Perséphone sur ses grands bi

Perséphone sur ses grands bi

Si Perséphone à bicyclette a changé de cadre de vie,
Elle ne sort que désormais sur ses grands bi uniquement
Qu’elle conduit à l’aveuglette, yeux fermés, selon ses envies
Comme si elle se conformait à un rite d’obscurcissement.

Évidemment six mois d’enfer avec un mari répugnant,
Six autres mois avec sa mère pour la saison printemps-été,
L’ont forcée, pendant les transferts à rouler en se résignant
À ses deux cycles intérimaires donc deux vélos à piloter.

Elle pédale à tombeau ouvert la nuit de l’empire des morts
En cherchant dans l’obscurité pourquoi son cœur a ses raisons.
Elle pédale les yeux recouverts d’une cagoule de remords
Car de Zeus elle a hérité la suprématie des saisons.

Ô Perséphone, déesse errante, sur tes grands bi, funambule du sort,
Franchis donc l’ultime lisière, pneus chantant sur l’onde des cieux !
J’ajoute une strophe vibrante, dernier élan avant l’aurore,
Tissant d’une ombre passagère un fil d’équinoxe à tes yeux.

Ainsi, ton mythe roule et danse, entre deux mondes, un bal secret,
Et moi, sur mon cycle ordinaire, dans l’enfer des transferts sans fin,
Moi, le fugitif en errance, j’écris mes poèmes d’un trait.
Et toi, à ton art légendaire, tu pédales jusqu’aux confins !

Tableau d’Oleg Tchoubakov.

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