Catégorie : 2024

  • Toutes les vérités sortant du puits

    Toutes les vérités sortant du puits

    À force d’entendre mensonge sur mensonge à la radio,
    À force de voir illusion sur illusion à la télé,
    À force de lire ineptie sur ineptie sur internet,
    La vérité aurait besoin d’être boutée hors de son puits.

    Et justement si vous passez, pas très loin du puits aux souhaits,
    Vous en verrez sortir autant qu’il y a d’avis sur la planète.
    La certitude est dépassée, désormais on n’peut se vouer
    Qu’à son propre indice flottant sur des réalités pas nettes.

    Comme la vérité a perdu consistance et stabilité,
    Elle voltige entre partis et le bon sens élémentaire.
    Et plus celle-ci est tordue et moins sa fiabilité
    Se noie entre les réparties des jeunes coqs contestataires.

    Tableau de Harry Holland sur https:blognuart.wordpress.com .

  • Jeanne d’Arc et les voix du réseau

    Jeanne d’Arc et les voix du réseau

    Pas de wifi au moyen âge, ni de câble, ni de fibre optique.
    Alors comment une pucelle a-t-elle pu capter les voix ?
    Sans doute un échantillonnage des voies les plus énigmatiques
    Du Serveur-Seigneur du moins celles impénétrables de surcroît.

    Jeanne a dû recevoir du ciel pas un forfait illimité
    Mais une carte prépayée pour quelques communications.
    Le premier message essentiel parlait d’illégitimité
    D’anglais qui auraient essayé de conquérir notre nation.

    Lorsque le deuxième message – celui concernant le dauphin –
    Arriva Jeanne était en train de bloquer le correspondant.
    Elle prit le car de ramassage pour s’éloigner vers les confins
    Du territoire avec entrain pour esquiver l’appel grondant.

    Mais Dieu promit alors à Jeanne de lui faire un bon pot-au-feu
    Et, à la fin de sa mission, tuer et manger le cochon.
    Alors Jeanne devint partisane et accéda à tous ses vœux :
    Bouter l’anglais sans rémission et couronner le roi ronchon.

    Tableau anonyme extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • La vierge au clair de Lune

    La vierge au clair de Lune

    « Il y aurait des secrets partout mais des réponses nulle part ! » †
    A dit un poète romantique par une nuit de pleine Lune.
    Je pense qu’il croyait surtout tenter d’empêcher le départ
    Sous le halo achromatique de sa promise taciturne.

    Le vrai mystère est de savoir ce qui la rend triste à ce point :
    Manque d’amour et de passion ? Faute de tact et d’attention ?
    N’importe qui a le devoir de répondre et faire l’appoint
    Au cœur en émancipation envers de nobles intentions.

    Le diable soit des poésies qui ne riment qu’avec tristesse !
    J’aurais dit « Partout des réponses et pas vraiment trop de secrets ! »
    Et j’aurais eu la courtoisie avec un brin de politesse
    D’embrasser cette vierge absconse la main sous sa robe nacrée.

    Tableau de Vincenzo Sguera ; † Tahereh Mafi.

  • Kaléidoscopique

    Kaléidoscopique

    À moitié mathématicienne et moitié artiste visionnaire,
    La femme a été préconçue comme une œuvre d’art éternelle.
    On en trouve des traces plus anciennes dans toutes formes embryonnaires
    De simple amibe à la sangsue jusqu’à la perfection charnelle.

    Tout est courbures hémisphériques, asymptotiques, parabolique,
    Géométrique, trigonométrique, algébrique et logarithmique.
    Sans oublier les chimériques sciences jugées diaboliques
    Des mesures anthropométriques de ses mensurations ethniques.

    Tenter de pénétrer son âme reste un défi inextinguible ;
    L’homme ne peut que se méprendre tant qu’il n’a pas le bon atout.
    Celui qui trouve le sésame suivant la faille imperceptible
    Qui mène à son cœur peut comprendre que les maths n’expliquent pas tout.

    Tableau de Gizem Senkan.

  • Papier peint

    Papier peint

    Les nymphes issues de mes rêves et retranscrites en poèmes
    Forment une sorte de papier-peint, rime à l’envers, rime à l’endroit.
    Comme un long fleuve dont la grève marque chaque nuit de bohème
    Par des bordures de sapins avec des raccords maladroits.

    Parfois je louche entre les lignes et l’effet 3D apparaît
    Avec des métaphores concaves et des paraboles convexes.
    Souvent j’y aperçois un signe qui rapidement disparaît
    Mais laisse un témoin qui s’enclave dans mon tempérament complexe.

    Parmi les femmes nues, l’amour ; parmi les sirènes, le mystère ;
    Dans l’absurde, un autre regard ; dans d’autres une chose à appendre.
    Toujours se cache un trait d’humour – une précaution élémentaire –
    Qui me révèle sans crier gare une vérité à comprendre.

    Illustration de Delphine Cauly.

  • Ah, les bas résille !

    Ah, les bas résille !

    Je me souviens des bas résille qui dans ma mémoire grésillent
    Comme un faux-contact dans les yeux pas dérangeant mais délicieux.
    Les motifs épousent les formes que mes instincts vicieux déforment
    Vers la partie la plus arquée de la jonction la plus masquée.

    Les bas résille du bon vieux temps où l’on se méfiait autant
    Du vent qui retroussait les jupes et des regards qu’n’étaient pas dupes.
    Des mollets sculptés dans la glaise qui mettaient les voyeurs à l’aise
    Assis aux terrasses à guetter, le pantalon débraguetter.

    Régal suprême sur les cuisses ; pour cela il fallait que puisse
    La portière s’ouvrir par devant pour mater en un coup de vent
    L’entrejambe au trésor caché auquel j’étais tant attaché
    Que je l’idéalise encore malgré le temps qui l’édulcore.

    Illustration de Leone Frollo.

  • Marie-Hélène & Jean-Lou

    Marie-Hélène & Jean-Lou

    En jupe à fleurs, Marie-Hélène, un peu vieux-jeu et démodée,
    Avait rendez-vous chez son père vivant à l’orée des forêts.
    La route n’était pas si vilaine malgré l’odeur incommodée
    Quand elle passa près du repaire du loup prêt à la dévorer.

    Jean-Lou se léchant les babines la dégustait déjà des yeux ;
    Marie-Hélène lui accorda une demi-heure dans sa roulotte.
    Et la voici qui se dandine pour embrasser le loup vicieux
    En déposant tout son barda, la jupe, le t-shirt, la culotte.

    Comme il la menait en bateau depuis les contes de Perrault,
    Marie-Hélène s’éclipsa mais en emportant sa charlotte
    Qu’elle put, cerise sur le gâteau, donner à père pour l’apéro
    Dont il trouva, couci couça, la fève en bouton de culotte.

    Illustration d’Aron Wiesenfeld.

  • Toujours ces fichus trous de mémoire

    Toujours ces fichus trous de mémoire

    Aussitôt j’ai changé de pièce, l’idée est restée dans la chambre ;
    Le corps a gagné la cuisine mais l’esprit erre dans les couloirs.
    Il faudrait que mon cœur acquiesce, que mes souvenirs se remembrent
    Et que ma mémoire emmagasine tout ce que j’ai mis dans mon foutoir !

    Mais voilà, ma mémoire est nue. Dès que je l’habille à la mode
    Des nouveautés au goût du jour, j’en oublie tout le lendemain.
    Que sont mes pensées devenues dans ce grand trou que j’accommode
    En moi tout au long du séjour avec ses milliers de chemins ?

    Voilà c’est exactement ça : je me suis trompé de chemin ;
    Les souvenirs s’en vont à gauche et ma mémoire les range à droite.
    Et quand le problème commença comme je n’avais rien sous la main,
    J’n’ai jamais pu noter l’ébauche d’une solution adéquate.

    Tableau de signature illisible.

  • Circé

    Circé est fille du Soleil et de Persé, l’océanide ;
    Elle vivait dans un palais sis au milieu d’une clairière.
    Comme elle n’avait pas son pareil pour tromper les hommes candides,
    Elle transforma ces gringalets en louves et lionnes guerrières.

    Elle conçut un filtre magique qu’elle aurait fait boire à Ulysse
    Pour changer ses marins en porcs et les garder à sa merci.
    Mais la farce vira au tragique car le héros dans les coulisses
    Put examiner le rapport d’Hermès et tout fut éclairci.

    « Adieu Circé, tu m’as trompé, je t’ai baisée ; nous sommes quittes !
    Quant à nos enfants, garde-les ; j’en possède déjà à foison.
    Mon couteau en acier trempé m’a permis une blague inédite
    Car j’ai pu désensorceler tes animaux en pâmoison ! »

    Tableau de Louis Chalon.

  • Que restera-t-il après nous ?

    L’enfant est l’avenir des siens, la femme est l’avenir de l’homme ;
    Lui, de qui est-il l’avenir ? Voilà la question du moment.
    Pourra-t-il devenir martien ou vénusien par son génome ?
    Malgré le progrès à venir, rien n’est écrit dans les romans.

    Heureusement il y a la guerre, les catastrophes, l’épidémie
    Et la généralisation de l’envie de changer de sexe.
    Mais bon, on a appris naguère que notre monde s’est démis
    Nombre de civilisations de la plus simple à la plus complexe.

    De l’homme naîtra un mutant qui lui aussi s’effacera ;
    Du mutant en naîtra un autre durant beaucoup de millénaires.
    Et puis un Adam débutant, féminisé arrivera
    Hermaphrodite et bon apôtre dans une vie imaginaire.

    Illustrations de Philippe Caza.

  • Ainsi soit-elle, démagogique

    Ainsi soit-elle, démagogique

    Marianne a frisé le scandale par une motion de censure
    Depuis que le premier ministre lui aurait mis la main au panier.
    Celui-ci, à coups de sandales, a été panser ses blessures
    Sous les auspices les plus sinistres et les commentaires cancaniers.

    Chacun ses torts dans cette affaire et Marianne la première
    En montrant le sein qui nourrit les partis de la république.
    Quant au roitelet mortifère, il faudra faire toute la lumière
    Pour récuser ses plans pourris demain sur la place publique.

    Il nous faut plus de transparence et que Marianne soit mise à nu
    Afin d’éviter de marcher seule comme une conquérante.
    Perso, j’aspire à l’adhérence au parti le plus saugrenu
    Des commères parlant au marché de la chute du « Couac 40 ».

    Le sans-culotte est donc parti une main devant, une main derrière ;
    Et Marianne démagogique, une main à gauche et l’autre à droite.
    Quelle sera la répartie du Roy rassurant ses arrières ?
    Soyons, en attendant, logiques ; elle sera forcément maladroite.

    Tableau de Liu Yan Ming sur https:conchigliadivenere.wordpress.com20151205liu-yan-ming-1970-chinese .

  • Spirou & Tintin contre le racisme

    Spirou lutte contre le racisme et toutes censures notoires †
    Qui hantent tout l’imaginaire qui fait la bande dessinée.
    Même Hergé connut l’ostracisme du Congo envers son histoire ††
    Qui montrait les « Noirs débonnaires » et leur candeur entérinée.

    Je me souviens du dictionnaire qui donnait au nom commun « Nègre »
    Une définition amère, raciste et ségrégationniste.
    Les récits expéditionnaires commencent à sentir le vinaigre
    Envers l’Afrique, pauvre mère de notre société humaniste.

    En revanche quand l’économie se substitue à la culture,
    La politique nous rassure conformément aux droits de l’homme.
    Moi, j’opte pour la bonhomie car ce n’est pas contre nature
    De rire d’un passé qui pressure la morale de certains royaumes.

    Tintin, parti les années trente, au Congo belge est disponible
    En toutes les langues du monde qui l’ont traduit sans s’affoler.
    Pas de censure récalcitrante pas plus d’autodafé pénible
    Sur les caricatures immondes… sauf peut-être des Congolais.

    (Illustrations d’Olivier Schwartz et de Hergé.
    † Polémique envers les Éditions Dupuis sur https:actualitte.comarticle120092editiondupuis-retire-un-album-spirou-de-la-vente-accuse-de-racisme
    †† et concernant Tintin sur https:www.radiofrance.frfranceculturepourquoi-tintin-au-congo-fait-il-encore-polemique-aujourd-hui-5968957 .)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sirène d’étang

    Sirène d’étang

    Quelle différence entre la première qui est une sirène d’eau douce
    Et la deuxième plus homérique qui séjourne dans l’eau salée ?
    C’est une question de lumière qui attire les jolies frimousses
    Ou qui repousse les chimériques créatures qui se laissent aller.

    Ainsi comme le rat des villes et son cousin le rat des champs,
    La sirène des mers coexiste avec la sirène d’étang.
    L’une paraît d’une eau servile qui se transforme en air méchant
    L’autre d’une humeur plus fantaisiste nous hante depuis la nuit des temps.

    Bien sûr, comme je vis en Suisse, j’ai une tendance à préférer
    Les nymphes qui coulent de rivières en écluses et autres relais.
    Je laisse la sirène des abysses aux marins les plus révérés
    Et chéris celles de Bavière aux mamelles bien gorgées de lait.

    Tableau de Svetlana Kostina.

  • Bonnes et méchantes sirènes

    Il est des sirènes de pique ; il est des sirènes de cœur ;
    Il est des sirènes aimantes ; il est des sirènes méchantes.
    Selon les légendes typiques des navigateurs chroniqueurs
    Dont les amours furent véhémentes ou bien au contraire alléchantes.

    Les bonnes sirènes sont parmi nous et parfaitement intégrées ;
    Leurs queues trop caractéristiques ont pris des formes androgynes.
    Dans l’eau, au-dessus des genoux, l’appendice revient de plein gré
    Quelques minutes heuristiques lui rappeler ses origines.

    Si l’homme est bon, pas le triton, la sirène mâle par excellence ;
    Celui-ci a pris forme humaine avec puissants muscles dorsaux.
    Méfiez-vous de ces faux jetons qui racolent avec insolence
    Et remplissent pour la semaine leur frigo de femmes en morceaux !

    Mais pour discerner la sirène, bonne ou mauvaise, il faut l’aimer.
    Si l’on survit, c’était la bonne et si l’on périt, la mauvaise.
    Comme certaines piqûres sereines prévues d’empêcher d’essaimer
    Un virus auquel on s’abonne pour une série de malaises.

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  • Les amours florales

    Les amours florales

    Dans toutes natures florales, les organes reproducteurs
    Représentent l’authenticité et la grâce des belles plantes
    Avec leurs sécrétions orales qui plaisent à tous les producteurs
    Apiculteurs sollicités pour leurs miels aux senteurs troublantes.

    Mais pour arriver au nectar et au pollen de premier choix,
    Il faut s’ébattre dans les fleurs entre étamines et un pistil.
    Les gamètes mâles à l’instar de la passion qui leur échoit
    Répandent leurs gènes qui affleurent l’organe femelle subtil.

    Tout n’est lors que fornication, accouplement dans tous les champs
    D’un vent d’amour libidineux, libertin et vaudevilliste.
    On ne voit que copulation du levant au soleil couchant
    Dans la nature à qui mieux mieux sans Dieu ni dogme moraliste.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Fleur bleue, fleur rose

    Elle, bleue au milieu des fleurs bleues, surgit comme sortie de la porte
    Qui sépare le Paradis de l’enfer de la vie terrestre.
    Moi, bleu en amour – sacrebleu ! – je ne sus agir de la sorte
    Mais n’en fis pas une maladie à vingt jours de la Saint-Sylvestre.

    Mais si un jour je la revois et qu’elle conserve sa jeunesse
    Je la suivrai main dans la main car elle est toujours impatiente
    De m’annoncer de vive voix que si j’avais suivi la faunesse
    Sans attendre le lendemain, j’aurais eu une vie stupéfiante.

    Elle, rose au milieu des fleurs roses, prenait là son bain de nature
    Comme une ablution naturelle de gouttes de rosée humides.
    Moi, le cœur pur, le cœur morose, le cœur agité, immature,
    J’étais, devant la pastourelle, muet, nigaud et bien timide.

    J’ai laissé partir trop de trains sans y monter à l’aventure
    Et si je la retrouve enfin, j’agirai alors sans attendre.
    J’empoignerai avec entrain la main de cette créature
    Et l’entrainerai aux confins des voies de la carte du tendre.

    Tableaux de Francisco Lomeli Bustamante sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagiran-lomeli et sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Vénus selon les phases d’Uranus

    Vénus selon les phases d’Uranus

    Au cas où je rêve d’amour, j’emporterai une fille nue
    Que j’installerai sur la banquette de mon train vers l’imaginaire.
    Si je fais un rêve d’humour, j’inviterai une ingénue
    Vêtue à la bonne franquette, pas raffinée, juste ordinaire.

    Et puis j’ouvrirai mon journal, les deux filles à côté de moi
    Et je lirai mon horoscope sur les conjonctions de Vénus…
    Si nous sommes en saturnales et que Saturne est en émoi
    J’observerai au télescope comment se comporte Uranus.

    Si Uranus est rétrograde, la nuit sera libidineuse
    Et je convierai la nudiste à courir la carte du tendre.
    Accoudée à la balustrade, par une envie vertigineuse
    De positions avant-gardistes, elle ne perdra rien pour attendre.

    Si Uranus poursuit sa route sans influence sur mon signe,
    J’inviterai l’autre innocente pour une partie de plaisir
    Et nous nous mettrons en déroute au loin sans la moindre consigne
    Dans une aventure frémissante pour en rigoler à loisir.

    Tableau de Francisco Lomeli Bustamante sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagiran-lomeli et sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Natures florales

    Si, quelle que soit la saison, j’aperçois une fille nue
    Debout au milieu des forêts comme si c’était naturel,
    Sans en connaître la raison, je saluerais cette ingénue
    Pour la joie de la dévorer des yeux dans le sens culturel.

    Soit elle me parle gentiment, engage la conversation
    Et je l’invite à la maison pour un p’tit souper aux chandelles ;
    Soit elle reste intimement plongée en tergiversations
    Et je cherche la combinaison pour déverrouiller la donzelle.

    Si quel que soit l’emplacement, je rencontre une fille à poil
    Allongée sur lit d’herbes vertes et adossée à un buisson,
    Bien que ce soit très fantasmant de l’admirer sous les étoiles,
    Je goûterais la découverte subite du premier frisson.

    Soit elle répond à mon salut et me fait la proposition
    De me coucher à côté d’elle pour un tête-à-tête romancé ;
    Soit elle s’cache derrière un talus pour marquer son opposition
    Et dans ce cas je lui rappelle que c’est elle qui a commencé.

    Tableaux de Francisco Lomeli Bustamante sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagiran-lomeli et sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Le masculin sacré

    Le masculin sacré

    D’après les règles en vigueur et la parité exigée,
    Après le féminin sacré, le masculin est consacré.
    Beau comme un dieu, comme un héros, il revendique la primauté
    Et le titre de « fils d’Adam » au détriment des « filles d’Ève ».

    Et voilà, c’est à peu près tout et, à part ça, il joue aux boules
    Le dimanche avec ses copains, anges et démons de toutes sortes.
    Tous les midis, c’est l’apéro, on boit et on refait le monde
    Et vers trois heures du matin, il rentre au foyer éméché.

    Alors le féminin sacré lui crie dessus mais rien n’y fait ;
    Le lendemain tout recommence et sacré ou pas, c’en est trop !
    Le féminin se tire ailleurs malgré les sarcasmes railleurs
    Des mâles au bistrot qui commentent l’éternel problème des femmes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La Grande Bicyclette Tandem – 2

    La Grande Bicyclette Tandem – mais qui n’en est pas vraiment une –
    Vous conviendra tous en revanche quel que soit le sexe en question.
    Essayez-la ensuite, idem, changez de place chacun, chacune
    Et roulez en terre Romanche si vous aimez ma suggestion.

    La GBT convient autant aux hétéros de toutes sortes
    Que l’on soit roi de la pédale ou fou de la petite reine.
    Utilisable par beau temps ainsi que sous les pluies les plus fortes,
    Dans nos villages dont les dédales en pente vous feront crier « FREINE !!! »

    En cas d’orgasme en cours de route, choisissez l’une des positions
    Décrites dans le furibond Kâmasûtra remanié.
    Si vous vous trouvez en déroute, placez-vous en opposition ;
    L’un tient la selle et le guidon et l’autre, la main au panier.

    Comme on est un peu à l’étroit – il n’y a de place que pour deux –
    Quant à savoir qui la conduit, quand on s’embrasse on ne voit rien.
    Ceux qui l’ont essayé à trois – alors que c’était hasardeux –
    Ont galéré et n’ont produit que des larmes de galérien.

    Tableaux de Wolfe Von Lenkiewicz sur https:wolfevonlenkiewicz.comartworkscategories27-2022-2023 .

  • Sautillements mystiques

    Sautillements mystiques

    Pour aller au ciel, case à case, entraîne-toi à la marelle
    Et effectue ton ascension vers le Paradis annoncé
    Et si se présente l’occase de visiter une chapelle,
    Va sur les pavés d’intentions dont l’enfer serait faïencé.

    Met les habits sacerdotaux pour réunir toutes tes chances ;
    Robe de bure, robe de nonne… bref, une soutane à ta taille !
    Car, à coup sûr, ça sert d’auto et t’ouvre la bande d’urgence
    Pour réussir sine qua none à remporter cette bataille.

    Les sœurs et la mère supérieure, les moines et leur abbé mitré,
    Des laudes aux matines sonnantes, des vêpres à l’office des complies,
    S’entraînent dans la cour intérieure pour que leur soit administré
    L’absolution déterminante lorsque la vie est accomplie.

    Tableau de Charles Mélit extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • La Grande Bicyclette Tandem – 1

    À pied, à cheval, en voiture ou en Grande Bicyclette Tandem,
    On aime braver l’aventure, changer d’air, oublier ses problèmes ;
    Pas forcément parler d’amour sauf si c’est s’en plaindre à son tour
    Et raconter avec humour ses états d’âme sur le retour.

    Les copains avec les copains, les copines avec les copines,
    Les voisins avec les voisins, les voisines avec les voisines,
    Les autres sexes tous ensemble et les vaches seront bien gardées
    Car qui se ressemble s’assemble et la chance ne saurait tarder.

    Bien sûr on devient plus intime quand le cœur bat à cent à l’heure ;
    On se dit qu’il est légitime d’éprouver les mêmes valeurs.
    Mais en bicyclette, la roue tourne et le corps devient rotatif ;
    Enfin bref, quoi qu’il en retourne, le cœur n’en est jamais fautif.

    Les cycles alors se transforment ainsi que les couples se forment ;
    On quitte les chemins conformes, on jette aux orties l’uniforme.
    La pédale douce devient dure, on quitte la vitesse de croisière,
    On en souffre mais on l’endure en réajustant sa visière.

    Tableaux de Wolfe Von Lenkiewicz sur https:wolfevonlenkiewicz.comartworkscategories27-2022-2023 .

  • Même pas peur !

    Même pas peur !

    Pas peur du loup, du loup garou, gare au gorille, et cætera !
    L’amour est une rose sans épine mais qui s’y frotte s’y piquera !
    Qu’il soit blondinet, brun ou roux, mon appréhension se taira
    Pour laisser l’âme galopine de mon cœur qui l’attisera.

    Le loup restera sur sa faim s’il pense me croquer le cœur
    Car sa gueule se refermera sur un brin de chardons ardents.
    Lui qui croyait être aux confins du septième ciel du vainqueur
    Dans la fosse se retrouvera à ne rien se mettre sous la dent.

    Alors, jeunes loups aux dents longues, ne sous-estimez pas la proie
    Dont le cœur vous paraît si tendre mais dont l’âme cache dans l’ombre,
    Derrière sa jolie tête oblongue, une défense à votre endroit
    Qui vous mettra sans plus attendre dans embarras et sans encombre.

    Tableau d’Alfred Glouton extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • Les feux follettes

    Il n’y a pas de fumée sans feu ni de feu follet sans sorcières,
    Ni de Nymphes ou de fées-des-bois dans les forêts de ma région.
    Et inutile de faire un vœu ni de placer de souricière
    Pour en capturer deux ou trois car, au matin, elles sont légion.

    Et justement pour faire honneur aux statistiques précitées,
    Les forêts suisses, et notamment celle qui jouxte ma maison,
    Permettent au petit bonheur la chance de vous susciter
    Un sentiment étonnamment qui trouble le cœur et la raison.

    Car sur les souches des grands arbres, majestueux et authentiques,
    Champignons hallucinogènes et vénéneux de toutes sortes,
    Pareilles à des statues de marbre, Vénus et déesses antiques,
    Montent ces beautés psychogènes pour que le diable vous emporte.

    Sans doute ces apparitions, destinées à vous faire peur,
    Masquent des secrets alchimiques par leurs volutes phosphorés.
    Connaissant la répartition de ces rémanentes vapeurs,
    Voici la carte toponymique que j’ai tracée dans ma forêt :

    En fait, non, vous n’en saurez rien car au moment où j’écrivais,
    Ma muse est sortie de son pot – mon encrier – à point nommé
    Me dire d’un ton luciférien que si un jour je décrivais
    Le moindre indice à leurs propos, elles pourriraient ma renommée.

    Illustration de Zool sur https:www.artstation.comzoolart .

  • Mes rêves de la montagne en relief

    Une ligne droite en montagne devient une ligne fractale
    Car la droite n’existe plus à cause du gauchissement
    Qui a transformé les campagnes en un terrain périnatal
    D’où naissent ce qui a complu aux dieux en avachissement.

    Ils divisent pour mieux régner et disloquent monts et vallées
    Pour brouiller les langues à l’eau de patois incompréhensibles.
    Véritables toiles d’araignées linguistiques qui vont avaler
    La bonne entent3 dans un halo de jalousies les plus sensibles.

    Les lacs incarnent les diplomates qui joignent d’amont en aval
    Tous les courants forts torrentiels aux rivières un peu plus placides.
    Le calendrier automate y organise des carnavals
    Comme armistice providentiel, une purge ou un vermicide.

    Tableaux 3D de Nerdzilla sur https:nerdzilla.com.brpapel-em-camadas-3d-layered-paper-art .

  • Mes rêves de la mer en relief

    Je me méfie d’une mer calme car elle ne le reste pas longtemps ;
    Il suffit qu’un front froid l’excite – sans doute à cause d’un papillon –
    Et qu’il lui chatouille les palmes pour qu’un emportement latent
    Fasse tout ce que nécessite ses colères et ses tourbillons.

    Je me défie de ses tempêtes qui, à la faveur de la nuit,
    Attaquent brusquement les phares pour leur dérober la lumière.
    Et des vents sonnent les trompettes des troupes qui trompent l’ennui
    En faisant vibrer la fanfare de Neptune en avant-première.

    Et je redoute les répliques que la mer fait à l’océan
    Qui ne jure que par sa force face aux bourrasques maritimes.
    Alors je rêve qu’il m’explique pourquoi il sort de son séant
    Lorsqu’elle demande le divorce pour ses amours illégitime.

    Tableaux 3D de Nerdzilla sur https:nerdzilla.com.brpapel-em-camadas-3d-layered-paper-art .

  • Et novembre s’estompera

    Et novembre s’estompera

    J’ai déjà oublié novembre et ses teintes d’or, rouille et ambre
    Que les premières neiges de décembre ont recouvert devant ma chambre.
    Toutes ces couleurs délavées sont éclaircies sur les pavés
    Et tous mes souvenirs gravés, fondus, délayés, maravés.

    Parfois la nature recule, le temps retarde les pendules ;
    Le soleil crève au crépuscule malgré une lune incrédule.
    Parfois la saison en avance paie son quota de gelées blanches
    Et les montagnes leur redevance par prélèvements d’avalanches.

    Alors les marrons sont glacés, les noix présentées en sachet
    Et les familles déplacées cherchent alors à se rattacher.
    Des journées d’automne défaites par l’hiver hissé sur le faîte.
    Tout est transformé pour les fêtes, les traditions sont ainsi faites.

    Illustration de Pascal Campion.

  • Adieu novembre, bonjour décembre

    Adieu novembre, bonjour décembre

    Jusqu’à, je crois l’année dernière, Novembre était un mois menteur
    Qui débutait en tons dorés pour s’achever en tons glacés.
    Une amorce presque printanière suivie de vents froids tourmenteurs
    Et puis hiver subodoré qui vient l’automne déclasser.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, tout ça n’est plus que poudre aux yeux ;
    Novembre cède comme à regret au réchauffement climatique.
    D’abord il obscurcit les cieux de ses nuages prétentieux,
    Puis il nous propose à son gré ses météores énigmatiques.

    Rendons justice à son talent de nous composer sa palette
    De tons ambrés et mordorés qui nous évoquent la toison d’or.
    Si l’hiver arrive à pas lents, Novembre ajuste ses toilettes ;
    Chemise rouille, jupe dorée pour la nature qui s’endort.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Comme un pigeon

    Comme un pigeon

    Comme un pigeon qui vagabonde et cherche à courir son chemin,
    J’ai quitté le nid à vingt ans pour m’en aller courir le monde.
    Comme, à la première seconde, personne ne m’a tendu la main,
    J’ai affronté de contretemps en attentes plus ou moins immondes.

    Je suis resté longtemps tout seul à claironner mes qualités
    Mais dans la vie, tout est surfait, il y a de la compétition.
    On me dit lâche, on me croit veule, cependant la fiscalité
    Voit en moi le pigeon parfait pour chiffrer son imposition.

    J’ai échappé au salariat, me suis inscrit en libéral
    Et j’ai repris l’itinéraire du prospecteur de clientèle.
    Aussitôt le fonctionnariat – j’ai trouvé cela sidéral –
    M’a demandé des numéraires sans faire hélas dans la dentelle.

    Je suis un pigeon voyageur ; j’ai donc payé pour exister,
    J’ai déboursé pour m’envoler, j’ai banqué pour avoir un nid.
    Le temps se faisant ravageur, j’ai besoin d’aide pour subsister
    Mais personne ne veut convoler avec un vieil oiseau banni.

    Tableau de Mike Davis sur https:www.mikedavisfineart.comrecent-works .

  • Le port sexy

    Le port sexy

    L’intelligence artificielle semble géniale a priori
    Avec les moteurs de recherche et les nouvelles générations
    De programmations logicielles qui sauront a posteriori
    Libérer l’homme qui se perche dans une dégénération.

    Les nouveaux genres en effet font baisser la natalité
    Et l’or humain se dévalue et menace sa propre existence.
    Hier nous en étions stupéfaits, demain la triste réalité
    Proclamera sa moins-value si l’on fait de la résistance.

    Les anges n’ayant pas de sexe, il faudra donner aux robots
    Un port sexy multifonctions et un réseau énergétique.
    L’avenir sera plus complexe et l’homme trouvera trop beau
    De réaliser la jonction avec son dieu cybernétique.

    Taxis & voitures robotisés se piloteront sans humains ;
    Les avions démultipliés quadrilleront le firmament.
    Nous en sommes tous hypnotisés et nous en avons pris le chemin
    Alors sans se faire prier, il n’y a plus qu’à crier « Maman !!! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La sirène en robe d’écailles

    La sirène en robe d’écailles

    Robe d’écailles aux reflets verts, décolleté juste entrouvert,
    Une sirène un peu loufoque promenait ses poissons commodes.
    L’air hautain voire un peu pervers, d’un cillement à découvert,
    Le débardeur en peau de phoque, elle se montrait très à la mode.

    À la mode de chez Neptune et des animaux à branchies
    Habitués à vivre heureux comme un poisson dans les abysses.
    Or chez Nemo, pour quelques thunes, une fois la porte franchie,
    On peut s’offrir de doucereux costumes quand vient l’heure propice.

    Car pile aux heures solunaires, quand la marée arrive à point,
    Toutes les écailles du monde des coraux et nacres débarquent.
    Et les sirènes lagunaires, viennent y pointer leurs pourpoints
    Pour troquer vieilles hardes immondes contre des vêtements de marque.

    Tableau de Georgios Dimitriou.

  • Le pêcheur, sa femme, sa maîtresse, etc.

    Le pêcheur, sa femme, sa maîtresse, etc.

    Les coïncidences sont compliquées à expliquer à un profane
    Qui croit souvent qu’elles n’existent que pour cacher la vérité.
    Alors quand il faut l’expliquer sous une lumière diaphane
    Avec une issue fantaisiste, c’est faire preuve de témérité.

    Le pêcheur qui transporte un gros poisson aux écailles moirées ?
    L’épouse sur une chaise assise en position statufiée ?
    L’amante qui guette son héros en robe verte de soirée
    Tandis qu’une barque se précise avec le mari cocufié ?

    Finalement pas de détresse à craindre sous le firmament ;
    Le pêcheur rapporte sa pêche qu’il divise équitablement
    Entre sa femme et sa maîtresse qui se partagent leur amant
    Et si le rameur se dépêche, c’est un hasard probablement.

    Tableau de John Tarahteeff.

  • La Phénixe

    La Phénixe

    Chez les dieux point de parité, seraient-ils donc tous misogynes ?
    J’en mettrais bien ma main au feu si l’un deux me prouvait le contraire.
    Sans doute par solidarité se tairont tous les androgynes
    Mais j’en appelle de tous mes vœux à tout argument arbitraire.

    À peine ai-je parlé d’un feu que le phénix s’est attisé
    En invoquant l’embrasement des sens qu’il avait éprouvé
    Pour une femme boutefeu d’avec qui l’a sympathisé
    Et montrant un engagement qui tentait de me le prouver.

    Alors j’ai vu sa femme-flamme, le feu partout et pas qu’au cul
    En train d’allumer tous les dieux qui résistaient tant bien que mal.
    J’ai demandé qu’on me proclame le nom de de tous des vieux cocus
    Qui d’un phallocratisme odieux encensaient tout le bien du mâle.

    Tableau d’Ekaterina Abakarova sur https:www.saatchiart.comen-chabakarova .

  • Métaphores en amour

    Métaphores en amour

    « Mais… t’es fort en amour ou pas ? » redemandais-je à Cupidon
    Après un énième lapin posé par un impertinent !
    « Métaphore en amour ou pas, moi je te trouve assez bidon
    Et je veux mettre le grappin sur un beau mâle déterminant ! »

    Alors piqué par mes propos, mon Cupidon me transporta
    Vers un cheptel de jeunes mâles mais nigauds à dépuceler.
    Ce fut « Allegro non tropo » jusqu’à ce que l’on m’emporta
    Au septième ciel, non sans mal, où je me sentis acculée.

    Car Cupidon, ce faux jeton, fit de moi sa femme étalon
    Ou jument je ne sais pas trop comment on dit « une Don-Juan ».
    Et c’est ainsi qu’à croupetons, tous les anges sur mes talons
    M’honorèrent comme des maestros dans des coïts exténuants.

    Tableau de Cihangir Gümüstürkmen sur https:www.saatchiart.comen-chaccountprofile2437173 .

  • Homo-coloris, la prochaine race

    Homo-coloris, la prochaine race

    Changer de genre ne suffit pas, on veut aussi changer de peau
    Et s’affranchir de ses douleurs en affichant ses exigences.
    Et le peuple s’émancipa d’un naturisme bien à propos
    Mais le corps peint de la couleur du cœur avec intransigeance.

    Les sentiments étant complexes, on fit appel à des artistes
    Qui exprimèrent les pensées des nouveaux homo-coloris.
    Et plus la raison est complexe, plus le cœur se montre simpliste
    Et plus on peint, pour compenser, les phallus et les clitoris.

    Un puzzle humain se mit en place et chacun trouva sa chacune
    Selon le tartan imprimé sur l’autre qui corresponde au sien.
    Afin que ces gens repeuplassent la Terre d’une race opportune,
    Les non-peints furent opprimés, traités d’ignares et béotiens.

    Vu sur https:www.nytimes.com20230725stylenyc-bodypainting-day.html .

  • Dame Margot

    Dame Margot

    D’une petite chatte trouvée dans l’herbe, Dame Margot, femme du seigneur,
    Se divertit dans son manoir et en fit sa fille adoptive.
    Le mari d’une voix acerbe – car il était plutôt grogneur –
    Ne supportait ni les chats noirs, ni les pires félines chétives.

    Le pauvre chaton orphelin, accro au charme cupidonien,
    Flairait, un peu plus aguerri, qu’il y voyait la bonne aubaine
    Puisque, dans tout le patelin, il n’y avait aucun daltonien
    Qui puisse confondre son coloris avec celui d’un chat d’ébène.

    Quand la coquine la lova entre ses seins volumineux,
    Elle disparut en ronronnant, il y eut du remous alentour.
    On crut qu’une voix s’éleva, pareille au chant libidineux
    Qu’entonnent les moines sonnant l’angélus du haut de la tour.

    Devant la foule de fidèles venus pour écouter la messe,
    Les paroissiens compatissants aimaient écouter l’animal.
    « Mais fi des maris infidèles qui ne tiennent pas leurs promesses ! »
    Dirent les épouses en pâtissant devant la dévotion des mâles.

    On décida d’exécuter la pauvre chatte abandonnée
    Qui heureusement n’étant pas dupe se réfugia sous les jupons
    Et l’animal persécuté griffa toute main adonnée
    Qui s’insinuait sous les jupes pour un petit plaisir fripon.

    Tableau de Francesco Dezio.

  • Lilly Pute

    Lilly Pute

    Entre minimum, maximum et optimum, siège Lily Pute ;
    Un minimum de vêtement, un maximum de décorum ;
    La séduction à l’optimum et, pour qu’il n’y ait pas de dispute,
    L’ensemble de ces trois éléments se réunit en un quorum.

    Elle vous aimera un minimum, fera payer un maximum
    Mais votre plaisir optimum vous incitera à des largesses.
    Elle vous fera monter au summum de l’orgasme le plus extremum
    Et vous débouchera un magnum compris dans le prix de ses fesses.

    Après le travail terminé, elle referme son manteau
    Et regagne son atelier où l’attend un groupe de peintres.
    Elle pose devant ces minets, presque des débiles mentaux
    Qui deviennent fous à lier devant tous ces arcs en plein cintre.

    Lily Pute est la clef de voûte de toute la peinture érotique
    Parce que « Vingt dieux, la belle église ! » clament tous ses admirateurs.
    Elle vous séduit, elle vous envoûte en nature comme en art plastique
    Et tous ceux qu’elle fidélise deviennent fervents adorateurs.

    Tableau de Lindsay Bernard Hall.

  • La machine à remonter le temps (qu’il fait)

    La machine à remonter le temps (qu’il fait)

    À défaut d’explorer le temps – qui paraît-il est impossible –
    J’opterais pour le temps qu’il fait de préférence au temps qui passe.
    Un passé m’indiffère autant qu’un futur rend impassible ;
    Seul le présent me satisfait tandis que le reste m’agace.

    Mais si je pouvais remonter la pluie jusqu’au-delà des nues,
    Si j’avais la capacité de détourner le cours du vent
    Et si je pouvais remonter la mer après l’ouragan survenu,
    J’atteindrais la sagacité de flashs météo captivants.

    Je créerais de nouvelle montres au cadrant en rose-des-vents
    Qui sonnerait au troisième top levers et couchers de soleil.
    Et si un grain vient à l’encontre ou que la pluie prend les devants,
    Il suffira de presser « stop » sur le remontoir du réveil.

    Tableau de Mike Worrall sur https:www.mikeworrall.comprints-available .

  • Les différentes versions de la création

    Les différentes versions de la création

    Comme plusieurs interprétations co-existent sur la création,
    Je ne sais plus où me confier : Dieu – mais lequel ? – Lui ou ses saints ?
    D’abord il y a l’imprécation au sujet de la procréation
    Où le sexe est certifié comme péché charnel à dessein.

    Bien sûr, la genèse l’atteste, Dieu créa l’homme à son image,
    Puis la femme et la tentation afin de parfaire le modèle.
    Sachant que ceux qui le contestent seront punis d’un écrémage
    Tandis qu’avec ostentation, on récompense les fidèles.

    Darwin et sa nouvelle vague a séduit les scientifiques
    Et porté la science au top avec force de persuasion.
    Mais aujourd’hui, celle-ci divague et les théories prolifiques
    N’font que menacer le biotope et nous par la même occasion.

    Au final, les extraterrestres pourraient bien remporter la palme
    Mais ça ne fait que relancer la question : « Qui les a créés ? »
    À moins que Dieu lui-même orchestre cette confusion avec calme
    Pour mieux nous pousser à penser, à douter et à maugréer.

    Tableau de J. Coby.

  • La fille sur la plage qui voyait avec ses seins

    La fille sur la plage qui voyait avec ses seins

    Maligne la fille d’en face, nue mais avec un grand chapeau ;
    Les yeux voilés par la visière, inexpressifs, pleins de sarcasme.
    Mais vous, vous fixez l’interface qui vous attire comme un appeau ;
    Une poitrine à la lisière de la forêt de vos fantasmes.

    Attention ! C’est une chasseuse dans le costume du prédateur
    Avec ses pièges à gogo dans lesquels vous perdrez la tête.
    Pas que la tête mais vos valseuses dans un coït libérateur
    Qui vous fera perdre tout de go la vie et le sens de la fête.

    Je me méfie des filles nues qui se dandinent sous ma fenêtre
    Et qui m’agitent leurs mamelles en gestes des plus audacieux.
    Stoïque et plein de retenue, dès que que je sens une envie naitre,
    Aussitôt je sors mes jumelles pour essayer de voir leurs yeux.

    Et comme je ne les vois pas, j’en déduis instinctivement
    Que ce sont ceux d’une prédatrice alléchée par le goût du mâle.
    Encore un peu loin du trépas, je laisse à d’autres l’avivement
    Qui, à ma plume fornicatrice, donne l’inspiration animale.

    Tableau de Volosov Vladimir.

  • La toréadore

    La toréadore

    Europe, une jeune Phénicienne attira un jour l’intérêt
    De Zeus, dieu sans équivalent, par sa vénusté andalouse.
    Comme il voulait la faire sienne et qu’elle semblait obtempérer,
    Il se changea en taureau blanc à cause de sa femme jalouse.

    Mais le taureau fut rouge-sang, sans doute une erreur de dosage
    Et pour échapper à Héra, ils durent s’enfuir en Espagne.
    Ils vécurent en se trémoussant – comme là-bas il était d’usage –
    Dans les arènes et l’opéra, à la ville comme à la campagne.

    Europe se fit toréadore et acquit sa notoriété
    En pratiquant entièrement nue le métier de dresseur d’auroch
    Et devint la conquistadore envers la haute société.
    Parmi leurs enfants reconnus, l’un d’eux fut célèbre au Maroc †.

    (Tableau de Kolobova Margarita
    † mais ça, c’est une autre histoire.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le zodiaque érotique

    Si les planètes parlaient d’amour plutôt que de révolutions,
    Les femmes qui viennent de Vénus et les hommes qui viennent de Mars
    Seraient en conjonction le jour et la nuit en reproduction
    Avec malus ou bien bonus selon les conjonctions éparses.

    Le Soleil serait super-mâle et la Lune super-femelle ;
    Ils s’écriraient des billets doux que Mercure propagerait ;
    Jupiter, force maximale, patronnerait les belles mamelles,
    Saturne courrait le guilledou avec ses beaux anneaux dorés.

    La libido augmenterait selon les phases d’Uranus,
    Ainsi que celles de la Lune dont nous connaissons l’attraction.
    Ainsi l’étalon banderait grâce à l’action sur son phallus
    Du magnétisme de Neptune par la puissance de l’érection.

    Tableau de Nikolay Sednin sur https:arthive.comfrsedninstories11790 .

  • Les toréadores

    J’avoue que la tauromachie gagnerait à ce que les machos
    De la bande des toréadors passent derrière les barricades
    Pour laisser la matriarchie faire reculer les fachos
    Afin qu’enfin le taureau d’or ait l’honneur d’une cavalcade.

    Que les toréadores nues sous leur robe rouge-écarlate
    Courent devant ces belles cornes en tressautant comme un flambeau !
    Simplement ces bêtes cornues auront les extrémités plates
    Afin que les pointes n’écornent que l’étoffe qui parte en lambeaux.

    L’alliance de la belle et la bête nous offrirait un beau spectacle ;
    Un strip-tease assez singulier qui défend la cause animale.
    Si mon projet sans queue ni tête ne rencontrait aucun obstacle,
    J’en s’rais spectateur régulier avec délices maximales.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le zodiaque de Denderah

    Toutes les interprétations de la dimension du zodiaque
    Sont toutes aussi vraies qu’erronées selon comment je les contemple.
    L’Égypte en est l’imprécation par ses nombreux dieux démoniaques
    Car Denderah l’a claironné et peint aux plafonds de ses temples.

    Osiris, Isis, Seth, Horus, avec leurs têtes d’animaux
    Composent le premier bestiaire qui aurait inspiré Noé ;
    Amon et Râ font le chorus des astres aux effets maximaux
    En fécondant la Terre entière de Memphis à Arsinoé.

    Avec Ptah, le dieu créateur, divinité de la sculpture,
    Voilà le temps des pyramides, voici la vie au bord du Nil.
    Avec Toth, le dieu médiateur de la sagesse et l’écriture,
    Geb dieu des terres encore humides, Hathor à jamais juvénile.

    Anubis, tête de chacal et dans la mort, l’enfer me ment ;
    À Nout, mon ciel et mes idylles ; à Sekhmet le féminin sacré ;
    À Bastet, mon chat amical ; à Nephtys mon discernement ;
    Sobek, tête de crocodile et mes sirènes consacrées.

    La 1ère illustration est de Domenico Valeriano sur http:jfbradu.free.fregypteLES%20TEMPLESDENDERAHplafond-denderah.php3?r1=6&r2=1&r3=0 .

  • Louve parmi les loups

    Louve parmi les loups

    Maintenant qu’elle a fait entrer un loup lubrique à l’Élysée,
    Marianne se fait des cheveux blancs et n’a pas l’air de s’en ficher
    Quoiqu’elle en soit déconcentrée à force de réaliser
    Combien de poses et faux-semblants elle est obligée d’afficher.

    Mais baisée pour être baisée autant l’choisir époustouflant,
    Au nez pointu, bien arrogant, sûr de lui et autoritaire.
    Il aurait été malaisé de tomber sur un « mou du flanc »
    Surnom qui allait comme un gant au précédent allocataire.

    On dit qu’elle serait un homme mais que voulez-vous qu’elle y fasse ?
    À fréquenter autant de loups, on prend tous du poil de la bête !
    Si on renvoyait le bonhomme en lui faisant perdre la face,
    Il n’y aurait plus de jaloux et Marianne serait à la fête.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Hommes et femmes de papier

    Si la vérité sort du puits vierge, nue et immaculée,
    Ce qui ressort de nos médias n’est pas parole d’évangile.
    Quand le gouvernement appuie du doigt un texte recalculé
    On peut s’attendre dans l’immédiat à l’exactitude fragile.

    On prétend que la presse écrite objecte de bon caractère
    Mais toutes les maisons d’éditions sont aux mains du pouvoir direct.
    Comment croire les choses décrites alors que la censure altère
    L’exactitude sous condition d’être politiquement correct ?

    Alors on croise les infos à travers les réseaux sociaux
    Qui font devenir complotiste contre tous les protagonistes.
    À prêcher le vrai et le faux, les gens en deviennent asociaux
    Et si l’on est jusqu’au-boutiste, on devient conspirationniste.

    Et lorsqu’il n’y a plus de mots, ce sont les chiffres qui cavalent
    Avec une échelle équivoque qui augmente les bénéfices
    Et rend les déficits normaux malgré l’inflation qui dévale.
    En bref, la vérité provoque une avalanche de sacrifices.

    Photoshopages d’Eugene-design sur https:graphicriver.netitemnewspaper-art-photoshop-action-14103713 .

  • Sirènes en mer noire

    Sirènes en mer noire

    Après le détroit du Bosphore, en remontant vers Odessa,
    Les eaux deviennent bouillonnantes mais ce n’est pas de la chaleur.
    Illuminées par le phosphore des poissons dansant la salsa
    Les sirènes tourbillonnantes dans un trio font un malheur.

    La première, pieds et mains liés, entièrement gobée par un thon ;
    La deuxième juchée par-delà la meute des poissons-volants ;
    La troisième, juste reliée à un requin en demi-ton ;
    Toutes chantant a capella un récital affriolant.

    Les pauvres marins subjugués par la prestation aquatique
    Se font engloutir sous les eaux noires sises sous les coulisses.
    Ils se trouvent alors conjugués au passé le plus dramatique
    Et finissent parqués dans le zoo du plus grand vivier des abysses.

    Tableau de Juan Carlos Verdial.

  • Curiosités abyssales

    Là où il n’y a pas de lumière dans les abysses en entonnoir,
    Là où on ne peut rien capter tellement les ténèbres sont ternes,
    Dans l’obscurité des chaumières comment faire lorsqu’il fait noir ?
    Les sirènes se sont adaptées en se transformant en lanternes !

    Cheveux d’anges luminescents pour attirer la faune ambiante ;
    Tête au visage étincelant pour charmer les poissons rebelles ;
    Un appendice phosphorescent comme séduction irradiante ;
    Tout le reste du corps, égalant le buste, rend leurs queues si belles.

    Hélas elles sont si petites que jamais l’homme ne pourra
    Ni distinguer, ni attraper ces feux follets évanescents.
    De plus, elles sont contredites toujours par l’homme qui ne saura
    Jamais plus son front se frapper de vérité en l’acquiesçant.

    Finalement le feu sacré aux tréfonds des mers contesté
    Par la « Science » existerait par celles qui n’existent pas.
    Laissons les rêves consacrés à l’imaginaire délesté
    De tout ce qui subsisterait si « Elle » disait « mea culpa ».

    Illustrations d’Artwood.

  • Èvelyin et Adamyang

    Èvelyin et Adamyang

    Divinité & Dualité aux dieux demeure l’apanage ;
    Pour le Dieu unique en revanche, auteur de la procréation,
    Qui crée la sexualité afin que l’homme à son image
    Demeure sur la même branche, ne m’inspire qu’exagération.

    Un Dieu unique omnipotent aurait créé l’humain binaire
    Avec le démon situé au cœur même du sexe infâme.
    Dieu crée tout en escamotant sa nature extraordinaire
    À savoir qu’il est sexué mais alors… où est donc sa femme ?

    Sans doute, chacun de son côté a créé sa propre expérience,
    Un concours pour rivaliser ou pour favoriser la chance.
    Mais aussi tarabiscotée soit-elle, la thèse de deux obédiences
    M’est une vue idéalisée d’une divine intelligence.

    Tableau de Rick Withe.

  • Sauvons l’essentiel !

    Lors d’une déclaration de guerre, chacun protège ses valeurs
    Pour éviter que l’ennemi lui en limite l’abondance.
    Alors, de choix, il n’y en a guère qu’en stocker en cas de malheur
    Et se méfier des amis qui y verraient leur providence.

    Les fleuristes cachent les pots comme ceux qu’ils ont en vitrine,
    Les mariées placent leurs bouquets à l’ombre des catherinettes.
    Les galants mettent sous leur chapeau l’œillet qui ornait leurs poitrines ;
    Ainsi coquettes et coquets ne valent plus que des clopinettes.

    Tandis que tous vont aux abris, on porte les pâtisseries
    Hors de l’atteinte des gourmands plongés en pleine mélancolie.
    Cottage, camembert et brie ne feront plus tapisserie
    Et disparaissent au détriment des pains rassis et ramollis.

    Moi-même, je garde mes vers hors de la portée des bohèmes
    Avec des rimes simulées qui manquent hélas de substance.
    Mes strophes deviennent sévères pour ne pas trahir les poèmes
    Que je transmets dissimulés à l’envers pour la résistance.

    Tableaux de Mike Worrall sur https:www.mikeworrall.comprints-available .