
Ils s’étaient réunis, loin des regards du monde,
Où la mousse s’endort et que le vent inonde.
Le vieux Pan, tout couvert d’écorce et de rumeur,
Sifflait des airs d’ivresse selon sa bonne humeur.
Les nymphes, seins au vent, s’ébrouaient éventées,
Couronnées de pétales et de rires enchantés.
Leurs hanches épousaient les soupirs des feuillages,
Et leurs lèvres souriaient de jolis babillages.
Un faune agenouillé goûtait l’eau d’une épaule,
Tandis qu’une harpie, filant comme une gaule,
Épiait, œil ouvert, les élans des amants
Et gloussait dans le ciel quand venait le moment.
Syrinx était-elle là, ou bien son souvenir,
Une ombre dans le jonc, une plainte à venir ?
Mais nul ne craignait plus les dieux ou les silences ;
Les cœurs battaient plus fort sans trop de vigilance.
Car sous le chant de Pan, la pudeur se dissout,
Et même les pucelles s’y allongent en-dessous,
D’un baiser sur la bouche, d’un mensonge en retour,
Elles jouissent sans honte, sans fard et sans détour.
Tableau de Norman Linsay et Texte de Laureline Lechat
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