L’œuf cosmique de Yavänor-l’ancien

L’œuf cosmique de Yavänor-l’ancien

On dit qu’au moment de la mort on voit toute sa vie défiler ;
Moi, je vois le temps aplati d’éternité instantanée.
Je vois mes plaisirs, mes remords et toute ma vie profilée
En une immersive apathie de tous mes âges simultanés.

Je me découvre alors fœtus et à la fois vieillard sénile
Liés et fusionnés ensemble dans le vortex d’un œuf cosmique
Enveloppé par des stratus d’ondes devenant juvéniles
En heurtant l’embryon qui tremble sous la compression osmotique.

De l’ultraviolet invisible jusqu’au rouge le plus intense,
Je revois les couleurs du temps surgir vers moi et m’absorber.
Nous sommes alors indivisibles et, peu à peu, cette accointance
Devient intime en débutant une communion résorbée.

Plus je me sens devenir « lui » et plus je ne me sens plus « moi »
Comme la neige sous le soleil qui subit sa sublimation.
Tout se referme sous ce huis hermétique durant neuf mois
Et, comme un rêve à son réveil, tout devient évaporation.

Dernier soubresaut de mémoire comme les SOS de l’âme
Qui lance son dernier appel, son dernier message de détresse.
Dernière image montrant les Moires boucler mon fil dans une flamme
Tranchant ma vue comme un scalpel d’une découpe vengeresse.

Le trou noir m’aspire par le fond et dilue toutes mes pensées
Que je sens toutes effilochées et tressées sur d’autres fragments.
Puis, aspirées par le siphon, mes dernières bribes expansées
Semblent alors se raccrocher happées par de nouveaux segments.

Nous abandonnons nos mémoires à nos cellules embryonnaires
Qui se combinent se s’associent parmi nos dendrites fœtales
Qui tissent et forment une moire dans le cortex ganglionnaire
Où des échos de diglossie soupirent un dernier cri létal.

Illustration de Ledal.

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