

Quand mes yeux se sont dessillés, le rideau tomba laconique ;
Tout ça n’était que simulacre, masques et miroirs aux alouettes.
Des vieillardes déguenillées, animées de rires sardoniques,
Bouches édentées qui ne consacrent que misérables silhouettes.
Rien d’attirant dans leur regards – juste l’effroi d’orbites vides –
Un tas de gnomes amoindris, inoffensifs et squelettiques.
Je les observais l’œil hagard demeurant pourtant impavide
Surpris de leurs airs attendris et leurs côté énigmatique.
« N’aie pas peur de ce que tu vois ! Tu voulais notre vrai visage ?
Le voici mais ce n’est qu’un leurre, une réalité trompeuse.
Mais si tu écoutes nos voix sans te fier aux anciens usages,
Tu reconnaîtras avant l’heure notre vraie vénusté pulpeuse.
Le feu est un portail sacré ; approche et avance sans crainte !
Pénètre et franchis-en le seuil et alors de l’autre côté,
Sera le Féminin Sacré qui est la véritable empreinte
Des Korriganes trompe-l’œil cependant fières de leurs beautés ! »
Était-ce un piège encore une fois ? J’ai avancé sans hésiter
En me sentant rapetisser comme si j’allais au pilori.
Aimer est une question de foi. Je me suis senti léviter
Et me retrouvai immiscé en pleine fantasmagorie.
Voilà le secret des Korrigannes : monstrueuses en apparence
Qui par un divin sortilège cachent leurs beautés ineffables.
Beautés de feu dont les organes ne se voient que par transparence
Dans les flammes dont le privilège est de paraître insaisissables.
En récompense de mes actes j’ai reçu le pouvoir suprême
De renaître d’un feu cuisant comme un phénix perpétuel.
Mon cœur d’étoile le réfracte et transforme une mort extrême
En un passage conduisant vers un royaume spirituel.
Illustration de Ledal.
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