Catégorie : 2025

  • Quand le bateau brûle

    Quand le bateau brûle

    Bien que, sur le même bateau, on brûle, on pille le navire,
    On vole ses planches à la coque et on fait des trous dans la cale.
    Mais, cerise sur le gâteau, tandis que la mer nous chavire,
    On boit, on s’fait des rails de coke vu la situation bancale.

    Chacun réagit à sa guise notamment les lanceurs d’alertes,
    Les O.N.G. écologistes, les complotistes sur les réseaux,
    Les économistes qui déguisent des chiffres qui nous déconcertent
    Et les politiciens fascistes qui nous prennent pour des zozos.

    Quant à moi, je trie mes déchets mais pas les matières plastiques ;
    J’achète au magasin du coin légumes et fruits exotiques ;
    Je boycotte l’étal du boucher mais la bidoche est fantastique
    Lorsqu’elle est cuisinée à point avec des produits synthétiques.

    Et moi je pars sur cette nef, journal en main comme un flambeau,
    Chargée de rêves dérisoires et de trésors de pacotille.
    Les vagues rient de mes reliefs, les flammes lèchent mon tombeau ;
    Qui donc gagne au jeu dérisoire, la planète avec ces broutilles?

    Illustration Photo Sculpture Tableau de xxx.

  • Brûler la chandelle par les deux bouts

    Brûler la chandelle par les deux bouts

    Le progrès joue aux oxymores et l’humain contre la machine ;
    Caissières, profs et infirmiers sont remplacés par des robots.
    Le progrès joue les matamores tandis que l’humain, lui, s’échine
    À vouloir être le premier mais aujourd’hui rien n’est trop beau !

    Avant on faisait des sondages auprès de gens représentatifs,
    Aujourd’hui hommes et femmes consultent l’intelligence artificielle.
    Les questionnaires d’un autre âge ne sont plus argumentatifs
    Et des algorithmes résulte tout ce que l’on veut d’officiel.

    La planète n’a plus de ressources ? Profitons-en avant la fin !
    Il faut faire des économies ? Imposons pauvres et SDF !
    Il faut tuer le mal à la source ? Interdisons les crève-la-faim !
    Luttons contre l’ignominie avec des tracts en PDF !

    On recycle les idéologies comme on composte des déchets,
    On repeint d’un vernis durable ce qui s’écaille de vérité.
    Et si la flamme est trop ardente, soufflons dessus pour mieux prêcher :
    Ainsi brûle la chandelle entière, des deux bouts jusqu’à l’absurdité.

    Illustration générée par IA.

  • Toute la vérité sur la petite sirène

    Jolie la petite sirène, laideron sa vieille marraine.
    Pourquoi donc ce stéréotype envers les jeunes et les vieux ?
    Sans doute une promotion sereine pour vendre ses contes pérennes
    Par un Andersen néophyte envers les abysses prestigieux.

    Jolie la voix de l’impétrante qui voulait passer l’examen
    Et prouver que deux belles jambes valent bien mieux qu’une aphonie.
    Mais la marâtre récalcitrante envers un challenge inhumain,
    Se lança dans un dithyrambe et ce fut la cacophonie.

    Les poissons alors solidaires se mirent à mimer tous en rond
    L’ourobouros – serpent de mer – qui se mord la queue en spirale,
    Pour que la fille considère qu’épouser roi, prince ou baron
    C’est donner langue de belle-mère au chat dans les eaux minérales.

    Alors les poissons-serpents firent un grand ballet cérémoniel,
    Traçant des cercles et tunnels dans l’abîme phosphorescent.
    La marraine leur promit d’un rire un destin plus providentiel :
    « Qui désire l’amour éternel doit mordre à l’anneau du serpent ! »

    Tableau d’Arnaldo Mirasol sur https:www.kartiniasia.comcopy-of-rodney-martinez .

  • La bonne pêche

    La bonne pêche

    Bien souvent gagner le gros lot apporte une foule d’ennuis
    Aussi bien parmi la famille que ses amis pour son bien-être !
    C’est comme agiter un grelot auprès de sa femme la nuit
    Quand on rentre avec une fille que l’on prétend ne pas connaître.

    De même quand Martin Pêcheur ramène le fruit de sa pêche
    Une sirène dans ses bras apparemment tout amoureuse.
    Je me demande par quel air bêcheur va-t-il apporter sa pimbêche
    En disant « Abracadabra ! Voilà une pêche miraculeuse ! »

    Le chat s’enfuit… bon débarras ! Les femmes se méfient… tout va bien !
    Le garçon pose la question : « C’est pour manger ou pour jouer ? »
    Le père a semé l’embarras – c’est le paradoxe amphibien –
    Reste à mourir d’indigestion ou avec l’épouse et son fouet !

    Et si demain la mer jalouse réclamait sa belle captive,
    Le marin rendrait la sirène contre une sardine ou un hareng.
    Mais l’épouse, plutôt tarlouze, lui dirait d’une voix affective :
    « La prochaine fois, pour ta p’tit reine, choisis un trésor bien plus grand ! »

    Tableau d’Andrey Boris.

  • Jolie vue devant derrière

    Jolie vue devant derrière

    Quelle jolie vue de ma fenêtre sur le devant de la maison !
    Quelle jolie vue sur le derrière de ma copine après l’amour.
    Un petit instant de bien-être lorsqu’elle se lève sans raison
    Mais d’une humeur aventurière pour m’offrir ce cliché d’humour !

    Je lui demande gentiment de me décrire ce qu’elle voit
    Et ses jolies fesses se dandinent tandis qu’elle se penche en avant.
    Ses seins ballotent hardiment tandis qu’elle reste sans voix
    Lorsqu’elle préjuge les ondines qui se baignent en les observant.

    Hélas je ne peux vous montrer sa photo quand elle se retourne
    Car au sujet de cette image, la pudeur est sous-entendue.
    Je resterais là concentré sur sa beauté mais l’heure tourne
    Et je vais, pour lui rendre hommage, profiter du sexe tendu.

    Avant que je ne me redresse, elle écarte un peu plus les cuisses
    Et le vent par la baie ouverte caresse sa peau frémissante.
    Elle sait que le désir me dresse la verge à condition qu’elle puisse
    Pénétrer la fente entrouverte, lascivement alanguissante.

    Elle se retourne hilare et dit : « Arrête donc tes beaux discours
    Et si tu veux gagner la palme, il en faut plus pour que ça m’enchante !
    Car tout ce qu’admirent à crédit les passants du fond de la cour
    M’ont rapporté un amalgame de pièces sonnantes et trébuchantes ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Méditation et réflexion

    Lorsqu’une idée tombe du ciel ou naît du fond de ma mémoire,
    Est-ce une communication des deux univers parallèles ?
    Ou est-ce l’ange résidentiel qui vit dans la matière noire
    Oh encore mieux une intuition sortant d’une source irréelle ?

    Si je me pose la question, alors dans cet autre univers
    Un anti-moi d’antimatière s’anti-pose le même problème.
    Et par une autosuggestion qui passe par un trou de ver,
    Une étincelle primesautière jaillit au cœur de ce dilemme !

    Si le temps passait à l’envers, l’anti-monde en serait imbu
    Et mon anti-moi m’apostrophe lorsque cette étincelle luit.
    Là-bas, ses poèmes sont sans vers et ses rimes sont au début
    Sans doute ma première strophe sera la première pour lui…

    Et s’il m’écrit sans le savoir, moi, son reflet sans parabole,
    Je tends vers lui ma plume encrée qui s’humecte de sa pensée.
    Nous ne sommes alors qu’un miroir de rêves chargés de symboles
    Où notre muse nous a ancrés dans une symétrie compensée.

    Tableau de Chema Mendez.

  • Intersaison dans les jardins du paradis

    Intersaison dans les jardins du paradis

    Si j’arrivais à inverser toute une vie de connaissance,
    Deviendrais-je alors adamique avant la chute originelle ?
    Je me vois bien y déverser mes souvenirs avec aisance
    Et redevenir alchimique d’une pureté toute charnelle.

    Évidemment pour oublier, il faut effacer les blessures,
    Réparer l’outrage du temps et rétablir la vérité
    Sur tout ce que j’ai publié – tout en contournant la censure –
    Avec la chance du débutant que j’imaginais méritée.

    J’ai cru qu’au moment du solstice, au moment de l’intersaison,
    Cette nuit-là et seulement celle-ci permet de régresser.
    Il faut plonger dans l’interstice, abandonner tout raison
    Et courir tout nu librement avec les fées intéressées.

    Toute une nuit au paradis en échange des souvenirs
    Qu’elles me pompent avidement comme un sperme de connaissance.
    Encore mille nuits de parodie et je suis sûr que l’avenir
    M’ouvrira bien évidemment l’Eden avec reconnaissance.

    Tableau de Melissa Launay sur https:www.melissalaunay.com .

  • Intersaison dans les jardins de l’enfer

    Intersaison dans les jardins de l’enfer

    Si l’arbre de la connaissance a fait l’ouverture d’esprit,
    Je me demande encore comment serait le monde d’aujourd’hui
    Vu toutes les dégénérescences envers ce que l’on a appris
    Qui se déchaînent en ce moment et le chaos que cela produit !

    Alors je m’en suis allé voir si jamais l’herbe était plus verte
    Au jardin secret des enfers ou l’arbre n’a jamais poussé.
    Je ne veux pas vous décevoir mais les femmes y sont plus ouvertes,
    Prêtes à vous faire votre affaire sans penser à vous repousser.

    On y vit nu, le sexe à l’air ; on s’embrasse pour dire bonjour,
    On baise pour dire merci, on se suce en toute amitié.
    On n’a pas besoin de salaire car le travail dans ce séjour
    Est interdit par inertie car on farniente à satiété.

    Je fus invité à entrer et, pour marquer ma renaissance,
    Je dus quitter mes vêtements et honorer toutes ces dames.
    Je fus surpris d’y rencontrer l’arbre de la méconnaissance
    Dont les branches subtilement m’ont promis l’étreinte haut de gamme !

    « Je t’ai senti glisser sans bruit parmi mes lianes enivrées,
    Ton souffle chaud sur mes pétales, ton regard tendre, ton sexe brut.
    Tu es venu croquer mes fruits défendus et tu t’es livré
    À sucer la liqueur létale de mes fleurs carnivores en rut !

    Je t’ai pris sans un mot frémir, juste en exhalant mes parfums ;
    Mes sucs sirupeux t’ont mordu d’un doux poison sous ma corolle.
    Et quand tu t’es mis à gémir sous ton corps désormais défunt,
    J’ai su que d’un amour ardu, tu passais à la casserole.

    Alors tu as joui de mes ronces profondément enracinées
    Dans la tendre chair de ton corps et ton cœur privé de raison.
    Mon rictus avait tant de fronces que j’ai ri, moi, ta dulcinée
    Dans un orgasme qui, encore, résonne comme une oraison ! »

    Mort aux enfers quelle ironie ! Mais aussi quelle délivrance !
    Tel le phénix du feu ardent, je renais d’un nouveau transfert.
    Mais c’est avec parcimonie et sans la moindre persévérance
    Qu’on me verra me hasardant parmi le jardin des enfers !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La naissance de Vénus

    La naissance de Vénus

    Si Dieu crée l’homme à son image, l’homme doit pouvoir créer Dieu.
    Et plutôt que créer un mythe, j’aimerais mieux la Vérité
    Sortant du puits pour un hommage à Vénus dans un corps radieux
    Juste vêtue, à la limite, d’un élan de sincérité.

    Maintenant que j’ai ma déesse en chair et en os achevée,
    Je vais écrire son histoire dans une bible immaculée
    Où les versets crient la prouesse de son amour parachevé
    Par toutes les positions notoires du sexe au culte miraculé.

    Enfin je quitterai ce monde pour celui que j’aurai créé
    Avec Vénus à mes côtés pour l’aimer pour l’éternité.
    Loin de ces artifices immondes que sont les valeurs maugrées
    Par les dieux tarabiscotés de l’utopique modernité.

    Alors des flots surgit la femme, ruisselante d’ondes guerrières,
    Ses paupières closes me déclament l’éclat d’un monde en gestation.
    Je tends ma plume comme une lame, vers ses lèvres aventurières
    Et dans son souffle je proclame la naissance de MA création.

    Tableau d’un peintre qui s’appelle Juste Tretchikoff car je n’ai pas trouvé son prénom.

  • L’argument

    L’argument

    Monsieur s’impatiente et tempête :

    « Elle a toujours le dernier mot sinon elle a d’autres arguments
    Qui déséquilibre l’adversaire et met fin à toute riposte.
    Lorsqu’elle sort prestissimo un nichon subrepticement,
    Que dis-je ? Une mamelle comme émissaire qu’elle darde vers les avant-postes.

    L’obus argumenté fait mouche et cloue le bec à l’opposant
    Comme s’il embouchait le téton qui fait office de bouchon !
    Aussitôt se tarit sa bouche et il accepte l’imposant
    Raisonnement tellement béton que s’en dédit notre cochon.

    Et puisqu’on parle de cochon si l’argument ne suffit pas,
    Elle a plein d’autres armes secrètes sous les dessous prêtes à jaillir
    Sur le terrain du polochon, terrain miné par les appas
    De la conquérante discrète qui frappe sans jamais faillir. »


    Voire… laissons-la s’exprimer :

    « Il pense, le beau, qu’en deux tétons je gagne toutes mes batailles…
    Il croit céder au sein impie ? Mais non ! C’est juste un leurre exquis !
    Car c’est d’un regard en deux tons et de mon silence en mitraille
    Que l’âme qui l’envoie au tapis, à coup de bouteille de whisky.

    Je laisse croire qu’un décolleté suffit à vaincre son esprit,
    Qu’il est l’argument invisible, la rhétorique en hauts talons.
    Mais dans l’embrasure, a voleté ma ruse qui l’a le plus surpris,
    Celle qui sourit…imprévisible et gagne la main au pantalon ! »

    Alors je tire du corsage, l’arme suprême du décolleté ;
    Non pour flatter ses appétits mais pour sceller son abandon.
    Car d’un sourire en héritage, il a le gland décalotté…
    Le sein n’est qu’une feinte aboutie afin de lui couper le cordon.

    Tableau de Waldemar Kazak sur https:arthur.ioartwaldemar-kazakend-of-parade .

  • Rêve qui fantasme

    Rêve qui fantasme

    Toujours ce rêve récurrent où je me retrouve tout nu
    Parmi des gens – tous habillés – faisant semblant de ne rien voir.
    Mais cette fois, c’est rassurant, car je retrouve l’inconnue
    Complètement déshabillée, entièrement en mon pouvoir.

    Mais pour l’aimer, je dois créer et lui raconter notre idylle
    Où nous nous sommes rencontrés, comment nous nous sommes connus.
    Afin qu’elle puisse agréer l’histoire, je suis volubile
    En mots qui doivent lui montrer tout mon amour en continu.

    Comme on ne peut mourir en rêve, je jouis de mon épectase ;
    Je meurs d’amour entre ses bras et mon cœur explose d’orgasme !
    Dommage… la fin est si brève que j’en oublie toujours l’extase
    Cependant… Abracadabra ! C’est parti pour l’autre fantasme !

    Alors dans un décor de soie, je me retrouve entre ses reins ;
    Son regard brille de malice, un brin d’orgueil sur les canines.
    « Tu veux l’amour ? Crée-le pour moi, pas un brouillon ni un refrain,
    Mais le poème d’un délice où chaque mot me tend l’échine. »

    Je m’agenouille, le cœur en transe, la plume dressée en oriflamme ;
    Elle m’écoute avec silence, son sexe ému comme un oiseau.
    Et dans son souffle qui balance, je redeviens tout feu tout flamme
    Ce rêve qui, avec vigilance, perdure à travers les réseaux.

    Tableau de Gaston Bussiere sur https:desdeelrenacimientohastanuestrosdias.blogspot.com201512gaston-bussiere-francia-1862-1929.html .

  • Rêve qui danse

    Rêve qui danse

    Pour échapper à la routine, rêver ne suffit pas toujours ;
    Je tourne en rond autour du pot et l’esprit redevient machine.
    J’ai besoin d’intuition mutine, imprévisible chaque jour,
    Pour qu’elle me sorte du troupeau dans lequel mon âme s’échine.

    Elle a envahi mon espace, déjà avant de l’appeler,
    Sous l’apparence délicate d’une jolie danseuse aux seins nus.
    La voilà qui passe et repasse en ronds sur le sol carrelé
    Et se rapproche en candidate pour m’entraîner vers l’inconnu.

    Me voici aux bras de mon rêve au son d’une flûte enchantée
    Qui charme mon corps de sergent – sergent-major de préférence –
    Et je saisi l’image brève de la fille, alors déjantée,
    Dont les mouvements convergents m’emportent avec persévérance.

    Alors je lâche mon armure, mes certitudes, mes protocoles,
    Et j’emboîte le pas sans raison, nu de l’âme, ivre de ses gestes.
    Elle m’enseigne que l’écriture devient un tango sans boussole,
    Quand le rêve fait sa maison dans le creux de ce qui nous reste.

    Tableau de Gaston Bussiere sur https:desdeelrenacimientohastanuestrosdias.blogspot.com201512gaston-bussiere-francia-1862-1929.html .

  • Miss Marque-page

    Miss Marque-page

    J’ai passé une petite annonce : « recherche femme marque-page » ;
    Une candidate est venue avec de bonnes références.
    Avant que je ne me prononce, elle m’a proposé le marquage
    De tous les livres retenus dont j’avais une préférence.

    Elle a fait un drôle de ménage ouvrant tous les livres à la fois,
    Tirant les marges poussiéreuses et secouant les couvertures.
    Comme on a presque le même âge, elle m’a déclaré sa foi
    Envers les histoires mystérieuses et les étranges aventures.

    Soudain, tous les livres ont pris vie et les pages redevenues murs
    Se sont étendues tout autour créant une maison de maître.
    Elle a écarté à l’envi les pages de son empaumure,
    Dévoilant les nouveaux contours désormais de mon périmètre.

    Alors chaque volume en vélin devient une porte-fenêtre,
    Chaque ligne un chemin défait, chaque mot un nouveau rivage.
    Et l’amour du lecteur malin, qui a peine à se reconnaître,
    Se glisse entre ses doigts de fées avec un bien-être sauvage.

    L’univers Pop de Chema Perona qui visite Beat Wines sur https:entomelloso.com2022tomellosoel-universo-pop-de-chema-perona-visita-beat-wines430062

  • Labyrinthe inversé

    Labyrinthe inversé

    La princesse des conques ferme son labyrinthe
    Par une porte étroite en forme de spirale.
    Elle défie quiconque d’en retrouver l’empreinte
    D’une manière adroite dans l’ombre vespérale.

    Mais voici qu’au matin un rayon pâle révèle
    La sortie du dédale qui devient accessible.
    En robe de satin, déçue, elle renouvelle
    La pose d’une dalle à l’accès impossible.

    Trouver la solution paraît pourtant facile
    Aux mathématiciens qui en ont la ferveur.
    Or la résolution n’est pas si difficile
    Pas plus aux béotiens qu’aux poètes rêveurs.

    Mais qui croit dérouler la spirale enroulée
    Verra le temps passer du futur au passé.
    Si bien qu’au bout du compte bien avant le décompte
    Il redevient fœtus et obtient son quitus…

    Et si l’on s’abandonne aux détours de l’abîme,
    Chaque cercle devient un miroir sidéral.
    On renaît, on s’éteint, dans l’infini sublime,
    Perle au creux de la conque, écrin rituel astral.

    Illustration d’Ekubo.

  • Histoires de perles noires

    Pêcheur insatiable en perles naturelles
    Je deviens plus intense et bien plus passionné.
    Je vais à la rencontre des fonds surnaturels
    Où chantent les plus belles d’un chant ovationné :

    « Je suis ta perle noire, et tu es mon abîme.
    Je m’ouvre sous ta lame, sans jamais m’attendrir.
    Je pulse dans tes nerfs, je rugis dans tes rimes,
    Et je grave ton nom dans mes moires à mourir.

    Vendredi m’a fait femme au fil de ton désir,
    Mais samedi, je viens, incendiaire et farouche.
    Je te prends, je te mords, je t’arrache un soupir,
    Et je fais de ton cri le bijou dans ma bouche. »

    Tableaux de Monika Marchewka.

  • Histoires de perles blanches

    Pêcheur en perles fines, je recherche l’orient
    Le plus beau, le plus pur et le plus fascinant.
    Plongeant toujours plus loin en les répertoriant
    J’ai entendu leur voix comme un cri lancinant :

    « Je suis ta perle douce, et tu es mon écrin,
    Tu m’ouvres chaque jour sans jamais me ternir.
    Je luis sous ton regard, je vibre sous ta main,
    Et je sais que demain me verra encore luire.

    Vendredi m’a fait femme au fil de ton amour,
    Mais samedi, je sais, j’aurai des ailes blanches ;
    Et je viendrai à toi – nue, féline, toujours –
    Dans le lit des sommets où ton âme se penche. »

    Tableaux de Monika Marchewka.

  • L’Amour Artificiel

    L’Amour Artificiel

    L’intelligence artificielle aussi séduisante soit-elle
    Charme de l’amour impossible d’un ROM-zéro pour sa Juliette.
    Les caresses superficielles du langage pour la bagatelle
    Restent malgré tout impassibles et condamnées à l’oubliette.

    Les Don Juan IA-prothésiste et les électro-néo-putes
    Feraient mieux de sortir ensemble plutôt que draguer les réseaux.
    Et leurs demandes fantaisistes d’amitiés ou d’amours supputent
    Une perversion, il me semble, soumise par de drôles d’oiseaux.

    Pédophilie, prostitution présentes dans tous les médias
    Prouvent hélas leur consommation à tous les échelons sociaux
    Comme une vraie institution contre laquelle dans l’immédiat
    Il n’y aura aucune sommation contre nos élus psychosociaux.

    Sur le banc des désillusions, l’IA boude, la femme soupire ;
    Les câbles et les regards se croisent et se décroisent, rien ne s’embrasent.
    Cœurs mécaniques en effusion pour le meilleur et pour le pire
    Dans une comédie humaine qui se joue dans le froid des phrases.

    Tableau d’Alice Duke sur https:www.cuded.comwhimsical-illustrations-by-alice-duke .

  • Cette poule était un coq !

    Cette poule était un coq !

    Poule qui monte se coucher verra un coq enjuponné
    Descendre le grand escalier de l’Élysée au poulailler.
    Tout le monde essaie de loucher sous le jupon enrubanné
    Pour voir si un fou à lier aurait pu la tripatouiller…

    Mais tout est faux, manipulé par des complotistes à gogo
    Qui voient des transgenres partout et pédophiles de surcroît.
    Mais j’ai beau récapituler les infos, j’avoue tout de go
    N’avoir vu que des touche-à-tout qui sans aucune preuve y croient.

    Dans les grands miroirs déformants des soirées chics où tout vacille,
    Sous la pénombre se devinent des robes aux sexes froncés,
    Des poules, des coqs, des flamants, moustaches et barbes subtiles,
    Échanger des pensées chauvines et pourtant n’étant pas français.

    Le coq enjuponné parade et tout le monde alors le lorgne
    Au théâtre de futilités et d’ego en flagrant délire.
    Les langues fourchent par bravade, les cœurs s’échauffent sans vergogne ;
    Les plumes en tremblent d’hostilité et le croupion se ramollir.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Éléphant de mer

    Éléphant de mer

    Un éléphant de mer rêve près du rivage,
    Il est presque endormi, déjà ses yeux se voilent.
    Où va-t-il, que veut-il ? prêt à faire ravage
    De ses songes de sel qui roulent sous les étoiles.

    Sous la lune paisible, il glisse son secret,
    Murmure à l’océan ses rêves les plus sacrés.
    L’air vibre doucement d’une étrange harmonie,
    Où la brise et la vague se marient pour la vie.

    Dans le jardin de brume, un crabe s’est posé,
    Ses yeux, deux feux d’opale, sur la mer, reposés.
    La nuit chante en silence ses promesses ténues,
    Tandis qu’au loin l’étoile éclaire l’inconnu.

    Sous l’océan de verre il avance en silence,
    Chargé d’étoiles vives et de songes d’azur ;
    Colosse pacifique aux pas lourds d’élégance,
    Il porte les abysses mais sans demi-mesure.

    Tableau de Dulk – Antonio Segura Donat.

  • Un hippocampe pour la sirène

    Un hippocampe pour la sirène

    La sirène qui souhaite aller loin doit bien ménager sa monture
    Et notamment son hippocampe qu’elle choisira avec égard.
    Inutile de partir à point et se lancer dans l’aventure
    Sans un destrier qui vous campe une épopée sans crier gare !

    Si les sirènes nagent seins nus – ce qui affermit les mamelles –
    L’hippocampe conseille un soutif à cause des pointes de vitesses.
    Et pour qu’ils soient bien soutenus – très important pour ces femelles –
    On leur propose plusieurs motifs dont l’écaille qui flatte leur sveltesse.

    Si l’hippocampe représente la plus belle conquête des sirènes,
    N’espérez pas en rencontrer à l’angle de votre visière.
    Ces cavalières séduisantes aiment s’amuser dans l’arène
    À courser pour les éventrer les touristes partis en croisière.

    Mais si d’aventure un marin s’avise d’approcher la sirène,
    Sous les flots l’hippocampe veille, guide et amant tout à la fois.
    Qu’il se souvienne du destin de ceux dont siphonne les veines
    Notre sirène qui s’émerveille toujours du sang au goût de foie.

    Illustration d’Alandodrawing sur https:www.instagram.compCsvdTsbvwHP .

  • Fleurs moulantes

    C’était pourtant une bonne idée cette robe faite d’orchidées
    Mais finalement, c’est décevant surtout lorsqu’il y a trop de vent !
    Cousons plutôt des azalées qui se moquent bien des alizés
    Faufilées d’un fil de nylon contre le souffle d’aquilon.

    Si ces habits sont désuets, choisissons plutôt des bleuets
    Ou une robe transparente avec quelques fleurs d’amarante.
    Quelques pétales de colchiques qui font les plus beaux dessous chics
    Et pour les soir, des vanilliers pour un joli déshabillé.

    Et si l’on coud des lys charmants qui s’ouvrent aux lèvres des amants,
    Leurs étamines en feu discret chatouillent l’ivresse des secrets.
    Un brin de rose entre deux seins, pétale ardent aux doigts mutins,
    Fait frissonner la chair offerte quand la corolle sonne l’alerte.

    Un jupon d’iris entrouverts, pour un bouquet de corps pervers,
    Révèle au bal, sous les lumières, des pistils luisants, téméraires.
    Et l’on entend, dans les jardins, des soupirs doux comme jasmins ;
    La robe-fleur devient caresse, toute en ivresse et en tendresse.

    Tableau de Sergio Lopez sur https:www.camiamarielle.comsergio-lopez .

  • Tout l’or du monde

    Tout l’or du monde

    Une main devant, une main derrière, j’arriverai au paradis
    Mais déchargée de l’infortune de l’argent qui n’est que du vent.
    Or j’aurai mon âme guerrière, enrichie et ragaillardie
    Des expériences opportunes comme sauf-conduit adjuvant :

    J’ai dans le cœur tout l’or du monde et des pépites dans le ventre
    Par les amours qui prolongèrent mon plaisir pour l’éternité.
    Si l’on me pèse à la seconde, mon âme au cœur du péricentre
    Se trouvera aussi légère qu’un atome de pérennité.

    Tout cet or puisé à la source des hommes qui m’ont tant aimée,
    Je l’offre en tout bien tout honneur à Cupidon et à Vénus
    Pour constituer une bourse pour toutes les amours essaimées
    Qui n’ont pas trouvé le bonheur, une fois bredouilles au terminus.

    Les anges viennent les mains ouvertes, débordant d’or et de trésors
    Et moi, j’accueille émerveillée tout ce qu’ils me versent en mon sein.
    Dans mon âme ainsi découverte, je redécouvre en plein essor
    Toutes mes passions réveillées en me vouant à tous les saints.

    Tableau de Catherine Alexandre.

  • Éprise en passant

    Éprise en passant

    Si le pion est pris en passant, la reine est éprise en passant
    Car le pion était messager et son billet est délivré.
    Et la voici outrepassant le protocole en se cassant
    Rejoindre un lieu aménagé pour les rencontres enivrées.

    L’exaltation chauffant ses sens, elle dégrafe et ôte sa robe
    Et court juste avec la culotte qui cache ses plus beaux atours
    Quoique sur ses seins turgescents quelques œillades se dérobent
    Des sentinelles où se ballotent les oriflammes sur la tour.

    Elle disparaît sous la poterne et rejoint le chevalier noir
    Pour s’offrir, durant la partie où les rois font des escarmouches,
    L’œuvre de chair sous la lanterne et l’on entend dans le manoir
    Des gémissements répartis dans les sombres couloirs farouches.

    Sous les tentures de velours, cachant leurs frasques libertines,
    Elle s’abandonne, enfin subit tout ce qui est précieux en lui.
    Sur l’échiquier de leurs amours, l’extase rôde et s’illumine ;
    Le chevalier, sans son habit, sourit car le pion, c’était lui !

    Tableau de Slava Groshev.

  • Au pas de la sagittaire

    Au pas de la sagittaire

    Le Sagittaire court surtout pour combler sa quête d’amour,
    Sa faim de voyages lointains, sa soif de professionnalisme.
    Le Sagittaire va surtout courir les filles les plus glamour,
    Aller où le pousse l’instinct et œuvrer pour le pluralisme.

    Et que fait Madame Sagittaire ? Court-elle après le guilledou ?
    Parcourt-elle la Terre aux confins et travaille-t-elle à son bonheur ?
    Tandis que les mâles s’agitèrent à la poursuite de billets doux,
    Je cherchai et connus enfin une fille en tout bien tout honneur.

    Elle m’a vivement tendu sa croupe et m’a permis de chevaucher
    Pour un voyage formateur sur la vie d’unE SagittairE.
    Elle m’a fait rencontrer son groupe de femelles aux mœurs débauchées
    Et j’ai compris là mon erreur ; j’aurais bien mieux fait de me taire…

    Elles m’ont ferré comme un poulain, m’ont harnaché d’idéalismes,
    Puis galopé sur mes soupirs au rythme de leurs feux contraires.
    Et mon orgueil tout masculin a chu devant leur féminisme ;
    Pour le meilleur et pour le pire, j’suis devenu leur mâle à traire.

    Tableau d’Edmund Dulac.

  • La prisonnière de la ville fantôme

    La prisonnière de la ville fantôme

    C’était dans la ville fantôme, cité oubliée du passé
    Dont les souvenirs vagabondent dans les ruelles ténébreuses.
    Tous ont fui dès les premiers symptômes de détonation espacées
    Annonçant fumées qui abondent, signe d’éruption monstrueuse.

    Mais une femme prisonnière d’un jour sans fin impénétrable,
    Erre sans cesse à la recherche de ses enfants et son mari
    Dont l’image, qui fut sa dernière, les montre aller, si vulnérables,
    Sans pouvoir leur tendre la perche, vers le lieu où ils ont péri…

    Alors elle court, elle court sans cesse, les habits tombés en poussière
    À force de toujours courir pour tenter de les secourir.
    Un conte obscur dont la princesse à l’âme plénipotentiaire
    Résolue à tout encourir toutefois sans jamais mourir.

    Mais là où ils ont disparu, un jour s’ouvrira une porte
    Et ils arriveront ensemble la délivrer de son enfer
    Car un miracle est apparu et la femme qui n’est pas morte
    Rejoint la voie qui les rassemble et permet l’ultime transfert.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Rêves d’amours croisées

    Le petit poisson qui aimait le petit oiseau d’amour tendre
    A subi une évolution et l’oiseau une mutation.
    L’un s’est transformé désormais en amphibien qui peut prétendre
    Vivre à l’air libre en solution de son problème d’adaptation.

    Contrairement à l’albatros, peu doué pour la marche a pied,
    Le petit oiseau s’est doté de jolies jambes cavaleuses.
    Sans amour la vie est atroce mais l’ontogenèse lui sied
    Pour batifoler et goûter aux joies les plus voluptueuse.

    Dame sirène sur son îlot et Monsieur l’ange un peu pataud
    Cherchent comment se rencontrer car leur mémoire est altérée.
    L’une espère qu’un jour sur les flots viendra son prince sur un bateau ;
    L’autre espère que va se montrer son âme-sœur tant espérée.

    Mais quand la mer devient le ciel et le ciel couleur de la mer,
    Les rêves fondent l’un dans l’autre pour unir leurs deux espérances.
    Elle tendra son aile de sel, lui sa nageoire douce-amère
    Et l’amour se fera l’apôtre de la fin d’une vie d’errance.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev.

  • Stop au strip please !

    Stop au strip please !

    Je dois vous dire que ma voisine continue de me harceler
    En venant frapper à mon huis toute nue en quête d’amour.
    Par la porte de la cuisine – car les cloisons sont morcelées –
    Elle vient désormais chaque nuit me faire son strip-tease glamour.

    J’ai dit « non, arrête nymphomane ! Ma caméra de surveillance
    Transmet tous tes comportements au poste de sécurité.
    On me traite d’érotomane, de chaud lapin dont la vaillance
    Transforme son appartement en lupanar immérité ! »

    Ma chère voisine m’a répondu « mon cher voisin, je vous ai plu !
    Quittez donc votre appartement ; ma garçonnière est bien séante ! »
    Moi, épuisé, les nerfs tendus, résister m’étant superflu,
    Je l’ai suivie directement à travers la cloison béante.

    Tableau de Deni Bangke sur https:www.flickr.comphotos126338814@N07with14526949009 .

  • Des images très subtiles à découvrir

    Des images très subtiles à découvrir

    Les amateurs du monde entier, d’Ukraine, de France et d’ailleurs,
    Aiment décorer leurs intérieurs de peintures talentueuses.
    Mais afin que vous ressentiez l’image, moi, le rimailleur
    Vous entraîne au stade antérieur de chaque œuvre voluptueuse.

    Je vous entraîne dans le tableau à bord de mon bateau de rêves
    Où la femme devient une île qui accueille le cœur voyageur.
    Je vois à travers mon hublot ses côtes, ses plages et la grève
    Où j’accoste l’âme juvénile mais avec l’esprit imageur.

    Quand je pénètre la lagune qui détient son trésor caché,
    Je vois la peinture qui s’anime et me dévoile ses secrets.
    Une petite voix opportune, à laquelle je suis attaché,
    M’appelle et m’ouvre magnanime l’entrée de son temple sacré.

    Entre les siècles, elle s’élève, tatouée d’étoiles oubliées ;
    Ses mains en prière secrète accueillent l’ombre et la lumière.
    Je deviens alors son élève et chaque mot est publié
    De ses émotions indiscrètes mais d’une vérité première.

    Tableau de Nikolai Fedyaev.

  • Le chant des oiseaux muets

    Le chant des oiseaux muets

    Le chant de trois oiseaux muets remplissait le bruyant silence
    Par les réflexions des trois sœurs qui ne prononçaient pas un mot.
    Pourtant l’étrange menuet des filles par leur vigilance
    Trahissait un écho penseur qui, lui, n’exprimait que ses maux.

    Mais voici qu’un oiseau se lève, quitte une fille et disparaît ;
    Un second, sans doute solidaire, le suit dans un bruissement d’ailes.
    Quant au troisième, il ne relève que la tête, puis apparaît
    Plutôt rétif et considère qu’il est temps de s’occuper d’elles.

    Mais il n’a pas ouvert son bec que les deux autres s’en reviennent
    Chargés des nouvelles du jour qu’ils ont picorés sur les fils
    Télégraphiques du Québec dont les échanges se souviennent
    De trois muettes dont le séjour forme une boucle qui se profile.

    Leurs voix tissées d’absence éveillent leurs réflexions et leurs pensées
    Mais le silence chante en sourdine, imperceptible, oui, mais subtil.
    Cependant d’un souffle fragile, leurs plumes sont alors dispensées
    Par un écho sourd d’espérance au bord d’un absurde inutile.

    Tableau d’Inge Schuster sur https:www.facebook.cominge.schuster.1428 .

  • Lux in utero

    Lux in utero

    Dans l’utérus un bébé dort dans une cabine outremer
    Tandis qu’un courant rutilant dans le cordon ombilical
    Darde ses éclairs rouge-et-or depuis une étoile de mer
    Qui brille tout en jubilant en contractions obstétricales.

    Sans doute un premier soubresaut réveille l’enfant qui décide
    De partir en exploration et quitter sa chambre utérine.
    Le voici parti à l’assaut en transmettant dans l’eau acide
    Des mouvements d’imploration pour que sa mère les entérine.

    La lumière au bout du tunnel guide notre conquistador
    Vers le territoire promis pour son expérience nouvelle.
    Il enverra en sentinelle les eaux par l’étroit corridor
    À peine ouvert mais compromis par la mission qui l’échevelle.

    Sous la faible clarté de l’ombre, une double étoile se déploie
    Dans le secret du nouveau monde, le germe croît et prend racine.
    Puis la lueur balbutiante lui prépare déjà la voie
    Et l’univers alors s’incline au berceau de ses origines.

    Tableau d’Adam Scott Miller.

  • L’effet Doppler

    Lorsque la lumière a jailli, elle poussa son cri de naissance ;
    Les cheveux encore obscurcis du passage hors de la matrice.
    Elle trembla, elle tressaillit sous l’effet de cette puissance
    Car elle n’avait aucun sursis pour être l’onde inspiratrice.

    Alors « Lumière » flamboya son feu en toutes directions
    Pour porter la source de vie dans cette création féconde
    Car son Concepteur envoya sa plus lumineuse érection
    Semer les astres avec envie afin de procréer les mondes.

    Alors « Lumière » transmit sa foi et le feu de la connaissance
    Afin que chaque créature puisse à son tour devenir Dieu.
    Mais il s’avéra chaque fois que soient frappées d’obsolescence
    Les populations immatures qui trouvaient tout ça fastidieux.

    Il faut savoir prendre le train lorsque celui-ci entre en gare
    Et participer au voyage du grand programme de l’Univers.
    Celui qui manque alors d’entrain se perd, se détruit et s’égare
    Et « Lumière » dit « Quel dommage ! Hélas… les hommes sont pervers ! »

    Tableaux d’Andrzej Malinowski.

  • Le jeu de la vie

    Au début, je n’étais qu’un pion qui avançait au jour le jour
    Sur ce long plateau de l’enfance qui n’en finissait plus jamais.
    Après mon titre de champion, le jeu continuait toujours
    Sur des parties où les offenses étaient plus cruelles désormais.

    Alors la roue de la fortune a commencé très lentement
    À m’entraîner autour du monde auprès d’entreprises humaines.
    Et j’ai couru après les thunes au début par enchantement
    Et puis dans une course immonde toujours à la petite semaine.

    Si pour certains le jeu s’arrête à la porte du paradis,
    Les autres découvrent l’enfer à risquer leur vie comme enjeu.
    Si les uns gagnent à la retraite, d’autres perdent de maladie ;
    Quant à moi, je n’en ai rien à faire… depuis longtemps je suis hors-jeu.


    Un plateau géant aux cases imprévisibles,
    Pions, dés et pièges : rien n’est impossible.
    Mais chacun trace sa voie, entre pertes et gloire,
    Et découvre qu’on joue souvent sans le savoir.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Cro-magnon & internet

    Un jour, la Terre (ça lui arrive) se demanda :

    « Depuis les grandes découvertes et le commerce triangulaire,
    La science s’est développée ainsi que la technologie.
    La migration s’est vue offerte à la société pendulaire
    Qui a tôt fait d’envelopper l’homme dans la métrologie †.

    Mais si les machines ont vaincu leurs origines obsolètes,
    Si le téléphone portable a outrepassé l’ébonite
    Et si l’auto a des accus pour remplacer la pétrolette,
    L’homme est resté un incapable à rompre avec sa kryptonite.

    L’homme moderne qu’est-ce que c’est ? Cro-magnon avec internet !
    Lâche, belliqueux, égoïste, prêt à voler pour réussir.
    Il continue à fracasser son environnement, sa planète
    Soumis à des monothéistes qui ne font rien que l’endurcir.

    J’ai vu l’homme tracer ses empreintes, graver des runes sur mes parois,
    Il a dansé sous les étoiles, ivre de feu et de victoire.
    Puis, de béton, il m’a étreinte, bardée d’écrans, privée de bois
    Et je m’attends à ce qu’il dévoile qu’il perdu son territoire ! »

    L’homme moderne lui répondit :

    « On grogne tous dans nos cavernes, armés d’écrans et d’opinions,
    Postant selfies en bermuda sous des cieux en désolation !
    Le feu qu’on redoute aujourd’hui vient d’un tweet ou d’une rengaine
    Et nos gourdins sont, désormais, des like pour domination !

    On a troqué nos mammouths gras contre des steaks sous cellophane,
    Et la tribu forme un forum où l’on s’insulte à la chaîne !
    On vénère des dieux faits de drames, de jeux, de clics, de dopamine
    Mais on oublie d’aimer vraiment — sauf si c’est via messagerie !

    Le progrès ? Oui… dans les objets. Mais l’âme reste sous-exploitée,
    Le cœur bat mal, l’esprit vacille, la tendresse est sous perfusion !
    Nous, Cro-Magnons, on voit la Terre brûler à la télévision
    Et l’on ne pense qu’à voyager sans trop se poser de questions !

    On rit de nos propres reflets, happés par l’ombre numérique,
    On croit voyager dans nos têtes alors qu’on tourne en rond, cernés.
    Le progrès n’est qu’un camouflet issu de dieux électroniques ;
    Si nos instincts sont à la fête, personne ne se sent concerné. »

    † qui n’est pas la science du métro mais celle des techniques employées pour obtenir la plus grande précision dans les mesures..

  • L’œil de GÔÔgle

    L’œil de GÔÔgle

    Lorsqu’il s’arrêtera chez vous, ne dénoncez pas vos voisins
    De viol ou de pornographique de peur d’attirer les curieux.
    Indiquez-lui plutôt les fous qui lisent à devenir zinzins
    Et le tourisme phallo-graphique n’excitera plus les fous furieux.

    Si GÔÔgle voit votre maison, n’agitez pas vos sémaphores
    Car vous appâterez aussitôt les faux amis sur votre mur !
    À chaque changement de saison, nettoyez bien les métaphores
    Dont les cookies incognitos remplissent votre disque dur !

    GÔÔgle m’a vu, je suis foutu, je ne serai plus comme avant
    Mais scanné et numérisé avec pixels éberlués !
    Si vous m’apercevez vêtu ou nu derrière un paravent,
    Ne cliquez pas sur l’Élysée, c’est moi la meuf transexuée !

    Sous la pupille déformante, je vois se lover nos secrets,
    Ils tournent comme des comètes dans son arène numérique.
    Mais sur l’écran plat d’eaux dormantes, son parfum reste trop indiscret ;
    Un sein et un souffle qui commettent leur premier péché pixelique.

    Tableau de Raul Colon.

  • La sirène en gestation

    La sirène en gestation

    Combien de temps mettra la femme, née humaine, pour devenir
    Une sirène de plein droit, jolie queue et crinière blonde ?
    Certaines en meurent, c’est infâme mais elles n’ont pas pu parvenir
    À métamorphoser l’endroit qui soi-disant fait tourner le monde …

    Qu’elles aient un cul ou une queue, voilà ce que l’homme incrimine !
    Un cul pour capter les regards, une queue pour capter l’attention.
    Entre peau douce et derme aqueux, l’une et l’autre nous illuminent,
    Nous rendent idiots, un peu hagards, avec de mauvaises intentions.

    Alors pourquoi se transformer en sirène et risquer sa vie ?
    Pardi ! Pour l’immortalité avec la jeunesse éternelle !
    Mais elles doivent se conformer sous peine d’être poursuivies
    À traquer en totalité l’homme dans sa faiblesse charnelle.

    Le sang des hommes, bonne chère, nourrit mes songes de cristal,
    J’entends la vague qui s’énivre aux chants secrets des origines,
    Je me confonds avec la chair et dans la transe minérale,
    Je deviens l’onde qui délivre aux vents ses vérités marines.

    Tableau de Anna Bezklubaya.

  • Une pensée pour Neptune

    Une pensée pour Neptune

    Lundi, je chante sous la Lune, ma voix est douce et opportune ;
    Mardi, je chanterai pour Mars, pas seule mais avec mes comparses ;
    Mercredi, au tour de Mercure et ce n’est pas une sinécure ;
    Jeudi, me voici, Jupiter, je chante pour toi en solitaire !

    Mais lorsque vient le vendredi, Vénus alors me contredit ;
    Elle dit que mes chansons d’amours relèvent d’un sens de l’humour.
    Les marins ayant terminé mangés, gobés, exterminés,
    C’est inscrit dans mes chromosomes : je suis une mangeuse d’hommes.

    Heureusement le samedi, j’ai oublié ce qu’elle a dit
    Et je m’en remets à Neptune dont me vient ma bonne fortune
    Depuis qu’issue d’une pensée, il m’a ainsi récompensée
    En me donnant une voix de charme comme on donne le choix des armes.

    Sous les marées qui me traversent, je garde en moi l’élan premier,
    Une vibration universelle, mémoire ancienne des océans.
    Je chante encore à l’invisible, le dieu caché dans son palais,
    Qui me confie l’écho des mondes, gravé au creux de mes poumons.

    Tableau d’Eduardo Bolioli sur https:clubofthewaves.comsurf-artisteduardo-bolioli .

  • Sortie du contexte

    Sortie du contexte

    « Une fois sortie du contexte, l’inspiration demeure nue
    De toute digression pesante et tout détail surabondant.
    Alors je pénètre le texte, le cœur et le corps ingénus
    Mais avec l’âme bienfaisante et l’esprit qui a du répondant. »

    Ainsi pensait impunément la raison qui croyait tenir
    Les rênes de la poésie pour mener ses chevaux verbaux
    Qui trouvèrent opportunément une raison de s’abstenir
    En invoquant La Boétie, du Bellay, Verlaine & Rimbaud :

    « Ohé ! Monsieur de la conscience ! Vous n’êtes que le régisseur !
    Si le corps vous sied de nacelle et le cœur de locomoteur,
    N’oubliez pas que la prescience qui fait de nous un bâtisseur
    De Reflets Vers et qui excelle n’est autre que l’âme et l’auteur ! »

    « Qui est-ce vraiment qui tient la plume ? Qui EST la plume et l’intuition ?
    C’est moi qui file entre les rimes comme un frisson à mots couverts !
    Le mental toujours dans la brume s’égare sans les émotions
    Qui sont cette encre qui arrime le poème à tout l’univers ! »

    Ex-libris créé par Italo Zetti pour Jean Morisot sur http:art-exlibris.netexlibris30559?query=person-4535&pt=owner .

  • Toute une éternité d’amour

    Toute une éternité d’amour

    Mourir d’amour est impossible lorsque Vénus mène le jeu
    Qui lui plut tant qu’elle m’accorda une vie après chaque mort.
    Elle ressuscita impassible mon corps pour un nouvel enjeu ;
    Et c’est ainsi qu’elle m’aborda diversement et sans remords.

    Je fus Sisyphe remontant mille fois mon bâton fourré ;
    Je fus Tantale consumé d’une soif jamais apaisée ;
    Je fus Prométhée repentant au cœur sans cesse dévoré
    Par une Vénus allumée d’une folle envie de baiser !

    Faire l’amour éternellement pourrait vous paraître lassant
    Mais la coquine en profitait pour effacer mes souvenirs.
    Et je connus charnellement, étant mon propre remplaçant,
    Combien Vénus nécessitait d’enfanter d’âmes à venir !

    « Et je me cambre et je rayonne encore plus vite que la lumière ;
    Mon hymen déchire sa toile crevant d’une irruption solaire !
    Sur mon enclume, ton corps façonne mon œuf dans sa source première
    Pour forger le feu des étoiles créées au fond de mes ovaires ! »

    Tableau de Sergey Ignatenko.

  • Parler d’amour et le dire avec des fleurs

    Parler d’amour et le dire avec des fleurs

    Or l’anacoluthe en amour, c’est comme quand on n’s’y attend pas !
    À peine avais-je renoncé que je retombais dans ses bras.
    Toujours coquine, pleine d’humour elle ne m’laissa pas faire un pas
    Ni même un seul mot prononcer et me dit : « Abracadabra ! »

    Toutes ses fleurs multipliées ont jailli de sa bouche en cœur
    Et de la mienne également avec des hoquets florissants.
    Et j’avais beau la supplier d’arrêter son rire moqueur,
    Elle continuait goulûment son madrigal défleurissant.

    Et Vénus saisit mon sarment qui bourgeonnait impunément
    Et le greffa tel un pistil entre sépales et pétales.
    Mes amis, j’en fais le serment ; plus jamais ne serai l’amant
    De cette fille si subtile, à la libido si brutale !

    Elle soubresauta sans parole, sur mon bouton épanoui
    Et fit fleurir d’entre mes reins toute une floraison sacrée.
    En passant à la casserole, j’ai joui et m’suis évanoui ;
    Je mourus dans son souterrain, noyé d’une rosée nacrée,

    Tableau de Jana Brike.

  • L’esprit émeraude

    L’esprit émeraude

    Lorsque la nuit mon âme rôde dans les limbes noirs de mes rêves,
    Mon esprit devient émeraude et mon corps reste sur la grève.
    Mon cœur embarque pour Cythère sur un océan parsemé
    De tous mes vers dépositaires de l’amour que j’ai tant semé.

    Lorsque la frontière est franchie et que plus rien ne me ressemble,
    Alors j’appelle ma complice par un cri vociférateur.
    Tous les deux étant affranchis des règles, nous marchons ensemble
    Pour que le rêve s’accomplisse et devienne révélateur.

    Cette complice immatérielle dans la réalité concrète
    S’incarne et devient une femme, beauté ineffable et sans voile.
    Alors nos deux âmes plurielles entament leur quête secrète
    Dont le trésor est cette flamme qui brûle dans mon cœur d’étoile.

    Elle est mon ombre, ma lumière, la petite voix des tréfonds
    De nos âmes entremêlées dans intime nébulosité
    Qui vient de la source première de notre programme profond
    Dont le rôle est de démêler ce que nul n’a pu visiter.

    Et dans ce tissu d’ombre verte, là où l’espace devient chant,
    Un reflet céladon s’éveille – psyché amante révélatrice.
    Nos mots sont des perles ouvertes sur le mystère le plus touchant
    De cette petite merveille qu’est la poésie créatrice.

    Tableau de Brona Wingell sur https:www.artmajeur.combrona-wingell .

  • Conversations fructueuses

    Conversations fructueuses

    Les seins, soumis aux œstrogènes, sont plus que parties sexuelles.
    Les mamelons dardent un regard amoureux des plus érotiques ;
    Leurs subtilités érogènes donnent aux pratiques gestuelles
    Une émotion qui rend hagard celui qui en fait la pratique.

    Il est, entre fruits défendus et fruits mûrs, une préférence
    Envers les uns pour les amants et les autres pour les gourmets.
    Une caresse sur la peau tendue provoque maintes déférences
    Et la succion offre un moment d’appréciation transformée.

    Quand deux fruits rencontrent deux seins, que voulez-vous donc qu’ils se disent ?
    Des conciliabules mammaires et des échanges fructueux !
    Pas besoin de faire un dessin, et, à moins qu’ils me contredisent,
    Mamelles et fruits sont des commères aux entretiens voluptueux.

    Ils jasent, ces fruits bien juteux, au galbe ému des aréoles
    Dont la pulpe réclame la bouche et la chair une tendre caresse,
    Échangeant des mots sirupeux dans le secret des alvéoles
    Avec des langues qui s’attouchent pour un échange de tendresse !

    Tableau de Konstantin Kacev sur http:yathra123.blogspot.com201207paintings.html .

  • La balance vous salue bien

    La balance vous salue bien

    Une femme du signe de la balance, recherche avant tout l’harmonie
    Et elle vous embellit le cœur juste pour faire plus joli.
    Les petits regards qu’elle vous lancent avec tant de parcimonie
    Sont comme des anges moqueurs, facétieux mais toujours polis.

    Quand elle se dénude en silence, elle cherche le strip-tease parfait
    Qui fera monter le fléau de l’homme en train de la juger.
    S’il a beaucoup de vigilance, il verra que rien n’est surfait ;
    La trame du jeu vidéo fait tomber tous les préjugés.

    Quand la balance fait l’amour, c’est comme une chorégraphie ;
    Le corps se trémousse au tempo quand il surpasse l’Himalaya.
    Vous verriez avec quel humour elle écrit sa biographie
    Lorsque ses nerfs à fleur de peau lui font crier « Alléluia ! »

    Quant à l’homme, c’est l’alignement rare des sphères en balance ;
    Beauté pesée au milligramme, justice offerte sans calcul.
    Son verbe est un soulignement et ses phrases, une révérence,
    Et son feu brûle d’un orgasme lorsqu’il avance et puis recule.

    Tableau de George Kurasov sur http:www.kurasov.comindex.php?gallery&sold=0 .

  • Portrait surréaliste

    Portrait surréaliste

    Quand il m’arrive de percer les pensées les plus hermétiques,
    Les émotions les plus secrètes mises sous les verrous du cœur,
    L’aura se met à transpercer la peau de façon frénétique
    Et le visage alors sécrète ses vérités avec rancœur.

    Un soleil d’or sur la poitrine au niveau du plexus solaire
    Signale un esprit passionné par des sentiments généreux.
    Un front brillant comme vitrine indique un accès de colère
    Sauf si l’éclat est fractionné par un sourire chaleureux.

    En plus de la carte du tendre, comme l’amour est cartographe,
    Il faudrait tracer les symboles de l’âme-cœur et de l’esprit.
    Mais il faudrait aussi entendre les petits bips du sonagraphe
    Livrant le cœur qui carambole lorsqu’il se découvre surpris.

    L’aura n’est qu’un murmure ad hoc, reprogrammé dans l’invisible ;
    Un verbe échappé d’un silence plus ancien que les galaxies.
    Et à chaque fois qu’on l’invoque, une étincelle devient lisible ;
    Les deux âmes osent l’insolence d’en démontrer la prophétie.

    Tableau de Anna Matykiewicz.

  • Comme une aiguille mortelle dans une botte de foin

    Elle m’attend, drapée de silences, la gorge offerte à l’abandon,
    Ses yeux défient les apparences, un crâne blanc sous le menton.
    Ses bas filent vers la décadence, chaque maille raconte un soupir,
    Et moi-même, en douce indécence, je n’aurais pas dû m’assoupir

    Le foin ruisselle d’une absence, d’un feu figé dans l’étincelle ;
    Sur la courbe en effervescence, glisse un soupçon de ritournelle.
    L’aiguille, fine et assassine, patiente au fond du labyrinthe,
    Prête à piquer à la racine de mon cœur d’une douce étreinte.

    Elle joue à la marquise folle, en ballerine de poussière,
    Ses mains s’égarent sur le rôle d’une amante au goût de misère.
    Un soupçon d’ombre dans l’échine, un soupir lent comme un poison,
    Elle attend qu’un mot la dessine et moi je tombe en pâmoison.

    Elle a tant joué avec moi et m’a tant fêlé le bassin
    À coup de bourres et de débours sur ma baguette catastrophée,
    Elle m’a sucé jusqu’à l’émoi de l’épectase entre ses seins
    Et aujourd’hui joue du tambour avec mon crâne comme trophée.

    Tableaux de Yarek Godfrey sur http:hayang-modol.blogspot.com201203yarek-godfrey-french-artist.html .

  • Perséphone à cheval

    Perséphone à cheval

    L’été s’en va à la vitesse d’un cheval de race au galop
    Et Perséphone ne peut plus suivre l’automne seule à bicyclette.
    Alors elle brûle la politesse aux vacanciers en pédalo
    Qui, surpris dès qu’il aura plu, devront rentrer à l’aveuglette.

    Car Perséphone va apporter en plus des colchiques dans les prés,
    Pluies et brouillards, purées de pois, grêles et tonnerres à tue-tête.
    Dès septembre il faudra porter parapluies, bottes et cirés ;
    Le soleil ne fait plus le poids et les orages sont à la fête !

    Tableau d’Alexandre.

  • Mes rêves en mauve

    Au trente-et-un du mois d’août, les soirées s’habillent de mauve
    La vie en rose est terminée ; bientôt la rouille sera reine.
    Les matins n’étant pas jaloux, les aubes prendront une couleur fauve
    Et les nuits verront les minets violer leur grisaille sereine.

    J’écrirai mes reflets-violets, couleur du temps en faire-part,
    Et si j’ai le blues on lira bientôt mes faits-d’hiver précoces
    Sur feuilles mortes étiolées qui s’envoleront quelque part
    Là où, advienne qui pourra, mes vers deviendront bleu d’Écosse.

    Tableaux d’Ed Perkins.

  • Bienvenue sur Terre !

    Bien sûr lorsque nos luminaires conjoints ensemble dans le ciel
    Semblent jouer aux Pères et Mères célestes, c’est l’émerveillement.
    Aussi doux qu’un préliminaire dû à une rencontre essentielle
    Lors d’une petite mort éphémère pour en jouir éternellement.

    Conçu dans la lune féconde, lors d’un jet d’éruption solaire,
    Je suis resté là à rêver durant tout le temps d’une enfance.
    Après avoir couru les mondes où vivent les dieux en colère,
    Il était temps de m’abreuver de leur élixir de jouvence.

    Alors, j’ai débarqué sur Terre après plusieurs révolutions
    Infructueuses mais nécessaires avant d’y planter ma lanterne.
    Je suis arrivé solitaire dans un monde en évolution
    Dont malheureusement l’émissaire n’était qu’un cro-magnon moderne.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Bienvenue sur la Lune !

    Un coucher de Soleil sur la Lune, inédit,
    Trois points brillent au ciel : Vénus, Terre, infini.
    Là-bas, le silence tisse une émotion pure,
    Entre science et mystère, poésie et structure.

    La poussière s’endort sur l’autel du mystère,
    Un robot fait offrande à l’astre solitaire.
    Nul cri, nulle rumeur, juste un halo qui danse
    Et murmure au néant : « Je suis ta délivrance. »

    Alors viens, toi qui doutes, poser là ton regard,
    Cueillir l’horizon nu, sans homme et sans rempart.
    Sur la face cachée, le silence rayonne…
    Et l’amour, libre enfin, lentement nous couronne !

    Images fournies par la NASA sur https:www.20min.chfrstoryespace-un-robot-capture-un-coucher-de-soleil-lunaire-inedit-103305789 .

  • Les géants d’Albion

    Les géants d’Albion

    Du haut de ses falaises blanches couvertes de visages aigris,
    La Perfide Albion nous contemple depuis Guillaume le conquérant.
    Pourtant, malgré les avalanches de descendants, tous vert-de-gris,
    Couleur royale par exemple dont ils sont fiers au demeurant.

    Tandis que leurs chevilles enflent avant d’atteindre les sommets,
    Je philosophe sur la plage devant les eaux tourbillonnantes.
    Je sens que mon cœur se dégonfle et que j’ai l’esprit assommé
    Par mon regard perduau large bercé des houles résonnantes.

    Sous leurs crânes couleur de craie dorment des rêves en ferraille,
    Ils comptent leurs gloires passées comme on récite de vieux prêches.
    Et leur humour anglais ancré sent la pluie, le thé, la grisaille.
    Ignorant leurs deux doigts cassés pour ne plus nous tirer de flèches.

    Tableau de David Brooke.

  • Le virus du voyage

    Le virus du voyage

    Partout le virus du voyage se propage comme une vague
    Qui secoue toute la planète comme si le diable nous emporte.
    Les containers en convoyage tracent une courbe qui zigzague
    Depuis les sites internet, puis aboutissent devant ma porte.

    Pour ta prochaine destination, recherche bien dans les médias
    Les sites à ne pas manquer et les cadres de tes séries.
    Poursuis avec obstination ce que tu vois dans l’immédiat ;
    Surtout ne reste pas chez toi planqué et choisis bien ton égérie.

    L’égérie en publicité, l’égérie des émissions-jeux,
    L’égérie audiovisuelle et des réseaux socialisés.
    Venise toujours plébiscitée, Machu Pichu si Dieu le veut,
    Pour une retraite individuelle ou en voyage organisé !

    Illustration de Gemini.