Pour faire un effet de cœur qui me marque au fil des jours, J’ai demandé à ma muse de m’apporter le matin Comme une petite sœur qui me souhaiterait le bonjour Pour qu’avec elle je m’amuse sans y perdre mon latin…
Lundi, c’est l’effet de Lune qui m’entraîne à commencer Chaque chose après l’une mais tendrement romancée. Mardi c’est l’effet de Mars qui me donne du courage Et cette aimable comparse veille sur mon entourage.
Mercredi c’est le Mercure qui augmente la pression En me faisant la piqûre contre toute dépression. Jeudi, l’effet Jupiter me redonne de l’énergie Par cet élan militaire, je sors de ma léthargie.
Vendredi, l’effet Vénus m’enivre de mille amours En me donnant du tonus et une pointe d’humour. Samedi, l’effet Saturne marque la course du temps ; Je suis un peu taciturne, c’est normal c’est le printemps…
Le meilleur effet de cœur m’apparaît dès le dimanche ; Au matin je me réveille avec six fées dans mon lit. Elles m’obligent d’un air moqueur à rester sous la couette blanche Et leur faire des merveilles en grimpant à l’hallali !
Rosa, dans tes origines venues du septentrion ; Rosa, dans tes ovations à ta grâce féminine ; Rosam, un peu sauvagine portée comme amphitryon ; Rosea, quand ton intention envoie la sérotonine ; Rosea, offerte à Argine par son humble histrion ; Rosa, retour aux racines pour un hommage à Junine.
Rosae, des milliers de fleurs en un bouquet de tendresse ; Rosea, comme des louanges à ta beauté éternelle ; Rosas, pour calmer mes pleurs lorsque la douleur m’oppresse ; Rosarum, pour donner le change à ton aide maternelle ; Rosis, tantôt persifleur, mais avec un peu d’adresse ; Rosis, étrange mélange d’une attention fraternelle.
Tes déclinaisons me charment mais me perturbent mon âme ; Tes invocations me plaisent mais me font tourner la tête ; Tes accusations m’alarment quand je vois danser ta flamme ; Tes appoints me mettent à l’aise mais aussi sur la sellette ; Tu me fais couler des larmes quand il me manque ma dame ; Et mon cœur file à l’anglaise en signant ton épithète.
C’était pendant ma genèse, bien avant que la matière Se condense au ralenti pour la course de ma vie. Cette parthénogénèse marqua ainsi la frontière En créant, sans garantie, ma dualité ravie.
L’une partit la première créer l’avenir de l’homme, L’autre partit à rebours vers des plans inaccessibles. L’une créa la lumière et une terre agronome, L’autre connut des débours et des peines impossibles.
Puis l’ange prit ses étoiles pour les chevaucher sans fin À travers mon univers en repoussant mes limites. Le démon saisit mes voiles pour m’escamoter enfin Dans la froideur de l’hiver dans les fables et les mythes.
Quand la lumière se reflète dans le courant d’une eau pure, Je m’observé dans ses ombres comme une étoile blessée. Comme une lueur fluette d’une voie lactée impure Qui règne dans la pénombre méprisable et délaissée.
Il est temps mes deux camps transmutent leurs énergies Et que mes extrémités soient sans vaincu, sans vainqueur. L’obscur et le coruscant vont devenir synergie Et la magnanimité résonnera dans mon cœur.
Avant le point du jour que guette l’hirondelle, Lorsqu’on entend le chant des oiseaux de l’hiver Qui nous disent bonjour aux lueurs des chandelles Qui luisent dans les champs dans leurs beaux habits verts.
D’abord, c’est une troupe de hardies coccinelles Qui secoue les brindilles des clochettes florales. Les papillons en groupe, parmi les dauphinelles, Font vibrer leurs mandilles dans la brise aurorale.
Soudain jaillit un cri, comme un cri de printemps, Là, au cœur de l’hiver, comme appel à la vie. Tout est déjà inscrit dans ce timbre chuintant Qui séduit, à l’envers, sa famille ravie.
C’est un joli tableau, cet enfant qui parait ; On dirait du Matisse dessinant au lavis. C’est un joli fableau, ce fils qui apparait Dans le frêle interstice de l’accès à la vie.
Qui saura son chemin sinon sa bonne étoile ? Qui guidera sa main sinon son âme-sœur ? Qui tracera demain l’avenir sur la toile Pour aider ce gamin à cultiver son cœur ?
Toi qui dessinais des anges, les quatre fers dans la neige ; Toi qui gribouillais les murs au bon gré de tes humeurs ; Toi qui collais des losanges sur les chevaux des manèges ; Toi qui scrutais les murmures de mes contes endormeurs ;
Toi qui plongeais dans la neige pour une brasse éperdue ; Toi qui courais sous la pluie pour éteindre tes envies ; Toi qui pleurais Blanche-neige quand elle s’était perdue ; Toi qui criais dans la nuit comme si tu perdais la vie ;
Toi qui sautais dans mes bras pour te hisser à l’honneur ; Toi qui riais tout le temps d’un rire croquignolet ; Toi qui faisais le fier-à-bras pour te donner du bonheur ; Toi qui ruais en agitant tes jambes sur mes mollets ;
Toi qui versais le soleil tous les jours à la maison ; Toi qui mettais de la joie à l’envi dans la chaumière ; Toi qui donnais des conseils à tort ou bien à raison ; Toi qui piquais les salzbourgeois de ta voix pleine de lumière ;
Dessine-moi tes bonheurs aux couleurs d’enchantement, Crayonne-moi tes malheurs pour les désaccentuer, Peins-moi des nus rayonneurs selon ton consentement, Exprime-moi tes valeurs et découvre qui tu es.
Ainsi mon vieux tu es venu d’un pays que j’ai peu connu dans la Provence. Tu as pris, c’était convenu, en direction de l’inconnu, un peu d’avance.
Tu as parcouru les terrains qui mènent au quartier latin, à la Bastille. Moi, j’étais dans les souterrains, môme qui quêtait le matin une pastille.
Tu t’es envolé dans l’espace dans des vaisseaux d’hyperespace, les plus étranges. Moi, blotti dans ma carapace, j’apprenais tes tours de passe-passe dans une grange.
Tu es parti gagner ta vie et ton épouse t’a suivi partout en France. J’ai pu parfois, j’en suis ravi, partager ta table servie de préférence.
J’aimais ces nouvelles musiques qui sortaient de ton tourne-disque derrière ta porte. Elles m’ont rendu nostalgique et apaisé ce goût du risque que je transporte.
Quelques souvenirs de vacances partagés dans une fréquence aléatoire, Avec tes conseils d’éloquence qui ont gravé leurs conséquences dans ma mémoire.
Tu as toujours su préserver un caractère réservé en philosophe. Loin des religions conservées, Dieu seul sait s’ils t’ont énervé, ces théosophes.
Est-ce une fleur de couleur ou la couleur de la fleur ? Je suis souvent un peu bête de comprendre de travers. Quand j’ai de fortes douleurs, j’en recherche la valeur Puis j’agite mes gambettes et mets ma tête à l’envers.
Je prends un bain de couleurs dans ces aubes matinales Qui m’entraînent dans les verts aux reflets irradiants. J’y ressens quelques soûleurs, à mon âme, médicinales Dans la nature sévère au fol esprit d’étudiant.
Tous les jours je vois ma rose et sa peau si satinée. Elle ne complique pas les choses, elle ne sait qu’exister. Et j’y vide l’air morose de ma raison mutinée Qui se rebelle et dont j’ose juste à peine résister.
Je n’étais pas encore un homme que je regardais les étoiles Pour y guetter ton arrivée dans un vaisseau étincelant. C’était avant que tu me nommes pour te hisser la grande voile Et t’éviter de dériver dans un chaos ensorcelant.
Puis j’ai grandi tout en marchant avec un fils imaginaire Qui vivait dans un arbre creux ou dans la plus haute montagne. Parfois sur l’étal d’un marchand, je trouvais l’extraordinaire Témoin de ton nom glorieux qui résonnait dans la Bretagne.
C’est plus tard que j’ai rencontré celle qui devait être ta mère Pour édifier une famille et faire ton apprentissage. Excuse-moi si j’ai montré parfois quelques pensées amères Et ai rajouté une fille à notre intime vernissage.
Mais il faut rompre les amarres pour que le yacht quitte le port, Faire confiance à la boussole qui seule sait indiquer le nord. Même quand souvent on en a marre de continuer d’être un support Et d’engranger dans son sous-sol des manquements et des remords
C’est juste un fil imperceptible venu d’une autre dimension Qui tisse notre composition accordée à l’écho divin. Comme une parole susceptible portant la céleste mention Qui nous met à disposition comme la plume à l’écrivain.
J’ai plaisir à l’entendre accorder sa guitare En ajustant sa voix au son de l’instrument. Quelques accords bien tendres d’une chanson cathare, Assis à claire-voie jouant assidûment.
Peu à peu la lumière se mêle à la pénombre Car le chant se distingue mieux dans l’obscurité. Les murs de la chaumière enregistrent dans l’ombre Ce concert un peu dingue plein de maturité.
Ses amours de rencontre, cachées dans ses arpèges, Rejaillissent soudain arrachées au néant. Sa voix de bassecontre chante le florilège Des couplets baladins dont il est le géant.
Puis, d’un sourire doux qui fond alambiqueur, Il salue alentour d’un timide « merci » Et l’on sent le redoux qui réchauffe le cœur En fixant, tour à tour, nos mémoires endurcies.
Ses notes en portées se dispersent au vent Qui les emporte au ciel dans le chœur des archanges. Les échos emportés retombent émouvants Et demeurent essentiels à nos cœurs de louanges.
Zig et zig et zag, la mort en cadence Frappant une tombe avec son talon, La mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon.
Le vent d’hiver souffle, et la nuit est sombre, Des gémissements sortent des tilleuls ; Les squelettes blancs vont à travers l’ombre Courant et sautant sous leurs grands linceuls,
Zig et zig et zag, chacun se trémousse, On entend claquer les os des danseurs, Un couple lascif s’assoit sur la mousse Comme pour goûter d’anciennes douceurs.
Zig et zig et zag, la mort continue De racler sans fin son aigre instrument. Un voile est tombé ! La danseuse est nue ! Son danseur la serre amoureusement.
La dame est, dit-on, marquise ou baronne. Et le vert galant un pauvre charron – Horreur ! Et voilà qu’elle s’abandonne Comme si le rustre était un baron !
Zig et zig et zig, quelle sarabande! Quels cercles de morts se donnant la main ! Zig et zig et zag, on voit dans la bande Le roi gambader auprès du vilain!
Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde, On se pousse, on fuit, le coq a chanté Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde ! Et vive la mort et l’égalité !
« La partie fugace » de Maryvon Riboulet
Tic et Tic et Pat, la Reine en cadence Frappant son Évêque avec son talon, La Tour à minuit joue un air de danse, Tic et Tic et Pat, sur son Étalon.
Un assaut blanc souffle sur l’échiquier sombre, Des gémissements jaillissent des Pions ; Les Cavaliers blancs vont à travers l’ombre Prenant en sautant sur l’air des lampions,
Tic et Tic et Pat, le Roi se trémousse, On l’entend Roquer ses os vers la Tour, La Reine lascive s’assoit sur la mousse Comme pour se garder et faire un détour.
Tic et tic et Pat, l’échec continue De troquer sans fin sa blanche agression. Un voile est tombé ! La Maîtresse est nue ! Son Fou la protège dans sa progression.
La dame est, dit-on, Reine ou bien Princesse. Et le vert galant un pauvre larron Et voilà, horreur ! Qu’elle se rabaisse Comme si le Pion était un baron !
Tic et tic et Pat, quelle sarabande! Tous les Chevaux noirs se rangeant autour ! Tic et Tic et Pat, on voit dans la bande Le Roi s’Adouber derrière la Tour !
Mais au coup de grâce, on quitte la ronde, On se pousse, on fuit, le Mat incombé ! Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde ! Le Roi est déchu, le Roi est tombé !
Droit au cœur de l’hiver quand la brume se voile, À l’aube de l’année dans un scintillement, L’enfant de l’univers, engendrée d’une étoile, Aime errer et flâner dans ce miroitement.
Dans ce temps coloré qui refroidit l’espace, Les arbres sont les témoins de la saison passée. Maintenant déflorés par les frimas rapaces, Ils restent, néanmoins, fidèles et compassés.
Mais l’enfant les écoute quand leurs branches s’agitent Sous la bise glaciale qui leur mord les bourgeons. C’est peut-être, sans doute, que chaque aréopagite, Dans la forêt cordiale, amplifie ses surgeons.
C’est l’Archi-Capricorne, la Maîtresse du temps, Qui sait communiquer les secrets de la Terre. Instruite par la licorne aux matins débutants, Elle a su s’impliquer sans faire de mystères.
La forêt est timide, la forêt est limpide, Tout se passe à présent dans un chuchotement. Dans ce matin humide, gardez le cœur sapide De l’enfant de treize ans et son enchantement.
Où passent les souvenirs dans son grimoire caché Lorsqu’ils s’envolent au vent de ses pages détachées ? Reverra-t-on revenir, malgré le sceau du cachet, Ses proverbes innovants d’expériences entachés ?
C’est le secret de la dame qui s’exprime à nos racines Et fait remonter l’essence de la conscience intérieure. C’est le secret de la lame qui incise et nous fascine, Transmettant la quintessence de notre âme supérieure.
Et plus elle fait sa route, plus de trésors elle amasse ; Et plus le temps l’accompagne, plus son art se perfectionne. Quand elle se sent en déroute, elle esquisse une grimace Et quand elle bat la campagne, elle se reconditionne !
Mais les pages font les livres et les années, l’expérience ! Chaque fois qu’on la rencontre, c’est pour mieux nous enivrer De sa folle envie de vivre qui la met en surbrillance Et nous emmène à l’encontre de l’amitié délivrée.
Mais point n’est besoin d’image quand le cœur reste gravé De l’alchimie que dégage son petit corps élancé. Ce respect et cet hommage que mon âme ose braver Servira de témoignage aux talents fort balancés.
Bien accrochée à ton lama pour parcourir le vaste monde, Tu as transpercé l’équateur pour gagner le septentrion, Franchi mille panoramas fuyant les routines immondes, Pour échapper à la moiteur et trouver ton amphitryon.
Petite fille introvertie, aux trésors bien organisés, De ton pas lent de sénateur, dopé d’obstination gagnante, Croqueuse de mots avertie, en français non germanisés, Ne choisis pas les amateurs mais une carrière régnante !
Tes aspirations élevées sur les plateaux de la Cordillère, T’ont grand ouvert la voie des airs par des vents confiants et porteurs. La visière bien relevée, la volonté en bandoulière, Tu as traversé les déserts par ton réseau bien apporteur.
Voici le temps de l’expression qui prolonge tes avancées ; Parfois le fleuve ralentit et il est sage d’ondoyer Sous les devoirs et les pressions, fors ta patience devancée Et ce rôle dont tu es nantie, tu le joueras sans plaidoyer.
Dans une profession de foi pour retrouver l’âme championne, Après avoir versé des larmes sur ton intime féminité, Il faudra rompre toutefois les relations qui t’illusionnent Pour que tes ailes et ton charme te relient à l’humanité.
En attendant le soir tomber sur la fenêtre Au soleil embrasé qui s’éteint lentement, Lorsque viendront s’asseoir les valets et les maîtres, De fatigue, écrasés dans leurs sourds grondements,
Lorsque disparaîtra l’ultime rayon vert, Abandonnant les lieux aux gardiens des ténèbres, Alors apparaîtra un soleil à l’envers Surgissant au milieu de la veillée funèbre.
Dans leurs petits chaussons sur leurs tiges bien frêles, Balançant leurs jupons comme habit de lumière, Retenant leur leçon, la tête sous l’ombrelle, Frappant de leurs tampons le plancher des chaumières.
Ce ballet rituel répète à l’infini Le souvenir passé de l’astre disparu. L’usage habituel est ainsi défini Sans jamais dépasser l’illusion apparue.
Observez les danser quand la nuit enveloppe De ses bras taciturnes les foyers des maisons ! Petits pas cadencés, entrechats interlopes Sont les témoins nocturnes de l’ancienne saison.
Blanche-Neige est bien sombre et de mauvaise humeur ! Sa raison est obscure et sa maison morose. Son cœur se cache à l’ombre d’une fourbe rumeur Et c’est bien sinécure de voir la vie en rose !
On l’accuse de honte avec ses partenaires ! Sa vertu critiquée de basses calomnies. La médisance est prompte, comme un coup de tonnerre, De la voir forniquer toutes les nuits d’insomnies.
Mais laissons les ragots se consumer d’eux-mêmes Et laissons-les médire l’aigreur déclamatoire. Comme de vieux fagots desséchés, l’âme blême, Qui ne font qu’enlaidir les plus belles histoires.
Il faut laisser tomber ces propos imbéciles Et ne plus écouter ces pauvres railleries. Laissons donc succomber les quolibets fossiles Laissons-les donc douter dans leur canaillerie.
C’est quand le cœur est pur et qu’on a confiance Que se lève le voile de toutes difficultés. Quand la nuit semble obscure, cultivons la patience. Fortune et Bonne Étoile ne peuvent qu’en résulter !
Au moment où les rêves se mélangent au réel, À la pointe du jour quand la nuit se termine, La souvenance est brève de l’instant surréel Des fées à contrejour dans leur robe d’hermine.
Je me retrouve nue sur un monde isolé, Habillée de lumière, auréolée de l’aube. Je me sens soutenue, comme camisolée Par les rais de poussière qui quadrillent le globe.
Puis, c’est l’inattendu, fruit de la nuit obscure, Comme si l’ombre accouchait d’un ange libérateur. Né d’un fruit défendu, conçu par la piqûre D’un songe qui débouchait sur un procréateur.
Ô mon Prince de nuit aux faisceaux consacrés, Je t’entends approcher depuis bien trop de temps ! Voici, la nuit s’enfuit devant l’aube sacrée Moi, pour te raccrocher, je t’attends en chantant.
Que les nimbes m’enlacent, que les songes couronnent Le passage des rêves à la réalité ! Je m’adresse à la classe des chamanes huronnes Pour que l’hymen se crève en sensualité !
Embaumée de pain d’épice, parfumée au massepain, Votre cuisine, Madame, fait délices à mes papilles, Décrits aux meilleurs hospices dans ce divin calepin, Éclairé par votre flamme qui fait dorer les pampilles.
Du palais votre couronne brille de mille effets Sous le foyer rugissant de l’antique cuisinière Dont les flammèches ronronnent, par les entrechats des fées, Sur le plateau rougissant des fragrances prisonnières.
Enfin, on dresse la table de cruchons bariolés Remplis d’élixirs suaves des meilleurs fruits de la vigne. Pour que ce soit délectable, ajoutez ce riz-au-lait Qui reposait dans la cave en attendant la consigne.
Pour parachever l’ouvrage, ajoutez pour décorer Et honorer le repas quelques fruits de la saison. Ça renforce le courage, ça incite à picorer Tous ces merveilleux appâts qui parfument la maison.
L’oiseau de feu renaitra, tel le phénix de ses cendres, Car la méthode ancestrale est un secret bien gardé ! Seule l’initiée connaitra comment le faire redescendre D’une façon magistrale que vous pourrez regarder !
Ce n’est possible qu’aux femmes ; les hommes n’y ont pas accès Car il faut une matrice pour enfanter l’œuf de feu. Tous les profanes infâmes qui ont pourchassé en excès Cette folie tentatrice, ont depuis lors fait long-feu.
L’initiée doit être nue durant trois ou quatre jours, Sentir sa peau et son corps se fondre dans la nature. C’est lorsqu’elle sera devenue accoutumée pour toujours, Qu’elle surgira du décor, apprêtée pour l’aventure.
Pour commencer faire un feu en alignant quelques pierres Sous un ciel de pleine lune, juste avant le crépuscule. Vous mettrez en contrefeu, taillées avec la rapière, Quelques pousses de callune nouvelles et minuscules.
Sentez les flammes adorer votre peau sans la brûler ! Ressentez les reflets d’or vous vêtir comme un costume ! Laissez l’habit vous dorer d’étincelles sporulées ! Guettez l’appel du condor comme un dernier cri posthume.
Ouvrez vos jambes au vent, laissez-le vous pénétrer Et vous inonder le sexe jusqu’au fruit à enfanter. Dans un orgasme innovant, il va vous administrer Une émotion si connexe qu’elle peut vous épouvanter.
Massez-vous fort les mamelles pour nourrir l’apparition ! Plissez bien les aréoles dans un regard enjoué ! Chassez tout esprit rebelle en voie de disparition ! Faites tinter vos créoles, là ! C’est à vous de jouer !
D’une gifle flairant l’écume sur ma peau rêche et halée, Comme ces réveille-matins qui vous explosent les rêves, Comme un combat sur l’enclume d’étincelles inhalées, Cette vague qui m’atteint et qui me frappe sans trêve.
Mais il n’y a pas de douleur, mais il n’y a pas de souffrance, Dans ce présent qui m’assaille pour me sortir du sommeil. Toutes ces myriades de couleurs qui me tirent de mes errances Comme des guerriers Massaï sur leurs pirogues vermeilles.
C’est la vie qui me chuchote, c’est la vie qui m’injective ; Parfois par des coïncidences qu’il faut attraper au vol, Parfois par des passing-shots de façon provocative, Parfois par des circonstances qui demandent son envol.
Mais il ne faut pas courir, parce que courir c’est mourir ! Ni forcer sur son allure, car on perd toute l’essence. Juste marcher et nourrir, pour sentir son cœur sourire, D’une suave brûlure, son esprit et sa conscience.
C’est pourquoi je bois le sac de ces rouleaux déferlants Qui m’abreuvent le cœur d’iode et le rassasient de sel. Et j’absorbe ce ressac saturé des vents hurlants Pour m’ancrer dans la période du présent qui m’étincelle.
Les grenats sont éternels, les coquelicots aussi ! C’est une fleur d’allégresse qui ravive les couleurs ! La caresse maternelle de pétales dégrossis Et l’odeur enchanteresse d’un remède anti-douleur.
Je m’enrichis au printemps de ces vagues écarlates Qui déferlent sur les champs et colorent les talus. L’air trivialement content, remuant les omoplates, Sur le tableau alléchant de cette onde du salut.
Avez-vous, tout comme moi, déposé quelques pétales, Sur vos narines frémissantes, comme une robe de fée ? Pour ressentir cet émoi lorsque le charme s’étale En magie éblouissante du plus somptueux effet.
Ou bien renverser la fleur sur sa robe vermillon Et l’inviter à danser sur ses jambes d’étamines. Avec un criquet souffleur dans un air de carillon Sur un rythme cadencé aux graines de balsamines.
C’est la fleur de mes pensées, c’est ma dame de bonheur Qui me suit sur les chemins et au-delà des frontières. Une douce fiancée à qui je veux faire honneur De lui accorder ma main pour une vie tout entière.
Partager une vie à deux, c’est peindre avec le même cœur ; Respirer sous le même toit, c’est conjuguer le même corps ; Réaliser des entredeux, c’est prodiguer l’esprit moqueur ; Savourer des moments courtois, c’est s’aimer encore et encore.
Pour découvrir sa bonne étoile, il faut l’esprit aventureux ; Pour naviguer en pleine mer, il faut des envies intrépides ; Pour camper sous la même toile, il faut un désir plantureux ; Pour conquérir sa vraie chimère, il faut avoir l’esprit limpide.
C’est comme vivre dans un œuf fécondé par mille soleils ; C’est comme incendier un feu embrasé par tous les espoirs ; C’est comme suivre un destin neuf alimenté par les merveilles ; C’est comme faire un contrefeu pour se parer du désespoir.
Goûter l’esprit du partenaire, c’est découvrir mille saveurs ; Apprécier ses différences, c’est entasser mille trésors ; Ressentir tout son congénère, c’est accepter mille faveurs ; Associer ses espérances, c’est cumuler son précieux or.
Aller jusqu’au bout du chemin sur une portée infinie, Interpréter une musique qui fait résonner mille flammes, Créer le meilleur pour demain sans quotidien prédéfini, Devenir l’être métaphysique qui procrée l’alchimie de l’âme.
Madame est malade à mourir d’une sécheresse d’amour ; Madame est malade d’éloge et dépérit sans compliment ; Madame est malade à nourrir ses craintes dans le désamour ; Madame est malade à l’horloge du temps qui triche impoliment.
Madame veut être admirée pour ses hypocrites ramages Qu’elle écrit au fil de ses livres que personne ne lira jamais. Madame veut sans cesse se mirer dans le miroir de ses hommages Dont elle a besoin pour survivre dans ses envolées enflammées.
Madame est souffrante d’orgueil qu’elle drape d’humilité ; Madame est imbue d’elle-même lorsqu’elle est là, agenouillée ; Madame s’habille de deuil pour masquer sa stérilité ; Madame, la seule qui s’aime et qui sait le mieux baisouiller.
Madame est la seule à connaître ce qui pourrait la dérider ; Personne ne sait comment faire, c’est là son tragique destin. Madame sait tout avant de naître, son âme a été débridée ; Tous les saints sont à son affaire et son salut est célestin.
Madame sait tout sur la vie et vous explique à tour de bras Qu’elle est experte en connaissances et qu’elle vous apprendra sa loi. Madame ne sera ravie que lorsque enfin, tel le cobra, Elle croquera sa propre essence et s’éteindra de bon aloi.
Dans une aube nébuleuse ou un coucher tourmenté, Je ne sais à quel moment la journée a commencé ; La mer semble crapuleuse, les vents désorientés Avec des grains assommants de rêveries romancées.
Peut-être est-ce le matin qui remonte la journée ? Peut-être est-ce aussi le soir qui dégringole vers l’aube ? Moi, j’ai perdu mon latin dans une vie ajournée Qui ne pouvait plus sursoir au temps qui conduit le globe.
Un soleil couleur rubis sur un ciel d’azur-orange Fait resplendir la palette d’un peintre déraisonnable Qui aurait eu la lubie de composer ce mélange En tirant de l’arbalète sur des toiles insoutenables.
Les vagues incendiées d’oriflammes écarlates Semblables à des flots de roses sous les pas de la mariée. Quelque artiste contrebandier faisant trafic d’armes plates A dû larguer, l’air morose, ses grenades avariées.
Comme un costume audacieux qui s’accommode à ma peau, Que je sens m’assujettir aux couleurs sensationnelles, Je sens l’habit fallacieux me transformer en drapeau Sur lequel ce rêve étire mes folies irrationnelles.
Docilement jouant la gamme dans cette harmonie d’absolu, Silencieusement, sans un bruit, dans tout un univers de notes, La mélodie fait l’amalgame comme une galaxie dissolue, Solennellement comme un fruit de soleil mûr dans ma menotte.
Faramineux comme un accord dans un système éblouissant, Miséricordieux dans l’amour dans une Terre unifiée, Révélateur du désaccord que la Lune fait en grandissant, Dominant sur un désamour jusqu’au néant pacifié.
Docile à solfier tout bas en partant de l’éternité, Si facile à dorer le sol où mes pas parcourent les mondes, Lancinant dans les contrebas pour une voie d’infinité, Solitaire dans l’entresol tout étoilé de l’hypermonde.
Facilement trouver la note juste pour l’accord des planètes, Minutieusement avec l’âme d’un enfant de l’humanité, Révolution qui cheminote sur un satellite en sonnette, Dodelinant comme une lame vibrant dans la sérénité.
C’est ainsi que dans cette octave qui dirige nos destinées, Chaque gamme fait le chemin, les détours et les expériences. Qu’elles s’arrangent ou bien s’aggravent, elles sont toutes prédestinées À nous accompagner vers demain et ses fortunes en variance.
Que ce soit la poule verte, olivâtre ou émeraude, Ou que ce soit l’œuf bien mûr, bien pondu et fécondé, Je vous livre la découverte à la question qui taraude : D’où vient le premier murmure et qui vient le seconder ?
L’origine de la poule est cachée dans une force ; Une force positive qui agit en création. L’œuf, cette sorte d’ampoule, prend sa source dans l’amorce D’une force négative qui fait la procréation.
Or, si les deux sont liées comme le yin et le yang, Elles ne pourront rien produire ni séparées ni ensemble. Elles ont besoin d’une alliée, une sorte de Big-bang : Une force qui va induire une neutralité qui tremble.
Ainsi l’un précède l’autre et l’autre précède l’un, Mais ce n’est pas là la cause, ni l’esprit, ni la raison. Cette réalité est vôtre car vous y êtes enclin Car votre vie fut éclose par cette comparaison.
Ainsi la vie prend racine dans les trois forces sacrées ; La trinité créatrice, la suprême divinité. Cette naissance fascine qui voudrait s’y consacrer Et c’est l’âme fondatrice de toute l’humanité.
Pour faire simple et lumineux, je vous le fais avec des fleurs : Quelques pétales auréolés autour d’un soleil géniteur. Qu’y a-t-il de plus faramineux, qui fait taire les persifleurs, Que cette vie alvéolée qui apparaît au moniteur ?
Déjà cachée dans une graine dans la plus simple expression, La fleur de vie se développe aussitôt que point le signal. Puis, chaque seconde qu’égrène, dans le sablier, la pression Du temps brise la frêle enveloppe du prototype original.
Et le mystère en toute chose donne à chacun sa dimension ; Comme une direction céleste que seule connait le créateur, Soit la parfaite métamorphose de ce qui porte la mention De l’extraordinaire geste de l’univers procréateur.
Il suffit d’une simple goutte sur la semence desséchée Pour que le miracle s’opère et que la mort soit supprimée. Comme le souffle d’air, sans doute, que Dieu donna pour dépêcher À notre humanité, son père et sa descendance exprimée.
C’est la cinquième dimension qui échappe à toute matière, C’est cette sainte direction qui ne se soucie pas du temps, De la formidable intention de la lumière tout entière Qui met la Terre en érection et donne un écho percutant.
Mademoiselle est droite et penchée à la fois ; L’air hautain, un peu snob, en quête d’importance. Position maladroite mais qui fait, toutefois, Un effet xénophobe envers toute assistance.
Mademoiselle n’écoute que ce qui l’intéresse ; Ce qui plait à autrui n’a aucune importance. Seule importe sa route de femme chasseresse ; Un seul regard détruit qui manque de substance.
Mademoiselle ne voit que son aura d’étoiles ; Tout le reste est si terne que son soleil l’éclipse. Elle dirige sa voie en surfant sur la toile En mettant la lanterne sur les cœurs en ellipse.
Mademoiselle ne sent que l’odeur de l’argent ; C’est la seule valeur qui fait l’homme étalon. Parfois elle ressent dans les cours émergeant Juste un peu de chaleur atteindre ses talons.
Mademoiselle m’aime pas et c’est bien réciproque ; Nous sommes étrangers ou d’une autre planète. Tous ses tendres appâts lorsqu’elle se défroque Mettent mes sens en danger devant sa foufounette Et aussitôt ranger ma pauvre zigounette.
Dans tous ces chemins éperdus que j’ai suivis au gré des vents, Je me suis souvent égaré dans des passages périlleux. Et de mon enfance perdue dans ces labyrinthes décevants, Je n’ai fait que me bagarrer contre des fantômes ennuyeux.
Où est cette petite fille qui me tenait main dans la main Et m’entraînait à l’aventure dans des rêveries romantiques ? Elle était vive comme une anguille, enchantait mon cœur de gamin, Aussi bien les mésaventures que les euphories authentiques.
Où est passé le garçonnet qui rigolait à mes côtés, Me montrait mille et une farces qui me provoquaient ces fous rires ? Il savait me désarçonner, il savait bien m’asticoter, Il était un joyeux comparse toujours là pour me secourir.
Puis, je suis devenu un homme et j’ai suivi les directions Qu’on m’avait appris à l’école et ont forgé mon opinion. Je suis devenu autonome sous les cahots de correction Qui me traçaient les protocoles pour me tenir en réunion.
Il a fallu que je me brise, pulvériser ma carapace, Traverser les pires douleurs et abandonner mes défenses. Je suis sorti de ma méprise et j’ai retrouvé ma vraie place. Là, dans mon cœur, mille couleurs repeignent les joies de l’enfance.
Furtivement il se glisse entre les pans de la tente, Subrepticement il ose pénétrer à l’intérieur, Audacieusement il plisse ses grands yeux noirs dans l’attente, Silencieusement il pose son regard de l’extérieur.
Il n’a aucune richesse hormis sa curiosité, Il n’a pas de prétention excepté de partager, Il n’a aucune noblesse sauf son affectuosité, Pas de mauvaises intentions, fors un cœur avantagé.
Il m’a suivi sur la route quand je cherchais des trésors ; Il m’a guidé sur la piste quand je traquais les filons ; Il m’a sauvé des déroutes dans les pas des dinosaures ; Il s’est montré moraliste quand je perdais l’aquilon.
Rapide comme une gazelle, il disparait sans un bruit ; Aussi véloce qu’un aigle, il sait capturer ses proies ; Élancé comme une oiselle, il sait repérer les fruits ; Droit, loyal à toute règle, il n’affiche nul désarroi.
J’ai songé à l’adopter, à lui ouvrir ma maison, Mais il n’a pas accepté mon offrande narcissique. Il a préféré opter, à l’encontre de ma raison, Pour encore intercepter les chasseurs du jurassique.
J’avais mis à dessein ce bouquet sur ma table ; J’avais besoin d’idées et d’une inspiration. L’aréole d’un sein m’était inévitable Comme téléguidé par cette aberration.
J’y observais aussi sa robe de dentelles Qu’elle portait un soir lors d’un galant dîner. Mes pensées dégrossies faisaient la tarentelle Quand je voulus m’asseoir pour la baladiner.
Ses pupilles amusées se reflètent au cœur De ce gros tournesol qui m’observe sans dire, Comme au coin d’un musée avec l’œil critiqueur Qui se veut la boussole qui va me contredire.
J’ai trempé un pétale de la fleur de mentor Dans l’encre de l’espoir qui me pousse à écrire. Sur ma feuille j’étale d’une voix de stentor Sans aucun désespoir ce que j’y veux transcrire.
Maintenant terminée, posée sur mon pupitre, Je m’en vais la poster sur le courrier du cœur. Elle est vitaminée par ce tendre chapitre Et je vais m’aposter dans un espoir vainqueur.
C’est sur un fond sablonneux, enfariné de grès rouge, Sur la plage à marée basse arrosée de brumes éparses ; Sur ces rochers limoneux, où ça grouille et où ça bouge, Des palourdes et des gambas et d’autres moules comparses.
On y va les pieds dans l’eau dans l’encre rouge de l’anse Pour glaner les fruits de mer qui trémoussent sous le sable ; Saluant les matelots dont les barques se balancent Sous la houle douce-amère des vents indéfinissables.
Comme le sang d’un dragon qui serait mort d’un assaut Contre tous les Léviathans qui fabriquent les légendes, Cette couleur du lagon, où naviguent les vaisseaux, Fait le sang pur éclatant de cette terre normande.
C’est au coucher du soleil, au moment du crépuscule, Qu’on voit la mer s’enflammer sous la forge de Neptune. C’est la couleur du sommeil quand la conscience bascule Vers les rêves réclamés par les fables de la Lune.
Puis, la nuit, tout s’assombrit dans des cramoisis troublants Et la mer refait son lit sous une couette d’étoiles. Tous regagnent leurs abris, de précaution redoublant, Et le pourpre se délie dans le tissu de la toile.
Si tu te demandes encore qui décide la direction Du vent qui souffle sur les monts et disperse les nuages ; Si tu recherches l’accord que donne la protection De l’eau qui coule en amont et anime ton sillage ;
Si tu cherches la raison qui inspire la passion De la terre qui nourrit et féconde ses enfants ; Si tu quêtes la maison d’où émane la compassion Du feu qui brûle et sourit à ton cœur en le chauffant ;
Alors écoute la fleur, sois attentif à la gerbe, La réponse à tes questions est dans le cœur de la fleur ; Regarde bien les couleurs, c’est dans leur écho superbe Qu’est cachée, en suggestion, la science du souffleur.
Avec ses petits plumeaux pour accomplir son ménage Et tous ses petits chiffons bien rangés sous les nuages, Robinson lave à grand ’eaux à risquer le surmenage Et nettoie comme un typhon pour le grand débarbouillage.
C’est parce que c’est vendredi et vendredi, c’est sacré ! Du lointain de l’horizon, derrière la barre de récifs, Ça ne s’est jamais contredit : sur leurs pirogues nacrées Viendront sur l’île-prison, les indigènes expressifs.
Quand il aura bien rangé toutes les noix de coco, Quand il aura déblayé le varech sur le rivage, Quand il aura dérangé sa hutte un peu rococo, Quand il aura balayé les fientes d’oiseaux sauvages,
Il fera un feu de joie sur la pointe du rocher Comme un phare dans la nuit qui montrera le chemin. Être le seul villageois, sur son royaume accroché, Ça le sort de son ennui pour aujourd’hui et demain.
C’est la vie de Robinson, c’est son devoir d’îlotier Qui prend soin de son îlot en vrai maître de maison. Il est gai comme un pinson chantant sur l’abricotier ; Ça façonne sa philo et ça forge sa raison.
Balayé par les hauts vents, affligé par les tempêtes, Tous ces vaillants vétérans conservent la tête haute. Protégés par les auvents, sonnant fort de leurs trompettes, Sous leurs toits de conquérants, ces fidèles garde-côtes.
C’est mon village d’antan, où les maisons sont restées Fidèles à leurs ascendants, attachées à leur clocher. Des fantômes repentants de leurs passés contestés Demeurent condescendants des mémoires effilochées.
Mes souvenirs continuent à arpenter les ruelles Dans le labyrinthe étroit qui mène au cœur du village. Mes pensées discontinues de ses traces visuelles Ont longtemps payé l’octroi et gravé son profilage.
J’y reviens parfois la nuit lorsque hantent mes nuits blanches Et je revois les visages de ses anciens habitants. Surtout autour de minuit, du samedi au dimanche, Parcourant les paysages dans un émoi palpitant.
Aujourd’hui sous les nuages, la bourgade à la retraite, Ne sent plus les parasites qui grignotent ses maisons. Pour un sourire suave, mais ça fait belle lurette Que la dernière visite ne connait plus de saison.
Pour tâter l’aventure au fil de ma lecture, Je me suis installée devant la liberté. Là, sur la devanture de cette architecture, Je laisse s’en aller mes mots déconcertés.
Mon amant, s’il m’entend, viendra sous mon balcon, S’agrippera aux phrases que je lie en lisant. Moi, Juliette, en mentant, attendrait au cocon Afin qu’il m’apprivoise en me tranquillisant.
Je suis trop romantique et je suis trop rêveuse, Mes fantasmes sont flous quand je brûle d’amour. Je cherche l’authentique et ça me rend nerveuse. Moi, les grands méchants loups me semblent trop glamour !
Mon cœur battait si fort dans le dernier chapitre Que je n’osais bouger de peur d’user l’intrigue. Les mots en épiphore dansaient sur mon pupitre Quand son bois fut gougé par l’épée de Rodrigue.
Hier j’étais Chimène, aujourd’hui Cléopâtre ! Demain je partirai sur les steppes immenses. Je ferai mon hymen avec le grand bellâtre Qui m’aura soutiré mes meilleures romances.
Épiphore : Répétition par laquelle un mot ou plusieurs mots reviennent en fin de phrase.
Un matin, couleur de brume, l’herbe perlée de rosée, Sous un ciel nacré d’aurore, satiné de zéolithe ; Dans une forêt qu’embrument mes songes encore arrosés Des souvenirs qui pérorent d’une rencontre insolite.
Un petit éclat de rire. Un accident imprévu. Comme un oiseau qui s’ébat dans un fol amerrissage. Juste aidée de mon sourire que je n’avais pas prévu, Me voici dans un débat, fort joli d’apprentissage.
Juste au bord sur les galets, la bicyclette étendue, Une cycliste accroupie qui se relève d’un bond. Comme sur un chevalet, peint sur la toile tendue De mes fantasmes assoupis, le mirage pudibond.
Vêtue de robe légère d’une étoffe de nuage, Elle se tient devant moi dans un désordre impérieux. De beaux seins sous la lingère fixant l’avenir suave Et des yeux tout en émoi d’un passé mystérieux.
Je lui propose mon bras pour la retirer de l’onde. Elle retire sa robe pour la sécher au grand jour, Et puis « abracadabra ! », avec sa langue faconde, La voilà qui se dérobe en me souhaitant le bonjour.
Elle enfourche sa bécane, nue dans son costume d’Ève En dandinant son derrière sur gerbe de fleurs sauvages. Je reste seul sur mes cannes, avec sa robe sur la grève Tout en restant en arrière, confondu sur le rivage.
Comment bâtir sur le sable un empire de fortune ? Comment résister aux vagues qui viendront briser les murs ? Nul argent impérissable, nulle assurance opportune Ne protègeront les dagues ni la rouille des armures.
Dans ce sable d’illusion qui voit pousser les châteaux, Les petites seigneuries transforment la terre en or. Nul ne fera allusion au contenu des bateaux D’où les richesses ont fleuri sans jamais perdre le nord.
Dans ce présent immobile où tout parait éternel, Tous les petits souverains règnent en haut de leurs structures Dont les pierres font le mobile de leurs combats fraternels Jusqu’à ce qu’un sang imprègne leurs belles architectures.
Mais le prince est jeune encore et suivra sa bonne étoile Qui bénira les pâtés qui s’effondreront ce soir. Il ne cherche que le record, l’audace qui tisse sa toile, Juste un peu pour s’épater de ses frivoles accessoires.
Élevé ou ratissé, le sable reste inchangé ; Il n’a pas besoin de moule pour changer sa destinée. Chaque grain rapetissé, scellé ou interchangé Sera roulé par la houle demain dans la matinée.
Sur des eaux si transparentes que mon cœur va s’y baigner, Comme une mer de cristal qui remplirait la calanque, Immortelles amarantes dont les vagues sont imprégnées Me rappellent le goût distal du sel des terres salanques.
L’air iodé de ma Provence ravive les souvenirs Des lointains marais salants qui m’ont desséché les lèvres. La divine providence a su me faire revenir Dans le circuit nonchalant de mes pas chargés de fièvre.
Les marées de mars m’expriment dans l’insolite tableau Que brosse le vent du large dilué d’entrées marines, Des influences qui priment et m’amarrent comme un câbleau À toutes ces petites barges telles felouques barbarines.
Et le tourbillon m’entraîne dans sa matrice immergée Vers mes familles ancestrales noyées dans ses profondeurs. Mes flots de pensées s’égrènent dans les rouleaux émergés Des vagues chaudes australes, ainsi qu’un échosondeur.
J’aime le son amoureux du silence de la mer Qui fait naître sur la toile mes vraies émotions éparses. J’aime le vent langoureux chargé des effluves amers Qui m’emporte dans ses voiles comme un voyageur comparse.
À force de voir partir leurs marins à l’horizon Et d’entendre leurs sirènes les séduire de leurs chants, De les voir se départir les rossignols des prisons Et s’évader en carène sur leurs navires marchands,
À force de voir pleurer leurs veuves et leurs orphelins Et d’entendre leurs sanglots qui font trembler les rocailles, De voir la mort affleurer, sacrée par les chapelains Pour chasser les cachalots avec la pire racaille,
Les maisons ont décidé après s’être concertées De briser leurs fondations et poursuivre les étoiles. Le village consolidé s’est trouvé déconcerté ; Sa seule consolation sera de mettre les voiles.
Toutes amarrées au clocher, leur guide et leur capitaine, Les fermes et les écuries, les échoppes et les auberges, Toutes se sont accrochées à leur grand mât de misaine, Sous le regard ahuri des rivages et des berges.
Dans le silence interdit de la lande sous la lune, La bourgade, à la marée, est partie sans un adieu. Juste une trace verdie, entre les pieds des callunes, Fait le rappel chamarré du village maladieux.
Qui sont-ils, où vont-ils ? Tous ces bateaux à quai Qui ont troqué leur voile pour une ancre solide ? Ils étaient mercantiles, ils étaient aux acquêts Jusqu’à ce qu’ils dévoilent leur âme cupide.
Ils ont porté tant d’or que leur bois est usé, Ils ont tant sillonné les routes du commerce Qu’aujourd’hui on s’endort tant on est abusé Et qu’on a bâillonné leurs sirènes perverses.
Vieux vaisseaux asséchés par la soif de l’argent Qui faisaient la fierté de la flotte côtière, Immobiles, desséchés par les flots détergents, Ils semblent concerter comme des chipotières.
Ils n’ont que leur passé comme ultime richesse ; Ils vivaient d’avenir et de tendres chimères. Ils restent à ressasser leurs anciennes largesses ; Le temps des souvenirs est une mort amère.
Aujourd’hui leur présent n’est qu’un temps suspendu. Ils ont peur du futur et ne savent plus vivre. L’argent omniprésent ne s’est pas répandu Et aucune suture ne le fera survivre.
Ô écho de l’union sonne le diapason ! Délivre-nous le « La » qui fait le bon accord Pour que la réunion de nos précieux blasons Dessine un Mandala par le cœur et le corps.
Ô musique d’amour qui fait battre les cœurs Et provoquer l’envie de nos chairs korriganes, Apporte-nous l’humour qui fait l’esprit moqueur Pour goûter à l’envi nos plus riches organes.
Ô énergie vitale qui apporte à nos âmes La compassion du corps et la passion des cœurs ! Que ce flux capital soit le précieux sésame Qui scelle ce raccord qui nous rendra vainqueurs !
Entendez-vous de mille voix, leur écho frappe l’espace ? C’est la chorale des mille fleurs, l’orchestre auguste, éternel. Entendez-vous à claire-voie, le souffle du vent qui passe Et qui s’accorde en siffleur au soleil sempiternel ?
Chef d’orchestre étincelant, c’est toi qui tiens la baguette ! Tu as charmé ton audience par ta couronne royale. De tes feux ensorcelant, sous la voûte de guinguette, Tu cultives l’impatience de tes sujettes prairiales.
Je ne suis que spectateur de ce théâtre floral Mais je me laisse séduire par les mille bouches vermeilles. Le doux chant incantateur de l’écarlate chorale Ne cesse point de produire mille tons, mille merveilles.
Alors doucement je penche et dépose sur leurs lèvres, Une par une, un baiser pour ressentir dans ma bouche Des échos, des avalanches du plus précieux des orfèvres : Une quiétude apaisée m’arrosant comme une douche.
Je ne suis plus que le vent qui amplifie l’orphéon, Je ne suis plus que la pluie qui communique la vie, Je ne suis qu’un feu vivant, un témoin du panthéon, Je ne suis plus que le fruit de l’amour inassouvi.
Ô mon écho écarlate, que j’aime entendre ta voix Quand le vent se fait archer et fait vibrer les montagnes ! Je chéris ce chant qui flatte dans les champs à claire-voie Lorsque je m’en vais marcher dans les chemins de Bretagne.
Lèvres grenat frémissantes, chuchotant un chant nouveau Qui s’accorde à la quiétude qui règne dans la nature. Votre antienne engourdissante fait sonner le renouveau, Comme une mansuétude dans vos appogiatures.
Alors l’esprit se détache, le mental éteint son verbe Et le cœur rejoint la source qui jaillit dans votre écho. Je relâche les attaches de mes souvenirs acerbes, Le temps arrête sa course et je lui paie mon écot.
Fleurs de joie et de corail, vous m’accrochez au présent ; Le passé n’est plus qu’une ombre, le futur inexistant. L’éclat du champ de vitrail, doux rayon omniprésent, Me soustrait de la pénombre dans un faisceau consistant.
Toutes vos vagues écumantes du sang vermeil de la Terre, Me transportent au bout du monde et me relient à mon âme. Votre houle consumante des beautés du Finistère, M’est nourriture féconde comme le cœur d’une femme.
Pour mieux goûter l’ivresse de mes amours naissantes, J’avais pris l’habitude d’exciter les saveurs. Foin des fadeurs pauvresses, pâles et affadissantes ! Je cherchais l’amplitude des subtiles faveurs.
Des poivrons bien féconds comme seins de la Terre, Aux mamelons charnus pour téter leurs liqueurs. Avec quelques flacons de vins de caractères, De cruchons biscornus parfois alambiqueurs.
Pimenter et sucrer les arômes ensemble Pour mieux les marier et confondre leurs goûts ! Des sauces bien nacrées d’un velouté qui tremble, Vous pouvez parier qu’il y aura du bagout !
Pour mettre en appétit, embrasser sur la bouche, Les lèvres humectées d’un arôme de vin. La main assujettie au désir de la couche Qu’on va lui becqueter dans un baiser divin.
Pour priser le dessert, on éteint les chandelles. Tout se fait dans le noir, tout se fait à tâtons. On séduit l’adversaire qui fait sa brigandelle Et dans son entonnoir y planter son bâton.
Ils ont scellés leurs destins sans se recouvrir de chaînes, Ils ont réuni leurs voiles et marié leur gouvernail. Un passager clandestin plus petit qu’un gland de chêne, De temps en temps se dévoile par des impulsions canailles.
Ils ont confié à Neptune de les mener à bon port. Vénus montre le chemin au matin par son étoile. Un peu de brise opportune, qu’Éole offre comme apport, Propulse leur parchemin et les couche sur la toile.
La mer sera leur patrie au-delà de l’horizon, Quelque part aux antipodes de la terre où ils sont nés. Éloignés de leur matrie, loin de toutes les prisons Où la vie est incommode et l’avenir rançonné.
Plus de mauvaises nouvelles qui appesantit l’esprit, Plus de pression sur les tempes qui contraint au désespoir, Plus de retour de manivelle, de peur et de duperie, Plus de fumée sur la rampe, de leurre et de faux espoirs.
L’amour de la liberté est un peu cher à payer Mais il ouvre la conscience et réunit cœur et âme. Les fiancés concertés sont prêts à appareiller Avec toute la patience pour un homme et une femme.