Catégorie : Pamphlets

Petits textes satiriques envers qui vous savez

  • Cachés, masqués, violés

    Pour vivre heureux, vivons cachés mais pas ensemble, s’il vous plaît
    Car je sens des mains baladeuses et des intentions impudiques.
    Jamais ne pourrez détacher cette attraction qui vous complaît
    Arguant la nature galvaudeuse et le beau sexe fatidique.

    Aujourd’hui tout est inversé ; pour vivre heureux, vivons masqués ;
    Cachons notre naïveté derrière un passe sanitaire
    Jusqu’à ce que soient renversés ces polichinelles fantasqués
    Qui nous plongent en lasciveté dans un régime totalitaire.

    Illustration de Marija Tiurina

  • En queue de poissons rouges

    Tout finit en queue de poisson quand tout débute par la peur
    Car à trop noyer le poisson, il finit cuit à la vapeur.
    Fi de ces sérums incolores, ces eaux de mer pour V.I.P.,
    Ces catastrophes indolores et la vaccinothérapie !

    Et si tous ces milliards de doses finissent par aller dans la mer,
    Les poissons auront l’overdose d’effets secondaires amers.
    Bientôt quand j’irai à la pêche, je risque à mon tour d’être happé
    Par tous les revanchards revêches de la lignée des rescapés.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Laisse se démerder ton meilleur ennemi

    Depuis longtemps que l’on m’invite à partager le feu des dieux,
    M’accepte-t-on comme chasseur ou comme gibier potentiel ?
    Au premier réflexe j’évite de rencontrer ces gens odieux
    Malgré l’attrait d’une âme-sœur ou d’un ami circonstanciel.

    Je fais semblant d’être en mesure d’être mis sur un piédestal
    Mais des courants antagonistes m’échauffent et mon cœur et mon âme.
    Quand le feu de la démesure brise tous mes vœux de vestale,
    Là, je deviens protagoniste et réagis tout feu tout flamme.

    Ainsi quand la littérature et le cinéma me préparent
    À un avenir pragmatique où l’élite sera épurée.
    J’y vois des signes contre-nature visant à ce que l’on sépare
    Les sceptiques des fanatiques pour mieux aller à la curée.

    Illustration de couverture de Ted Benoît pour « L’affaire Francis Blake »

  • La métamorphose du démerdard

    À force d’être complotiste, à force d’être démerdard,
    À force d’être confinés, j’en subis toute l’évolution.
    Forcé d’être indépendantiste envers l’état qui brandit son dard,
    Harassé d’être dominé, mon corps fait sa révolution.

    Ainsi toute ma tête explose de tous ses réseaux neuronaux
    Et met l’hippocampe en duplex avec l’hypophyse et ses lobes.
    Ensuite ma mémoire implose et par ses canaux coronaux
    Mon cœur surgit dans ce complexe avec le chaos qui l’englobe.

    Illustration de Marija Tiurina

  • Les démerdards au front

    Retour du front, les démerdards, puisque c’est leur nom désormais,
    Rentrent la tête échevelée, les yeux fatigués, plein de larmes.
    En lambeaux, les porte-étendards et les pancartes déformées
    Attestent les dénivelés entre le peuple et les gendarmes.

    En souvenir des communards, des maquisards, des partisans
    Qui ont dressé des barricades pour la liberté défendue,
    Trébuchant sous les traquenards, se relevant cicatrisant,
    Saluons ces joutes camarades dans tout les pays répandues.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020

  • Les démerdards confinés

    Révolution dans la maison, on y est tous fidélisés ;
    Tous les samedis, on se démerde, on se rassemble, on s’émoustille.
    On s’prépare selon les saisons, de l’Étoile aux Champs-Élysées.
    Aux manifs boulevard Malesherbe, jusqu’à la place de la Bastille

    Tandis que la première garde affronte les forces de l’ordre,
    L’arrière garde se retranche pour s’informer sur les réseaux.
    Tous les non-vaccinés regardent le Président se faire mordre
    Et chacun s’en paie une tranche en lui prêtant des noms d’oiseaux.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020

  • Le confinement de Babel

    À force d’être confinés et pliés au télé-travail,
    Ils ont cherché à s’occuper dans les sous-sols qui avoisinent.
    Les couples se sont recombinés en un chaud caravansérail
    Et les naissances ont décuplé dans l’antichambre des voisines.

    Ils ont agencé les greniers, les caves et les dépendances
    Et comme ça ne suffisait plus, ils ont élevé les étages.
    Aujourd’hui, on ne peut pas le nier, leurs tours ont une telle importance,
    Qu’ils vivent heureux, bien sûr reclus, mais pour on n’sait quel héritage !

    Illustration de Marija Tiurina

  • L’affaire O’Micron

    By Jove ! Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! L’O’Micron, c’est la marque jaune !
    Selon les uns, c’est l’ennemi et, selon les autres, un mirage.
    Les uns veulent qu’on les rassure, les autres refusent qu’on leur donne
    Un « passe » contre la pandémie qui les réduit en esclavage.

    Depuis Satan recombiné en un virus éparpillé,
    Les nouveaux dieux pharmaceutiques nous ont convertis à leur secte :
    « Frères et sœurs reconfinés, laissez-nous vous entortiller
    Par ce vaccin eucharistique qui tue plus qu’il ne vous infecte ! »

    Illustration de René Follet d’après les personnages d’Edgar P. Jacobs

  • Le patient Zorro

    Savez-vous porter le masque à la mode de chez nous ?
    On le porte sur la bouche, bien remonté sur le nez.
    Mais ne soyez pas fantasques et ne portez pas un loup
    Qui vous donnerait l’air farouche parmi les gens confinés.

    Mais en cas de pénurie, quand nous manquerons de tout,
    Vous pourrez voler aux riches leurs biens et tout leur argent.
    Vous vengerez l’incurie du gouvernement ripoux
    En rendant tous les bakchiches à toutes les petites gens.

    Tableaux de Daria Petrilli

  • Le magasin des suicides

    Venez goûter dans nos boutiques la joie d’ôter l’envie de vivre ;
    À consommer ou à offrir mais à déguster lentement.
    Cercueils cirés à l’encaustique, cordes à pendu qui vous délivrent
    De votre angoisse de mourir pour vivre plus rapidement.

    Apportez à vos belles-mères un flacon de bouillon d’onze heures,
    La cigarette du condamné et l’ultime verre de rhum.
    Le temps d’aimer si éphémère permet la mort dont la valeur
    N’attend point le nombre d’années pour faire souffrir son bonhomme.

    Photo de Paul Kurucz

  • Mosaïques – 2

    Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme à volonté !
    La matière sait recombiner ses atomes et son énergie.
    Quant à la question consacrée au salut de l’âme escompté,
    Dieu nous a tous embobinés dans l’espace-temps en synergie.

    Je suis noyé en mosaïques dans tous les humains de la Terre
    Je suis vous et vous êtes moi dans une création d’illusions.
    Et l’incarnation prosaïque dont je ne suis que locataire
    Sonne le bail en fin de mois sans garantir de conclusion.

    Nous voulons tous la même chose ; vivre et survivre après la mort
    Et nous voudrions que de flot d’âmes ait une raison d’exister.
    Sans doute la métamorphose ne laissera aucun remords…
    En attendant, Messieurs, Mesdames, vivez, mourrez sans insister !

    …mourrez dans la perplexité !
    …mourrez devant l’adversité !

    Tableaux de Natalia Shatrova

  • Mosaïques – 1

    Dans le désordre naturel de l’expression de l’existence,
    La beauté apparait au cœur de ce qui cache le mystère.
    J’y cherche l’ordre surnaturel d’un Dieu ou bien de sa présence
    Comme si j’étais chroniqueur de la vérité de la Terre.

    Tout ce qui s’emboite en accord avec les lois de l’esthétique
    Semble avoir été désiré par quelque artiste fantastique.
    J’aspire à trouver le raccord afin d’en percer l’authentique
    Secret des dieux pour soutirer tout l’enseignement scolastique.

    Une fois que tout est en ordre, rien ne va plus, tout est faussé !
    Je n’ai fait que mettre des noms sans rien comprendre à leur essence.
    Tant pis si je dois en démordre car ma quête, loin d’être exaucée,
    M’aura entrouvert un chaînon pour éveiller ma connaissance.

    Tableaux de Natalia Shatrova

  • Dépistage occulte

    Bonne nouvelle ! Le port du masque sera bientôt abandonné
    Au profit d’un bouchon anal qu’on devra porter constamment.
    La faciale protection fantasque des voies nasales contaminées
    Est détournée, c’est pas banal, du postérieur au fondement.

    Vu sur https://clipartguy.com/design/clip-art-of-a-white-male-patient-getting-shot-in-the-butt-by-a-nurse-with-a-syringe-by-djart-222

  • Ô mon beau taureau !

    Que revienne le temps du taureau avec travail en abondance,
    Bien ancrés, les deux pieds sur Terre et les mains tournées vers le ciel !
    De l’air frais dans les pectoraux et si possible, en redondance,
    Tout nos besoins alimentaires pour des plaisirs non essentiels !

    Photo de Jean-Paul Nouvel

  • La vieille tour a grandi

    La vieille tour d’ivoire, tout arrosée des pleurs
    De la dame captive, se remit à pousser.
    Et la Terre sut boire et produire des fleurs
    Qu’on dit admiratives de charme éclaboussées.

    Puis le vilain dragon muta et s’allongea
    Et d’un dur caractère, devint fou à lier.
    Un prince d’Aragon que cela arrangea
    Grimpa sa salutaire queue comme un escalier.

    La belle avait grossi avec tout le château
    Et ne pouvait passer les portes et les fenêtres.
    Le prince, assez concis, reprenant du gâteau,
    Lui dit, l’air compassé, ne pas la reconnaître.

    Tableau d’Anna Berezovskaya

  • Le village des petits bonheurs

    Mon petit village s’enferme hors du temps et des inquiétudes
    Aussi bien en début d’année qu’au fil des mois jusqu’en décembre.
    J’en ai pris plusieurs années ferme pour consommation de quiétude
    Dont l’addiction m’a condamné à y passer ma vie à l’ombre.

    Je suis cerné par des forêts et des collines vallonnées
    Et n’ai que le droit d’exister dans l’éternelle bonne humeur.
    L’aurore à peine dévorée, toutes mes heures sont jalonnées
    D’une direction assistée vers tout plein de petits bonheurs.

    Tableau de Hanna Silivonchyk

  • Le village des complotistes

    Mon petit village s’enferme hors du temps et des conventions
    Dès que les matines ont sonné jusqu’aux heures du crépuscule.
    Entre les maisons et les fermes, les animaux font sécession ;
    Les chiens sont même soupçonnés de comploter en groupuscules.

    Les toutous s’envoient des messages encodés dans leurs aboiements ;
    Ils communiquent avec force en déposant fientes et fèces.
    Et je détecte à leurs passages sur la neige fraîche, un chatoiement
    De petites taches jaunes en morse narrant leurs histoires de fesses.

    Tableau de Hanna Silivonchyk

  • Soigne le serpent, il te mordra quand même

    Dès qu’il faut sauver la planète et qu’il faut me jeter à l’eau,
    Je n’ai pas peur de me mouiller pour soutenir mon président.
    Or, une fois qu’il est aux manettes, je vois cet enfant de salaud
    Me forcer à m’agenouiller et me traiter de dissident.

    Mais si je laisse se noyer le président et ses ministres,
    J’accepte qu’une dictature remplace la démocratie.
    Après, il risque de m’envoyer pour payer les frais du sinistre
    L’impôt, la taxe et la facture du joug de sa suprématie.

    « Max l’explorateur » par Guy Bara

  • Dites-le avec des fleurs

    Pour manifester ma rancœur envers l’état totalitaire
    Qui parle la langue de bois et me traite comme du bétail,
    J’ose le langage des fleurs pour affronter les militaires
    Afin que s’exprime la voix d’un opprimé dans la piétaille.

    Une couronne mortuaire avec mes regrets éternels
    Pour enterrer ma liberté que je présumais immortelle.
    Je poserai sur son sanctuaire quelques œillets sempiternels
    Pour mes espoirs déconcertés par les magouilles et les cartels.

    « Max l’explorateur » par Guy Bara

  • Labyrinthes

    Le progrès en marche nous apporte un bonheur mérité ;
    Le temps inscrit ses marques sur la planète opprimée.
    La science prolonge la vie et nous allons tous hériter
    D’un patrimoine dépassé et d’un futur déprimé…

    Des papiers que le vent promène,
    Des plastiques que la mer transporte,
    Des canettes que les chemins acheminent,
    Des mousses que les rivières emportent
    Des dioxydes de carbone que le trafic propage,
    Des cris que les villes transmettent,
    Des nitrates que l’agriculture parsème,
    Des particules que l’atmosphère colporte,
    Des virus que le tourisme diffuse,
    Des incendies que les forêts transfèrent,
    Des métaux lourds que les nappes transvasent,
    De la rouille que les abîmes renferment,
    Du pétrole que les plages éparpillent,
    De la mort que la vie répercute.

    Illustration de Daniel Garcia

  • Le Brexit

    Messieurs, tirez donc les premiers mais veuillez filer à l’anglaise
    Par un coït interrompu, brisant d’un coup de Trafalgar !
    L’empire dont vous réclamiez tout l’avantage, ne vous déplaise,
    Retombe en argent corrompu qui va déclencher la bagarre.

    Moi, qui habite la boutonnière, dans les Alpages en boutons,
    Comme vous, j’ai ma tirelire bien à l’abri au coffre-fort.
    Je fais l’Europe buissonnière avec mes cochons, mes moutons
    Mais je vous parie mille livres que vous regretterez notre confort.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Dérapages

    J’ai glissé sur la chrétienté et je me suis cassé la foi ;
    J’ai trébuché sur le bouddhisme et je m’y suis grillé l’esprit ;
    Je me suis rallié à l’islam et j’ai consumé mon essence ;
    J’ai fouillé la mythologie et l’aigle m’a mangé le cœur ;
    J’ai chanté le monde quantique et j’ai chuté dans un trou noir ;
    J’ai fait confiance à la science et je m’y suis brûlé le corps ;
    J’ai subi la force des hommes et je suis devenu ermite ;
    J’ai écouté la voix de Dieu et Jésus crie dans le désert.



    (Sur un mince cristal l’hiver conduit leurs pas
    Le précipice est sous la glace
    Telle est de vos plaisirs la légère surface
    Glissez, mortels, n’appuyez pas.

    « Le Patinage » – Pierre Charles Roy.)

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  • Splendeur de l’apparat, magnificence de la richesse, faste de l’opulence

    Splendeur de l’apparat, magnificence de la richesse, faste de l’opulence

    Au milieu de ses pairs de France, tout le pouvoir est rassemblé
    Entre les mains du petit roi selon la loi démocratique.
    J’ai l’impression qu’il est en transe, peut-être même qu’il m’a semblé
    Que, dans son costume à l’étroit, il paraîtrait technocratique.

    Leurs visages s’affichent en jaune car ils reflètent la nation
    Qui s’insurge contre un palais qui fait abstraction des petits.
    Petits hères de secondes zones, chômeurs en détermination,
    Pauvre émigré sénégalais, tous ceux qui n’ont plus d’appétit.

    Selon les lois de l’univers, il y aurait deux infinis :
    L’infiniment grand du pouvoir et l’infinie morosité.
    Ceux qui ne passeront pas l’hiver, pour qui demain tout sera fini
    Et ceux qui ne cessent de promouvoir toute leur somptuosité.

    Comment en sommes-nous arrivés à ce système pyramidal ?
    La loi de la vie est cruelle : tu manges ou tu seras mangé !
    L’humanité reste rivée à une société féodale ;
    Hier, le sang coulait dans les ruelles et aujourd’hui, rien n’a changé.

    Tableau de Fabienne Barbier