
Un souvenir éternel accroché à ma mémoire
Comme un trousseau amoureux préservé dans une armoire,
Dans un livre de cuisine ou dans les meilleurs grimoires,
Font les meilleurs ustensiles et les meilleures écumoires.
Souvenir d’une beauté, la plus belle de la ville,
Des frous-frous et des pompons et un petit air tranquille.
Je la rejoignais souvent avec mon p’tit baise-en-ville.
Nous vivions dans le secret, notre petit Vaudeville.
Les études coûtaient cher nous n’avions pas de fortune
Et pour payer ses études, elle fut bien opportune
D’ôter un peu ses frous-frous pour avoir un peu de thune
Elle gardait ses pompons branchés autour de sa lune…
Et quand elle s’effeuillait, c’était avec bonne grâce,
Une belle plante heureuse, qui savait laisser la trace
D’une ineffable beauté qui n’avait point de disgrâce.
La fine de barbarie d’une jolie plante grasse !
Pour prolonger ses attraits et payer ses magasines
Elle savait adapter les recettes de cuisine.
Après avoir provoqué l’orgasme de Mélusine,
Elle me mijotait des mets qui ravissaient les voisines
Juste habillée de pompons et de ruban bleu-marine,
Rien n’est plus beau que ses mains qui pétrissent la farine !
Rien n’est plus aromatique que les sucs dans sa crépine !
C’est la princesse étoilée, à poêlée, la ballerine !
Tous ces chrysanthèmes bleus harmonisent mes pensées
Des souvenirs merveilleux pour trois pièces dépensées.
J’aime toujours Mélusine, sa cuisine a compensé
D’avoir jeté ma soutane et j’en suis récompensé !
Tableau de Fabienne Barbier
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