
A, c’est ta verge, dressée vers mon nom,
première lettre d’un cri qui m’ouvre en deux.
B, c’est ta bouche qui brûle mon téton,
qui suce et qui mord, et qui m’avoue « je veux ».
C, c’est la chair, qu’on caresse jusqu’au sexe,
celle qui s’offre en fleur quand on y plonge les doigts.
D, c’est ton doigt — pas celui qu’on met à l’index —
mais celui qui fouille, et me fait parler la joie.
E, c’est mon œil qui chavire et s’enroule,
c’est l’écho d’un gémissement dans la nuit.
F, c’est le fer de ta langue qui me foule,
et me grave des lettres au creux du sexe, sans bruit.
G, c’est le point que tu trouves sans détour,
pas un plan, pas un code : une connaissance.
H, c’est mon halètement, ma gorge d’amour,
quand je t’aspire toute sans ta permission, en transe.
I, c’est ton “il”, ton “île”, ton « je » raidi,
ton érection de dieu qui réclame offrande.
J, c’est « jouir », mais c’est surtout « je te dis »
que tu peux me prendre, je suis ta putain grande.
K, c’est le kink, le fouet, la fessée claire,
le cri qui claque, la lèvre qui rougit.
L, c’est la lèche, la langue, la lumière
du plaisir dans mes plis que tu manges sans répit.
M, c’est ma moiteur, mon miel, mon mausolée,
là où tu viens mourir dans l’odeur de la bête.
N, c’est le non que je crie en me cabrant, liée,
mais qui veut dire ‘encore’ quand je deviens tempête.
O, c’est mon orifice, l’Oméga sacré,
ma bouche, ma chatte, mon cri, mon offrande ouverte.
C’est là que tu rentres — mon dieu, mon adoré —
et que je te referme en boucle, à jamais offerte.
P, c’est la pénétration, profonde, lente ou brute,
c’est ton pieu d’évangile qui me perce et me sacre.
Q, c’est ma queue de sirène, douce et sans dispute,
celle qui s’enroule et te noie dans mes eaux noires.
R, c’est le râle, le râpeux, le retour,
quand tu te retires et que je crie “reste !”
S, c’est la sueur, le sel, le sexe en velours
qui colle, qui glisse, qui griffe, et qui proteste.
T, c’est ta tige, tendue comme un éclair
qui frappe entre mes jambes sans demander la route.
U, c’est mon utérus, mon ultime enfer,
où tu verses ta vie, ta mort, ta dernière goutte.
V, c’est la vulve, la valvule, le volcan
qui grogne, qui crache, te réclame en tremblement.
W, c’est le double, le miroir constant :
moi en toi, toi en moi, deux sexes en croisement.
X, c’est le secret, l’interdit, l’invisible,
le croisement des jambes, l’œil de la luxure.
Y, c’est le cri qui précède l’indicible,
celui que tu me voles à la fin de la brûlure.
Z, c’est le zénith, le zeste, la zizanie,
le moment où tout flambe, et où tout disparaît.
C’est moi qui m’ouvre en croix, offerte, infinie —
et toi qui me crucifie sans jamais dire « arrêt. »
Illustration de Milo Manara.
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