
Elles marchaient toutes ployées sous les violences domestiques,
Résignées sous les traditions, le corps lourd, psychosomatique.
Les mains pleines de mots déployés traités comme simples caprices,
Leurs silences et leurs soumissions, témoins violés de leurs supplices.
Vous leur avez volé leurs nuits, leurs chants, leurs propres solitudes,
Vous avez imposé la peur comme pudique certitude.
Vous avez déshonoré l’huis de leurs vulves et leurs clitoris
En les plongeant dans la torpeur de n’être que des orifices.
Elles ont tendu leurs appas sous des regards illégitimes
Qui leur volaient leur dignité et leurs droits pourtant légitimes.
On les a vite mises au pas, mères avant même qu’elles soient filles,
Soumises à la fertilité, fagotées jusqu’à la cheville.
Très tôt, elles n’ont pu que sourire lorsqu’elles se sentent opprimées
Et ont dû cacher leurs douleurs sous des « je vais bien » déprimés.
Elles ont tu colères et rires, leurs règles, leurs projets d’avenir
Et même leurs rêves en couleurs couverts des pires souvenirs.
Je les ai vues vendre leurs corps contre la paye du mari,
Préparer le repas des hommes, troussées manu militari.
Laver, briquer et nettoyer maison, enfants et relever
Leurs jupes sans s’apitoyer comme des filles bien élevées.
Vous en avez fait des servantes, des pauvres reines sans royaume,
Des déesses blessées, exilées, enfermées dans vos tristes idiomes.
Mais leurs cris chargés d’épouvante traversent murs, lois et années
Pour revenir droits, effilés, aiguisés de larmes surannées.
Elles reprennent alors leurs droits, leurs corps et leurs ovulations,
Le pouvoir de s’émanciper, refuser l’éjaculation.
Elles ne seront plus l’octroi des dictatures domestiques ;
L’esclavage stéréotypé a perdu ses droits humanistes.
Texte de Loreleï ; la fresque peinte par Olivia De Bona © Mairie du 12ème.
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