Les quais de mai

Les quais de mai

C’est au 20, rue du quai que ma mémoire sombre
Dans les plis des ruelles profondes qui s’enracinent
Aux souvenirs intimes tapis dans la pénombre
Qu’on extrait par lambeaux d’une peine assassine.

Les amours du passé deviennent immobiles,
Durcies par la résine du temps qui cristallise.
Ni mortes, ni vivantes, sans raison, sans mobile
Qui était le cœur fort qui portait les valises.

Tous les plaisirs d’amour se jettent dans la mer
Comme la pluie qui tombe sur la terre trop sèche.
Ils n’ont rien abreuvé de leurs sources amères
Et retournent intacts tous les fruits de leur pêche.

Les amours emmurées sont les plus difficiles,
Ils n’ont aucun écho et sont nature morte.
Les albums de photos redeviennent fossiles
Quand ils sont immergés au midi de la porte.

Si les amours d’antan se perdent dans l’oubli,
C’est que le temps se pose, dépose et redépose
Des couches d’illusions plus ou moins anoblies
Qui font fleurir l’amour d’humus de ménopause.

Tableau de Fabienne Barbier

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