Je me souviens à présent, après ces années de fuite,
De ma jeunesse perdue sur les bords du lac Sevan
Quand je courais l’aventure et les filles à ma poursuite
Dans les ruelles étroites de ma chère Kirovakan.
J’ai parcouru des régions, j’ai traversé des frontières ;
Dans une main, ma valise ; dans l’autre main, ma promise.
J’ai emmené mes enfants pour une ville côtière
Sur la Méditerranée avec juste une chemise.
Le soir entre chien et loup, je vais arpenter la grève
Et je lève mon regard fixé sur la Bonne-Mère.
Le soleil saigne la mer sous le vent soufflant sans trêve
Et dessine dans le ciel le visage de ma mère.
Et je la vois accouchant dans un murmure de silence
Tandis que je vagabonde de son sein vers l’autre monde.
Et quand s’ouvre le passage comme une sourde violence,
J’abandonne mon caveau, loin des souvenirs immondes.
Je renais sur cette Terre, accueilli par des caresses ;
Je renais dans cette ville avec mes sœurs et mes frères.
Pour remercier mon Dieu de l’amour et la tendresse
Je vous offre ma cuisine et mon cœur pour vous distraire.
Tableau de Fabienne Barbier
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