L’helvète à bicyclette

L’helvète à bicyclette

Un matin, couleur de brume, l’herbe perlée de rosée,
Sous un ciel nacré d’aurore, satiné de zéolithe ;
Dans une forêt qu’embrument mes songes encore arrosés
Des souvenirs qui pérorent d’une rencontre insolite.

Un petit éclat de rire. Un accident imprévu.
Comme un oiseau qui s’ébat dans un fol amerrissage.
Juste aidée de mon sourire que je n’avais pas prévu,
Me voici dans un débat, fort joli d’apprentissage.

Juste au bord sur les galets, la bicyclette étendue,
Une cycliste accroupie qui se relève d’un bond.
Comme sur un chevalet, peint sur la toile tendue
De mes fantasmes assoupis, le mirage pudibond.

Vêtue de robe légère d’une étoffe de nuage,
Elle se tient devant moi dans un désordre impérieux.
De beaux seins sous la lingère fixant l’avenir suave
Et des yeux tout en émoi d’un passé mystérieux.

Je lui propose mon bras pour la retirer de l’onde.
Elle retire sa robe pour la sécher au grand jour,
Et puis « abracadabra ! », avec sa langue faconde,
La voilà qui se dérobe en me souhaitant le bonjour.

Elle enfourche sa bécane, nue dans son costume d’Ève
En dandinant son derrière sur gerbe de fleurs sauvages.
Je reste seul sur mes cannes, avec sa robe sur la grève
Tout en restant en arrière, confondu sur le rivage.

Tableau de Maryvon Riboulet

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