
Le genre humain est ainsi fait : on se ment, on porte des masques
Mais dans le grand cycle animal, le mensonge assure la survie.
À chaque fois qu’on est défait, on se cache derrière de fantasques
Paravents – c’est un moindre mal – auquels on s’est tous asservis.
Et quand une espèce de chien vient flairer la supercherie
Comme l’enfant qui s’écriait : « Pourquoi l’Empereur, il est tout nu ? »
Sans-culotte et bonnet phrygien, chaque hypocrite surenchérit
En clamant comme à la criée que tout était archiconnu.
« Tous à poil ! » serait formidable mais lors quelle cacophonie
Si chacun regardait sa poutre plutôt que la paille du voisin !
La solution indécidable serait de faire une colonie
Et s’éloigner de ces jean-foutres mais ça reste un projet zinzin…
Alors on continue le bal, bien costumés, le nez bien droit,
À jongler de vérités molles sous des perruques de façade.
Mais parfois, un rire tribal fend le vernis du désarroi
Et laisse entrevoir un bémol… on n’est tous qu’un reflet maussade.
Tableau de Rafal Olbinski.
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