
Quand l’œil se met à l’écoute, à l’écoute du présent
Et qu’il ferme les paupières de ses oreilles au temps,
Alors l’âme, au compte-goutte, voit l’esprit omniprésent
Qui transforme en cœur de pierre l’être intérieur impotent.
Quand la musique est douleur et que la souffrance sonne,
Il ne faut pas résister mais non plus s’y résigner.
Car la pire des couleurs enfermée dans la personne,
C’est nier et persister la partition désignée.
Je l’ai entendue le soir qui hurlait dans les couloirs
Tandis que j’étais lié dans un corps endolori.
Je ne pouvais y surseoir ni trouver de défouloir
À ce mal fort délié me clouant au pilori.
Parfois la marche funèbre éclatait de mille cors
Comme une aubade tragique perpétrée en La mineur.
Je plongeais dans les ténèbres anéanti dans mon corps
En chantant des liturgiques et le cœur tambourineur.
J’ai appris à l’écouter d’un œil sain, sans jugement ;
J’en ai trouvé les richesses de l’écho à l’extérieur ;
J’ai appris à la goûter et senti les changements
Que procure la vieillesse de l’éternel intérieur.
Tableau de Maryvon Riboulet
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