Catégorie : Autres œuvres

  • Jetée de myosotis

    Jetée de myosotis

    Un, deux, trois myosotis jetés sur le chemin,
    Quatre, cinq, six lâchés là, d’une poignée de main,
    Sept, huit, neuf des parfums de lys et de jasmin,
    Dix, onze, douze sentiront encore jusqu’à demain.

    J’ai tressé cette nappe de neuf filaments d’or,
    J’ai jeté par-dessus quelque myosotis,
    J’ai joué lentement mes doigts sur la mandore,
    J’ai chanté librement sur mon caillebotis.

    Un, deux, trois myosotis tressés dans tes cheveux,
    Quatre, cinq, six ma main tremble, je suis un peu nerveux,
    Sept, huit, neuf je t’embrasse et je fais vite un vœu,
    Dix, onze, douze oui, je t’aime ; je t’en fais mon aveu,

    J’ai cousu tous ensemble tous ces myosotis
    Incrustés de topaze et lapis lazzulis
    Avec des fleurs de lys et des stéphanotis ;
    J’en ai paré ta couche ô ma belle Osiris !

    Un, deux, trois myosotis, adieu mélancolie !
    Quatre, cinq, six fleurs de lys, je t’aime dans ton lit !
    Sept, huit, neuf cœurs vaillants, j’éjacule en folie !
    Dix, onze, douze ce matin, je suis tout ramolli…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les larmes de rochers

    Les larmes de rochers

    On les croirait figées dans une éternité
    Les larmes de rochers immobiles et austères
    Comme si au sorti de la maternité
    Leur vie s’arrêtait là, au bord du baptistère.

    Et petit à petit redeviennent du sable…

    Après avoir creusé tant de vallées profondes,
    Les larmes de rochers, après avoir souffert,
    Après avoir vécu une vie bien féconde,
    N’ont pas d’autre horizon que le bord de la mer.

    Et bientôt l’érosion les brise dans le sable…

    Je n’ose imaginer qu’après toute une vie,
    Qu’après avoir gravi tous les plus hauts sommets,
    Les larmes de rochers n’ont plus pour autre envie,
    De s’ancrer au soleil et finir assommées.

    Et lentement la mer les roule dans le sable…

    Je connais des cailloux et des pierres qui roulent,
    Et même des montagnes toujours en mouvement
    Qui au bout de leur course ne perdent pas la boule,
    Tiennent le haut du pavé de grès au parlement.

    Et finissent émoulus, dévorés par le sable…

    Pauvres pierres abîmées, pauvres roches puériles
    Qui de toute leur vie ont suivi le tracé
    Sans jamais s’écarter de la route stérile
    Que leurs ancêtres avaient strictement terrassée.

    Et comptent un par un les petits grains de sable…

    Les miennes sont encore toujours sur la route,
    Remontant leurs revers avec un passepoil.
    Elles ont bien chuté et connu la déroute,
    Mais elles sont remontées sur le pont des étoiles !

    Et c’est moi qui, le soir, joue au marchand de sable…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’annonciateur

    L’annonciateur

    Pourquoi sonner si fort, ange annonciateur ?
    Qu’as-tu donc à souffler dans ta trompette d’or ?
    Est-ce une ode à l’amour, ange appréciateur ?
    Est-ce un sonnet guerrier, ange conquistador ?

    De toutes ces nouvelles que tu as annoncées,
    Je me demande celles que tu as le plus aimées ?
    Des nouvelles de joie aisées à prononcer
    Ou des ravissements faciles à essaimer ?

    Mais quand sonne le glas, le messager du cœur
    Doit être un peu bien triste à partager la peine.
    Je me souviens de celles où ton regard truqueur
    Cachait ta compassion avec force de gêne.

    Mais pour des cris de joie et de ravissements,
    Tu revêts des habits chatoyants de lumière !
    Tu embouches ta trompe avec empressement
    Et nous nous préparons à vivre une première !

    Quand tu viendras pour moi dans ton plus bel éclat,
    Chanteras-tu l’amour ? Chanteras-tu la joie ?
    Celle à qui ce jour-là, je soutiendrai le bras,
    Sera ma dulcinée et je serai fier de toi !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Trois barques au soleil

    Trois barques au soleil

    Côte inhospitalière, tu n’as pas la prestance
    Des baies de Douarnenez et de celle de Brest !
    Mais tu as su garder et de quelque importance,
    Ce port ancré au sud, exposé à l’ouest !

    Tu as su accueillir, en toute modestie,
    Ces trois barques unies qui voguaient de conserve ;
    Toutes trois élevées et d’honneur investi ;
    Responsabilité d’officiers de réserve !

    Regardant le soleil qui embrase la faune,
    Elles songent aux voyages, aux indiens jivaros ;
    Remontant l’Orénoque jusque sur l’Amazone
    Pour trouver ses trésors, gagner l’Eldorado !

    Alors la baie d’Audierne referme ses deux bras
    Recouvrant les trois barques de ses ports bigoudens,
    À l’abri de ses havres, sous la Pointe du Raz,
    Accostées d’un vieux cidre et de pommes au boudin.

    Tout comme des enfants, dans leurs jeunes années,
    La Niña, la Punta, la Santa-Maria,
    Ont encore à offrir leurs coques basanées
    Aux assauts de la mer et vaincre Alméria !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La plage aux couleurs

    La plage aux couleurs

    Sur l’écran de la plage, j’ai mis le projecteur.
    J’y reflète mon âme, j’y projette mes peurs.
    C’est là que je visionne de cet œil directeur
    Toutes mes atmosphères imprégnées de torpeur.

    Si parfois je succombe à fuir mes cauchemars
    Pour chercher un asile, un abri protecteur.
    Une fois apaisé, je reviens goguenard,
    Mais le poison reflue vite en mon collecteur.

    Jusqu’à ce que j’admette de changer de bobine,
    Jusqu’à ce que j’excepte toutes mes illusions
    Ce ne sont pas les autres mais mes propres endorphines
    Qui coulent dans mes veines et créent la confusion.

    Aujourd’hui si je goûte à vivre au jour le jour,
    C’est parce que j’y puise mon bonheur quotidien.
    Je projette mon âme et c’est à contre-jour
    Que j’y trouve la flamme qui suit mon méridien.

    Plus rien ne peut m’atteindre et toutes les frayeurs
    Que projettent les autres n’ont plus de fondement.
    Je prépare leurs âmes et j’en suis le veilleur
    Et toutes leurs chimères s’en vont timidement.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Tranche atlantique

    Tranche atlantique

    C’est là-bas quelque part que j’ai semé mes graines.
    J’ai confié aux vents mes demandes secrètes.
    Avant que, tôt ou tard, les remords me gangrènent,
    J’ai jeté mes bouteilles d’amours indiscrètes.

    Sur le front de l’ouest, droit vers le nouveau monde,
    Mes pensées voleront portées aux quatre vents.
    Tout autour de la Terre et de la mappemonde,
    Jusqu’à ce qu’une ultime s’accroche aux vire-vents.

    Qui la recueillera ? Quelle belle indigène ?
    Que sera ce terrain fécondant mes semences ?
    Belle indienne iroquoise ou belle aborigène ?
    Quel pays recevra et verra ma romance ?

    Quand les vagues déferlent et qu’explose l’écume,
    Je pense aux filaments qui prolongent la foi.
    Je ne laisse aucun doute créer l’amertume
    Et j’écoute les vents souffler tous à la fois.

    Quelques fois des réponses ont atteint mes oreilles
    Mais leurs terres stériles ont desséché mes spores.
    Je ne voudrais confier à nulle autre pareille
    Le soin de délivrer mon précieux passeport.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La plage aux rochers

    La plage aux rochers

    Pour qui souffle le monde au-delà des frontières ?
    Cette plage aux galets n’est pas la terre entière…
    Ma vision est tronquée d’une demi-manière
    Et mon univers n’est qu’une demi-matière.

    Vivre entre ces deux mondes, entre ces destinées,
    Fait battre dans mon cœur en synchronicité
    Deux êtres Yin et Yang dont mon âme est innée
    Qui vivent en équilibre en réciprocité.

    Rochers bleus érodés sous les assauts des vagues,
    Vous avez-vous aussi, de l’autre côté du monde,
    Une sœur et un frère, peut-être à Copenhague,
    Qui vous sont attachés par des chaînes profondes.

    Ma sœur n’est pas d’ici mais vit dans l’outre-monde,
    Sa conscience m’atteint au royaume des songes,
    Elle est immatérielle mais son âme est féconde
    Et me fait discerner vérité et mensonge.

    Ô intime compagne, tu es mon diapason,
    Tu orientes mes pas, tu es mon intuition.
    Ton sexe immatériel honore mon blason,
    Toi de l’autre côté, moi en situation.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Flambée de coquelicots

    Flambée de coquelicots

    Ce feu incandescent, juste au bord du rivage,
    Tout en me promenant sur la côte sauvage,
    Attise mes désirs et provoque ma flamme.
    J’ai envie de t’aimer, mon cœur est en réclame.

    Coquelicots qui flambent,
    Écarte un peu les jambes !
    Coquelicots en flammes,
    Embrasse-moi belle dame !

    Ce désir passionné, juste au bord de la mer,
    Donnera à ta bouche un bouquet doux-amer.
    Ce rouge flamboyant me rappelle à ton corps
    Deux sommets turgescents qui résonnent d’accord.

    Coquelicots lumières
    Exposent ta bannière !
    Coquelicots vermillon
    Sont ton plus beau pavillon !

    N’est-il plus bel hommage que ce bouquet en flammes ?
    Ni plus bel allumage pour ton désir, ma dame ?
    Rejoins-moi dans les dunes je m’en vais t’apaiser,
    Juste dessous la Lune, te couvrir de baisers.

    Coquelicots en flammes,
    Ta plus belle oriflamme !
    Coquelicots flammeroles,
    Enlève tes banderoles !

    La suite est délectable mais je n’ai pas le droit
    De la conter ici, ce serait maladroit !
    Mais le Kama Sutra en aurait profité
    D’ajouter un chapitre pour la postérité !

    Coquelicots en flambeau,
    Hissez-haut le drapeau !
    Coquelicots chandelle,
    Pour notre ritournelle !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La fée clochette

    La fée clochette

    Pourquoi la fée clochette regarde-t-elle en arrière ?
    A-t-elle des regrets ou le cœur accroché ?
    Je voudrais bien savoir, regarder en arrière,
    Elle a sans doute encore un homme à son crochet…

    Pourquoi ce regard triste qui la rend nostalgique ?
    Je la vois hésiter, les ailes ébouriffées.
    Sa baguette étoilée et sa poudre magique
    N’ont pas pu redorer son âme dégriffée.

    Son aura de couleur est bien trop décalée.
    Toute sa poudre d’or se détache du corps.
    Son âme est détachée, sa peau est écalée,
    Son charme est brisé, il est en désaccord.

    Je vais prendre sa main, lui montrer le chemin
    Que lui dicte son cœur, pour faire son bonheur.
    Je signerai demain au bas d’un parchemin
    Que j’ai été témoin en tout bien tout honneur.

    Je l’ai connue jadis dans une île perdue,
    Accostée par erreur quand j’étais voyageur.
    Je sais qu’elle a aimé, d’un amour éperdu,
    Un beau navigateur à l’esprit ravageur.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’ange aux colombes

    L’ange aux colombes

    Livre-moi ton message, ma blanche colombe !
    Donne-moi des nouvelles ! Comment va le monde ?
    Transmets-moi les dépêches, ma jolie palombe !
    Dis-moi s’il est plongé dans la misère immonde ?

    Je suis aveugle et sourd à la méchanceté.
    Je ne vois que l’amour, je n’entends que la paix.
    Mais il faut que je sache avec sincérité,
    Écouter les prières, sonder tous leurs aspects.

    Livre-moi ton courrier, ma blanche colombe !
    Parle-moi des humains et de leur destinée !
    Donne-moi tes missives, ma jolie palombe !
    Sont-ils encore en guerre, sont-ils prédestinés ?

    Moi, je n’ai pas choisi de me réincarner.
    Je suis là pour aider, soigner et soulager.
    Je suis immatériel, je suis désincarné.
    Mais je suis au service de l’humanité.

    Apporte-moi leurs quêtes et toutes leurs prières !
    Il faut que je parvienne à adoucir leurs peines !
    Présente-moi leurs larmes dont tu es trésorière
    Et j’inoculerai le bonheur dans leurs veines.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’île aux fées

    L'île aux fées

    Monde clos abordé un jour par accident
    Nulle route n’aurait jamais pu m’y conduire
    Et même en navigant d’orient en occident
    Nulle carte n’aurait su comment m’introduire.

    Cap au septentrion un soir de pleine Lune !
    La loi du maelström m’a livré un message ;
    Dans la furie des flots des démons de Neptune,
    Dans l’œil de l’ouragan apparut le passage !

    Sortie droit des ténèbres et déchirant la nuit,
    Une île est apparue dans l’aurore sans doute.
    Sur la plage sauvage trahissant mon ennui,
    Les douze fées farouches me barrèrent la route.

    Ô fées ! Fières guerrières ! vous m’avez étonné,
    Toutes vêtues de nacre et de jolis colliers !
    Vos armes sont mortelles et m’ont aiguillonné ;
    Si je succombe en rêve, ne veux plus m’éveiller.

    Connais-tu ce village où habitent les fées ?
    Tout autour de la plage, monté sur pilotis,
    Au milieu de jardins pour le plus bel effet,
    Là tu es en visite chez les fées du logis.

    Ce monde est un mystère sous la voûte dormante.
    La boussole est muette et les repères manquent.
    Dans l’encre de la nuit les constellations mentent,
    Ni étoile polaire, ni croix du sud, ni Ânkh !

    Impossible à atteindre, impossible à quitter !
    Ce piège est très complexe et l’énigme est majeure !
    L’imprudente arrivée ne sera acquittée
    Qu’à condition d’oser relever la gageure !

    J’ai aimé l’une d’elles, mon cœur s’est accroché.
    C’était, et la plus belle, et la plus inspirée !
    C’était la plus farouche mais j’ai su l’approcher
    Et nous avons vécu un amour désiré.

    Pour l’amour d’une femme et sceller notre pacte,
    J’aurais pu implanter ma nouvelle patrie.
    Mais la belle a choisi d’accomplir un bel acte,
    M’a révélé comment recouvrer ma fratrie.

    Si j’y suis arrivé pour mon premier voyage,
    C’était pour conquérir, là, mon droit de passage.
    J’ai appris la maîtrise et acquis le langage ;
    Et j’ai pu m’échapper par l’étoffe du sage.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Départ d’automne

    Départ d’automne

    Mon cœur est en automne et, au fil des saisons,
    Mes langueurs monotones ont vaincu ma raison.
    J’ai les larmes amères à voir passer les jours,
    Les bonheurs éphémères ont quitté mon séjour.

    Un vent triste murmure et souffle à mon oreille.
    Il m’engourdit de fièvre à nulle autre pareille.
    À ma tête fragile s’agrippe le vertige
    Et m’emporte au regret des feuilles qui voltigent.

    Tout l’espace est fugace et mon esprit implose.
    Tout le temps se distend et mon âme explose.
    Tout mon corps est éponge et absorbe l’absence,
    Puis renvoie au néant ma consciente impuissance.

    Et je vis dans l’attente d’un présent affligé,
    L’avenir absorbé des oublis infligés,
    Et je noie le poison de ma pathologie
    Dans la liqueur acide de la psychologie.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La plage aux galets

    La plage aux galets

    Quand les vagues rigolent en frappant les galets,
    La gaieté éclabousse et douche mon chevalet.
    Quand j’enduis mes blessures et peins mes meurtrissures,
    La houle dégouline jusque dans mes chaussures.

    Comme une fée mutine à la vague taquine,
    Elle déferle en riant et s’enfuit, la coquine !
    Moi d’abord je rouspète puis après je souris
    Comme dans un harem au milieu des houris.

    Regardez dans l’écume la frêle silhouette,
    Elle fait rire les pierres et toutes les mouettes !
    Elle se nourrit des pleurs et de tous mes malheurs,
    Elle mouille, elle glousse et poursuit les râleurs !

    Après m’avoir trempé, après m’avoir souillé,
    J’ai tant dégouliné que mon cœur s’est mouillé.
    Elle a lavé mes plaies d’un rire éclaboussant
    Et maintenant je l’aime d’un amour moussant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vers l’horizon

    Vers l’horizon

    Là-bas où tout s’enfuit comme un monde en exode,
    Là-bas sur l’horizon où tout devient infime,
    Tout parait disparaître au dernier épisode,
    Tout semble s’échapper comme dernière rime.

    Aussi puissants soient-ils, infinis Léviathans,
    Lorsqu’ils franchissent enfin cet ultime cantique,
    Changeant de dimension, sous le feu de Satan,
    Ils troquent la physique en mécanique quantique.

    Ici et maintenant, je vis dans le présent.
    Là-bas c’est différent, presque insignifiant.
    Ici c’est mon conscient qui est omniprésent,
    Là-bas c’est l’inconscient et c’est édifiant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le goéland

    Le goéland

    Au-dessus des nuages, au-dessus de la terre,
    Il prend de la hauteur pour une vue d’ensemble.
    Il voit bien au-dessus de nos vies solitaires,
    Il pique sur sa proie et dès que bon lui semble.

    Admirez la sagesse innée du goéland,
    Aussi bien sur les terres, aussi bien sur les mers !
    Il s’élève très haut pour prendre son élan,
    Il n’a aucun chagrin d’une vie éphémère !

    Il vit entre deux mondes, entre deux dimensions.
    La mer est son vivier, son panier de poissons.
    Le ciel est sa maison, l’espace est sa pension.
    Juste sur l’interface, il cueille sa moisson.

    À quoi pense l’oiseau qui vole dans le ciel ?
    Il n’a pas peur du manque, il n’a pas d’ambition,
    Il n’a pas à chercher de goût artificiel,
    Il vit au jour le jour sa vie d’inspiration !

    Tous sont de même rang, tous de même altitude.
    Pas de sexe inférieur, plus ou moins supérieur.
    Le mâle à sa femelle est de même attitude.
    Pas de rôle antérieur ni même postérieur !

    Ne croyez surtout pas qu’ils n’ont pas de conscience !
    Ce serait avouer que votre intelligence
    Ne sert qu’à abuser, à faire bonne audience,
    Plutôt qu’ouvrir son cœur, montrer de l’indulgence.

    Il peut aller très loin en suivant les bateaux
    Il sait s’orienter en tout point de la terre
    La mer est son royaume, la plage son château
    Le ciel est son domaine, il est propriétaire

    Ils n’ont aucun besoin des autres pour survivre
    Ils sont tous autonomes et tous égaux en droits
    Pas besoin d’attaquer, pas besoin de poursuivre
    Le bien de son prochain et le meilleur endroit.

    Sentir mon corps porté, soutenu par les airs,
    Le cœur aussi léger que l’amour à vingt ans !
    L’esprit décontracté dans la voie du désert,
    L’âme accordée au vent d’un matin de printemps !

    Mais l’oiseau n’est pas dupe, il sait que je l’observe.
    Mais il n’en a que faire, ne se prétend pas Maître.
    Il vit sa vie d’oiseau niché sur sa réserve,
    Ne cherche ni à briller encore moins de paraître.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La fille aux voiles

    La fille aux voiles

    Femme aux mille secrets, tu joues avec les masques,
    Tu maquilles tes traits à demi dévoilés !
    Femme de comédie, ton esprit est fantasque,
    Tu mystifies tes proies sous le ciel étoilé !

    Femme aux mille atours, tu éblouis les yeux
    De tous les amoureux qui cherchent ton amour !
    Femme de séduction, de ton corps merveilleux
    Tu sais les emballer avec un peu d’humour !

    Femme aux mille douceurs, tu t’enduis de fragrances
    Pour l’ivresse des sens et l’attrait de tes charmes !
    Femme mystérieuse, ta plus belle apparence
    Envoûte tes victimes et provoque les larmes !

    Femme aux mille merveilles, tu caches tes valeurs
    Pour les surestimer à la meilleure enchère !
    Femme un peu magicienne, tes filtres enchanteurs
    Ont brûlé tous les cœurs par tes tours de sorcière !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Farandole aux poissons

    Farandole aux poissons

    Aïoli sur le port de Marseille un dimanche
    Bouillabaisse en terrasse et un Entre-deux-mers
    Cabillaud du marché à la sauce Outre-Manche
    Dorade à l’étouffée et aux amandes amères

    Espadon au Porto de la Mère Michel
    Filets blancs de Flétan flambés à l’armagnac
    Grenadier impérial à la romanichel
    Harengs de la Baltique embrasés de cognac

    Lotte au riz nationale pour les plus démunis
    Morue à la brandade à la mode nîmoise
    Orphie-Californie comme aux États-Unis
    Paella du homard bleu mais à la québécoise

    Raie sauce au beurre noir à la Maryvonaise
    Sole meunière au four en gratin dauphinois
    Thon tchi-tchi « Saint-Malo » et à la Mayonnaise
    Veau de mer tahitien au coco et aux noix

    Zarzuella de calmars pour faire bonne mesure
    C’est une invitation à guetter la marée
    Farandole aux poissons c’était de bon augure
    Pour l’escale vitale à ma table amarrée

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Tournesol ouvert sur la vie

    Tournesol ouvert sur la vie

    Comme un regard porté sur ma vie si fragile,
    Une tête penchée sur ma réalité,
    Cette fleur de soleil qui poussait sur l’argile
    A dardé ses rayons sur ma moralité.

    Projecteur de lumière, fidèle sémaphore !
    Tous mes trésors cachés que j’avais amassés,
    À ta torche embrasée au soleil de l’aurore,
    Paraissent déshabillés sur des draps damassés.

    Cette fleur insidieuse à mon intimité
    Pourrait être fatale, impure sainteté,
    Et porterait ombrage à ma timidité
    Si je n’avais confiance en son honnêteté…

    Et pourtant cette fleur malgré mes précautions
    A su trahir l’amour que j’avais dans le cœur
    Et pour la vanité de sa propre promotion,
    A livré mes désirs secrets au chroniqueur !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le vilain petit canard jaune

    Le vilain petit canard jaune

    Mais qui couine si fort dans la mare aux roseaux,
    Enfoncé dans la mousse, barbotant à vau-l’eau ?
    C’est un vilain canard rejeté des oiseaux
    Qui clame sa détresse à coup de trémolos !

    Son père est un beau cygne fier de sa majesté
    Mais sa mère est indigne et n’a pas supporté
    Qu’au moment de ses noces, elle soit contestée.
    Et la cane a ri jaune et puis s’est emportée !

    Le caneton topaze n’a pas trouvé d’amis.
    Les petits poussins jaunes l’ont trouvé bien vilain,
    Les canards à cols verts l’ont traité d’infamie,
    Tous le rejettent en masse, tous le houspillent en vain.

    Il n’est pas vraiment cygne et pas vraiment canard…
    Différentes racines font pire cauchemar.
    Elles sont trop distinctes, ce n’est pas le panard
    Et l’oiseau les ignore et devient goguenard !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Trio de barques

    Trio de barques

    L’une rêve à la Punta !
    L’autre rêve à la Nina !
    La troisième ne rêve pas,
    C’est la Santa-Maria !

    Elles ont uni leurs couleurs,
    Les trois barques de lumière !
    Elles ont uni leurs valeurs,
    Elles en portent la bannière !
    Elles vogueront ensemble
    Sous le soleil de midi,
    D’une voix qui les rassemble,
    Parleront sans perfidie.

    Un trésor de découvertes,
    Émeraudes et diamants,
    Est caché dans l’île verte,
    Sur la plage des amants.

    Seul celui qui aura le cœur
    De risquer son avenir,
    Sera vraiment le vainqueur,
    Rien ne peut le retenir !

    Car c’est bien de la lumière
    Des trois barques réunies,
    Que jaillira la lumière
    Du sol des États-Unis.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Hurlements & grondements

    Hurlements & grondements

    Quand la mer devient verte d’une aigue-émeraude,
    Quand les nuages grondent dans le ciel obscurci,
    Mêlés d’encre marine où les monstres maraudent,
    L’océan vient combattre les marins endurcis.

    Quand Jupiter se fâche à grands cris de tonnerre,
    Tous les marins redoutent ses javelots de foudre.
    Il repère ses proies de ses flashes luminaires,
    Fait cracher ses canons et fait parler la poudre.

    Neptune, fin stratège, lance alors ses renforts.
    Par des vagues immenses d’une houle opportune,
    Par bâbord et tribord, il brise les amphores,
    Et les pauvres marins jaugent leur infortune.

    Éole, enfin, déclenche la troisième légion ;
    Météorologie de typhons et cyclones,
    Hurlements de tornades sur toute la région,
    Du cruel Dieu des vents périlleux et ses clones.

    Les colères de la mer sont toujours très sévères.
    La planète en furie fait beaucoup de ravages.
    Nul n’en comprend la cause mais tous voient le calvaire
    Des navires affrontant l’immensité sauvage.

    Demain les hurlements auront laissé leur trace
    Ils céderont la place au silence de la mer
    Les grondements auront replié leur cuirasse
    Alors viendra le temps des regrets, de l’amer.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vénus aux rochers

    Vénus aux rochers

    J’ai épousé la mer, j’ai marié la sirène
    Nous nous sommes connus une nuit sans étoile
    Elle est de sang royal et d’âme souveraine
    Elle prend des bains de Lune et couche sous mes voiles

    Cet échange de sang n’est pas un accident,
    Il a été gravé sur notre destinée.
    Notre histoire est connue d’orient en occident
    Et notre engagement était prédestiné.

    Ma princesse vit nue au milieu des rochers,
    Juste une fleur plantée dans ses cheveux au vent,
    Coquillages nacrés aux lobes accrochés,
    Maquillée de rosée et de fards innovants.

    Elle vit de soleil et de rayonnement,
    La Lune est son croissant, le ciel son élément,
    La mer est son berceau, son enracinement
    Et moi je la nourris tous les jours en l’aimant.

    Son corps est un hommage à sa mère la Terre,
    Ses seins sont des fruits d’or au sirop excitant,
    Son ventre cache un trésor, creuset humanitaire,
    Et j’y verse la vie de mon cœur palpitant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vagues de Pleine Lune

    Vagues de Pleine Lune

    Les nuits de pleine Lune lors des grandes marées,
    Les êtres allégoriques viennent se retrouver,
    Venant des profondeurs dans les flots chamarrés,
    Entre mer et éther, l’élément approuvé.

    Les sirènes se dorent sous la clarté lunaire.
    Tous les hommes-poissons coulent les mécaniques.
    Des galères fantômes, plongent des légionnaires,
    Éternels estivants du monde océanique.

    Tous les corps se déforment sous la Lune d’argent,
    Tous les vivants sont morts et les morts sont vivants,
    Dans la lumière étrange je les vois émergeant
    Parmi les naufragés et quelques survivants.

    Les écluses du ciel sont aussi grand-ouvertes.
    Des nuages d’ébènes, je les ai vus descendre,
    Ces oiseaux des ténèbres aux ailes recouvertes
    Et le Phénix d’argent ressuscité des cendres.

    Ils se quittent à l’aube pour la prochaine Lune.
    Les êtres de lunaire rejoignent Jupiter.
    Les sirènes en chantant retournent vers Neptune.
    Et reviendront bientôt, m’a dit le sapiteur…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le tournesol phare

    Le tournesol phare

    Cette musique sourde d’une oreille muette
    Prolonge la clameur d’un concert de lumière.
    Trompette du Soleil, scintillante allumette,
    J’écoute la clarté de ta flamme première.

    Pour qui d’autre que moi dardes-tu de tes phares
    Les feux de tes miroirs constamment dirigés,
    Qui fait virevolter l’éclat de la fanfare
    Qui rend mon cœur ouvert et mon âme érigée ?

    Dans la vallée de l’ombre je me laisse guider
    Par ta boussole d’or et tes faisceaux cuivrés.
    Je n’ai pas la raison, juste une vague idée,
    De ma quête actuelle, mais je suis délivré.

    Quand le manteau de nuit rend mon corps larmoyant,
    Les vestales couchées m’en renvoyant la flamme,
    Je me réchauffe auprès de leur cœur rougeoyant,
    J’en deviens le gardien et j’en suis l’oriflamme !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La maison du pécheur

    La maison du pécheur

    Coiffée d’un toit de chaume, allongée sur la plage,
    Solidement ancrée sur les rochers de grès,
    Escortée de deux barques, insolite accouplage,
    Elle guette les marées et note ses degrés.

    Témoin mélancolique, endurcie, solitaire,
    La cabane a gardé tous ses ressentiments.
    Elle s’est refermée, quatre pieds dans la terre,
    Comme un palais de glace, plantureux bâtiment.

    Mais quels sont les problèmes qui ont chargé la maison
    Créant ce cœur de pierre muré de l’extérieur ?
    Quel est le responsable qui connait la raison ?
    Quel est le vrai coupable tapi à l’intérieur ?

    Mais au cours des marées la puissante demeure
    A connu bien des vagues et des larmes de fond,
    Elle a senti passer des souffrances majeures
    Qui ont libéré son cœur et son chagrin profond.

    Aujourd’hui la cabane sait bien mieux s’assumer
    Et ne plus accuser de sa rigidité.
    Cette reconnaissance seule a pu consumer
    Le dégel commencé de sa frigidité.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les soldats de la mer

    Les soldats de la mer

    Les guerriers de lumières se parent de couleurs.
    Les plus fiers se tatouent pour montrer leur courage.
    Ils agitent leurs mâts insensibles aux douleurs.
    Ils vérifient leurs coques et jaugent leur encrage.

    Demain c’est la bataille et les plus valeureux
    Rentreront de la mer les paniers bien remplis.
    Ils nourriront les leurs d’un élan chaleureux
    Et s’ancreront au port le devoir accompli.

    Chevauchant la marée, cette armada sauvage
    S’est lancée à grands cris bravant les retombées.
    Brandissant les filets, frisant mille naufrages,
    Mais la poupe vaillante et les voiles bombées !

    Regardez-les rentrer tous ensemble en silence !
    Les coques fatiguées, les mâts dodelinant !
    Certains portent les marques d’une rare violence,
    Les soutes surchargées, les voiles dégoulinant.

    Venez les écouter chanter leurs performances !
    Les soldats épuisés répandent leurs victoires.
    Leur ivresse est profonde et leur joie est immense,
    Les exploits audacieux gravés dans les mémoires !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Barque qui rêve

    Barque qui rêve

    Je l’ai vue bien souvent, parfois à la dérive
    Sur les eaux endormies du port de la madrague.
    À quoi peut bien rêver, éloignée de la rive,
    Une barque ondulant agitée par les vagues ?

    Le bleu de sa carène déteint dans son sillage.
    Un blues empoisonné colore son espace,
    Laissant au gré de l’eau, la fée du nettoyage,
    Consoler les dommages que la marée efface.

    Je sais, de son silence, interpréter le sens ;
    Pour laisser à la vie une autre destinée,
    Les pleurs dégoulinés en ont souvent l’essence
    Et les rides de l’eau étaient prédestinées.

    Elle fuit tous les bruits vibrant sous le brassage.
    Elle a besoin de calme et de sérénité.
    Les courants des marées lui offrent les massages
    Qui apaisent sa coque et sa féminité.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Encore des coquelicots

    Encore des coquelicots

    Impudiques fleurs nues aux ombrelles écarlates
    Vous m’avez inspiré mille-et-une passions !
    Vous savez si bien dire en parlant le galate
    Les mots qui m’ont touché de tendre compassion !

    Vous m’avez indûment invité à vous plaire.
    Vous m’avez dans le cœur semé cette émotion
    Qui fait qu’en vous voyant, c’est intracellulaire,
    Mes sens saturent l’âme de forte commotion.

    Ces jupes incarnat sur vos tiges élancées,
    Auréolées d’une âme cachée dans le silence,
    Hypnotisent et mes yeux et toutes mes pensées
    Aréolées du feu d’un désir d’imprudence.

    Après m’être enivré des effluves embaumés,
    Après l’effleurement du grain de vos pétales,
    Je m’abandonne enfin prêt à être empaumé,
    Après l’affleurement de vos jolis sépales.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le bouquet de coquelicots

    Le bouquet de coquelicots

    Joie des coquelicots au détour d’une allée.
    Ils s’étaient évadés du pied de ta muraille.
    Ils chantaient l’émotion des parfums inhalés
    Tranchant l’austérité de ta haie de pierrailles.

    Harmonieusement, de rouge effervescent,
    Il m’attise le cœur, il réjouit mon âme.
    Il est comme un enfant, comme un adolescent,
    Plein de vie et d’amour des fleurs anémogames.

    Éblouissantes et nues, Ô beauté naturelles,
    Vous frappez d’émotion, de façon si puissante !
    Je ressens dans mon cœur la pensée maternelle
    Qui m’offre son rappel de fleurs éblouissantes !

    Beautés inattendues qui flattent le regard,
    Le souci du détail est partout respecté !
    Beautés intemporelles surgies, sans crier gare,
    Pour changer tous les jours et mon cœur affecter !

    L’énergie dégagée dans une intensité,
    Écarlate d’éclat de la fleur bien-aimée,
    Comme pour recueillir avec sérénité
    Une pensée profonde des amours essaimées.

    Tu sors en euphonie de ce morceau de terre.
    Monte à l’assaut du ciel, toi, le bouquet pionnier !
    Comme le nouveau-né qui est né de sa mère
    Et qui à chaque fête se fait son chansonnier.

    Pas une fleur coupée n’endeuillera ma liesse.
    Ce bouquet pour ton cœur, je l’ai mis en poème.
    Regarde-le souvent dans tes jours de vieillesse.
    Il te rappellera alors combien je t’aime.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La barrière entre deux mondes

    La barrière entre deux mondes

    Plantée entre deux mondes, la barrière éternelle
    N’est pas simple frontière mais schisme sexuel.
    L’option de la nature, si évolutionnelle,
    A divisé l’humain en mal conflictuel.

    L’être humain aujourd’hui se dit civilisé
    Mais chacun dans son coin lutte pour le pouvoir.
    Le conflit est bien loin d’être stabilisé,
    Chacun veut diriger et s’auto-promouvoir.

    Le mâle dominant serait de force brute,
    Cherchant des solutions à la course du temps.
    La femelle est plus douce, elle observe, elle scrute,
    Elle est plus à l’écoute d’un cœur compatissant.

    Le mâle est un chasseur dans la compétition,
    Toujours prêt à partir combattre l’ennemi.
    La femelle est sociale et dans l’éducation,
    Cyclique dans sa vie et son académie.

    Le mâle n’ose pas, il a honte à montrer
    Son être intérieur, sa vraie féminité.
    La femelle se cache sans vouloir démontrer
    Qu’elle rêve de force, de masculinité.

    Homme doué d’esprit, où est ton avantage
    Si tu n’arbitres pas avec ces deux parties ?
    Femme douée de cœur, ne fais pas de chantage
    Et vois l’hégémonie du pouvoir réparti !

    Ce sont leurs énergies tout à fait fusionnelles
    Qui font le patrimoine de l’humanité.
    Ceux qui établiront la voie relationnelle
    Seront les vrais humains devant l’éternité.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La fleur aux trois pétales dans ma main

    La fleur aux trois pétales dans ma main

    L’Âme est très abstraite
    Aime être distraite
    L’Hymne pour l’amour
    L’Homme pour la Femme
    Hument l’air ensemble

    L’Amante est secrète
    L’Amie amourette
    Lame guillerette
    Les mots pirouettent
    La mue est discrète

    Âme Ô ma sœur Âme
    Aime où ton cœur aime
    Homme sweet Homme
    Femme douce femme
    Mus d’un même amour

    Amie si émue
    Aux mots du Lama
    Amour de ma vie
    Amitié aussi
    Amusent ma muse

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les Tours de l’Émotion (ou les Tours de Saturne)

    Les Tours de l’Émotion (ou les Tours de Saturne)

    Elles sont austères et taciturnes,
    Elles font la limite du temps,
    Ce sont les deux tours de Saturne,
    Elles rassurent les débutants.

    Elles symbolisent tes défenses,
    Ton besoin de sécurité.
    Elles font barrière aux offenses,
    Elles t’offrent la stabilité.
    Ce sont des tours émotionnelles,
    Elles sont l’amour, l’amitié.
    Elles sont aussi rationnelles,
    Ta lumière et ton bénitier.

    À ton corps, la plus forte rassure,
    Elle te donnera le bras,
    Elle guérira tes blessures
    De la morsure des cobras.

    À ton cœur, elle sécurise
    Tes émotions, ton affectif.
    L’insécurité n’a plus prise,
    La paix règne dans ton collectif.

    Elle soutiendra ta structure,
    Elle vieillira avec toi.
    Elle représente la droiture,
    Elle en supportera le poids.

    À ton âme, la seconde lame
    T’oriente dans tes tourments.
    Elle demeurera ta flamme,
    Ta boussole, ta rose-des-vents.
    Pour pouvoir en briser la croute,
    La tour t’ouvre l’éternité.
    Elle te montrera la route,
    Le chemin de la sérénité.

    La tour est très spirituelle,
    Elle t’offre la plus belle vue,
    Une vision continuelle,
    Bien au-delà des déjà-vus.

    Elles supportent les coups ensemble,
    Elles repoussent tes ennemis.
    Et d’ailleurs, elles te ressemblent,
    Elles sont ton amant, ton ami.

    Tour Lumière, tour Émotionnelle,
    Vous êtes les gardiens de la vie.
    Ce sont tes fidèles sentinelles,
    Ton portail et ton pont-levis.
    Pour toujours les deux tours de pierre
    seront debout dans le levant.
    L’affectif peut tirer en arrière,
    Tes tours seront toujours devant !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Nature italique

    Nature italique

    Si j’ai quelque chose à vous dire,
    Je vous le dis avec des fruits.
    Je ne vais pas me contredire ;
    Écoutez-moi, je vous instruis.
    Selon l’humeur qui me dérange,
    Je prendrai deux ou trois oranges.

    Si j’ai l’humour qui me taquine,
    Je prendrai quatre mandarines.
    Pour écrire une lettre grave,
    Je prends un blues de betterave.
    Pour dévoiler mes sentiments,
    je prends le rouge d’un piment.

    Si c’est pour des condoléances,
    J’ai le brou de noix de Provence.
    J’ai, pour écrire des poèmes,
    Le vert d’olivier de Bohème.
    Si la consternation m’assomme,
    Je fais la compote de pommes.

    Pour retrouver mon cœur d’aztèque
    Il me faut toute une pastèque.
    Pour caresser un mamelon,
    Juste une tranche de melon.
    Mais pour baiser, il faut me croire,
    Rien ne vaut un kilo de poires !

    Pour que la belle dise « oui »,
    Pensez à manger du kiwi.
    Et pour séduire les nanas,
    Mangez des tranches d’ananas.
    Que faut-il faire en cas de panne ?
    Prévoyez trois belles bananes.

    Et si vous préférez les brunes,
    Comme moi, grignotez des prunes !
    Pour faire un slow avec Mireille,
    J’ai pris des grappes de groseille.
    Pour un encart avec Thérèse,
    J’ai toujours mes plus belles fraises.

    Pour faire l’amour à Françoise,
    Rien n’est plus sûr que les framboises.
    Pour embrasser avec la langue,
    Au préalable, mangez des mangues !
    Ces belles lettres romantiques,
    Depuis la vieille Rome antique,

    C’est dans ces fruits d’Adriatique,
    Qu’est la vraie nature italique.
    Prenez le goût de l’authentique
    Avec tous ces fruits exotiques
    Choisissez la touche artistique
    Et croquez les fruits érotiques.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les chrysanthèmes bleus

    Les chrysanthèmes bleus

    Un souvenir éternel accroché à ma mémoire
    Comme un trousseau amoureux préservé dans une armoire,
    Dans un livre de cuisine ou dans les meilleurs grimoires,
    Font les meilleurs ustensiles et les meilleures écumoires.

    Souvenir d’une beauté, la plus belle de la ville,
    Des frous-frous et des pompons et un petit air tranquille.
    Je la rejoignais souvent avec mon p’tit baise-en-ville.
    Nous vivions dans le secret, notre petit Vaudeville.

    Les études coûtaient cher nous n’avions pas de fortune
    Et pour payer ses études, elle fut bien opportune
    D’ôter un peu ses frous-frous pour avoir un peu de thune
    Elle gardait ses pompons branchés autour de sa lune…

    Et quand elle s’effeuillait, c’était avec bonne grâce,
    Une belle plante heureuse, qui savait laisser la trace
    D’une ineffable beauté qui n’avait point de disgrâce.
    La fine de barbarie d’une jolie plante grasse !

    Pour prolonger ses attraits et payer ses magasines
    Elle savait adapter les recettes de cuisine.
    Après avoir provoqué l’orgasme de Mélusine,
    Elle me mijotait des mets qui ravissaient les voisines

    Juste habillée de pompons et de ruban bleu-marine,
    Rien n’est plus beau que ses mains qui pétrissent la farine !
    Rien n’est plus aromatique que les sucs dans sa crépine !
    C’est la princesse étoilée, à poêlée, la ballerine !

    Tous ces chrysanthèmes bleus harmonisent mes pensées
    Des souvenirs merveilleux pour trois pièces dépensées.
    J’aime toujours Mélusine, sa cuisine a compensé
    D’avoir jeté ma soutane et j’en suis récompensé !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La mare fleurie

    La mare fleurie

    Le silence est tombé cette nuit sur la mare.
    Les grenouilles en deuil vivent un cauchemar.
    La crevaison soudaine et tout le tintamarre
    D’un stupide animal, un idiot, un vantard.

    Pour ressembler aux princes, riches de connaissances,
    Une pauvre reinette, venue sans importance,
    S’est embellie d’orgueil et, dans l’effervescence,
    A confondu la taille avec la compétence.

    Elle s’est efforcée pour être à leur image
    De se gonfler d’éther à force de ramage.
    Si bien que bien avant de l’être davantage,
    Elle s’est éventrée à son désavantage.

    Ceux à qui elle avait voulu s’apparenter
    N’en ont même pas eu ni chagrin, ni pitié.
    Ils s’en sont amusés sans être tourmentés,
    Ce n’était là pour eux, qu’éphémère amitié.

    Les siens ont recueilli sa peau éparpillée,
    Honoré sa mémoire sans même la houspiller.
    N’est ce point grand dommage de voir tant gaspillée
    Toute une éducation et la voir torpillée ?

    Les gerbes, les couronnes, tous les bouquets de fleurs
    Rendent un dernier hommage à l’animal gonfleur.
    Les lucioles brillent à l’abri des souffleurs
    Et la mare est fleurie d’un vent écornifleur.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La nostalgie de la fuite

    La nostalgie de la fuite

    Frêle bateau sur l’eau qui va à la dérive
    Tandis qu’au fil du rêve, le voyageur arrive.
    Partir est un remède au gré de son navire,
    Filer droit devant soi, sans regarder la rive.

    J’étais ce voyageur qui parcourait en rêve
    Des rivages impossibles, des périples sans trêve,
    Abandonnant son monde, le laissant sur la grève,
    Fuyant l’autorité, les ordres « Marche ou crève » !

    Vivre sa vie en rêve comme procuration
    N’est pas la solution mais une aberration.
    Mais la fuite préserve et, de l’aliénation,
    Permet la sauvegarde, une amélioration.

    Bientôt le fugitif découvre son naufrage.
    Il arrête sa fuite, empoigne son courage.
    Il fixe l’horizon renforce son ancrage
    Pour sa métamorphose, son nouveau démarrage.

    Il a tellement vu, acquis de connaissance,
    Tout ce qu’il a glané dans sa convalescence
    Guide son intuition, devient incandescence
    Pour diriger ses pas avec luminescence.

    Autrefois voyageur, aujourd’hui conquérant,
    Partout où tu regardes, ton cœur est requérant.
    Il a forgé ton corps aujourd’hui différent
    Et tu sais dénouer tes nombreux différends.

    Nostalgie de la fuite, mes souvenirs d’antan.
    Je vis dans le présent, ici et maintenant.
    J’accepte mon destin et j’en deviens le maître.
    Le sage, quelque part, est en train d’apparaitre.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La porteuse d’eau

    La porteuse d'eau

    Juste au pied de la tour qui côtoie les étoiles,
    Elle avance inconnue, cachée derrière son voile
    Qui enclave son corps drapé dans cette toile
    Qui la tient au secret, jamais ne la dévoile.

    Elle est juste un maillon composant de noria,
    Native du mythique royaume d’Almeria.
    Puis aux sources du Nil, aux chutes Victoria,
    Là-bas elle a connu la vraie passionaria !

    Désormais tous les jours, du levant au couchant,
    Elle part à la source, d’un air effarouchant,
    Transporter l’eau du puits de son cœur accouchant,
    C’est là toute sa vie, regardez, c’est touchant !

    Origine du monde, mère de l’humanité,
    Tu es devenue l’esclave et la propriété
    Du peuple que tu as par toi-même enfanté.
    Pour lui, tu t’es soumise en toute humilité.

    Mais bientôt tu te lèves à l’appel de tes filles
    Et tu reprends ta place, tu brises ta coquille.
    La chenille a quitté son cocon, sa Bastille.
    Tu redeviens la femme reine dans la famille.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le pot des pensées oubliées

    Le pot des pensées oubliées

    Quand je rentre chez moi, à côté de la porte,
    Niché dans une alcôve, c’est ici que j’apporte
    Mes pensées oubliées comme la feuille morte.
    Et dans ce pot je jette tous ces maux qui m’escortent.

    Quand la nuit est tombée sur tous mes souvenirs,
    Vient la lune d’argent prête intervenir.
    L’alchimie mystérieuse change mon devenir
    Et la métamorphose influe mon avenir.

    Tout semblable au levain qui fait monter la pâte,
    Pareil à la levure qui fermente le malt,
    Une transformation façon homéopathe
    Agit sur le bouquet et ses fleurs de Cobalt.

    J’y mets une pensée pour celle que j’embrasse,
    J’y ajoute un souci qui vraiment m’embarrasse,
    J’y mets mes impatientes et je m’en débarrasse,
    Enfin mes immortelles et j’en demande grâce.

    Ce soir j’y ai versé mes pensées négatives,
    Toutes mes émotions non communicatives.
    Ce matin rejaillissent des pensées positives,
    J’ai le cœur apaisé et l’âme créative !

    Je t’offre ce bouquet, mets-le dans ta maison.
    Déposes-y ton cœur, ignore tes raisons.
    Toutes pensées futiles feront la floraison,
    Fourniront ton bonheur et sans comparaison !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’ange déchu

    L’ange déchu

    Il est l’ange déchu, il a perdu ses ailes,
    Il a trahi l’amour par un excès de zèle.
    Pour une femme-enfant au cœur de demoiselle,
    Il a trahi les siens, son nom est Yeiazel.

    Il n’est pas très méchant, juste un ange souffrant
    Qui n’a pas trouvé mieux après être l’offrant
    De blesser les humains d’un orgueil un peu franc,
    Afin de soulager son propre châtiment.

    Il est anorexique, même un peu anémique,
    Autiste envers ses proches, surtout patronymiques.
    Pour gérer ses souffrances assez tragicomiques,
    Il a semé le mal et c’est cataclysmique !

    N’y a-t-il d’autre moyen pour trouver le bonheur
    Que d’affliger les autres dans un profond malheur ?
    Être épanoui heureux appelle aux zizaneurs
    À chercher noise aux autres, médire à l’extérieur ?

    Il était le plus beau et le plus prometteur !
    L’auréole a terni, il n’est plus émetteur.
    Ange de compassion, il n’est plus transmetteur.
    Il exhorte l’amour mais ce n’est qu’un menteur !

    N’est-il pas humiliant de savoir qu’un nanti
    N’aime pas que l’argent, mais d’être garanti
    D’être seul à jouir et rester pressenti
    à vivre intensément ; les autres au ralenti.

    J’ai longtemps eu du mal, pouvoir m’imaginer,
    Ce qui fait le méchant, qui l’a incriminé.
    Mais son cœur a souffert ; et cette âme ruinée
    Cherche à nous entraîner et nous contaminer.

    « Il n’y a pas de personnes méchantes. Il y a seulement des personnes souffrantes qui n’ont pas trouvé d’autres moyens que de blesser les autres pour gérer leur propre souffrance. Quand nous sommes épanouis et heureux, avons-nous envie de chercher des histoires aux autres ? »
    Catherine Ikalayos

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La musicienne bleue

    La musicienne bleue

    Dotée d’une voie stridente, mademoiselle est troublante.
    Deux yeux profonds qui enchantent le cœur et l’âme galante.
    Une bouche alléchante sous deux pommettes saillantes,
    Tantôt elle se fait gouaillante, tantôt elle se fait hurlante !

    Ses jambes gesticulantes rythment une humeur pétillante !
    Ses bras frappent en cadence une cadence enivrante !
    De sa main gauche tremblante, elle plaque un accord andante,
    Tandis que la droite violente la corde ardente et brûlante !

    Elle est vive et stimulante, elle n’est jamais soulante.
    Elle transmet, déferlante, son humeur vive et charmante.
    Il n’y a pas d’équivalence à sa jolie voix troublante.
    Tremblez qu’elle ne vous plante ses graines si virulentes !

    Mais elle a toujours bon cœur et distille le bonheur.
    Son cœur est un grand soleil qui illumine les réveils.
    Son regard un peu moqueur vous remplit d’une chaleur
    Qui vous extrait de la veille pour le pays des merveilles !

    Écoutez cette emballante mélopée époustouflante
    Qu’elle joue oscillante sur ses hanches ondulantes !
    Si la chanson est trop lente, elle la rend ensorcelante.
    Sous les lumières aveuglantes, elle est toute étincelante !

    Si la main devient tremblante, n’ayez pas l’âme affolante !
    Elle se fait indolente pour repartir succulente.
    Sa poitrine titillante rythme toujours la cadence
    De la guitare rutilante d’une musicienne excellente !

    Mais quand son beau regard charmeur de ses grands yeux noirs rieurs
    Vous entrainent sans pareille de ses prunelles vermeilles,
    Elle chuchote en douceur depuis son monde intérieur
    Une promesse en sommeil en vous séduisant l’oreille !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le coup du bouquet rouge

    Le coup du bouquet rouge

    Dis, tu me le refais le coup du bouquet rouge ?
    Avec toutes ces fleurs et ces couleurs qui bougent !
    Égaye-moi le cœur, mets-lui en plein les yeux !
    Ranime-moi la flamme, ranime-moi le feu !

    Quand les jours de grisaille dissolvent mes nuances,
    Ton bouquet fait l’accord et fait une muance.
    Quand le blues se répand dans mon âme en déroute,
    Tu crées de l’harmonie, de la joie sur ma route.

    Quand mes soirées sont sombres et vides d’amitié,
    Tes fleurs ont le secret des soucis amnistiés.
    Quand j’ai besoin d’un cœur qui saura m’écouter,
    Tes pensées immortelles, mon cœur sait y goûter.

    Quand une larme monte et lave ma tristesse,
    Alors mille reflets la prennent de vitesse.
    Quand j’ai l’âme qui pleure d’une indélicatesse,
    Ton bouquet joue les vers et l’âme poétesse.

    Des effluves embaumés me ravissent les sens,
    De fragrances éclatantes, de mille-et-une essences.
    C’est une épidémie, c’est une contagion,
    Ton bouquet a fleuri dans toute ma maison.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Petite Venise

    Petite Venise

    Là où la mer reprend sa qualité de reine,
    Partout dans les ruelles elle occupe la scène.
    Elle étend sa présence, et demeure souveraine,
    Elle gouverne les voies et rend justice saine.

    Toutes ces couleurs vives qui emplissent ma vue
    Font pleurer les amours aux ruptures imprévues.
    Aussi fort chatoyants, aussi fort m’as-tu-vus
    Ces tons démesurés ont un goût de bévue.

    Que ces couleurs sont tristes, même quand elles rient,
    Quand l’amour est parti avec le car-ferry.
    Toutes les belles robes serties de pierreries
    N’ont pas plus de saveur qu’un cœur de céleri.

    Enfin, qu’ils me pardonnent, ils m’ont trop fait pleurer,
    Les joyeux gondoliers, ils m’ont trop écœuré.
    Même si leurs gondoles font les cœurs affleurés,
    Elles m’ont trop blasé et mon âme leurrée.

    Je sais que reviendra le temps de l’allégresse,
    Des rires et des chants, délices enchanteresses.
    Je sais qu’après le flot de l’amère sécheresse
    Reviendront les mots doux et le temps des caresses.

    Mais je ne vois qu’ici, le reflet des tendresses
    Qui déforment mes sens d’une folie traîtresse.
    Une chape de plomb, une lourde compresse,
    Qui affame mon cœur et nourrit ma détresse.

    Laissez-moi m’enfoncer dans ces eaux bien tranquilles
    Quand on endort les rues, quand on éteint la ville.
    Je m’en vais vous quitter, partir de la presqu’île,
    Car mon cœur est damné et mon âme est servile.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La femme-poisson

    La femme-poisson

    Elle est partie rebelle, elle a choisi de vivre.
    Elle a le cœur amer, elle part pour survivre.
    Elle a laissé derrière et son père et sa mère.
    Elle part pour construire une vie de chimère.

    Mais elle a conservé ses valises chargées,
    Les conflits non réglés qui l’ont tant submergée.
    Du courroux de son père, son cœur est surchargé,
    Il lui faut, pour durer, le besoin d’émerger.

    Elle est entre deux mondes, elle n’a pas de domaine,
    Pas vraiment un poisson, pas vraiment une humaine,
    Mais en voyant les hommes elle a choisi l’hymen,
    Qui l’unira à l’un d’entre eux, un spécimen.

    Pour charmer son élu, elle se fait Philomène,
    Le rossignol des dieux depuis la voie romaine.
    Elle possède un organe prodige, un phénomène,
    Une voix hypnotique une grâce surhumaine.

    Mais elle n’a pas réglé ses comptes avec son père
    Et quand elle a charmé les humains de la terre,
    Alors elle se venge de ses crocs de vipère
    Et tue ceux qu’elle attire d’un coup phagocytaire.

    Mais elle a trop pleuré ses amours meurtrières.
    Pour ressembler aux femmes elle franchit la barrière.
    Elle a donné sa queue pour une jarretière.
    Elle a tranché le lien dont elle est l’héritière.

    Sa jolie voix charmeuse ne pourra prononcer
    Plus que des mots d’amour pour son cher fiancé.
    Aux appels de son père, oui, elle a renoncé !
    Son amour est humain, son cœur est renforcé !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La corne d’abondance aux poires – 1

    La corne d'abondance aux poires - 1

    Poire y est, c’est fou ! C’est facile à comprendre !
    Poire y a, c’est doux ! C’est aisé à apprendre !
    Poire y haut, c’est tout ! C’est naturel à prendre !
    Poire y hue, c’est mou ! Ça se laisse surprendre !

    Abondance de poire est utile pour la soif !
    Plus le fruit est juteux et plus il vous décoiffe !
    C’est le fruit le plus sain qu’il soit possible de voir !
    C’est la forme d’un sein qui appelle un espoir !

    Quand je tète le fruit à son bout le plus rond,
    C’est un liquide exquis digne d’un vigneron !
    Si je m’exerce encore à téter ce fleuron,
    Une extase m’inonde mon cœur de fanfaron !

    Délicieux fruit de vie je mords à belles dents !
    Si le sirop jaillit ce sera l’accident !
    Si je veux préserver ce plaisir fécondant,
    Sans, c’est vraiment meilleur ; avec, c’est plus prudent…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’amour solaire (ou le yin et le yang)

    L’amour solaire (ou le yin et le yang)

    Juste sur la frontière entre soleil et mer,
    Juste à l’entre-monde entre l’eau et le feu,
    Juste entre deux saveurs, le sucré et l’amer,
    Juste quand tu me veux et quand moi je te veux.

    Parfois le feu descend et lacère le ciel,
    Parfois un flot puissant surgit de l’océan,
    Parfois l’éclair brûlant, l’éclat circonstanciel,
    Parfois le tsunami, soudain le Léviathan.

    Mais après le chaos, quand la lumière fut,
    Quand Dieu eut concilié les éléments puissants,
    Quand la faune et la flore, la vie fut répandue,
    Quand le souffle et l’esprit animèrent Adam.

    Alors les énergies en furent enrichies,
    S’associant ensemble dans un ajustement,
    La réconciliation enfin est aboutie,
    Dans un amour solaire, par le yin et le yang.

    Qui de l’homme ou la femme sera-t-il le meilleur ?
    La réponse n’est pas le choix définitif !
    C’est le couple formé qui en est le veilleur,
    L’association des sexes, le double évolutif.

    Ce sont ces énergies qui me font avancer
    Dans le corps des cellules, dans le feu de la vie,
    Dans toutes mes émotions, dans toutes mes pensées
    Et dans mes intuitions et ce qui m’a suivi.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Fleur de lumière ou l’explosion des couleurs

    Fleur de lumière ou l'explosion des couleurs

    Un météore, un signe, un message dans le ciel
    Juste quand j’arrivai, juste au bord de la mer.
    Il était là pour moi, presque confidentiel,
    M’apporter l’émotion, le sucré et l’amer.

    Il m’a paru bizarre, quasi artificiel,
    Un jeté de couleurs, éclaboussant les nues.
    Une pratique étrange, comme un didacticiel
    Pénétrant dans mon cœur, souhaiter la bienvenue.

    C’était inattendu, si évènementiel !
    Un ange illuminant brièvement l’azur !
    Il devait voltiger d’un essor torrentiel !
    Vol sans comparaison d’aucune autre mesure !

    Je vois dans ce passage, dans cet existentiel,
    Le passage d’un éther au monde matériel.
    L’énergie déployée dans ce différentiel
    Agit comme un miracle, fait extrasensoriel !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La colère de la mer

    La colère de la mer

    Neptune est en colère et écume de rage
    Et là-haut Jupiter, fait éclater l’orage !
    Les dieux sont en furie, il faudra du courage
    Pour résister aux vents et aux coups de cirage !

    Branle-bas aux bateaux qui frettent dans les parages !
    Mouillez bien fort vos ancres, serrez les amarrages !
    Prenez garde aux remous, gardez-vous des naufrages !
    Le typhon annoncé est brut de décoffrage !

    Prévenez les marins et tout leur entourage !
    Qu’ils parquent leurs bateaux stockés dans les garages !
    Les digues sont submergées et ne font plus barrage !
    Les vagues sont décuplées du plus gros calibrage !

    Les chevaliers des mers ont fait du repérage !
    Les dragons de Neptune étalent leurs ombrages !
    Les tirs de Jupiter crachent leurs déchirages !
    On ne sait qui prier pour faire l’arbitrage !

    Ce matin s’est levé comme dans un mirage.
    La brume se dissipe dans un lit de moirages.
    Les phares ont résisté au déséquilibrage.
    Les voiles sous le vent sont en plein essorage.

    Neptune et Jupiter feront les commérages.
    Ces Dieux sont belliqueux, fiers dans leur compérage.
    On n’a plus rien à craindre dans nos pâturages.
    Les dieux se sont calmés… jusqu’au prochain outrage !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’apéro d’antan

    L’apéro d’antan

    C’est bien dans tous nos plus vieux souvenirs
    Qu’on fabriquait les meilleurs élixirs.
    Je revois en lumière tamisée
    Tous ces flacons qui m’ont tant amusé.

    De toutes les bières, c’est les plus fameuses
    Dont me souviens, les bières de la Meuse.
    Bière avec Picon ou bière Peroni
    À déguster avec parcimonie…

    Voici pour les messieurs, du Martini,
    Du bon Dubonnet Quinquina Funny !
    Si vous préférez plutôt un whisky,
    Alors ce sera un Henco Hennessy !

    Voici pour vous, mesdames, de la Suze
    Ou bien un Vermouth si ça vous amuse.
    Si vous désirez plutôt un café,
    Celui du Labrador fait de l’effet !

    Pour tous les enfants, de l’Orangina
    Ou la limonade de Mandarina.
    Et s’ils veulent un bol de chocolat
    Voici Van Houten ou bien Banania !

    Pour agrémenter votre apéritif,
    Prenez place aux tables de jeux collectifs.
    Là un jeu de cartes, là un jeu de dés,
    Sur un vieux tapis un peu dégradé.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La vague bleue

    La vague bleue

    Tous les flots se rallient dans le fond de la crique,
    Là où tous les bateaux sont sagement ancrés,
    La vague bleue déferle dans ce port d’Armorique,
    Éclabousse les rochers soudainement encrés.

    Et la vague d’azur met la touche exotique…

    Tous les marins du port font une triste mine,
    L’un pense à ses amours l’autre à sa destinée.
    Mais la marée montante change puis illumine
    Leur cœur délivré du blues emmagasiné.

    Et la vague d’azur se révèle euphorique…

    Et les femmes attristées qui se retrouvent seules
    Après la perte d’un compagnon disparu
    Retrouvent leurs couleurs et s’éclatent la gueule.
    À l’heure de la marée la joie est apparue.

    Et la vague d’azur est un peu féérique…

    Les enfants du village n’ont pas trop de sorties,
    Ils se sentent isolés, leurs loisirs limités.
    Mais la marée met filles et garçons assortis
    Qui se mettent à danser des slows illimités.

    Et la vague d’azur est fantasmagorique…

    Mais au creux de la nuit quand tout est endormi,
    Quand les cœurs échauffés sont sagement couchés,
    La vague quitte le village une fois l’accord mis
    Et laisse agir l’amour qui vient de le toucher.

    Et la vague d’azur est un peu nostalgique…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La barque du chagrin

    La barque du chagrin

    La tempête en furie a lancé l’offensive
    Sans m’avoir prévenu qu’elle était compulsive.
    J’aurais dû m’y attendre ; cette mer agressive
    Était bien déchaînée et vraiment excessive !

    Quand la loi du cyclone cessa de résonner,
    J’ai bien cru que la houle allait m’empoisonner ;
    Dans ma nef de fortune, j’étais emprisonné,
    J’ai aperçu une terre que j’ai arraisonnée.

    La mer s’est retirée sur cette plage triste.
    Le silence à présent se révèle sinistre.
    Plus rien à l’horizon sauf ma barque égoïste
    Qui me tient compagnie et se veut altruiste.

    Des tremblements de froid parcourent mon échine.
    J’ai la tête qui sonne comme bruits de machines.
    Je respire à grands coups tel une micheline
    Comme si la tornade m’avait jeté en Chine.

    Je marche sur la plage, recherchant des repères,
    Mon cœur est agité, mon esprit désespère.
    Mais j’ai pu éviter le sinistre repaire
    Où la mort espérait que mon âme obtempère.

    Et j’ai repris la mer le cœur cicatrisé,
    La barque du chagrin un peu électrisée.
    Je dois apprécier et ne pas mépriser
    Le fruit de l’expérience car je l’ai maîtrisé.

    Toi qui entends le vent, qui capte mes messages,
    Sache que je n’ai pas le temps d’en dire davantage.
    Il n’y a pas de recette, juste un apprentissage
    Pour devenir un maître digne du sauvetage.

    Tableau de Fabienne Barbier