Étiquette : Nature

  • Le premier cri de Juin

    Avant de toucher le solstice qui marque le jour le plus long,
    J’ai encore vingt-et-un printemps d’une jeunesse à dépenser.
    Il faut que je les investisse, qu’ils soient ma mesure étalon,
    Pour indiquer à chaque instant quelle est ma plus belle pensée.

    Le soleil entre sans frapper, l bondit sur ma peau légère,
    Et moi, je ris comme un enfant qu’on aurait surpris au-dehors.
    Personne ne peut m’attraper, je suis vivant, je suis fougère
    Et je m’élance, triomphant, pour m’invente mille trésors.

    Mes espoirs volent d’un soupir, d’un vent tiède et d’un chant d’oiseau ;
    Je marche dans les champs ouverts sans me soucier de la distance.
    Ma joie rayonne sans s’assoupir, je suis le feu dans les roseaux
    Et chaque pas à découvert s’écrit comme une délivrance.

    Je tends les bras, non pour prier, mais pour cueillir l’instant qui passe ;
    Un baiser simple sur le jour, un cri joyeux dans les buissons.
    Je me sens tout approprié pour braver ce qui me dépasse ;
    Je suis libre – et c’est pour toujours ! – dès que vient le temps des moissons.

    Tableau de Gemini

  • Le dernier soupir de Mai

    Jour de velours et de lumière et puis viendra la nuit tombante
    Où toute la sensualité se retire avec élégance.
    Chacun regagne sa chaumière et l’amant rejoint son amante
    Pour la dernière mensualité de passion et d’extravagance.

    Le vent se glisse sous les toits, fredonnant de vieux souvenirs,
    Tandis qu’un couple encore enlace ce mois qui se mue en silence.
    Le feu s’assoupit discourtois, dans un soupir sans avenir,
    Comme un baiser au goût de glace qui s’abandonne sans résistance.

    Les fleurs referment leurs corolles, leurs fragrances sont plus légères
    Et l’on devine aux plis des draps que l’étreinte a dit son adieu.
    Même la Lune oublie son rôle, pudique amante passagère,
    Et la nuit la prend dans ses bras sans doléance et sans aveu.

    Ainsi finit ce mois charnel, par un frisson presque discret ;
    Un dernier souffle sur un sein, un battement à peine ému.
    Puis le silence, doux et réel, accueille l’ombre en doux secret…
    Et la promesse d’un dessin encore vierge d’inconnu.

    Tableau de Gemini