
Le roi des noirs, fier comme un coq, se pavanait avec sa dinde
Mais il gueulait comme un putois quand elle lui posait un lapin.
Ce tyran, fort comme un taureau, vit rouge à en devenir chèvre
Quand sa gazelle aux yeux de biche quitta son vieil ours mal léché.
Le roi des blancs, fier comme un paon, étant lui-même un chaud lapin,
Fut séduit par la fine mouche, car cette poule avait du chien.
La louve, montrant patte blanche pour entrer dans la bergerie,
Se montra douce comme un agneau pour lui tirer les vers du nez.
La tour faisait le pied de grue, l’autre roquait d’un tour de cochon,
Le cheval sautait du coq à l’âne, le fou riait comme une baleine.
Les pions, muets comme une carpe, autant myopes qu’une taupe,
Se regardaient en chiens de faïence avec des yeux de merlan frit.
Mais revenons à nos moutons ; versant des larmes de crocodile,
La reine blanche vit anguille sous roche, n’étant pas tête de linotte.
Un jour, en pleurant comme un veau, elle prit le taureau par les cornes
Et blessa cette peau de vache de roi qui soufflait comme un phoque.
Le roi blanc, vraie poule mouillée, s’enfuit et fila comme un lièvre
Mais se fit prendre comme un rat et fut le dindon de la farce.
Le roi noir dormait comme un loir, car il avait d’autres chats à fouetter,
Et la reine, maligne comme un singe, lui apaisa sa faim de loup.
(L’inspiration de ce poème m’a demandé trois ingrédients indispensables :
1. le tableau de Chie Yoshii ;
2. le texte de Jean d’Ormesson « Le français, une langue animale » ;
3. la citation du joueur d’échecs Aaron Nimzowitsch « Ne tendez aucun piège pour le plaisir ! Ne jouez rien dans l’espoir que l’adversaire réagisse de façon stupide ! Prenez toujours pour acquis que l’adversaire va trouver le meilleur coup ! Ne jouez jamais de coup dans l’espoir que l’adversaire ne voie pas la menace ! Chacun de vos coups doit améliorer la position d’une façon ou d’une autre. » .)
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
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