


ORÉYE – La pierre qui voit
Elle siégeait tapie dans la mousse, comme un vieux témoin oublié
Qui aurait vu les injustices, les départs, les renoncements.
Elle a vu les jeunes frimousses, leurs premiers baisers, leurs adieux
Et les guerres et les armistices et leurs derniers recensements.
La pierre dans son temps immobile, ne perçoit juste des saisons
Que le défilement rapide du soleil autour de la Terre.
Elle voit la trace indélébile que trace chaque floraison
Autour de sa souche intrépide qui sait observer et se taire.
SOLUNA – La pierre biseautée du souffle double
Un jour, le Soleil a voulu tendrement embrasser la Lune ;
Elle était froide et bien timide mais il avait chaud dans ses mains.
Les joues des deux astres émoulus, sous les étoiles opportunes,
Ont pleuré des larmes humides de joie partout sur les chemins.
Cette pierre que j’ai découverte où leurs deux visages fusionnent
Paraît aussi lisse qu’un crâne de l’enfant né de leur union
D’un peu de nuit sur l’herbe verte et d’un feu qui l’approvisionne
Et mes doigts lisent en filigrane le langage de leur communion.
LUNENOIRE – la pierre fendue
Il est des chemins escarpés mais qui ne mènent nulle part ;
Ils se terminent en cul-de-sac qu’il faut percer pour avancer.
J’y ai mes jambes écharpées sous l’assaut des ronces et leurs dards
Mais j’y ai trouvé le ressac d’une matrice ensemencée.
J’y ai déposé mon offrande au fond du vagin végétal
Sur le sanctuaire d’une souche ; l’utérus de ma randonnée.
J’ai vu l’œil de ma révérende mère m’offrant son sein génital
Et je l’ai tété de ma bouche afin de le lui pardonner.
Photos des pierres peintes de Fabienne déposées par Maryvon.
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