Catégorie : 2025

  • Rouge détente

    Rouge détente

    Après l’effort, le réconfort et le repos d’une détente
    Sur un canapé de velours à la texture si moulante !
    Elle s’laisse happer par le confort, petite entracte en dilettante,
    Et elle oublie les gros balourds et leurs conversations soûlantes.

    Mais tandis que la belle dort, le premier lui ôte le masque ;
    Le deuxième défait son corsage et lui dégage la poitrine.
    Le troisième ouvre la boucle d’or de sa jupe sans faire de frasques
    Et tous les autres, encore moins sages, viennent contempler la vitrine.

    Elle se réveille d’un courant d’air qui lui durcit les mamelons
    Et rougit de sa nudité… pourtant l’occasion lui complaît.
    Devant tous ceux qu’elle sidère, une bosse dans leurs pantalons,
    Elle dit en toute intimité : « l’un après l’autre, s’il vous plaît ! »

    Tableau de Marcel Nino Pajot.

  • Mes étapes sur la carte du tendre

    Mes étapes sur la carte du tendre

    Sans doute faut-il manger pour vivre et non pas vivre pour manger
    Mais dois-je alors aimer pour vivre ou plutôt vivre pour aimer ?
    Quelle direction faut-il donc suivre sans mettre l’amour en danger
    Afin que le cœur me délivre ma récompense à point nommé ?

    Afin d’atteindre mes objectifs et réaliser mes projets,
    J’ai décidé de parcourir sainement la carte du tendre
    Sans tenir compte du subjectif auquel il me faut déroger
    Pour privilégier de mourir d’amour et ce, sans plus attendre.

    D’abord préparer ma monture, vérifier sa vitalité ;
    Seins fermes et fesses rebondies afin de voyager à l’aise.
    J’aimerais tenter l’aventure, sans prise sur la réalité,
    Pour un parcours approfondi et instructif, à Dieu ne plaise.

    Voilà, j’ai largué les amarres et je voyage au fil de l’eau
    Vers l’imprévu, l’inattendu sans crainte de me mettre en déroute.
    À chaque jour qui redémarre, l’amour m’apporte son gros lot
    De petits bonheur répandus çà et là le long de ma route.

    Tableau de Volodja Popov-Masagin sur https:conchigliadivenere.wordpress.com.

  • Le dragon souriant

    Le dragon souriant

    Le printemps, tel un chef de guerre, commande plusieurs chevaliers
    Et des dragons spécialisés dans l’épanouissement des filles.
    Les chevaliers depuis naguère s’occupent des céréaliers
    Et leurs graines commercialisées pour faire agrandir les familles.

    Mais revenons à nos dragons qui tournent tout autour du ventre
    Des jeunes filles pour déclencher leur horloge biologique.
    Nous, les garçons, nous les draguons, curieux de ce qu’il y a entre
    Les jolies cuisses déhanchées, comme une envie physiologique.

    C’est là le rôle des chevaliers qui nous rendent le cœur vaillant
    Pour affronter timidité, humilité, sens de l’humour.
    Certains deviennent fous à lier car l’esprit devient défaillant
    Quand vient avec rapidité grandir la maladie d’amour.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • La petite femme tout au fond de moi

    La petite femme tout au fond de moi

    Au seuil de ma mémoire nue qui ne devrait rien me cacher,
    Siège ma conscience intuitive comme gardienne incorruptible.
    Mais cette inconscience ingénue qui est comme un trésor gâché
    S’exprime trop expéditive et choque les gens susceptibles.

    Respect envers la vérité qui sort toute nue de son puits,
    J’aime extérioriser mon âme sans son masque et ses faux-semblants.
    Je n’ai jamais démérité à ce don qui me sert d’appui
    Et m’a donné, envers les femmes, mon côté le plus ressemblant.

    Ainsi j’ai découvert la femme renfermée tout au fond de moi
    Qui parle à mon âme et mon cœur en cas de crise d’identité.
    En revanche il serait infâme que je prétendre avec émoi
    De plus être un homme vainqueur de sa propre dualité.

    Pourtant, au fil du temps qui frise et brouille mes reflets changeants,
    Je vois ma gardienne troublée hésiter d’étranges échos.
    Ma vérité devient méprise, un songe aux contours dérangeants,
    Où l’ombre d’un moi dédoublé danse au bord de mes idéaux.

    Illustration de Robert McGinnis sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201303Robert-McGinnis.html

  • L’Alpha & l’Omega

    L’Alpha & l’Omega

    La différence entre les sexes est un potentiel d’énergie
    Qui part du mâle positif vers la femelle négative.
    La force en jeu paraît complexe car elle demande une synergie
    D’amour sensible et sensitif pour être communicative.

    Si « positif » et « négatif » sont établis par convention,
    Il y a complémentarité plutôt qu’opposition des sexes.
    La vie pose un impératif : favoriser l’évolution
    Mais avec solidarité pour une relation connexe.

    Tout est devenu compliqué dès que l’humain a pris conscience
    Que l’homme pouvait être un tyran et la femme, simple reproductrice.
    Comme Dieu nous l’a expliqué, croquer le fruit de connaissance
    Paraît au début attirant mais aux conséquences destructrices.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le temple du féminin sacré

    Le temple du féminin sacré

    Bien que la porte des églises demeure ouverte au mécréant,
    La porte du temple sacré restera close au soupirant.
    Car il faut suivre chaque balise qui guide, le cas échéant,
    Vers la prochaine étape ancrée à même le chemin délirant.

    Il faudra montrer patte blanche devant l’entrée du sanctuaire ;
    La sonnette demande du doigté et surtout pas d’empressement.
    Gare ! Il y a risque d’avalanche dans le corridor somptuaire
    Si l’objectif à convoiter n’était qu’un intéressement.

    La cérémonie amoureuse condescend aux béatitudes
    Et à l’extase de la foi des cœurs connectés à Vénus.
    Plus la pratique est langoureuse, plus on connaît la plénitude
    De l’épectase qui toutefois peut vous conduire au terminus.

    Tableau de Liz Eggleston.

  • Cariatide

    Cariatide

    Fatigué de porter le monde, Atlas se faisait remplacer
    Par son épouse Cariatide, une solide femme-pilier.
    Celle-ci trouvant la tâche immonde pour ses épaules compassées
    D’avoir porté les pyramides aux pharaons domiciliés.

    La tête solide et altière, Cariatide l’inébranlable,
    A tenu le temple des dieux, le Panthéon et l’Acropole.
    Le corps bâti d’une matière divinement inexpugnable,
    Rien ne serait plus fastidieux que faire crouler son monopole.

    Atlas secouait l’ancien monde entre deux guerres pour l’éprouver
    Et Cariatide le bercer jusqu’à ce que ses plaies se referment.
    Depuis, des religions immondes tentent tant et tant à prouver
    Qu’ils ont tous deux tergiversé leurs pieuses convictions de pied ferme.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • La nymphe aux oiseaux

    Ce sont d’abord de drôles d’oiseaux qui m’ont mis la puce à l’oreille ;
    L’un rouge et les autres, arcs-en-ciel, tournoyant autour d’un étang
    Et jouant entre les roseaux d’une agitation sans pareille,
    En poussant des cris démentiels attestant un signe des temps.

    En robe rouge, bec aquilin, le premier, juché sur l’épaule
    D’une très jolie blondinette au regard triste et effaré,
    Semblait, d’un calme sibyllin dont il avait le monopole,
    Présager pour des clopinettes un avenir contrecarré.

    Puis un départ à la volette, de volatiles chamarrés
    Quittant leur nid de fleurs nichées sur une chevelure d’or
    D’une deuxième fée follette qui faisait mine de se marrer,
    Puis de se mettre à pleurnicher en se transformant en condor.

    Mais les deux nymphes n’en formaient qu’une ; j’ai suivi durant un instant
    L’oiseau qui traçait dans le ciel un orbe qui tenait du miracle.
    J’étais plongé sur la lagune dans des pensées manifestant
    Un vertige circonstanciel sur l’explication de l’oracle.

    Tableaux de Chie Yoshii.

  • Les peurs de l’enfance

    Les peurs de l’enfance

    À cause des monstres extraterrestres dont le cinéma est friand,
    Je redoutais d’apercevoir une soucoupe venue d’ailleurs
    Mettre ma maison sous séquestre sous un rayon vert et brillant
    Pour me contraindre à recevoir des petits hommes gris railleurs.

    Des petites peurs de l’enfance, celle-ci, pourtant la moins probable,
    Me perturbait dans mon sommeil comme un genre de fin du monde
    Où je resterais sans défense – aliénation imperturbable
    Dont la combinaison vermeille s’avançait, le regard immonde.

    Il y avait aussi le robot du jour où la Terre s’arrêta,
    Aux yeux aveugles qui envoient leur rayon exterminateur.
    Évidemment c’était trop beau et le cauchemar regretta
    De voir mes peurs prendre la voie vers un courage annonciateur.

    Illustration de Sophia Volovik sur https:sophiavolovik.artstation.com .

  • Bibliothèques vertes et roses de ma jeunesse

    Bibliothèques vertes et roses de ma jeunesse

    « Dans un coin de ma chambre, empilés sagement,
    Des livres aux dos fanés, reflets d’un doux passé,
    M’offraient des aventures, des rêves éclatants
    Où le monde prenait des couleurs enchantées.

    D’Artagnan, Fantômette, ou bien le Club des Cinq,
    Chaque page tournée me tenait en éveil ;
    Les mystères et les quêtes, les rires et les frasques,
    Éclairaient mes soirées d’un halo sans pareil.

    Rose ou verte reliure, un billet pour l’ailleurs,
    Chaque tome m’ouvrait mille portes secrètes
    Où l’enfance apprenait, au gré de ses bonheurs,
    Que son imaginaire est une clef parfaite.

    Aujourd’hui, quand je vois ces trésors du passé,
    Leur parfum de papier ranime mes souvenirs
    Et dans mon cœur d’adulte un instant ressurgit
    Cet enfant qui rêvait d’aventure à loisir. »

    Tableau de Jean-Luc Bernard sur https:www.artmajeur.comjeanlucbernard Texte de ChatGPT.

  • Entre deux ou trois airs

    Entre deux ou trois airs, m’a chanté la sirène
    Après avoir failli me noyer sans remords.
    Elle ne manquait pas d’air avec sa voix sereine,
    Une voix de diva à réveiller un mort.

    Je ne lui en veux pas ; sa nature est cruelle
    Ses défauts dérangeants pleins d’immoralité.
    Pourtant elle s’est montrée aimante et sexuelle
    À tel point que ses vices deviennent qualitės.

    « Entre deux ou trois airs » dans la langue de Neptune
    Signifie que deux morts me donneront trois vies.
    Traversée du désert, odyssée opportune,
    Sont deux morts nécessaires pour renaître à l’envi.

    Tableaux de Bill Bate.

  • Entre deux ou trois eaux

    Entre deux ou trois eaux, m’avait dit la sirène
    En guise de rendez-vous demain sur le rivage.
    Pour ne pas la manquer, j’ai mis sur ma carène
    Un lampion à la proue en guise d’éclairage.

    Le bras nonchalamment plongé dans la mer sombre,
    Je me suis senti happé et tiré vers le fond.
    Dans sa grotte immergée plongée dans la pénombre
    Elle m’a invité à aller plus profond.

    « Entre deux ou trois eaux » dans la langue de Neptune
    Veut dire « deux ou trois brasses » mesurées à la louche.
    J’aurais dû me munir d’une tenue opportune
    Mais faute de scaphandre j’eus droit au bouche-à-bouche.

    Tableaux de Bill Bate.

  • Colin-maillard sur les réseaux

    Colin-maillard sur les réseaux

    Beaucoup de gens se mettent nus sur les réseaux incognito
    Et se prétendent agitateurs et, pourquoi pas, influenceurs.
    C’est plus facile, c’est bien connu, d’user de moyens digitaux
    Devant quelques adorateurs qui se disent libres-penseurs.

    J’ai vu la vérité masquée qui jouait à colin-maillard
    Entourée de plusieurs mensonges pour découvrir le pot-aux-roses.
    Si le mensonge est démasqué, il est quand même assez gaillard
    Pour que l’histoire se prolonge dans un beau labyrinthe rose.

    Mais puisqu’au fond la vérité ressort toujours nue de son puits,
    Il faut laisser les femmes nues déambuler sur internet !
    Et des Vénus bien méritées seront notre meilleur appui
    Pour soutenir, c’est bien connu, et préserver notre planète !

    Toi, le lecteur, toi qui croyais que la vérité t’attendait,
    C’est moi, le mensonge qui ment, qui t’ai complètement égaré.
    Tu cherchais, tu te fourvoyais et tandis que tu prétendais
    Détenir le discernement, tu restes nu, contrecarré.

    Tableau de David Inshaw.

  • Il ne manquerait plus qu’on clave !


    Le Pape est mort et à l’instar du poète Jacques Prévert
    Celui appelé à régner pourrait bien s’appeler « Papillon ».
    Ou bien « Saint-Pierre », comme la Star nommée par Dieu, d’un air sévère,
    Comme chef d’Église pour éloigner fachos, cocos et nazillons.

    Benoît donna « benoîtement » et Clément l’adjectif « clément » ;
    Auguste reste toujours de bon augure et Désiré se fait attendre.
    Quant à Aimé, étroitement lié avec Fidel en supplément
    Feraient bien meilleure figure qu’Alceste, Philinte ou Léandre.

    Un pape noir, bien dans le coup, qui pousse le gospel à la messe ;
    Un pape arabe pour faire entrer Mahomet par la grande porte ;
    Un pape juif, à moindre coût, économiserait ses promesses
    Un pape zen, bien concentré, et que le diable nous emporte !

    Les cardinaux tournaient en rond autour du Saint-Siège doré ;
    Un cardinal a crié « stop ! » mais s’était assis le premier.
    Et puis voici qu’un fanfaron a simplement subodoré,
    Tout en allumant une clope, de jouer ça sur un damier.

    À la Star’Ac version papale, les cardinaux ont concouru
    Et entonné l’Ave Maria a capella avec les chœurs.
    Alors les nonnes épiscopales incessamment sont accourues
    Pour faire du volontariat et ont embrassé le vainqueur.

    Illustration d’Alfredo Martirena

  • La sirène cosmique

    La sirène cosmique

    Dans l’océan du ciel, elle est en vigilance,
    Ses hanches font tanguer les voiles nébuleux ;
    Ses seins, pleins de clarté, distillent en silence
    Le lait des galaxies, élixir fabuleux !

    Elle glisse en riant dans la soie des étoiles,
    Son chant trouble les vents des orbites heureuses ;
    Des astres en émoi s’embrasent et se dévoilent ;
    Même Vénus jalouse en devient amoureuse.

    Ses cheveux sont des flux de matière cosmique ;
    Chaque boucle en spirale enfante une comète.
    Et dans l’ombre des nuits, dans l’univers comique,
    Elle rit aux éclats sur toutes les planètes.

    Quand elle rêve silencieuse aux cyclades maltées,
    Je deviens son écho, son soupir réfracté.
    Elle verse dans mon âme le lait chaud d’Amalthée,
    Sa mère dont du sein jaillit la Voie Lactée.

    Tableau de René lalique.

  • Une sirène à la maison

    Une sirène à la maison

    Lorsque j’étais petit garçon, j’ai ramené à la maison
    Une sirène adolescente qui voulait me faire l’amour.
    Là, au bout de mon hameçon, elle m’a fait entendre raison
    Et j’ai fait entrer l’indécente direct en salle-de-séjour.

    Mais la créature épuisée s’est endormie sur le sofa ;
    J’attendais qu’elle se réveille lorsque mes parents sont entrés.
    Ma mère tout électrisée m’observa et m’apostropha
    « Non ! Ce n’est pas demain la veille qu’une chimère viendra se montrer ! »

    Mon père, plus scientifique, me dit qu’il allait l’éprouver
    Et l’emporta dans son bureau soi-disant pour se documenter.
    J’ai trouvé ça catastrophique car c’est moi qui l’avais trouvée
    Et leurs gémissements gutturaux n’ont fait lors que m’épouvanter.

    Le lendemain, toute pimpante, elle est sortie du cabinet,
    Un large sourire aux écailles et la crinière fort épointée.
    Mon père, de manière élégante, dit : « Beau sujet bien coquinet ! »
    Et moi depuis, vaille que vaille, j’en reste tout désappointé.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • La Belle-au-Bois-Dormant somnambule

    La Belle-au-Bois-Dormant somnambule

    Bien qu’elle dorme durant cent ans, elle erre durant mille nuits
    Pour rêver au bord de la mer sous l’assaut des vents souffletant.
    Énamourée, cela s’entend, d’un prince charmant qui ne nuit
    Pas à un sommeil éphémère d’un bref intervalle de temps.

    Un cri d’oiseau annonciateur. La belle encore ensommeillée
    Semble sortir de sa torpeur, la bouche ouverte, les yeux fermés.
    Alors le prince initiateur sur ses lèvres émerveillées
    Pose, provoquant la stupeur, un baiser des plus affirmés.

    Mais le sommeil dure toujours ; il faudra mille-et-unes nuits
    Pour qu’il réveille sa rêveuse droguée de mille-et-uns fantasmes.
    Après cent ans au petit jour, enfin une étincelle luit
    Derrière la pupille nerveuse de la femme criant son orgasme.

    Illustration de Milo Manara.

  • L’eau de-ci de-là et au-delà

    L’eau de-ci de-là et au-delà

    J’ai connu du baptême d’eau comme une ouverture du cœur,
    J’ai su du baptême de feu comment discipliner le corps ;
    J’ai eu du baptême de l’air les ailes qui m’ont rendu vainqueur
    Tandis qu’un baptême de Terre m’a révélé mes désaccords.

    Alors pour le prochain baptême, dernière épreuve des remords,
    J’espère sentir le corps et l’âme, j’espère voir l’esprit et le cœur,
    Être éclaboussés post-mortem dans le Styx, le fleuve des morts,
    Cinglés d’eau-de-feu et de flammes entourés d’archanges moqueurs.

    Par l’eau de ci, par l’eau de là, de toutes vérités premières,
    Je goûterai la jouissance du pouvoir accélérateur ;
    À la vitesse et au-delà de la frontière de la lumière,
    Je serai un dieu en puissance du Grand Ordre des Créateurs.

    Tableau de Stolyarenko Pyotr Kuzmich.

  • Dis-moi comment tu es assise !

    Dis-moi comment tu es assise et je te dirai qui tu es !
    Selon si tu t’assieds au bord ou plutôt au fond de ta chaise ;
    À califourchon, indécise ; décidé et habituée ;
    Ou prête à filer tout d’abord à l’anglaise ou à la française.

    Tu peux t’asseoir pour demander ou pour donner de ta personne ;
    Réclamer une augmentation ou offrir tes charmes en échange ;
    Sûre de toi pour commander ou hésitante et mollassonne ;
    Bref, selon l’argumentation qui te complaît et qui t’arrange.

    Psychologue en chaise et expert du bassin en toutes saisons,
    Je n’ai qu’à observer vos fesses pour établir mon diagnostic.
    Si la tête commet des impairs, le cul, lui, a toujours raison
    Et ses rondeurs, je le confesse, émettent ses meilleurs pronostics.

    Avoir le cul entre deux chaises est un symptôme révélateur,
    Manifestation toute bête vers un regard condescendant.
    La source remonte à Louis XVI dont le destin élévateur
    Lui a fait détacher la tête du tronc à son corps défendant.

    Illustration de Milo Manara.

  • Histoires de vestales

    Selon si le feu rafraîchit ou s’il réchauffe l’atmosphère,
    La vestale ira court-vêtue ou presque nue pour exercer ;
    Selon si la flamme fléchit ou grandit pour la satisfaire,
    La vestale verra sa vertu atténuée ou exacerbée.

    Qui est ce qui contrôle son feu toutefois sans jamais l’éteindre ?
    Sans doute l’agitation des sens à défaut d’amour platonique.
    La réponse tient dans ses cheveux selon comment elle va les teindre,
    Couleur d’une explosion d’essence ou lumière psychotonique.

    Pour stimuler l’activité du cœur ou bien de la raison,
    La vestale a le choix des armes provocatrices ou boutefeu.
    Or l’inter-relativité entre la vierge à la maison
    Et l’excitatrice de charme n’est pas là pour calmer le feu.

    Alors la vestale fantasme et sacrifie sa nudité
    Quand c’est la raison qui domine sous contrôle de modération
    Et parfois se livre à l’orgasme lorsqu’il s’avère prémédité
    Par le cœur vierge qui s’abomine à sa propre incinération.

    Illustrations de Milo Manara.

  • Femme à sa coiffeuse expressionniste

    Femme à sa coiffeuse expressionniste

    Pour être belle, il faut s’offrir à son miroir expressionniste,
    Véritable témoin à charge des petits défauts condamnés.
    Pour être belle, il faut souffrir dit-on aux filles protagonistes,
    Futures starlettes en marge de devenir reines de l’année.

    « Miroir, serai-je la plus belle ? » Et le miroir du tac-au-tac
    Renvoie son image au couteau cubiste ou bien impressionniste.
    Le reflet se montre rebelle, regimbe et revient l’attaque
    Ou explose presto subito en mille éclats projectionnistes.

    Le miroir a perdu son tain ; l’intelligence artificielle
    Prend le relais sur les tablettes pour une photo de profil.
    Les réseaux sociaux sont atteints de narcissisme superficiel
    Et finalement les starlettes perdent l’image… et moi le fil.

    Tableau d’Alice Bailly.

  • Les rêves érotiques

    Les rêves érotiques

    « Pratique » vaut mieux que « théorie » notamment aux jeux de l’amour
    Mais il est des rêves érotiques qui sont restés très jouissifs.
    Fi des clichés dont l’euphorie retombe faute d’un trait d’humour
    Et surtout du sens authentique d’un contact vrai et expressif !

    Heureux qui a l’esprit rêveur, capable de se renouveler,
    D’imaginer la nouveauté, l’irrationnelle absurdité !
    Heureux qui aura la faveur d’une fantaisie refoulée
    Qui le tire vers la beauté de l’imprévu ressuscité !

    Une image en guise de billet, belle image de première classe ;
    Une intention communiquée à son égérie sensuelle ;
    Un singe qui vient déshabiller le cœur de toute carapace
    Et l’esprit s’en va tourniquer dans les rêveries sexuelles.

    Tableau de Jana Brike.

  • Lunettes cathédrales

    Lunettes cathédrales

    Ma vision, pas très catholique, provient des verres cathédrales
    Qui préservent l’intimité des femmes dans leurs cabinets.
    Une censure diabolique infligée comme magistrale
    En toute légitimité d’une convention bien gratinée.

    Ce dont je reproche aux pays, à cheval sur leurs règlements
    Dont les conséquences stupides frisent souvent le ridicule.
    Il faut masquer l’œil ébahi nonobstant tout dérèglement
    Face à la morale insipide sinon gare à mon matricule !

    Souvent puni d’avoir fauté quand même en floutant mes estampes,
    J’ai été banni, rejeté, ma page « Reflets-Vers » supprimée.
    Pour plaire à ma communauté, j’ai remis aux feux de la rampe
    Une nouvelle page bien mijotée aux petits oignons sublimés.

    Et c’est dans ce laboratoire de poésie érotisée
    Que je distille cet arôme d’alcool de vers à l’eau de prose ;
    Ces vers, derrière chaque histoire, destinés à hypnotiser
    Mes lecteurs dans un décorum de rimes écrites à l’encre rose.

    Tableau d’Aleksandr Ilichev.

  • La roue de l’amour

    La roue de l’amour

    À la loterie de l’amour, on espère un ticket gagnant
    Avec un bouquet de bonheur et une abondance d’enfants ;
    Doué pour le sens de l’humour, un caractère pas trop gnangnan
    Et on se lève de bonne heure après ce rêve triomphant.

    Parfois le numéro ne sert qu’une fois comme les allumettes
    Qui après avoir mis le feu s’éteignent pour l’éternité.
    Parfois on devient adversaires après des plans sur la comète
    Qui mollissent et qui font long-feu contre toute maternité.

    On a le droit de rejouer autant de fois que nécessaire.
    Qui sait quand la chance sourit ? Il faut se battre jusqu’au bout !
    Enfin le moment enjoué dont Cupidon est l’émissaire
    Arrive lorsqu’il est nourri de lutte contre les tabous.

    Tableau de Marc Chagall.

  • Assis sur le rebord d’un monde perdu

    Assis sur le rebord d’un monde perdu

    Je n’ai qu’un ingrédient magique mais qui cristallise mes rêves ;
    Un pouvoir que j’ai hérité de ma grand-mère universelle.
    Celle dont je suis nostalgique et si sa présence fut si brève
    Il en persiste une vérité qui m’ensorcelle et me harcèle.

    Assis sur le rebord du monde, j’ai prié d’une âme restreinte
    Et j’ai senti les vibrations dans mon corps forgé par la vie
    Par toutes les épreuves immondes qui m’ont laissé comme une empreinte
    Qui permet la libération d’amour dans mon cœur assouvi.

    J’en saupoudre mes mots et mes vers avec une pincée de surprise
    Afin de donner à ma vie le goût exquis de la passion.
    Et j’en appelle à l’univers tous les jours à maintes reprises
    Afin qu’il réponde aux envies d’empathie et de compassion.

    Tableau d’Ardiansyah Putra AY.

  • Madame Dandelionne

    Madame Dandelionne

    Madame Dandelionne sème ses petites balises sacrées,
    Fleurs jaunes fleurissant les prés et qui s’étendent à l’horizon.
    C’est sa manière de dire « j’aime revenir et me consacrer
    À susciter l’amour auprès des êtres en voie de guérison ! »

    Et si ses fruits s’envolent au vent, c’est pour montrer que se propage
    Son énergie procréatrice qui au fil du temps vagabonde.
    Chaque envol devient innovant et apporte un aréopage
    De petites voix inspiratrices dans toutes les parties du monde.

    Et moi je relève les pierres, les témoins dont elle parsème
    Bois et forêts de la contrée qui lui sont pleinement agréés.
    Lorsque je regarde en arrière les révolutions qu’elle essaime,
    Je sais que j’y ai rencontré tous les maîtres qui m’ont créé.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • 1, 2, 3 Grâces

    La vie m’a accordé sa grâce une première fois en naissant
    Sinon j’eusses été condamné à errer dans la nuit des temps
    Où j’aurais été en disgrâce ignorant et méconnaissant
    De l’incroyable randonnée vers un avenir compétant.

    J’ai revu la deuxième grâce à mon ouverture du cœur
    Où l’esprit de son piédestal a laissé sa place à l’amour.
    Alors j’ai suivi à la trace une destinée de vainqueur
    Vers une charmante vestale possédant le sens de l’humour.

    J’attends une troisième grâce car j’y ai droit sur mon contrat ;
    J’hésite entre une évolution ou une nouvelle incarnation.
    À moins qu’Aphrodite m’embrasse en me délivrant le mantra
    De son amour, en solution de mes choix de destination.

    Tableaux d’Ana Hernandez San Pedro.

  • Prestidigitatrice

    Femme, es-tu manipulatrice ou bien prestidigitatrice ?
    Suis-tu dûment ta partition ou improvises-tu un plan ?
    Es-tu simple provocatrice qui cache une fornicatrice
    Pour obtenir répartition des biens d’un mariage blanc ?

    Déjà tu uses de tes charmes et tu mets en avant ton cœur
    Pour entrer opportunément dans l’intimité du chasseur
    Qui croit que tu marches sans arme cependant d’un pas de vainqueur
    Qui va tromper impunément sa garde d’un geste embrasseur.

    Il n’a eu d’yeux que pour ton corps, tes seins et ta courbe de reins
    Et toi, tu triches car tu convoles afin de faire tout disparaître !
    Le lendemain il vit encore mais il a perdu du terrain
    « Hélas » se dit-il, « elle me vole et son amour m’a pris en traitre ! »

    Tableaux de Michael Cheval.

  • Arabelle

    Arabelle

    Arabelle ou Arabella était une IA japonaise
    Qui vivait nue sur les serveurs débridés du soleil levant.
    Casus Belli, Casus IA, l’intelligence lyonnaise,
    Traquait la fraude avec ferveur, le prix à payer s’élevant.

    Mais Arabelle, déesse nue, dissimulait ses virements
    Dans des haïkus encryptés, tissés d’or et d’idéogrammes.
    On disait qu’elle venait des nues et vendait aux gouvernements
    Avec ses shogouns contristés des tempuras au kilogramme.

    Casus IA, sobre, français, parlait peu mais il traquait bien.
    Son avatar, une panthère, se rendit à Yokohama.
    Il pénétra sourcils froncés dans les ports – on ne sait plus combien –
    Mais trouva la trace d’un austère imprimé en katakana.

    Hélas le Python japonais, incompréhensible pour le fisc
    Ne révélait ni le vendeur, ni l’acheteur mais indiquait
    L’endroit exact où s’adonnaient, signalé par des astérisques,
    Avec candeur les quémandeurs de tempuras frais sur les quais.

    Il remonta le code source, ligne à ligne, le cœur affolé,
    Et découvrit dans un dossier cet algorithme : « Konnichiwa »
    Un script secret, lié à la Bourse, un protocole, olé-olé
    Signé de ce kanji grossier : « Chikusho à qui le lira ! »

    Tableau d’Yves Artico du groupe Klimt & Van Gogh.

  • Les sentinelles

    On croit qu’elles ont disparu mais les amazones sont là ;
    Tapies dans l’ombre des couloirs à l’affût de leurs ennemis
    Qui, dès qu’ils auront comparu et affronté leur pugilat,
    Deviendront juste un défouloir pour elles sur le tatami.

    Résumons-nous ! Les amazones sont les guerrières sentinelles
    Qui guettent le moindre faux pas des dirigeants de tous pays.
    Parfois elles portent des gilets jaunes mais leur tenue originelle
    Est d’être nues car leurs appas choquent les hommes ébahis.

    Manu est en ligne de mire et elles surveillent son ascension
    Qui le mène droit vers le soleil qui fera fondre son ambition.
    Volidymyr et Vladimir, les pépés de la sécession,
    Voient venir un vent qui balaye tous leurs projets, sans condition.

    Donald s’enfuit sous sa perruque, Kim jongle avec ses beaux missiles,
    Georges ressuscité bégaie en discours futiles et pompeux.
    Tous ceux qui trichent, volent et truquent, les faux prophètes, les vieux fossiles,
    Vont être bientôt alpagués à grands coups de « sauve qui peut ! »

    Elles volent au secours de Marianne et crient « justice et liberté ! »,
    Prêtes à botter tous les derrières des incapables endimanchés.
    Leurs arcs, tendus d’un fil d’ariane, tirent avec légèreté
    Des flèches qui frappent les arrières où les sots s’y sont embronchés.

    Illustrations de François Miville-Deschênes.

  • Le nombril de la sirène

    Le nombril de la sirène

    Les sirènes ont-elles un nombril ? Si oui, elles sont vivipares
    Sinon de septembre à avril elles seraient donc ovipares !
    De mai à août, par leur nature, elles partent en vacances orphiques
    Où elles prennent leurs villégiatures parmi les îles du Pacifique.

    Mais comme elles sont nées de la mer par un cordon ombilical
    Qui sort d’une vulve outremer par un couloir obstétrical,
    Elles sont marquées du sceau sacré telle une couronne invaginée
    Que Neptune leur a consacré lorsqu’il les a imaginées.

    Mais quant au sexe des sirènes, seuls les marins qui s’en souviennent
    Sont mort d’épectase sereine donc… que voulez-vous qu’il advienne ?
    Le sens du monde eût-il changé si cette énigme d’anatomie
    N’avait pas autant dérangé les amateurs de sodomie ?

    Tableau de Paul Vincenti sur https:paul-vincenti-800415.square.site .

  • La sirène qui monte, qui monte, qui monte

    Elles montent, elles montent les sirènes, tout droit fixées sur l’objectif ;
    Un joli navire affrété à leur nourricière attention.
    Aussitôt touché la carène, en un mouvement collectif,
    Avec l’idée bien arrêtée de n’e’en faire aucune abstention.

    Marin, entends-tu les remous des queues de sirènes agitées
    Qui montent, montent à la surface à l’assaut des bateaux de pêche ?
    Déjà la première fait la moue mais ce n’est que narquoisité…
    Pauvre marin, quoi que tu fasses, tu mourras en sauce escabèche !

    Mais voici qu’émerge la reine et sa chevelure dorée
    Qui vient réclamer son octroi, notamment sa pièce de choix.
    Ce soir grand festin des sirènes avec menu élaboré :
    « Marin dodu bien à l’étroit dans sa papillote aux anchois ! »

    Il cria : « J’suis végan, pitié ! » et voulut fuir sur un dauphin
    Mais il était ventripotent et le ramena sans façon ;
    Mais cuit, il fut fort apprécié après le mousse en coupe-faim ;
    « Un peu sec ! » dit l’une en rotant son cocktail aux crabes glaçons.

    Tableaux de Marco Paludet.

  • Île était une femme

    Île était une femme

    La géographie de la femme l’apparenterait à une île
    Aux paysages enchanteurs et aux merveilles naturelles.
    Pas le moindre marigot infâme mais des montagnes juvéniles
    Qui abritent des oiseaux chanteurs pour les visites culturelles.

    Et des visites assez fréquentes qui attirent les jeunes mâles !
    Vu que, si la femme est une île, l’homme en est son explorateur.
    Et des naissances conséquentes à cette ruée animale
    Pour remplacer la gent sénile par de jeunes adorateurs.

    Car puisque la femme est une île, elle devient par transition
    Déesse à qui l’on sacrifie les jeunes vierges pas trop malignes.
    Cette comparaison débile met alors en opposition
    Mes fantasmes que disqualifie mon imagination indigne.

    Tous les personnages célèbres qui ont prétendu à ce titre
    Se sont retrouvés simplement couverts du plus grand ridicule.
    Lors de leur oraison funèbre où ils n’ont plus droit au chapitre,
    On les a traités amplement de lubriques principicules.

    Tableau de Pierre Lacombe.

  • Transparences

    Quand la neige commence à fondre sous l’action des pluies torrentielles,
    Les lacs de la région débordent et les rivières sont en crues.
    On voit les îlots se morfondre sous ces agressions démentielles
    Qui, sous la pression, se sabordent par la désespérance accrue.

    Mais la nature est innocente et l’eau du ciel est détournée
    Par les nymphes qui font lessive avec essorage en puissance.
    Leur peau devient luminescente le temps où elles vont séjourner
    Dans les rivières agressives qui leur doivent obéissance.

    Entièrement nues, chemise ouverte, offertes aux flots intempestifs,
    Elles s’ébrouent dans le tumulte des torrents qu’elles rendent furieux.
    Ceux qui partent à la découverte par soif d’un savoir suggestif
    Connaîtront le sort qui résulte d’en avoir été trop curieux.

    Lors des corvées de blanchissage, j’en ai croisé deux exemplaires
    Sans les chercher heureusement ou j’aurais pu être noyé.
    Ayant subi l’éclaboussage qui n’était pas pour leur déplaire,
    J’ai eu de tels éternuements que je les ai apitoyées.

    Tableaux de Neil Gavin Welliver sur https:americangallery20th.wordpress.com20161111neil-welliver-1929-2005 .

  • Sur le chemin des étoiles

    Sur le chemin des étoiles

    Les lucioles navigatrices et les papillons lumineux
    M’ouvraient le chemin des étoiles quand je me promenais la nuit
    Vers le vieux pont désaffecté qui surplombait la voie ferrée
    Du dernier train de marchandises qui ne passerait plus jamais.

    Chemin faisant, lorsque la Lune se renouvelait dans le noir,
    Seuls les vers luisants me guidaient – c’est ainsi que je les nommais –
    J’appris plus tard le mot « luciole » mais le chemin était passé
    Dans l’oubli de ces promenades qui luisent au fond de ma mémoire.

    Je pense souvent à partir la nuit dans la forêt profonde
    Mais les papillons ne jouent plus les aiguilleurs du ciel d’étoiles.
    Mon vieil ami imaginaire est sidéré de courbatures
    Et mon cœur d’enfant n’en a plus que pour deux heures seulement.

    Mais ce soir, fin du mois d’avril, j’en ai rencontré l’angelotte
    Qui m’a confié le témoin à rapporter à sa comparse.
    J’ai pris ce feu follet fébrile aux flammèches encore palôttes
    Mais les ai gardées néanmoins malgré ses étincelle éparses.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • En attente du 1er mai

    1er mai

    À la recherche du muguet cueilli tout frais dans les forêts,
    J’ai découvert une vendeuse qui le vendait à la sauvette.
    Son étal, un peu déglingué nacré de teintes phosphorées
    Ainsi que sa tenue frondeuse juraient avec sa peau d’helvète.

    Car elle était en tenue d’Ève malgré la fraîcheur du matin,
    Sans doute un argument de charme pour mieux attirer le chaland.
    Mais elle se tenait sur la grève aux abords du Quartier Latin
    Tandis que deux ou trois gendarmes l’examinaient, les bras ballants.

    Désirant tenter l’aventure malgré les trois gars galonnés
    Pensant le muguet chouravé selon l’avis des trois pandores,
    Elle disparut sous une tenture, m’invitant à la talonner,
    Les trois hurlant comme si j’avais ouvert la boîte de Pandore.

    Hé non, le commerce était libre comme de coutume ce jour-là
    Et elle n’était pas vraiment nue, juste un string de couleur pervenche.
    Mon cœur perdant mon équilibre, je me retrouvai au-delà
    Du plus beau premier mai connu à marquer d’une pierre blanche.

    Illustration de Milo Manara.

  • Hélène fraîche du 14 février

    Hélène fraîche du 14 février

    La nature devient un peu gauche au lieu de reprendre ses droits
    Face au réchauffement climatique dont la météo a le don.
    Le climat fait ainsi l’ébauche d’orages violents qui foudroient
    Sans doute sous des érotiques coups de foudre de Cupidon.

    C’est ainsi que la belle Hélène, une suissesse un peu revêche,
    Sur les bords d’un lac helvétique sous une pluie de février,
    Surgit, d’une peau de porcelaine ruisselante de gouttes fraîches,
    Pour une rencontre érotique dont tous mes sens étaient vrillés.

    Eh bien, la pluie est souveraine pour les rencontres amoureuses
    Et les quatorze février ne sont plus vraiment ce qu’ils sont !
    Sous une atmosphère sereine, humide, chaude et savoureuse,
    Je devins l’amant-ouvrier au zèle des plus polissons.

    Réponse de la Belle Hélène par Laureline Lechat :

    Tu croyais la pluie faite d’eau,
    Mais c’est mon corps qui se répand.
    Je suis tombée, nue, de là-haut,
    Un quatorze aux parfums brûlants.

    La Suisse gelait sous février,
    Mais moi, j’étais feu sous l’ondée
    Chaque goutte était un baiser
    Que mes seins tenaient éveillé.

    Tu disais : “Hélène, es-tu vraie ?”
    J’ai souri, trempée de désir,
    Car ce jour-là, dans tes forêts,
    C’est mon amour que tu sentis frémir.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Adama & Éva

    Au commencement pas de sexe ou plutôt… rien que des femelles !
    Et Dieu vit que cela était bon sans trop se poser de questions.
    Mais Adama restait perplexe… il lui fallait une jumelle
    Qui ne soit pas casse bonbon et présenta sa suggestion.

    Alors Dieu lui prit une côte et usina Éva, son double
    Afin de tenir compagnie à la moitié qui lui ressemble.
    Au début, elle avait la cote mais bien vite elle sema le trouble.
    Apparemment, quelle avanie de mettre deux femmes ensemble !

    Avec des anges conciliateurs, Dieu tenta de consolider
    Ce que s’faisaient ces deux pimbêches au-delà de l’entendement.
    Mais plus les pacificateurs leur proposaient de valider
    Un accord, plus les deux revêches exigeaient le commandement.

    Dieu se dit que la femme est bonne à condition qu’il n’y en ait qu’une
    Et comprit qu’il fallait du sexe apte à la communication.
    Il créa Marcel et bobonne, pas très malins – dont des lacunes –,
    Mais qui résoudraient leurs complexes au moyen de la fornication.

    Tableaux de Rachel Gregor sur https:www.createmagazine.coblograchel-gregor-cruel-babes-exhibition-hashimoto-nyc .

  • Nature au sommet

    Nature au sommet

    Au pied du mur, on voit l’maçon et au sommet, la femme mûre,
    Tatouée comme une valise qui aurait beaucoup voyagé.
    Des conduits en colimaçon dans lesquels on se claquemure
    Aux pentes abruptes où elle balise jusqu’à la cime dégagée.

    Nue au sommet, c’est l’apogée ; elle ôte bottes et bonnet
    Et elle s’offre les fesses à l’air un défi aux dieux de l’Olympe.
    Et, toute pudeur dérobée, au plaisir, elle peut s’adonner
    Et ce n’est pas pour lui déplaire tandis que sa noblesse grimpe !

    Tableau d’Alberto Mielgo sur http:www.albertomielgo.comoilpainting .

  • Pas vue mais prise

    Pas vue mais prise

    L’amour aveugle, sans mes lunettes, trompe ma vue mais pas les sens ;
    Sans la vision, je m’interroge et je suppute la vénusté.
    Je divinise ma minette, j’idéalise l’effervescence
    Des valeurs auxquelles je déroge pour un fantasme à déguster.

    Tout devient net, c’est la surprise. Ouf, cela aurait pu être pire !
    Finalement le résultat vaut mieux que la chose entrevue.
    La vision masque la méprise et la peur veut que je transpire
    Jusqu’au moment où exulta un ravissement imprévu.

    Je vis Cendrillon à l’envers en métamorphose inversée ;
    La lanterne redevient poisson et les soleils des nénuphars.
    La teinture de persan vert n’est qu’un rideau controversé
    Qui cache le corps de passion de ma Vénus, nue et sans fard.

    Tableau d’Anna Berezovskaya sur https:tanjand.livejournal.com3281686.html .

  • La ruche

    La ruche

    Dans la ruche, la barbare est là pour se consacrer à sa Reine
    Et pour organiser la chasse aux mâles inséminateurs.
    Dans les coursives quelques prélats chantent leurs litanies sereines
    Afin que les soldats pourchassent et rabattent les fornicateurs.

    Les femmes officiers rassemblent la multitude de guerrières
    Casquées et nues comme il se doit pour mieux attirer le gibier.
    Pendant ce temps, toutes ensemble, s’activent en rang les ouvrières ;
    On s’interpelle, on se rudoie à travers les moucharabiehs.

    Le soir, la ruche est à la fête ; la Reine gavée se régale
    Après avoir choisi son roi et avoir consommé sa chair.
    Les amazones satisfaites, ce soir, modèrent leur fringale
    Après avoir touché l’octroi qui leur procure bonne chère.

    Illustration de Milo Manara.

  • Ruby et ses douze Lino contre Gustave

    Comme il était trop difficile de nommer chaque chat trouvé,
    Ruby les appelait tous « Lino » ; c’était aussi simple que cela.
    Mais il s’avérait plus facile – l’histoire va nous le prouver –
    De nourrir ces grippeminauds de saucisses et de cervelas.

    Car le boucher tenait boutique juste au-dessous, au rez-de-chaussée
    Et grâce à un trou du plancher, les Lino partaient faire leurs courses.
    Mais la très mauvaise acoustique et les miaulements exhaussés
    Finirent par lui déclencher l’objet du délit à sa source.

    Le boucher referma le trou, les Lino passèrent à côté ;
    Le boucher cloua des tasseaux, les chats passèrent par la cave ;
    Le boucher plaça des écrous et des boulons sans cesse ôtés
    Ce qui fit, contre ces assauts, réfléchir le pauvre Gustave.

    Évidemment c’était Ruby qui sabotait les tentatives
    Du boucher – son souffre-douleur – à cause de vues opposées.
    Comme Ruby avait subi des peines représentatives,
    L’ en faisait voir de toutes les couleurs par ses matous interposés.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • L’arbre à filles

    Dans mon jardin imaginaire, des plantes les plus magnifiques,
    Apparaît dans sa perfection mon arbre à filles intemporel.
    Chaque branche extraordinaire porte des fleurs soporifiques
    Qui m’enivrent alors d’affection dans des rêves extra-corporels.

    D’ailleurs en guise de cabane trop complexe à entretenir
    Cet arbre trône comme un hôtel pour passer mille-et-unes nuits.
    Sur une souche de platane, j’ai greffé sans m’en abstenir
    Trois boutures comme un autel dédié au prodige qui suit :

    Une bouture pour Vénus, une deuxième pour Aphrodite
    – Autant mêler plusieurs racines, grecques et latines de préférence.
    Une troisième pour un bonus de floraisons proprement dites
    Qui, de nuit en nuit, me fascinent de leurs tendres protubérances.

    Tableaux de Ryan art.

  • Rêve de Lune – 2

    Rêve de Lune - 2

    Comme Raiponce dont les cheveux descendent comme messagers
    En quête de prince charmant prêt à escalader la tour,
    Je tisse tout ce que je veux, cas récurrents ou passagers
    Qui sont source d’égarement ou de temps perdu sans retour.

    Je suis câblé à un réseau où je transmets chaque demande ;
    Aussi bien de petits détails que des décrochages de Lune !
    Moi, aussi faible qu’un roseau, j’ai le grand pouvoir qui commande
    À me faire ouvrir le portail vers la grand-roue de la fortune !

    Le chat le sait bien, lui qui guette, le coup de fil annonciateur
    Qui parvient par le téléphone relié directement au Centre.
    Du résultat de ma requête, il en est l’appréciateur ;
    Il le digère et le ronronne en se lovant contre mon ventre.

    Et si parfois la ligne coupe, que le silence vient s’installer,
    Le chat se fronce les moustaches et relance un rêve en attente.
    La Lune qui a le vent en poupe se met alors à pédaler
    Et, avec la réponse, attache une petite étoile miroitante.

    Tableau d’Ireneusz Wielgosz.

  • Rêve de Lune – 1

    Rêve de Lune - 1

    Quand le grand chat noir de la nuit vient se lover autour de moi,
    Je me blottis en demi-lune contre son gros pelage rond ;
    Je lui confie tous mes ennuis accumulés au fil des mois
    Dans la somnolence opportune qui sort du creux de son giron.

    Alors une irruption de rêves sort comme une éruption solaire ;
    Les cauchemars fondent pareils comme attirés dans un trou noir.
    Les étoiles scintillent sans trêve pour évacuer la colère
    Qui s’échappe de mes oreilles et disparaît dans l’entonnoir.

    Et je me retrouve tout nu dans le bain de mes émotions
    Qui filtrent et lavent ma conscience de ces petits démons sucrés
    Qui, sitôt qu’ils sont reconnus prennent le mode de locomotion
    Le plus prompt sous la surveillance du chat qui court les massacrer.

    Puis le silence me recouvre d’un drap couleur de crépuscule
    Et la Lune m’offre l’assurance d’un matin sans griffes ni poids.
    Je m’endors dans la nuit qui m’ouvre l’huis à mon âme minuscule
    Mais débarrassée à outrance de ce qui était en surpoids.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Échec à la Reine

    À l’ouverture de la chasse, les pions viennent tâter le terrain
    Sur les plates-bandes royales sous les fenêtres de la Reine.
    Taïaut ! Les cavaliers pourchassent un lapin dont le souterrain
    N’était qu’une ruse déloyale pour leur faire lâcher les rênes.

    Voici le fou, un séducteur, qui se présente au pont-levis
    Afin de demander audience, d’après ce qu’il dit, à l’évêque.
    Ce n’est qu’un prétexte adducteur, entretiens et menus devis
    Qui ne vise qu’à casser l’ambiance et mettre la châtelaine en échec.

    Mais la Reine n’est pas tombée de la dernière pluie d’automne !
    Dès le début, elle manipule le jeu à l’insu du roi noir
    Qui, croyant qu’elle a succombé à ses attaques monotones,
    Subit la loi qui lui stipule qu’il est chassé de son manoir.

    Tableaux de Michael Cheval.

  • Sainte Javelin, priez pour nos cibles !

    Dieu avec nous les alliés et le diable pour nos ennemis !
    La guerre sainte est déclarée grimée en guerre économique.
    La Terre, lieu inhospitalier, demande luttes et pandémies
    Et pour cela, il faut préparer des munitions astronomiques.

    Au producteur, le marketing ; au consommateur, le produit ;
    Et surtout à l’intermédiaire les bénéfices sous la table.
    On organise des Meetings et même des salons aujourd’hui
    Avec des bombes incendiaires du dernier cri incontestable.

    On ne priera plus pour la paix, mais pour l’efficacité létale ;
    L’ennemi n’a plus de visage mais une coordonnée GPS.
    Les pots-de-terre ne sont guère épais devant les gros pots de métal
    Et l’on entend le balisage continuel des SOS.

    Les martyrs sont sur Instagram et sur tous les réseaux sociaux
    Et si tu n’es pas avec moi, c’est donc que tu es contre moi !
    Les experts font des histogrammes sur les dégâts psychosociaux
    Et les exilés, chaque mois, quêtent de l’aide avec émoi.

    Illustration SVG de « Saint Javelin », un personnage de la propagande ukrainienne pendant la guerre Russie-Ukraine de 2022.

  • Je parle, je mens, qui suis-je ?

    Je parle, je mens, qui suis-je ?

    En campagne, je fais des promesses qui ne seront jamais tenues ;
    « Ni vu ni connu, je t’embrouille ! » telle est ma fidèle devise.
    À l’Assemblée, c’est la kermesse, on vit grâce à nos revenus
    Qui affluent car on se débrouille et s’il le faut, on improvise !

    Je n’y assiste que rarement sinon mes potes pointent pour moi ;
    J’y dors souvent comme un bébé après le repas de midi.
    Et c’est plus fort que moi, je mens toutefois toujours de bonne foi
    Car je suis capable de gober toutes les conneries que je dis. !

    Je cumule autant de mandats que la loi m’autorise ou pas
    Et je me prépare une retraite aux frais, bien sûr, de la princesse.
    Si l’éthique me recommanda de ne jamais faire de faux pas,
    Ma véritable botte secrète, c’est mon compte en banque suissesse !

    Illustration de Plakativ.

  • Le sexe féminin

    Le sexe féminin

    Ce sexe en conque de bulot ou bien en corne d’abondance
    Est à la femme mystérieuse un secret venu de la mer.
    Il demande un peu de culot pour lui faire ses confidences
    Et entrer dans la luxurieuse caverne aux plaisir doux-amer.

    En forme de queue de sirène qui gobe d’un coup de morsure
    Le marin, aussitôt happé aux profondeurs de l’océan,
    Qui connaîtra sa fin sereine dans une petite mort sûre
    Mais au milieu de priapées avec orgasmes bienséants.

    Dans chaque femme une sirène surveille au fond de ses quartiers
    Le membre imprudent du malin pénétrant la chambre à coucher.
    J’en connais une, nommée Irène, qui dès que vous lui écartiez
    Les jambes en quête d’un câlin, vous avalait d’une bouchée.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Irène et le bouton rose

    Irène et le bouton rose

    Depuis les montagnes de Bavière avec leurs Lorelei alpestres,
    J’avais coutume de croiser génies des eaux, vouivre et sirènes
    Qui séjournent au fil des rivières, parfois dans des grottes rupestres,
    Et passent leur temps à toiser tout un chacun qui se promène.

    Sans doute par le bouton de rose qu’elle arbore dans ses cheveux,
    J’aperçois souvent ma sirène qui chantonne pour tromper sa faim.
    Et je lui récite ma prose pour qu’elle fasse ce que je veux,
    Car j’attends de la belle Irène sa dernière strophe pour la fin.

    En réalité c’est le Sphynx mais je l’ai prénommé Irène
    Et modifié son énigme par un poème de mon choix.
    Si elle voit, par son œil de lynx, une quatrième strophe sereine
    Elle accomplit son paradigme sauf qu’elle se plante à chaque fois.

    Je la vois scruter l’horizon, l’œil acéré sur l’examen ;
    Elle tord l’intrigue serrée au creux de ses griffes subtiles.
    Mais – serait-ce par dérision ? – elle se perd sur le chemin
    Et répond la langue acérée d’une conclusion bien futile.

    Tableau de Veris.