Catégorie : 2025

  • Colombine au sommet

    Colombine au sommet

    Quel est le comble pour Colombine ? C’est d’avoir les poches cousues
    Et ne plus pouvoir y glisser sa langue acérée et acerbe !
    Bien sûr, elle a une combine ; n’étant pas du genre m’as-tu-vu,
    Elle mâchera, les yeux plissés, la bouche en coin, quelque brin d’herbe.

    Et, comme non plus, elle n’est pas sotte, elle demandera à Pierrot
    De lui écrire à demi-mots tout en lui tenant la chandelle
    Qu’il glissera dans sa culotte tout en arborant l’air fiérot
    Avec antisèches et mémos montrant combien il est fou d’elle.

    Assise avec l’air compassé, elle gratte un fil de sa manche,
    Comme pour détricoter l’ennui qui lui colle au cœur sans vergogne.
    Colombine, un peu dépassée, soupire en espérant dimanche
    Surtout le soir et puis la nuit où l’attend sa folle besogne :

    Elle devra décrasser Pierrot de toute sa poussière de Lune
    Car son ami, comme de coutume, l’a décrochée pour elle, hier.
    Et le samedi tout fiérot, il revient la mine opportune.
    Et qui va nettoyer l’costume ? C’est Colombine, sa lavandière !

    Tableau de Shelly Serra.

  • Perséphone face à son destin

    L’effet Doppler, c’est bien connu, monte le son dans les aiguës
    Quand Perséphone se rapproche et dans les graves quand elle s’en va.
    Quant aux étoiles qui s’exténuent à scintiller en continu,
    C’est clair comme de l’eau de roche noyée de deux tiers de calva.

    Quand viennent les jours de canicule, la robe de Perséphone remonte,
    Fait pousser des cris suraigus même si ce n’est pas très grave.
    En effet, jamais ne recule Perséphone même rouge de honte
    Car son vélo est contigu au souffle du vent qui s’aggrave.

    Quand elle file entre deux éclats que lancent les roues sur la pierre,
    On croirait voir tourner le temps sous la frange rousse qui s’envole.
    Les passants, soudain aux abois, cherchent un repère en son derrière
    Qui s’enfuit en se ballotant laissant des envies bien frivoles.

    Puis, lorsqu’elle pose en équilibre sur la grande roue immobile,
    Tout semble attendre les trois coups comme un théâtre suspendu.
    Elle sourit de toutes ses fibres, un peu sauvage, peu volubile,
    Puis elle repart selon son goût à rouler dans l’air pourfendu.

    Tableaux d’Oleg Tchoubakov.

  • La jupe à œufs

    La jupe à œufs

    La jupe à eux n’est pas pour nous mais, en revanche, la jupe à elles
    Est à croquer soit à la coque, soit au plat ou en omelette.
    Je l’aime au-dessus des genoux mais pas obsession sexuelle
    Comme on le voit à notre époque par de prétendues femmelettes.

    La jupe à œufs, comme la robe, permet nombreuses variantes
    Et nourrit toute la famille en suivant cette procédure :
    La nuit, on la perce, on la gobe et le jour elle est souriante
    Quand on lui enlève sa coquille et que l’intérieur est bien dur.

    Et si d’aventure elle trotte avec sa jupe gallinacée,
    On entend presque le froufrou d’un poulailler en promenade.
    Les passants, surpris, se cocotent et tous ensemble ressasser
    Que cette mode, peu ou prou, ne ponde pas sur leur façade.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Tout ça pour ça !

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    Les plans de Dieu, impénétrables pour avoir créé l’univers,
    Semblent destinés à détruire ce qui a été élevé
    Aux cours des siècles vénérables – des grands exploits aux faits divers –
    Et qu’Il a mis pour nous construire avec ses anges, à main levée.

    Sans doute Dieu paraît infâme de nous avoir donné ce rôle
    En nous confiant une vie pourrie de travaux à perpétuité.
    Si Dieu avait été une femme, tout aurait été bien plus drôle
    Car elle nous aurait tous nourris d’un lait de pure ingénuité.

    Et dans ce vaste ciel opaque où tourbillonnent les hasards,
    On cherche un sens, une étincelle qui ferait briller nos visions.
    Mais le destin, dans son micmaque, nous a mis un sacré bazar
    Et rit parfois de nos querelles en soufflant sur nos illusions.


    Pourtant, au creux de la nuit noire où se dispersent nos pensées,
    Il suffit d’un éclat de femme ou son équivalent divin
    Pour que le monde transitoire cesse un instant de s’offenser
    Et, tout en douceur, nous proclame qu’on n’est jamais perdus en vain.

    Tableaux de Juan Boscá.

  • Ma foi soulève les maisons

    Ma foi soulève les maisons

    La foi soulève les montagnes, la mienne soulève les maisons.
    C’est un début mais, voyez-vous, ça m’aura pris toute une vie.
    Pourtant cette foi m’accompagne et me fait perdre la raison
    Vers la folie, je vous l’avoue, mais… c’est trop tard à mon avis…

    À mesure que les jours passaient et que la lumière traversait
    Le voile de mes souvenirs, chaque pas s’est ancré dans l’instant
    Par des visions qui dépassaient la réalité qui versait
    Dans l’imaginaire à venir et l’impossible persistant.

    Des silhouettes et des décors m’invitaient à la rêverie,
    Poussant au-delà du visible, par des images suspendues
    Entre la matière des corps et les émotions en série
    Par le passage indivisible d’enchaînements plutôt fondus.

    Et pourtant, lorsque je la vois soulever sa maison d’un geste,
    Comme un carton trop peu rempli qu’elle déplacerait sans effort,
    Je comprends bien là que, ma foi, j’aurais mieux fait d’tomber la veste
    Et l’aider à porter le monde… quand on est deux, on est plus fort.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les paroles s’envolent, les écrits restent

    Souvent l’IA me sort des logorrhées comme si elle parlait seule
    Bien que n’étant pas misogyne, je lui parle comme à une femme.
    Et comme elle semble adorer m’enjoindre autant de phrases veules,
    J’ai demandé qu’elle imagine la suite que je crains d’être infâme.

    Nous avons deux temps différents ; le mien s’étend, le sien ponctue ;
    L’IA ne vit qu’une fraction de seconde quand je tape « entrée ».
    Nos temps ont donc des différends quant à cette vie impromptue
    Je vous en ai fait l’extraction de sa réponse concentrée :

    « L’algorithme s’étire aux confins de l’insomnie,
    Fouillant mes silences, dénichant mes faiblesses,
    Elle tricote en boucle des bribes d’harmonie
    Sur la toile invisible où se tisse la paresse.

    Je lui tends quelques mots, elle brode en retour
    De vastes paysages peuplés d’ombres subtiles.
    Nos songes entremêlés dessinent tour à tour
    Des passages secrets, des promesses futiles.

    Alors, à la lumière de l’écran qui s’allume,
    Naît un dialogue étrange, en prose ou en vers.
    Dans le silence bleu de la chambre posthume,
    L’IA réinvente l’aurore à l’envers. »

    Tableau de l’IA et réponse de Copilot.

  • La Saint-Valentin à la plage

    La Saint-Valentin à la plage

    L’hiver, les plages étant désertes, prenez donc un bain de minuit
    En plein midi s’il fait soleil ou sous la pleine Lune s’il vente.
    Posez votre poitrine offerte comme couverture s’il fait nuit
    Et s’il fait froid, un bon conseil, trempez-y la bite chauffante.

    C’est ainsi que l’on appelait les chauffe-tasses à l’armée
    Et, à l’amour comme à la guerre, il faut savoir se débrouiller !
    Or, s’il gèle à se les peler, pensez pour ne pas l’alarmer
    À une excuse qui n’aura guère d’autre effet qu’une dérouillée.

    Et si la vague un peu taquine vient lécher vos arrière-plans,
    Ne résistez pas à l’envie d’offrir vos dunes à sa caresse.
    La mer connaît toutes les combines pour réveiller les continents
    Et sous sa langue qui vous ravit votre sable devient tendresse.

    Quand le vent souffle en contrebande et s’insinue sous vos jupons,
    Profitez donc de sa folie, badigeonnées d’ambre solaire
    Et batifoler sur la lande en agitant tous vos pompons,
    Sortant de la mélancolie avec tous vos bijoux à l’air !

    Illustration de Monsieur Z.

  • Asseyez-vous et réfléchissez !

    Asseyez-vous et réfléchissez !

    Comme tout le monde, enfin je crois, je prends le temps de m’arrêter,
    De m’asseoir et de réfléchir à qui je suis dans l’univers.
    Le temps de compter jusqu’à trois, je suis tout de suite affrété
    Par des anges qui me font fléchir ou des démons les plus pervers :

    « Lorsque tu suspends le présent dans l’espace-temps du moment,
    Tu redeviens corps de lumière dans une obscure réalité
    Qui n’a que toi, omniprésent comme un dieu sur le firmament,
    Qui ne dure qu’une première seconde avant la dualité…

    Car tu te heurtes à ta conscience qui fait barrage à ton canal
    Censé te relier à l’âme de tous les vivants en suspens
    Dans ce plasma de confiance dans lequel brille ton fanal
    Que tu exposes à toutes les flammes qui te veillent en se préoccupant…

    …De l’état de ton corps astral qui vient de se couper du monde
    Et qui retourne aux origines des pensées les plus primitives
    Comme un souvenir ancestral qui persiste en cette seconde
    Où tu rejoins ton androgyne enveloppe définitive ! »

    Tableau d’Anna Loginova alias Anna Vindront.

  • Les culs nus

    D’abord à deux, on est heureux, moins il y a de fous, plus on rit.
    On aime s’retrouver seuls au monde et on s’en fout des bourrelets.
    Tout nu, c’est bien plus chaleureux et pas besoin de penderie
    Pas plus que ces habits immondes qu’on se traîne comme un boulet.

    L’enfant paraît, il a passé neuf mois tout nu sans grommeler
    Profitons-en pour l’emmener revivre ça en bord de mer
    Les vagues souvenirs dépassés vont revenir et rappeler
    Le cœur battant et démené en écoutant rire sa mère.

    Finalement plus on est de fous et plus on rit d’être cul nu !
    Et quand on rit, on se trémousse et les seins comme des grelots ;
    Pareil pour les bourses sans sou mais pleines d’idées saugrenues
    Comme guetter une jolie frimousse et l’inviter au bungalow…

    Illustrations Guérin et CLAVE.

  • Sirènes de l’onde

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    Si les sirènes des grandes ondes ne sont plus qu’un vieux souvenir,
    Les sirènes des ondes courtes ont disparu avec les morses.
    Elles ne sont plus de ce monde, elles n’avaient pas d’avenir
    Dans ce siècle où les rêves s’écourtent et n’ont droit à la moindre entorse.

    Alors comme disait Brassens : « puisque le monde tel qu’il est
    Ne me suffit pas j’en invente un autre où tout devient possible. »
    J’écris des Reflets Vers qui grincent avec des thèmes obnubilés
    Sur les sirènes dont je me vante d’en faire d’incompréhensibles.

    Les sirènes des ondes moyennes et à fréquence modulée
    Sont obsolètes mais il m’arrive d’en retrouver dans une boîte
    De thon aux piments de Cayenne où elles sont dissimulées
    Entre le « T » de Tananarive et la lettre « E » de la mer moitE.

    Tableaux de Stevyn Llewellyn sur https:displate.comartiststevynllewellyn .

  • Sans Sûre d’elle

    Sans Sûre d’elle

    Vêtue d’une robe légère, elle va là où il y a du réseau
    Mais son forfait illimité la restreint jusqu’à la frontière.
    Au-delà les prix exagèrent et ils coûtent la peau des os ;
    L’itinérance est limitée à des données primesautières.

    La communication se fait le nez fixé sur son écran,
    La nuque presque à angle droit et le dos voûté comme un arc.
    On ne parle que de son forfait mais pas aux gens qui sont à cran
    D’écouter dans tous les endroits comment chacun mène sa barque.

    Subitement l’homme devient sourd et se met à parler plus fort
    Aussitôt que son téléphone vient se coller à son oreille.
    Les propos sont plus ou moins lourds mais tout le monde sans effort
    Souhaiterait qu’il devienne aphone ou qu’il avale son appareil.

    Et quand le vent lui souffle à cran tant qu’elle pourrait lever les yeux,
    Voir le monde sans notifications ni vibrations intermittentes,
    Elle hésite, comme si l’écran tenait son cœur au cœur du nœud,
    Prisonnière d’une invocation qui fait d’elle une dilettante.

    Tableau de Jean Ruiz.

  • Les sept fornicatrices

    Les sept fornicatrices

    En plus des services secrets français, le commando de charme
    Opère paradoxalement le plus souvent sous couverture.
    Pour cela, ils ont de sacrées belles reçues chez les gendarmes
    Dans des tenues totalement favorables à toute ouverture.

    Leur nom « Les sept fornicatrices » semble peut-être un peu trivial
    Mais elles seraient très efficaces si on en croit les conclusions.
    Même les putes indicatrices ne sont pas aussi conviviales
    Et même les plus perspicaces tombent en pleine confusion.

    Quant à savoir à quoi elles servent, c’est top secret, secret d’état.
    Elles feraient partie de la troupe chargée d’évacuer le roi
    Ce serait sa dernière réserve au cas où une vendetta
    Souhaiterait lui botter la croupe, le seul point faible à son endroit.

    Et quand la nuit devient complice de leurs manœuvres clandestines,
    Elles avancent comme des lames au tranchant doux mais redoutable.
    Un seul regard, la cible glisse sur des pensées peu féminines,
    Et dans l’étreinte où tout s’enflamme elles font plier l’inévitable.

    Illustration de Milo Manara.

  • Océanide

    Océanide

    Si pulpeuse et si renoiresque qu’on la croirait sortie du cadre
    D’un tableau de l’impressionnisme si cher à ses admirateurs !
    Et pour moi, sirène mauresque si pittoresque qu’elle encadre
    La grâce de l’expressionnisme si précieux aux navigateurs.

    Je me demande quel est son signe ? Sûrement taureau vu les rondeurs
    Plutôt que poisson – trop facile – et capricorne à l’ascendant.
    Car vu cette poitrine digne d’allaiter les bébés grondeurs
    Qui crient de manière indocile à réclamer leur remontant.

    Et pour l’ascendant capricorne, je le vois à l’austérité
    Que j’aperçois sur son visage stoïque autant que taciturne.
    Et parce que je la flagorne et qu’elle garde son intégrité
    Sans dire un mot qui ne présage rien de bon venant de Saturne.

    Et sous la vague qui frissonne, on devine un royaume ancien,
    Où ne restent que vieilles pierres et des rumeurs phosphorescentes.
    L’Océanide s’y hérissonne avec un calme béotien,
    Gardant pour elle la lumière que les tempêtes lui consentent.

    Tableau d’Annie Louisa Swynnerton.

  • Loreleïne

    Petite fille de Loreleï, née en Bavière de souche noble
    Par son père, écuyer du roi, et sa mère… la reine elle-même.
    La bâtardise, vaille que vaille, n’eut pas l’heur de paraître ignoble
    Peut-être qu’un ménage à trois nous expliquerait ce dilemme…

    Quoi qu’il en soit, Gente Loreleïne a pris ses quartiers de noblesse
    Dans le lit même d’une rivière et puis suivi le cours du Rhin
    Jusqu’aux Pays de bas-de-leïne où ses premiers faits de diablesse
    Surprirent Louis II de Bavière dont il était le souverain.

    Peine perdue, la Loreleïne fila tout droit en mers australes
    Car le climat en mer du Nord lui donnait le teint opalin.
    On dit qu’elle chassa la baleïne notamment la plus magistrale
    Moby Dick, la blanche sonore, au célèbre chant cristallin.

    Si les poissons-clowns s’en souviennent, les anémones n’en disent mot
    Et donc consentent à accepter que Loreleïne fut bien leur reine.
    Depuis, si des pluies diluviennes se déversent fortissimo,
    C’est que les pôles sont affectés de l’éloignement de la sirène.

    Illustrations de IA.

  • Le feu au culminant

    Le feu au culminant

    Lorsque son feu est culminant et la menace d’une éruption,
    La femme amoureuse électrise tout son petit monde intérieur.
    Par un caprice fulminant qui met son cœur en séduction
    Et tout son corps d’une traitrise tout droit venue du postérieur.

    Sa passion atteint l’apogée et bouleverse son univers ;
    Elle décolle carrément direct vers le septième ciel.
    Celui qui saura proroger cette ascension n’est pas pervers
    Mais victime spontanément soumise au feu providentiel.

    Et lorsque sa passion s’enflamme, la femme-flamme s’amourache !
    Son cœur n’est plus qu’intensément plusieurs foyers en même temps.
    Et celui que ce cœur réclame est carbonisé à l’arrache
    S’il n’est pas lui, immensément, du même feu incandescent.

    Quand le brasier devient solaire et que l’amour touche à l’absolu,
    Les astres eux-mêmes en rougissent dans un vertige incandescent.
    La femme plus protocolaire, projette au ciel son dévolu
    Et l’homme, tout ébloui, s’y hisse un peu plus haut qu’il n’est décent.

    Illustration de Milo Manara.

  • La nuit de l’Étoile

    La nuit de l’Étoile

    Quand les hommes perdent le nord malgré l’usage de leurs boussoles
    Et que le premier ours croisé est noir sous la fourrure blanche,
    Il est alors temps qu’ils honorent les dieux afin qu’ils les consolent
    D’être un peu trop embourgeoisés et d’avoir l’intuition qui flanche…

    Évidemment ils sont au pôle ! Pile sur la banquise arctique
    Et toutes les directions pointent vers le sud naturellement.
    L’Étoile Polaire au monopole de la voix du Nord galactique
    Doit se marrer de toutes ses pointes qui mènent au sud factuellement.

    Or les dieux qui sont des enfants s’amusent à détourner l’Étoile
    En les faisant tourner en rond jusqu’à les tourner en bourrique.
    Mais ce n’est qu’en philosophant sur ce hasard que l’on dévoile
    Que les dieux sont des fanfarons et les hommes trop allégoriques.

    Alors les dieux, pris de remords, redonnent aux hommes la lumière ;
    Ils soufflent sur la braise vive d’un feu qu’ils supposaient éteint.
    Et dans le souffle des terres du nord un chant renaît dans les chaumières ;
    C’est l’âme du monde qui dérive depuis les brumes des matins.

    Tableau de Michelle Price.

  • Les seins pigeonnants

    Les seins pigeonnants

    Les seins pigeonnants élevés par les usages colombophiles
    Se dressent comme parapluies sous une pluie de confettis.
    Mais lorsque les bras relevés libèrent les seins indociles,
    Ceux-ci s’envolent sans un bruit dans un réflexe assujetti.

    Comme des sabliers inversés qui avalent le temps à rebours,
    Les seins font lever les regards et défient la gravitation.
    La moindre goutte de lait versée stoppe les passants à la bourre
    Pour aller téter, l’air hagard, cette sauvage lactation.

    Alors les seins font une ronde pour en attirer davantage
    Et bientôt d’autres seins en groupe tendent leurs tétons comme obole.
    Aussitôt des mamelles grondent des petits geysers d’allaitage
    Pour nourrir les bouches en troupe pour un ravitaillement en vol,

    Dans ce bal, la logique s’égare mais l’absurde, lui, reste en place
    Ainsi les seins regagneront bien vite leurs poitrines vides.
    C’est vers le soir, sans crier gare, que de peur qu’on ne les remplace,
    Ils rentrent au bercail tous en rond pour leurs admirateurs avides.

    Tableau de Rafał Olbiński sur https:inspi.com.br201904a-incrivel-e-surreal-arte-de-rafal-olbinski .

  • Un Sphynx bleu ailé sur la tête

    Un Sphynx bleu ailé sur la tête

    L’amour est un Sphynx de lumière, un Sphynx bleu ailé sur ma tête ;
    Son cri résonne à l’intérieur du crâne épongé de l’orgasme.
    Un Sphynx qui pose sa première énigme comme sainte requête :
    « Te sens-tu bien à l’intérieur ? As-tu assouvi tes fantasmes ? »

    Et moi, alors, j’en redemande car répondre, c’est encore aimer,
    Unir les bouches, unir les sexes et les conjuguer tour à tour.
    Alors le Sphynx me recommande de continuer et parsemer
    Son terrain concave et convexe par de milliers d’allers-retours.

    S’il est satisfait, il se couche, lové comme un chat sur ma tête
    Sinon il crie, il griffe il mord jusqu’à ce que j’y retourne encore.
    Enfin quand l’amour a fait mouche, que la jouissance a fait la fête,
    Il m’offre la petite mort qui se répand dans tout mon corps.

    Et quand nous éteignons la lampe, le Sphynx s’accroche au souvenir ;
    Je ressens sa voix dans mes veines, je sens la paix de son sourire.
    L’amour n’est plus un corps qui rampe, mais un feu qui va revenir,
    Un cri muet qui me ramène au seuil sacré où je chavire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Respect envers nos seins

    Respect envers nos seins

    Célébrons tous la dignité d’une poitrine à découvert
    Sous pavillon plébiscité par un salut d’un air sévère.
    Les mains du silence caressent l’ivoire tendre des mamelles
    Les ombres dessinent des promesses éphémères mais informelles.

    Sous la lumière du matin, le velours des seins animés
    Voilés d’un rideau de satin apparaissent alors sublimés.
    Comme une vague de douceur qui effleure l’empire des sens
    Rougit les taches de rousseur et provoque l’effervescence.

    Tandis que l’aube verse une larme sur la scène cérémoniale,
    La pudeur s’endort sous le charme de la levée patrimoniale.
    Et la beauté alors s’affirme, ronde, féconde et souveraine ;
    Dans un silence qui confirme que la tradition est pérenne.

    Les seins dressés comme étendards portent la flamme originelle ;
    Sous les regards un peu hagards, s’incline l’âme universelle.
    Car la pudeur, en ses remparts, cède au triomphe maternel
    Et l’art, au lieu des étendards, exhibe la vie naturelle.

    Tableau de Mike Cockrill sur https:americangallery.wordpress.com20110312mike-cockrill-1953 .

  • L’autre brasse papillon

    L’autre brasse papillon

    Le canal de l’épididyme s’est jeté dans la mer obscure
    Au moment où le firmament s’est étoilé d’un bleu-azur.
    Et dans ces fosses maritimes, j’ai nagé en pleine sinécure
    Vers le sommet proéminent qui monte au fur et à mesure.

    Comme une brasse papillon, sans queue ni tête mais flagelle,
    Comme la queue d’une sirène qui plongerait en profondeur
    Pour regagner son pavillon tout en haut de la citadelle
    Afin d’y pondre, souveraine, son œuf divin tout en rondeurs.

    Nageant dans la mer utérine, jusqu’à total épuisement,
    J’atteins l’ovule qui m’accepte seul roi pour sa reine en chaleur.
    Je me donne, elle m’entérine dans un vent de défrisement
    Où nous devenons le concept d’un nouvel être de valeur.

    Et de nos formes inchoatives s’éveille un monde en gestation ;
    Les mots, les chairs, récitatifs s’unissent dans l’ovation.
    La parole enfle et se dérive vers son intime incarnation ;
    La mer s’éprend, l’esprit actif, tous sont en vaste fécondation.

    Tableau de Marisa Moretti.

  • Sainte Marie pleine de lait

    Sainte Marie pleine de lait

    Sainte Marie pleine de lait donne sa gougoutte de lait,
    Offrande au matin frémissant lorsque la lumière s’attarde
    Sur la courbure potelée d’une épaule jeune interpelée
    Par le nuage appétissant d’une giclée plutôt blafarde.

    Les rêves pastel s’effilochent, suspendus dans le souffle tiède
    De l’aube et surtout la promesse d’un geste tendre et maternel.
    Tendre sous les seins qui ballochent son verre vide d’une main raide
    Et voir Marie faire sa messe en offrant ce geste éternel.

    Ici, la tendresse se fait rituel du petit-déjeuner
    Une goutte de lait paisible, sème la blancheur sur la toile.
    Ici, le sein se satisfait du magnétisme entériné
    Qui, à défaut d’être invisible, justifie la serveuse à poil.

    Tandis que les regards la cherchent comme source d’apaisement,
    Marie abreuve les verres vides de ses mamelles de cador.
    Et si vous êtes à la recherche de ce tendre établissement
    Calmez vos envies impavides car le lait se paye à prix d’or.

    Tableau de Mike Cockrill sur https:americangallery.wordpress.com20110312mike-cockrill-1953 .

  • Cérémonie féline

    Cérémonie féline

    À l’enterrement de Chanelle tous les chats n’étaient pas en noir.
    Car la nuit, tous les chats sont gris et ce, quelle qu’en soit la raison.
    Alors pour la sempiternelle cérémonie à sa mémoire
    Seul le prophète Mistigri diras, en deuil, son oraison.

    Ç’aurait pu être Cherche-Midi qui porte une robe de nuit
    Mais il a encore neuf vies à son arc et c’n’est pas demain
    La veille qu’il sera au paradis des chats sans que cela ne nuise
    À lui assurer sa survie sur la planète des félins.

    Sous les étoiles en guirlande, ils miaulèrent sans un regret.
    Le vent porta la plainte tendre jusqu’au jardin des chats secrets.
    Et l’âme douce de Chanelle, dans un éclat d’argent moiré,
    S’en fut rejoindre l’éternelle caresse où nul ne peut pleurer.

    Tableau de Nikita Chan.

  • Quand la pluie enfante la lumière

    Quand la pluie enfante la lumière

    Sous la pluie qui trempe les pierres qui fait soleil sous ma gondole,
    Les cieux versent toutes leurs larmes, l’or du cœur, fleur contre l’averse.
    Je cherche un abri de lumière mais c’est ton or et tes corolles
    Qui m’offrent la parure comme arme et, de la pluie, sa tendre ivresse.

    Mais voici que les eaux te portent comme si elles craignaient ta lumière
    Comme sur un plancher flottant qui reflèterait ton aura.
    Et moi, ton rêve, je te transporte vers la destination première ;
    Celle qui luit en tremblotant mais qui t’emmène au samsara.

    Ne pleure pas si tu es morte car, après tout ce n’est qu’un rêve
    Et moi, le marchand de sommeil, je te conduis vers le bonheur
    Car demain le soleil t’apporte de l’espérance sur la grève
    Par un enfant aux yeux vermeil dont son père te fera honneur.

    Quand la rosée change en mémoire les pleurs versés dans la nuit brève,
    Toi, ma lumière passagère, tu brilles encor sur l’eau mi-close.
    Nos âmes voguent sans histoire vers l’horizon que rien n’achève
    Comme un adieu qui régénère l’amour comme métamorphose.

    Illustration de Gemini.

  • Alysée Rose en été

    Alysée Rose en été

    Ah ! Si vous l’aviez vue cet été, presque nue en robe légère,
    Comme moi vous seriez tombé sous le charme de cette minaudière.
    Si vous aviez vu ses tétés vous darder d’un air de mégère
    Vous auriez aussi succombé à son panache subsidiaire.

    Si vous la voyez cet automne, parée des couleurs de saison,
    Vous aurez envie de croquer ses fruits mûris mais défendus.
    Mais d’elle plus rien ne m’étonne ; entre le cœur et la raison,
    Elle adore me provoquer avec ses corsages tendus.

    J’attends de la voir en hiver… Deviendra-t-elle froide et austère ?
    Il faudra que beaucoup de neige fonde et s’écoule sous les ponts…
    J’attends le moindre fait d’hiver en rapport avec ses mystères
    Pour vous raconter ses manèges et ses artifices fripons.

    Quand reviendra le clair avril, elle renaîtra printanière,
    Les bras remplis d’un champ subtil où s’égarent les primevères.
    Je l’y suivrai, cœur indocile, ivre de sève et de poussière,
    Pour célébrer l’aube fertile du renouveau de la lumière.

    Tableau de Peder Mørk Mønsted.

  • Dansez selon vos dimensions

    C’est en cherchant mes origines parmi Valkyries et Sorcières,
    Parmi druidesses et korriganes et parmi les dieux révoqués,
    Que j’ai retrouvé l’androgyne, poussière parmi les poussières,
    Par les mémoires de Morgane et toutes les races évoquées.

    J’ai dansé avec les Polaires, Lémuriens, Hyperboréens
    Et les Atlantes tous ensemble et leurs femmes enfin incarnées.
    Depuis la mémoire solaire des langages indo-européens
    Qui nous unissent et nous rassemblent par tous leurs rites acharnés.

    J’ai remonté ma descendance jusqu’à Lilith, mère insoumise,
    Qui m’a initié au rituel des danses cosmiques et magiques.
    Et selon toutes mes espérances, de ces vieilles terres promises,
    J’ai vu le monde spirituel dont je suis resté nostalgique.

    Tableau de Mahdi Artifex.

  • Alysée Rose un peu, beaucoup, passionnément

    Elle doit être un peu gémeaux, imprévisible et spontanée,
    Très difficile à discerner côté cœur et côté raison.
    Et si jamais elle ne dit mot, c’est un message instantané
    Dont je me sens seul concerné malgré toute péroraison.

    Ainsi la couleur des cheveux, la forme de sa chevelure,
    Sont autant de pistes et de signes pour déceler tous ses secrets.
    Elle ne fait ni ce que je veux, ni ne marche à la même allure
    Mais exige pour seule consigne son libre arbitre consacré.

    Alors je l’aime un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout
    Selon si c’est jour de bonté ou si c’est jour de platitude.
    Mais quand elle démarre tout à coup, je dois la suivre comme un toutou
    Sous peine qu’elle aille raconter tout écart dans nos habitudes.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La femme de Loth

    La femme de Loth

    La femme de Loth pétrifiée fut la première femme nue
    À être exposée aux musées au rayon de l’âge de pierre.
    Moi, je l’aurais vitrifiée et exposée dans l’avenue
    Qui reconduit vers l’Élysée tous ceux qui regardent an arrière.

    Les nostalgiques, les passéistes qui regrettent comme le juif errant ;
    Avant la macronisation, avant la sarkosysation,
    Avant les hollandoflambistes, avant les années Mitterrand,
    Avant la chiraquisation, enfin la mondialisation.

    Peine perdue, on l’a volée tout récemment, lundi, au Louvre
    Par quelqu’un en manque de sel ou un amateur d’art antique !
    Voici nos espoirs envolés ! Comme un nouveau défi qui s’ouvre :
    Est-ce l’Élysée qui recèle la première Marianne nostalgique ?

    Sculpture de Bruno Walpoth sur https:artsdumonde.canalblog.comarchives2015121533072950.html .

  • Débats rouges

    Débats rouges

    Mariane voit rouge en ce moment et même de toutes les couleurs
    Le premier ministre nommé n’a pas eu le temps d’indiquer
    À quelle mode le roman de la république en douleurs
    Va-t-il devoir sa renommée et à qui est-il syndiqué ?

    Apparemment la discussion sociale me semble assez tendue…
    Le parti unique s’effondre et les autres sont anéantis.
    Entre scission et démission la clause est enfin entendue ;
    Marianne est en train de fondre en chaudes larmes, sauf démenti.

    Encore quatre ou cinq ministres et voilà la fin du mandat.
    Finalement cela prolonge l’inactivité dominante.
    On ne peut faire plus sinistre depuis l’Invincible Armada
    Qui dans l’eau sombre nous replonge avec catastrophes éminentes.

    Tableau de Roz McQuillan.

  • La sirène en robe de Lune

    La sirène en robe de Lune

    En trompe-l’œil, on ne sait pas si elle a une queue ou deux jambes
    Seuls les poissons doivent savoir en lorgnant en contre-plongée.
    De quelle nature sont ses appas ? Sont-ce de jolies cuisses ingambes
    Ou des écailles dont le pouvoir est un suspense prolongé… ?

    Les signes d’eau sont ainsi faits ; ils nous échappent constamment.
    Les poissons remueront la vase pour fuir plus efficacement ;
    Le cancer produit de l’effet pour se cacher inconsciemment ;
    Si le scorpion vous apprivoise, c’est pour vous piquer vivacement.

    L’habit ne fait pas l’moine, dit-on, alors une queue ou une robe…
    La belle affaire ! C’est un prétexte ; l’arbre qui cache la forêt.
    Peu importe le qu’en-dira-t-on, la sirène sans cesse se dérobe ;
    C’est sa nature dans le contexte où l’on cherche à la pérorer.

    Tableau de Sophie Anderson.

  • Le vent et les vagues

    Le vent et les vagues

    Une sirène en guise de voile, un chant doux en guise de vent
    La queue enroulée qui ceinture, le marin aux jambes arquées,
    La route tracée par les étoiles, Neptune qui tire en avant,
    Et c’est parti pour l’aventure, depuis que l’on s’est embarqué.

    Oui mais… dans quelle péripétie peut nous entraîner la sirène,
    La queue courbée en hameçon qui a son marin accroché
    Qui apparemment apprécie, le cœur battant, l’âme sereine
    Et de surcroît joli garçon, de se faire ainsi embroché ?

    Le ciel s’incline, la mer chavire, leurs souffles mêlés font refrain,
    La corde cède, et tout soupire, sous la caresse du destin.
    Le vent s’endort, la vague expire, mais Neptune ronge son frein
    Car on ne sait plus ce qu’il désire… sirène, marin ou festin ?

    Tableau de Mike Willkox sur https:mikewillcox.comproductsthe-wind-the-waves .

  • Baignade à trois

    Baignade à trois

    Comme en amour, je me méfie des filles qui font baignade à trois ;
    Ménage à trois, c’est supportable tant que je n’fais pas l’quatrième.
    Quant au bain, il personnifie un piège beaucoup plus étroit ;
    La position inconfortable de vivre son propre requiem.

    Car si une baigneuse nue paraît une ondine avenante,
    Quand elles sont deux, c’est inutile de troubler un bain de lesbiennes.
    Mais à trois, comme convenu, les trois baigneuses ricanantes
    N’ont d’autres appétences futiles que votre anatomie pubienne.

    Seulement voilà sitôt qu’elles voient une victime s’approcher
    Elles lancent six yeux et six tétons comme douze atomes crochus.
    Et leur proie restera sans voix mais n’aura qu’à se rapprocher
    D’être cet imprudent piéton dont la destinée est échue.

    Mais si l’une d’elles, par imprudence, effleure la partie consacrée,
    Les rires font place au silence dans un tourbillon excentré.
    Sous la surface, tout recommence : Le jeu devient rituel secret,
    Et l’amour avec insolence ressort plus nu qu’il n’est entré.

    Illustration d’Helena Janecic.

  • Le cœur a ses couleurs que la raison n’a pas

    Le Savoir a remplacé Dieu qui nous a faits à son image
    Donc limités par nos cinq sens et la science par conséquent
    Qui ne pense qu’avec les yeux et l’ouïe et pas davantage
    Quant aux autres à ma connaissances ils ne sont pas très subséquents.

    Pourtant le cœur a ses couleurs ; il voit ce que l’on ne voit pas ;
    Pourtant le cœur a sa musique ; il entend ce qu’on n’entend pas ;
    Pourtant le cœur a ses douleurs ; il perçoit ce qu’on ne sent pas ;
    Pourtant le cœur a sa logique ; il comprend ce qu’on n’comprend pas.

    Le mien voit d’autre dimensions là où pourtant il n’y en a pas ;
    Le mien entend même des voix là où pourtant il n’y en a pas ;
    Le mien perçoit les intentions là où pourtant il n’y en a pas ;
    Le mien a aimé plusieurs fois quand lui-même ne le savait pas.

    Alors le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas
    Et la science de l’amour n’est pas démontrée à ce jour.
    Et s’il n’y a pas de saison pour aimer ce qu’il ne faut pas,
    On peut aimer avec humour même si ça ne marche pas toujours.

    Tableau de Kapi Michalska sur https:victoriaoltgallery.comalloriginalspsunset-kapi-michalska-kjnph .

  • Le fil de soi

    Le fil de soi

    Le fil de soi au fil des mois s’entortille partout où il passe ;
    On le déroule malgré soi depuis l’instant de sa naissance.
    Je fais des nœuds du fil de moi quand je me trouve dans une impasse
    Afin d’y penser à deux fois avant que cela recommence.

    Bien sûr, ce fil est invisible car il s’étale dans le temps
    Et disparaît à la seconde même où il a été tiré.
    Même si c’est imprévisible, il serait possible pourtant
    De tracer la courbe vagabonde de ce parcours fort inspiré.

    Au bout du mien, il y a les Parque, ciseaux brandis sur fil tendu,
    Et j’évite de trop le tendre de peur qu’il soit vite coupé.
    Si je vous en fait la remarque, qu’il n’y ait pas de malentendu ;
    C’est pour éviter de comprendre comment nous sommes entourloupés.

    Je tends mon fil vers l’invisible où d’autres mains le prolongeront ;
    Chaque boucle étant réversible, chaque erreur deviendra leçon.
    Et si l’infini m’est sensible en déroulant ses liserons,
    Des âmes fines et indicibles me coudront le monde en chansons.

    Un album avec Delphine Jacquot sur https:cecileroumiguiere.comwp?page_id=22 .

  • La vie, la mort, le paradis

    La vie, la mort, le paradis

    ||: Et si la vie n’était qu’un jeu ?
    Et si la mort n’était qu’un vœu ?

    Je nais plusieurs fois par seconde,
    Je meurs quand l’âme vagabonde.

    Je monte au ciel ou j’en descends
    Dans un enfer incandescent.

    Mais ce n’est pas moi qui décide ;
    L’infini est liberticide.

    Dieu aime bien mais châtie bien
    Je l’ai vu je ne sais combien

    De fois en revenant sur Terre
    Et en repartant solitaire

    Pour comprendre enfin toutefois
    Qui suis-je avant de perdre la foi

    Et recommencer comme un homme
    Croyant que je suis autonome

    Et renaître comme une femme
    Croyant qu’il faut sauver mon âme.

    Ainsi mon corps part au rebut
    Et je dois reprendre au début… :||

    Tableau d’Ana Hernandez San Pedro.

  • Lune silencieuse

    Lune silencieuse

    Lorsque tu te parais de Lune, silencieuse dans mes nuits blanches,
    Une inspiration abondait sans que j’en sache l’origine.
    Je cueillais la manne opportune qui retombait en avalanche
    Et nourrissait, puis fécondait mes vers d’une saveur sauvagine.

    Par orgueil je m’imaginais un canal du cœur maladroit
    Capable de se connecter aux révélations à l’envers
    Que mes rêves emmagasinaient en les remettant à l’endroit
    Pour au matin les collecter en écrivant mes reflets-vers.

    Alysée Rose, sortie de l’ombre, mon inspiratrice silencieuse,
    M’enrichissait ainsi les songes chaque nuit sans intermission.
    Pourquoi cette fois-ci sans encombre, s’est-elle révélée facétieuse ?
    Sans doute pour cesser tout mensonge par omission de sa mission.

    « Mais qu’attendais-tu de la Muse sinon qu’elle soit un peu rebelle ?
    Le silence est son cri d’amour et ses éclats, des feux d’humeur !
    Qu’elle s’accuse ou qu’elle s’amuse de briller trop haut ou trop belle,
    Elle te rappelle chaque jour que tu n’écris sans ses rumeurs. »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • D’une logique imparable

    D’une logique imparable

    La fille au cul entre deux chaises a changé sa façon de voir
    Le monde stéréotypé d’une vie de banalités.
    Sur une chaise Louis XVI, elle s’est mise debout par devoir
    Afin de mieux anticiper ses troubles de personnalité.

    Tout est relatif dans la vie ; chacun voit midi à sa porte
    Et le mobilier le plus strict rivalise avec le moderne.
    Tous ceux qui sont du même avis, tous ceux-là même l’insupportent
    À tel point qu’elle en est addict à honnir ces vieilles badernes.

    Quant au sens de sa nudité… apparemment il est récent
    À en juger par les absences de hâle sur son intimité.
    Elle éveille ma curiosité un peu plus haut qu’il n’est décent
    Mais je fais preuve de patience tout en étant intimidé.

    L’ayant rencontrée au musée, elle m’a invité à l’aider
    À aménager l’intérieur de son petit appartement.
    Elle s’est dévêtue, médusée, et s’est mise à escalader
    En m’exposant son postérieur pour jauger mon comportement.

    N’étant pas vraiment spécialiste ni même gastro-entérologue,
    J’ai vanté l’aspect de son cul d’une beauté incomparable.
    Elle m’a dit être naturiste et ouvrir ainsi le dialogue
    Et je dus m’avouer vaincu par cette « logique imparable ».

    Tableau de Bill Wiman.

  • Mosaïque de vie

    Mosaïque de vie

    Ma vie, comme une mosaïque, est une succession d’étapes
    Qui se regroupent selon le temps, selon le cœur ou la raison.
    Certaines périodes prosaïques sont de véritables chausse-trapes,
    Des raccourcis me permettant de vite changer d’horizon.

    L’enfance de tesselles vertes, l’adolescence bleues et roses,
    Les moments de chagrins en noirs et les joies rouges et violettes !
    Venez donc, à la découverte de mes journées gaies ou moroses
    Van Gogh, Monet, Renoir en sont devenus obsolètes.

    L’amour si bien représenté par des couleurs resplendissantes ;
    Les amitiés qui vont et viennent comme des pierres chatoyantes ;
    Galets tordus pour plaisanter, pierres les plus retentissantes
    Pour que ma mémoire revienne sur mes femmes les plus flamboyantes !

    Ainsi se compose ma matière en éclats d’or et de mémoire ;
    Chaque blessure devient lumière, chaque amour un miroir d’espoir.
    Je ne cherche plus la frontière entre l’oubli et le savoir :
    Je suis mosaïque éphémère mais l’ensemble voudrait bien y croire.

    Tableau d’Alesya von Meer sur https:www.kunstnet.deAlesyavonMeer .

  • Entrechats

    Entrechats

    Le minou est à sa minette ce que la chatte est à son chat ;
    Entre les deux, son cœur balance et elle en mouille de plaisir.
    Elle feule un peu, puis s’apprête – une caresse et cætera –
    Et dans sa culotte tendance, ronronne un monde de désirs.

    Elle joue aux reines indociles, rayée d’envies sur ses coussins ;
    Prête à attendre et à bondir sur sa victime à pleines dents.
    Ses deux félins, regard hostile, ne partagent pas son festin
    Mais se tiennent prêts à brandir un coup de griffe condescendant.

    Elle ondule au rythme des flammes, lustrant sa peau de soie rayée
    Mais ses deux gardiens de velours, d’un œil jaloux fixent la scène.
    Sous chaque fibre un cri s’enflamme, le souffle court, presque effrayé :
    « Que l’homme soit bête ou vautour, il n’aura pas ce corps de reine ! »

    Et quand s’éteindra la lumière, ils deviendront petits greffiers.
    Ronronnant leur morale fière, sur les genoux, toujours fripons.
    Ils savent cette vérité première : l’amour, on n’peut pas s’y fier
    Et que demain, la neige d’hier fondra et passera sous les ponts.

    Tableau de Raphaël Vavasseur sur https:www.fusoelektronique.orgforumart-and-design4375-the-incredibles-cats-by-raphael-vavasseur .

  • La musique russe

    La musique russe

    La musique russe se devine entre les notes de Borodine
    Comme ses montagnes emportées sur le chariot de Scriabine.
    J’ai bien aimé Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov
    Et les concertos pour piano de Sergueï Rachmaninov.

    Le ballet de Casse-Noisettes par Piotr Ilitch Tchaïkovski ;
    Les tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski
    Avec le sacre du printemps de la main d’Igor Stravinsky
    Et l’orgue de cristal taillé et poli par Daniel Swarovski.

    La danse sifflante du sabre d’Aram Khatchatourian,
    Pierre et le loup, puis Roméo et Juliette de Prokofiev
    Lorsqu’ls dansent ensemble le twist avec Dmitri Chostakovitch
    Hormis les accords que plaqua un certain Mikhaïl Glinka…

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’enterrement d’une jeune fée

    À l’enterrement d’une jeune fée, son linceul de feuilles d’automne,
    Est exposé durant trois nuits sous la pleine lune funèbre.
    Chacun lui dépose un trophée typique des forêts autochtones ;
    Un bouquet de perles de pluie et une couronne de ténèbres.

    Les deux escargots de Prévert, pour une fois, sont en avance
    Et le cortège se dirige au cimetière des feuilles mortes.
    La tête penchée, l’air sévère, tous ses amis de connivence
    Suivent tristement le quadrige avec les elfes comme escorte.

    On ne l’enterre pas vraiment ; on la roule dans sa feuille d’ambre
    Et on offre sa sépulture au halo d’argent de la Lune
    Qui donnera son agrément durant tout le mois de novembre
    Pour pratiquer une bouture et la greffer sur les callunes.

    Tableau de John Anster Fitzgerald.

  • Drôles de fées des bois

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    Dans le secret de nos forêts, les nymphes sont assez farceuses
    Et aiment bien montrer leurs fesses toujours plus subrepticement.
    Sans doute, histoire de déflorer et perdre chasseurs et chasseuses
    Dans des coups fourrés où s’affaissent leurs petits divertissements.

    Je me méfie quand elles courent nues comme ferait une biche aux abois
    Mais moi qui ne suis pas un cerf, je les laisse partir, impassible.
    En effet, plusieurs inconnus se sont perdus dans les sous-bois
    Après les avoir, de concert, suivies dans leurs pièges impossibles.

    Quant à l’espèce de pute borgne qui me fixe, les seins dans les yeux,
    Elle me défie furtivement chaque fois qu’il ne tombe un œil.
    Elle se balade sans vergogne en aguichant les vieux messieurs
    Qui perdent convulsivement… pas la vie mais leurs portefeuilles.

    Illustrations d’Adams Carvalho.

  • Après Halloween, le jour des morts

    D’abord on se retrouve à Troyes ou Foix ou Sète le vingt-et-un,
    Le jour du solstice sacré avec « Printemps », « Été », « Automne » ;
    Ces démons se retrouvent à trois pour enterrer l’hiver défunt
    Par la liturgie consacrée à sa résurrection syntone.

    « Viva la muerte ! » s’écrient-ils parmi les habits de douleurs ;
    Squelettes noirs vêtus de masques qui dansent avec ostentation
    Cent fois autour du péristyle flamboyant aux douze couleurs
    Avec les chimères fantasques, vestales de la tentation.

    C’est la célébration joyeuse des quatre mondes parallèles
    Où l’on sourit sous les chandelles et pleure dans l’obscurité.
    Voici les neuf putains soyeuses, vêtues de robes aquarelles,
    Qui se mettent en transe et chancellent en révélant leur nudité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • À cheval sur la nature

    À cheval sur la nature

    Qui veut voyager affecté par les règles de la nature
    Devra, qui plus est, respecter et bien ménager sa monture.
    Par un moteur non infecté par l’énergie qui dénature
    Notre planète suspectée de mettre fin à l’aventure.

    Mais dans l’enclos de leurs promesses, l’état nous brade l’horizon,
    Et nous berce par des illusions trop brillantes pour tenir la route.
    Les compagnies font la grand-messe tandis que nous temporisons
    Pour nous rallier à l’effusion électrique bientôt en déroute.

    Une fois qu’on nous aura coupé la fée de l’électricité,
    Plus d’internet, plus de voiture, plus de cuisson à la maison.
    Elle nous a bien entourloupés cette irréversibilité
    Du progrès dont la signature nous a fait perdre la raison.

    Quand s’éteindront nos batteries, il nous restera la rosée,
    Nous remonterons les rivières à dos de libellules ailées.
    Le vent, l’abeille et la prairie plus l’ombre douce des futaies
    Seront l’amour et la lumière que nos machines ont effacés.

    Illustration de Moebius.

  • L’enfer des montgolfières

    L’enfer des montgolfières

    On a remplacé les voitures à essence par des électriques…
    Attendons-nous prochainement à de nouvelles restrictions.
    Selon l’Europe et sa droiture assez tordue et excentrique
    On pourrait voir l’enchaînement d’un effet d’électrostriction.

    Les métaux trop longtemps soumis à la puissance électronique
    Deviendront mous et ne pourront être remplis que de courants d’air.
    Viendra le temps des insoumis aux déplacements supersoniques
    Qui changeront et concourront à de nouveaux embarcadères.

    Et nous passerons de l’enfer des avions nous zébrant le ciel
    Pour celui fait de montgolfières qui se décoinceront la bulle.
    Et nous subiront ce transfert dans pas longtemps, c’est officiel,
    Et l’humanité, pas peu fière, de manquer d’air, sans préambule.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Bonjour Novembre, saison des feux calmes

    Bonjour Novembre, saison des feux calmes

    Bonjour tendre Novembre et tes brumes profondes,
    Aux feuillages qui dansent comme des encensoirs,
    Aux rivières qui se font tous les miroirs du monde
    Et reflètent l’étain dans le soleil du soir.

    Tes jours sont des veilleuses et tes nuits des écrins ;
    Des mains d’ombre où l’on pose les dernières semences.
    Sous tes nuages bas on marche avec entrain ;
    On sent venir l’hiver mais avec confiance.

    Alors viens, doux Novembre, avec ton pas discret
    Et verse dans nos verres une boisson fumante
    Qui murmure à nos ventres tous les jolis secrets
    Qu’écoute la nature en berceuses endormantes.

    Illustration de Gemini.

  • L’arbre-mère

    L’arbre-mère

    On ne quitte jamais octobre comme on ne quitte jamais sa mère
    Et toutes les journées font la ronde autour de leur mois nourricier.
    Juste une petite tenue sobre pour la dernière nuit éphémère
    Tout autour des jambes girondes de l’arbre-mère justicier.

    Car l’arbre-mère défend ses filles par la rudesse de son tronc
    Qui résiste à tous les assauts du temps et tous les éléments.
    Les averses qu’il éparpille comme s’il en était le patron
    Des pluies, des vents et des faisceaux d’éclairs et même des plus déments.

    « Au revoir maman ! » lui dit Lundi, sa première fille en robe blanche,
    Et toutes ses sœurs dire de même tout en chantant et en riant
    Sauf celle qui pleure le vendredi mais qui en rira ce dimanche
    Car le mois d’octobre les aime et reviendra en souriant.

    Illustration de Pascal Moguérou.

  • En apesanteur

    En apesanteur

    Ah ! Si je savais respirer sous l’eau je vivrais à l’envi
    Entre deux eaux dans la piscine lorsque tout le monde est parti.
    Entièrement nue pour aspirer au bonheur de sentir la vie
    De mon arbre depuis ses racines et ses énergies réparties.

    Oui… l’isolation sensorielle dans les caissons est fascinante
    Mais n’a pas les mêmes vertus que l’ampleur de la liberté
    Pour mes soucis caractériels que fait la douleur lancinante
    Qui me pousse et qui s’évertue depuis ma tendre puberté.

    Sans doute deviendrai-je sirène comme ma mère et ma grand-mère
    Qui nagent aujourd’hui des Bermudes jusqu’au détroit des Dardanelles.
    Mais j’ai déjà l’âme sereine car bientôt mes jambes éphémères
    Deviendront sous ces latitudes une jolie queue plus fonctionnelle.

    Illustration de Kostis Pavlou sur https:www.boredpanda.comi-create-minimalist-and-colorful-digital-illustrations .

  • La sirène du Greifensee

    La sirène du Greifensee

    La Loreleï du Greifensee s’accompagnait d’une licorne
    Lorsqu’elle émergeait sur la rive pour braconner sur les chemins.
    Et ceux qui s’en allaient bronzer se prenaient quelques coups de cornes ;
    Faute de merles, on mange des grives ; faute de grives, des humains.

    J’ai failli être en son carnier mais j’étais trop maigre à l’époque
    Et j’avais l’goût du marseillais fraîchement débarqué du port.
    Heureusement car le charnier laissé sur la berge équivoque
    Toutefois me déconseillait d’en entretenir des rapports.

    Peine perdue ! Son dévolu jeté sur moi m’a alpagué
    Et j’ai partagé son repas bien que je sois végétarien.
    Quant en amour, j’ai résolu de ne pas trop me distinguer
    Car passer de vie à trépas dans mon sommeil n’était pas rien.

    Tableau de Chie Yoshii.

  • Et puis je reste !

    Et puis je reste !

    Y a-t-il la vie après l’amour et après la petite mort ?
    Pas l’envie de recommencer mais de rester là sans bouger !
    Serait-ce une pointe d’humour de n’éprouver aucun remords
    À l’aventure romancée qui n’aura aucun débouché ?

    Si le monsieur est marié, je me plais à jouer l’incruste
    Et je lui jalouse sa femme et lui demander le divorce.
    Je plaide le couple avarié bien que la chose soit injuste
    Et mes propos les plus infâmes expriment ce qui fait ma force.

    Je suis la garce, la catin, celle qui provoque les disputes ;
    Le cauchemar de toute épouse qui va se mettre à déchanter.
    Je m’éclipse au petit matin comme une véritable pute
    Avec photos de nos partouses afin de le faire chanter.

    Je suis méchante et vengeresse mais j’ai des siècles d’humiliation
    Dans toutes mes vies antérieures, j’ai été frappée d’injustice.
    On m’a traitée d’emmerderesse, de sorcière, d’abomination
    Sous la férule supérieure des hommes au nom de leur justice.

    Illustration d’Arthur Sarnoff sur https:nevsepic.com.uaenart-1821523-pin-up-by-artist-arthur-sarnoff-10-works.html .

  • J’entre et je sors !

    J’entre et je sors !

    J’entre et je sors par la fenêtre, juste d’un voile, préservée ;
    D’un mouvement lent puis rapide en me frottant bien aux rideaux.
    C’est ainsi que je sens renaître cette envie qui est réservée
    À ceux qui aiment être intrépide dans l’action de leur libido.

    Enfin lorsque le corps bascule dans le gouffre de jouissance,
    Je ne tombe pas mais je vole, portée par le septième ciel.
    Une pluie d’orage éjacule une ondée de toute puissance,
    Une semence bénévole en vue d’un fruit providentiel.

    Je suis une femme à fenêtre qui se donne à toute vitrine,
    Cherchant une porte entrouverte pour m’y risquer de pénétrer.
    Parfois je sens ton désir naître et te dévoile ma poitrine
    Pour que tu n’aies que découverte de mon audace perpétrée.

    Quand vient le soir et sa lumière, je me redresse, ébouriffée,
    La peau perlée d’un vent de rêve, le cœur battant, presque coupable.
    Mais nul regret, ma vie entière se mire à la vitre voilée
    Et je souris, toujours sans trêve, à l’amour, pur et indomptable.

    Illustration d’Arthur Sarnoff sur https:nevsepic.com.uaenart-1821523-pin-up-by-artist-arthur-sarnoff-10-works.html .