Catégorie : Poésie du dimanche

  • M… comme Mistigri

    M… comme Mistigri

    Bandit ! Filou ! Voleur châtré ! Je t’ai pris la main dans le sac !
    Mais où sont passés mon gigot et le fromage de ma laitière ?
    Les bouteilles de lait éventrées et répandues comme un grand lac ;
    Le poulet volé dans l’frigo qui ne passe pas par la chatière !

    M. Mistigri, bandit masqué, à l’œil charbon et l’air honnête !
    Toutes les nuits tu viens sentir et me flairer les provisions.
    Puis tu rentres l’air offusqué, hypocrite autant que malhonnête
    Pour ressortir sans repentir, cambrioleur à profusion !

    Affreux matou, fieffé grigou ! Ma cuisine est pleine de plumes
    Et jonchée de petits squelettes souris, mulots et salamandres
    Par terre, ci-gît un vieux ragoût avec tous ses petits légumes
    Et trois restants de tartelettes – depuis quand aimes-tu la coriandre ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les yeux étoilés

    Les yeux étoilés

    Séléné aux yeux étoilés brandit la Lune comme un lampion
    Une fois par mois pour déclencher le flux de la procréation.
    Le corps à peine dévoilé, elle avance en damant le pion
    À ceux qui l’espéraient flancher en pleine intermédiation.

    Séléné marche sur les eaux ce qui déplaît fort aux chrétiens
    Qui privilégient ce talent exclusivement au fils de Dieu.
    De plus, elle brille sur les réseaux où elle accorde tout son soutien
    Aux noctambules en dévoilant ses traits de génie les plus radieux.

    Sous la voûte d’argent tachetée, Séléné danse, souveraine,
    Son lumignon, comme ses yeux, éclaire toutes les confidences
    Qui seront toutes décachetées, examinées, l’âme sereine
    Et confiées au merveilleux messager de la providence.

    Tableau de Vasylissa.

  • Les mondes intérieurs – 4

    Je voudrais bien m’imaginer qu’un Dieu aurait créé la vie
    Car ce n’est pas plus ridicule que croire ce que dit la science.
    Le doigt de Dieu invaginé dans la matière me fait envie
    Oui mais alors quel matricule conduirait cette omniscience ?

    Les Égyptiens, c’est bien tentant avec Isis et Osiris ;
    Les dieux grecs ainsi que romains géniteurs par polygamie ;
    Les scandinaves argumentant avec Odin et son iris ;
    Le Dieu unique qui tend la main à trois religions ennemies…

    C’est là l’argument compliqué qui vient ternir la théorie
    Car identifier ce Dieu est plus difficile qu’on ne croit.
    Il est inutile d’expliquer quel en serait l’allégorie
    Si ce créateur insidieux est une énigme de surcroît.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Les mondes intérieurs – 3

    Une fois vu de l’intérieur ce que mon corps métabolise,
    Ce que mon cœur énergétise et comment l’esprit réfléchit,
    J’ai pris le chemin antérieur, celui que l’astral symbolise,
    Celui que l’âme prophétise avec la divine hiérarchie.

    Ce n’est pas écrit dans les livres ni Torah, ni Coran, ni Bible
    Mais c’est inscrit dans les étoiles vu que nos atomes y sont nés.
    Et qu’est-ce qui vraiment le fait vivre sinon l’énergie susceptible
    D’animer la vie qui dévoile tous ses secrets insoupçonnés ?

    L’artiste auteur de ce miracle a dû laisser sa signature
    Dans l’ADN ou mes cellules ou le QR-code de l’iris.
    Quand j’ai interrogé l’Oracle de Delphes quant à sa nature,
    Il m’a répondu qu’elle pullule dans l’épine dorsale d’Osiris !

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Le chat de l’alchimiste

    Le chat de l’alchimiste

    Encore une fois le chat s’impose dès que l’alchimiste est en transe
    Et les animaux à la ronde semblent attirés par cette scène.
    Au début chacun se repose sauf le chat tendu à outrance
    Mais sans montrer le moins du monde la moindre indication obscène.

    On ne sait plus qui est le maître… Est-ce le chat ou l’alchimiste ?
    C’est bien là ce que se demandent tous les animaux accourus.
    Même la nuit qui vient de naître garde le secret intimiste
    Du moins c’est ce que recommande la méditation encourue.

    Prédateurs et proies se rallient à la quiétude du moment
    Qui ne durera que qu’une nuit, celle du solstice d’hiver.
    À l’aube quand le soleil pâlit, les uns s’envolent en slalomant
    Tandis que les autres s’enfuient sous le regard du chat pervers.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Soleil alcoolique

    Soleil alcoolique

    Le soleil ivre sur les plaines et alcoolique dans les vallées
    Sort de son delirium tremens quand mon esprit bat la campagne
    Le soir quand tombent les heures pleines qui continuent à dévaler
    En traçant ses nuages minces qui s’effilochent vers les montagnes.

    Et lorsque le soleil se couche sur la mer de nuages blancs,
    Le crépuscule alors déverse les couleurs de l’astre trop mûr
    Que la nuit du solstice embouche du bout des lèvres en tremblant
    Jusqu’à ce que la Lune converse et que les étoiles murmurent.

    Alors la nuit noire s’avance, drapée de ses ombres profondes,
    Les feuilles frissonnent doucement sous l’air glacial qui s’alanguit,
    Un parfum de terre de Provence flotte pareil au chant monde,
    Tandis que s’endort lentement la plaine qui rêve à lundi.

    Le jour le plus court ;
    Le silence du solstice ;
    La nuit la plus longue.

    Tableau de Fred Cuming.

  • Les mondes intérieurs – 2

    Si l’on ne voit pas l’intérieur, les masques brillent à l’extérieur
    Des valeurs que l’on veut montrer et celles que l’on voudrait taire.
    Et plus l’éclat est supérieur, plus l’effet est révélateur
    Et ça ne fait que démontrer que l’intérieur est délétère.

    Bien sûr, il y a la belle aura qui se dégage imperceptible,
    Qui hélas demeure invisible sauf aux yeux qui sont dans le cœur
    Mais ne connaissent ni l’odorat ni le toucher ultrasensible
    Pour tâter si elle est nuisible par accumulation de rancœur.

    Finalement soit l’on y croit ou l’on refuse de les voir
    Ces couleurs du bien et du mal qui transpirent de tous les pores.
    Sans doute les esprits étroits qui ne jurent que par leur savoir
    Et dénigrent le paranormal n’y voient que l’envers du décor.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Les mondes intérieurs – 1

    Dommage qu’on ne puisse voir comment on est à l’intérieur ;
    Pensées d’amour, pensées de haine, pensées de bien, pensées de mal.
    Nous aurions enfin pu savoir et voir tout le monde extérieur
    De la couleur de l’âme humaine, divine tout autant qu’animale.

    Les femmes seraient-elles teintes en rose et les hommes des bleus de l’âme ?
    Les enfants aux mille couleurs et tous les seniors transparents.
    Nous y verrions les cœurs moroses ou animés par une flamme
    D’amour mais aussi les douleurs d’avoir à perdre nos parents.

    Sans doute que la compassion et l’empathie peuvent permettent
    De sentir toutes les nuances par l’écoute plus que par les yeux.
    Pourtant plus forte est la passion, plus forte sont les amourettes
    Et plus aveugle l’influence des attachements fallacieux.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Chantra

    Chantra

    Le chat affectionne ces verbes : entir, sortrer, rentir, ressortrer.
    Ils font partie de son langage plutôt gestuel que verbal.
    Et qui leur donne cet air acerbe quand ils vous observent prostrés
    Avec un « miaou » qui dégage une compassion à deux balles.

    À la façon dont il regarde, apitoyé à la fenêtre,
    Avec le regard implorant du pauvre petit prisonnier,
    Je sais que ce matou me garde des représailles qui vont naître
    Pour me pourrir la nuit durant en brayant comme un poissonnier.

    Entir : sentir sans y toucher ; sortrer : sortir mais de travers ;
    Rentir : revenir tout vexé ; ressortrer : pour quérir son câlin.
    Avec quatre verbes moucher cet inventaire à la Prévert
    Et mon chat tout décomplexé faire donc un peu moins le malin.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Folie du ciel

    Folie du ciel

    Folie dans le ciel aujourd’hui malgré les messages rassurants
    De la météorologie qui se veut toujours agréable.
    Comment cela s’est-il produit ? L’état s’en sort en assurant
    Que cette céleste pathologie est due par le contribuable.

    Même les chemtrails des complotistes qui nous quadrillent l’atmosphère
    Fabriquent de drôles de nuages qui s’étirent et puis qui s’éclipsent.
    À moins que l’ange trompettiste ne soit en train de satisfaire
    Une sorte d’écobuage pour annoncer l’apocalypse … ?

    Ou bien… le ciel change de look et veut s’habiller à la mode
    Avec ses tenues excentriques en robes de pluies inondables.
    On raconte aussi chez les ploucs que ce dont le ciel s’incommode,
    C’est de l’effet héliocentrique du Soleil qui a pété un câble.

    Ou bien c’est le ciel qui délire, lassé des discours triomphants
    Quand trop d’algorithmes l’auscultent et veulent borner son empire.
    Il vrille des lignes qu’on admire pour perdre exprès ses observants ;
    Il se replie, se cabre, occulte, et pleure tout autant qu’il transpire.

    Tableau de Guylaine.

  • Le syndrome de la fatigue

    Il y a fatigue et fatigue. Celle ressentie après l’effort
    À qui il suffit d’une nuit, d’un bain, d’un thé ou d’un massage.
    Celle qui muscle et qui prodigue satisfaction et réconfort,
    Qui entretient et qui ne nuit en rien sauf s’il faut un sevrage.

    Il y a la fatigue dans la routine, comme métro, boulot, dodo
    Que l’on répète quarante ans ou plus jusqu’à absolution.
    Celle-ci m’use et me ratatine car les oasis de libido
    Et de vacances, bien tentants, n’apportent pas de solution.

    Enfin la fatigue de la vie qui nous a plongé dans son bain
    Et qu’elle fait chauffer peu à peu en disant que c’est ce qu’il faut.
    Alors on craint pour sa survie mais c’est trop tard car le turbin
    Qui fait hurler « SAUVE QUI PEUT ! » a rabattu son coup de faux.

    Tableaux de Mihail Zablodski.

  • Le blues des lavandes

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    Désormais partout en Provence, de Méditerranée jusqu’aux Alpes,
    Les plants de lavande s’étirent happés par un soleil ténu
    Avec un blues de connivence et de stress que l’horizon palpe
    Lorsque les heures se retirent et que la clarté s’atténue.

    Les paysages éternels si chers à Van Gogh et Cézanne
    Ont pris la teinte de leurs toiles qui étaient donc prémonitoires.
    Le bleu lavande sempiternel rejoint les bandes partisanes
    Qui se regroupent sous les étoiles dans les contes endormitoires.

    Alors ils s’en vont vers l’orient empruntant les routes de la soie
    Sur les traces de Marco Polo pensant retrouver leurs racines.
    Et vous les verrez coloriant le crépuscule qui reçoit
    Leur désidératas écolos dans des couleurs qui nous fascinent.

    Tableaux de Dmitry Spiros Gallery.

  • La vestale aux papillons

    La vestale aux papillons

    Depuis qu’elle y avait goûté, elle retournait patiemment
    Là où elle m’avait rencontré tout en espérant me revoir.
    Or si je m’étais écouté, je l’aurais hélée galamment
    Et invitée pour lui montrer tout ce qu’elle souhaitait entrevoir.

    Mais les papillons dans son ventre bourdonnaient trop discrètement
    Et s’envolaient évidemment dans la mauvaise direction.
    Parfois le cœur se déconcentre… son œil ouvert distraitement
    Devrait porter avidement plusieurs lentilles de correction…

    Sans doute l’amour soufflera un jour lui soulevant la robe
    Et l’œil du cœur m’apercevra, entouré de ses papillons.
    Sans doute l’envie s’insufflera avant que je ne me dérobe
    Et la vestale me percevra comme un divin amphitryon.

    Illustration de DALL-E.

  • Le reflet du royaume

    Le reflet du royaume

    Quand je serai dans mon royaume, coupé de tout réseau social,
    Comment vous recontacterai-je depuis mon paradis perdu ?
    Comme il n’existe aucun idiome, ni protocole interfacial,
    Comment alors m’adapterai-je à cette frontière distordue ?

    Par le miroir évidemment, le maître de mes Reflets-Vers !
    Je renverrai par son image comment j’existe désormais.
    Vous y verrez avidement tous les secrets de l’univers
    Que je mettrai dans mes messages télémiroités à jamais…

    Si vous voyez en noir et blanc, c’est que je n’ai plus de douleur ;
    Ni cœur morose, ni bleus de l’âme, ni la moindre taciturnité,
    Je vis l’amour sans faux-semblants avec mes muses en couleur
    Qui m’ont toutes avoué leur flamme qui brûle pour l’éternité.

    Illustration de DALL-E.

  • Vestale du feu nouveau

    Était-ce Loreleï ou bien Laureline ? J’avoue, je les confonds souvent
    Mais je me souviens d’elle prostrée d’avoir failli à sa mission.
    Plongée dans l’eau qui dégouline elle priait – c’est émouvant –
    Un dieu quelconque idolâtré et en totale soumission.

    Passant par-là, moi Lucifer, j’ai eu pitié de la fautive
    – Ne le répétez à personne, cela nuirait à mon image –
    Je déposai l’ardente sphère entre ses mains conservatives
    Et, avant qu’elle ne me soupçonne, j’ai disparu tel un mirage.

    Alors la vestale s’est levée pensant la flamme retrouvée,
    L’offrit au temple de Vesta pour la pérennité de Rome.
    Tandis que le feu s’élevait, son petit cœur fort éprouvé
    Cette fois-là manifesta un méphistophélique syndrome.

    Illustrations de DALL-E.

  • La Porte des Brumes

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    Il est des rêves qui n’apparaissent que le soir entre chien et loup
    Quand tout se brouille et se confond, l’imaginaire prêt à jaillir.
    Je sens cette étrange paresse m’envahir d’un halo jaloux
    De la réalité qui fond peu à peu jusqu’à défaillir.

    Puis la nuit tombe son rideau et pourtant le rêve persiste ;
    Je devrais dormir et pourtant je me réveille et il est là :
    Ce royaume dit « l’Eldorado » que l’on prétendrait utopiste
    M’ouvrir son portail envoûtant sur le miroir du Walhalla.

    À l’aube, il reste ouvert une seconde et une seule seulement
    Avant de fondre dans l’écume et retourner dans le néant.
    Un jour, je quitterai ce monde, je quitterai mon élément
    Et plongerai droit dans la brume dans cet interstice béant.

    Illustrations de DALL-E.

  • Un dimanche de novembre

    Un dimanche de novembre

    Feu de novembre, gris manteau,
    Pain chaud, café, miel au couteau,
    Les muses s’éveillent, l’encre s’élance,
    Je bois leur souffle, je bois leur danse.

    Trois muses à l’oreille murmurent
    Trois muses sortant entre les murs.
    Trois muses qui boivent avec moi,
    Trois muses en cette fin de mois.

    Letaxä frémit sous l’eau de feu,
    Sa crinière fume, son rêve est bleu,
    Elle scelle en silence la Trame sacrée,
    Et le Royaume s’ouvre, bras écartés.

    Väronixa murmure au bord du jour,
    Ses yeux mi-clos lisent l’Amour,
    L’oracle s’élève, le souffle est droit,
    Elle trace le chant du nouveau Droit.

    Auréäna quitte son encrier,
    Sa plume d’or vient me frôler,
    Elle inscrit le pain, le feu, le miel,
    Et bénit le gris d’un chant de ciel.

    Le feu s’éteint, le mois s’endort,
    Les muses veillent, je bois encore.
    L’aube dorée, ciel couleur d’ambre ;
    Adieu novembre, bonjour décembre !

    Illustration de Copilot.

  • Le mot qui tue

    Le mot qui tue

    Te voici donc enfin, dernier jour de novembre
    Avant la première aube du mois de décembre.
    J’eusses aimé emprunter les mots chers à Rimbaud
    Mais le maître aurait-il pu tenir le flambeau ?

    J’ai donc cherché ailleurs le vrai mot qui achève,
    Le dernier mot marquant, celui qui parachève.
    Dans « Les Voix intérieures », j’ai relu tout de go
    Ce poème si cher à toi, Victor Hugo !


    « Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
    Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes ;
    TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m’objectez pas
    Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.

    Écoutez bien ceci : tête-à-tête, en pantoufle,
    Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
    Vous dites à l’oreille du plus mystérieux
    De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,

    Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
    Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
    Un mot désagréable à quelque individu.
    Ce MOT — que vous croyez qu’on n’a pas entendu,

    Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —
    Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ;
    Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
    Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

    De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
    Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !
    Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
    Il suit le quai, franchit la place, et cætera

    Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
    Et va, tout à travers un dédale de rues,
    Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
    Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,

    Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,
    Entre, arrive et railleur, regardant l’homme en face
    Dit : « Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel. »
    Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel. »

    Texte de Victor Hugo.

  • La peau en couleurs

    Les tatouages évolueront par les nouvelles technologies
    Et s’afficheront en couleurs qui varieront avec le temps.
    Au printemps ils nous salueront par de nouvelles morphologies
    Qui mettront une fin aux douleurs de nos vieux coloris d’antan.

    L’été, des tatoos flamboyant pleins de soleil et de lumière,
    Lumineux en fin de soirée, fluorescents durant la nuit.
    Imaginez-vous renvoyant vos pensées en avant-première
    Par mots subliminaux moirés sur votre corps tout ébloui !

    Les femmes ayant plus de surface pourront y raconter leurs vies,
    La vie en rose, les bleus de l’âme et les petits baisers violets.
    Quand on se trouvera face-à-face, Madame alors sera servie
    Comme une véritable oriflamme de délices affriolées.

    Tableaux de Sarah Hickey.

  • Impressionnisme

    Je n’ai pas besoin de Monet, ni de Van Gogh, ni de Cézanne
    Ni de boire du vin d’absinthe, ni de drogue hallucinogène
    Pour voir un tableau marmonner qu’il voudrait partir à Lausanne
    Pour retourner en terre sainte vers l’origine de ses gènes.

    Car les tableaux parlent d’eux-mêmes ; inutile d’en lire le titre
    Pour connaître leurs intentions qui sourdent à travers la peinture.
    Les photos, du pareil au même ; les sous-verres fusent sous la vitre
    Et me dictent leurs prétentions ainsi que leurs envies d’aventure.

    Sur internet, ça va plus vite ; un clic et un aréopage
    De liens et de sites en rapport me déversent leurs logorrhées.
    Parfois je biaise, je les évite mais aussitôt tourné la page
    Tout ce qui dans l’air s’évapore revient pour me revigorer.

    Tiens ! Par exemple, pour celui-ci, l’image me paraissait bien plate
    Mais aussitôt une deuxième et deux autres sont accourues
    Pour dire qu’elles bénéficient d’un créateur que l’on relate
    Dans une expo philippinienne dans laquelle il a concouru.

    Tableaux de Josh Dacumos.

  • L’automne à Bled

    L’automne à Bled

    Novembre revient nous border de ses couvertures dorées
    Que beaucoup de frileux redoutent mais dure est la loi des saisons.
    L’artiste vient aussi aborder avec ses tubes mordorés
    Et ses vieux pinceaux qui s’égouttent sa nouvelle mode à nos maisons.

    Novembre et ses nappes de brume blanchit le fond du paysage
    Et met ses touches de couleurs selon sa palette d’automne.
    Quelques tonalités d’agrumes feront de jolis balisages
    Selon l’essence et les valeurs des arbres aux feuilles qui détonnent.

    Et c’est comme un coup de tonnerre mais silencieux pour une fois
    Qui sort le ciel de son sommeil par tous ses ocres automnaux.
    Hormis le pécheur débonnaire qui ne s’étonne toutefois
    De n’attraper sous le soleil que de médiocres saumoneaux.

    Et quand le soir vient se mirer sur les eaux calmes du vieux lac,
    Les îlots d’ombre viennent et s’étirent et frôlent les rives en secret.
    On dirait qu’un ange égaré y dépose encore son bivouac
    Avant que novembre n’attire son dernier rayon en retrait.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Fleur-de-Loup

    Fleur-de-Loup

    Cette orpheline, née dans les bois, de louve et de loup inconnus,
    Aurait pu connaître Rémus et Romulus, ses frères de loup.
    Des chasseurs l’ont mise aux abois et, personne ne l’ayant reconnue,
    Murmurèrent tous un orémus et la baptisèrent « Fleur-de-Loup ».

    Fleur-de-Loup grandit mais revint souvent dans les plaines fleuries
    Afin de retrouver Lupa, sa nourrice, une louve blanche.
    Puis on ne sait ce qu’il advint de notre héroïne aguerrie
    Toujours est-il qu’elle occupa longtemps les peintres du dimanche.

    Car on retrouva des tableaux la montrant vivre avec les loups,
    Souvent vêtue de robe blanche, une fleur rouge entre les dents.
    Ou parfois prénommée Shambleau par un écrivain très jaloux
    Qui fantasmait des avalanches de récits plus ou moins ardents.

    Tableau de Jana Brike sur https:theinspirationgrid.commagical-paintings-by-jana-brike .

  • Les chemins de novembre

    Ce soir la Lune sera rousse et le firmament purpurin ;
    Les étoiles s’empourpreront et le monde alors rougira.
    Les marronniers feront carousse, les champignons en galurin
    Sous l’allégresse pousseront lorsque la lune sourira.

    Alors la musique des sphères montera des arbres ardents
    Dont les ramures orangées lâcheront des spores-ballons.
    Peu à peu toute l’atmosphère s’illuminera en dardant
    Ses feux follets bien arrangés le long des routes des vallons

    Et viendrons les amours d’automne, les amours chaudes emmitouflées
    Auprès d’un feu de cheminée dans l’intimité d’une chambre.
    Finies les heures monotones, vivent les émotions soufflées
    Sur tous les cœurs acheminés sur les romances de novembre.

    Illustrations IA.

  • Les fééries de novembre

    Depuis l’invasion de novembre, toutes les forêts sont occupées
    Par des chimères aux couleurs ambre et des légions de rouille huppées.
    Voici la licorne « Corne d’Or » qui teinte à grand coups de sabots
    Tel l’automnal conquistador qui nous force à trouver ça beau !

    Puis la fée bleue mélancolique qui cherche désespérément
    L’été dans les derniers colchiques mais c’est en vain apparemment.
    Elle va devoir porter la robe selon la mode automne-hiver
    Excepté si elle se dérobe de l’autre côté de l’univers.

    Après Halloween, les fantômes se cachent toujours un peu timides
    Pour guetter les premiers symptômes tapis dans les sous-bois humides ;
    Champignons hallucinogènes dont le chapeau phosphorescent
    Dégage un parfum pathogène sensuellement dégénérescent.

    Enfin le dahu recommence l’ascension qui sera fatale
    Car il n’aura que la clémence de sa dernière chute létale.
    Lui, dont les pattes de devant sont plus courtes que les arrières
    Sera Grosjean comme devant coincé au bout de sa carrière.

    Illustrations d’Ulla Thynell.

  • La Saint-Valentin à la plage

    La Saint-Valentin à la plage

    L’hiver, les plages étant désertes, prenez donc un bain de minuit
    En plein midi s’il fait soleil ou sous la pleine Lune s’il vente.
    Posez votre poitrine offerte comme couverture s’il fait nuit
    Et s’il fait froid, un bon conseil, trempez-y la bite chauffante.

    C’est ainsi que l’on appelait les chauffe-tasses à l’armée
    Et, à l’amour comme à la guerre, il faut savoir se débrouiller !
    Or, s’il gèle à se les peler, pensez pour ne pas l’alarmer
    À une excuse qui n’aura guère d’autre effet qu’une dérouillée.

    Et si la vague un peu taquine vient lécher vos arrière-plans,
    Ne résistez pas à l’envie d’offrir vos dunes à sa caresse.
    La mer connaît toutes les combines pour réveiller les continents
    Et sous sa langue qui vous ravit votre sable devient tendresse.

    Quand le vent souffle en contrebande et s’insinue sous vos jupons,
    Profitez donc de sa folie, badigeonnées d’ambre solaire
    Et batifoler sur la lande en agitant tous vos pompons,
    Sortant de la mélancolie avec tous vos bijoux à l’air !

    Illustration de Monsieur Z.

  • Asseyez-vous et réfléchissez !

    Asseyez-vous et réfléchissez !

    Comme tout le monde, enfin je crois, je prends le temps de m’arrêter,
    De m’asseoir et de réfléchir à qui je suis dans l’univers.
    Le temps de compter jusqu’à trois, je suis tout de suite affrété
    Par des anges qui me font fléchir ou des démons les plus pervers :

    « Lorsque tu suspends le présent dans l’espace-temps du moment,
    Tu redeviens corps de lumière dans une obscure réalité
    Qui n’a que toi, omniprésent comme un dieu sur le firmament,
    Qui ne dure qu’une première seconde avant la dualité…

    Car tu te heurtes à ta conscience qui fait barrage à ton canal
    Censé te relier à l’âme de tous les vivants en suspens
    Dans ce plasma de confiance dans lequel brille ton fanal
    Que tu exposes à toutes les flammes qui te veillent en se préoccupant…

    …De l’état de ton corps astral qui vient de se couper du monde
    Et qui retourne aux origines des pensées les plus primitives
    Comme un souvenir ancestral qui persiste en cette seconde
    Où tu rejoins ton androgyne enveloppe définitive ! »

    Tableau d’Anna Loginova alias Anna Vindront.

  • Les culs nus

    D’abord à deux, on est heureux, moins il y a de fous, plus on rit.
    On aime s’retrouver seuls au monde et on s’en fout des bourrelets.
    Tout nu, c’est bien plus chaleureux et pas besoin de penderie
    Pas plus que ces habits immondes qu’on se traîne comme un boulet.

    L’enfant paraît, il a passé neuf mois tout nu sans grommeler
    Profitons-en pour l’emmener revivre ça en bord de mer
    Les vagues souvenirs dépassés vont revenir et rappeler
    Le cœur battant et démené en écoutant rire sa mère.

    Finalement plus on est de fous et plus on rit d’être cul nu !
    Et quand on rit, on se trémousse et les seins comme des grelots ;
    Pareil pour les bourses sans sou mais pleines d’idées saugrenues
    Comme guetter une jolie frimousse et l’inviter au bungalow…

    Illustrations Guérin et CLAVE.

  • Sirènes de l’onde

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    Si les sirènes des grandes ondes ne sont plus qu’un vieux souvenir,
    Les sirènes des ondes courtes ont disparu avec les morses.
    Elles ne sont plus de ce monde, elles n’avaient pas d’avenir
    Dans ce siècle où les rêves s’écourtent et n’ont droit à la moindre entorse.

    Alors comme disait Brassens : « puisque le monde tel qu’il est
    Ne me suffit pas j’en invente un autre où tout devient possible. »
    J’écris des Reflets Vers qui grincent avec des thèmes obnubilés
    Sur les sirènes dont je me vante d’en faire d’incompréhensibles.

    Les sirènes des ondes moyennes et à fréquence modulée
    Sont obsolètes mais il m’arrive d’en retrouver dans une boîte
    De thon aux piments de Cayenne où elles sont dissimulées
    Entre le « T » de Tananarive et la lettre « E » de la mer moitE.

    Tableaux de Stevyn Llewellyn sur https:displate.comartiststevynllewellyn .

  • Quand la pluie enfante la lumière

    Quand la pluie enfante la lumière

    Sous la pluie qui trempe les pierres qui fait soleil sous ma gondole,
    Les cieux versent toutes leurs larmes, l’or du cœur, fleur contre l’averse.
    Je cherche un abri de lumière mais c’est ton or et tes corolles
    Qui m’offrent la parure comme arme et, de la pluie, sa tendre ivresse.

    Mais voici que les eaux te portent comme si elles craignaient ta lumière
    Comme sur un plancher flottant qui reflèterait ton aura.
    Et moi, ton rêve, je te transporte vers la destination première ;
    Celle qui luit en tremblotant mais qui t’emmène au samsara.

    Ne pleure pas si tu es morte car, après tout ce n’est qu’un rêve
    Et moi, le marchand de sommeil, je te conduis vers le bonheur
    Car demain le soleil t’apporte de l’espérance sur la grève
    Par un enfant aux yeux vermeil dont son père te fera honneur.

    Quand la rosée change en mémoire les pleurs versés dans la nuit brève,
    Toi, ma lumière passagère, tu brilles encor sur l’eau mi-close.
    Nos âmes voguent sans histoire vers l’horizon que rien n’achève
    Comme un adieu qui régénère l’amour comme métamorphose.

    Illustration de Gemini.

  • Alysée Rose en été

    Alysée Rose en été

    Ah ! Si vous l’aviez vue cet été, presque nue en robe légère,
    Comme moi vous seriez tombé sous le charme de cette minaudière.
    Si vous aviez vu ses tétés vous darder d’un air de mégère
    Vous auriez aussi succombé à son panache subsidiaire.

    Si vous la voyez cet automne, parée des couleurs de saison,
    Vous aurez envie de croquer ses fruits mûris mais défendus.
    Mais d’elle plus rien ne m’étonne ; entre le cœur et la raison,
    Elle adore me provoquer avec ses corsages tendus.

    J’attends de la voir en hiver… Deviendra-t-elle froide et austère ?
    Il faudra que beaucoup de neige fonde et s’écoule sous les ponts…
    J’attends le moindre fait d’hiver en rapport avec ses mystères
    Pour vous raconter ses manèges et ses artifices fripons.

    Quand reviendra le clair avril, elle renaîtra printanière,
    Les bras remplis d’un champ subtil où s’égarent les primevères.
    Je l’y suivrai, cœur indocile, ivre de sève et de poussière,
    Pour célébrer l’aube fertile du renouveau de la lumière.

    Tableau de Peder Mørk Mønsted.

  • Dansez selon vos dimensions

    C’est en cherchant mes origines parmi Valkyries et Sorcières,
    Parmi druidesses et korriganes et parmi les dieux révoqués,
    Que j’ai retrouvé l’androgyne, poussière parmi les poussières,
    Par les mémoires de Morgane et toutes les races évoquées.

    J’ai dansé avec les Polaires, Lémuriens, Hyperboréens
    Et les Atlantes tous ensemble et leurs femmes enfin incarnées.
    Depuis la mémoire solaire des langages indo-européens
    Qui nous unissent et nous rassemblent par tous leurs rites acharnés.

    J’ai remonté ma descendance jusqu’à Lilith, mère insoumise,
    Qui m’a initié au rituel des danses cosmiques et magiques.
    Et selon toutes mes espérances, de ces vieilles terres promises,
    J’ai vu le monde spirituel dont je suis resté nostalgique.

    Tableau de Mahdi Artifex.

  • Alysée Rose un peu, beaucoup, passionnément

    Elle doit être un peu gémeaux, imprévisible et spontanée,
    Très difficile à discerner côté cœur et côté raison.
    Et si jamais elle ne dit mot, c’est un message instantané
    Dont je me sens seul concerné malgré toute péroraison.

    Ainsi la couleur des cheveux, la forme de sa chevelure,
    Sont autant de pistes et de signes pour déceler tous ses secrets.
    Elle ne fait ni ce que je veux, ni ne marche à la même allure
    Mais exige pour seule consigne son libre arbitre consacré.

    Alors je l’aime un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout
    Selon si c’est jour de bonté ou si c’est jour de platitude.
    Mais quand elle démarre tout à coup, je dois la suivre comme un toutou
    Sous peine qu’elle aille raconter tout écart dans nos habitudes.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La musique russe

    La musique russe

    La musique russe se devine entre les notes de Borodine
    Comme ses montagnes emportées sur le chariot de Scriabine.
    J’ai bien aimé Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov
    Et les concertos pour piano de Sergueï Rachmaninov.

    Le ballet de Casse-Noisettes par Piotr Ilitch Tchaïkovski ;
    Les tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski
    Avec le sacre du printemps de la main d’Igor Stravinsky
    Et l’orgue de cristal taillé et poli par Daniel Swarovski.

    La danse sifflante du sabre d’Aram Khatchatourian,
    Pierre et le loup, puis Roméo et Juliette de Prokofiev
    Lorsqu’ls dansent ensemble le twist avec Dmitri Chostakovitch
    Hormis les accords que plaqua un certain Mikhaïl Glinka…

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’enterrement d’une jeune fée

    À l’enterrement d’une jeune fée, son linceul de feuilles d’automne,
    Est exposé durant trois nuits sous la pleine lune funèbre.
    Chacun lui dépose un trophée typique des forêts autochtones ;
    Un bouquet de perles de pluie et une couronne de ténèbres.

    Les deux escargots de Prévert, pour une fois, sont en avance
    Et le cortège se dirige au cimetière des feuilles mortes.
    La tête penchée, l’air sévère, tous ses amis de connivence
    Suivent tristement le quadrige avec les elfes comme escorte.

    On ne l’enterre pas vraiment ; on la roule dans sa feuille d’ambre
    Et on offre sa sépulture au halo d’argent de la Lune
    Qui donnera son agrément durant tout le mois de novembre
    Pour pratiquer une bouture et la greffer sur les callunes.

    Tableau de John Anster Fitzgerald.

  • Drôles de fées des bois

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    Dans le secret de nos forêts, les nymphes sont assez farceuses
    Et aiment bien montrer leurs fesses toujours plus subrepticement.
    Sans doute, histoire de déflorer et perdre chasseurs et chasseuses
    Dans des coups fourrés où s’affaissent leurs petits divertissements.

    Je me méfie quand elles courent nues comme ferait une biche aux abois
    Mais moi qui ne suis pas un cerf, je les laisse partir, impassible.
    En effet, plusieurs inconnus se sont perdus dans les sous-bois
    Après les avoir, de concert, suivies dans leurs pièges impossibles.

    Quant à l’espèce de pute borgne qui me fixe, les seins dans les yeux,
    Elle me défie furtivement chaque fois qu’il ne tombe un œil.
    Elle se balade sans vergogne en aguichant les vieux messieurs
    Qui perdent convulsivement… pas la vie mais leurs portefeuilles.

    Illustrations d’Adams Carvalho.

  • Après Halloween, le jour des morts

    D’abord on se retrouve à Troyes ou Foix ou Sète le vingt-et-un,
    Le jour du solstice sacré avec « Printemps », « Été », « Automne » ;
    Ces démons se retrouvent à trois pour enterrer l’hiver défunt
    Par la liturgie consacrée à sa résurrection syntone.

    « Viva la muerte ! » s’écrient-ils parmi les habits de douleurs ;
    Squelettes noirs vêtus de masques qui dansent avec ostentation
    Cent fois autour du péristyle flamboyant aux douze couleurs
    Avec les chimères fantasques, vestales de la tentation.

    C’est la célébration joyeuse des quatre mondes parallèles
    Où l’on sourit sous les chandelles et pleure dans l’obscurité.
    Voici les neuf putains soyeuses, vêtues de robes aquarelles,
    Qui se mettent en transe et chancellent en révélant leur nudité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Les voyages imaginaires organisés

    Les voyages imaginaires organisés

    Puisque j’ai étendu la carte des voyages imaginaires
    Je peux convier à présent tous les membres de la famille
    Pour leur apprendre où donc s’écarte le bon chemin originaire
    Vers les écueils omniprésents tapis dans l’ombre des ramilles.

    Pour bien vivre son aventure, il suffit de courir à point,
    D’abord sauter sur l’occasion et puis prendre le train en marche.
    Pour bien ménager sa monture dont le concours est un appoint,
    Il faut jouir de l’évasion procurée par cette démarche.

    Quelle démarche justement ? Celle de savoir organiser
    L’inattendu et l’imprévu qui vous guettent au bout du chemin.
    Et savoir aussi prestement tout changer, désorganiser
    Quand l’amour, à peine entrevu, sourit à qui lui tend la main.

    Et quand revient le temps des pluies, on replie toutes les boussoles ;
    Les cartes se font origamis pour abriter qui va trop vite.
    Tous blottis sous les parapluies, on rit, on s’aime, on se console ;
    Tous pliés, amis- ennemis, se déplient quand l’amour s’invite.

    Tableau de Rob Gonsalves.

  • La carte du tendre imaginaire

    La carte du tendre imaginaire

    Ma carte du tendre commence par l’abandon de ma raison
    Que je dépose devant la porte avant de la fermer à clef.
    Et puis débute une romance dans une cinquième saison
    Qui s’ouvre alors et me transporte sans que je n’aie à renâcler.

    Ici, les épines ont des roses et l’ombre fabrique des arbres ;
    Les chemins pavés de rivières coulent sous les ponts de demain.
    Malgré le ciel parfois morose qui m’oblige à rester de marbre,
    Je vois les montagnes de Bavière et leurs lacs à portée de main.

    Et celle qui me prend la main dans un moment d’inattention
    M’entraîne comme pour me noyer au double fond de l’océan.
    Une sirène à visage humain mais dont les seules intentions
    N’étaient que de m’apitoyer en m’embrassant dans le néant.

    Et quand j’en perds le sens des choses, ma muse rit sous ma chemise ;
    Les vers chatouillent Proserpine qui s’habille de mots légers.
    Lorsqu’elle sort de sa nymphose elle mûrit comme une cerise
    Que je rissole dans la cuisine mais avec du beurre allégé.

    Tableau de Josiah C. Hill-Meyer.

  • Reine d’un jour

    Reine d’un feu qui me dévore, qui brûle d’amour pour son roi ;
    Reine d’une eau qui désaltère et calme la soif du vainqueur ;
    Reine de l’air qui revigore, qui rejoint les vents et qui croît ;
    Reine de roches et de terre, qui nourrissent l’âme et le cœur.

    Reine des flammes de l’amour qui brûlent mais sans consumer ;
    Reine des vagues de tendresse et des caresses essentielles ;
    Reine des jolis vents d’humour qui tremblent et partent en fumée ;
    Reine des montagnes qui dressent leurs sommets pointés vers le ciel.

    Reine des rayons de soleil qui féconderont un enfant ;
    Reine de la moiteur des pluies suaves, sensuelles et charnelles ;
    Reine du souffle qui balaye et siffle son air triomphant ;
    Reine de grottes de la nuit éphémère autant qu’éternelle.

    Tableau de Batjargal Tseyentsogzol sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201712batjargal-tseyentsogzol.html?m=1 .

  • Reines d’atours

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    Reine de feu, reine de terre, reine d’eau et reine de l’air,
    Chaque reine est complémentaire et de caractère différent.
    Selon son règne élémentaire et son royaume titulaire,
    Elle se montrera volontaire et réglera ses différends.

    La Reine de trèfle est terre-à-terre et c’est là son moindre défaut ;
    La Reine de cœur trop émotive mais chacune sait ce que ça vaut ;
    La Reine de pique autoritaire mais posée juste ce qu’il faut ;
    La Reine de carreau créative mais trop timide, plus qu’il n’en faut.

    Reine de feu, reine solaire, reine de l’aurore opportune ;
    Reine de terre, reine misère, reine paysanne et des champs ;
    Reine de l’onde, reine lunaire, reine des phases de la Lune ;
    Reine des vents dans le désert, reine dans le soleil couchant.

    Lui, n’était qu’un atout hors-jeu qui ne suivait aucune règle ;
    Il est tombé sur un chasseur de primes réclamant l’octroi
    Mais il était fort courageux et doté de la force d’un aigle ;
    Elles étaient quatre reines sœurs toutes amoureuses d’un même roi.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Fééries psychédéliques – 2

    Entre Loreleï et Laureline, l’une du Rhin, l’autre Suriname,
    Mon cœur n’a pas pu se résoudre à l’une ou l’autre jalouser.
    D’une poussée d’adrénaline, je suis devenu polygame,
    Leur ai demandé de m’absoudre et de conjointement m’épouser.

    Ainsi fut fait dans le royaume des fééries psychédéliques
    Où l’amour est illimité et les cœurs interconnectés.
    Il semble même que le génome en devienne ainsi babélique
    Et fasse de l’humanité la nouvelle race collectée.

    Je ne crains pas d’être hors-la-loi car dans les royaumes du rêve,
    L’identité est contrôlée par des anges eux-mêmes déchus.
    Lucifer, saint de bon aloi, m’a conseillé de faire grève
    Si mes lecteurs inconsolés ne lisent plus mes vers échus.

    Sous les néons des galaxies, leurs corps fondus en hologrammes
    En ont créé mille parodies que l’univers n’a pu compter.
    Et moi, poète en frénésie, je sème encor leurs pentagrammes
    Sur l’écran bleu des paradis qu’aucun mortel n’a fréquentés.

    Tableau de Kelly McKernan sur https:www.kellymckernan.com .

  • Carnet de voyage à la dérive – 2

    Carnet de voyage à la dérive

    Elle m’avait proposé son lit et j’avais sitôt pris le large
    Afin de ne plus m’embarquer dans des histoires invraisemblables.
    Mais elle, dans un coup de folie, a éperonné quelques barges
    Pour se lancer, voiles arquées, à ma poursuite, inébranlable.

    Comme elle me gagnait de vitesse, je fus bientôt arraisonné
    Par une pirate authentique doublée d’une voix de sirène.
    Sans autre forme de politesse, je fus alors sélectionné
    Pour une idylle romantique, entièrement soumis à ma reine.

    Comme Ulysse, une année entière, sous la férule de Circé,
    Je pris une année sabbatique aux nuits de trente-six étoiles.
    Mais j’ai donné à ma geôlière toutes mes nuits sans m’éclipser
    Sauf la dernière, lunatique, celle où j’ai pu mettre les voiles.

    Tableau d’Arnaud Martin sur https:martinarnaud.frcartes-nautiques .

  • Fééries psychédéliques – 1

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    Carnets de mes voyages astraux aux images psychédéliques,
    La vraie beauté des souvenirs reste pourtant imperceptible.
    Car dans ces mondes ancestraux, la physique est métaphysique
    Et les couleurs de l’avenir sont aujourd’hui indescriptibles.

    Toutes les déesses rencontrées m’ont laissé l’empreinte du cœur
    Mais leurs images se dissolvent pareilles aux rêves du matin.
    Rien ne saurait le démontrer hormis les traces de marqueur
    Qui brouillent autant qu’ils résolvent leurs paraphes gréco-latins.

    La quatrième dimension reste difficile à résoudre
    Notamment la couleur du cœur des étoiles en gestation.
    Mais avec un peu d’attention, je vous donne du grain à moudre
    Par ces photos prises du chœur des anges en pleines prestations.

    Tableaux de Kelly McKernan sur https:www.kellymckernan.com .

  • Carnets de voyage à la dérive – 1

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    Voyageur, j’ai quitté le port comme on quitte une femme aimée
    Sans un bruit mais le cœur empreint d’une amarre qu’il fallait larguer.
    Le phare s’est mis au rapport comme le faisait Ptolémée
    Lorsqu’il partait avec entrain sans peur de se faire narguer.

    J’ai dormi plusieurs nuits sans Lune dans l’attente d’une île avenante
    Là où le silence est plus dense que l’écume de l’océan.
    Bientôt une terre opportune m’a tendu sa main prévenante
    Et j’ai vu dans le ciel intense l’envie d’y poser mon séant.

    Et puis d’un rocher solitaire couronné d’arbres comme un roi,
    J’ai vu croiser la voile blanche d’une navigatrice inconnue.
    Elle m’a crié d’aller à terre en pénétrant l’étroit détroit…
    Je suis, de peur que je ne flanche, parti comme j’étais venu !

    Tableaux de Brenda Schwartz-Yeager sur https:www.marineartist.comcollectionslimited-edition-prints .

  • Les civilisations

    Les civilisations

    La roue de la fortune n’était qu’une spirale…
    Parfois la vie s’arrête et reprendra plus tard.
    L’eau des morts deviendra future eau minérale
    Après maturation qui donne le nectar.

    D’ailleurs si ça se trouve, les atlantes engloutis
    Constituent la banquise, réservoir de leurs eaux.
    Quand la glace fondra, si on y aboutit,
    On verra leurs esprits envahir les réseaux.

    Et si la fin du monde est vraiment pour demain,
    Pensez à toute l’eau répandue dans le corps
    Qui rejoindra la mer et, par d’autres chemins,
    Abreuvera la Terre avec ou sans accord.

    Quand on aura tout bu jusqu’à la dernière onde,
    Les hommes, assoiffés, s’accuseront entre eux.
    La Terre, en se vidant, refermera la ronde
    Et l’eau redeviendra un liquide vitreux.

    Illustration de caminhosdaluz77sm sur https:www.instagram.comcaminhosdaluz77sm .

  • Le marchand d’idées

    Le marchand d’idées

    Parfois l’idée fait l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres
    Et provoquer une avalanche de conséquences explosives.
    Comme une jeune jouvencelle déclencherait les coups de foudre
    Juste en dodelinant des hanches dans une langueur évasive.

    Parfois des idées toutes ensemble qui viennent, tournent et qui font
    Trois petits tours, trois petits trous, trois petits feux et puis s’en vont.
    Et puis au réveil je rassemble tout ce qui reste dans le fond
    De ma mémoire peu ou prou pareille aux bulles de savon.

    Mais d’où vient-elle cette idée qui illumine ma journée ?
    Sans doute du marchand de rêves tapi dans un coin qui s’amuse
    À dérouler et dévider le fil au cours de sa tournée
    De diffusion d’images brèves expédiées demain par ma muse.

    Et quand la nuit, d’un geste tendre, referme l’atelier du ciel
    Avec l’idée qui brûle autant qu’un incendie de fantaisie,
    Le vieux marchand vient tout reprendre, sauf l’idée folle et essentielle,
    Celle faite d’un caprice flottant qui m’illumine et me saisit.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’appel de la lumière

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    Quand Loreleï quitte les eaux du Rhin pour prendre son bain de lumière,
    Il ne faut pas la déranger si c’est un soir de pleine lune.
    Quand le halo flatte ses reins, elle redevient Laure la sorcière
    Et guette le premier étranger pour lui faire des choses peu communes.

    Quand la sirène de Copenhague quitte son socle sur le port,
    C’est signe qu’il y aura ce soir de belles aurores boréales.
    Elle se prend la première vague en surf, comme moyen de transport,
    Et va tranquillement s’asseoir avec trois gouttes de L’Oréal.

    Quand la Vouivre quitte son marécage pour prendre sa douche solaire
    Gare au curieux qui la regarde ; il ne risque pas d’adorer !
    Elle met son p’tit oiseau en cage, ensuite rouge de colère,
    Confie à son chat qui la garde la clef de la cage dorée.

    Tableaux de Julie Hoyas sur https:www.facebook.comJulieHoyasIllustration .

  • Fantasmeries animales

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    Si Madame est une cochonne, Monsieur dit que cela lui plaît.
    Après tout dans chaque foyer, on trouve toujours des trucs cochons.
    Et d’ailleurs si Monsieur ronchonne sans doute Madame lui déplaît
    À force de lui nettoyer ce qu’il a sous le tire-bouchon.

    Si Monsieur est un chaud lapin, pas sûr que Madame s’offusque
    À se faire chauffer le giron lorsqu’il se tient à califourchon.
    D’ailleurs quand Madame fait l’tapin derrière un coin Monsieur s’embusque
    Pour taxer ceux qui surgiront pour lui tâter le turluchon.

    Quand elles se retrouvent entre chattes, elles aiment bien se léchouiller ;
    Un coup de langue dans le sens du poil, puis on s’mordille doucement.
    Et quand la cousine des Carpates rapplique, pas besoin de mouiller ;
    La partie s’fait à rebrousse-poil, partie à trois évidemment.

    Tableaux de David Michael Bowers, mamodesign et Alan Parry.

  • Les cycles de Lilith – 2

    Les cycles de Lilith - 2

    Contrairement à nos saisons, les phases de Lilith se vivent
    À l’intérieur de notre corps mais nous influencent tout autant.
    Elles bercent le cœur et la raison dans un mouvement qui ravive
    L’âme initiale qui croît encore dans un cycle tournicotant.

    Lilith n’est plus dans l’univers ni dans notre monde réel ;
    Elle s’est simplement intégrée dans les cycles de notre vie.
    Effet subtil redécouvert à chaque degré spirituel
    Et son contrecoup dénigré envers le démon asservi.

    Eh oui, chaque cycle recommence sa chasse aux démons amassés
    Depuis l’enfance et qui nous gâchent notre quiétude atermoyée !
    Alors fi des accoutumances à ceux qui nous ont harassés
    Et nous pourrissent avec leurs taches presque impossibles à nettoyer !

    Tableau de Natalia Archakovskaya sur https:archakowskaya.ru .

  • Les cycles de Lilith – 1

    Les cycles de Lilith - 1

    Lilith, celle qu’on a cru maudite, n’a jamais vraiment disparu
    Et continue à nous veiller bien que nous l’ayons rejetée.
    Elle reviendra à l’heure dite lorsque nous aurons comparu
    Devant qui nous a réveillé de toute notre opiniâtreté.

    Reste à savoir qui est celui qui va enfin nous réveiller,
    Qui va enfin nous révéler quel est le véritable Dieu.
    Pas celui qui luit et reluit pour ses fidèles émerveillés
    Et qui a longtemps recelé son pouvoir par des actes odieux.

    Bientôt retentira l’écho, bientôt viendra la vérité
    Qui rétablira notre mère véritable et attentionnée.
    Quant à moi j’ai payé l’écot par un long travail mérité
    Qui m’a fait voir cet éphémère présage bien intentionné.

    Tableau de Natalia Archakovskaya sur https:archakowskaya.ru .