal Campion.

  • Spectacles urbains

    Entre les murs de la maison qui n’a ni poutre ni chevron,
    Nous nous bâtissons des voyages en observant le paysage
    Où le spectacle de la rue, toujours plus ou moins incongru,
    Nous montre la folie des hommes en zone urbaine comme aquarium.

    Toujours les mêmes tournent en rond dans le coin et ses environs ;
    Toujours les mêmes citoyens qui se promènent avec leurs chiens ;
    Toujours les mêmes cris d’enfants, cris de détresse, cris triomphants ;
    Toujours la course du lundi au vendredi après-midi.

    Si je filmais tous les jours les mouvements qui agitent mon petit village et que je les projette tous simultanément sur un même écran, je suis certain que ça montrerait la répétition machinale et robotique de l’humanité. Mais je n’ai pas les moyens et surtout pas la patience.
    Sinon, ce sont les mêmes promeneurs de chiens, les mêmes joggers, les mêmes activités aux mêmes horaires. Et malgré nous, nous suivons un même mouvement.
    Alors j’essaie de lire des bouquins, regarder des films aux sujets sans cesse différents, trouver de nouvelles idées à écrire que je n’ai pas encore explorées… dur, dur d’échapper à l’attraction de la routine.

    Illustrations de Pascal Campion.

  • Les filles des champs

    Des plaines aux sommets des montagnes, les fleurs se révèlent authentiques ;
    Brutes de beauté et de corps, pures de cœur au goût de sang.
    Elles vivent une vie de cocagne et donnent des fruits romantiques
    À celui qui espère encore un coup de foudre éblouissant.

    Du matin, au chant des oiseaux, jusqu’au soir, ça sent le raffut ;
    Les filles exhalent des arômes sous leurs jupes et sous leurs corolles
    Et l’on entend dans les roseaux, les chasseurs-cueilleurs à l’affût
    Souffrir d’un étrange syndrome et passer à la casserole.

    Côté minéral : « Beau cristal pur, droit et bien dur souhaiterait s’unir à belle agate pourvue d’une géode améthyste. »
    Côté végétal : « Bel amant au nœud papillon, doté d’un dard inépuisable butinerai fleur de printemps et son pistil en profondeur. »
    Côté animal : « Bel étalon, fier comme un taureau souhaiterait rencontrer belle gazelle mais éviter grosse vache. »
    Ça ne sonne pas si mal lorsque l’on parle d’amour en utilisant les racines terrestres minérales, végétales et animales ! Comme quoi, l’amour s’apparente à toutes les formes de la matière. Quant à l’esprit, ne serait-ce pas la raison de la présence de l’homme et de la femme sur Terre ?

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • Les filles des villes

    À la ville, comme à la campagne, les filles fleurissent aussi
    En pot dans une garçonnière ou dans un parc ensoleillé.
    Fleur unique pour seule compagne ou en bouquet mal dégrossi
    Et parfois gardées prisonnières de nos désirs émerveillés.

    Quand vient l’heure du crépuscule, belles-de-jour, belles-de-nuit
    Toutes fleurissent sous les feux des lumières évanouies.
    On les effeuille, on les bouscule, on les accompagne à minuit
    Là où elles exaucent nos vœux dans des amours épanouies.

    Puisque nous rebasculons tous dans le confinement – l’Allemagne a rejoint hier la tendance et la Suisse va se décider vendredi à entrer dans la danse – profitons-en pour nous occuper de nos belles femmes en fleurs mais plutôt en serre, soyons sincères.
    Premier Noël confiné de l’histoire, 80 ans après les Noël occupés, les hommes au foyer avec leur Sainte-Barbe pourront jardiner et mettre le petit Jésus dans la crèche.
    Un grand baby-boom de déconfinement est à prévoir !
    À moins qu’on nous mette un masque sur le…

    Tableaux de Maria Pace-Wynters.

  • Qui c’est celle-là ?

    Au hasard de mes découvertes (ou peut-être serait-ce l’inverse),
    Je fais des rencontres singulières (à moins que ce soit le contraire).
    Quoi qu’il en soit, dans l’herbe verte ou dans un chemin de traverse
    Cette figure irrégulière a croisé mon itinéraire.

    Peut-être est-ce un extraterrestre qui aurait perdu la photo
    De sa petite fiancée aux confins de la galaxie ?
    Ou bien est-ce une femme-orchestre dans ses habits sacerdotaux
    Qui croit en un Dieu faïencé en pleine crise d’épilepsie ?

    Je ne crois pas aux porte-bonheurs et je n’en ai pas à la maison.
    Le véritable porte-bonheur, serait justement de ne pas en avoir et comme je n’en ai pas, c’est comme si j’en avais un … ce qui est paradoxalement embêtant.
    Pour compenser cette contradiction, je m’entoure toujours au petit bonheur d’objets hétéroclites or, si ces objets inertes avaient une âme, je serais peut-être moi-même leur porte-bonheur, qui sait. Sommes-nous le dieu protecteur de nos petits objets ?

    Sculptures de Tomàs Barceló.

  • Ces autres « moi »

    Qui vient me voir lorsque je dors parmi les « moi » de ma conscience ?
    Celui qui rêve de conquêtes ou celui qui souffle une idée ?
    Souvent, dans le silence d’or de la nuit, Dieu et sa science
    Donnent réplique à mes requêtes comme une visite guidée.

    Parfois, j’acquiers de nouveaux sens et je perçois des dimensions
    Qui me font comprendre le monde ou du moins sa face cachée.
    Parfois, une nouvelle essence révolutionne mes conventions
    En me révélant la seconde partie derrière ma psyché.

    Grâce au coronavirus, les frontières se sont multipliées.
    Il y a ceux qui en ont peur et ceux qui n’en ont pas peur ;
    Les pour et les contre la vaccination ;
    Ceux qui optent pour les mesures radicales de confinement et ceux qui s’y opposent ;
    Les complotistes face aux pratiquants de la politique de l’autruche ;
    Ceux à qui la crise profite et ceux qui s’appauvrissent ;
    Les porteurs de masques, les manifestants, les forces de l’ordre, les responsables, les décisionnaires etc. la liste est longue.
    Diviser pour mieux régner… ça vous dit quelque chose ?

    Illustrations de HKJS.

  • La femme-poussin

    Madame La Fontaine et Monsieur du Corbeau,
    Quelque part en Lorraine, créèrent des chapeaux.
    L’amour de la besogne et du travail bien fait
    Incita les cigognes à livrer un bienfait.

    Ils eurent un enfant, une femme-poussin
    Qui charmait de son chant moines et capucins.
    Du matin jusqu’au soir, elle suivait les novices
    Habillés tout de noir pour célébrer l’office.

    Si le corbeau était un mâle et la renarde, une femelle,
    Il en ferait tout un fromage quand il se prend une gamelle.

    Si le corbeau était corbelle et le renard, beau séducteur,
    Elle écouterait les hommages de l’animal reproducteur.

    Quoiqu’il en soit, selon le sexe, on est vainqueur ou bien vaincu
    Et l’on perd jusqu’à son plumage si l’on n’en est pas convaincu.

    Tableaux de Christian Schloe.

  • En toute glorieuse humilité

    Il avait cru serrer la gloire bien fermement entre ses bras
    Comme il aurait serré l’amour mais ses espoirs battirent en brèche
    Car au lieu de crier victoire, sa créature se cabra
    Aussitôt créée au grand jour dans la peinture encore fraîche.

    Il dut cent fois l’apprivoiser dans le secret de l’atelier
    Afin que la corde sensible de sa peinture se révèle.
    Mais il ne pouvait pavoiser malgré tout son art singulier
    Et dû subir d’imprévisibles allers-retours de manivelle.

    Enfin avec humilité, il obtint de sa créature
    Que son existence éphémère perdure dans son cœur d’enfant.
    En toute éligibilité, l’artiste exposa sa peinture
    Et puis, chevauchant sa chimère, connut un succès triomphant.

    Tableaux de Henri Rousseau.

  • Du rouge sur fond blues

    Sur un fond de blues de décembre, parmi les couleurs bleu marine,
    J’aime noyer dans un Bordeaux mes réflexions à l’eau de rose.
    Et dans les teintes rouille et ambre veinées du sang des vipérines,
    Je sens des frissons dans le dos monter d’une fièvre morose.

    Alors je bois un peu de vin avec ou sans modération
    Jusqu’à transformer mes douleurs par les tanins qui s’en déjouent.
    L’action du liquide divin m’ouvre joies et délectations
    Dont voici les belles couleurs sur mes lèvres humides et mes joues.

    Laissez-moi ce soir vous offrir toutes mes plus belles pensées,
    Laissez-moi ce soir partager tous mes plus intimes souhaits.
    Mon âme ne saurait souffrir de savoir la vôtre offensée
    Par un malaise passager que le cœur n’oserait avouer.

    Tableaux de Nicoletta Tomas Caravia sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105nicoletta-tomas-madrid-spain.html?m=1 .

  • L’aigle royal

    L’aigle royal vit dans le cœur des filles et des fils de la Terre.
    Lorsqu’ils se déplacent ensemble, leur totem s’inscrit dans le ciel ;
    Qu’ils soient vaincus ou bien vainqueurs, ils entretiennent le caractère
    Du Grand Esprit qui les rassemble dans une alliance substantielle.

    Car dans leurs cœurs, toutes les âmes de leurs ancêtres sont inscrites
    Et se métamorphosent en aigles pour affronter l’hégémonie.
    Car dans chaque homme et chaque femme, la même force est circonscrite
    Qui dicte les lois et les règles d’un peuple fier en harmonie.

    Sur la place royale de Paris et des autres villes,
    Nous défilerons tous ensemble, hommes et femmes de bonne volonté,
    Contre les mesures déloyales de ce gouvernement servile
    Dont les forces de l’ordre se rassemblent afin de mieux nous affronter.
    Nous les petits et grands zinzins, victimes de l’année 2020,
    Tous ensemble qui revendiquons qu’on ne nous prenne plus pour des cons.

    Photos de Bev Doolittle.

  • Mésaventures en noir

    Maître Corbeau sur son perchoir boude à la cime des forêts,
    Déconfit d’avoir laissé choir ce qu’un renard a dévoré.
    Cherche-Midi, en toute saison, traque les mulots alléchants
    Mais lorsqu’il rentre à la maison, les souris dansent dans les champs.

    la nuit vient les départageant lorsque les étoiles s’allument,
    Joignant sous le disque d’argent l’un sa fourrure, l’autre ses plumes.
    Les deux compères sous la lune, bien qu’ils soient tous deux concurrents,
    Se racontent leurs infortunes et leurs coups du sort récurrents.

    Je ne voudrais pas tout voir en noir mais, de ma fenêtre, j’aperçois des centaines de corbeaux toute l’année ; dans l’appartement, Cherche-Midi, notre chat noir, squatte mon lit et mon fauteuil ; enfin la neige blanche et la forêt quasi-noire aux alentours contrastent nos jours en noir et blanc avec la crise épidémique en fond d’écran.
    C’est donc dans un mois de décembre qui va sombrer vers le solstice que je vous dis « courage, encore 10 jours et les jours se rallongent à nouveau ! »
    En attendant, prenons des forces, amusons-nous et voyons la vie en prose.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’amour atomique

    Tu m’offriras ton corps de lune, je t’ouvrirai mon cœur d’étoile
    Nous connaîtrons notre première lune de miel astronomique.
    À l’aune du trident de Neptune, quand Vénus et Mars se dévoilent,
    Nous fusionnerons nos lumières dans une éruption atomique.

    Et quand le temps sera venu de procréer notre extension,
    Nous nous interpénètrerons de nos atomes en énergie.
    Alors s’ouvrira l’inconnu d’une nouvelle dimension
    Où nos enfants célèbreront nos feux d’amour en synergie.

    Illustrations de Riccardo Guasco sur https:it.paperblog.compura-poesia-le-illustrazioni-di-riccardo-guasco-1998863amp .

  • Rien n’est simple, tout se complique

    Rien n’est simple et tout se complique dès qu’on essaie de raisonner.
    Surtout si chacun souhaite aller là où l’herbe paraît plus grasse.
    Or, même si chacun s’explique à quelle sauce nous assaisonner,
    Chacun s’apprête à s’emballer au premier mot qui embarrasse.

    Christophe Colomb l’avait compris avec son problème de l’œuf
    Qu’il put maintenir par la pointe en l’écrasant d’un coup ad hoc.
    Même Gulliver, d’un trait d’esprit, résolut par un coup de bluff
    La guerre entre tribus disjointes à propos de l’œuf à la coque.

    Bizarrement, il faut fermer les restaurants tandis que les métros restent bondés ;
    Curieusement, une personne peut en contaminer 50 autres dans un bar mais pas dans les transports en commun…
    En Suisse, le conseil fédéral tient bon tandis que les médecins voudraient imposer confinement, restrictions et fermetures totales. Si les médecins obéissaient rigoureusement aux industries pharmaceutiques et aux laboratoires, peut-être comprendrions-nous mieux…

    Tableaux de Jake Baddeley.

  • La cour des grands

    Les bouffons du gouvernement comptent plus d’un tour dans leurs sacs ;
    Des décrets qui se contredisent ou qui protègent les copains.
    Une main dit « oui », l’autre nous ment ; l’une nous flatte, l’autre nous saque
    Tout en poussant la vantardise à se conduire en galopins.

    Le roi nous fait ses tours de cartes avec le ministre du plan ;
    La reine en robe marocaine s’amuse avec ses courtisans ;
    Le fou du roi, une tête-à-tarte, aussi malin que Rantanplan
    Et la garde républicaine qui fonce sur nos partisans.

    Quand le spermatozoïde vainqueur pénètre l’ovule, les autres manifestent-ils de la colère ? Non.
    Quand un homme parvient à gagner la plus haute instance, les autres contestent-ils ? Oui.
    Dès la naissance, la course à la puissance est lancée avec des chances inéquitables accordées aux plus nantis par rapport aux autres qui ont le choix entre la résignation ou la contrattaque par la fourberie, la ruse et la malice au petit bonheur la chance.
    Sommes-nous trop nombreux ou sommes-nous poussés à la course aux étoiles ?
    Toutes ces questions sont contenues dans un seul mot : le pragmatisme.

    Tableaux de Jake Baddeley.

  • Le grand voyage depuis le mésozoïque

    Le lundi au mésozoïque, les dinosaures vont travailler ;
    Le mardi au cénozoïque, les dinosaures ont disparu.
    Le mercredi au quaternaire, l’homme vient de se réveiller ;
    Le jeudi, d’un coup de tonnerre, l’impact est déjà apparu.

    Vendredi la pollution souille les mers et tous les océans ;
    Samedi les virus soumettent les familles au confinement ;
    Dimanche l’être humain dérouille et disparaît dans le néant ;
    Dieu et tous ses anges promettent de faire mieux prochainement.

    J’avais un ami qui me disait tout le temps : « l’homme moderne, c’est Cro-Magnon avec internet ». Il avait sans doute raison puisque, malgré notre civilisation et toutes les guerres traversées, l’humanité refait toujours les mêmes erreurs.
    Mais je n’ai pas honte d’avouer que, moi-même, je nécessite une éternité à recommencer la même chose au quotidien pour découvrir 3 ou 4 ans plus tard comment améliorer un truc qui paraissait aussi simple que l’œuf de Christophe Colomb…
    Quoi qu’il en soit, l’humanité n’est qu’un éternel recommencement et d’ailleurs… qui sait si nous ne serions pas nous-mêmes la énième civilisation à tout péter pour ensuite tous mourir joyeusement ?

    Collages de Michael Waraksa.

  • La reine pas sereine

    La reine vit des semaines épiques qu’elle doit aborder de bon cœur
    Quand elle astique ses carreaux, quand elle affûte ses couteaux
    C’est là son quotidien typique qu’elle accomplit à contrecœur
    À la cour du roi, un bourreau des cœurs qui la mène en bateau.

    Quand vient dimanche, jour de relâche, la reine fière de ses nichons
    Profite, nue, de l’occasion pour faire lessive et repassage.
    Bizarrement elle s’attache à cette vie de patachon
    Et ne rêve ni d’évasion ni de divorce davantage.

    Qu’offririons-nous
    à la reine de pique sinon une aventure piquante ?
    à la reine de carreau sinon un avenir étincelant ?
    à la reine de trèfle sinon la promesse de noces d’or ?
    à la reine de cœur sinon un petit chant d’amour en chœur ?
    Comme j’ai eu la chance d’avoir les quatre reines réunies en une seule, je lui réserve de bons petits plats, des petits poèmes, de la bonne humeur et de l’attention tous les jours.

    Tableaux de Jake Baddeley.

  • Histoire de faux cerfs

    Les animaux vont disparaître et pas qu’à cause des chasseurs.
    Les forêts cèdent du terrain à toute l’urbanisation.
    Tant pis pour le côté champêtre qui fait place aux investisseurs
    Pour loger tous les pèlerins de l’actuelle migration.

    J’ai vu les cerfs dans une cage dans notre parc animalier ;
    J’en ai vu derrière les grillages dans l’élevage juste à côté.
    Les parents mènent les enfants sages dans des jardins festivaliers
    Et puis, les mangent en grillades pour Noël en communauté.

    Les animaux en Liberté, Égalité, Fraternité,
    Voilà le prix qu’il faut payer pour notre progrès nécessaire.
    Or, les vrais cerfs m’ont alerté que l’ère de la modernité,
    Malgré l’aspect émerveillé, n’est qu’une histoire de faussaires.

    Tableaux de Gordon Cheung.

  • Jolis masques

    Toi, joli masque, tu m’as fait peur avec tes risques et tes pleurs
    Sous une protection bâchée où je me sens tout attaché !
    Toi, joli masque, quelle erreur de vivre ainsi sous la terreur ;
    Derrière tes sourires cachés, ma liberté semble arrachée !

    Désormais nous vivrons ensemble même si rien ne nous assemble,
    Nous sortirons toujours couverts, nous ne serons jamais ouverts.
    Désormais tout le monde se ressemble mais plus personne ne se rassemble,
    Le temps nous a pris à revers notre libre arbitre à l’envers.

    Demain ne nous démasquerons ni même nous remarquerons ;
    La messagerie anonyme deviendra théâtre de mime.
    Après-demain nous casqueront et nos enfants s’adapteront
    À ce nouveau Dieu magnanime qui offre la santé unanime.

    Tableaux de Chie Yoshii sur www.chieyoshii.com .

  • Comment se soigner demain ?

    Aujourd’hui le virus attaque comme un ennemi embusqué
    Qui surgit dès qu’on se déplace sans autorisation valable.
    Demain les vaccins contrattaquent tous les malades offusqués
    Qui, hier, ne tenaient plus en place devant un sort épouvantable.

    Heureusement, grâce au progrès, les virus gagnent en qualité
    Et les vaccins plus onéreux sont d’une honteuse ignominie.
    Évidemment, bon gré mal gré, toute la Terre est alitée
    Mais grâce aux patients généreux, tout va bien pour l’économie.

    En Suisse, les médecins conseillent le port du masques et toutes les restrictions à la française voire davantage. Comme les groupes pharmaceutiques sont très puissants chez nous et imposent leurs lois au corps médical, on comprend pourquoi l’ensemble des médecins sans exception prenne parti pour un confinement à outrance.
    En revanche le conseil fédéral a dit non ; Ok pour le masque dans les espaces publics mais on n’en reste là. Il y a fort heureusement une intelligence qui s’oppose aux trusts et aux lobbies. Pour l’instant…

    Collages de Michael Waraksa.

  • Que manger et offrir pour Noël ?

    Mangerons-nous cuisine grasse ou bien végétarien et maigre ?
    Et les canards ? Seront-ils gré de partager notre repas ?
    Mais si cela les embarrasse de jouer les pisse-vinaigres,
    Délaissons alors leurs magrets pour leur éviter le trépas.

    Offrirons-nous à nos enfants la technologie du futur
    Ou celle plus traditionnelle mais qui protège la planète ?
    Si vous vous croyez triomphants en gâtant votre progéniture,
    Vous risquez l’inconditionnelle revente en ligne sur internet.

    Aujourd’hui le 4 décembre, cela fait exactement 7 ans que j’ai débarqué en Suisse, ma valise à la main, ingénu et candide.
    7 ans après je m’y suis plus ou moins adapté. La langue mise à part qui reste pour moi incompréhensible tant le dialecte suisse-allemand reste rocailleux à mes oreilles.
    Bien qu’il y ait beaucoup de canards entre les lacs et les rivières, les suisses consomment peu de canard et l’on ne trouve qu’aux enseignes Migros des magrets français et surgelés. Les centaines de canards sur la Töss que je vois de ma fenêtre sont protégés. En revanche, il y a beaucoup d’élevages de cerfs et de biche et les sapinières sont très nombreuses. Pas de Père-Noël mais Saint-Nicolas. Autre pays, autres mœurs.

    Collages de Michael Waraksa.

  • L’orange et le vert

    Sur le grand canal d’émeraude, elle se promène la tête nue ;
    Elle aime y calmer ses douleurs et y trouver un air de fête.
    Et lorsqu’un amour la taraude ou lui entrouvre l’inconnu,
    Elle vient délayer les couleurs qui lui remontent à la tête.

    Larmes d’amour, larmes salées, larmes de joie, larmes sucrées ;
    Mêlé de pensées colorées, le cœur meurtri reste entrouvert.
    Le teint cuivré, le teint hâlé mais oint de lumière sacrée ;
    Des souvenirs décolorés, resteront l’orange et le vert.

    Quelle est la couleur de décembre ?
    Blanc comme la neige, bleu glacé, rouge de Noël, vert sapin, orange et mandarine, joujoux pour les plus jaunes, noir comme l’espoir d’une année nouvelle violée ?
    Je préfère lui attribuer des couleurs qui n’existent pas ou n’existeront plus : couleur de joie, teinte d’espérance, nuance d’amour, tonalité d’optimisme, éclat de sérénité…
    Et pour aujourd’hui, une rose 12 !

    Tableau « Quai à Venise » de Kees van Dongen.

  • La rose bleue et la main verte

    La rose bleue et la main verte évoquent l’amour de la Terre
    Et l’amour devient jardinier quand la passion creuse les sens.
    D’abord on fait la découverte du terrain de son partenaire
    Ensuite, on ne peut le nier, on en récolte la quintessence.

    Selon les phases de la Lune, les couples sèment passionnément
    L’ensemble des graines fécondes cueillies dans les fruits défendus.
    À en croire la bonne fortune du bilan proportionnément,
    On peut conclure que le monde croît selon l’amour répandu.

    À propos de rose bleue et de main verte, n’oubliez pas de célébrer la Sainte-Barbe du 4 décembre qui consiste à placer des petites graines de blé, de lentille, de haricot, de pois où tout ce que vous voulez dans une coupelle sur un peu de coton ou de terre et que vous arroserez plusieurs fois par jour afin d’obtenir une jolie décoration pour Noël.
    L’été, lorsque je me promène parmi les champs cultivés, je pense toujours à récolter les gerbes échouées sur les bords des chemins d’épis de blé, de pois où tout ce que je peux trouver que je conserve précieusement jusqu’à la fin de l’année.

    Tableaux de Yuroz sur http:www.shafferfineart.comThe_Art_of_Yuroz.htm .

  • La guitare à quatre mains

    Savoir jouer de la guitare à quatre mains est un exploit
    Qui réunit les amoureux du manche et de l’introduction.
    Un peu d’avance ou de retard sur les cordes tendues qui ploient
    Sur un rythme assez langoureux avec droits de reproduction.

    Souvent la femme reste en attente après l’ultime accord plaqué ;
    Elle imagine alors pensive comment amorcer la reprise.
    Alors d’une main haletante, elle commence à attaquer
    Par une caresse intensive la petite corde surprise.

    Aujourd’hui il neige. Un froid sibérien régnait cette nuit et, silencieusement, l’aube s’est révélée dans un blanc immaculé. Quel rapport avec la guitare ? Eh bien… le silence entre les notes, les notes blanches, les accords en avalanche, les crescendo et decrescendo le long du manche et tout ce que l’on peut imaginer. Et puis, qui dit neige dit petites soirées au coin du feu, rencontres, lieu idéal pour sortir sa guitare et jouer à 4 mains.

    Tableaux de Yuroz sur http:www.shafferfineart.comThe_Art_of_Yuroz.htm .

  • La dernière nuit de novembre – 2

    Si la nuit, tous les chats sont gris, cette nuit, ils seront tous noirs.
    Pourquoi ? Parce que nous sommes fin novembre et qu’il vont partir au service.
    Félix, Doudou et Mistigris – ils resteront dans nos mémoires –
    Partent en classes de décembre au grade des Chats-sœurs novices.

    Minuit pétante, ils sont partis afin d’accomplir leur devoir
    Auprès des chats du septième ciel, de vieux matous de Mandchourie.
    Des rôles leur seront répartis avec quelques super-pouvoirs
    Afin de fêter l’officiel Noël des rats et des souris.

    Illustrations d’Irina Zenyuk.

  • La dernière nuit de novembre – 1

    Mon chat dort le tour du cadran, de l’aube jusqu’au crépuscule,
    En prenant soin de n’occuper que nos canapés préférés
    Ou nos genoux en s’effondrant de tout son poids qui nous bouscule
    Sans jamais s’en préoccuper sauf l’envie de vociférer.

    Passé deux heures après minuit, il veut aller au restaurant,
    Demande la carte en miaulant et manifeste son impatience.
    Je fais le service de nuit et sert ce monstre dévorant
    Quatre ou cinq fois, c’est désolant et ça taraude ma conscience.

    Illustrations de Jozef Wilkon.

  • Comme la Lune

    Comme la Lune, elle ne se montre qu’un peu, beaucoup ou pas du tout
    Et ses effets suivent ses phases : mini, maxi ou toute nue.
    Lors de la première rencontre, pour jouer son premier atout,
    Elle s’habille sans emphase, sobrement mais sans retenue.

    Quand elle veut se mettre en lumière, juste un string et une brassière
    Vous révéleront tous ses charmes et puis, je vous en fais l’aveu,
    Quand elle regagne sa chaumière, sa tenue devient outrancière
    Car elle ne porte qu’une larme d’eau de parfum dans les cheveux.

    Pleine Lune. Tout comme une femme, elle apparaît, se met en lumière puis, disparaît, c’est la règle.
    La Terre, tout comme les hommes, elle tourne en rond, fait sa révolution et rêve aux étoiles.
    Le Soleil, tout comme un Dieu, nous a créés, représente la source de la vie, nous illumine et nous révèle sa lumière.
    Et moi, tout comme un poète, j’écris un mot au clair de la Lune sinon je vais voir chez la voisine car je crois qu’elle y est…

    Tableaux de Natalia Leonova.

  • L’œil animal

    Or elle adapte sa vision selon l’atmosphère du jour
    Et les couleurs de la semaine d’un regard caméléonien
    Car dans le monde en collision, où tout se trame à contrejour,
    Elle cherche la chaleur humaine à travers l’amour platonien.

    Selon les soirs de pleine lune, elle ressemble à la grande ourse
    Qui observe d’un œil glouton tout ce qui passe à sa portée.
    Selon la couleur opportune de ce que contiendront leurs bourses
    Elle tondra quelques moutons d’après les ragots colportés.

    Je ne sais pas si j’ai l’œil animal mais j’ai déjà le pied car il m’est arrivé plusieurs fois de surprendre des renards et des chevreuils lorsque je me promène dans ma forêt d’Eschenberg ; preuve que j’ai la patte agile. J’ai même surpris un chevreuil qui est sorti un jour de la forêt sans me voir jusqu’au dernier moment où nous nous sommes retrouvés nez à nez. Le pauvre était tellement effrayé qu’il en est tombé les quatre fers en l’air !
    Pour l’œil, je suis myope comme une taupe ; j’ai le nez et l’odorat d’un chien ; je fais patte de velours et j’aime reprendre du poil de la bête ; c’est presque bon !

    Tableaux de Natalia Leonova.