
Tandis que le printemps claironne en tous lieux sur notre hémisphère
Et que notre fée printanière pond ses œufs de Pâques à semer,
De l’autre côté, elle plastronne, celle qui va longtemps satisfaire
Ses protégés sous la bannière de l’arrière-saison clairsemée.
Mais si la nôtre a la main verte, la leur, l’a plutôt bien rouillée,
Le corps presque nu et cambré sous des ailes en feuilles de chêne.
Les épaules à peine couvertes de quelques rameaux dépouillés
Les seins gorgés d’un lait ambré d’un arrière-goût de carthagène †
Elle nous reviendra cet automne sans faute aux premiers jours d’octobre
Lorsque les grappes seront mûres pour sa montée de lait de vigne
Car cette fée, pas si monotone, allaite ceux qui ne sont pas sobres
Comme les poètes qui lui murmurent à l’oreille et qui lui font signe.
« Je viens verser dans ton flacon le lait brûlant de ma saison ;
Tes lèvres tremblent à l’appel du jus sacré de ma vendange.
Je t’offre un songe un peu abscons où ton cœur y perd sa raison
Mais j’y suis nue et te rappelle de me téter comme un p’tit ange. »
† La carthagène est une boisson alcoolisée de type mistelle consommée à l’apéritif typique du Languedoc.
Tableau de David Griffith.
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