
Il me restait des fleurs au fond de mon panier.
J’avais brisé mes pots, je n’avais plus de vase.
J’ai trouvé ce pichet au fond de mon grenier.
Il était noir de suie, il était vert de vase.
Je l’ai bien nettoyé jusqu’à l’étonnement.
Il était transparent presque invisiblement
J’ai versé un peu d’eau d’approvisionnement
Et je l’ai déposé tout ostensiblement.
Aussitôt je l’ai vu s’élever dans les airs
Au milieu de la pièce avec fluidité
Il s’était arrêté sans rapport de misère
Pour expliquer un peu pareille absurdité.
Je me suis assoupi laissant là ce mystère
En espérant demain revenir au normal.
Mais quand j’ai vu flotter d’abord mon secrétaire
Puis les chaises et la table j’ai compris l’anormal.
J’aurai bien fracassé ce bouquet démoniaque
Mais il était le cœur de l’étrange prodige
Je n’ai pas voulu tuer l’ensemble paradisiaque
Ce divin équilibre à donner le vertige.
Si vous venez me voir ne vous étonnez point
Si tout mon mobilier flottille absurdement
Vous verrez s’écouler l’énergie en appoint
Qui part au cœur du vase dans un rayonnement.
Ça m’a pris hier matin, je me suis envolé
J’ai perdu pied soudain comme en apesanteur
L’attraction m’a lâché et j’ai pris ma volée
Je n’ai plus ma raison ni les pois de senteur
Tableau de Fabienne Barbier
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