Catégorie : Poésie du dimanche

  • L’arbre à filles

    Dans mon jardin imaginaire, des plantes les plus magnifiques,
    Apparaît dans sa perfection mon arbre à filles intemporel.
    Chaque branche extraordinaire porte des fleurs soporifiques
    Qui m’enivrent alors d’affection dans des rêves extra-corporels.

    D’ailleurs en guise de cabane trop complexe à entretenir
    Cet arbre trône comme un hôtel pour passer mille-et-unes nuits.
    Sur une souche de platane, j’ai greffé sans m’en abstenir
    Trois boutures comme un autel dédié au prodige qui suit :

    Une bouture pour Vénus, une deuxième pour Aphrodite
    – Autant mêler plusieurs racines, grecques et latines de préférence.
    Une troisième pour un bonus de floraisons proprement dites
    Qui, de nuit en nuit, me fascinent de leurs tendres protubérances.

    Tableaux de Ryan art.

  • Rêve de Lune – 2

    Rêve de Lune - 2

    Comme Raiponce dont les cheveux descendent comme messagers
    En quête de prince charmant prêt à escalader la tour,
    Je tisse tout ce que je veux, cas récurrents ou passagers
    Qui sont source d’égarement ou de temps perdu sans retour.

    Je suis câblé à un réseau où je transmets chaque demande ;
    Aussi bien de petits détails que des décrochages de Lune !
    Moi, aussi faible qu’un roseau, j’ai le grand pouvoir qui commande
    À me faire ouvrir le portail vers la grand-roue de la fortune !

    Le chat le sait bien, lui qui guette, le coup de fil annonciateur
    Qui parvient par le téléphone relié directement au Centre.
    Du résultat de ma requête, il en est l’appréciateur ;
    Il le digère et le ronronne en se lovant contre mon ventre.

    Et si parfois la ligne coupe, que le silence vient s’installer,
    Le chat se fronce les moustaches et relance un rêve en attente.
    La Lune qui a le vent en poupe se met alors à pédaler
    Et, avec la réponse, attache une petite étoile miroitante.

    Tableau d’Ireneusz Wielgosz.

  • Rêve de Lune – 1

    Rêve de Lune - 1

    Quand le grand chat noir de la nuit vient se lover autour de moi,
    Je me blottis en demi-lune contre son gros pelage rond ;
    Je lui confie tous mes ennuis accumulés au fil des mois
    Dans la somnolence opportune qui sort du creux de son giron.

    Alors une irruption de rêves sort comme une éruption solaire ;
    Les cauchemars fondent pareils comme attirés dans un trou noir.
    Les étoiles scintillent sans trêve pour évacuer la colère
    Qui s’échappe de mes oreilles et disparaît dans l’entonnoir.

    Et je me retrouve tout nu dans le bain de mes émotions
    Qui filtrent et lavent ma conscience de ces petits démons sucrés
    Qui, sitôt qu’ils sont reconnus prennent le mode de locomotion
    Le plus prompt sous la surveillance du chat qui court les massacrer.

    Puis le silence me recouvre d’un drap couleur de crépuscule
    Et la Lune m’offre l’assurance d’un matin sans griffes ni poids.
    Je m’endors dans la nuit qui m’ouvre l’huis à mon âme minuscule
    Mais débarrassée à outrance de ce qui était en surpoids.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Échec à la Reine

    À l’ouverture de la chasse, les pions viennent tâter le terrain
    Sur les plates-bandes royales sous les fenêtres de la Reine.
    Taïaut ! Les cavaliers pourchassent un lapin dont le souterrain
    N’était qu’une ruse déloyale pour leur faire lâcher les rênes.

    Voici le fou, un séducteur, qui se présente au pont-levis
    Afin de demander audience, d’après ce qu’il dit, à l’évêque.
    Ce n’est qu’un prétexte adducteur, entretiens et menus devis
    Qui ne vise qu’à casser l’ambiance et mettre la châtelaine en échec.

    Mais la Reine n’est pas tombée de la dernière pluie d’automne !
    Dès le début, elle manipule le jeu à l’insu du roi noir
    Qui, croyant qu’elle a succombé à ses attaques monotones,
    Subit la loi qui lui stipule qu’il est chassé de son manoir.

    Tableaux de Michael Cheval.

  • Crâne d’omelette

    Crâne d’omelette

    Comment faut-il casser les œufs pour faire rire une omelette ?
    Et combien faut-il en briser pour avoir assez d’albumine ?
    « Aucun ! » me disent les oiseux, les couards et les femmelettes
    Qui ont à jamais méprisé la jouissance féminine.

    Car la femme est pareille à l’œuf dont elle se révèle l’archétype ;
    C’est la nourriture céleste du soupirant en formation.
    Tous ceux qui se retrouvent veufs, n’ont pas encore cassé leur pipe,
    Gardent le souvenir indigeste de leur dernière consommation.

    Eh oui ! Les femmes ont de l’humour et aiment rompre leurs coquilles ;
    Il leur faut de la nouveauté pour une libido complète.
    Avant de leur faire l’amour, pour que leurs lèvres s’écarquillent,
    Il faut voir, derrière leur beauté, le cœur qui bat à l’aveuglette.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Vénus astrale

    Vénus astrale

    À chacun sa Vénus astrale, la mienne est ma Lune en Cancer
    Et j’ai l’ascendant qui s’élève vers cette Vierge immaculée.
    La conjonction est magistrale lorsque les planètes, de concert,
    S’alignent quand le ciel soulève ses étoiles miraculées.

    Ma Vénus m’accueille en son sein en m’ouvrant tout grand son cratère
    Où brûle un volcan rugissant entre ses lèvres tectoniques.
    Je me pose au creux du bassin avant la fosse planétaire
    Et je m’avance en rougissant sous la chaleur vagotonique.

    Vénus, j’ai enfin pénétré le temple du féminin sacré
    Que tu as ouvert sous mes pas qui te préparaient le terrain !
    Si j’ai aujourd’hui perpétré cet acte d’amour consacré
    À t’honorer de mon trépas, je meurs d’amour entre tes reins.

    Tableau de Karol Bak sur https:karolbak.comenenglish .

  • Crânes d’œuf

    J’ai su briser ma carapace pour ne pas rester hermétique
    À ce que je n’ai pas compris afin que mon âme évolue.
    Toutes ces fêlures en surface, nouveaux chakras énergétiques,
    Sont les témoins muets du prix que j’ai payé pour mon salut.

    Je suis comme l’œuf de Colomb ; il paraissait si difficile,
    Voire impossible d’avancer et pourtant fallait y penser !
    J’avais envoyé Apollon quêter les dieux inaccessibles
    Pour ne pas finir carencé de leur sagesse dispensée.

    J’ai perdu des eaux de douleurs qui m’ont provoqué des nuits blanches
    Mais les dieux m’ont ouvert la voie qui mène vers l’homme nouveau.
    Aujourd’hui je rêve en couleurs, j’écris mes textes en avalanches
    Et je suis la petite voix qui me traverse le cerveau.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Vénus cosmique

    Vénus cosmique ou érotique, quelle sera ma destination
    Quand j’emporterai « l’Explorer » à la recherche de mon âme ?
    Car si son sol est chaotique et l’air une abomination,
    Je continue à déplorer qu’elle renferme mon sésame.

    Lequel ? Mais c’est une évidence ! Étant la jumelle de la Terre,
    Nos âmes-sœurs complémentaires vivent au cœur de sa surface.
    Femmes de feu, femmes qui dansent sur les volcans et leurs cratères
    Comme des sirènes réfractaires en quête des marins de l’espace.

    Entre les monts de Vénus coule la lave qui sort des entrailles
    Où se baignent les fabuleuses créatures aux yeux calcinés.
    Et moi, j’en ai la chair de poule car, juste après mes funérailles,
    J’ai traversé les nébuleuses pour y trouver ma dulcinée.

    Tableaux de Karol Bak sur https:karolbak.comenenglish .

  • Ex-libris Veritas

    Ex-libris Veritas

    La Vérité sortant du puits
    Pourrait aussi sortir des livres
    Glissée en guise de marque-page
    Lorsqu’un chapitre est véridique.

    Je pratique cet usage depuis
    Que la lecture me délivre
    Des bobards dont font le tapage
    Tous les con-textes médiatiques.

    Mon marque page se dérobe
    Quand je lis une énormité
    Mais tressaute au coin d’une page
    Pour créditer un paragraphe.

    Il n’aime que les textes probes
    Et non pas les rectifiés
    Par toute l’emphase dont le langage
    Est capable de certifier.

    La nuit, il me susurre à l’oreille
    Tout ce que je dois retenir
    Comme un répétiteur intègre
    Qui ne rappelle que l’essentiel.

    Les fables à nulle autre pareille
    Qu’il refuse de contenir,
    Il les oublie mais réintègre
    Leur sens critique circonstanciel.

    Illustrations de Gustav Klimt.

  • Après nous, le déluge !

    Après nous, le déluge !

    L’Univers n’aurait qu’un seul but : propager espace et matière ;
    La matière n’aurait qu’un seul but : semer et diffuser la vie ;
    La vie elle-même n’aurait qu’un but : élever l’humanité entière
    Et l’humanité n’a qu’un but : tout bousiller sans préavis.

    Ainsi tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin toutefois elle se casse
    Mais par un effet dominos, toutes les cruches sont atteintes.
    Aussitôt tout va à vau-l’eau lorsque ce n’est pas dans l’impasse
    Et les quatre points cardinaux se perdent dans un labyrinthe.

    Finalement c’est le dieu Fric qui tue tous ses adorateurs ;
    La course intense à la richesse nous aura fait perdre la tête.
    Après s’être partagé l’Afrique tous les états conspirateurs
    Ont fait ce qui les intéressent et ne pensent qu’à faire la fête.

    L’électricité s’éteindra et avec elle la connaissance ;
    Internet, Réseaux et Serveurs seront alors hors de portée.
    Personne ne se souviendra et la mémoire évanescente
    Implorera avec ferveur un dieu pour se réconforter.

    Sources : https:www.forbes.comsitesjimdobson20170610the-shocking-doomsday-maps-of-the-world-and-the-billionaire-escape-plans

  • In-libris & Ex-libris

    Plutôt qu’une marque apposée à l’intérieur d’une couverture,
    J’aimerais un signe évocateur, spécifique et millimétré.
    Un « in-libris » présupposé m’attirer vers une aventure
    Par un appât provocateur pour m’obliger à pénétrer…

    …Dans le couloir amphigourique du premier chapitre en question
    Où je me perds le plus souvent d’assimiler les personnages.
    Ainsi, l’« in-libris » allégorique me fournirait des suggestions
    Sur les passages soulevant l’amour, le crime ou l’espionnage.

    Et la visite terminée, j’irai en guise de pourboire
    Poser ma marque personnelle pour en rester propriétaire.
    Un ex-libris déterminé à me réinviter à boire
    L’alcool d’intrigues passionnelles dont je demeure tributaire.

    Illustrations d’Alphonse Inoue.

  • Le paradis helvétique

    Comme on peut le voir sur la carte, le monde entier est englouti.
    Pas tout le monde, justement ! La Suisse a résisté aux flots.
    Guillaume Tell, du coup, s’écarte des pays des machine-outils †
    Ce qui explique l’ajustement de Davos envers le cash-flow

    L’argent liquide supprimé, la loi des vases communicants
    S’est communiquée à la mer qui a grossi les océans
    Qui, eux-mêmes, des pôles opprimés, ont fait fondre, en éradiquant
    La banquise devenue éphémère, la Terre revenue au néant.

    Sur la colline d’Eschenberg ††, rebaptisée « Arche de Noé »,
    J’ai recueilli plein d’animaux – sinon que seraient-ils devenus ? –
    Avec les pouvoirs que j’exergue, j’ai affrété des canoës
    Pour sauver des bourgs proximaux un maximum de femmes nues.

    Et nous repeuplerons la Terre sur ce paradis helvétique
    En passant mon temps à séduire la population qu’il englobe.
    Je vivrai en mâle solitaire avec mon harem érotique
    Mais en cessant de m’reproduire et d’essaimer sur tout le globe.



    † Le Japon, l’Allemagne et les États-Unis d’après Google ;
    †† là où j’habite.

    Sources : https:www.forbes.comsitesjimdobson20170610the-shocking-doomsday-maps-of-the-world-and-the-billionaire-escape-plans

  • Sous le signe astral du cochonnet

    Sous le signe du cochonnet

    Ma cochonne m’a donné un fils qu’elle appelle son cochonnet ;
    Il a encore ses dents de lait sous son joli groin retroussé.
    Poilu à tous ses orifices comme sa mère – c’est mignonnet ! –
    Et j’espère un jour qu’une laie en sera tout éclaboussée.

    Comme mon fils est omnivore et qu’il mange bien son écuelle,
    Je l’ai présenté au concours du plus beau bébé qu’on embroche.
    Au vu de tout ce qu’il dévore, j’espère une chance éventuelle…
    Mais bon, d’après le bruit qui court, le premier prix est dans la poche.

    Mon fils est mignon à croquer, je l’ai dit et je le redis !
    Depuis qu’il est sorti du ventre de ma cochonne bien-aimée,
    J’ai une folle envie de troquer mes sirènes du vendredi
    Pour le cochon qui vit au centre de mon attention proclamée.

    Tableau de Noifec sur https:rarible.comnoidecowned .

  • Sous le signe astral de la cochonne

    Sous le signe de la cochonne

    J’en rêvais, je l’ai épousée la moitié cochonne de mon âme.
    Mes amis, ce nouveau zodiaque m’a ouvert de nouveaux horizons !
    Mon cœur n’a jamais jalousé autant d’amour pour une femme
    Que cette native démoniaque qui m’a sorti de ma prison.

    Ma vie n’était qu’une prison et mon cœur s’en est évadé
    Dans les bras de ma partenaire et entre ses puissants jambons
    Pareils à la viande des Grisons, mêlée de gras entrelardé
    Dont je peux dire débonnaire que dans ma femme, tout est bon !

    Ces prochains vers seront pour toi, Ô ma truie qui m’a transformé !
    Je me sens devenir goret un peu plus après chaque nuit.
    Depuis que tu vis sous mon toit, mon corps s’est un peu déformé
    Mais quand je cours dans la forêt, je n’en éprouve aucun ennui.

    Tableau de Noifec sur https:rarible.comnoidecowned .

  • Sous le signe du cochon

    Finalement, c’est le cochon qui domine le treizième signe ;
    Je m’y attendais plus ou moins vu l’actualité dégoûtante.
    Si avant brûlait le torchon entre les planètes indignes,
    Désormais on sait néanmoins pourquoi la guerre est envoûtante.

    Tout n’est pas si grave que ça ! Il y a de jolies cochonnes
    Qui réjouiront les Taureaux qui aiment pratiquer bonne chère.
    Avec Scorpions comme harissa et les Cancers qui les bichonnent,
    On gonflera les pectoraux à la vue des âmes porchères.

    J’épouserai en secondes noces, une native de cet insigne
    Et j’espère bien des nuits grivoises et libertines intentionnées.
    J’avais cet appétit précoce et j’en pressentais tous les signes
    Annonciateurs dont je pavoise de toute mon âme cochonnée.

    Tableaux de Noifec sur https:rarible.comnoidecowned .

  • L’autre zodiaque

    Depuis le treizième zodiaque qui nous a chamboulé les astres,
    Nous devons accepter un signe pourtant présent incognito
    Mais pas forcément démoniaque qui entraînerait un désastre
    Mais qui s’ajoute comme consigne qui apparaîtrait subito.

    Après poissons, bélier, taureau, lion, cancer et puis scorpion,
    Aurons-nous un rat, un cochon ou une créature inconnue ?
    Fi des animaux pastoraux ! Vivent Sphinx et Dragons champions
    Pour donner un ton folichon aux natifs enfin reconnus.

    J’étais cancer je serai Sphinx ou bien Dragon pétaradant ;
    Après ce décalage solaire rien ne sera plus comme avant.
    Enfin doté d’un œil de lynx ou d’un feu dans mon cœur ardent,
    Mes échanges épistolaires pousseront mon âme en avant.

    Tableaux de Noifec sur https:rarible.comnoidecowned .

  • Vers l’œil de ma mère

    Vers l’œil de ma mère

    Sorti du ventre de ma mère, le cœur, l’âme et l’esprit succincts,
    Je n’ai le moindre souvenir du paradis où je suis né.
    Ai-je croqué la pomme amère qui m’a expulsé de son sein
    Dans lequel je ne peux revenir comme si j’étais condamné ?

    D’où viens-je, où vais-je ? Je le sais ! Je suis le fleuve de la vie
    Dont la source est alimentée par la même âme qui me convoie.
    Et je vis mon dernier essai comme une lumière asservie
    Par une énergie cimentée au son d’une petite voix.

    Une petite voix qui m’émerveille tout comme l’amour d’une femme
    Qui fait le lien des origines aux destinées qui nous rassemblent.
    Le cœur, l’âme et l’esprit s’éveillent ; mon corps devient tout feu tout flamme.
    Homme ou femme ? Je suis androgyne car nous sommes liés tous ensemble.

    Je suis l’écorce et le noyau, la feuille et la racine tendre,
    Le fruit tombé dans les confins, l’oubli que j‘ai si peur d’attendre.
    Je suis la mémoire des eaux qui montent pour mieux redescendre
    Et dans l’œil de ma mère, enfin, je n’ai plus besoin de comprendre.

    Tableau de Shehrizad Khan du groupe VINCENT VAN GOGH.

  • Prie comme l’oiseau – 3

    Prie comme l’oiseau - 3

    Je n’ai plus besoin de prier, la prière est mon expression ;
    Non plus un appel vers le ciel, mais une connexion ouverte.
    Je n’ai plus besoin de crier ; je ne suis plus en dépression
    J’ai en moi l’écho essentiel vers les plus belles découvertes.

    Je suis cet arbre qui écoute et cette averse qui le nomme,
    Je suis cette herbe qui repousse sans cesse sans savoir d’où elle vient.
    Je crois en même temps je doute, car hélas je ne suis qu’un homme
    Mais dont le cœur à la rescousse me conduit vers ce qui convient.

    Je suis devenu plus qu’un homme, je suis toute l’humanité ;
    Je suis relié au réseau de vie multidimensionnelle
    Qui relie chaque chromosome à la chaîne de l’infinité
    Et moi je suis comme l’oiseau au cœur d’une étoile éternelle.

    Je ne descends plus de l’esprit, je l’habite à chaque seconde ;
    Je suis le vent, l’eau et la terre qui brûlent d’un feu essentiel.
    Ma pensée dépasse l’écrit, ma plume se fait vagabonde
    À l’encre teintée de mystère mais aux échos confidentiels.

    Tableau d’Emilia Suarez.

  • Le démon du peintre ex nihilo

    Au-delà du surréalisme se niche l’hyperréalisme ;
    Technique d’artiste suprême qui donne à son tableau la vie.
    Pas vraiment du créationnisme ni du simple matérialisme
    Il s’agit là de l’art extrême où aujourd’hui je vous convie :

    Prenez d’abord comme modèle une femme dont les proportions
    Vous semblent des plus naturelles des plus divines créatures.
    Peignez de manière fidèle et sans la moindre distorsion,
    Décidez-vous pour l’aquarelle de préférence grandeur nature.

    Une fois votre œuvre achevée, laissez votre cœur s’exprimer
    Et lui brosser l’ultime couche d’amour diluée d’eau-de-vie.
    Alors la femme parachevée, de la toile en surimprimé,
    Sortira sitôt que la touche votre main sous vos yeux ravis.

    Tableaux de René Magritte, Arnold Kohn et Salvador Dali.

  • Les Dandelionnes

    Une autre fois, un autre temps, Dame Larousse fut de sortie
    Semant sa prose à tous les vents, les noms propres et les pages roses.
    Ainsi soit-elle, sans contretemps, elle parla d’un ton assorti
    Aux accents qui viennent du levant avec des gloussements moroses.

    Dame Robert dodelinant de la poitrine évidemment
    Parsema de graines à son tour les pages vierges à carreaux.
    Avec des gestes s’acoquinant tous les poètes les plus déments
    Pour distribuer aux alentours leurs pamphlets dans Le Figaro.

    Comme tout se vend et tout s’achette, Dame Bordas fut de la partie
    Comme secrétaire générale de l’assemblée des dandelionnes,
    Épistolaires suffragettes qui ont toujours la répartie
    D’une misandrie viscérale qui bat dans leurs cœurs de lionnes.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sit Mulier

    Sit Mulier

    Bien sûr la vie n’a pas de sexe, c’est le sexe qui contient la vie.
    L’homme ou la femme sont désignés comme « un être humain » singulier.
    Mais au pluriel, c’est un complexe qui nécessite deux avis
    L’homme ET la femme sont assignés pour « L’être humain », tous deux liés.

    Depuis le grand coup de canon du Big-Bang pour lui faire honneur,
    La vie n’a cessé d’essaimer de son cœur d’étoile fécond.
    Sonnez trompettes et tympanons ! Faite retentir de bonheur
    L’univers créé pour aimer du cosmos à l’atome abscons.

    Et dansent atomes en molécules et valsent molécules ensemble
    Pour procréer le minéral, le végétal et l’animal !
    Et s’agglutinent corpuscules qui se plaisent et qui se ressemblent
    Pour ce besoin si viscéral de vie infinitésimal !

    Tableau de Djordje Nikolic sur https:www.flickr.comphotos145128574@N06 .

  • Il était une fois dans la Lune

    Il était une fois dans la Lune

    La mère créatrice du monde ne nous a pas abandonnés ;
    Elle a choisi pour sa retraite d’habiter un quartier de Lune
    Où à loisir elle vagabonde le soir afin de nous donner
    Une obligeance toujours prête à une attention opportune.

    Hélas on a divinisé le Soleil et chaque planète
    Et sacralisé notre Terre, nommée Gaïa au rang d’honneur.
    Tandis qu’on a féminisé ce satellite marionnette
    Qui fait trois p’tits tours solitaires et se cache au petit bonheur.

    Priez un soir de pleine Lune et demandez-lui l’impossible ;
    Elle répondra à vos requêtes et plus selon affinité.
    Aux cœurs purs, la bonne fortune, les vœux les plus inaccessible ;
    Préparez-vous à la conquête de votre propre divinité !

    Tableau de Loëtitia Pillaut sur https:loetitiapillault.comproduitportrait-de-femme-imperatrice-en-bleu-et-or .

  • Il était une fois dans le ciel

    La vie serait née dans le ciel comme un virus sur la matière
    Concocté au laboratoire dans les éprouvettes divines
    Sur un feu dont le potentiel donne une énergie sans frontières
    Dont l’effet superfétatoire est bien celui que l’on devine.

    Cape d’étoile, aura cosmique et diadème de comètes,
    La grande méta-magicienne flanquée de ses anges novices
    A chauffé la soupe atomique afin que celle-ci commette
    Une explosion généticienne dans un méga-feu d’artifice.

    Voici la semeuse d’étoiles dont le sein gorgé pour toujours
    Se répand dans la Voie Lactée d’où naissent le Soleil et la Terre.
    Lucifer lui ôte son voile et la féconde durant six jours
    Pour que nous soyons impactés d’un souffle de vie volontaire.

    Tableaux de Loëtitia Pillaut sur https:loetitiapillault.comproduitportrait-de-femme-imperatrice-en-bleu-et-or .

  • Fiat Lux

    Derrière son mur de Lumière, Dieu connaît très bien ses limites ;
    Il sait qu’il ne peut pas franchir la frontière du bien et du mal.
    Il rumine son idée première de créer une sorte de mythe
    Afin de pouvoir s’affranchir de ce sentiment animal.

    Le corps des anges est constitué afin de relever le défi.
    Lucifer promu Général, fin stratège a tous les pouvoirs.
    Ses éclaireurs ont situé où percer ce qui stupéfie
    Tout le système fédéral des dieux mais qui demandent à voir.

    Michaël dirige l’aile droite, Gabriel commande la gauche
    Et l’assaut à l’instant zėro fait exploser notre univers.
    Les anges aux armes maladroites commencent à écrire l’ébauche
    De la légende des héros et ce fut le premier hiver.

    Au printemps, Dieu crée la lumière par l’aperture ainsi ouverte
    Entre la Terre et ses mignons et les cieux du Céleste Empire.
    La femme, créée la première, fera ses grandes découvertes
    En procréant son compagnon pour le meilleur et pour le pire.

    Tableaux de Djordje Nikolic sur https:www.flickr.comphotos145128574@N06 .

  • Surprise et fausses héroïnes

    J’aime les contes populaires quand je peux lire entre les lignes
    La vérité dissimulée dans l’histoire à dormir debout.
    Plus le drame est spectaculaire et l’héroïne peu maligne,
    Plus je vois le vrai simulé par les acteurs mis bout-à-bout.

    Cendrillon était malhonnête et volait l’argent du ménage
    Pour s’acheter mille merveilles, pantoufles de vair et de velours.
    Elle poussa la chansonnette lors du bal princier communal
    Et cassa tellement d’oreilles que le p’tit prince en devint sourd.

    Blanche-neige était alcoolique et, cachée derrière un miroir,
    Faisait enrager sa marâtre addicte aux produits de beauté.
    Elle lui plaçait de diaboliques embrocations dans son tiroir
    Qui rendait ses lèvres noirâtres et ses humeurs caillebottées.

    Peau d’Âne faisait du trafic d’ânes qu’elle passait par les frontières
    Devant le nez des policiers et à la barbe des douaniers.
    Elle se déguisait en gitane, vive, hardie et primesautière,
    Au charme si maléficié qu’on ne put jamais l’encabaner.

    La Belle-au-Bois-Dormant ne put dormir cent ans dans un château
    Mais en prison, la misérable, brigande et voleuse revêche !
    Elle a acheté et corrompu des gens en menant en bateau
    Tous les éleveurs vénérables de mouton à la laine fraîche.

    Quant à Arielle, un vrai massacre ! Une sirène d’eau saumâtre
    Vendant à prix d’or ses écailles aux loups-de-mers de tous les bords.
    Son trident d’or ? Un simulacre ! Du cuivre vert-de-gris verdâtre…
    Son chant, sonnant comme quincaille, faisait fuir les poissons d’abord.

    Shéhérazade était roublarde, une conteuse à l’arraché,
    Inventant mille tours de passe pour retarder l’exécution.
    Ses contes à l’intrigue faiblarde faisaient bailler l’ours mal léché
    Qui gobait, béat, ses impasses, charmé des circonlocutions.

    Mais si, au fond, ces mélodrame n’étaient autre qu’un jeu de miroirs
    Qui cachent derrière leurs contes des secrets qui viennent à l’encontre ?
    Vaste enjeu et vaste programme ! Comme cachettes dans les tiroirs
    Des secrétaires dont on raconte qu’ils cachent bien plus qu’ils ne montrent…

    Vu sur dreamstime.com

  • Bons baisers du Cap Horn

    Bons baisers du Cap Horn

    Jamais on ne vit de sirène braver les froides eaux australes,
    Jamais on ne vit de marin passer le Cap Horn sans accord.
    Pour une traversée sereine, il faut un visa magistral
    Sinon les vents outremarins le secoueront à bras-le-corps.

    Alors place à la tradition. Si l’on sacrifie à Neptune
    Une bouteille de vin fin lorsque l’on passe l’équateur,
    La Cap Horn a sa condition : il faut, contre mauvaise fortune,
    Trouver une sirène qui a faim et l’embrasser en médiateur.

    Seule la sirène décide si le marin pourra passer
    Selon le goût de son baiser voire de toute la bordée.
    S’il n’est pas vrai, elle trucide l’équipage qui va trépasser
    Sinon la mer reste apaisée et le passage est accordé.

    Tableaux de l’intelligence artificielle sur https:www.facebook.comgroups1044560210148634 .

  • Surprise et véritable héroïne

    Tandis que je me lamentais sur ces héroïnes déçues
    Des contes de fées abandonnés ou redevenus homériques,
    Je cheminais et j’arpentais une rivière en pardessus
    Lorsque j’entendis chantonner une naïade féérique.

    Toute nue mais pas très farouche, elle me laissa l’approcher ;
    Je la saluai sobrement retenant ma respiration.
    De peur que je ne l’effarouche, je m’installai sur un rocher
    En me présentant proprement comme cherchant l’inspiration.

    « Je m’appelle Lechat Laureline ! » me répondit la créature
    Splendide en train de barboter tout en parlant d’un air moqueur.
    Moi, interdit, je dodeline devant l’exploit de la nature
    Qui lui a donné la beauté et l’intelligence du cœur.

    Mais, en un clin d’œil, un éclat d’eau gicla dans ma direction ;
    Je me retrouvai tout trempé avec un sourire forcé.
    La naïade, les yeux délicats, me brava d’une correction :
    « Tu croyais vraiment me tromper avec ta prose désamorcée ? »

    Tableau de Bohuslav Barlow sur https://www.saatchiart.com/en-ch/bohuslav

  • Bons baisers entre Capricorne et Cancer

    D’abord tout jeune matelot admis sur le « Vincent Van Gogh »
    Au titre d’homme d’équipage pour un voyage de trois ans,
    Gustave Klimt, de Saint-Malo, eut comme étrange pédagogue
    Une sirène qui prit en otage son cœur neuf en l’apprivoisant.

    Et tout au long de sa carrière, toujours aux mêmes latitudes,
    Il retrouva sa dulcinée en totale addiction d’amour.
    Mais les autres gars, à l’arrière, n’aimaient pas trop cette attitude
    De soupirant halluciné et s’en moquaient non sans humour.

    Le temps passa, de quartier-maître, il devint bientôt capitaine
    Et gardait le cap rituel entre Cancer et Capricorne.
    Jusqu’à ce jour où il vit naître une fille, vers la quarantaine,
    Dotée d’un goût spirituel pour des baisers près du Cap Horn.

    Tableaux de l’intelligence artificielle sur https://www.facebook.com/groups/1044560210148634

  • Rouges souvenirs

    Dans ma mémoire de Pandore, les souvenirs qui font rougir
    Remontent dans mes rêves sombres en cauchemars incandescents.
    Des couleurs froides et inodores, le rouge se met à réagir
    Avec le noir et la pénombre devient un blues luminescent.

    Vieilles angoisses écarlates aux pires taches indélébiles,
    Moments de détresse empourprés d’abjection et d’humiliation,
    La honte qui me le relate, pousse de plus en plus volubile
    Comme champignons dans les prés jusqu’à la réconciliation.

    Car il faut bien que je l’accepte par ce procédé alchimique
    Qui m’oblige à les ressasser jusqu’à leur élimination.
    Ma subconscience les intercepte dans le réseau biochimique
    De mon cerveau qui crie « assez ! » et demande trépanation.

    Je n’en guéris pas pour autant ; je vis avec tout simplement ;
    Il reste encore quelques taches que l’oubli peine à recouvrir.
    Après la pluie vient le beau temps et l’aube referme humblement
    Le couvercle qui encore s’attache à résister pour s’entrouvrir.

    Tableau d’Alyona Voronenko

  • Le soleil alchimiste

    Parfois le soleil alchimiste expérimente d’autres thèmes
    Que les décors habituels rencontrés aux heures du jour.
    Par des rayons impressionnistes, il change tout l’écosystème
    Avec des reflets virtuels qui ne reviendront pas toujours.

    C’est à l’heure entre chien et loup que l’artiste en nuances excelle
    Ainsi qu’aux aurores boréales et lors des éclipses de Lune.
    Le ciel n’en parait pas jaloux car ses couleurs universelles
    Jouent dans les champs de céréales des combinaisons opportunes.

    Herbes et fleurs sauvages ravies participent aussi au spectacle
    En suivant la mode propice aux festivités du moment.
    Et les oiseaux du même avis paradent en goûtant le miracle
    Qui exalte sous ces bons auspices leurs ramages les plus performants.

    Tableau de David Hockney

  • À l’aveuglette

    En amour comme au restaurant, tout est différent dans le noir ;
    On ne peut voir qu’avec la bouche et qu’avec le bout de ses doigts.
    Le désir vient en explorant comme pour se remettre en mémoire
    Chaque intimité que l’on touche par le plaisir comme il se doit.

    À l’aveuglette, on ne voit rien ; on peut tricher et c’est permis !
    Et puisqu’on peut fermer les yeux, une femme c’est bien mais deux c’est mieux !
    Et, en parfait épicurien, le sexe est bien plus affermi ;
    On monte deux fois plus vite aux cieux, subtil mais jamais ennuyeux.

    On dit que l’amour est aveugle mais trois femmes, c’est le goût du risque.
    Toutes les trois seront trompées mais seule la dernière le sait.
    En l’apprenant, l’épouse beugle mais elle reste pour le fric ;
    Les deux maîtresses détrompées adoptent alors un air de fausset.

    Tableaux de Liu Yan Ming sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/2015/12/05/liu-yan-ming-1970-chinese

  • Menu du jour

    Lorsque l’amour est au menu, tous les sens sont sollicités ;
    L’entrée, comme une mise en bouche, flatte l’oreille de mots doux.
    Qu’il est bon d’avoir obtenu avec tant de félicité
    Des « je t’aime » servis à la louche qui courent après le guilledou !

    Plat principal : préliminaires qui se goûtent à même la peau
    Et comme on ne fait d’omelette sans casser d’œuf, il faut oser !
    On caresse sa partenaire et l’on susurre comme un appeau
    Ce qui transforme la femmelette en Vénus métamorphosée.

    Et le dessert est un délice qui plaît aux cinq sens à la fois
    Car le toucher est relevé, l’œil est séduit, la langue aussi ;
    On s’introduit dans le calice, on râle, on crie à pleine voix.
    C’est quand l’orgasme est achevé  que le menu est réussi.

    Tableaux de Liu Yan Ming sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/2015/12/05/liu-yan-ming-1970-chinese

  • Aux créatures

    Au séminaire des créatures émancipées de la planète,
    J’ai rencontré les Sumériens, Atlantes et Hyperboréens.
    Toute la gente progéniture – qui ne sont que marionnettes
    Pour le plaisir épicurien des anciens dieux cyclopéens.

    Cyclopéens, Minotauriens et toute la mythologie
    Des créateurs qui ont taillé l’homme et la femme à leurs mesures,
    Les humanoïdes, les Aliens et toute l’égyptologie
    De religions ravitaillées qui les ont polis à l’usure.

    À l’assemblée j’ai rencontré Jésus, Bouddha et Mahomet
    Et tous les saints des évangiles et même des supers héros.
    Comme j’habite une contrée où l’on m’a longtemps assommé
    De bondieuseries de Saint-Gilles, j’leur ai mis à tous un zéro.

    Zéro pointé car rien n’est fait pour vivre en paix sur cette Terre ;
    Obligé de manger au risque d’être mangé et pire encore
    Sous prétexte d’être parfait, je dois subir l’autoritaire
    Loi d’un dieu fou et terroriste qui m’fait boire et manger son corps.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • À la mère de Mélusine

    Bien sûr que j’aimais Mélusine mais j’avais tant aimé sa mère
    Que j’aurais aspiré à naître trente ou quarante années plus tôt.
    J’aurais travaillé à l’usine comme à l’époque sa grand-mère
    Et entonné sous sa fenêtre mon amour subito presto.

    Un jour je me suis introduit timidement dans l’antichambre
    Pour la voir se déshabiller ; c’était vraiment plus fort que moi.
    Je ne sais ce qui s’est produit mais elle m’a ouvert sa chambre,
    Je ne pouvais que babiller tant mon cœur était en émoi.

    Bien sûr que j’aimais Mélusine mais c’est sa mère que j’évoque
    Qui d’ardeur mon cœur arrêtait, qui d’envie mes nuits suscitait.
    Je relis de vieux magazines avec ses photos de l’époque
    Comme si encore elle s’apprêtait d’amour à me ressusciter.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • Des créateurs

    Qui croit que Dieu a créé l’homme à son image est dans l’erreur ;
    S’il voyait comment sont décrits ses créateurs, il aurait crainte.
    Pas un seul de ses chromosomes ne correspond à la terreur
    Que lui inspirerait un cri s’il en découvrait son empreinte.

    D’immenses Mantes Religieuses de deux ou trois mètres de haut
    Ont sélectionné dans la branche des primates des spécimens
    Dont, d’une manière ingénieuse, ils ont créé leurs idéaux
    En faisant quelques coupes franches dans la queue et dans l’abdomen.

    Ils ont greffé la connaissance dans leurs cerveaux développés,
    Les ont mis à la verticale pour éviter de s’embourber.
    Et depuis à chaque naissance, l’homme est de plus en plus dopé
    Et ses vertèbres cervicales seront de plus en plus courbées.

    Car dès le prochain millénaire, l’homme moderne prééquipé
    D’intelligence artificielle et de smartphones organisés,
    Est invité au séminaire des créatures émancipées
    Pour une vie superficielle et toute déshumanisée.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • De la famille de Mélusine

    Je ne connais de Mélusine que ses cousins et ses cousines ;
    Mais ni son père, ni sa mère, ni son grand-père ni sa grand-mère.
    Étrange arbre généalogique sans correspondance logique
    Avec un livret de famille assermenté d’une estampille.

    Certains disent qu’elle est saltimbanque, d’autres qu’elle travaillerait dans la banque…
    Aussi timide que matamore, c’est un véritable oxymore !
    Afin de mieux argumenter, tâchons de nous documenter
    Et tirons des bibliothèques, racines toltèques ou aztèques.

    Une Meluzine au moyen âge aurait été sorcière ou mage ;
    En Amérique précolombienne, elle se serait nommée Fabienne ;
    Au pays du soleil levant, aucun écrit n’en relevant
    Pas plus qu’en Afrique centrale, ni que dans les terres australes.

    Ainsi depuis la nuit des temps, le mystère Mélusine s’étend
    Aussi loin que remonte l’histoire et la science péremptoire.
    Sans doute elle n’existe pas mais de l’erreur, il n’y a qu’un pas
    Mais moi qui l’ai connue, sachez que j’en étais amouraché.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • À la mère des Horloges

    Puisque je triche avec le temps et que je rajeunis souvent
    J’arriverai au paradis plus jeune que j’aurai vécu.
    Saint-Pierre en souffrira autant qu’un petit bébé émouvant
    En me jouant la parodie de la mort désormais vaincue.

    D’ailleurs Saint-Pierre est une femme – ce qui explique son retard –
    Son horloge avance le jour et pire retarde la nuit.
    Au début, j’ai trouvé infâme de me réveiller à l’instar
    Du Soleil qui, dans mon séjour, se couche quand la Lune luit.

    Tout s’est arrangé quand Saint-Pierre – ou devrais-je dire Saint-Pierrette –
    M’a proposé de partager sa maison, son toit et son lit.
    Le temps figé comme une pierre ne fait, depuis belle lurette,
    Qu’un petit clin d’œil passager qui chasse ma mélancolie.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • À la mère des Oiseaux

    J’ai triché un peu, je l’avoue ; Mes maisons d’hôtes pour oiseaux
    N’est que prétexte pour attirer, poules, oies et grues de passage.
    J’y donne plusieurs rendez-vous aux jolis becs, jolis museaux
    Qui souhaiterait s’y retirer pour un week-end plus ou moins sage.

    Bergeronnettes de mes amours, jamais je ne vous oublierai !
    Chardonnerettes de mon cœur, mes jours sont les plus valeureux !
    Mésanges aux plumages glamours, pour toujours je vous publierai
    De mon âme de merle moqueur mes hommages les plus chaleureux !

    Pour une oiselle peinteresse à qui j’ai cuisiné mes vers,
    J’ai bâti un nid-atelier pour peindre la carte du tendre.
    Aquarelles enchanteresses, printemps-été-automne-hiver
    Ont fait de mes vœux d’oiselier un cœur qui ne saurait attendre.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • De la famille des Horloges

    J’ai longtemps détraqué les montres, montres gousset et bracelets ;
    On m’a dit que mon magnétisme rivalisait contre le temps.
    À quartz ou même automatiques, la technologie se heurtait
    À mon intime biorythme ; j’avais le cœur à contretemps.

    Lorsqu’est venu l’informatique, j’ai jeté mes montres aux orties
    Comme un être humain défroqué qui aurait renié son temps.
    Pourtant contre toute logique, si mon horloge s’organisait
    La droite et la gauche, en revanche, se sont mises à se déphaser.

    Et puis je ne sais pas comment, le temps s’est mis à s’allonger
    Le temps d’un informaticien est une notion relative.
    Cinq minutes alors devenaient cinq heures et même davantage
    Un jour durait une semaine, elle-même à l’ordre d’un mois.

    Aujourd’hui le temps file vite, si vite qu’on est déjà demain ;
    Mes poèmes écrit à l’avance sont souvent mal appréciés.
    C’est normal parce que je commence par le milieu ou par la fin
    Et que le dénut est tombé dans le puits infini du temps.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • De la famille des Oiseaux

    Depuis plusieurs mois maintenant j’ai ouvert quelques maisons d’hôtes
    Mais pour oiseaux uniquement, sur mon balcon précisément.
    Au début juste un peu de pain que j’ai pétri et cuit moi-même
    Pain complet avec fruits confits, noisettes, amandes et cardamone.

    Boules de graisse énergétiques aux quatre coins de la terrasse ;
    Plusieurs parfums pour les fins becs de ces mésanges à la hupette.
    Du blé glané mais pas volé à la lisière des forêts
    Et du maïs après récolte abandonnés au bord des champs.

    J’avais proposé du millet soit à la carte, soit au buffet
    Mais tous ces snobs me l’ont boudé comme nourriture pour perroquets
    Jusqu’à c’qu’un oiseau plus malin que les autres vienne s’aventurer
    Et apprécie comme un gourmet et aille le vanter aux autres.

    Une cabane suspendue pour les oiseaux bardes-chanteurs
    Avec buffet à volonté ; graines du pays sélectionnées.
    Une maison sise en terrasse pour les passereaux en retraite
    Avec mangeoires sur la piscine et jet d’eau en décoration.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • À la mère des Villevieille

    Elle m’apparaissait hors du temps ; je n’la voyais qu’une fois par an,
    La matriarche Villevieille, vieille sorcière au nez crochu.
    Mon grand-père, comme un débutant, nous l’avait en tant que parent
    Ramenée du pays des merveilles, sauf que c’était l’ange déchu.

    Autant avare en sentiments qu’en argent et en héritage,
    Elle offrait généreusement une bouteille de sirop
    Qui n’durait pas infiniment – on n’en avait pas davantage –
    Cependant fort heureusement je n’ai d’autre souvenir en trop.

    Dans la famille des Villevieille, j’ai l’impression d’être amputé
    De la jambe gauche maternelle et les racines ascendantes.
    À moins qu’un ange ne surveille nos propres destins imputés,
    Je conserve une sempiternelle appréhension condescendante.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • À la mère des Villeneuve

    Je la devinais éternelle, ayant traversé plusieurs siècles,
    Présente à chaque pan de l’histoire de l’arbre généalogique.
    Je la savais très maternelle et d’un naturel très espiègle
    Avec sa bonhomie notoire malgré son corps pathologique.

    Elle recevait sur son trône, un fauteuil en chêne massif,
    Ses arrières-petits-enfants dont elle adoucissait les noms
    D’une prononciation qui prône encore un souvenir passif
    Dont les « R » roulaient triomphants sur la route de nos prénoms.

    Si la mort l’a canonisée sur la tombe d’un cimetière,
    Son âme est toujours en chemin quelque part dans l’air et le vent.
    Sans doute elle a harmonisé le cœur d’une famille entière
    Et j’en découvrirai demain la nostalgie en me levant.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villevieille

    La dynastie des Villevieille paraît une forêt de noms
    Couvrant la moitié de la ville, peut-être même la nation.
    Familles riches et modestes, familles pauvres et misérables,
    Un univers en expansion où l’amour s'est trop dispersé.

    Vieilles familles italiennes, lombardes, romaines et vénitiennes,
    Qui ont émigré au hasard des famines de toutes sortes,
    Voulant partir en Amérique et faisant l’escale provisoire
    Qui finissait au bout du quai de la mer Méditerranée.

    Qui du banquier, qui du boucher, qui du tailleur, du savetier,
    Ils étaient de tous les métiers, ils étaient de toutes les castes.
    Vieil oncle au pays de cocagne, un autre revenant d’Espagne,
    Qui de l’Afrique occidentale, qui de l’Asie méridionale.

    J’en ai gardé leurs caractères dans mes quarante-six chromosomes,
    Et mes cheveux couleur de jais, et mes yeux de biche aux abois.
    Sans doute est-ce la destinée de la future humanité
    De partager au maximum son patrimoine et son génome.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villeneuve

    Dans la dynastie Villeneuve, les pierres que sont les humains
    Bâtissent les grandes familles, hommes et femmes de demain.
    Mais si les hommes représentent les événements de l’histoire,
    Les femmes en seraient le ciment qui soude les maisons entre elles.

    Les Villeneuve du nord au sud, d’est en ouest et au-delà,
    Témoignent sur le territoire de la géographie humaine.
    Mais si les hommes donnent leurs noms aux boulevards et avenues,
    Les femmes à chaque numéro ont fait naître plusieurs enfants.

    D’hier, d'aujourd’hui et de demain, en temps de guerre, en temps de paix,
    Les Villeneuve ont fait l’histoire et l’ont écrite à leur façon.
    Mais si des hommes fiers ont conquis les plus belles et grandes batailles,
    Les femmes ont soigné leurs blessés et soulagé leurs estropiés.

    Il n’est pas de plus beau métier que diriger l’humanité
    Vers une destinée sereine et un avenir rassurant.
    Mais si les hommes ont instauré la discipline des traditions,
    Les femmes pour chaque héros, sont mères, compagnes et filles.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • Le fil d’Ariane – 4

    Celui qui garde son réseau comme une fortune précieuse,
    Deviendra riche de contacts en théorie comme en pratique.
    Qui est libre comme l’oiseau et vit ses envies capricieuses
    Gardera son pouvoir intact d’une indépendance empathique.

    Comme je suis ce que je mange, je suis ce à quoi je me branche
    Et soit je suis mes propres choix, soit je suis un chemin tracé.
    Est-ce que cela me dérange de prendre une voie qui m’embranche
    Vers la destinée qu’on m’échoit ou que j’ai moi-même embrassée ?

    Vivre est un enchevêtrement de choix et choses compliquées ;
    Ceux qui en tirent les ficelles sont souvent les plus corrompus.
    On ne peut pas faire autrement, c’est une science appliquée
    Comme une énergie qui ruisselle et ne peut être interrompue.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 3

    Les humains jouent avec l’argent plus facilement qu’avec le cœur ;
    Les chats jouent avec les souris, c’est une loi de la nature.
    Tout irait bien en partageant la route entre ses frères et sœurs
    Mais gare à celui qui sourit béatement dans sa voiture.

    On fait rentrer les étrangers pour la main d’œuvre de demain
    Bien qu’on construise avec entrain, le bâtiment fait banqueroute.
    L’environnement est en danger, il faut s’y reprendre à deux mains
    Alors on augmente les trains, on agrandit les autoroutes.

    Mais pour passer à l’électrique… aura-t-on assez de courant ?
    Mais pour installer la 5G… aura-t-on assez de réseau ?
    Mais pour faire comme en Amérique… sera-t-on assez concurrents ?
    Sinon après l’avoir singée, nous finirons tous dans son zoo.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 2

    De jour en jour, de mois en mois, sournoisement le fil s’embrouille
    Le réseau des institutions devient un sac de nœuds gordiens.
    Les députés sont en émoi, les ministres partent en vadrouille
    Et quant à la constitution on en voit trembler les gardiens.

    Rien ne va plus, les jeux sont faits et c’est bientôt la banqueroute ;
    Tous les budgets sont dépassés et on emprunte à l’étranger
    La dette qui hier nous étouffait arrive à la fin de la route
    Et l’expérience du passé croupit dans les dossiers rangés.

    Bonne nouvelle cependant, il n’y en a plus pour très longtemps ;
    Il paraîtrait que nos ressources sont épuisées depuis des lustres.
    Ce n’est pas en vilipendant l’ensemble de ses habitants
    Que l’État poursuivra sa course vers l’utopie qui s’en illustre.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 1

    Marianne suit son fil d’Ariane pour sortir de l’imbroglio
    Pas celui qui noue la raison ; plutôt celui qui nuit au cœur.
    Comme un bouquet de valériannes qui saoule son petit nobliau
    Qui aurait perdu sa maison et en garderait la rancœur.

    Mais que s’est-il alors passé dans les couloirs du labyrinthe ?
    Le nœud des affaires d’état serait-il donc indénouable ?
    Marianne se sent dépassée de sentir resserrer l’étreinte
    Du pouvoir et des vendettas qui se révèlent inavouables.

    Alors si c’était à refaire, Marianne remonterait sur le trône,
    Couronne en tête qui objecte et sceptre en main qui invective
    Qu’elle brandirait à chaque affaire louche et véreuse dont on prône
    Le politiquement correct pour masquer l’allure subjective.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Sur un air de bohème

    Profonde est la forêt secrète, sonore est le vent de la plaine,
    Sauvage est la faune discrète, furtive est la douce Violaine.
    Son violon fuse entre les arbres, les notes ouvrent les fleurs des champs,
    Les animaux restent de marbre du plus gentil au plus méchant.

    Le lynx dresse une queue attentive et ses pinceaux tirent l’oreille ;
    Le renard sur la préventive est d’une attention sans pareille.
    Voici la grive musicienne qui dodeline de son chant ;
    Voilà la Lune magicienne et son halo à contrechant.

    Et moi je passe entre les lignes pour en recueillir un poème
    Avec des rimes qui soulignent la nuit sur un air de bohème.
    Et la musique continue au point du jour quand sonne l’heure
    De dire adieu à l’inconnue qu’amabile en rêve je pleure.

    Tableau de Myrtille Henrion Picco sur https://conchigliadivenere.wordpress.com.

  • L’hiver indien

    Quatre saisons par convention entre les pôles et les tropiques ;
    La saison sèche et la mousson entre capricorne et cancer ;
    L’été indien en conjonction et l’hiver indien atypique ;
    Gaïa n’éveille aucun soupçon sur la façon dont elle s’en sert.

    Je laisse les quatre saisons aux concertos de Vivaldi ;
    J’abandonne l’été indien au récital de Joe Dassin ;
    Je me consacre à la raison pour laquelle la Terre s’enhardit
    De son hiver amérindien en veste à franges et mocassins.

    L’hiver indien, morte saison, pour flore, faune et êtres humains.
    C’est la période pour honorer ceux qui sont partis à jamais
    Rejoindre l’ancestrale maison de leurs ancêtres dont le chemin
    Part du milieu de la forêt d’où ils s’élèvent désormais.

    Voyez à travers la fumée monter les âmes délivrées
    Du fardeau et des exigences du matériel au quotidien.
    Les corps ont été consumés, les descendants sont enivrés
    Des substances de même engeance qu’un flux céphalo-rachidien.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.