La cuisine de Margueritte

La cuisine de Margueritte

Elle s’appelait Margueritte et j’aimais la rencontrer
Le soir entre chien et loup dans une intime atmosphère.
Pour effeuiller la petite, pas besoin de vous montrer
Comment moi, fier andalou, je m’y prenais pour le faire.

Vêtue comme un artichaut d’une robe en pétales,
Chauffée dans un bain-marie, elle s’ouvrait sans surprise.
J’apportais le gaspacho dans une boîte de métal
De la Comtesse Du Bary pour croquer ma belle éprise.

Si tu n’as jamais goûté la chair tendre des sépales
Sous les dessous féminins, tu n’as jamais rien goûté !
Il faut laisser dégoutter quand l’amour mouille ses pales
Pour faire monter le venin qui donne son velouté.

Je sais bien les cuisiner, moi, toutes ces demoiselles !
Il faut savoir les cueillir à la rosée du matin.
Impossible à usiner ! Seule la main de l’oiselle
Peut branler sans tressaillir et sans paraitre catin.

Pour revenir à ma belle, c’est comme avec les oignons !
Ne jamais quitter des yeux même en pleurer quelquefois !
Elle m’a fait une ribambelle de petits enfants trognons
À qui j’apprends, tout joyeux, la cuisine d ‘autrefois.

Tableau de Fabienne Barbier

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