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  • Du haut de son perchoir

    Du haut de son perchoir

    Du haut de son perchoir, le marionnettiste
    Agite ses pantins et tire les ficelles.
    Jamais on n’entend choir de propos complotiste
    Ni même de potin car le taulier excelle.

    Il feinte sur la gauche, puis il rassemble à droite,
    Remet la balle au centre et botte enfin en touche.
    Tout ça n’est qu’une ébauche, une combine adroite
    Qui trompe et déconcentre le peuple d’escarmouches.

    Petits et grands enfants applaudissent en cœur
    Et rient des facéties entre tous les partis.
    L’état est triomphant, il sort toujours vainqueur
    Le Sénat apprécie sans faire de répartie.

    Arrive le gendarme armé de son bâton,
    Qui frappe les casseurs et les manifestants
    Qui sonnent alors l’alarme et s’enfuient à tâtons
    Sous le cri jacasseur d’un public exultant.

    Illustration d’Arsen Janikyan.

  • Marianne et ses prétendants

    Marianne et ses prétendants

    Depuis trop de jours d’affilée, Marianne dans son lit douillet
    S’ennuie et ça la déconcerte de n’avoir toujours rien à faire.
    Les prétendants ont défilé comme pour le quatorze juillet
    Devant son antichambre ouverte à qui saurait la satisfaire.

    Sans doute son charme n’est plus car tous ensemble ont décliné
    Le poste de premier ministre malgré l’honneur hypothétique.
    Même les femmes auraient déplu ; aucune ne s’est inclinée
    De peur qu’on ne leur administre un cunnilingus politique.

    Elle a pensé à une annonce dans un journal d’économie :
    « Jeune république chercherait compagnon pour un court séjour
    Mais à condition qu’il renonce à sa famille et ses amis. »
    Depuis Marianne observerait les périodiques chaque jour…

    Un jeune homme septuagénaire a répondu à son appel ;
    Il a peut-être des cheveux blancs mais des idées neuves, il paraît…
    Si son allure débonnaire semble séduire toutes les chapelles,
    Nous verrons bien, sans faux-semblants, au pire, ce qu’il va préparer…

    Tableau de Raymond Agostini sur https:www.artmajeur.comraymond-agostini .

  • La sirène en vacances

    La sirène en vacances

    Que faire de son hippocampe quand la sirène part en vacances ?
    L’attacher sans appréhension à un corail est impensable !
    Oui mais… selon si elle campe, il n’y aura pas de conséquence
    Mais si elle opte pour une pension, l’animal est-il dispensable ?

    Heureusement dans nos alpages, on aime tous ces compagnons
    Aériens, terrestres, aquatiques sans faire de contestation.
    Nous avons un aréopage d’hôteliers ni rudes ni grognons
    Qui se montrent plutôt lunatiques quant aux hippocampes en question.

    Évidemment pour l’eau de mer, il faudra demander aux vaches
    De leur prêter leurs pains de sels et leur céder quelques mangeoires.
    J’en appelle à toutes les chimères qui aiment voyager sans relâche
    À choisir la Suisse qui recèle tant de lacs comme pataugeoires.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Quand la sirène s’endort

    Quand la sirène s’endort

    As-tu vu comment la sirène s’endort dans son milieu aqueux ?
    Sa nageoire roule dans son dos comme un petit coussin douillet ;
    Les bras en position sereine autour du fuseau de sa queue ;
    Ses cheveux formant un bandeau pour éviter de pendouiller.

    Mais lorsqu’elle tourne en spirale, profondément elle sommeille
    Et son corps s’en va dériver au gré des courants abyssaux.
    Puis, de manière générale, quelques fidèles poissons veillent
    À ce qui pourrait arriver lors des sommeils paradoxaux.

    Après juste trois petits tours, elle se réveille en bâillant,
    Étire ses bras engourdis et déroule sa queue déployée.
    Puis elle cherche aux alentours de quoi manger, le cœur vaillant,
    Un joli marin dégourdi qu’elle saura apitoyer.

    Tableau de Lelia sur https:www.deviantart.comleliagallery .

  • Valentine au bain

    Valentine au bain

    Quand Valentine plonge nue dans l’eau noire du bain de minuit,
    Elle rit comme si la fraîcheur lui paraissait indispensable
    D’autant que la belle ingénue, perverse de jour comme de nuit,
    Mime le geste du pêcheur cherchant la moule dans le sable.

    Mais que Valentine est jolie lorsqu’elle est ainsi transformée
    Par l’eau de la claire fontaine aussi noire que ses envies !
    Malgré le miroir malpoli qui renvoie son corps déformé
    Et qui nous masque l’incertaine câlinerie qui la ravit.

    Valentine reviendra vite, au cours de la semaine prochaine
    Car elle a pris goût au plaisir de se baigner nue dans l’eau fraiche.
    À minuit afin qu’elle évite d’être surprise sous le chêne
    En train d’éveiller les désirs d’un importun plutôt revêche.

    Tableau de Prisque sur https:www.artmajeur.comprisque .

  • Le choix de la reine

    Le choix de la reine

    Si j’étais Roi, choisir ma Reine ne me demanderait pas d’effort ;
    J’organiserais un tournoi d’échecs entre les prétendantes.
    Celles qui jouent de façon sereine ne me seront d’aucun renfort
    Sauf celle qui, par son jeu, sournois se montrerait condescendante.

    Cette sournoise qui cache son jeu, même si son but est malveillant,
    Possède les qualités requises pour gouverner à mes côtés.
    Condescendante, je le veux envers les flatteurs attrayants
    Qui ont la nature requise pour mégoter et ragoter.

    Trop bien ? Parfaite ? Ça m’est égal puisqu’après tout je suis le Roi !
    Trop bien, trop pleine de tendresse… Ailleurs elle pourrait cavaler !
    La parfaite serait un régal mais après le choix reste étroit
    Car ni suivante et ni maîtresse ne pourraient jamais l’égaler.

    Tableau d’Olga Glumcher.

  • La fuite

    La fuite

    La photo est floue, désolé mais Adam et Ève couraient
    Tellement vite que je n’ai pas réussi à faire mieux.
    Mais lorsqu’ils se sont isolés j’ai su que jamais ne pourrais
    En prendre une autre dans les genêts où ils se cachaient des curieux.

    Tant pis ! Faudra vous contenter de la seule preuve que j’ai
    De la divine création telle que la décrit la genèse.
    Mais ça suffit pour intenter un procès dont j’ai le projet
    Envers cette expropriation d’un Dieu qui en prend trop à son aise.

    Et le péché originel n’est qu’un piège machiavélique ;
    La connaissance avait été déjà insufflée par l’esprit.
    Aussi il serait criminel que les écrits évangéliques
    Les chassent de leur propriété comme de vulgaires malappris.

    Tableau de Nina Childress sur https:ninachildress.com .

  • La fin du monde

    Au bout de la Patagonie sur la route de la fin du monde,
    Les fées ont la tête inversée mais leurs reflets sont à l’endroit.
    Mais au contraire en Laponie, l’autre côté de la mappemonde,
    Vous en seriez bouleversés hélas je n’en ai pas le droit.

    Car elles sont nues et impudiques et me censurent si je les montre,
    Puis me bannissent des réseaux et suppriment l’effet que j’escompte.
    Aussitôt l’instant fatidique où je publie notre rencontre,
    L’image ne fait pas de vieux os et les fées me règlent mon compte.

    C’est bête mais cela m’a contraint à repartir en Terre de feu
    Là où je peux les admirer sans l’effet vitupératif.
    Mais si le lecteur boute-en-train retourne ce cliché fâcheux
    Son esprit sera chaviré en l’observant en négatif.

    Tableau de Paul Delvaux renversé et miroir redressé

  • Reflet vers et pot-aux-roses

    Reflet vers et pot-aux-roses

    Comme vous devriez le savoir, on ne peut observer les fées
    Sauf leur image renversée par le miroir ou un cours d’eau.
    J’ai donc cherché à percevoir, afin d’en connaître l’effet,
    Cette idée qui m’a traversé l’esprit ; je vous en fait cadeau.

    C’est pourquoi je fais des reflets des vers, des proses aux bleus de l’âme
    Afin d’y trouver à l’envers l’une d’elles que je pourrais surprendre.
    Bien sûr, elles sont camouflées entre les lignes que je clame
    Et les sous-entendus pervers que vous ne pouvez pas comprendre.

    Celle-ci est née d’une idée qui est sortie du labyrinthe
    De mon oreille interne gauche et qui s’est frayée un passage
    Pour surgir d’un pas décidé vers l’autre oreille sans contrainte
    Afin d’en décrire une ébauche dissimulée dans ce message.

    Illustration de Béatrice Tillier.

  • Le voyage imaginaire

    Le voyage imaginaire

    C’était pendant une coupure – une coupure de courant –
    Ma maison étant aphasique, j’étais parti en promenade
    Lorsque soudain, d’une onde pure tel un nuage concourant
    À suivre la pataphysique, je partis à la cantonade.

    La gravitation suspendue, je m’élevai dans l’atmosphère
    Poussée par un souffle de vent par-dessus vallées et montagnes.
    « Qu’il est doux d’être ainsi pendue et survoler la biosphère
    Dans l’aube d’un soleil levant et les oiseaux qui m’accompagnent ! »

    Curieusement j’étais la seule trompant les lois de la physique ;
    Sans doute mon abonnement était arrivé à son terme…
    Pour une raison gauche et veule, un fonctionnaire assez basique
    M’avait coupé tout bonnement mon droit à fouler le sol ferme.

    Je reçus une circulaire – ne me demandez pas comment –
    M’annonçant des désagréments pour ceux qui étaient dans la Lune
    Et comme j’étais titulaire de la distraction par moments
    Je levai ma robe en gréement comme une voile de fortune.

    Tableau de Michael Whelan.

  • Le cygne noir

    Le cygne noir

    Encore un rêve où je suis nue mais sans une foule gens
    Autour de moi pour ricaner et me couvrir de ridicule.
    Non ; cette fois j’étais parvenue au bord d’un lac aux eaux d’argent
    Rien d’autre pour me chicaner fors un oiseau qui gesticule.

    Lui, le vilain petit canard, orphelin de sa vraie famille,
    Avait longtemps cherché sa mère jusqu’à ce qu’il tombe amoureux
    Ce jour-là allant goguenard parmi les joncs et les ramilles
    Trouvant sa chérie victimaire sous un ciel rose et langoureux.

    Moi, j’étais là dans les roseaux, endormie, nue, couchée dans l’herbe
    Frappée de stupeur en plein rêve et réveillée sur la pelouse.
    C’était vraiment un drôle d’oiseau qui, d’une petite voix acerbe,
    Me demanda, là sur la grève, d’accepter d’être son épouse.

    Outrepassant l’absurdité, j’acceptai sa proposition ;
    Nous nous unîmes à la mairie pour que la loi nous reconnaisse.
    Nul ne blâma ma nudité, personne ne fit d’opposition
    Et je rejoignis mon mari, amusée d’être sa cygnesse.

    Tableau de Kristin Kwan sur https:beautifulbizarre.net20221026beautiful-bizarre-curated-exhibition-halcyon-days-modern-eden-gallery .

  • Retour au cocon

    Retour au cocon

    Comment saurais-je d’où viens-je, où vais-je quand je plonge dans le sommeil ?
    Dans un endroit inaccessible dans ma tête ou bien dans l’espace ?
    Un autre univers où je siège, autre Terre d’un autre Soleil,
    Un autre moi-même expansible qui veille sur ce qui se passe.

    Plus je m’enfonce en somnolence et plus je rentre dans mon cocon
    Et plus l’intérieur se dilate vers différentes dimensions.
    J’y revois avec indolence mes souvenirs les plus abscons
    Que cet autre moi me translate afin que nous recommencions.

    Que nous recommencions encore dans le réel et dans les limbes
    Par une méthode alchimique qui doit en extraire notre âme ;
    Cette eau-de-vie qui édulcore un esprit ardent qui regimbe
    D’un lointain éden animique où autrefois nous séjournâmes.

    Tableau de Herman Smorenburg sur https:circle-arts.cominterview-herman-smorenburg .

  • Dimanche soir

    Dimanche soir

    Qui a inventé la semaine de sept jours à répétition ?
    Les sept jours de la création ? Les sept planètes du système ?
    Par quel étrange phénomène a-t-on fait cette partition,
    Sans doute à l’appréciation des anges ou démons post-mortem… ?

    Si hier dimanche était stressant, aujourd’hui il n’est qu’échéance ;
    Si hier je maudissais lundi, aujourd’hui n’est plus opprimant.
    Rien n’était aussi oppressant que l’uniforme doléance
    De cette damnée parodie de Sisyphe à son châtiment.

    Dimanche soir, tout est fini ou plutôt Saturne se suspend,
    Juste le temps de l’émotion qui a dominé sa semaine.
    Un interlude presque infini pour un apéro décrispant
    Où j’en oublie la dévotion à cette tradition humaine.

    Mais comme j’aspire à me battre dans ce fichu monde complexe,
    Alors le dimanche je trinque à l’amour et à l’amitié.
    Je laisse le soin d’en débattre à mon auditoire perplexe
    Qui, pour peu que je l’en convainque, trinque avec moi à satiété.

    Tableau d’Andreas Grutza.

  • Dimanche matin

    Dimanche matin

    Lorsque le dimanche matin commence au petit-déjeuner
    Par des tableaux d’exposition issus de ma muse en couleur,
    Je sais, sans perdre mon latin et sans trop m’être surmené,
    Qu’elle est à ma disposition pour nous évader sans douleur.

    Je vois dans son chapeau fleuri des révélations sur l’histoire
    Et, dans son regard azuré, des aventures valorisables.
    Dans son corsage, la diablerie qui tire de façon notoire
    Ma folle envie de m’assurer que son cœur est inépuisable.

    J’ai porté sa coupe à mes lèvres et j’ai sitôt connu l’ivresse
    Qui ouvre les portes de l’âme vers les amours universelles.
    Je l’ai embrassée avec fièvre et avons couru d’allégresse
    Vers des cieux où nous survolâmes l’extase qui nous ensorcelle.

    Une vieille chanson dans ma tête me dit qu’il ne faut pas s’en faire
    Et profiter des bons moments pour évacuer sa rancœur.
    Et ce « Carpe Diem », je le tète au sein qui sait me satisfaire :
    Celui de ma muse me sommant de rire et jouir de bon cœur.

    (Tableau de Jeramondo Djeriandi et la dernière strophe est inspirée de la chanson de Maurice Chevalier :
    « Dans la vie faut pas s’en faire. Moi je ne m’en fais pas. Toutes ces petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera ! Je n’ai pas un caractère à me faire du tracas. Croyez-moi sur Terre ; faut jamais s’en faire. Moi je ne m’en fais pas ! ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Que ne suis-je elficologue !

    Ah, Que ne suis-je elficologue initié à faire connaissance
    Avec le peuple des forêts, farfadets, fées, lutins et elfes !
    Ah, que ne suis-je psychologue pour pénétrer avec aisance
    Dans les fissures phosphorées des murs de l’oracle de Delphes !

    J’interrogerais la Pythie, grande prêtresse d’Apollon,
    Et je consacrerais ma vie à transcrire ses prédictions.
    Grands cerfs, élans et wapiti, parlant par les vents d’aquilon,
    M’insuffleraient l’âme ravie de leurs saintes bénédictions.

    J’ai alors entendu ma muse rire aux éclats effrontément
    Et se montrer à découvert en me lançant abruptement :
    « Est-ce que tu crois que je m’amuse à te souffler profondément
    Ce que tu écris dans tes vers si ce n’est cela justement ? »

    Illustrations de Voltairis sur https:voltairis.artstation.com .

  • D’où viens-je, où vais-je et pourquoi faire ?

    J’ai de la peine à remonter les souvenirs les plus diaphanes
    De ma mémoire translucide dans le brouillard de mes pensées.
    L’effort trahit ma volonté et mon action devient profane
    Car si mon regard est lucide, je n’en suis pas récompensé.

    Hélas la fonction primitive de mon langage formaté
    N’existe ni dans mon cerveau mais dans les gènes enracinés.
    Toutes réflexions intuitives auxquelles je suis acclimaté.e
    Se perdent dans un écheveau de théories hallucinées.

    Finalement à quoi ça sert de partir à contre-courant
    Tandis que vivre au fil de l’eau devient un voyage agréable ?
    Sans doute une mort nécessaire vers mes objectifs concourants
    Me délivrera à vau-l’eau ces vérités impénétrables.

    Illustrations de Kim Roselier sur https:www.kimroselier.comJalouse-x-Marc-Jacobs .

  • Bientôt l’automne peut-être

    Bientôt l’automne peut-être

    Viendra l’automne ou viendra pas ? Car cette année on ne sait pas.
    L’été n’a vraiment commencé qu’à partir de la mi juillet.
    Quant au quinze août, l’épiscopat xxx un mauvais pas
    En laissant Marie offensée sommée d’aller se rhabiller…

    En effet, pour monter au ciel, elle voulait se mettre en maillot
    Et s’est vite fait vilipender par des cathos intolérants.
    Les vêtements, c’est essentiel et les habits sacerdotaux
    Mouillés auraient tous fait bander ceux-là qui allaient proférant.

    Mais passons sur cette anecdote qui est conforme à l’hirondelle
    Et qui ne fait pas le printemps, ni l’automne par conséquent.
    Quant au principal antidote pour soigner ce temps infidèle
    Serait de stopper l’éreintant essor du flouze subséquent.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Adieu août, bonjour septembre

    Adieu août, bonjour septembre

    L’août est passé mais la cigale n’ayant pu chanter tout l’été,
    Se trouve encore plus dépourvue lorsque l’automne s’installa.
    Pas plus à Montmartre ou Pigalle de concert de variétés
    Que de bal musette imprévu, de festival ou de gala.

    Sitôt qu’un rayon de soleil pointe son nez à l’horizon,
    La cigale descend de son arbre pour striduler à la sauvette.
    Aussitôt un grand vent balaye les rues en signe de trahison
    Et les passants restent de marbre aux inaudibles chansonnettes.

    Voilà, l’échéance est passée, l’huissier des fourmis compassé ;
    Tout est embarqué et saisi, la cigale tremblante est transie ;
    En prison, elle vocifère, à ses pieds on lui met six fers ;
    La fourmi n’est qu’une usurière et la cigale roturière.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Marianne sens dessus-dessous

    Marianne sens dessus-dessous

    Non pas sans dessus ni dessous bien qu’elle soit née sans-culotte
    Mais Marianne reconnaît chez elle un plus profond désordre.
    C’est donc bien sens dessus-dessous que la République pilote
    Le pays qui s’abandonnait sous les coups des forces de l’ordre.

    À trop exposer sa peau lisse aux gaz et aux balles aveuglantes,
    Les organes contestataires auraient besoin de garde-fous.
    Malheureusement la police qui nous apparaît si cinglante
    Est aux ordres des ministères, eux-mêmes soumis à un fou.

    Marianne a les jambes cassées, bras en écharpe, un doigt en moins ;
    Elle a aussi perdu un œil qu’elle dissimule sous un bandeau.
    Son crâne a été fracassé sous les yeux de plusieurs témoins
    Dont on a regretté le deuil, du coup Marianne a bon dos.

    Tableau de Handiedan.

  • Tu veux ou tu veux pas ?

    Tu veux ou tu veux pas ?

    Refrain :
    Tu veux ou tu veux pas ? Tu veux, c’est bien, si tu veux pas, tant pis !
    Si tu veux pas, j’en ferai pas une maladie
    Oui, mais voilà, réponds-moi non ou bien oui ;
    C’est comme ci ou comme ça ou tu veux ou tu veux pas !

    L’avis des autres c’est démagogique
    C’est comme ma politique.
    Y a du mauvais et du bon !
    L’avis de la France démocratique
    Se heurte à l’aristocratique
    Véto Valois & Bourbons !

    au refrain

    L’avis de la droite est pragmatique
    Mais la gauche est sarcastique
    Et le centre sans opinion !
    L’avis des extrêmes fanatiques
    Est toujours automatique
    Pour prêcher la rébellion !

    au refrain
    Ma vie serait gérontocratique
    Si ma Brigitte fantomatique
    Abaissait son caleçon !
    Ma vie serait moins névropathique
    Si les gilets jaunes pathétiques
    Se montraient gentils garçons !

    au refrain

    Ma vie, c’est beau c’est technocratique ;
    Mes ministres la compliquent
    Même à tort ou à raison !
    Ma vie, serait plus phallocratique
    Si les suffragettes domestiques
    Demeuraient à la maison !

    au refrain

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La sirène vous salue bien – 2

    La sirène vous salue bien - 2

    Quand la sirène vous dit adieu, quelque chose n’a pas marché ;
    Elle ne vous trouve pas à son goût, trop vieux, trop mou ou trop coriace.
    Mais vous pouvez remercier Dieu de vous avoir juste mâché
    Et rejeté avec dégoût avant que ses dents ne vous souillassent.

    Quand la sirène fait sa bégueule, on y perd beaucoup en caresses
    Mais le fait de le raconter vaut mieux que d’y être resté.
    Ne faites pas la fine gueule si vous n’êtes pas au palmarès ;
    L’épreuve est dure à surmonter mais la vie en est infestée.

    Il m’est arrivé une fois qu’une sirène me rabroue
    De notre aventure interlope aux préliminaires salivants.
    J’en reste ravi toutefois car j’en suis sorti peu ou prou
    Débarrassé d’une salope, cœur brisé mais toujours vivant.

    Tableau de Katerina Strokach.

  • La sirène vous salue bien – 1

    La sirène vous salue bien - 1

    Quand la sirène vous salue, elle ne passe pas inaperçue ;
    En effet, le cœur sur la main, elle vous en transmet sa chaleur.
    Mais pour cela, il aurait fallu que vous valdinguiez par-dessus
    La passerelle à mi-chemin du bateau pour votre malheur.

    Admettons que ce soit le cas ; vous vous noyez et – patatras –
    Voici qu’une jolie sirène vous dit bonjour à sa façon.
    Eh bien, soyez heureux mon gars car elle vous reconnaîtra
    Et vous donnera, d’un port de reine, la gratitude des poissons.

    Si vous avez un jour ouvert une fausse boîte à sardines
    Contenant cinq ou six sirènes et vous êtes montré homme probe,
    Vous serez à jamais couvert par l’assurance, non anodine,
    Consentie sur toutes carènes qui naviguent tout autour du globe.

    Illustration de Camilla Ceccatelli sur https:www.facebook.comCamillaCeccatelliIllustrazioni .

  • La civilisation Pastèque

    La civilisation Pastèque

    Mes chromosomes amérindiens ont réveillé mon subconscient
    Cette nuit en me révélant mes origines guatémaltèques.
    Notamment le syndrome indien du songe induit et préconscient
    Des souvenirs me rappelant ma vie dans les villes pastèques.

    J’habitais une ville ouverte creusée dans un melon géant
    Qu’un héros avait rapporté du royaume des dieux anciens,
    Cernée d’une muraille verte, garnie de jardins bienséants
    Dont les fruits étaient exportés par des bateaux costariciens.

    Puis sont venus conquistadors et conquérants de toutes espèces
    Qui ont bu nos vins de renom, violé nos femmes et nos pastèques,
    Accumulé tout un tas d’or volé au nom de la papesse
    Et ont écorché notre nom en nous appelant les Aztèques.

    Tableau d’Anzhelika Iagodina.

  • Le vélo de Penrose

    Le vélo de Penrose

    Dévalant l’escalier d’Escher avec le cycle de Penrose
    Dans les limites du réel au pays de l’absurdité,
    J’ai osé mon vœu le plus cher : redécouvrir le pot-aux-roses
    Qui se cachait dans les ruelles pavées de l’intrépidité.

    Avec l’audace et l’assurance de mon vélo aux roues carrées,
    Tous les mystères de l’illogique s’ouvrent à mon effarement
    Qui m’aurait pressé d’ignorance afin de mieux contrecarrer
    Ma soif d’instants psychologiques, tel ce moment d’égarement.

    J’aime échapper à la logique de la bêtise monotone
    Qui entrave toute tentative pour en soulever le couvercle.
    Par l’art épistémologique, j’expérimente et je tâtonne
    Vers la science imaginative de la quadrature du cercle.

    Tableau de Mister Ham.

  • L’instant fraîcheur

    L’instant fraîcheur

    Carpe diem, l’instant fraîcheur, c’est le bien être maintenant ;
    La chaleur coupée d’une brise, le soleil juste après l’averse ;
    Le flotteur rouge du pêcheur qui annonce un coup imminent ;
    L’imprévisible belle surprise de deux filles nues qui conversent.

    L’instant fraîcheur pour les deux filles, nager nues dans l’impunité ;
    Sentir le soleil sur la peau ou goûter l’ombre des arbustes ;
    Aucun regard qui les fusille sur l’impudique nudité ;
    Un daiquiri bien à propos ce soir au bar de la flibuste.

    L’instant fraîcheur, c’est le présent vers un futur inattendu
    Apprécier chaque seconde de l’opportunité de vivre ;
    Sentir son être omniprésent sans le moindre malentendu ;
    Goûter son âme vagabonde et jouir plutôt que survivre.

    Tableau de Jean Gabriel Domergue.

  • Le rêve fantasmagorique

    Le rêve fantasmagorique

    Une fois encore, ma nuit blanche s’est colorée d’imaginaire
    Et mon lit devint la fourrure d’un tigre azur rayé d’orange
    Qui a causé une avalanche d’étoiles bleues préliminaires
    À l’ouverture de la serrure du portail de mes rêves étranges.

    Une fois la porte franchie, je suis la femelle et le mâle ;
    Je suis le tigre qui protège et la rêveuse qui s’abandonne
    Du réel, nous sommes affranchis et notre nature animale
    Nous fait sentir un florilège de fragrances de belladones.

    Enivrés d’hallucinogènes sans inhibition ni douleur,
    Nous voyageons empoisonnés vers une mort avantageuse
    Dans un paradis indigène où l’on respire les couleurs
    Qui absorbées et vont foisonner avec nos illusions songeuses.

    Mais le paradis comme la mort connaît une fin génératrice
    Et au réveil j’ai dans le cœur le tigre qui sommeille encore
    Mais qui pareil au matamore sera l’âme révélatrice
    Qui fera de moi le vainqueur sa jamais regrets m’édulcorent.

    Illustration d’Em Niwa.

  • Séléné, Hercule et le lion de Némée

    Séléné, Hercule et le lion de Némée

    Ma nouvelle mythologie, une fois revue et corrigée,
    Rétablira la vérité dans tous les contes farfelus.
    Les héros loin de leurs logis ne seront donc plus obligés
    De subir les rites hérités par des dieux aux mœurs dissolues.

    Au cours de ses tournées, Hercule, qui vivait de petits travaux,
    Eut envie d’un bain de minuit sous une Lune baptismale.
    Séléné, déesse noctambule, en l’observant se dit : « Bravo !
    Je vais m’attirer des ennuis mais j’aurai séduit ce beau mâle ! »

    Elle aurait envoyé le lion, lui faire peur et le rabattre
    Entre ses bras, puis Séléné l’aurait protégé et charmé ;
    Ou bien le héros trublion se serait mis à la combattre,
    Mais elle l’aurait morigéné et par la suite désarmé.

    Hélas le lion s’assoupit et tous ses plans tombèrent à l’eau ;
    Comme ils étaient fondamentaux, Séléné demeura frustrée.
    Alors ronflant comme une toupie, Hercule tua le lion ballot,
    Se fit de sa peau un manteau et partit ailleurs s’illustrer.

    Tableau d’Antoinette Kelly sur https:www.saatchiart.comaccountartworks328760 .

  • La chrysalide

    La chrysalide

    À l’instar de la chrysalide avant de devenir papillon,
    Les fées font la métamorphose dont elles se consacrent avec zèle.
    De leurs seules petites mains valides, elles tissent le cotillon
    Qui leur permettra la nymphose qui leur génèrera des ailes.

    Si les filles naissent dans les roses, les fées naissent dans un cocon
    Après n’avoir été qu’une ombre durant toute une année entière.
    Une existence assez morose avec un train de vie abscons
    Mais elles feront partie du nombre d’enchanteresses forestières.

    Après quatre lunes d’attente, le cocon enfin se fissure ;
    La jeune fée déploie ses ailes encore humides de rosée
    Sous la fulgurance battante des étoiles qui la conçurent
    Et voient la jeune demoiselle tout à fait métamorphosée.

    Tableau de Josie Wren sur https:www.etsy.comcashopJosieWren .

  • La verge et le serpent

    La verge et le serpent

    Sans doute Ève demeura de pierre la première fois que le serpent
    Voulut s’introduire céans dans son petit jardin secret ;
    Son œil unique sans paupière, son crâne chauve s’extirpant
    De l’entrejambe malséant qu’Adam voulait lui consacrer.

    Si je tentais la métaphore entre Ève et le serpent retors,
    J’opterai pour la connaissance du rôle du sexe et de l’amour.
    Brandissant comme un sémaphore un engin faquin et butor,
    Adam connut la jouissance et Ève, trompée, fit la moue.

    Évidemment tout est voilé, maquillé et dissimulé
    Et le pauvre serpent bandant fut obligé de débander.
    Je peux maintenant dévoiler qu’Ève avait sciemment simulé
    Pour qu’Adam devînt dépendant de son phallus pour commander.

    Sculpture d’Armelle Colombier sur https:www.artmajeur.comarmellecolombier .

  • La peur de l’inconnu

    La peur de l’inconnu

    Qu’est-ce qui se cache dans le noir sinon ce que je ne peux voir ?
    Qu’est-ce que dissimule l’inconnu sinon un monstre biscornu ?
    Qu’est-ce qui se dit dans le silence sinon un manque de vigilance ?
    Qu’est-ce qui se passera demain sinon le bout de mon chemin ?

    Toutes ces craintes de l’enfance ont consolidé mes défenses ;
    L’inconnu est plein d’imprévus qui s’alignent à perte de vue ;
    Tout ce que je ne peux comprendre n’est pas toujours bon à entendre ;
    Demain sera un autre jour, un beau jour pour mourir d’amour.

    Tous les démons sont inventés, le pot-aux-roses est éventé ;
    Les ogres et le croque-mitaine sont d’une bêtise incertaine ;
    Les crises et les guerres immondes créées par les grands de ce monde ;
    Pour finir, la peur de la mort, conçue par un dieu sans remords.

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • Le cœur en balance

    Le cœur en balance

    Lorsque ton cœur est en balance comme un pendule qui oscille,
    Ne laisse pas agir le temps comme conseiller de ta vie.
    Sans doute en d’autres circonstances il peut se révéler docile
    Mais en amour c’est important de ne pas quêter son avis.

    Boire ou conduire, il faut choisir entre déboires et désirs
    Or essayer les deux chemins que font les deux cartes du tendre
    Permet de goûter à loisir et comparer tous les plaisirs
    Mais gare aux traquenards humains qui tôt ou tard se font attendre.

    L’instinct, la raison et le cœur se font ensemble du corps-à-corps
    Et lorsque le train se présente on peut hésiter à le prendre.
    Un coup d’audace sera vainqueur de ce dilemme en désaccord ;
    Seule une petite voix séduisante connait la voie à entreprendre.

    Le seul problème que je connais pour entendre la petite voix
    C’est qu’elle ne retentit alors qu’en cas d’une extrême souffrance.
    C’est bonnet blanc et blanc bonnet, le paradoxe dans le choix ;
    Le bonheur n’est pas indolore jusqu’à l’ultime délivrance.

    Tableau de Michael Whelan sur https:www.michaelwhelan.com .

  • Aux jumelles Coquelicot

    Dans la famille Coquelicot, mes filles de joie préférées
    Ne sont pas celle que vous croyez mais deux jolies fées délurées
    D’esprit vif, elles viennent illico fleurir nos champs et proférer
    Un bel été à s’octroyer au rouge sang peinturluré.

    Rouge sang car il faut le dire, la fécondité des jumelles
    Est telle que la Terre entière rougit d’un air concupiscent.
    Et la Nature est en délire de les voir brandir leurs mamelles
    Pour aller nourrir sans frontières nos talus d’un lait rougissant.

    Les filles de joie nous disent adieu, l’été est bientôt terminé ;
    Demain, les sœurs colchiques iront colorer de mauve nos prés.
    Quand s’abaissera l’astre radieux dans un ciel indéterminé,
    Tous ensemble nous remercierons nos si jolies fleurs empourprées.

    Illustration de Rococo Revivalis.

  • Le pendule du cœur

    À la recherche de l’amour ? Mettez votre cœur en pendule
    Et regarder-le osciller, observez bien le mouvement ;
    S’il reste neutre comme un poids lourd ou qu’un va-et-vient se module,
    L’instant est inapproprié pour obtenir un dénouement.

    Mais s’il commence à balancer en petit cercles qui s’agrandissent,
    Il trace alors une spirale qui va délivrer sa surprise.
    Lors il est temps de se lancer afin que les sens d’attendrissent
    Dans la direction sidérale juste au moment du lâcher prise.

    Après il suffirait d’attendre le prince charmant désigné
    Mais cela peut prendre du temps et pour le cœur, c’est dévastant.
    L’entrée de la carte du tendre a le temps de se résigner
    Si jamais l’amour débutant ne se réveille pas à temps.

    Tableaux de Michael Whelan sur https:www.michaelwhelan.com .

  • Des sœurs Coquelicot

    Les quatre sœurs Coquelicot accusent un retard cette année ;
    Hiver pourri, printemps pourri et été tardif plaident coupables.
    Même les pays tropicaux dénoncent des saisons surannées
    Et des pluies qui ont trop nourri les sols d’un mode irrattrapable.

    Les coquelicots en juillet et les fraises des bois en août ?
    Les quatre sœurs sont-elles folles ou complètement déréglées ?
    Si quelqu’ange pouvait appuyer sur un bouton alors sans doute
    Verrions-nous les fleurs dont raffolent nos vaches qu’on entend meugler.

    Mais cette année, c’est Saint-Médard à qui les sœurs ont confié
    L’arrosage prédéterminé à inonder tout ce qui bouge.
    Il faudrait renvoyer dare-dare cet ange à l’esprit liquéfié
    Déterminé à nous miner nos champs des belles vagues rouges.

    Puisqu’un vilain temps a violé les quatre sœurs désespérées,
    Dieu n’a pas besoin de prière pour jeter l’opprobre en pâture.
    Il est temps de patafioler tous ces touristes invétérés
    Et leurs avions de misère pour reconquérir la Nature !

    Illustrations de Rococo Revivalis.

  • Marianne vient en buvant

    Marianne vient en buvant

    L’Oracle de Delphes me rappelle la Pythie qui vient en mangeant,
    Tandis que l’Élysée m’interpelle par ses déboires dérangeants
    Notamment par ses bains de foule quand Marianne vient en buvant
    Avec son Manu qui nous saoule en se prétendant adjuvant.

    Les banquiers ne prêtent qu’aux riches et Manu n’aide que les nantis ;
    Je ne l’accuse pas de triche juste peut-être d’avoir menti.
    Il laisse aux autres le proverbe : « Aide-toi, le ciel t’aidera ! »
    En affirmant d’une voix acerbe que le profit excèdera.

    Finalement il a raison ; la crise profite aux Crésus.
    Et ceux qui n’ont pas de maison ont bien mal choisi leur cursus,
    Finalement il n’a pas tort de gouverner en faux jeton ;
    Ainsi, il reste le mentor autant des loups que des moutons.

    Illustration de Garry Walton.

  • Qui veut aller un plus loin…

    Un Roitelet cherche monture pour voyager encore plus loin ;
    La précédente, beaucoup trop jeune, roulait à voile et à vapeur.
    Je ne sais pas si d’aventure il est bête à manger du foin
    Mais j’ai entendu qu’il déjeune avec des gens à faire peur.

    Va-t-il opter pour un ministre tout électrique mais affilié
    Avec l’extrême maladroite ou une union mal dégauchie
    Qui ne soit pas aussi sinistre que les précédents résiliés
    Qui, passés par la porte étroite, sont aujourd’hui bien défraîchis ?

    Pour une politique immonde qui détruise bien le pays,
    Il va choisir un spécimen de bonne race et folichon.
    Afin qu’il puisse permettre au monde d’envahir le peuple ébahi,
    Il faudra que ce phénomène et lui soient copains comme cochon.

    Le petit roitelet français aurait donc reçu tour à tour
    Le Nouveau Tronc Impopulaire et la Droite Sempiternelle
    Qu’il a sondés sourcils froncés avec plusieurs allers-retours
    Montrant sa croupe populaire à Nicolas et Pimprenelle.

    Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .

  • Femmes ou sirènes ?

    Femmes ou sirènes ?

    Le choix deviendrait cornélien si toutefois je devais suivre
    Les jolies femmes sur la plage ou les sirènes sur les vagues.
    Si ce dilemme machiavélien n’arrête pas de me poursuivre,
    C’est que, concernant l’accouplage, mon cœur tergiverse et divague.

    Faire l’amour à une sirène qui vous fait mourir d’épectase,
    Vaut-il faire mille fois l’amour suivi de mille petites morts ?
    La jouissance, certes sereine, ichtyologique donne l’extase
    Mais si les femmes ont de l’humour, les sirènes n’ont que des remords.

    J’ai opté pour suivre une humaine qui sait nager comme un poisson
    Et dont le jeu de jambes au lit exige des coups de queues ardents.
    Et tout au long de la semaine, nous ne cessons de faire moisson
    De fruits d’amour à la folie qui croquent si bien sous la dent.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Poisson-chat & chien-de-mer

    Les poissons-chats, les chiens de mer font les compagnons agréables
    Pour une sirène isolée dans la vacuité abyssale.
    Entre deux marins victimaires, le temps paraît interminable
    D’où l’envie de se consoler avec ses racines caudales.

    À l’instar des gens de la ville et leurs animaux domestiques,
    Elles s’attachent aux alevins selon leurs couleurs, leur splendeur.
    Des poissons-chats plutôt serviles aux chiens de mer humoristiques,
    Un ami c’est comme du bon vin, ça réanime les profondeurs !

    Tableaux de Diego Fernandez.

  • La nymphe de la forêt – 2

    La nymphe de la forêt - 2

    Une autre fois, dans le silence de la profondeur des forêts,
    J’aperçus quelques feux follets qui se rassemblaient sous un chêne.
    Elle était là, en vigilance, dans une lueur phosphorée
    Dont des flammèches batifolaient au bout d’un bâton halogène.

    D’un geste du sceptre sacré elle m’intima d’avancer
    Tandis qu’un cercle se refermait tout autour du trône royal.
    Voyant que j’étais consacré à un rituel annoncé
    Je saluai et affirmai tout mon respect le plus loyal.

    Comme elle ne prononçait mot, je lui récitai des poèmes,
    Dont « La cigale et la fourmi », puis « Le corbeau et le renard ».
    À l’écoute de ces animaux et leurs existences bohèmes,
    Soudain la nymphe s’endormit dans un sourire goguenard.

    Tableau de Renate Logina.

  • Vérité ou mensonge ?

    La vérité parfois dérange et n’est pas toujours bonne à dire ;
    Elle met les faits à la lumière et ne cache rien des secrets.
    La véracité nue se range parmi ce dont on peut médire
    Car l’objectivité première est sans doute un peu trop sacrée.

    Elle a besoin de tempérance et de prudence dans sa tâche
    Elle se revêt et se trouble donc, obligée de s’absenter.
    Serait-ce de l’intolérance que de la désirer sans tache
    Car une vérité trop pure serait nocive à la santé.

    Le mensonge s’habille de tampons qui font office d’ambassadeurs
    Afin de complaire à tout le monde et chercher à nous ébahir.
    Cette fourberie correspond à un costume dont la fadeur
    Dissimule ses défauts immondes pour tromper, duper et trahir.

    Si la justice peut mentir pour sauver tous les intérêts
    De tous ceux qui l’ont établie et s’en servent comme rempart,
    Alors on voit s’appesantir l’injustice qui va se terrer
    Jusqu’à ce que soit rétablie la vérité… hélas trop tard.

    Tableaux de Dongni Hou.

  • La nymphe de la forêt – 1

    La nymphe de la forêt - 1

    Des chants d’oiseaux synchronisés en canon comme une chorale
    Retentissaient dans les fourrés dans la profondeur d’un sous-bois.
    Un contrechant harmonisé à la mélodie pastorale
    Langoureuse et énamourée guidait l’ensemble à vive voix.

    Sans doute absorbée par le chœur et ne m’entendant pas venir,
    Une nymphette forestière jouait d’une harpe celtique.
    Les forts battements de mon cœur semblaient se joindre et soutenir
    La symphonie primesautière aux sonorités emphatiques.

    Lorsqu’elle me vit, elle se figea ; aussitôt le chant s’arrêtant
    Tous les oiseaux d’une envolée se dispersèrent à tire-d’aile.
    Son regard sombre me fustigea, puis elle s’enfuit, pirouettant,
    Et je restai inconsolé tandis qu’il ne restait rien d’elle.

    Tableau de David Hakobian.

  • L’enfant-phare et la femme-bombarde

    Un enfant-phare, à peine né, avait la queue illuminée
    Mais pas celle que vous croyez car de la race des centaures.
    Toutefois sans se surmener, ni se faire discriminer
    Il va, ce fanal, déployer et peu à peu, l’idée s’instaure…

    L’idée de faire une fanfare. Oui mais tout seul, c’est la galère
    Et faire le centaure-orchestre, c’est fatiguant pour les sabots !
    Et l’on vit alors l’enfant-phare, par des recherches épistolaires,
    Trouver d’ici la Saint-Sylvestre un gars qui trouverait ça beau.

    Par Saint-Nougaro, c’est un’ meuf qui a répondu à l’annonce,
    À la poitrine en cornemuse avec des cuisses en grosse caisse !
    Ensemble, ils vont nous faire un bœuf et un pot-pourri qui défoncent
    Cadencés d’aiguës qui s’amusent avec des basses qui encaissent !

    Avec une femme-bombarde et un enfant-phare centaure,
    Que revivent les scarabées ainsi que les pierres roulantes !
    Qu’Assurancetourix le barde leur serve même de mentor
    Et la Castafiore, bouche-bée, leur prête sa voix roucoulante !

    Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .

  • L’Hippo-centaure

    L’Hippo-centaure

    On dit que quand les Espagnols ont débarqué en Amérique
    Avec leurs casques et leurs armures, montés sur chevaux harnachés,
    En voyant tous ces branquignols, les indigènes hystériques
    Les prirent pour des créatures d’un même corps tout attaché.

    Monstres à deux têtes et quatre pattes, coiffés et cuirassés de fer,
    Tels des barbares extra-terrestres aussi nombreux que les étoiles.
    Pas besoin d’être psychopathe pour comprendre que c’est de l’enfer
    Qu’ont surgi ces chimères équestres qui mirent tout le monde à poil.

    L’hippo-centaure est remonté vers le nord et s’est dispersé
    Entre les montagnes et les plaines après plusieurs siècles d’efforts.
    Deux races se sont affrontées ; la gente indienne renversée
    A dû se dire « La coupe est pleine, l’homme blanc est beaucoup trop fort ! »

    Tableau de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .

  • Auprès de ma blonde

    Chez les centaures, on a le choix : soit épouser une centauresse
    Soit plutôt une femelle humaine qui aime les câlins équestres.
    Si cette décision m’échoit, je prendrai alors pour maîtresse
    Une pouliche à la semaine à l’essai deux ou trois trimestres.

    Eh bien, les gars, je vous le dis ; j’ai opté pour la femme blanche
    Qui sait bien écarter les jambes et me monter à l’encolure.
    Elle me chevauche du lundi sans s’essouffler jusqu’au dimanche
    Et comme je suis plutôt ingambe, on fait l’amour à toute allure !

    Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub.

  • La vie en rose

    La vie en rose

    Dans l’obscurité incolore de mes nuits blanches les plus profondes,
    Les secondes se décolorent et les minutes se confondent.
    Dans ce néant survient un songe d’abord comme un rêve éveillé
    Dont les méandres se prolongent vers un voyage ensommeillé.

    Alors je vois la vie en rose dans un monde exempt de douleurs,
    Lentement tout devient morose, aligné aux mêmes couleurs.
    Pour aller à la découverte de sensations inattendues,
    J’imagine une femme verte, entièrement nue, les seins tendus.

    Rose et vert sont complémentaires et nous le sommes également
    Car, sans nuance supplémentaire, nous pourrons idéalement
    Vivre nos amours bicolore avec deux teintes seulement
    Mais qui resteront indolore à mon réveil finalement.

    De l’encrier de ma mémoire qui s’est vidée au petit jour,
    Je plonge alors ma plume noire et le miracle revient toujours ;
    Tous les souvenirs effacés de mes intimes rêveries
    S’écrivent en vers interfacés d’épistolaires grivoiseries.

    Tableau de John Holcomb sur https:www.rebeccahossack.comartistsjohn-holcomb .

  • Aventures semi-précieuses

    Femme améthyste sur fond topaze et l’aventure recommence ;
    Ma nuit se colore d’extase et je plonge en pleine romance.
    Un ange écarte sa voilette d’un souffle empreint de jouissance
    Et nos amours seront violettes de toute notre concupiscence.

    Femme onyx sur fond émeraude qui s’empourpre et devient courtoise,
    Puis l’aventure continue dans un camaïeu de turquoises.
    Ma dulcinée semi-précieuse fête avec moi nos noces d’or ;
    Nos amours seront facétieuses jusqu’à l’instant où je m’endors.

    Tableaux de John Holcomb.

  • Rencontre instantanée

    Rencontre instantanée

    Vous connaissez certainement les images subliminales
    Qui n’apparaissent qu’une fraction de microseconde à vos yeux
    Qui ne voient pas l’évènement ; cependant seule l’encéphale
    A enregistré son action dans son subconscient fallacieux.

    Le marchand de rêves a glissé dans les miens la femme parfaite
    Que je connais sans l’avoir vue mais dont ma conscience résonne.
    Entre mes lobes, elle a plissé sa photographie stupéfaite
    Comme un origami prévu pour que mon âme l’arraisonne.

    Lorsque je rencontre une femme dont la silhouette coïncide
    Avec le modèle caché dans les replis de mon cortex,
    Mon cœur subit un choc infâme, un coup de foudre extralucide,
    Auquel il cherche à s’attacher comme attiré par un vortex.

    Tableau de Fabien Clesse.

  • Ras la queue !

    Ras la queue !

    « Ras la queue ! » se dit la souris attrapée illico presto
    Par Mistigri, le chat gaillard qui la guettait sur le lino.
    « Dieu, quelle existence pourrie que devoir servir de resto
    À tous ces matous rondouillards pour leurs besoins intestinaux !

    Sauf que le chat est difficile, joueur et plein de cruauté
    Et ne tue que pour s’amuser ; c’est le plus fort, c’est le pacha.
    Notre vie serait moins facile au sein de la communauté
    Si les souris désabusées trouvaient comment tuer le chat.

    Pot de terre contre pot de fer, tel est le lot de la souris
    Qui, elle, n’a pas de religion pour devoir accepter son sort.
    Les humains, c’est une autre affaire ; la règle du jeu est pourrie
    Si les femmes-souris sont légion, les hommes-chats sont toujours plus forts.

    Illustration d’Ota Janecek.

  • L’ensemencement

    Du chariot, il y a longtemps, un ange a fait verser le lait
    De la Voie Lactée qui bouillait sans surveillance évidemment.
    Et Dieu, qui n’était pas content, a dû corriger sans délai
    Ce désastre qui barbouillait la Terre vierge incidemment.

    Prenant la Lune comme éponge, il a enlevé le plus gros ;
    La tache étant indélébile, il s’est mis à improviser.
    Enfin, avec un gros mensonge dans les documents intégraux,
    Et des paraphrases volubiles, il a tout désynchroniser.

    La coupe est pleine, il faut le dire ! Et depuis le Graal s’est vidé
    De la vérité tout entière et toute son interprétation.
    Mais de peur de me faire maudire par Dieu, je vais donc éviter
    D’en dire plus sur la manière dont s’est passée la création.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Le puits de lumière

    Il existe un puits de lumière ouvert sur l’espace infini
    Mais le voir me pose un problème car il faudrait alors trois yeux.
    Les dimensions, de la première à la troisième définies,
    Mettent en évidence un dilemme : l’accès à la porte des cieux.

    La quatrième dimension est en effet indispensable
    Pour percevoir le grand secret de l’univers et ses coulisses.
    Un troisième œil en extension aurait été affranchissable
    Pour connaître le sens sacré de Dieu et ses anges complices.

    La métaphore ésotérique qui, au-delà des yeux physiques,
    Donne la connaissance de soi, permettrait symboliquement
    De voir les substances éthériques, invisibles et métaphysiques
    Et remettrait à jour la foi en Dieu scientifiquement.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .