Catégorie : Autres œuvres

  • Double Effet

    Double Effet

    La nature de Dieu nous paraît bien complexe
    En créant nos aïeux et séparant leurs sexes.
    Cependant la nature a fait si bien les choses
    Qu’une progéniture naît des choux et des roses.

    La femme est une souche aux ramifications
    Dont chaque fleur accouche de filles et de garçons.
    L’homme en cueille le fruit et distille l’essence
    Pour œuvrer à grands bruits de toutes connaissances.

    Ainsi l’homme et la force sont tous deux triomphants
    Et la femme s’efforce de faire des enfants.
    La mère se fait reine au sein de sa famille
    Dont les amours pérennes grandissent et s’éparpillent.

    Cette union si charnelle qui mêle ses chromosomes
    Crée pour l’homme amoureux, l’éternel féminin.
    Les amours éternelles abritent le royaume
    Des câlins langoureux loin des soucis bénins.

    Ainsi la mécanique qui produit des humains
    N’est pas anachronique au monde de demain.
    Et célébrons encore le noble mariage
    Qui réunit deux corps pour un très beau voyage.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Picolo

    Picolo

    Le plumage ne fait pas l’oiseau, ni même une belle envergure
    Seulement l’organe vocal le hisse au trône des forêts.
    S’il pavane entre les roseaux avec son chant de bonne augure,
    C’est pour charmer dans son local les oiselettes à déflorer.

    Ainsi pour que le Picolo s’attire plein de Picolettes,
    Aussi loin que porte sa voix, il chante ses jolis envois.
    Et gare aux petits rigolos qui convoitent les gigolettes,
    Ils s’affronteront en tournoi dont le vainqueur sera le roi.

    Dès qu’il entend un prétendant gazouiller sur son territoire,
    Il se met à chanter plus fort au maximum de son ramage.
    Le vainqueur a du repondant ; il a séduit son auditoire.
    Le vaincu après tant d’effort s’écarte en un dernier hommage.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’hélice de mon cœur

    L’hélice de mon cœur

    Cette petite hélice, mon hélice dorée
    Qui tourne dans mon cœur comme tourne une pompe,
    Pulse dans mes vaisseaux des passions décorées
    Parfois d’un air moqueur mais qui jamais ne trompe.

    Elle ouvre mon canal branché sur les étoiles,
    Elle ferme l’esprit et ses interférences.
    Elle fait jaillir l’encre qui écrit sur la toile
    Tous mes rêves d’enfant et toutes mes espérances.

    Souvent après un choc, elle peine à pomper
    Et m’aide à remonter vers de douces fréquences.
    J’ai eu mille accidents, je suis même tombé,
    Elle m’a relevé malgré les conséquences.

    Cette vie qu’elle brasse et qu’elle aspire encore,
    Un jour va s’arrêter mais pas complètement
    Car la métamorphose transmutera mon corps
    Qui deviendra poussière dans un enchantement.

    Alors le cœur enfin reviendra à sa source,
    Là où l’espace-temps n’affecte plus mon âme.
    Et la petite hélice n’aura d’autre ressource
    Que briller dans le ciel d’une petite flamme.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Splendeur de l’apparat, magnificence de la richesse, faste de l’opulence

    Splendeur de l’apparat, magnificence de la richesse, faste de l’opulence

    Au milieu de ses pairs de France, tout le pouvoir est rassemblé
    Entre les mains du petit roi selon la loi démocratique.
    J’ai l’impression qu’il est en transe, peut-être même qu’il m’a semblé
    Que, dans son costume à l’étroit, il paraîtrait technocratique.

    Leurs visages s’affichent en jaune car ils reflètent la nation
    Qui s’insurge contre un palais qui fait abstraction des petits.
    Petits hères de secondes zones, chômeurs en détermination,
    Pauvre émigré sénégalais, tous ceux qui n’ont plus d’appétit.

    Selon les lois de l’univers, il y aurait deux infinis :
    L’infiniment grand du pouvoir et l’infinie morosité.
    Ceux qui ne passeront pas l’hiver, pour qui demain tout sera fini
    Et ceux qui ne cessent de promouvoir toute leur somptuosité.

    Comment en sommes-nous arrivés à ce système pyramidal ?
    La loi de la vie est cruelle : tu manges ou tu seras mangé !
    L’humanité reste rivée à une société féodale ;
    Hier, le sang coulait dans les ruelles et aujourd’hui, rien n’a changé.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Thierry Laurent

    Thierry Laurent

    Il s’appelait Thierry Laurent, on l’appelait Thierry Roulant
    Ou encore « l’Homme qui chuchotait à l’oreille de son vélo ».
    Il dévalait comme un torrent les pentes abruptes en pédalant,
    Tandis que ses roues suçotaient les cailloux en méli-mélo.

    Il portait un maillot d’argent du temps de la ruée vers l’or,
    Des pompes de compétition qui avaient fait Paris-Roubaix,
    Il faisait ses courses en chargeant sur porte-bagages tricolore
    De quoi faire une expédition même s’il devait en tituber.

    À rouler à tombeau ouvert constamment dans un train d’enfer
    Il arriva au paradis tellement vite qu’il en sortit.
    C’est ainsi qu’on a découvert que son squelette était en fer
    Avec des os ragaillardis, à sa petite reine, assortis.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Der Weihnachtsbaum des Lebens

    Am Tag der Wintersonnenwende, im verschlafenen Wald,
    Die Bäume wirken wie Geister, deren Worte vom Wind getragen werden.
    Also wartet die Winterkönigin bis Mitternacht, um sich zu erhellen.
    Alle Bäume seines Königreichs der Schneebälle und Banner.

    Jeder zündet seine Kerzen an, um ein Lagerfeuer zu entfachen,
    Die Spitzen sind mit Girlanden und die Zweige mit Engelshaaren verziert,
    Nach und nach errötet jede Eichel, jeder Kiefernzapfen rötet sich.
    Und alles bildet sich auf dem Moor diese seltsame Zeremonie.

    Dann steigt der Frieden auf die Erde herab, um in jedem Herzen wiederzubeleben.
    Die Flamme, die nie stirbt und brennt, ohne konsumiert zu werden.
    Das ist der Ursprung des Geheimnisses, das den Weihnachtsbaum zum Gewinner macht.
    Und dass du jetzt jedes Mal gewinnst, wenn es eingeschaltet wird.

    Bild von Fabienne Barbier

  • L’arbre de vie de Noël

    L’arbre de vie de Noël

    Au jour du solstice d’hiver, dans la forêt ensommeillée,
    Les arbres semblent des fantômes dont le vent porte les paroles.
    Alors la reine de l’hiver attend minuit pour égayer
    Tous les sapins de son royaume de boules de neiges et banderoles.

    Chacun allume sa bougie pour attiser un feu de joie,
    Les cimes s’ornent de guirlandes et les branches de cheveux d’anges,
    Peu à peu chaque gland rougit, chaque pomme de pin rougeoie
    Et le tout forme sur la lande cette cérémonie étrange.

    Alors la paix descend sur Terre pour ranimer dans chaque cœur
    La flamme qui ne meurt jamais et brûle sans se consumer.
    Voilà l’origine du mystère qui rend l’arbre de Noël vainqueur
    Et que vous gagnez désormais chaque fois qu’il est allumé.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vers des terres nouvelles

    Vers des terres nouvelles

    J’ai vécu au cœur des étoiles tant de vies extraordinaires
    Dans ma genèse immatérielle avant que naisse la lumière !
    Bien avant que ne se dévoilent mes aptitudes préliminaires,
    Toutes mes sagas mémorielles me semblaient déjà coutumières !

    Je suis l’enfant de la comète qui forgea les premiers atomes
    Qui créèrent les molécules et les acides aminés,
    Afin que mon esprit promette de s’embarquer dans un corps d’homme
    Pour diriger son véhicule vers des existences animées.

    Aujourd’hui, la force de l’âge vibre en mon cœur comme un soleil
    Et je redeviens à mon tour un créateur de nouveaux mondes.
    Je vis encore dans mon village mais voici que mon cœur s’éveille
    Pour y accueillir le retour de mon essence vagabonde.

    La force de l’âge se conjugue à tous les temps, à tous les vents
    Car je vis mon âge au présent et la vieillesse est dépassée.
    Si l’esprit parfois se subjugue de rêves et d’amours émouvants,
    Le cœur, lui, est omniprésent et ne vit pas dans le passé.

    Copie d’un tableau d’Helena Filatov.

  • Le message d’éternité

    Le message d’éternité

    J’aimerais m’écrire un message, printemps-été-automne-hiver,
    Que je lirais après ma vie, que je lirais après ma mort,
    Que je lirais dans un autre âge ou bien dans un autre univers,
    Enfin si mon âme survit à mon corps comme un oxymore.

    J’y collerais tous les fragments de mon passé, de mon présent,
    De mon futur, évidemment et du temps où je ne suis plus.
    Des bouts de phrase, des segments, des extraits pas trop déplaisants,
    Tout ce qui peut incidemment me rappeler ce qui m’a plu.

    Bien sûr, il y aurait tous les romans d’amour, d’histoires et d’aventures,
    Les meilleurs dont j’ai souvenance et même ceux que j’ai perdus.
    De la musique, des bons moments lorsqu’on partait tous en voiture,
    Quand c’était le temps des vacances et de la jeunesse éperdue.

    Et puis un jour, Dieu seul sait quand, une comète viendra frapper
    Ces souvenirs enregistrés ; et la poussière des étoiles
    Donnera vie, en impliquant toutes ces mémoires rattrapées
    Qui, en périodes chapitrées, des mystères, lèvera le voile.

    Si je réfléchis en instant, je suis peut-être en ce moment
    En train de lire cette histoire d’un autre temps, d’un autre espace.
    La seule preuve l’attestant, je ne sais pas vraiment comment,
    Du fond de mon cœur, c’est notoire, je crois que c’est ce qui se passe.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le mur de l’horizon

    Le mur de l’horizon

    Peut-être un jour découvrirai-je ce qui est derrière l’horizon ;
    J’y verrai alors rassemblé ce j’aurai longtemps cherché,
    Avant que ne se désagrège l’infime porte de prison
    Qui m’avait parfois bien semblé inaccessible et haut perchée.

    Existe-t-il une vitesse à laquelle il faut sacrifier
    Toute l’énergie dépensée pour percer ce mur de frontière ?
    Sauf si ce n’est ma petitesse qui me force à falsifier
    Tous les espoirs et les pensées que j’ai lancés ma vie entière ?

    Peut-être qu’aussi j’aurai peur au moment où il faudra franchir
    Cette ouverture qui rapetisse quand je l’approche doucement ?
    Peut-être qu’à toute vapeur ou en fonçant sans réfléchir,
    Toutes les craintes se répartissent jusqu’à en taire le moment ?

    Mais il y a une opposition entre mon petit univers
    Et ce qui est autour de moi comme si j’étais enfermé.
    Alors qu’elle est ma position ? Suis-je comme un singe en hiver ?
    Combien partagent-ils l’émoi d’avoir peur de se transformer ?

    Peut-être que la solution est de me fondre dans la mer,
    Prendre la forme de la Terre, me réchauffer comme un soleil ?
    Pas besoin de résolution ni des bons conseils de ma mère
    Pour me tourner vers le mystère qui règne au fond de mon sommeil !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Rose-Joséphine n’a pas d’épine

    Rose-Joséphine n’a pas d’épine

    Je sais, quelque part, une rose qui refleurit à chaque fois
    Que je caresse le velours de son calice blanc nacré.
    Avec quelques vers, dont arrose, sans la submerger toutefois,
    D’un encrier un peu balourd, ses jolies racines sacrées.

    Je sais, quelque part, une rose qui me raconte sa longue vie
    Et les amants qu’elle a connus, et les enfants qu’elle a vu naître.
    Si quelques souvenirs moroses résistent, c’est avec envie
    Qu’elle rêve de voir dans l’inconnu tous ces fantômes disparaître.

    Je sais, quelque part, une rose qui ne possède pas d’épine,
    Dont les pétales savent écouter les mots d’amours et les romances.
    Qu’ils soient en rimes ou en prose, ils ont la fièvre galopine
    Qui lui feront toujours goûter ce cher élixir de jouvence.

    Mignonne allons voir si la rose s’est éveillée au petit jour
    Dans l’humeur de son cœur d’enfant qui s’émerveille toujours autant.
    Quelle nouvelle idée éclose va germer dans son cœur d’amour
    Qui, dans un tableau triomphant, me peindra les couleurs du temps ?

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Cœur de mer

    Cœur de mer

    Née de la mer, chère matrice, née de l’éther, cher géniteur,
    Née du feu purificateur, née de la terre nourricière,
    Déjà précoce admiratrice des sentiments inspirateurs
    Qui montaient l’amplificateur jusqu’à ton cœur de justicière.

    Je vis la petite sirène qui sortit en poussant son cri
    Pour affronter le vaste monde qui s’offrait à ses découvertes.
    Déjà princesse, future reine, c’était prévu, c’était écrit
    Dans les légendes vagabondes ou la magie reste entrouverte.

    Ton cœur de mer s’est élevé comme le soleil renaissant
    Qui réchauffe l’air du matin qui dilate tes pectoraux.
    Ton corps de mère est révélé par la maturité naissant
    Que je vois dans ton air mutin qui fait le signe des taureaux.

    J’essaie de remonter le temps, voir ce qui t’a fait devenir
    La jeune femme qui maintenant sirote un verre de vin blanc.
    Mais c’est inutile à présent car je suis sûr qu’à l’avenir
    Tes désirs seront attenants à tes œuvres, sans faux-semblant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Debout les filles !

    Debout les filles !

    Je les devine dans leurs lits, encore un peu ensommeillées
    Avant qu’un clairon de printemps leur dise enfin : « Debout les filles ! »
    Et puis, on voit les pissenlits tout doucement les réveiller
    Et leur proposer dans l’instant d’aller rejoindre les jonquilles.

    Alors les filles en boutons passent leurs rouges calicots,
    Lissent leur yeux de mascara pour un regard époustouflant.
    Les jambes encore en coton, voici les jeunes coquelicots
    Perlées de rosée baccarat qui s’éparpillent en s’essoufflant.

    Et puis tout d’un coup, c’est la fête, les champs paraissent tous enflammés
    Des fleurs de joie et de gaité dans toute leur féminité.
    On voit accourir les poètes et leurs égéries déclamer
    Des baisers d’amour à quêter et bien plus si affinités.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • 365 degrés autour du monde

    365 degrés autour du monde

    C’est parce que la Terre est ronde de trois-cent-soixante-cinq degrés
    Que la lumière crée des orbes et des tableaux crépusculaires.
    Et c’est la course autour du monde des voyageurs, des émigrés,
    Que les soleils couchants absorbent dans leurs rayons tentaculaires.

    C’est juste à la fin du verseau que se glissent entre les poissons
    Les petits bateaux colorés qui vont embrasser les couleurs.
    Le cul calé dans leurs berceaux, on voit les jeunes polissons
    Qui vont tenter de déflorer la mer avec ou sans douleur.

    Je ne sais s’ils sont fils du vent, fils de la mer ou l’océan,
    Mais ils se transforment en corsaires dès que l’on gratte un peu leurs gènes.
    Les voilà partis au levant, vers l’aventure, vers le néant,
    Partis combattre l’adversaire pour les beaux yeux d’une indigène.

    Christophe Colomb vit quelque part entre les vagues dérivées
    Parmi les étraves croisées que leur sang peine à maintenir.
    Ils n’aiment pas trop les départs et préfèrent les arrivées
    Car les bagages entretoisés ne peuvent pas tout contenir.

    Et ce sont ces vaisseaux chargés d’un sang nouveau de découvertes
    Qui les poussent à l’appareillage et partir loin vers le couchant.
    Souvent les peines ont surchargé juste un peu trop leurs plaies ouvertes
    Mais espérons que leurs voyages seront remèdes escarmouchants.

    Escarmouchant : qui gagne en faisant de petites batailles ou quelque chose comme ça.

  • Les échecs

    Les échecs

    « L’état c’est moi ! », disait le Roi « et il ne peut y en avoir d’autre ! »
    « J’suis la plus belle ! », disait la Reine « il n’y a pas plus belle que moi ! »
    Comme ils se sentent à l’étroit dans le palace où ils se vautrent,
    Le Roi et la Reine, à sa traîne, vont faire la guerre tous les mois.

    D’abord les pions paient un impôt, ce n’est que juste précaution.
    Les cavaliers paient leur fourrage pour la santé de leurs chevaux.
    Les tours doivent faire un dépôt de garantie pour la caution.
    Les fous n’ayant pas de courage, ils feront les pires travaux.

    Le noir et blanc est de rigueur, on abandonne les couleurs.
    Finalement, tout est en gris, c’est plus facile à assortir.
    Tous ceux qui ont de la vigueur paieront leurs taxes sans douleur ;
    Les gros, les grands, les rabougris, sinon on les fera sortir !

    Mais si on veut quitter les règles, il faut des avocats marrons
    Et si on veut gagner des cases, la politique est nécessaire.
    Avec quelques hommes espiègles, des margoulins et des larrons,
    On guettera la bonne occase pour évincer ses adversaires.

    L’échec arrive à chaque fois mais ça ne change rien du tout !
    Il y en a qui changent de camps, d’autres s’échangent leurs couleurs.
    Jamais la Reine ni le Roi ne se retrouvent sans un atout.
    Les pions sont plus pauvres qu’avant et chacun compte ses douleurs.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Dieu est un petit oiseau

    Dieu est un petit oiseau

    Je crois que Dieu est un oiseau, le plus petit de la nature,
    Celui qui devant les roseaux semble un animal miniature.
    Il naît quand le printemps revient, il meurt dans le froid de l’hiver,
    Demain renaît puis, redevient le petit roi de l’univers.

    Je crois que Dieu est un moineau car il est toujours éternel.
    Je le crois parti en automne et l’entends chanter en été
    Avec sa voix de Soprano qu’il tient de la voie maternelle
    Et son ramage qui chantonne sur un air de paternité.

    Je crois que Dieu est un serin ou un tout petit canari.
    Peut-être aussi le rossignol, le p’tit oiseau du photographe ?
    Pourquoi serait-il si serein à ignorer la barbarie
    Et faire fi aux branquignols qui le traitent de pauvre Piaf ?

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Comptons sur nos doigts

    Comptons sur nos doigts

    Pouce.
    Au réveil, ça va-comm’je-te-pousse,
    Je me réveille sous la mousse !

    Index.
    Puis, en soufflant dans un kleenex,
    Doucement s’agite le cortex !

    Majeur.
    Midi, l’appétit ravageur,
    M’ouvre le cœur du voyageur !

    Annulaire.
    Je n’ai plus de vocabulaire,
    L’après-midi est caniculaire !

    Auriculaire.
    C’est le moment crépusculaire,
    La soirée sera spectaculaire !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Die Rückkehr der Möwe

    Weit hinter mir habe ich die Erinnerung an die Möwen gelassen,
    Diese Vögel weiss wie Schnee mit ihrem schrillenden Schrei an einem Lachen ähnlich.
    Hier denke ich an sie, im Laufe des Winters, wenn ich das weiße Mantel betrachte
    Die Schneeflocken tanzend im Kreis um nach und nach alles zu bedecken.

    Dann projektiere ich die Wellen, welche meine Gedanken wiegen
    Auf diesem strahlend weissen Bildschirm und lösche den Flut meines Geistes.
    Und das Herz langsam wandert, wie eine kompensierte Sehnsucht
    sieht den Vogel wie in einem Film, hört seine Stimme, sein Schrei.

    Ich weiß nicht mehr wo meine Visionen stehen,
    Aber ich fühle mich verbunden, als ob ich noch dort war.
    Nur diese ungeschickter Text der mich an die Sammlung dieser Bilder
    aus der Vergangenheit entrissen, erinnert, und an meinem Körper kleben.

    Bild von Fabienne Barbier

  • Le retour du goéland

    Le retour du goéland

    J’ai laissé loin derrière moi le souvenir des goélands,
    Ces oiseaux blancs comme la neige aux cris stridents comme des rires.
    J’y pense ici, au fil des mois, en regardant le manteau blanc
    Des flocons faisant leur manège pour, peu à peu, tout recouvrir.

    Alors je projette les vagues berçant le flux de mes pensées
    Sur cet écran immaculé et j’éteins le flux de l’esprit.
    Et le cœur lentement divague, puis comme un regret compensé,
    Revoit l’oiseau pelliculé, entend sa voix, entend son cri.

    Je ne sais plus où est l’endroit où bien l’envers de mes visions,
    Mais je m’y ressens attaché comme si j’y étais encore.
    Juste ce texte maladroit qui me rappelle la provision
    De ces images arrachées au passé qui me colle au corps.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vague de coquelicots

    Vague de coquelicots

    On dirait le sang de la Terre qui giclerait dans les prairies
    Comme des boutons de jeunesse sur la joue verte des vallons.
    Et comme ne peut pas se taire l’allégresse dans la frairie,
    On entend partout la kermesse des flonflons rouges étalons.

    J’y vois mille bouches avides des petits esprits des forêts
    Qui, au printemps, prennent racine, dans un corps de petite fée.
    Petite fée, un peu timide, qui rougit sitôt déflorée
    Par la main brute, assassine, qui veut en cueillir le trophée.

    Moi, je les aime en vagues rouges lorsqu’elles inondent les talus,
    Lorsqu’elles se transforment en blessure dans les immenses champs de blé.
    C’est Dieu, en œuvrant de sa gouge, qui a placé sa plus-value
    Qui orne, d’une éclaboussure, la nature de fleurs endiablées.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Zahlen wir Mahlzeit

    Z’morge, frühstücken wir ohne Sorge!
    Z’nüni, pausen wir mit Mami!
    Z’mittag, essen wir für Nachmittag!
    Z’vieri, sind wir in guter Compagnie!
    Z’nacht, feiern wir in Tracht!

    Bild von Fabienne Barbier

  • La vague bleue

    La vague bleue

    Ô printemps, je cherche ta trace parmi les premiers perce-neiges
    Pour calmer mon cœur en hiver d’une liqueur de sève ardente !
    Puissent les elfes que j’embrasse œuvrer en cœur dessous la neige
    Pour connecter à l’univers quelques petits fleurs charmantes !

    L’hiver, c’est comme le néant d’où naîtrait une vie avide
    Qui aurait besoin d’exister parce que c’est ça, la vérité.
    L’hiver, c’est un pas de géant que la matière fait dans le vide
    Parce que vivre, c’est persister à croire en la postérité.

    Alors je pars à l’aventure pour y dénicher les empreintes
    Là où la vie a disparu, là où la mort l’a emporté.
    Alors partout dans la nature, tout se répète sans contrainte ;
    Là un bourgeon est apparu, là, de parents, naît la portée.

    Je salue avec déférence cette intention qui me transporte
    Qui est ancrée, dès l’origine, dans les règles de l’univers.
    Chaque animal fait référence et chaque plante se rapporte
    À ce qui dort sous les racines de mon pays en plein hiver.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose ratée

    La rose ratée

    C’est le vilain petit canard de notre collection de roses.
    Peut-être peinte à la va-vite ou en pensant à autre chose.
    Ou alors il était trop tard, ou bien le cœur était morose,
    Mais ce serait bien qu’on évite une pareille anamorphose.

    C’est malheureux, je n’y peux rien, mais cette rose, je ne l’aime pas
    Je l’avais laissée dans un coin et préféré d’autres tableaux.
    Peut-être un jour, un historien l’aurait sortie du mauvais pas
    En l’allouant à un roi bédouin ou un duc de Fontainebleau.

    Mais le miracle est arrivé dans un souci de perfection
    Son créateur a décidé de la dorer pour décorer.
    C’est là que tout a chaviré et à frisé la déception
    Et sous des dorures ridées, la rose a été déflorée.

    Mais arrêtez donc de pleurer sur cette amère destinée
    Car sous une couche de Gesso, la rose va être lavée.
    Ainsi, sans vouloir vous leurrer sur la rose ratatinée,
    Je vous ferai, in expresso, un prochain texte plus achevé.

    Tout est vrai dans la peinture cochonne et encore, la photo date d’avant la catastrophe.

  • La rose modiste

    La rose modiste

    C’était une petite rose qui était montée à Paris
    Afin d’y orner les coiffures des élégantes au Paradis (*).
    Elle avait l’air toute morose dans son tout petit gabarit
    Mais elle avait l’âme sulfure, c’est tout au moins ce qu’on m’a dit.

    Elle se nichait près de l’oreille parmi les franges des chapeaux
    Et y chuchotait des pensées parfois intimes ou indiscrètes.
    Alors la dame, toute pareille, élaborait sous son capot
    Des idées assez offensées, très érotiques et très secrètes.

    Elle devint grande intrigante que les dames se disputaient
    Pour pimenter leurs rendez-vous pour d’érotiques positions.
    Ainsi cette fleur élégante fut durant longtemps supputée
    Comme une rose, voyez-vous, qui ne manquait pas d’ambition.

    * au Paradis Latin évidemment.

  • Ombrelle rose

    Ombrelle rose

    À coup d’ombrelles, jouent dans les ombres
    Les demoiselles dans la pénombre.
    Et puis sautillent, en robes pâles,
    Les jeunes filles sous les pétales.

    Jeunes jonquilles, je vous admire
    Et vos coquilles me font frémir.
    Fleurs de lotus, je vous adore ;
    Ce soir, motus, ensemble on dort.

    Quand se dérobent lampes et chandelles,
    Tombent les robes, puis les dentelles.
    Elles se dévoilent, montrent un sein,
    Ôtent leurs voiles sur leur bassin.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La danse de l’amour

    La danse de l’amour

    Au premier temps de la danse, ce sont les réjouissances
    Qui agitent les flagelles de nos partenaires mâles ;
    Tandis que dans le silence attend dans l’obéissance
    Sur le seuil de la margelle l’œuf infinitésimal.

    Dès l’envoi de l’ouverture, les deux danseurs sont en transe
    Et s’échangent leurs trésors pour des années de bonheur.
    Sous la tendre couverture, ils multiplient à outrance
    Les cellules dont l’essor font abondance et honneur.

    Le moment fort de la danse, c’est lors de la délivrance,
    Prévu par l’échographie lorsqu’enfin l’enfant paraît.
    Cet instant de la naissance arrive en effervescence,
    Dans une chorégraphie qui, désormais, transparaît.

    Puis recommence la danse dès la sortie de l’enfance
    Qui continue sa cadence jusqu’après l’adolescence.
    On recherche alors l’essence qui renverse les défenses
    Pour retrouver la puissance qui ressuscite les sens.

    On choisit le partenaire qui vous rappelle le père
    Lorsqu’il courtisait la mère, celle qui l’avait laissé faire.
    Puis devant Monsieur le Maire, on forme alors une paire
    Pour une vie douce-amère mais que voulez-vous y faire ?

    Copie d’un tableau d’Helena Filatov.

  • Le concours de la ballerine

    Le concours de la ballerine

    La ballerine attend le moment où son cœur
    Va s’effondrer de joie ou bien de déception.
    Boum, boum, le cœur battant, sera-t-elle vainqueur ?
    Est-ce qu’enfin sa voie deviendra l’exception ?

    Le corps un peu tendu, l’âme au-delà des nues,
    L’esprit est incapable, ici, de décider.
    Elle a tant attendu ce moment, l’ingénue,
    Qu’elle n’est plus capable de se faire une idée.

    Pour l’heure elle se rappelle ses peurs, ses désespoirs
    Pour la présentation au ballet concourir.
    Maintenant on l’appelle ; son cœur est plein d’espoir.
    Vers quelle sensation s’en va-t-elle courir ?

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’Étoile rose

    L’Étoile rose

    Cette petite étoile rose que j’ai allumée dans la nuit
    Guidera bien mes quelques vers à se frayer des lendemains
    Parmi la période morose où je suis tombé dans l’ennui
    D’être qualifié de pervers pour avoir publié un sein.

    Cette petite étoile rose aura le rôle du papillon
    À qui je demande de battre tout doucement ses ailes frêles.
    Quelle tempête de névrose par ce geste si tatillon
    Déclenchera-t-il pour débattre de cette escarmouche si grêle ?

    Cette petite étoile rose sera ma bouteille à la mer
    Que je lance dans l’océan du haut de mon île déserte.
    Un peu de rimes, un peu de prose, quelques consonances amères
    Que je projette dans le néant pour en tirer des découvertes.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Bouquet

    715 bouquet

    Poéme en attente d’inspiration…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les Flammes du matamore

    Les Flammes du matamore

    Cette petite flamme bleue qui danse au son des étamines
    Qui agitent tous leurs grelots avec le vent qui les balancent,
    Soulage mon cœur lorsqu’il pleut et lui donne des vitamines
    Et le fait repartir au galop avec de l’amour en cadence.

    Puis la petite flamme verte revient me donner vingt printemps
    Dès que je retrouve ma belle dans l’intimité de ma chaumière.
    C’est chaque soir la découverte, mais ce n’est jamais éclatant
    Car l’amour pousse ma rebelle à diminuer la lumière.

    Enfin c’est la flamme orangée qui sonne l’instant de l’extase
    Lorsque nos sens sont enflammés juste avant la petite mort.
    Alors les draps sont dérangés et je sens monter épectase
    Après avoir tant fantasmé à baiser comme un matamore.

    Épectase : fait de mourir lors de l’orgasme.

  • Le Mat

    24

    Le Mat

    À la fin, il devient le fou, à la fin il devient le mat,
    Il ne sait plus à quel moment la folie s’empara de lui.
    Peut-être était-il déjà fou, peut-être était-il déjà mat ?
    Peut-être après mille tourments, peut-être après sa longue nuit ?

    Le fou n’a pas appris à vivre comme les autres en société.
    Le fou n’est pas original, il ne sait pas, tout simplement.
    Le fou préfère rester libre et vivre libre à satiété.
    Le fou est resté virginal du formatage, tout humblement.

    Le fou est-il l’égal d’un sage qui aurait compris l’illusion
    Qu’un esprit fort est préférable pour dominer l’humanité ?
    Le fou a-t-il pris le passage qui le protège des collisions
    Entre existence misérable ou richesse et vanité ?

    Le fou sait que la liberté n’est qu’une manière de vivre ;
    Il est rattaché à la terre comme un poisson à son bocal.
    À quoi servirait la fierté puisqu’il faut tuer pour survivre,
    Puisqu’il faut faire bonne chère pour réussir dans son local.

    C’est quand il comprend son échec, qu’il réalise ses erreurs,
    Qu’il sait qu’il n’y a nul chemin qui emmène à l’Eldorado,
    Il rembourse ses hypothèques, il lâche prise à ses terreurs
    Et s’en va nu, d’un tournemain, en laissant libre son radeau.

    Nous aussi nous avons perdu les clés de notre liberté ;
    La vie devient une prison par nos excès trempés de zèle.
    Cette situation éperdue nous a longtemps déconcertés.
    Laissons agir la guérison qui nous fera pousser des ailes.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le bouquet perdu

    Le bouquet perdu

    Je l’avais oublié dans un coin du grenier
    Mais je l’ai retrouvé quand j’ai déménagé
    Tous les secrets se cachent pour que vous appreniez
    À les redécouvrir quand vous emménagez.

    Celui-ci est spécial, je m’en souviens encore
    Quand ma muse l’a peint de rayons de lumière.
    Plaise à Dieu, à mon cœur, à mon âme et mon corps
    Qu’il rayonne d’amour et paix dans ma chaumière.

    Heureux celui qui attend que son nom soit cité !
    Heureux celui qui atteint une place de choix !
    Heureux celui qui sait rester dans la simplicité !
    Heureux celui sur qui la béatitude choit !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Konzert für zwei Hände

    Wenn ich ihre Gegenwart spüren
    Wer ist auf meiner Haut drucken,
    Ich bekomme die gemeinnützige
    Wer kommt immer wieder zu sprechen.

    Welche süße Hingabe
    Die Musik des Konzerts!
    Ist es schwer zu geben
    All diese Liebe doppelseitig!

    Ich mag das Lied deiner Hände
    Das Schwingen von seiner Sprache!
    Ich mag wissen, dass schon morgen,
    Ich habe das Vergnügen der Massage!

    Bild von Fabienne Barbier

  • Concerto pour deux mains

    Concerto pour deux mains

    Lorsque je ressens leur présence
    Qui vient sur ma peau s’imprimer,
    J’en reçois toute la bienfaisance
    Qui revient sans cesse s’exprimer.

    Qu’il est doux de s’abandonner
    À la musique du concerto !
    Qu’il est fort de savoir donner
    Tout cet amour recto-verso !

    J’aime la chanson de tes mains
    Qui me berce par son langage !
    J’aime savoir que, dès demain,
    J’aurai le plaisir du massage !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • 689 – La Sagesse

    689 – La Sagesse

    Le voyageur n’est pas le sage qui sait voyager dans l’espace
    Le conquérant n’est pas le sage qui a construit dans tous les âges.
    Le maître X n’est pas le sage qui sent la matière qui passe
    La sagesse n’est pas le sage, c’est la sagesse qui fait le sage.

    C’est la raison existentielle de l’écho prononcé par Dieu
    Qui a semé et tout l’espace, et la matière, et le temps.
    C’est ce mouvement essentiel dont on voit le poinçon radieux
    Dans chaque ombre ou rayon qui passe, dans chaque cil papillotant.

    Tableau inachevé de Maryvon Riboulet

  • 688 – La Maîtrise

    688 – La Maîtrise

    Quand le soir couvre son domaine de son ombre sur les collines,
    Les maîtres aiment lever les yeux, parcourir, contempler les terres.
    Ils annotent au fil des semaines la progression, la discipline
    De bon ton, à peine orgueilleux, qui marque x son ministère.

    C’est la lumière qui se condense, la lumière qui s’obscurcit
    Et devient l’énergie première, celle qui régit la matière.
    C’est la lumière qui se fait dense, qui ralentit, qui raccourcit
    Jusqu’à devenir la charnière de la physique tout entière.

    Tableau inachevé de Maryvon Riboulet

  • Die schöne Geschichte

    Gerne möchte ich Ihnen die Sage der Dreikönige erzählen,
    welche, wie die drei Musketiere, nicht nur drei, sondern eher vier waren.
    Allgemeinbekannt, erfüllten sie unglaubliche Reisen
    und ergänzten Ihr Werk mit dem Eigenem Bild zu bekämpfen.

    Der erste ist ein grosser Reisender, er navigiert jenseits der Meere.
    Er hat die Schule früh aufgegeben um den Alltag zu erleben.
    Der zweite besitzt das Herz eines Rächers der Schimäre zu zähmen weisst
    und den Heiligenschein erobert, den ihn für seine Tapferkeit gekrönt hat.

    Der dritten beherrschten Kenntnis und Wissen
    welche er in Gleichnis und Metapher ganz bewusst benützt.
    Der letzte, endlich, elektrisiert seine Seele seit seiner Geburt
    durch die Weisheit des Unterbewusstseins die Leben und Tod verbindet.

    Es ist also zusammen, dass sie den Stern,
    Welchen den Weg zeigt, gefunden haben
    Um das Kind zu empfangen un ihn Ihre Geschenke zu bringen.
    Gold, Myrrhe, Weihrauch und die ewige Liebe.

    Bild von Fabienne Barbier

  • La belle histoire

    La belle histoire

    Laissez-moi vous conter l’histoire de la légende des rois mages
    Qui comme les trois mousquetaires n’étaient pas trois mais plutôt quatre.
    Ils ont accompli, c’est notoire, chacun d’incroyables voyages
    Et complété leur ministère par leur propre image à combattre.

    Le premier est grand voyageur, il navigue au-delà des mers,
    Il a abandonné l’école afin de vivre au jour le jour.
    Le deuxième a le cœur vengeur qui a su dompter les chimères
    Et pu conquérir l’auréole qui l’a sacré pour sa bravoure.

    Le troisième a la maitrise du savoir et des connaissances
    Qu’il sait user à bon escient en paraboles et métaphores.
    Enfin le dernier électrise son âme depuis sa naissance
    Par la sagesse du subconscient qui relie la vie et la mort.

    Et c’est ensemble qu’ils ont trouvé le chemin qu’indiquait l’étoile
    Pour aller accueillir l’enfant et lui apporter leurs présents.
    Ce qu’ils ont chacun éprouvé, c’est aujourd’hui qu’ils le dévoilent :
    De l’or, de la myrrhe, de l’encens et puis l’amour omniprésent.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • 687 – Le Conquérant

    687 – Le Conquérant

    Le conquérant marche au zénith sous le soleil point culminant
    Il a appris à observer, comprendre, entendre et entreprendre.
    C’est dans la lumière bénite, à l’aise dans son élément,
    Qu’il a su toujours préserver toute son existence à apprendre.

    Il est le temps qui accélère et qui impose ses limites
    Qui indique la persistance du moindre atome qui demeure.
    Il est le temps qui décélère, qui mesure et qui délimite
    La durée de tout existence, de ce qui naît, grandit et meurt.

    Tableau inachevé de Maryvon Riboulet

  • 686 – Le Voyageur

    686 – Le Voyageur

    Le voyageur est matinal et part quand l’aube est imminente
    Et devine l’aurore pâlir sur les collines embrumées.
    Il fixe le point cardinal du parcours qu’il expérimente ;
    Il n’a pas peur de se salir et nulle crainte à s’enrhumer.

    Il est l’énergie qui avance, cette énergie qui crée l’espace,
    Et qui aussi crée le néant jusqu’aux confins de l’univers.
    Il est l’énergie qui devance, cette énergie qui nous dépasse
    Et qui fait paraître géants les infinis les plus divers.

    Tableau inachevé de Maryvon Riboulet

  • L’abondance

    23

    L’abondance

    Au début Dieu créa la Terre et y répartit ses semences
    Puis, développa les ruisseaux et mit le soleil dans le ciel
    Afin de donner à nos pères la nourriture en abondance
    Qu’ils emmenaient sur leurs vaisseaux comme une manne providentielle.

    Mais l’homme a voulu contrôler, mais l’homme a voulu dominer,
    Tirer profit de l’élevage, dans un usage immodéré.
    Pour cela il a enrôlé, pour cultiver ses graminées,
    Et développé l’esclavage pour s’enrichir et prospérer.

    Pour lutter contre les hivers, la nature lui a pourvu
    De quoi alimenter son feu et de quoi tisser ses habits.
    Et si par quelques faits divers, il se trouvait fort dépourvu,
    Il suffisait de faire un vœu pour recouvrer son acabit.

    Mais l’homme a voulu commercer jusqu’aux quatre coins de la Terre
    Pour gagner un peu plus d’argent en faisant œuvrer à bas prix
    Par d’intérêts controversés et restrictions supplémentaires
    Lui seul se voyant partageant les avantages entrepris.

    Afin de pouvoir se loger, l’homme construisait sa cabane
    Qui peu à peu s’agrandissait selon le nombre des enfants.
    Personne n’était délogé, chacun y trouvait sa pavane
    Et les maisons resplendissaient dans un bien-être triomphant.

    Mais l’homme a voulu investir son argent dans le bâtiment
    Et a consenti à prix d’or à vendre ses propriétés.
    Alors il faut se travestir et recourir au châtiment
    Qui nous fait lever à l’aurore pour suer pour la société.

    Quand L’homme vivait au présent, il ne cherchait pas de raison
    Pour vivre une vie proposée par une médiatisation ;
    Il suivait son père à treize ans qui lui montrait dans sa maison
    Le métier qu’il se disposait selon sa civilisation.

    Mais l’homme a voulu dépasser les objectifs, les bénéfices ;
    Il a construit des pyramides afin d’être seul sur le faîte.
    Chacun voudrait se surpasser pour atteindre cet édifice,
    Avoir des revenus solides et vivre de luxe et de fêtes.

    En nous privant de l’abondance, on nous prive de liberté
    Car pour devenir l’élite, il faut contraindre par la faim
    Pour retrouver l’indépendance, pour recouvrer notre uberté,
    Sachons remettre des limites avant que ce ne soit la fin.

    Au plus profond de nous-mêmes règne un grave manque de confiance
    Et nous croyons sans optimisme que jamais l’espoir ne viendra.
    Suivons ce que notre cœur aime et toute sa signifiance
    Enlèvera le pessimisme et l’abondance reviendra.

    Uberté : abondance, fertilité.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • La Prudence

    22

    La Prudence

    Un homme averti en vaut deux, un homme prudent en vaut trois.
    Priver un homme de la prudence, c’est l’aveugler, le rendre sourd.
    Il devient sitôt galvaudeux et son esprit reste à l’étroit
    Car il n’a aucune défense et se perd dans les carrefours.

    La Prudence, c’est une manière de nous prolonger tous les sens,
    Comme développer un réseau qui s’étend tout autour de nous.
    C’est aussi avoir les dernières nouvelles données et connaissances
    Qui permettent d’aller mezzo là où le chemin se dénoue.

    C’est pareil au rétroviseur qui protège tout à la fois
    De ce qui pourrait survenir au-delà du champ de vision.
    C’est notre conseil aviseur, un compagnon digne de foi,
    Qui éclaircit notre avenir par ses intimes prévisions.

    C’est comme un instinct animal qui ne serait pas bâillonné,
    Qui serait couché à nos pieds, prêt à détecter le danger.
    C’est comme une fibre végétale, rattachée et étalonnée,
    Qui nous servirait de trépied et, même, saurait nous venger.

    La prudence, c’est avoir le cœur, connecté sur ses émotions,
    Qui sait anticiper ses craintes, modérer ses joies, ses colères.
    Le chagrin même rend vainqueur en atténuant nos commotions
    Et l’âme ressent son empreinte comme une vérité corollaire.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le Jugement

    20

    Le Jugement

    Au commencement fut le verbe qui résonna comme un écho
    Créant, au sein de la lumière, les fondations de l’univers.
    Il reviendra d’un son superbe et réclamera son écot
    Accru sur la valeur première sans qu’il n’y ait de découvert.

    Car ce qui est confié à l’homme depuis le jour de sa naissance,
    C’est de se connaître soi-même et par là même retrouver Dieu.
    Il n’est point besoin de diplôme pour transmettre la connaissance
    Mais l’intérêt de l’âme humaine est un don miséricordieux.

    Ainsi celui qui collectionne tous les secrets, sans les transmettre,
    Se charge d’un fardeau pesant qui l’empêchera de monter.
    Tandis que ceux qui affectionnent, aux élèves, d’être leur maître,
    Feront le choix satisfaisant qui, lui, leur sera décompté.

    Chaque race fait son bilan selon coutumes et traditions ;
    Chacun selon où il habite organisera son jardin.
    C’est d’ailleurs en assimilant plusieurs langages et transmissions
    Que les compétences s’acquittent à progresser dans les gradins.

    Au jour du jugement dernier, c’est là qu’on meurt dans les nuées
    Si tout ce qu’on a amassé n’est pas dans la fraternité.
    Mais chaque fruit, chaque denier que l’on aura distribué
    Demeurera la panacée d’une immortelle éternité.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le Soleil

    19

    Le Soleil

    Le Dieu-Soleil, dès le début, a créé toutes les planètes
    Qui dansent autour de son feu pour se chauffer au brasero.
    Depuis toujours il distribue, à coup d’étoiles et de comètes,
    Tous ses rayons avantageux qui ensemencent les héros.

    Râ, Jupiter ou Anubis, quel que soit le nom qu’on lui donne,
    Traverse le ciel chaque jour en éternelle renaissance.
    Avec Isis et Osiris, c’est tout un mythe qui ordonne
    Que notre cœur brille d’amour de toute notre reconnaissance.

    Le Roi-Soleil est notre maître depuis qu’on a ouvert les yeux
    Sur la lumière qu’il diffuse afin d’admirer sa grandeur.
    C’est dès l’enfance qu’on voit naître tous les coloris merveilleux
    Qui nous égayent et nous amusent dans l’allégresse et la candeur.

    C’est l’architecte d’un système qui donne à chacun sa mesure ;
    Les astres, quelle que soit leur taille, lui obéissent aveuglément.
    Et chacun tourne autour du thème qui crée la vie par l’embrasure
    De l’aurore qui ravitaille la Terre et tous ses éléments.

    Le Feu-Soleil est l’énergie qui incite à battre nos cœurs,
    Qui réchauffe le corps et l’âme et met l’amour dans la maison.
    Les saisons font en synergie enchanter les moissons en chœur
    Qui nourrissent, hommes et femmes, le corps, l’espoir et la raison.

    Mais si nous voulons élever notre orgueil jusqu’à l’égaler
    Nous nous y brûlerons nos ailes et le corps se desséchera.
    Nous devons juste prélever son feu divin inégalé
    Et commémorer avec zèle ce qui nous en rapprochera.

    Le Temps-Soleil est régulier comme le calendrier du monde
    Pour indiquer le temps qu’il fait, pour calculer le temps qui passe.
    Chacun pourra au singulier compter chaque heure, chaque seconde
    Qui trace le cercle parfait d’une auréole dans l’espace.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • La Lune

    18

    La Lune

    La Lune règne en Reine-Mère sur toutes les eaux de la Terre ;
    Elle régit les glaces immobiles qui vibrent sur les océans,
    Elle attire la masse des mers, créant les marées planétaires,
    Ainsi l’eau, devenant mobile, scande le maître des céans.

    La vie sans eau n’est pas la vie, le temps sans rythme n’est pas le temps
    Et cet auguste balancier anime tous les phénomènes.
    Chaque animal, pour sa survie, sait combien il est important
    D’obéir à ce nuancier qui fait les mois et les semaines.

    Ainsi ce cycle en vingt-huit jours se présente sous quatre aspects :
    Une lune pleine et royale qui se cache et se renouvelle.
    Cette cadence, depuis toujours, a imposé comme un respect,
    Comme une théurgie loyale, une chimie universelle.

    Dans nos cellules, ce rythme bat comme un foyer incandescent
    Mais qui vibre à une fréquence que seule l’eau sait écouter.
    Quand les animaux mettent bas, ils communiquent par leur sang
    Cette loi à leur descendance sans que nul ne puisse en douter.

    Même nos femmes au ventre rond connaissent bien ce rythme intime.
    Elles n’ont pas besoin d’horloge pour savoir quand c’est le moment.
    L’homme moderne, ce fanfaron, qui veut que tout soit légitime
    Devrait plutôt faire l’éloge à l’astre qui est sa maman.

    Enfin la lune est aux poètes ce que les rêves sont aux enfants.
    Elle amplifie leur allégresse et elle atténue la tristesse.
    Elle fait chanter l’alouette, elle fait sonner l’olifant
    Quand les animaux en détresse recherchent sa délicatesse.



    La théurgie est une forme de magie, qui permettrait à l’homme de communiquer avec les « bons esprits » et d’invoquer les puissances surnaturelles aux fins louables d’atteindre Dieu.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • La Maison-Dieu

    16

    La Maison-Dieu

    Il est parfois des catastrophes, des accidents ou des malheurs
    Qui tombent avec tellement de force que l’on se croit anéanti.
    Et on se plaint, on apostrophe, on traite Dieu comme un voleur
    Qui nous reprend comme un divorce tout ce dont il nous avait nanti.

    Il y a pourtant des accidents qui se produisent à dessein
    Et plus ces accidents sont graves et plus leur effet nous renforce.
    Ça commence par des incidents comme si la vie faisait un dessin
    Mais dont l’intensité s’aggrave si l’on n’arrête pas l’amorce.

    Les plus grands bouleversements m’ont fait prendre un nouveau virage,
    Car ils m’ont permis de lâcher tout le poids qui m’alourdissait.
    Il s’est produit inversement ce que je redoutais avec rage
    Et m’a évité de gâcher ma vie où je m’engourdissais.

    C’est une loi astronomique qui montre que la gravité
    Permet d’envoyer des fusées en s’aidant de cette attraction.
    Comme si la force atomique se retrouvait parasitée
    Par la nouvelle diffusée d’un phénomène de traction.

    L’étincelle peut être petite à l’échelle microscopique
    Et apportera un enfant à ceux qui ne le cherchaient pas.
    Mais cette précieuse pépite sera le choc psychologique ;
    Le couple sortira triomphant en étant maman et papa.

    Aussi quand vous verrez venir une nouvelle désastreuse,
    Dites-vous bien que plus c’est grave et plus ça vous fera rebondir.
    Il faut savoir que l’avenir contient des zones ténébreuses ;
    Qu’il faut changer pour être brave et qu’il faut accepter pour grandir.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le Diable

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    Le Diable

    Parler du Diable ou de Satan, c’est pourtant très paradoxal !
    C’est comme vouloir prononcer ou parler d’ombre à la lumière.
    Qu’on soit victime ou combattant, le dilemme est donc colossal
    Mais impossible n’est pas français et la critique est coutumière.


    Côté lumière

    On le dit Ange de lumière qui aurait voulu conserver
    Toute la puissance du feu pour être ainsi l’égal de Dieu.
    Mais après l’impression première, on peut alors mieux observer
    Que cela n’était que le vœu du Père miséricordieux.

    Ainsi, prenons l’obscurité qui est l’absence de clarté ;
    Si difficile à pénétrer, si impossible à obscurcir.
    Illuminons en vérité et l’on voit ainsi s’écarter
    L’ombre, exposée à perpétrer, se mettre alors à rétrécir.

    Cet ange porteur de lumière n’a fait que semer le mensonge
    Afin que l’homme ait le pouvoir de distinguer le bien du mal.
    Dans l’intimité des chaumières chacun est libre dans ses songes
    Et peut choisir d’avoir l’espoir rester humain ou animal.

    Dieu est partout, omniprésent, mais il permet tout simplement
    À l’humanité de trouver son chemin en l’entretenant.
    Les douleurs frappent au présent pour que dans ce rassemblement
    L’homme puisse ainsi éprouver que sa vie se vit maintenant.

    Mais voici, quand on fait de l’ombre au vrai chemin avec orgueil
    Pour devenir riche et puissant, quelqu’un qu’on adore comme un roi,
    C’est là que Satan sort du nombre avec ses obstacles, ses écueils
    Pour rendre l’homme jouissant des plus terribles désarrois.

    Il dit « Mais si Dieu existait, y aurait-il autant de guerres ?
    Laisserait-il la cruauté s’il aimait vraiment ses enfants ? »
    C’est dans ces quelques mots cités que Satan a semé naguère
    Le doute dans le salut ôté, et en ça, il est triomphant.


    Côté ombre

    Alors, le diable, je l’entends sourdre dans le cœur des victimes
    À la recherche du cadavre de celui qui fut leur bourreau.
    Les hommes refusent d’absoudre les coups bas les plus intimes
    Et Dieu les voit, et ça le navre, ressortir l’épée du fourreau.

    Le diable c’est plutôt choisir de se souvenir du malheur
    Plutôt que des belles victoires, plutôt que ce qu’on a gagné.
    Le diable, c’est laisser moisir ses souffrances et ses rancœurs
    Et de brandir les faits d’histoire comme une plainte à témoigner.

    Car il faut trouver un coupable qui est la source de tous les maux
    Car on n’oublie pas la souffrance et puis on ne pardonne pas.
    Tous les sentiments redoutables chargés de haine, chargés de mots
    Veulent entretenir l’intolérance jusqu’à ce qu’elle ait son trépas.

    Le diable, c’est de voir la misère et ne rien faire pour en sortir.
    Le diable, c’est de voir massacrer sa mère et se cacher en ayant peur.
    Le diable, c’est de préférer le désert sans jamais ne rien y bâtir.
    Le diable, c’est se raconter des chimères et se morfondre dans la torpeur.

    Le diable se repaît de la vengeance qu’on impose à ceux qui ont peur.
    Le diable aime contrôler les masses et les nourrir de la violence.
    Il aime opposer les engeances et décider de leur plaisir
    À tuer l’autre avec grimace et suivre les autres en silence.

    Alors il se cache dans les églises, il se conduit en terroriste,
    Il se dissimule en argent pour effacer l’odeur de mort.
    La bête se généralise au fond du cœur des âmes tristes
    Qui vivent en se déchargeant de leur venin qu’ils commémorent.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • La Tempérance

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    La Tempérance

    Nous avons vu avec La Force, qu’il y avait deux polarités
    Qui s’unissent pour s’annihiler ou pour créer de la matière.
    Mais pour que fonctionne l’amorce de la complémentarité,
    Il faut alors assimiler celle qui fait l’intermédiaire.

    Nous en connaissons deux moyens qui existent en plusieurs domaines :
    L’électricité magnétique, soit positive, soit négative ;
    Le masculin, le féminin, qui créent de nouveaux phénomènes ;
    Ou pour faire plus synthétique, deux forces, active et passive.

    Mais une loi fondamentale qu’on appelle « neutralisante »
    Est nécessaire, par sa présence, à féconder la création.
    Divin ou expérimental, parmi les forces opposantes,
    C’est l’action de la tempérance qui permet la procréation.

    C’est à leur seul point de rencontre, commun à d’autres dimensions,
    Qu’il se produit l’action divine dans l’univers surréaliste.
    Mais la science va à l’encontre avec pouvoir et dissensions
    Car un savoir qui se devine n’a pas l’aval matérialiste.

    Ainsi les hommes peuvent montrer des idées fortes et actives
    Et lutter contre leurs opposés avec une inertie de haine.
    Ils auront beau se rencontrer, faire des guerres rétroactives,
    Ils ne feront que s’imposer des conjonctures inhumaines.

    C’est là que le cœur intervient car il se tient à la frontière
    Entre son espace intérieur et son univers extérieur.
    La tempérance est le seul lien qui produira sa vie entière,
    Avec ses acquis antérieur, l’accès au monde supérieur.

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le Détachement

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    Le Détachement

    La Mort : Bonjour, m’entendez-vous ?
    L’humain : Au secours, où suis-je ? Qu’est ce qui s’est passé ? Je ne me souviens de rien ! Comme un choc. Un accident ? Il fait tout noir ! Où est la lumière ?
    La Mort : Du calme, il n’y a aucun danger, je vous l’assure. L’obscurité n’est pas complète ; elle va bientôt se dissiper. Mais vos derniers souvenirs risquent d’être altérés.
    L’humain : J’entends une voix dans mon oreille. Qui êtes-vous ? Qu’est qu’on fait ici ? J’ai du mal à bouger, j’ai l’impression que mes bras sont en plomb et mes jambes de marbre…
    La Mort : Il s’est passé un événement particulièrement… Comment dire ? Inhabituel pour vous…
    L’humain : Je ne comprends pas. Je veux rentrer chez moi… J’ai été enlevé, c’est ça ?
    La Mort : Je vais vous expliquer. Pour faire simple, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
    L’humain : Une mauvaise nouvelle ?
    La Mort : L’endroit où vous êtes n’est pas un rêve mais ça ressemble plus à un rêve qu’à la réalité. Vous êtes parti pour un voyage sans retour.
    L’humain : Et la bonne nouvelle ?
    La Mort : La mort n’est pas la fin de la vie.
    L’humain : Mais suis-je en vie ou suis-je mort ?
    La Mort :La vie est comme un grand arbre et chaque être humain est comme l’une de ses feuilles. La feuille se détache mais la vie reste dans l’arbre. Et la vie remonte jusqu’aux racines. Le vrai sens.
    L’humain : Les racines, Dieu, l’éternité ?
    La Mort : Je ne détiens pas cette réponse. Voyez-vous, je ne suis que le passage, le cycle sans mémoire qui conduit les âmes à leur destin. Le cycle s’arrête si l’homme est vaincu, ou continue s’il est vainqueur.
    L’humain : Mais la mort est irréversible, c’est la fin de l’individu, il n’existe plus…
    La Mort : Rien ne disparaît, tout évolue. L’homme naît, vit et meurt parce que son âme ne peut pas rester enfermée dans l’écorce de son corps qui vieillit. Comme l’eau ne peut pas stagner et doit s’écouler vers la mer. La mer, la mort, tout se ressemble. C’est comme une épuration.
    L’humain : Mais pourquoi ne savons-nous pas cela dès la naissance ?
    La Mort : Vous le savez mais vous préférez l’oublier parce que votre esprit veut être le seul à gouverner et qu’il fait taire son cœur, son corps et son âme. L’esprit est un conquérant tyrannique.
    L’humain : Alors que va-t-il se passer maintenant ?
    La Mort : Après, je ne sais pas. Je ne représente que le passage d’une vie à une autre. Mais je suis sans méchanceté, comme le temps, juste irréversible. L’irréversibilité est une des lois de la vie.
    L’humain : Et la mort ?
    La Mort : Juste une transition où l’âme se détache de son corps, de ses sentiments et de ses souvenirs. C’est le détachement…

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Le pendu

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    Le pendu

    Loin d’un monde tombé en folie, détaché de toute contrainte,
    Le pendu se laisse dériver dans cette frontière subtile.
    Suspendu par mélancolie d’un simple lacet pour étreinte,
    Il se balance ainsi privé d’une liberté inutile.

    « Ah, laissez-moi » murmure-t-il dans un sourire énigmatique
    « Regarder derrière le décor, vagabonder dans les coulisses !
    Mon esprit doit être fertile, dans cette pose acrobatique
    Et mon cœur a besoin d’accord avec son intérieur complice ! »

    Il est détaché des malheurs, il a relâché son fardeau,
    Il se rit des gens négatifs qui n’envient qu’entraîner les autres.
    Lui, il rayonne de bonheur dans son corps tiré au cordeau,
    Tout en restant dubitatif, toujours amicalement vôtre.

    Il ne craint pas les grondements, il ne prend rien pour personnel ;
    À sa manière d’observer, à sa façon de balloter,
    Il a quitté les fondements des commentaires rationnels
    Afin de pouvoir préserver ses souvenirs décalottés.

    Il est suspendu dans le temps, indépendant dorénavant,
    En équilibre entre le ciel et les racines de la Terre.
    Le père retient son enfant, la mère tient son paravent
    Et l’esprit souffle d’essentiel sur ce pendule solitaire.

    Tableau de Maryvon Riboulet