Nous repartîmes sous bonne escorte vers les grands royaumes du nord
Au-delà du cercle polaire, pays du soleil de minuit.
M’attendant à voir des cohortes d’ennemis, moi, Yavänor
Marchait en tête sans colère mais redoutant l’étrange nuit.
Un hurlement brise le silence. Fenrir surgit, il est immense.
Je plante l’épée dans la neige, lève les mains ; le loup pavoise.
La peur trompe ma vigilance mais je résiste à la démence
Et dans un singulier manège, l’homme et la bête s’apprivoisent.
Le loup m’invite à le monter. Sans hésiter je le chevauche
Et nous voici parti gravir la montagne vers Yggdrasil.
Je comprends ce qu’a raconté le miroir aux reflets si gauches :
Le dragon s’appelle Fenrir et m’accorde son droit d’asile.
Je demande alors à Fenrir de redescendre pour permettre
À Loreleï de monter en croupe et de s’accrocher à son homme.
Notre monture, sans coup férir, consent ravi de s’y soumettre
Tandis que le reste de la troupe grimpera seule vers le royaume.
La chevauchée est enivrante ; le loup et notre intimité.
Loreleï s’allonge dans la fourrure et m’attire pour faire l’amour.
Sous la cadence soupirante, hurlant à l’unanimité,
Loreleï et moi de la luxure, et Fenrir rire avec humour.
Et le cortège se reforme, Laureline, Lilith et les guerriers
Nous rejoignent au petit matin afin d’arriver tous ensemble.
Laureline, libertine, s’informe de Loreleï pour apparier
Leurs émotions comme des catins heureuses de ce qui les rassemble.
Yggdrasil dresse l’arbre-monde immense, terrible et sublime
Au sommet que nous atteindrons certainement avent la nuit
Si près du but, il nous inonde de sa majesté qui supprime
Toute fatigue car nous tiendrons sous le beau soleil de minuit.
Illustration de Ledal.
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