XIII Le Détachement

Yavänor

XIII	Le Détachement

L’annonce à l’enfant
J’ai eu conscience de la mort très tôt dans ma petite enfance ;
La vie n’était plus éternelle ; funèbre en était l’oraison.
Vivre et Mourir… quel oxymore pour mon petit corps sans défense
Encore à l’école maternelle bien avant l’âge de raison !


Le refus
J’ai rejeté ce châtiment, persuadé d’être éternel
Et me suis forgé ma raison de vivre sans jamais mourir.
Et cette peur, infiniment obsédante comme une ritournelle,
A marqué tout mon horizon à me hanter et m’en nourrir.


La grande négociation
J’ai usé mille stratagèmes et subterfuges de toutes sortes,
Pris la voie de la religion et de la réincarnation,
Me suis soumis à l’anathème – sinon que le diable m’emporte –
Jusqu’à n’y voir que contagion de la peur et la damnation.


Le choc du Pendu
Mais les épreuves de la vie, notamment mes basculements,
M’ont modifié brutalement et brisé mes appréhensions.
Devant lutter pour ma survie, j’ai perçu dans un dénuement
Un profond renouvellement de mes intimes présomptions.


L’inévitabilité
Je ne lutte pas contre la marée ni ne nage à contre-courant ;
J’ai accepté l’irrémédiable, bravé ma thanatophobie
Par un besoin de m’amarrer aux enseignements concourants
D’après des voies appropriables qui m’éloignaient de mes phobies.


L’espérance
Or j’ai été accompagné durant mes jours de désespoirs
Par une voix qui me portait pour me redonner du courage.
Elle m’a fait peu à peu gagner sa confiance avec espoir
Et sa patience l’a emporté faisant plus que force ni que rage.


L’abandon au flux
Je suis celui qui naît et vit, puis qui mourra suivant la vague
Et je subis son attraction vers des lieux indéfinissables.
Les espérances que j’ai gravies malgré mes craintes qui divaguent
me paraissaient hier abstraction mais demain inassouvissables.

Tableau de Maryvon Riboulet

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