
L’eau du lac est immobile, frappée par un sortilège
Par la magie de l’hiver et tous ses soldats de glace.
Les montagnes disparaissent sous mille couches de neige ;
La nature s’est arrêtée et je ne tiens pas en place.
L’eau du lac est silencieuse, les ruisseaux ne chantent plus.
Les eaux sombres monotones semblent sortir de la tombe.
Les montagnes s’assombrissent, les sommets sont crépelus ;
La nature est trop humide et mes souvenirs retombent.
L’eau stagnante des chemins reflète trop de nuages
Et mes chaussures s’embourbent dans la gadoue des chemins.
Les montagnes font barrage comme fond de maquillage ;
La nature est hermétique et je vis sans lendemain.
L’eau des torrents dégringole dans le calme des rigoles,
Les pierres ont hiberné sous les feuilles amassées.
Les montagnes en clair-obscur découragent les cagoles ;
La nature est endormie et mon cœur est grimacé.
L’eau se transforme en flocon, blanchit les toits des maisons
Dans le silence de la nuit qui se referme sereine.
Les montagnes sont effacées attendant la floraison ;
La nature est en hiver et mon âme est souterraine.
Tableau de Fabienne Barbier