Quand la mer devient rouge

Quand la mer devient rouge

C’est sur un fond sablonneux, enfariné de grès rouge,
Sur la plage à marée basse arrosée de brumes éparses ;
Sur ces rochers limoneux, où ça grouille et où ça bouge,
Des palourdes et des gambas et d’autres moules comparses.

On y va les pieds dans l’eau dans l’encre rouge de l’anse
Pour glaner les fruits de mer qui trémoussent sous le sable ;
Saluant les matelots dont les barques se balancent
Sous la houle douce-amère des vents indéfinissables.

Comme le sang d’un dragon qui serait mort d’un assaut
Contre tous les Léviathans qui fabriquent les légendes,
Cette couleur du lagon, où naviguent les vaisseaux,
Fait le sang pur éclatant de cette terre normande.

C’est au coucher du soleil, au moment du crépuscule,
Qu’on voit la mer s’enflammer sous la forge de Neptune.
C’est la couleur du sommeil quand la conscience bascule
Vers les rêves réclamés par les fables de la Lune.

Puis, la nuit, tout s’assombrit dans des cramoisis troublants
Et la mer refait son lit sous une couette d’étoiles.
Tous regagnent leurs abris, de précaution redoublant,
Et le pourpre se délie dans le tissu de la toile.

Tableau de Fabienne Barbier

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