Il a déjà fait la conquête par le passage de la vie Qui l’emmène en terre inconnue mais avec de bons partenaires. Déjà il bouge, il dort, il tète, auprès de sa maman ravie, En déployant sa main menue sur celle ouverte de sa mère.
L’amour lui donne et lui propose un avenir à conquérir ; D’abord grandir et puis, apprendre comment se servir de son cœur. En attendant, il se repose, avant de s’en aller quérir Tout ce qu’il devra entreprendre pour, de soi-même, être vainqueur.
Ce « moi » qui parle, ce n’est que « toi », qui a déjà tout accompli ; Qui vit désormais hors du temps avec le gardien de ton âme. Où tu voudras, adresse-toi, ouvre ton cœur, monte l’ampli Et le conseil au débutant t’illuminera de sa flamme.
Commencer à être amoureux est mon premier défi sur Terre Lorsque j’ai dû me décider, être un garçon ou une fille. Un homme, c’est si langoureux ! Une femme est tout un mystère ! Chacun a la capacité d’être un bon pilier de famille.
Si j’avais été une femme, le dilemme aurait été fort Choisir d’être blonde ou bien brune, blanche, noire ou bien métissée. Vivrais-je une vie infâme pour être riche et sans effort Ou bien une vie d’infortune mais de bonheurs entretissés ?
J’aurais pu être une diablesse ou une sainte consacrée Devenir une femme d’affaires, une avocate ou une actrice. J’aurais pu montrer mes faiblesses ou cacher mes talents sacrés, J’aurais pu mériter l’enfer ou, du paradis, rédemptrice.
Mais j’ai choisi de naître en homme tout en continuant à douter Faut-il avoir plutôt la force ou plutôt un cerveau parfait ? Faut-il suivre le métronome pour n’avoir pas à redouter Les dispersions dont je m’efforce à ne pas déclarer forfait ?
Mais si choisir c’est renoncer, il faudra alors mille vies Pour éprouver chaque destin et en respirer son parfum. Je vais plutôt me prononcer afin d’obtenir un devis Pour participer au festin et goûter les mets un par un.
Maintenant que tu as franchi le grand méridien du zodiaque, Celui qui marque les années sous l’autorité des étoiles, Aujourd’hui, tu es affranchi de tout ce monde démoniaque Que, le visage basané, tu quittes le vent dans les voiles.
Lorsque tu atteindras la Lune, dans ta frégate exorbitale, Profites-en pour faire le point sous sa clarté révélatrice. Tu sauras trouver la fortune sans retourner à l’hopital Car tous ceux qui sont nés en juin ont l’intuition divinatrice.
La balise Mars, c’est la rouge, elle teinte la mer de sang. Tu y boiras l’eau de la vie et de la jeunesse éternelle. Grâce à elle, tu vis et tu bouges en un mouvement surpuissant Qui est la force qui te ravit depuis l’école maternelle.
Jupiter, Saturne, Uranus, tu ne pourras pas les louper Car elles sont omniprésentes dans cette course vagabonde. Mais fais attention à Vénus, là, tu ne pourras pas y couper, Car tout ce qu’elle représente, c’est l’existence dans le monde.
Ne dépasse jamais Pluton après le trident de Neptune ! Tu t’égarerais dans les routes des pauvres fous mégalomanes. Au contraire, ne sois pas glouton de cette voie inopportune Et mets le cap « en avant toute » comme on dit en langue romane.
Et c’est enfin avec Mercure, que tu gagneras le grand prix Qui saura mieux récompenser tous tes efforts et ta patience. Le succès, tu n’en auras cure, car désormais tu as compris Que c’est le cœur et la pensée, ensemble qui font ta conscience.
Là-haut dans les branches, petite voix blanche, Sortie de son œuf, dans le matin neuf, Crie d’une voix franche à Maman Pervenche Comme un cri du cœur d’un oiseau moqueur.
Jolie miniature, fruit de la nature, Pourtant si petit mais plein d’appétit, Jolie créature veut sa nourriture, Un ver abouti, sitôt englouti.
Tous sont réjouis, la vue et l’ouïe, Devant le chef d’œuvre, superbe manœuvre. Ce soir à minuit, bonheur inouï Que la perle neuve dont la vie fait preuve !
Les chemins sont parfois bien traîtres et vous feront tourner en rond. Si vous n’avez pas de boussole, vous serez mal récompensés. Parfois ils vous enverront paître n’importe où dans les environs ; Vous en aurez plein les guiboles à devoir tout recommencer.
C’est ainsi que le savoir rentre en accumulant les erreurs Qui graveront dans la mémoire les pièges idiots à éviter. Ça vous donne du cœur au ventre et fortifie l’instinct flaireur Ce n’est pas écrit dans les grimoires mais c’est la clef de longévité.
Enfin les routes aboutissent toujours où l’on devait aller. L’important n’est pas l’objectif mais tout le chemin parcouru. Déjà les muscles s’adoucissent car on va pouvoir s’installer Devant un repas suggestif où l’on se sent bien secouru.
Alors c’est visite au musée de tous les champs impressionnistes, Champs de soja ou champs de blé, derrière chaque portillon. Si vous voulez vous amuser à jouer les perfectionnistes, Vous pourrez toujours rassembler ci et là quelques échantillons.
Arrêtez-vous dans quelques fermes où la porte est toujours ouverte Sur les récoltes de saison que le soleil a su veiller. Ici, la confiance est ferme, faites vos propres découvertes, Vous paierez un prix de raison, la caisse n’est pas surveillée.
Pour encadrer ces beaux tableaux, voyez les chaînes de montagnes Qui se dressent depuis les Alpes et qui en percent l’horizon. Ça change de Fontainebleau et ça fait rêver nos compagnes Qui s’attendent à ce qu’on les palpe dans les vieux chalets des Grisons.
Aujourd’hui, ce n’est pas coutume car vous allez m’accompagner Pour découvrir dans la montagne tous les secrets qu’elle renferme. Prenez un solide costume, un bon bâton à empoigner, Pour s’élever dans les campagnes de plateaux, de champs et de fermes.
Vous verrez le château moqueur qui vous nargue à tous les virages Sur les sentiers qu’il faut grimper avec les muscles sidérés. Vous sentirez battre le cœur à faire péter un orage Avec la chemise trempée par votre sueur libérée.
Mais après une éternité de cet enfer de crapahute, Les jambes sont au Paradis dans cette campagne aplatie. Ressentez la sérénité dans les cabanes et les huttes Où pour pas plus cher qu’un radis, on mange de bon appétit !
Comme échappée d’un rêve au parfum de mélisse, J’ai embrassé le monde, le monde m’a enlacée. La sensation est brève et ma mémoire est lisse De toutes ces secondes, toutes entrelacées.
Comme flocons de neige qui fondent au soleil, Mes souvenirs se vident de toute réalité. L’effet d’un sortilège à nul autre pareil Laisse mon cœur avide de sensualité.
Mais petit à petit tout mon esprit s’imprègne D’une douce présence pénétrée de délices Pour mettre en appétit, pour que mon cœur s’étreigne De suaves fragrances parfumées de mélisse.
Auprès de l’assemblée où vont se réunir Tous les anciens esprits, je me suis installée Et là j’ai rassemblé les feuilles à unir, Comme je l’ai appris, sur mon cœur, étalées.
C’est alors que s’ouvrit, tout comme un trou de ver, Un tunnel de lumière ouvert sur l’extérieur. Alors je découvris, comme un voyage vert, La vérité première coulant à l’intérieur.
C’est une force étrange, un Écho de la vie, Qui, comme un diapason, accorde tout mon être. Comme un soleil orange qui dore et qui ravit Mon corps sur le gazon et l’appelle à renaître.
Au matin il me reste de ce bonheur perçu Une douce quiétude, intense sérénité. Juste un souvenir preste de mélisse reçue En gage de plénitude, serment d’éternité.
En astrophysique, un « trou de ver » est un objet hypothétique qui relierait deux régions distinctes de l’espace-temps et se manifesterait, d’un côté, comme un trou noir et, de l’autre côté, comme un trou blanc.
Aujourd’hui je verrai éclore mes coquelicots du printemps Car le soleil est fou de joie tant il a d’enfants à ses pieds. Et jamais je ne saurai clore le dénombrement éreintant De tous ces boutons qui rougeoient d’un flamboiement comme il me sied.
Même le taureau si paisible devient soudain surexcité En apercevant ces fleurettes qui lui font l’humeur gratifiante. Si leur saveur paraît nuisible et plonge dans la perplexité, C’est qu’elles sont un peu sœurettes d’une autre fleur stupéfiante.
En revanche, pour célébrer une fête comme il se doit, Pour orner durant la saison toutes nos prairies empourprées, Point n’est besoin de palabrer, ni de lever bien haut son doigt Pour s’accorder, avec raison, que ce sont les reines des prés.
On devrait rapprocher Noël pour en décorer le sapin, Les disposer sur le gâteau pour en remplacer les bougies, Évoquer l’amour éternel, symbole de la Saint-Valentin, Qui met le cœur en vibrato sous les petits baisers rougis.
Si je m’en vais, je graverai, pour marquer ma vie sur la terre, Sur les armes de mon emblème, comme lignages ombilicaux, Cette herbacée que j’aimerai jusqu’à ma mort en solitaire Puis renaîtrai, pas de problème, ni chou, ni rose mais coquelicot.
Au son des tambours, au son des bâtons, La cadence est vive, la cadence est forte, Aux cris des guerriers, aux cris des sorciers, La danse est magique, la danse est unique, Aux femmes en transe, valsent les tétons ; Aux hommes farouches, harangue l’escorte ; Aux enfants candides, naissent les sourciers ; Aux couleurs d’Afrique s’allient les tuniques.
Les couleurs s’emmêlent dans les rouge et or ; Les tissus racontent les belles batailles. Les colliers égrènent les jours de valeur ; Chaque perle chante une vétérance. La pluie de lumière, comme un météore Répand ses rayons comme un éventail Qui lave la terre des jours de malheur Mais qui fait renaître les jours d’espérance.
Musique sacrée, musique endiablée ; C’est comme une vague qui monte et qui danse. Rythmes qui unissent toute l’assemblée ; C’est comme une mère de toute évidence. Lances élevées, boucliers baissés ; Comme un défilé qui brave la mort. Vainqueurs encensés, vaincus rabaissés ; Aujourd’hui encore, on les commémore.
Couleur est musique, musique est couleur ; Hommes sont en fête, fête dans les hommes ; Femmes sont en liesse, liesse dans les femmes ; Nature avec danse, danse avec nature. L’Afrique est la mère, née dans la douleur ; L’Afrique est le père, par ses chromosomes ; L’Afrique est la terre, terre d’oriflammes ; L’Afrique est mystère, riche de cultures.
C’est là leur légende, c’est là leur tribu ; Chaque coloris raconte une histoire. Chaque cœur renferme un doux souvenir ; Chaque corps exprime un fier caractère. Brandissant leurs armes et leurs attributs, Leurs chants et leurs danses sont leur territoire. Le passé s’emmêle dans leur avenir ; Ils vivent au présent le don de la terre.
Pourquoi le mystère tisse-t-il l’ennui ? Pourquoi les batailles et les hécatombes ? Pourquoi ces couleurs se répercutant ? Pourquoi règne-t-il la fraternité ? Entre les tropiques, les jours et les nuits Brusquement se lèvent, brusquement retombent. Comme un rythme lent du Maître du temps Qui fixe la vie pour l’éternité.
Vétérance : Qualité qui s’acquiert par un certain nombre d’années de service.
Parfois les voiles vont par deux pour sécuriser leur départ ; Puis, elles franchissent l’horizon puis, elles traversent les frontières. Si leur voyage est hasardeux pourtant aucun d’eux ne dépare À ce qui construit leur raison de vivre une vie entière.
Ils s’en vont heureux et fous de suivre leur propre carrière, De voler de leurs propres ailes, de s’aimer la première fois. On leur met trop de garde-fous, on leur dresse trop de barrières ; On doute souvent de leur zèle, on doute toujours de leur foi.
On dit qu’ils n’iront pas très loin comme deux aveugles ensemble, Alors qu’ils ne faisaient qu’attendre patient l’heure de la marée. Et c’est des gènes de malouin, dont leur ADN s’assemble, Qui montre la carte du tendre où seul l’amour est amarré.
C’est le chemin des découvertes, c’est la route de l’expérience Et le savoir se concrétise par le fruit des amours unies. Souvent sous la voûte couverte leur corps priaient en espérance ; Quand c’est l’âme qui prophétise, le cœur n’est jamais démuni.
Et c’est l’esprit qui ressuscite par un miracle inouï Qui plonge au bout de ses racines qui feront la branche de demain. J’entends comme une voix qui suscite l’âme du « Spirit of Saint-Louis » ; Je vois l’enfant qui me fascine faisant un geste de la main.
Nos cœurs ont brûlé ardemment toute l’année sur les charbons Car c’est cette flamme éternelle qui brille à l’intérieur de nous. Elle se communique hardiment car elle nous accorde le pardon Aux blessures sempiternelles et aux coups qui mettent à genoux.
Alors je mets mon cœur à nu pour ne garder que l’essentiel ; Je vous échange du bonheur à partager à chaque instant. Le plus beau don que j’ai connu reste un appui providentiel, Une gentillesse à toute heure qui mande un entretien constant.
Ma flamme est issue de ma mère native du cœur d’une étoile ; Sa chaleur provient de mon père dont le soutien est engagé. Parfois sa gloire est éphémère mais jamais son feu ne se voile Tant il grandit, tant il prospère pour autant qu’il est partagé.
Voilà le cadeau que je t’offre qui nous unira à jamais ; Juste une toute petite flamme, une flamme de l’amitié. Ne l’enferme pas dans tes coffres mais place-la tout au sommet Des priorités de ton âme ; l’amour en sera l’héritier.
Vous qui entrez dans ce jardin, ne soyez pas trop étonnés S’il vous apparaît costumé de tant de flore et de fragrances. Par la science d’un mandarin tout a été sélectionné Afin de vous accoutumer à rêver parmi ses essences.
Quand vous empruntez son allée, c’est l’invitation au voyage Sur un océan de verdure qui vous offre un goût exotique. Point ne voudrez vous en aller tant il est doux d’être au mouillage De ce creuset de la nature aux explorations hypnotiques.
Quand vous descendrez l’escalier parmi les herbes médicinales, Laissez-vous alors transporter parmi le thym et la lavande. Les aromates hospitaliers et les plantes officinales Se marient pour vous apporter votre quotidienne provende.
En montant vous serez charmés d’une palette de couleur Comme un tableau à la Monet dans les teintes les plus courtoises. Tantôt des tons juste germés comme épanouis dans la douleur, Tantôt des teintes impressionnées comme un bal sur mer de turquoise.
Mais les saisons chassent l’été et l’hiver installe son deuil. J’en frissonne et tout tristement, le jardin quitte son costume. Je vois sur les eaux du Léthé qu’il m’adresse un dernier coup d’œil. J’en conserve un enchantement pour un petit bonheur posthume.
Quand ton cœur est en fournaise, j’y consomme tout l’amour Que tu m’apportes la nuit, que tu me donnes le jour. Quand ton corps semble de braise, j’y passe une main de velours Pour l’aimer dès aujourd’hui durant tout notre séjour.
Quand ton cœur soudain s’enflamme, il ressemble à une étoile Qui m’éclaire chaque nuit, qui me chauffe chaque jour. Quand ton corps soudain m’affame, alors j’enlève ses voiles Pour l’aimer jusqu’à minuit aux douze coups du tambour.
Quand ton cœur devient lumière, transparent et cristallin, Il guide tous mes espoirs dans une douce confiance. Ton corps nu, dans ma chaumière, se recouvre de câlins Qui racontent notre histoire dans toute sa signifiance.
C’est une rose introvertie, assez soigneuse et attentive Qui défend bien son territoire mais se remet mal des revers. Or si son cœur bien averti sait diriger ses tentatives, Son ambition est méritoire grâce à une maîtrise sévère.
D’émotions fières et généreuses, elle est confiante et téméraire ; Un besoin d’être un peu spéciale, ni ignorée, ni rabaissée. Elle communique en éclaireuse qui retient les itinéraires ; Ses réminiscences cruciales font l’adaptation renforcée.
Ses amours sont perfectionnistes, un peu critiques et réservées Tant elle veut analyser ses sentiments stérilisés. Elle est assez protectionniste, ses partenaires sont énervés Car elle les veut finalisés, pour sa beauté, mobilisés.
La rose a forte volonté mais ne s’approche directement, A tendance à se révolter et recherche des protecteurs. D’un esprit large à satiété qui rajoute immodérément A sa chance un peu survoltée mais en aucun cas objecteur.
Rose solitaire et patiente mais aux relations difficiles, Une rose aux libres convictions mais assez peu conventionnelles. Quelques philosophies latentes, les dons prophétiques sont faciles Quand les mariages et les passions savent se montrer correctionnels.
Elle me rappelle tant de choses que j’ai plaisir à retrouver, Comme une rose de muguet qui connaîtrait tous mes désirs. La vie n’est que métamorphoses où chaque stade est approuvé ; On peut naître un jour portugais, vivre et puis mourir de plaisir.
Mais il y a parfois des jours tapis dans le calendrier Qui me font voir la vie en rose tel un enchantement sacré. Si Noël repasse toujours comme une fête appropriée, L’anniversaire est une hypnose qui rythme une vie consacrée.
Aujourd’hui les clochettes sonnent comme un refrain de renaissance Et je revoie ton arrivée que j’avais toujours attendue. J’entends cette voix qui résonne afin d’activer ta naissance Pour que ton âme soit ravivée et que ton cœur soit entendu.
C’est pourquoi je t’offre aujourd’hui cette rose-muguet nacrée Pour te rappeler les moments, les pires comme les meilleurs. Si chaque jour il s’est produit comme un enchantement sacré, Parfois la vie est un roman, un apprentissage éveilleur.
Maintenant, pour toute l’année, la rose-muguet va fleurir, Arrosée de larmes de joie, baignée du soleil de ta vie. Son doux parfum s’en va planer pour accompagner tes sourires, Pour te conseiller dans tes choix, dans tes désirs et tes envies.
Beaucoup de fées s’étaient penchées sur mon berceau quand je suis né, M’ont prodigué tant de bienfaits, de qualités et de valeurs. Mes désirs seraient déclenchés dès que je saurais dessiner ; Le public serait stupéfait ; en art, j’aurais fait un malheur.
Mais on avait juste oublié d’inviter la fée Carabosse Qui était assez complexée d’avoir été mise à l’écart. Alors elle s’est un peu pliée sur mon landau d’un air féroce, A pris un air très relaxé en lâchant sans le moindre égard :
« Il ne pourra pas s’empêcher de commenter de belles fesses Qu’il sera tenté de palper pour tirer les cordons du poêle ! Il écrira dans le péché, devra toujours aller à confesse Pour avouer les seins galbés de ses femmes toujours à poil ! »
Et c’est ainsi, mes chers amis, que je suis toujours polisson. Que je mets des sous-entendus un peu partout concupiscents. Que je vis en polygamie avec des femmes, à l’unisson, Couchées en lignes étendues sur mes papiers attendrissants.
Il est, parmi les chemins, empruntés toute l’année, Une voie qui me rappelle mes amours et amitiés. Il réunit nos deux mains, laissant la paix émaner ; Il résonne dans les chapelles, nous en sommes les héritiers.
Parfois au cours du trajet, nos destinées s’entrecroisent ; Il est bon de partager un moment d’humanité. Loin des peines ombragées, on se parle, on s’apprivoise Et on est avantagé même en toute intimité.
Nous envoyons ce message à nos amis dispersés En espérant que bientôt nos chemins se rejoindront. Ah que vienne ce passage où nous pourrons déverser Toutes nos réjouissances lorsque nous y reviendrons !
Pour faire un bon repas en Suisse, il faut savoir se lever tôt Et s’en aller sur les marchés pour trouver sa bonne pitance. Fi des gigots et des saucisses ! Il faut quêter les végétaux Pour fuir tous ces supermarchés et les maintenir à distance.
Des kilomètres de rayons vous font voyager à l’envi Pour vous offrir tant de cépages que l’énumération vous en saoule ! Mais pour faire un bon réveillon, il faut surtout avoir envie D’un petit Beaujolais village ou d’un bon Bourgogne qui coule !
Mais qu’est-ce qu’ils ont comme fromages ces communautaires helvétiques ! Mais c’est surtout pour leurs fondues noyées d’un Fendant qui ensuque ! Alors qu’il serait bien dommage de se priver d’un véridique Roquefort très bien défendu qu’on déguste sous sa perruque !
Pour la charcuterie, ça va ! Ils sont prédominants, ma foi ! À condition d’aimer le porc qui développe l’embonpoint. J’entends bien souvent les vivats suivis de grandes crises de foie Qui nécessitent le transport vers l’hôpital en contrepoint.
Mais pour faire une bonne table, je consulte les maraîchers Qui ont des produits du terroir très fins et très traditionnels. Alors tout devient acceptable et on n’est plus effarouché À se regarder dans un miroir après un bon nutritionnel.
La boucle est bouclée sur une vie humaine Qui avait été initiée par tant de générations.
Moi, j’avais commencé d’abord par m’amuser ! Puis on m’a apporté la part de connaissance Que j’ai lors absorbée en toute conscience Jusqu’à être tentée bientôt par son pouvoir Que j’ai tôt délaissé au profit de la sagesse Jusqu’à l’heure du choix que je devais acter. Et j’ai choisi l’action et le mouvement Tout en cherchant en moi le meilleur équilibre Mais prête à tout lâcher pour un vrai changement. Ce fut comme la fin et le début d’un cycle Mais j’en avais la force et la détermination. Alors il arriva un fort arrêt brutal Suivi d’une période de transformation. J’ai alors commencé de véritables échanges, J’ai revécu ma vie, revécu ma passion Jusqu’à l’obtention d’une libération. Ce fut une fortune, une véritable chance ! Aujourd’hui j’habite avec mon intuition Qui me guide vers l’harmonie universelle. Je vis au présent en pleine conscience Et le monde renaît en moi et je triomphe En régénération.
C’était mon jeune âge où la mer était plus grande que l’univers. C’était mon jeune âge où ma mère remplissait les anges du ciel. C’était mon jeune âge où mon père était un grand savant sévère. C’était mon jeune âge où mes frères étaient compagnons confidentiels.
La mer m’entrouvrait ses grands bras pour m’appeler dans le lointain. Le soleil remplissait la plage de milliers d’étoiles dans le sable. Mes châteaux faisaient « patatras » sous mes coups de pelles enfantins. Infini était le rivage, tout me semblait indispensable.
Le soir, tout redevenait gris, mes souvenirs de cartes postales. La voiture reprenait le chemin de notre maison familiale. Mes jambes s’étaient amaigries d’avoir couru d’envies costales. Mais gravées sur le parchemin, mes mémoires cérémoniales.
Si le Printemps Pouvait durer Quatre saisons Si les étoiles Pouvaient briller En plein midi Et le Soleil Ne pas sombrer A l’horizon Adam et Eve Seraient encore Au Paradis Et les pommiers Toujours en fleurs
Tableau de Fabienne Barbier et Poème de Henriette Berge
Tout juste un peu de vent Il faut en profiter Et sans perdre de temps On met dans le panier Du cervelas truffé Farci à la pistache Un pâté de campagne Enrobé de gelée Des tranches de jambon Fumé dans la région Pour finir le repas Un morceau de fromage Et des petits gâteaux Fourrés au chocolat On glisse dans la nappe Pour le garder bien frais Un litre de vieux cidre Ou du vin de pays Et au dernier moment Pour ne pas l’écraser La miche de pain blanc Qui sème derrière elle Un peu de sa farine Et ses miettes dorées Avant de s’en aller On ferme les volets On tire derrière soi La lourde porte en bois Et on laisse la clef Cachée dans le rosier On part pour la journée Avec un gros chandail Peut-être son béret Ou son chapeau de paille En fin de matinée On va se délasser Dans l’eau de la montagne On vide le panier En suivant du regard Les truites mouchetées Qui frôlent les galets Avant de disparaître Dans l’écume des pierres On part à la recherche Pour le souper ce soir De champignons sauvages Et d’airelles des bois Au retour on dépose Sur le pas de la porte Les branches de genêt Et les pommes de pin Que l’on a ramassées Tout le long du chemin On fait les chanterelles Avec des œufs battus On mange les airelles Tout simplement nature Du sable dans les yeux Du rêve dans la tête On monte l’escalier Pour aller se coucher Avant de s’endormir Dans le grand lit de plumes On ouvre la croisée On pousse les volets Pour respirer la nuit Sous le clair de la Lune L’odeur de la résine Et du genêt coupé.
J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. (Charles Baudelaire)
Tableau de Fabienne Barbier et Poème de Henriette Berge
Pour faire un effet de cœur qui me marque au fil des jours, J’ai demandé à ma muse de m’apporter le matin Comme une petite sœur qui me souhaiterait le bonjour Pour qu’avec elle je m’amuse sans y perdre mon latin…
Lundi, c’est l’effet de Lune qui m’entraîne à commencer Chaque chose après l’une mais tendrement romancée. Mardi c’est l’effet de Mars qui me donne du courage Et cette aimable comparse veille sur mon entourage.
Mercredi c’est le Mercure qui augmente la pression En me faisant la piqûre contre toute dépression. Jeudi, l’effet Jupiter me redonne de l’énergie Par cet élan militaire, je sors de ma léthargie.
Vendredi, l’effet Vénus m’enivre de mille amours En me donnant du tonus et une pointe d’humour. Samedi, l’effet Saturne marque la course du temps ; Je suis un peu taciturne, c’est normal c’est le printemps…
Le meilleur effet de cœur m’apparaît dès le dimanche ; Au matin je me réveille avec six fées dans mon lit. Elles m’obligent d’un air moqueur à rester sous la couette blanche Et leur faire des merveilles en grimpant à l’hallali !
Rosa, dans tes origines venues du septentrion ; Rosa, dans tes ovations à ta grâce féminine ; Rosam, un peu sauvagine portée comme amphitryon ; Rosea, quand ton intention envoie la sérotonine ; Rosea, offerte à Argine par son humble histrion ; Rosa, retour aux racines pour un hommage à Junine.
Rosae, des milliers de fleurs en un bouquet de tendresse ; Rosea, comme des louanges à ta beauté éternelle ; Rosas, pour calmer mes pleurs lorsque la douleur m’oppresse ; Rosarum, pour donner le change à ton aide maternelle ; Rosis, tantôt persifleur, mais avec un peu d’adresse ; Rosis, étrange mélange d’une attention fraternelle.
Tes déclinaisons me charment mais me perturbent mon âme ; Tes invocations me plaisent mais me font tourner la tête ; Tes accusations m’alarment quand je vois danser ta flamme ; Tes appoints me mettent à l’aise mais aussi sur la sellette ; Tu me fais couler des larmes quand il me manque ma dame ; Et mon cœur file à l’anglaise en signant ton épithète.
C’était pendant ma genèse, bien avant que la matière Se condense au ralenti pour la course de ma vie. Cette parthénogénèse marqua ainsi la frontière En créant, sans garantie, ma dualité ravie.
L’une partit la première créer l’avenir de l’homme, L’autre partit à rebours vers des plans inaccessibles. L’une créa la lumière et une terre agronome, L’autre connut des débours et des peines impossibles.
Puis l’ange prit ses étoiles pour les chevaucher sans fin À travers mon univers en repoussant mes limites. Le démon saisit mes voiles pour m’escamoter enfin Dans la froideur de l’hiver dans les fables et les mythes.
Quand la lumière se reflète dans le courant d’une eau pure, Je m’observé dans ses ombres comme une étoile blessée. Comme une lueur fluette d’une voie lactée impure Qui règne dans la pénombre méprisable et délaissée.
Il est temps mes deux camps transmutent leurs énergies Et que mes extrémités soient sans vaincu, sans vainqueur. L’obscur et le coruscant vont devenir synergie Et la magnanimité résonnera dans mon cœur.
Avant le point du jour que guette l’hirondelle, Lorsqu’on entend le chant des oiseaux de l’hiver Qui nous disent bonjour aux lueurs des chandelles Qui luisent dans les champs dans leurs beaux habits verts.
D’abord, c’est une troupe de hardies coccinelles Qui secoue les brindilles des clochettes florales. Les papillons en groupe, parmi les dauphinelles, Font vibrer leurs mandilles dans la brise aurorale.
Soudain jaillit un cri, comme un cri de printemps, Là, au cœur de l’hiver, comme appel à la vie. Tout est déjà inscrit dans ce timbre chuintant Qui séduit, à l’envers, sa famille ravie.
C’est un joli tableau, cet enfant qui parait ; On dirait du Matisse dessinant au lavis. C’est un joli fableau, ce fils qui apparait Dans le frêle interstice de l’accès à la vie.
Qui saura son chemin sinon sa bonne étoile ? Qui guidera sa main sinon son âme-sœur ? Qui tracera demain l’avenir sur la toile Pour aider ce gamin à cultiver son cœur ?
Toi qui dessinais des anges, les quatre fers dans la neige ; Toi qui gribouillais les murs au bon gré de tes humeurs ; Toi qui collais des losanges sur les chevaux des manèges ; Toi qui scrutais les murmures de mes contes endormeurs ;
Toi qui plongeais dans la neige pour une brasse éperdue ; Toi qui courais sous la pluie pour éteindre tes envies ; Toi qui pleurais Blanche-neige quand elle s’était perdue ; Toi qui criais dans la nuit comme si tu perdais la vie ;
Toi qui sautais dans mes bras pour te hisser à l’honneur ; Toi qui riais tout le temps d’un rire croquignolet ; Toi qui faisais le fier-à-bras pour te donner du bonheur ; Toi qui ruais en agitant tes jambes sur mes mollets ;
Toi qui versais le soleil tous les jours à la maison ; Toi qui mettais de la joie à l’envi dans la chaumière ; Toi qui donnais des conseils à tort ou bien à raison ; Toi qui piquais les salzbourgeois de ta voix pleine de lumière ;
Dessine-moi tes bonheurs aux couleurs d’enchantement, Crayonne-moi tes malheurs pour les désaccentuer, Peins-moi des nus rayonneurs selon ton consentement, Exprime-moi tes valeurs et découvre qui tu es.
Ainsi mon vieux tu es venu d’un pays que j’ai peu connu dans la Provence. Tu as pris, c’était convenu, en direction de l’inconnu, un peu d’avance.
Tu as parcouru les terrains qui mènent au quartier latin, à la Bastille. Moi, j’étais dans les souterrains, môme qui quêtait le matin une pastille.
Tu t’es envolé dans l’espace dans des vaisseaux d’hyperespace, les plus étranges. Moi, blotti dans ma carapace, j’apprenais tes tours de passe-passe dans une grange.
Tu es parti gagner ta vie et ton épouse t’a suivi partout en France. J’ai pu parfois, j’en suis ravi, partager ta table servie de préférence.
J’aimais ces nouvelles musiques qui sortaient de ton tourne-disque derrière ta porte. Elles m’ont rendu nostalgique et apaisé ce goût du risque que je transporte.
Quelques souvenirs de vacances partagés dans une fréquence aléatoire, Avec tes conseils d’éloquence qui ont gravé leurs conséquences dans ma mémoire.
Tu as toujours su préserver un caractère réservé en philosophe. Loin des religions conservées, Dieu seul sait s’ils t’ont énervé, ces théosophes.
Est-ce une fleur de couleur ou la couleur de la fleur ? Je suis souvent un peu bête de comprendre de travers. Quand j’ai de fortes douleurs, j’en recherche la valeur Puis j’agite mes gambettes et mets ma tête à l’envers.
Je prends un bain de couleurs dans ces aubes matinales Qui m’entraînent dans les verts aux reflets irradiants. J’y ressens quelques soûleurs, à mon âme, médicinales Dans la nature sévère au fol esprit d’étudiant.
Tous les jours je vois ma rose et sa peau si satinée. Elle ne complique pas les choses, elle ne sait qu’exister. Et j’y vide l’air morose de ma raison mutinée Qui se rebelle et dont j’ose juste à peine résister.
Je n’étais pas encore un homme que je regardais les étoiles Pour y guetter ton arrivée dans un vaisseau étincelant. C’était avant que tu me nommes pour te hisser la grande voile Et t’éviter de dériver dans un chaos ensorcelant.
Puis j’ai grandi tout en marchant avec un fils imaginaire Qui vivait dans un arbre creux ou dans la plus haute montagne. Parfois sur l’étal d’un marchand, je trouvais l’extraordinaire Témoin de ton nom glorieux qui résonnait dans la Bretagne.
C’est plus tard que j’ai rencontré celle qui devait être ta mère Pour édifier une famille et faire ton apprentissage. Excuse-moi si j’ai montré parfois quelques pensées amères Et ai rajouté une fille à notre intime vernissage.
Mais il faut rompre les amarres pour que le yacht quitte le port, Faire confiance à la boussole qui seule sait indiquer le nord. Même quand souvent on en a marre de continuer d’être un support Et d’engranger dans son sous-sol des manquements et des remords
C’est juste un fil imperceptible venu d’une autre dimension Qui tisse notre composition accordée à l’écho divin. Comme une parole susceptible portant la céleste mention Qui nous met à disposition comme la plume à l’écrivain.
J’ai plaisir à l’entendre accorder sa guitare En ajustant sa voix au son de l’instrument. Quelques accords bien tendres d’une chanson cathare, Assis à claire-voie jouant assidûment.
Peu à peu la lumière se mêle à la pénombre Car le chant se distingue mieux dans l’obscurité. Les murs de la chaumière enregistrent dans l’ombre Ce concert un peu dingue plein de maturité.
Ses amours de rencontre, cachées dans ses arpèges, Rejaillissent soudain arrachées au néant. Sa voix de bassecontre chante le florilège Des couplets baladins dont il est le géant.
Puis, d’un sourire doux qui fond alambiqueur, Il salue alentour d’un timide « merci » Et l’on sent le redoux qui réchauffe le cœur En fixant, tour à tour, nos mémoires endurcies.
Ses notes en portées se dispersent au vent Qui les emporte au ciel dans le chœur des archanges. Les échos emportés retombent émouvants Et demeurent essentiels à nos cœurs de louanges.
Zig et zig et zag, la mort en cadence Frappant une tombe avec son talon, La mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon.
Le vent d’hiver souffle, et la nuit est sombre, Des gémissements sortent des tilleuls ; Les squelettes blancs vont à travers l’ombre Courant et sautant sous leurs grands linceuls,
Zig et zig et zag, chacun se trémousse, On entend claquer les os des danseurs, Un couple lascif s’assoit sur la mousse Comme pour goûter d’anciennes douceurs.
Zig et zig et zag, la mort continue De racler sans fin son aigre instrument. Un voile est tombé ! La danseuse est nue ! Son danseur la serre amoureusement.
La dame est, dit-on, marquise ou baronne. Et le vert galant un pauvre charron – Horreur ! Et voilà qu’elle s’abandonne Comme si le rustre était un baron !
Zig et zig et zig, quelle sarabande! Quels cercles de morts se donnant la main ! Zig et zig et zag, on voit dans la bande Le roi gambader auprès du vilain!
Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde, On se pousse, on fuit, le coq a chanté Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde ! Et vive la mort et l’égalité !
« La partie fugace » de Maryvon Riboulet
Tic et Tic et Pat, la Reine en cadence Frappant son Évêque avec son talon, La Tour à minuit joue un air de danse, Tic et Tic et Pat, sur son Étalon.
Un assaut blanc souffle sur l’échiquier sombre, Des gémissements jaillissent des Pions ; Les Cavaliers blancs vont à travers l’ombre Prenant en sautant sur l’air des lampions,
Tic et Tic et Pat, le Roi se trémousse, On l’entend Roquer ses os vers la Tour, La Reine lascive s’assoit sur la mousse Comme pour se garder et faire un détour.
Tic et tic et Pat, l’échec continue De troquer sans fin sa blanche agression. Un voile est tombé ! La Maîtresse est nue ! Son Fou la protège dans sa progression.
La dame est, dit-on, Reine ou bien Princesse. Et le vert galant un pauvre larron Et voilà, horreur ! Qu’elle se rabaisse Comme si le Pion était un baron !
Tic et tic et Pat, quelle sarabande! Tous les Chevaux noirs se rangeant autour ! Tic et Tic et Pat, on voit dans la bande Le Roi s’Adouber derrière la Tour !
Mais au coup de grâce, on quitte la ronde, On se pousse, on fuit, le Mat incombé ! Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde ! Le Roi est déchu, le Roi est tombé !
Droit au cœur de l’hiver quand la brume se voile, À l’aube de l’année dans un scintillement, L’enfant de l’univers, engendrée d’une étoile, Aime errer et flâner dans ce miroitement.
Dans ce temps coloré qui refroidit l’espace, Les arbres sont les témoins de la saison passée. Maintenant déflorés par les frimas rapaces, Ils restent, néanmoins, fidèles et compassés.
Mais l’enfant les écoute quand leurs branches s’agitent Sous la bise glaciale qui leur mord les bourgeons. C’est peut-être, sans doute, que chaque aréopagite, Dans la forêt cordiale, amplifie ses surgeons.
C’est l’Archi-Capricorne, la Maîtresse du temps, Qui sait communiquer les secrets de la Terre. Instruite par la licorne aux matins débutants, Elle a su s’impliquer sans faire de mystères.
La forêt est timide, la forêt est limpide, Tout se passe à présent dans un chuchotement. Dans ce matin humide, gardez le cœur sapide De l’enfant de treize ans et son enchantement.
Où passent les souvenirs dans son grimoire caché Lorsqu’ils s’envolent au vent de ses pages détachées ? Reverra-t-on revenir, malgré le sceau du cachet, Ses proverbes innovants d’expériences entachés ?
C’est le secret de la dame qui s’exprime à nos racines Et fait remonter l’essence de la conscience intérieure. C’est le secret de la lame qui incise et nous fascine, Transmettant la quintessence de notre âme supérieure.
Et plus elle fait sa route, plus de trésors elle amasse ; Et plus le temps l’accompagne, plus son art se perfectionne. Quand elle se sent en déroute, elle esquisse une grimace Et quand elle bat la campagne, elle se reconditionne !
Mais les pages font les livres et les années, l’expérience ! Chaque fois qu’on la rencontre, c’est pour mieux nous enivrer De sa folle envie de vivre qui la met en surbrillance Et nous emmène à l’encontre de l’amitié délivrée.
Mais point n’est besoin d’image quand le cœur reste gravé De l’alchimie que dégage son petit corps élancé. Ce respect et cet hommage que mon âme ose braver Servira de témoignage aux talents fort balancés.
Bien accrochée à ton lama pour parcourir le vaste monde, Tu as transpercé l’équateur pour gagner le septentrion, Franchi mille panoramas fuyant les routines immondes, Pour échapper à la moiteur et trouver ton amphitryon.
Petite fille introvertie, aux trésors bien organisés, De ton pas lent de sénateur, dopé d’obstination gagnante, Croqueuse de mots avertie, en français non germanisés, Ne choisis pas les amateurs mais une carrière régnante !
Tes aspirations élevées sur les plateaux de la Cordillère, T’ont grand ouvert la voie des airs par des vents confiants et porteurs. La visière bien relevée, la volonté en bandoulière, Tu as traversé les déserts par ton réseau bien apporteur.
Voici le temps de l’expression qui prolonge tes avancées ; Parfois le fleuve ralentit et il est sage d’ondoyer Sous les devoirs et les pressions, fors ta patience devancée Et ce rôle dont tu es nantie, tu le joueras sans plaidoyer.
Dans une profession de foi pour retrouver l’âme championne, Après avoir versé des larmes sur ton intime féminité, Il faudra rompre toutefois les relations qui t’illusionnent Pour que tes ailes et ton charme te relient à l’humanité.
En attendant le soir tomber sur la fenêtre Au soleil embrasé qui s’éteint lentement, Lorsque viendront s’asseoir les valets et les maîtres, De fatigue, écrasés dans leurs sourds grondements,
Lorsque disparaîtra l’ultime rayon vert, Abandonnant les lieux aux gardiens des ténèbres, Alors apparaîtra un soleil à l’envers Surgissant au milieu de la veillée funèbre.
Dans leurs petits chaussons sur leurs tiges bien frêles, Balançant leurs jupons comme habit de lumière, Retenant leur leçon, la tête sous l’ombrelle, Frappant de leurs tampons le plancher des chaumières.
Ce ballet rituel répète à l’infini Le souvenir passé de l’astre disparu. L’usage habituel est ainsi défini Sans jamais dépasser l’illusion apparue.
Observez les danser quand la nuit enveloppe De ses bras taciturnes les foyers des maisons ! Petits pas cadencés, entrechats interlopes Sont les témoins nocturnes de l’ancienne saison.
Blanche-Neige est bien sombre et de mauvaise humeur ! Sa raison est obscure et sa maison morose. Son cœur se cache à l’ombre d’une fourbe rumeur Et c’est bien sinécure de voir la vie en rose !
On l’accuse de honte avec ses partenaires ! Sa vertu critiquée de basses calomnies. La médisance est prompte, comme un coup de tonnerre, De la voir forniquer toutes les nuits d’insomnies.
Mais laissons les ragots se consumer d’eux-mêmes Et laissons-les médire l’aigreur déclamatoire. Comme de vieux fagots desséchés, l’âme blême, Qui ne font qu’enlaidir les plus belles histoires.
Il faut laisser tomber ces propos imbéciles Et ne plus écouter ces pauvres railleries. Laissons donc succomber les quolibets fossiles Laissons-les donc douter dans leur canaillerie.
C’est quand le cœur est pur et qu’on a confiance Que se lève le voile de toutes difficultés. Quand la nuit semble obscure, cultivons la patience. Fortune et Bonne Étoile ne peuvent qu’en résulter !
Au moment où les rêves se mélangent au réel, À la pointe du jour quand la nuit se termine, La souvenance est brève de l’instant surréel Des fées à contrejour dans leur robe d’hermine.
Je me retrouve nue sur un monde isolé, Habillée de lumière, auréolée de l’aube. Je me sens soutenue, comme camisolée Par les rais de poussière qui quadrillent le globe.
Puis, c’est l’inattendu, fruit de la nuit obscure, Comme si l’ombre accouchait d’un ange libérateur. Né d’un fruit défendu, conçu par la piqûre D’un songe qui débouchait sur un procréateur.
Ô mon Prince de nuit aux faisceaux consacrés, Je t’entends approcher depuis bien trop de temps ! Voici, la nuit s’enfuit devant l’aube sacrée Moi, pour te raccrocher, je t’attends en chantant.
Que les nimbes m’enlacent, que les songes couronnent Le passage des rêves à la réalité ! Je m’adresse à la classe des chamanes huronnes Pour que l’hymen se crève en sensualité !
Embaumée de pain d’épice, parfumée au massepain, Votre cuisine, Madame, fait délices à mes papilles, Décrits aux meilleurs hospices dans ce divin calepin, Éclairé par votre flamme qui fait dorer les pampilles.
Du palais votre couronne brille de mille effets Sous le foyer rugissant de l’antique cuisinière Dont les flammèches ronronnent, par les entrechats des fées, Sur le plateau rougissant des fragrances prisonnières.
Enfin, on dresse la table de cruchons bariolés Remplis d’élixirs suaves des meilleurs fruits de la vigne. Pour que ce soit délectable, ajoutez ce riz-au-lait Qui reposait dans la cave en attendant la consigne.
Pour parachever l’ouvrage, ajoutez pour décorer Et honorer le repas quelques fruits de la saison. Ça renforce le courage, ça incite à picorer Tous ces merveilleux appâts qui parfument la maison.
L’oiseau de feu renaitra, tel le phénix de ses cendres, Car la méthode ancestrale est un secret bien gardé ! Seule l’initiée connaitra comment le faire redescendre D’une façon magistrale que vous pourrez regarder !
Ce n’est possible qu’aux femmes ; les hommes n’y ont pas accès Car il faut une matrice pour enfanter l’œuf de feu. Tous les profanes infâmes qui ont pourchassé en excès Cette folie tentatrice, ont depuis lors fait long-feu.
L’initiée doit être nue durant trois ou quatre jours, Sentir sa peau et son corps se fondre dans la nature. C’est lorsqu’elle sera devenue accoutumée pour toujours, Qu’elle surgira du décor, apprêtée pour l’aventure.
Pour commencer faire un feu en alignant quelques pierres Sous un ciel de pleine lune, juste avant le crépuscule. Vous mettrez en contrefeu, taillées avec la rapière, Quelques pousses de callune nouvelles et minuscules.
Sentez les flammes adorer votre peau sans la brûler ! Ressentez les reflets d’or vous vêtir comme un costume ! Laissez l’habit vous dorer d’étincelles sporulées ! Guettez l’appel du condor comme un dernier cri posthume.
Ouvrez vos jambes au vent, laissez-le vous pénétrer Et vous inonder le sexe jusqu’au fruit à enfanter. Dans un orgasme innovant, il va vous administrer Une émotion si connexe qu’elle peut vous épouvanter.
Massez-vous fort les mamelles pour nourrir l’apparition ! Plissez bien les aréoles dans un regard enjoué ! Chassez tout esprit rebelle en voie de disparition ! Faites tinter vos créoles, là ! C’est à vous de jouer !
D’une gifle flairant l’écume sur ma peau rêche et halée, Comme ces réveille-matins qui vous explosent les rêves, Comme un combat sur l’enclume d’étincelles inhalées, Cette vague qui m’atteint et qui me frappe sans trêve.
Mais il n’y a pas de douleur, mais il n’y a pas de souffrance, Dans ce présent qui m’assaille pour me sortir du sommeil. Toutes ces myriades de couleurs qui me tirent de mes errances Comme des guerriers Massaï sur leurs pirogues vermeilles.
C’est la vie qui me chuchote, c’est la vie qui m’injective ; Parfois par des coïncidences qu’il faut attraper au vol, Parfois par des passing-shots de façon provocative, Parfois par des circonstances qui demandent son envol.
Mais il ne faut pas courir, parce que courir c’est mourir ! Ni forcer sur son allure, car on perd toute l’essence. Juste marcher et nourrir, pour sentir son cœur sourire, D’une suave brûlure, son esprit et sa conscience.
C’est pourquoi je bois le sac de ces rouleaux déferlants Qui m’abreuvent le cœur d’iode et le rassasient de sel. Et j’absorbe ce ressac saturé des vents hurlants Pour m’ancrer dans la période du présent qui m’étincelle.
Les grenats sont éternels, les coquelicots aussi ! C’est une fleur d’allégresse qui ravive les couleurs ! La caresse maternelle de pétales dégrossis Et l’odeur enchanteresse d’un remède anti-douleur.
Je m’enrichis au printemps de ces vagues écarlates Qui déferlent sur les champs et colorent les talus. L’air trivialement content, remuant les omoplates, Sur le tableau alléchant de cette onde du salut.
Avez-vous, tout comme moi, déposé quelques pétales, Sur vos narines frémissantes, comme une robe de fée ? Pour ressentir cet émoi lorsque le charme s’étale En magie éblouissante du plus somptueux effet.
Ou bien renverser la fleur sur sa robe vermillon Et l’inviter à danser sur ses jambes d’étamines. Avec un criquet souffleur dans un air de carillon Sur un rythme cadencé aux graines de balsamines.
C’est la fleur de mes pensées, c’est ma dame de bonheur Qui me suit sur les chemins et au-delà des frontières. Une douce fiancée à qui je veux faire honneur De lui accorder ma main pour une vie tout entière.
Partager une vie à deux, c’est peindre avec le même cœur ; Respirer sous le même toit, c’est conjuguer le même corps ; Réaliser des entredeux, c’est prodiguer l’esprit moqueur ; Savourer des moments courtois, c’est s’aimer encore et encore.
Pour découvrir sa bonne étoile, il faut l’esprit aventureux ; Pour naviguer en pleine mer, il faut des envies intrépides ; Pour camper sous la même toile, il faut un désir plantureux ; Pour conquérir sa vraie chimère, il faut avoir l’esprit limpide.
C’est comme vivre dans un œuf fécondé par mille soleils ; C’est comme incendier un feu embrasé par tous les espoirs ; C’est comme suivre un destin neuf alimenté par les merveilles ; C’est comme faire un contrefeu pour se parer du désespoir.
Goûter l’esprit du partenaire, c’est découvrir mille saveurs ; Apprécier ses différences, c’est entasser mille trésors ; Ressentir tout son congénère, c’est accepter mille faveurs ; Associer ses espérances, c’est cumuler son précieux or.
Aller jusqu’au bout du chemin sur une portée infinie, Interpréter une musique qui fait résonner mille flammes, Créer le meilleur pour demain sans quotidien prédéfini, Devenir l’être métaphysique qui procrée l’alchimie de l’âme.
Madame est malade à mourir d’une sécheresse d’amour ; Madame est malade d’éloge et dépérit sans compliment ; Madame est malade à nourrir ses craintes dans le désamour ; Madame est malade à l’horloge du temps qui triche impoliment.
Madame veut être admirée pour ses hypocrites ramages Qu’elle écrit au fil de ses livres que personne ne lira jamais. Madame veut sans cesse se mirer dans le miroir de ses hommages Dont elle a besoin pour survivre dans ses envolées enflammées.
Madame est souffrante d’orgueil qu’elle drape d’humilité ; Madame est imbue d’elle-même lorsqu’elle est là, agenouillée ; Madame s’habille de deuil pour masquer sa stérilité ; Madame, la seule qui s’aime et qui sait le mieux baisouiller.
Madame est la seule à connaître ce qui pourrait la dérider ; Personne ne sait comment faire, c’est là son tragique destin. Madame sait tout avant de naître, son âme a été débridée ; Tous les saints sont à son affaire et son salut est célestin.
Madame sait tout sur la vie et vous explique à tour de bras Qu’elle est experte en connaissances et qu’elle vous apprendra sa loi. Madame ne sera ravie que lorsque enfin, tel le cobra, Elle croquera sa propre essence et s’éteindra de bon aloi.
Dans une aube nébuleuse ou un coucher tourmenté, Je ne sais à quel moment la journée a commencé ; La mer semble crapuleuse, les vents désorientés Avec des grains assommants de rêveries romancées.
Peut-être est-ce le matin qui remonte la journée ? Peut-être est-ce aussi le soir qui dégringole vers l’aube ? Moi, j’ai perdu mon latin dans une vie ajournée Qui ne pouvait plus sursoir au temps qui conduit le globe.
Un soleil couleur rubis sur un ciel d’azur-orange Fait resplendir la palette d’un peintre déraisonnable Qui aurait eu la lubie de composer ce mélange En tirant de l’arbalète sur des toiles insoutenables.
Les vagues incendiées d’oriflammes écarlates Semblables à des flots de roses sous les pas de la mariée. Quelque artiste contrebandier faisant trafic d’armes plates A dû larguer, l’air morose, ses grenades avariées.
Comme un costume audacieux qui s’accommode à ma peau, Que je sens m’assujettir aux couleurs sensationnelles, Je sens l’habit fallacieux me transformer en drapeau Sur lequel ce rêve étire mes folies irrationnelles.
Docilement jouant la gamme dans cette harmonie d’absolu, Silencieusement, sans un bruit, dans tout un univers de notes, La mélodie fait l’amalgame comme une galaxie dissolue, Solennellement comme un fruit de soleil mûr dans ma menotte.
Faramineux comme un accord dans un système éblouissant, Miséricordieux dans l’amour dans une Terre unifiée, Révélateur du désaccord que la Lune fait en grandissant, Dominant sur un désamour jusqu’au néant pacifié.
Docile à solfier tout bas en partant de l’éternité, Si facile à dorer le sol où mes pas parcourent les mondes, Lancinant dans les contrebas pour une voie d’infinité, Solitaire dans l’entresol tout étoilé de l’hypermonde.
Facilement trouver la note juste pour l’accord des planètes, Minutieusement avec l’âme d’un enfant de l’humanité, Révolution qui cheminote sur un satellite en sonnette, Dodelinant comme une lame vibrant dans la sérénité.
C’est ainsi que dans cette octave qui dirige nos destinées, Chaque gamme fait le chemin, les détours et les expériences. Qu’elles s’arrangent ou bien s’aggravent, elles sont toutes prédestinées À nous accompagner vers demain et ses fortunes en variance.