Une artiste dans son atelier – 2

Une artiste dans son atelier – 2

Il n’y a pas que le vêtement qui, une fois ôté, rend muet !
L’artiste sans pinceaux, sans toiles est semblable à la page blanche
Que le poète veut vertement couvrir de vers exténués
Après avoir vu les étoiles tomber sur lui en avalanche.

Mais quand il s’agit d’une artiste, elle devra se déshabiller
Pour appliquer son corps enduit sur la surface à exprimer.
Les seins devenant portraitistes peignent des yeux écarquillés,
Le ventre par le courant induit œuvrera en surimprimé.

Sans doute un calice emmanché dessinera la jolie bouche
Qui sera pour l’artiste-peintre l’interlocuteur favori.
Et l’acheteur endimanché n’aura pas besoin de retouche
Pour écouter sa voix l’atteindre comme le ferait sa houri.

« Je suis la toile qui soupire sous l’empreinte de son désir
Et chaque courbe m’a révélé son alphabet d’un amour brut.
Je m’incarne dans le sourire de cette bouche avec plaisir
Qui absorbe le pinceau pelé dressé comme un taureau en rut.

Ses cuisses, fusains en fuseaux, ont su mes silences traduire
Et son calice, sans mentir, m’a fait vibrer vers l’absolu.
Ses lèvres baisent le museau de ma surface prête à enduire
Et la peinture va sentir ses phéromones dissolues. »

Tableau de Manuel Leonardi.

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