Elles sont le seul souvenir d’un samedi soir oublié,
Une invitation aux chandelles dans un petit jardin secret.
Je n’ai pas vu la nuit venir dans l’ombre des érabliers
En regardant les hirondelles chassant les insectes indiscrets.
Il n’y avait pas une étoile ni même une fraction de lune,
La nuit habillée d’un noir d’encre s’amusait à nous aveugler.
À tâtons j’ai palpé un voile, j’en remerciais cette opportune
Qui me retenait comme une ancre tout en m’empêchant de beugler.
Une main posée sur ma bouche puis un baiser pour tout bâillon
Et voilà qu’une autre m’entraîne dans un labyrinthe obscurci.
Puis on m’allongea sur la couche et l’on m’ôta mon médaillon
Pour ne pas rester à la traine en tâtant mon sexe endurci.
Elle fit un jeu de lumières en déposant quelques bougies
Sur le tapis d’herbes sauvages et ces petites fleurs jaunies.
On aurait dit une prière avec des lumignons rougis,
Pieusement sur le dallage comme une sainte cérémonie.
J’ai dit « Je vous salue Marie ! Pierre m’avait loué votre grâce !
Je crois en vous et à vos seins, permettez que je les embrasse ! »
Elle n’a rien dit, elle a souri, m’a embrassé sur l’herbe grasse
Et s’accroupit sur mon bassin pour que plus rien nous embarrasse.
Depuis ces fleurs font mille échos quand je les aperçois dans l’herbe,
Comme un chant sacré solennel qui me rappelle cette rencontre.
Elles me font penser aux bécots que j’ai reçus avec superbe
Et cet amour compassionnel que je garde dans le cœur, tout contre.
Tableau de Fabienne Barbier
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