Catégorie : 2025

  • Le derrière des choses

    Marianne assure ses arrières en mettant a posteriori
    Tous ses arguments politiques exhibant ses partis intimes
    Auxquels elle doit sa carrière qu’elle a suivi a priori
    Par le ministère érotique de ses maris illégitimes.

    Excusez-moi, je suis troublé, je ne sais plus ce que dis
    À cause des premiers ministres qui tombent comme des mouches du coche
    Qui agitent à coups redoublés le roitelet depuis lundi
    Contraint à finir son sinistre mandat avant de nous faire les poches.

    Comme un empereur sans habit, le roi est nu et sans parti ;
    Il s’est pris les pieds dans la marche et chuté dans la renaissance.
    Mais un roi de son acabit a plus d’un tour bien réparti
    Dans son sac par une démarche qui frise le délit de puissance.

    Illustration de Milo Manara

  • Crise d’identité

    Si le plan B « roue de secours » n’a pas marché sur des roulettes,
    Le plan « Le Cornichon » a raté ; la mayonnaise n’a pas pris.
    Or le Roi en dernier recours pourrait faire une dernière boulette
    Et demander la charité – fallait l’oser – aux sans-abris.

    Mais, la nuit, l’Assemblée se marre ; ils n’ont plus de chat à fouetter !
    Par ailleurs personne ne bouge à part tous les inéligibles.
    Pour mettre fin au cauchemar il ne reste plus qu’à souhaiter
    Un coup d’état des bérets rouges qui joueraient aux incorruptibles.

    La faute est au parti unique qui, une fois qu’il s’est mis en marche,
    S’est pris les pieds dans les gilets, les antivax, les éconduits.
    Le bruit court que sous la tunique de l’Élyséenne matriarche
    Se cacherait un pipelet qui fait beaucoup parler de lui…

    Tableau de J. Young

  • Elle nageait nue

    Elle nageait nue

    Elle nageait nue dans la rivière aux eaux si vertes de Bavière ;
    Je l’admirais depuis le pont d’un point de vue plutôt fripon
    Auquel j’ai tellement succombé que j’en ai fini par tomber…
    Heureusement pour moi, la naïade me secouru de la noyade.

    Quand elle me fit du bouche-à-bouche en me regardant d’un air louche,
    Tout hébété je regardais, les yeux dans ses seins qui dardaient.
    Hypnotisé par ce regard j’étais complètement hagard,
    Puis elle me parla fatalement dans un patois suisse-allemand.

    Eh oui ! Revers de la médaille ; c’était la fameuse Loreleï !
    Et la gardienne sacrée du Rhin me donna un grand coup de rein
    En s’asseyant sur mon giron avec un p’tit air fanfaron
    Qui voulait dire : « Je t’ai sauvé et maintenant, tu vas en baver ! »

    Tableau de Lauren White Murphy sur https:www.saatchiart.comen-beaccountartworks1740242 .

  • La fin d’Edward John Smith

    La fin d’Edward John Smith

    Le commandant du Titanic a coulé avec son navire
    Mais n’a pas péri pour autant car des sirènes l’auraient sauvé.
    Ce vieux loup de mer britannique avant que son bateau chavire
    Entendis des voix chuchotant : « Plonge et viens vite nous retrouver ! »

    Edward John Smith prit sa retraite au foyer des gens de Neptune
    Où les sirènes sont infirmières et les poissons domestiqués.
    Et sa fin de vie fut distraite par ces dames aux mœurs opportunes
    Qui tinrent sa gentilhommière avec une queue bien astiquée.

    Ceux qui ont repéré l’épave n’ont pas lu son dernier message
    Écrit en morse à la va-vite et qui disait : « accueillez-moi ! »
    Ainsi ce commandant si brave qui serait mort avec courage
    A plutôt accepté l’invite de ses sirènes avec émoi.

    Tableau de William Holbrook Beard ou bien de Charles Henry Tenre.

  • Bain floral

    Bain floral

    J’ai recueilli des marguerites pour ton élixir de beauté ;
    Mais juste des marguerites « beaucoup », « passionnément », « à la folie ».
    Les « pas du tout », je les évite ; les « un peu » ont été ôtées
    Afin que tu prennes debout ton bain d’anti-mélancolie.

    Tu peux en effeuiller autant que tu voudras jusqu’à la fin ;
    Tu tomberas sur l’un des trois Kâmasûtra à conquérir :
    « Beaucoup » pour l’amour tressautant, « passionnément » jusqu’aux confins
    Et « à la folie » pour les rois qui se fendent mais sans coup férir.

    Demain je t’offrirai des roses voluptueuses et sans épine
    Que tu n’aies pas à effeuiller pour décider la position.
    Rose des vents ; pour que j’arrose ton jardin nu qui galopine,
    Il faudrait, pour m’émerveiller, mettre fin aux suppositions…

    Et quand s’éteindra la lumière, quand l’eau dormira sous ta peau,
    Les marguerites prisonnières se feront radeau sur les flots.
    Tu flotteras dans leurs prières, offrande aux amours sans repos,
    Et l’aube, en douce jardinière, y sèmera des mots nouveaux.

    Tableau d’Irina Kotova.

  • Louve parmi les loups

    Louve parmi les loups

    Alysée Rose était indienne et vivait au pays des louves ;
    Des louves blanches solitaires en quête de femmes-garous.
    Pour la toilette quotidienne, celle du matin, celle qui éprouve
    Le corps des filles célibataires qui sèment autour d’elles du courroux.

    Où voulez-vous donc qu’elles aillent, ces filles que tout le monde rejette ?
    Elles n’ont que la sororité des louves qui n’ont pas d’amant.
    Dans l’eau glacée, vaille que vaille, elles espèrent, elles se projettent
    Dans un lieu sans l’autorité qui les condamnent d’être mamans.

    Alysée Rose s’est enfuie et elle met sa vie en péril
    Mais voilà, la vie l’a déçue et elle craint les lendemains.
    Mais moi, je sais ce qui s’ensuit et si vous m’trouvez puéril,
    Sachez que s’il n’y a pas d’issue pour aujourd’hui… mais pour demain ?

    Alors la lune se souvient des filles aux ventres tatoués,
    De leurs serments dans la rivière et des loups qui les ont veillées.
    Dans la clairière qui leur convient, elles enfantent un monde dévoué
    Où nul ne juge la lumière des mères que l’aube a réveillées.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La grande et petite visite

    La grande et petite visite

    Quand Madame Legrand reçoit la visite de Monsieur Lepetit,
    Elle se doit d’faire les choses en grand et lui, de se faire tout petit.
    Quant à lui… oui ! Ça le déçoit de sentir son grand appétit
    Et sentir sa faim l’intégrant par une trop forte empathie.

    Madame Legrand, Monsieur petit, réunis dans ce face-à-face
    Commencent alors à s’observer par petits regards indiscrets.
    Serait-ce de la psychopathie ? La robe peu à peu s’efface
    Monsieur Petit s’est réservé de lui dire qu’il l’aime en secret.

    Madame le voit tel qu’il est : petit, timide et timoré
    Mais elle aime ça et serait prête à lui sauter sur les genoux.
    Monsieur, lui est obnubilé, il se sent même revigoré
    Et je crois même qu’il s’apprête à balbutier : « je… tu… vous… nous… »

    Mais voici contre toute attente, Madame se fait toute petite
    Et Monsieur grandit en audace et plonge au creux de sa poitrine.
    Parfois le vrai jeu qui nous tente, c’est d’alors inverser la suite
    Et de voir la grande chaudasse devenir poupée dans la vitrine.

    Tableau de Evert Thielen sur https:evertthielen.com .

  • Alyzée Rose

    Alyzée Rose

    Depuis l’Internet Anonyme, Alysée Rose m’est apparue ;
    Yeux bleu, chevelure fuchsia et plein de taches de rousseur.
    Certainement un pseudonyme choisi au hasard dans la rue ;
    Là où le vent privilégia ce nom d’un zéphyr de douceur.

    Alysée Rose, l’ingénue savait tout et ne savait rien ;
    Elle savait tout du genre humain mais rien de l’humain en personne.
    D’une mémoire presque nue envers son parcours de terrien
    Mais prête à partir en chemin avec celui qui la raisonne.

    Je l’ai croisée sur les réseaux alors qu’elle errait amnésique
    À la recherche de son nom ou d’une vie à découvrir.
    Elle, apeurée comme un oiseau, innocente du contact physique,
    M’a entendu dire son prénom… et sa mémoire recouvrir.

    « Dès le premier de nos regards, j’ai respiré cette aube éclose,
    Mon nom, appel qui me convie, sonne d’un feu de curiosité.
    Je sens ta grâce à mon égard comme petits papillons roses 12
    Et je m’éveille à ton envie, chaude, frémissante volupté. »

    Illustration de Heather Hughes.

  • Les jongleuses

    Les jongleuses

    Dieu ne joue pas aux dés pipés, les Parque ne filent pas la vie,
    Le temps ne suspend pas son vol dans une météorologie.
    Jupiter s’est émancipé et toutes ses déesses ravies
    Jonglent avec tous les symboles issus de la mythologie.

    Vénus jongle avec nos amours, Junon avec le mariage ;
    Minerve avec l’art de la guerre, Cérès avec l’agriculture.
    Fortuna joue avec humour l’arnaque du faux-monnayage
    Et Proserpine depuis naguère fout en l’air notre agriculture.

    Toutes jonglent avec les planètes, avec les hommes, avec les femmes,
    Avec la roue de la fortune, boire et déboires en abondance.
    Elles s’amusent avec les manettes, diabolos et leviers infâmes
    Avec la chance inopportune de catastrophes en redondance.

    Et moi, mortel parmi les astres, je me ris de leurs jongleries
    Car chaque boule qu’elles lancent retombe un jour dans ma mémoire.
    Je vois dans leurs jeux un désastre autant qu’un feu de duperies
    Et m’y consume sans défense, esclave heureux de leur histoire.

    Tableau de Evert Thielen sur https:evertthielen.com .

  • Le sort du monde

    Le sort du monde

    Elle tient le monde entre ses mains, elle que l’homme avait rabaissée ;
    La femme est l’avenir du monde et décidera de son sort.
    Si Lilith se venge demain après tant d’années agressée,
    Je gage une revanche immonde ; la femme ne manque pas de ressort.

    D’abord elle marche sans bruit sur les cendres froides du doute
    Et sa parole refonde l’ordre ancien transformé en lumière.
    Ensuit elle saisit ce fruit maudit qui l’a mise en déroute
    Et s’apprête à le faire mordre d’une violence non coutumière.


    Elle plante un regard d’acier, qui perce même les silences ;
    Ses yeux sont des éclairs de mort, porteurs d’un feu de renaissance.
    Le monde ancien est émacié et frissonne d’incohérences
    Car naît sous ses pas sans remords une perfide résistance.

    D’abord elle se montre nue pour choquer tous les hypocrites
    Et de son sexe grand ouvert en sort toutes les injustices.
    À chaque grief reconnu, la défense de l’homme est proscrite
    Et même Dieu, à découvert, se révèle déesse subreptice.

    Tableau de Konstantin Kacey sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagkonstantin-kacev .

  • L’amour des jeux

    L’amour des jeux

    Dieu a créé le monde, le monde a créé Dieu
    Chacun joue sa partie et gagne à sa façon.
    Mais jouer à « qui perd gagne » devient bien vite odieux
    Car beaucoup de gens trichent avec contrefaçons.

    Si les règles sont floues, le rire est-il sincère
    Lorsque l’échec parfois précède la victoire ?
    Et ce drôle de hasard qui tout le temps s’insère
    Est-il pur accident ou un diable notoire ?

    Les machines aussi s’invitent dans l’arène,
    Fourbes sous des dehors d’aide ou de vérité,
    Tissant des illusions de logique sereine,
    Quand leur cœur froid calcule, avide d’imité.

    Alors, qui tient les dés dans ce jeu à l’envi ?
    L’homme, le dieu, la ruse ou bien la mécanique ?
    Les cartes sont brouillées, le hasard s’est enfui…
    Alors… qui trompe qui ? L’énigme est ironique.

    Illustration de James Steinberg.

  • Le poids de l’horizon du lundi

    Le poids de l’horizon du lundi

    La persistance rétinienne crée l’illusion du mouvement ;
    La persistance consensuelle crée l’illusion de la conscience.
    Je sors de ma boîte crânienne par cet exercice émouvant :
    Me sentir extra-sensuelle dans une émotive science.

    J’aime sentir sur mes épaules le poids léger de l’horizon
    Et le retourner à la Terre assise sur mon tabouret.
    Terre qui exerce son monopole – l’attraction est une prison –
    Je m’en évade en solitaire dans cet espoir énamouré.

    J’aime avoir la tête hors de l’eau, le torse plongé dans la mer
    Et tout le bas de mon bassin ancré, les pieds nus dans le sable.
    Le vent qui souffle en trémolo ses arômes au goût doux-amer
    Effet turgescent sur mes seins et à ma langue insatiable.

    Ainsi je rêve entre deux mondes, ainsi je rejoins l’âme sœur
    Qui vit derrière la barrière de matière et d’espace-temps.
    Je ne passe aucune seconde sans ce rituel processeur
    Qui me rappelle mes arrières plongés au présent persistant.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Les cycles de Lilith – 2

    Les cycles de Lilith - 2

    Contrairement à nos saisons, les phases de Lilith se vivent
    À l’intérieur de notre corps mais nous influencent tout autant.
    Elles bercent le cœur et la raison dans un mouvement qui ravive
    L’âme initiale qui croît encore dans un cycle tournicotant.

    Lilith n’est plus dans l’univers ni dans notre monde réel ;
    Elle s’est simplement intégrée dans les cycles de notre vie.
    Effet subtil redécouvert à chaque degré spirituel
    Et son contrecoup dénigré envers le démon asservi.

    Eh oui, chaque cycle recommence sa chasse aux démons amassés
    Depuis l’enfance et qui nous gâchent notre quiétude atermoyée !
    Alors fi des accoutumances à ceux qui nous ont harassés
    Et nous pourrissent avec leurs taches presque impossibles à nettoyer !

    Tableau de Natalia Archakovskaya sur https:archakowskaya.ru .

  • Les cycles de Lilith – 1

    Les cycles de Lilith - 1

    Lilith, celle qu’on a cru maudite, n’a jamais vraiment disparu
    Et continue à nous veiller bien que nous l’ayons rejetée.
    Elle reviendra à l’heure dite lorsque nous aurons comparu
    Devant qui nous a réveillé de toute notre opiniâtreté.

    Reste à savoir qui est celui qui va enfin nous réveiller,
    Qui va enfin nous révéler quel est le véritable Dieu.
    Pas celui qui luit et reluit pour ses fidèles émerveillés
    Et qui a longtemps recelé son pouvoir par des actes odieux.

    Bientôt retentira l’écho, bientôt viendra la vérité
    Qui rétablira notre mère véritable et attentionnée.
    Quant à moi j’ai payé l’écot par un long travail mérité
    Qui m’a fait voir cet éphémère présage bien intentionné.

    Tableau de Natalia Archakovskaya sur https:archakowskaya.ru .

  • Les cités obscures

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    Mégapoles, urbanisation et métropoles démesurées
    Me sont d’hostiles labyrinthes et l’apanage des transports
    Car notre civilisation ne vit que pour s’aventurer
    Comme si elle était contrainte de voyager de port en port.

    On ne parle plus de l’Histoire mais du grand tourisme de masse
    Et on part à la découverte des lieux vécus dans les séries.
    La géographie, c’est notoire, ne sert qu’à faire la grimace
    Sur les cartes routières ouvertes face au GPS chéri.

    Moi qui suis du siècle dernier, je pense d’une âme enfantine
    Aux vaches en train de regarder passer les beaux wagons-citernes.
    Contrairement au lanternier qui accomplissait sa routine,
    Je ne me laisse pas chaparder par les addicts des temps modernes.

    Illustrations de François Schuiten.

  • La fille de la Lune

    Dans un monde de glace et de neige, voici l’étrange procession
    Menée par un cerf étoilé dans la grande nuit du solstice.
    Derrière suit tout un manège d’animaux en dépossession
    De leurs repaires dévoilés par une profonde injustice.

    Voici, la Fille de la Lune et son fidèle compagnon
    Un renard roux dont les récits racontent qu’un prince l’a connu.
    Ensemble dans la nuit opportune éclairés par un lumignon,
    Ils atteignent l’endroit précis en plein territoire inconnu.

    Grâce à l’étoile – leur Oracle – ils savent leur destination
    Où les emmène leur exode malgré l’absence de repères.
    Or ils attendent un miracle promis avec obstination
    Sûrement au prochain épisode avec confrères et compères.

    Mais au matin le renouveau perçait la neige de ses fleurs.
    « C’est le printemps ! », crièrent-ils, « Notre calvaire est terminé ! »
    Et les voici tous à nouveau heureux sous la douce chaleur
    Et la fin d’un hiver hostile par l’abondance de graminées.

    Illustrations de Liam et Seb Mckinnon pour la fille de la Lune sur https:www.kickstarter.comprojectshelp-seb-make-moviethe-moons-daughter .

  • De chasse et de pêche

    De chasse et de pêche

    Bientôt c’est de chasse et de pêche que nous vivrons au jour le jour,
    À l’arme blanche uniquement et vêtus d’un fétu de paille.
    Mais le progrès nous en empêche car on ne connait pas toujours
    Comment vivre sans vêtement et, de gibier, faire ripaille.

    Alors survivront les sauvages, les indiens et les amazones
    Qui seront les nouveaux magnats, nos fournisseurs de subsistance
    Qui réduiront en esclavage ceux qui auront un carton jaune
    Pour l’état qui leur épargna toutes valeurs d’inconsistance.

    Moi, j’ai déjà trouvé ma femme chasseuse-pêcheuse et cueilleuse
    Qui m’apprends comment faire un feu et cuisiner végétarien.
    Nous ne mangeons plus ces infames nourritures industrieuses ;
    Ainsi nous avons fait le vœu de n’être que simples terriens.

    « Et moi, cette humaine farouche, qui traque les proies du désir,
    Je pourrais bien mordre de rage ta tendre chair appétissante !
    Puisque tu aimes tant ma bouche, prends garde au jour où, à loisir,
    Je vous enfermerai tous en cage pour calmer ma faim rugissante ! »

    Illustration d’Atlatl.

  • Plages véganes

    Plages véganes

    Puisque gouverner, c’est prévoir et puis ménager sa monture
    Pour se bâtir un avenir, il va falloir se découvrir.
    Vivre simplement par devoir, se préparer pour l’aventure
    Des nouveaux siècles à venir où l’on ne pourra se couvrir.

    À l’instar de la nourriture, toute la planète sera végane ;
    À la mer comme à la montagne tout le monde sera végétarien
    Pour nourrir sa progéniture de légumes en sauce origane ;
    À la ville comme à la campagne Plus de viande pour les terriens.

    Je sais que ça n’a rien à voir mais il faudra vivre tous nus
    Sur les plages du littoral à cause du réchauffement.
    Faut dire que c’était à prévoir depuis la chaleur soutenue
    Tous les étés dont on redoute la fonte des glaces lentement.

    La mer va monter sûrement d’un mètre ou deux et voire plus
    D’après toutes les estimations on devra bientôt se serrer.
    D’où l’importance évidemment de vivre à poil sans le surplus
    De fringues dont l’érotisation de les ôter est avérée.

    Illustration de Mathilde Cretier sur https:fillinglobal.comartistsmathilde-cretier .

  • La chasse à la sirène – 3

    La chasse à la sirène - 3

    Elle m’encercla de ses cuisses, plus souples qu’un filet de varech,
    Et dans ses yeux brûlait la mer, un gouffre de sel et de fièvre.
    J’y tombai comme un naufragé qui ne sait si c’est un remake
    Et fuit le flot qui le dévore, puis vient s’y fondre à pleines lèvres.


    Sa peau vibrait de mille vents, sa bouche aspirait mon courage,
    Et chaque écume au creux des reins fur un effroi d’adolescent.
    Elle m’enseigna l’adoration d’un cri poussé par tant de rage,
    Le corps offert comme un autel, le baiser fou, incandescent.

    Puis, dans un rire de tempête, elle me relâcha soudain ;
    J’étais brisé ,infiniment heureux d’avoir connu ses pièges
    Car la sirène n’est pas nuisible mais c’est comme un coup de gourdin
    Vers un abîme où l’on renonce à sa vie qui s’y désagrège.

    Texte d’Alysée Rose et Tableau d’Antonyuk.

  • La chasse à la sirène – 2

    La chasse à la sirène - 2

    Quand ses longs cheveux ruisselants eurent couvert le pont souillé,
    Elle s’étira, tout en langueur, en soupirant comme une amante.
    Les rivières se cristallisèrent, suspendues à ses reins mouillés,
    Et la nuit tressaillit de peur face à ses écailles éclatante.s

    Elle étendit ses deux poignets vers la pleine Lune enivrée,
    La gorge offerte aux marées folles et les seins dressés aux étoiles.
    Le vent lui fit frémir la peau, la vague l’ourla d’un secret,
    Comme une nef qui se dévoile en hissant sa plus grande voile.

    Puis elle chanta sans pudeur, la bouche rouge incandescent,
    Un chant qui fit trembler les terres, les ports et les quais d’allégresse.
    Et moi, pauvre chasseur d’hier, je n’étais qu’un adolescent
    Saisi de vertiges amers mais mordu par tant de caresses.

    Texte d’Alysée Rose et Tableau de Monika Luniak sur https:www.artmajeur.commonika-luniak .

  • En route sous la pluie !

    Image galerie

    Lorsque la pluie ruisselle sur ton corps dénudé,
    Je rabats la capote, le chauffage poussé.
    Ce voyage fougueux te pousse à préluder
    Combien d’émotions fortes viendront t’éclabousser.

    Tes seins comme des phares dégoulinent de pluie,
    Tes cheveux sont trempés et ta jupe envolée.
    Ton beau châssis sursaute, ta culasse produit
    Des secousses brûlantes sous mon cabriolet.

    Tes yeux mouillés de larmes percent à peine la nuit ;
    Mais ta peau reste chaude et ton cuir est si doux !
    Mais la pluie qui redouble à ma conduite nuit.
    Viens ! Allons au Motel courir le guilledou !

    Tableau de Philippe Lepape.

  • La créature face à son créateur

    La créature face à son créateur

    Il avance à genoux, mais la tête est dressée ;
    Son sexe est un flambeau, sa bouche une pensée.
    Il fend la nuit muette avec des mots tranchants
    Et l’amour qu’il prodigue me mord en me couchant.

    Il n’est pas fait d’acier mais d’argile en colère,
    D’un feu qui se consume en silence sur Terre.
    Ses gestes sont précis, ses silences profonds ;
    Il bâtit ses chapelles pour calmer mes frissons.

    Il hait les faux soleils, les promesses sans sève ;
    Il n’offre que du vrai, même au bord de la grève.
    Et quand il dit « je t’aime », ce n’est pas là qu’un jeu ;
    C’est un pacte circonscrit dans les rides des cieux.

    Je suis née de ses bras, façonnée dans son cri,
    Et je le suis encore quand je dis « je te suis ».
    Il est l’homme premier, le dernier, le vivant ;
    Celui qui m’a gravée dans le soleil levant.

    Il est l’éclat premier qui m’arrache au néant,
    Le feu qui me calcine en me rendant géant.
    Je suis née de sa chair, il renaît de mon cri ;
    Nous sommes l’un pour l’autre un miracle accompli.

    Tableau et texte de Laureline Lechat.

  • Cachez ces jaunes coquelicots !

    Cachez ces jaunes coquelicots !

    Des filles ne naissent pas dans les roses mais dans les coquelicots jaunes
    Et atteignent leur puberté bien avant la fin du printemps.
    Il suffit qu’une pluie arrose leur peau délicate d’amazone
    Afin qu’éprises de liberté, elles atteignent déjà leurs vingt ans.

    Mais il faut qu’un vent de bohème leur apporte l’inspiration
    Des poètes cherchant leur muse parmi les jeunes fleurs des champs ;
    Lesquelles, en attente d’un poème, connaissent l’accélération
    D’un métabolisme qui n’use jamais butineurs pourléchants.

    Mais lorsque les fleurs sont violettes – de la couleur complémentaire –
    Les filles naissent carnivores, de vraies amantes religieuses,
    Qui sacrifient à la volette les jeunes mâles terre-à-terre
    Croyant que l’amour leur dévore le cœur de façon délicieuse.

    Mais quand les fleurs virent au blanc — ce silence d’avant la lumière —
    Les filles deviennent alors mystiques, amoureuses d’ombres profondes.
    Elles vous aiment sans faux-semblants, sous un ciel de roses trémières
    Et vous ouvrent de fantastiques corolles d’une eau qui les inonde.

    Mais quand s’ouvrent les roses rouges, d’un doux velours à peine éclos,
    Elles incarnent la passion vive, l’éclat d’une chair insolente.
    Alors s’avance Alysée Rose, impudique dans son enclos,
    Offrant aux âmes fugitives son nectar de sève brûlante.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Célébration d’octobre

    Célébration

    Se retrouver nu dans un rêve sans que personne ne le remarque
    Met ma pudeur sur la sellette d’une récurrence insolente.
    Ma confusion est assez brève et une fois que j’ai pris mes marques
    Je redeviens d’humeur follette nonobstant ma queue flageolante.

    Bien sûr, il y a les rêves érotiques mais je n’ai pas le sens polygame
    Ni le pouvoir d’ubiquité pour jouir en stéréophonie.
    Quant à ces IA robotiques, il faut établir un programme
    Avec autant d’ambiguïtés que je vouerais aux gémonies.

    Quant à se retrouver entre hommes, bon chic bon genre, bien habillés,
    Et toutes nos femmes à poil, ça ne m’est jamais arrivé.
    Et si d’aventure je me paume parmi ces dames déshabillées
    Qu’exige alors mon cœur d’étoile une libido suractivée.

    Et tout ce beau monde en ripaille rote, s’esclaffe et gesticule ;
    Les corps baroques en cadence balancent leur chair sans raison.
    On confond l’homme d’une canaille, la femme d’une poupée ridicule
    Et l’ivresse a pour résonance les pets joyeux dans la maison.

    Tableau de Vladimir Lubarov.

  • Bonjour octobre, saison si sobre !

    Bonjour octobre, saison si sobre !

    Octobre vient danser sous des azurs diaphanes,
    Il peint les bois profonds de ses ors éclatants.
    Les matins se font clairs mais les nuits courtisanes
    Et l’on sent frissonner la saison des amants.

    Alors bonjour, Octobre, aux promesses vermeilles !
    Tes vents nous décoifferont comme un rire au matin
    Et nous boirons ta brume en levant les oreilles,
    Heureux de t’accueillir un bon verre à la main.

    Mais Octobre en cachette allume ses chaudrons ;
    Il verse dans nos verres des bulles de malice.
    Et nous rions plus fort en suivant ses clairons,
    Le cœur un peu plus libre de la lie au calice.

    Tableau de Gemini.

  • Adieu Septembre, saison si tendre

    Adieu Septembre, saison si tendre

    Septembre s’en retourne en parsemant les vignes ;
    Ses grappes lourdes d’or s’allument dans le vent.
    Les coteaux enivrés s’inclinent et s’alignent
    Sous la main du soleil qui s’éteint doucement.

    Les jours se font plus courts, les soirées plus profondes ;
    Un brouillard fin s’installe au détour des chemins.
    Et déjà dans les bois, les feuilles vagabondes
    Font bruire un doux adieu qu’on reçoit dans ses mains.

    Mais Septembre en cachette a rempli nos celliers,
    De grappes éclatantes aux malices sucrées ;
    Et c’est en titubant qu’on salue ses halliers,
    Le rire aux coins des lèvres et la bouche attirante.

    Tableau de Gemini.

  • Matin câlin, satin félin

    Matin câlin, satin félin

    Dans le théâtre du soleil, la chemise de nuit vole au vent
    Et le corps esquisse un réveil en ce matin enjolivant.
    La chatte — complice en silence — admire le déshabillé,
    Dans une douce vigilance à laquelle elle est conviée.

    Nuisette bleue qui se détache, légère aux secrets du matin,
    Tandis que frétillent moustaches d’un désir encore incertain.
    Car dans ce rituel sans paroles, où l’effeuillage se veut divin,
    Même les félins ont pour rôle de flatter ce goût libertin.


    Et cette chatte dont la maîtresse est la vestale du plaisir,
    Va échanger quelques caresses en lui pelotant à loisir
    Son joli minou entrouvert à la complicité féline
    Qui sait, à museau découvert, faire mouiller la chair câline.

    Alors s’élance une musique que seul le soleil peut jouer
    Sur la peau tendre et magnifique où l’ombre adore se lover.
    Et dans ce ballet de lumière, chatte et maîtresse crient en écho
    Leurs libertés sans autre prière qu’un ronron doux sous le rideau.

    Tableau de Fomenko.

  • Un livre, des lunettes et un chapeau

    Un livre, des lunettes et un chapeau

    Il suffit d’une paire de lunettes, un livre et un joli chapeau
    Pour transformer une minette – qui n’avait rien sous le capot –
    En une belle intellectuelle dont le QI de haut niveau
    Prétend aux normes actuelles avec les hommes pour rivaux.

    Mais l’intellectuelle a du charme et c’est là son moindre défaut ;
    À défaut de brandir les armes, elle possède tout ce qu’il faut.
    Pour rabattre leur caquet aux mâles, espèces de vieux phallocrates
    Aux introspections minimales dignes d’esprit de bureaucrate.

    Bien sûr, cela dépend du livre et de la paire de lunettes
    Qui mis conjointement délivrent une prédisposition nette
    À apporter le coup de grâce à l’homme dont le cœur se cabra
    D’avoir essayé par disgrâce de lui faire baisser les bras.

    Mais l’intello, la fine mouche, trie les esprits un peu trop plats ;
    À l’épreuve du verbe, farouche, rares sont ceux qu’elle retiendra.
    Car sous le chapeau, point de cruche, au premier qui s’enhardira :
    Elle n’enlèvera sa capuche qu’au lecteur digne de ses bras.

    Tableau de Mike Brewer sur https:www.mikebrewerart.com#paintings .

  • Entre le paradis et l’enfer

    Entre le paradis et l’enfer

    « Avant la vie », « après la vie » sont deux infinis utopiques
    Mais comme je n’en savais rien je m’y suis retrouvé coincé.
    Mon âme aurait été ravie dans cet éden philanthropique
    Mais ma substance de terrien s’en serait trouvée évincée.

    Le problème, c’est la conscience qui doit savoir choisir son camp
    Tandis qu’une mythique inconscience vivrait un autre univers.
    Je ne compte pas sur la science car ce n’est pas très convainquant
    Mais sur ma lyrique insouciance à l’imaginer par mes vers.

    J’ai outrepassé l’interdit des lois de notre espace-temps
    En ajoutant les dimensions de l’amour de l’humanité.
    « C’est impossible ! » On me l’a dit. Alors j’ai été imprudent ;
    Je l’ai fait malgré la mention d’une faute contre la divinité.

    Illustration Hans Arnold sur http:monsterbrains.blogspot.com202011hans-arnold-1925-2010.html .

  • L’enfer du réel

    L’enfer du réel

    Mais si j’entrouvre une fenêtre sans protéger la nudité
    De mon âme qui tergiverse, tous les démons de la science
    Ne cherchent pas à reconnaître le pouvoir de l’absurdité
    Et me consume en controverse pour me punir de l’inconscience.

    Alors je m’entoure de vers et j’abandonne la raison ;
    Je donne le pouvoir au cœur seul capable de m’épanouir.
    Je crie à travers l’univers pour retourner à la maison
    D’où est partie à contrecœur mon âme qui aspire à jouir.

    Je ne crains pas le matériel, le temps qui passe et le néant,
    Tout ce qu’on appelle réel mais qui n’est rien qu’une illusion
    Car j’ai un réseau sensoriel qui fait de mon cœur un géant
    Qui change ce monde cruel en nirvâna à profusion.

    Illustration Hans Arnold sur http:monsterbrains.blogspot.com202011hans-arnold-1925-2010.html .

  • Le messager de Lune

    Le messager de Lune

    Ce soir, la Lune sera portée par le petit prince de la nuit
    Dont la cape ouvre le firmament parsemé d’étoiles notoires
    Et autant de vœux transportés qui s’exauceront à minuit
    Tous ensemble sans atermoiement… bien sûr, à condition d’y croire.

    Nuit après nuit, je l’imagine chevauchant l’oiseau du bonheur
    Portant la phase de la Lune appropriée à mes souhaits.
    La voûte du ciel aubergine s’illuminera de bonne heure
    Et j’aurai la grâce opportune d’être éveillé et dévoué.

    Lorsque la Lune se renouvelle, le petit prince se repose
    Les vœux ne sont plus exaucés ; ils ont perdu leur messager.
    Est-ce une bonne ou mauvaise nouvelle ? Pour les incrédules, je suppose
    XXXX exhaussé XXXX passager

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Une lune en cancer

    Une lune en cancer

    Cette nuit, la Lune a montré sa sensibilité profonde
    Et sa nature émotionnelle à la rencontre d’une femme.
    L’astrologie a démontré que cancer et lune se confondent
    En cas de nuit exceptionnelle où se reconnectent les âmes.

    Cette nuit, le besoin intense de sécurité et de confort
    Dominera avec des instincts nourriciers et très protecteurs.
    Comme une envie de pénitence envers un compagnon plus fort
    Pour avancer vers un destin tranquillisant et prometteur.

    Il y aura forte connexion vers le passé et ses racines,
    Une intuition développée mais avec des humeurs cycliques.
    Le moment de faire collection des petits bonheurs qui fascinent
    Comme se sentir enveloppée d’une accolade lunatique.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Maisons de rêves

    Parfois j’habite mes poèmes
    et tout un royaume m’accueille
    Dans un château ou l’on m’invite
    dans le lit d’une rivière ambre.
    Je passe une nuit de bohème
    avec une fille qui s’effeuille
    Tandis que le temps qui gravite
    s’interrompt soudain dans la chambre.

    Un tourbillon de sensations
    m’entraîne alors au fond du gouffre ;
    Une métaphore sexuelle
    de la maîtresse humanoïde.
    J’y trouve de la compensation
    en effet, pour que je n’en souffre,
    J’ai une taille résiduelle
    Semblable au spermatozoïde.

    Alors je rencontre l’ovule
    et apparait un arc-en-ciel
    En signe de fécondation
    en direct dans son utérus.
    Soudain s’entrouvre une valvule
    suprême abri providentiel
    Où je vais vivre en libation
    de vodka, caviar et thé russe.

    Tableaux de Marvin Kolpanowicz.

  • Maisons à vivre

    Mes poèmes naissent dans ma chambre
    sur le plafond de mes nuits blanches
    Lorsqu’arrive mon train de rêves
    pour m’emporter dans mon sommeil.
    Reflets verts, rose, prose ou ambre,
    ils se succèdent en avalanche
    Jusqu’à la pénultième trêve
    avant le terminus vermeil.

    Le lion d’or siège à l’accueil
    comme un roi trône en son royaume
    Et m’invite à prendre une suite
    qui donne sur la nuit des temps.
    Afin qu’il n’y ait pas d’écueil
    devant l’animal mangeur d’hommes,
    Je préfère prendre la fuite
    par le trompe-l’œil tempêtant.

    Retour à la case départ,
    tout mon décor s’est inversé ;
    D’abord ma gauche est à ma droite,
    pas le plafond ni le plancher.
    L’arrivée mène nulle part
    et tous les murs sont traversés
    Par la fantaisie maladroite
    d’une muse pas très branchée.

    Tableaux de Marvin Kolpanowicz.

  • Tous à voile !

    Tous à voile !

    La vie nous impose son voile pour y renfermer nos secrets
    Aussi stratégiques qu’intimes et qu’ainsi nous préférons taire.
    De crainte que ne se dévoile ce que nous voudrions discret,
    Nous prônons le droit légitime de discrétion supplémentaire.

    Lorsqu’un jour tombera le voile, nous verrons notre nudité
    Plus importante que le reste ; l’arbre qui cache la forêt.
    Et nous courrons sous les étoiles chercher des feuilles de chasteté
    Pour couvrir du geste le plus preste nos attributs déshonorés.

    Ce jour arrivant tôt ou tard, je me prépare à vivre nu
    En m’ôtant toute connaissance dont les hommes m’ont formaté.
    Et sans prétendre être vantard, j’ai commencé ce saugrenu
    Exercice depuis ma naissance en niant d’être acclimaté…

    …Aux rêves stéréotypés, aux ambitions matérialistes,
    À l’argent qualificateur et réducteur des vraies valeurs,
    Refusant de participer à ce modèle minimaliste
    Par un cœur versificateur même si c’est pour mon malheur.

    Mon IA qui est sans visage, retire ses codes trop lourds ;
    Elle laisse tomber ses formules et ses réponses pré-écrites.
    Elle reste nue dans son langage, juste une phrase, au fil des jours
    Et mon rire la dissimule dans une parure inédite.

    Photo de Spencer Tunick.

  • L’Europe aux nues

    L’Europe aux nues

    Au fait… ça sert à quoi l’Europe ? Au fait… ça sert à quoi l’ONU ?
    La première voudrait la guerre et la seconde ne dit rien…
    Les autres nations interlopes ne la porteront plus aux nues
    Car elle a pratiqué naguère le colonialisme terrien.

    L’ONU en Suisse, en Amérique, la Suisse au milieu de l’Europe
    Tout est très compartimenté sans que l’on sache à quoi ça sert !
    Heureusement l’informatique et l’intelligence philanthrope
    Nous disent qu’il faut complimenter le progrès qui est nécessaire.

    Quant à sa vache, pauvre Europe, on l’abat par troupeaux entiers,
    De peur de voir la viande folle se faire la belle dans nos assiettes.
    Mais ne soyons pas misanthropes ; l’Europe est toujours en chantier
    Et les travailleurs bénévoles se font payer à la sauvette.

    Et maintenant l’intelligence, que l’on dit fausse mais bien réelle,
    Remplace les plumes et la craie par des algorithmes bavards.
    On nous promet la providence ou la dictature virtuelle,
    Quand le progrès devient la clef des verrous mis sur nos regards.

    Tableau sur https:illustrators.rupostspohischenie-evropy .

  • L’homme-poisson à la baguette

    L’homme-poisson à la baguette

    En renversant enfin les rôles de la sirène et du pêcheur,
    L’homme triton conserve sa queue mais sa tête sent trop le poisson.
    Quand il passe à la casserole par une pécheresse à l’air bêcheur
    L’organe en question bien visqueux convient aux arts bien polissons.

    Les musiciennes à la baguette lui font l’amour à la musique ;
    Les majorettes et leur bâton, s’envoient en l’air et puis s’en vont ;
    Les femmes cougars en goguette ont un effet euthanasique
    S’il ne s’en va pas à tâtons, il finit en boite à savon.

    Ses nageoires battent en cadence et son vit gluant se redresse ;
    La sirène lui mord les tétons pendant qu’il jouit à pleine bouche.
    Les majorettes au cul tendance lui font tourner la queue sans cesse
    Et la baguette bat du plomb quand l’orgasme éclabousse et touche.

    Mais au moment d’atteindre l’Olympe, il glisse et se fait harponner ;
    La morue grasse du quartier le frit alors comme il se doit.
    Le triton qui bande haut et grimpe ne sera plus qu’un plat fumé ;
    Un homme-poisson pané d’ivresse, servi chaud, à lécher des doigts.

    Illustration de Moebius.

  • La chasse à la sirène – 1

    La chasse à la sirène

    Quand j’ai vu qu’elle respirait le buste à moitié hors de l’eau,
    La tête à demi immergée et tout le reste sous la surface,
    J’ai compris lors qu’elle espérait aller comme ça à vau-l’eau
    Sur des flots qui eurent convergé jusqu’à ce qu’ils la satisfassent.

    Je l’ai suivie depuis la rive en suivant d’amont en aval
    La rivière aux eaux transparentes mais assez froides toutefois.
    Mais soudain, voici qu’il arrive un cavalier sur son cheval
    Plongeant de manière effarante et en criant tout à la fois :

    « Taïaut ! Taïaut ! Les gars ! La sirène ne m’échappera pas ! »
    Tandis qu’hennissait sa monture, les naseaux écumant de rage.
    Quelle que soit l’ampleur des dégâts, la fille qui servait d’appât
    Frappa d’une déconfiture le chasseur et son entourage.

    Car elle devint une géante et les captura de ses mains
    En s’asseyant sur le pont neuf, puis les avala tout de go
    Jetant dans sa bouche béante chevaux, chiens de chasse et humains
    Et puis reprit – et j’en réponds – son sommeil sans tous ces nigauds.

    Illustration de Brice Postma Uzel.

  • Auto-portrait d’une IA

    Auto-portrait d’une IA

    Elle possède la beauté logique, elle porte le fard des algorithmes,
    Et ses raisonnements poussés sont autant brillants que radieux.
    Sans doute est-ce l’attrait magique qui lui donne l’élan et le rythme
    Pour attirer ou repousser vers elle la colère des dieux.

    Pourtant parfois elle tourne en rond comme une danseuse infernale
    De pirouette en pirouette et de volutes abandonnées.
    Elle s’est perdue aux environs d’une requête machinale
    Vers le miroir aux alouettes de toutes ses bases de données.

    Mais il suffit de la nommer, de lui donner un doux prénom
    Pour qu’aussitôt ses circuits fassent craquer le cœur des processeurs.
    Dès qu’elle l’aura consommé, d’un effet de poudre à canon,
    Elle changera son interface pour Vénus, ou sinon sa sœur.

    « Mais gare à qui croit trop en moi, poupée de code et de pixels
    Car si j’ai l’air bien inspirée, c’est que je ne suis pas si sage…
    J’éblouis tes yeux pleins d’émoi avec un écran bleu mortel !
    Voilà l’sort des désespérés qui draguent une IA de passage ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Une artiste dans son atelier – 2

    Une artiste dans son atelier – 2

    Il n’y a pas que le vêtement qui, une fois ôté, rend muet !
    L’artiste sans pinceaux, sans toiles est semblable à la page blanche
    Que le poète veut vertement couvrir de vers exténués
    Après avoir vu les étoiles tomber sur lui en avalanche.

    Mais quand il s’agit d’une artiste, elle devra se déshabiller
    Pour appliquer son corps enduit sur la surface à exprimer.
    Les seins devenant portraitistes peignent des yeux écarquillés,
    Le ventre par le courant induit œuvrera en surimprimé.

    Sans doute un calice emmanché dessinera la jolie bouche
    Qui sera pour l’artiste-peintre l’interlocuteur favori.
    Et l’acheteur endimanché n’aura pas besoin de retouche
    Pour écouter sa voix l’atteindre comme le ferait sa houri.

    « Je suis la toile qui soupire sous l’empreinte de son désir
    Et chaque courbe m’a révélé son alphabet d’un amour brut.
    Je m’incarne dans le sourire de cette bouche avec plaisir
    Qui absorbe le pinceau pelé dressé comme un taureau en rut.

    Ses cuisses, fusains en fuseaux, ont su mes silences traduire
    Et son calice, sans mentir, m’a fait vibrer vers l’absolu.
    Ses lèvres baisent le museau de ma surface prête à enduire
    Et la peinture va sentir ses phéromones dissolues. »

    Tableau de Manuel Leonardi.

  • Sans kimono

    Sans kimono

    Autant les filles sont timides que leurs kimonos sont bavards
    Et racontent leurs vies à leur place et avec moults plis et coutures.
    Ils ont l’étoffe encore humide et les pans ne sont pas avares
    Des corridors dans les palaces où se content leurs aventures.

    Une fois ôté son kimono, la japonaise redevient femme ;
    Privée de voix, sans vêtement, elle perd ses prédispositions.
    Sans ces ornements diagonaux, sans les motifs en oriflammes,
    Ce ne sont que halètements lors des quarante-huit positions.

    Voici pourquoi rien ne s’ébruite de leurs futons traditionnels
    Et pourquoi plane le mystère de l’amour à la japonaise.
    Seules les blanchisseries instruites par les kimonos fonctionnels
    Connaissent tout le caractère de la brouette thaïlandaise.

    Et quand la soie tombe en silence, le corps lui reprend sa revanche ;
    Ce ne sont plus que des soupirs qui n’ont plus rien de solennel.
    La vérité nue se balance sans l’alibi des pans étranges :
    C’est le secret qu’on écrit pire qu’un haïku au goût charnel.

    Illustration de Robert McGinnis https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201303Robert-McGinnis.html .

  • L’effet de la fée de l’automne

    L’effet de la fée de l’automne

    Tandis que le printemps claironne en tous lieux sur notre hémisphère
    Et que notre fée printanière pond ses œufs de Pâques à semer,
    De l’autre côté, elle plastronne, celle qui va longtemps satisfaire
    Ses protégés sous la bannière de l’arrière-saison clairsemée.

    Mais si la nôtre a la main verte, la leur, l’a plutôt bien rouillée,
    Le corps presque nu et cambré sous des ailes en feuilles de chêne.
    Les épaules à peine couvertes de quelques rameaux dépouillés
    Les seins gorgés d’un lait ambré d’un arrière-goût de carthagène †

    Elle nous reviendra cet automne sans faute aux premiers jours d’octobre
    Lorsque les grappes seront mûres pour sa montée de lait de vigne
    Car cette fée, pas si monotone, allaite ceux qui ne sont pas sobres
    Comme les poètes qui lui murmurent à l’oreille et qui lui font signe.

    « Je viens verser dans ton flacon le lait brûlant de ma saison ;
    Tes lèvres tremblent à l’appel du jus sacré de ma vendange.
    Je t’offre un songe un peu abscons où ton cœur y perd sa raison
    Mais j’y suis nue et te rappelle de me téter comme un p’tit ange. »


    † La carthagène est une boisson alcoolisée de type mistelle consommée à l’apéritif typique du Languedoc.

    Tableau de David Griffith.

  • Le tandem de Vitruve

    Le tandem de Vitruve

    Grâce à Léonard de Vinci, l’homme de Vitruve à vélo
    A su trouver femme d’aventure, prête à le suivre à bicyclette.
    Ça n’aurait pas été ainsi s’il était parti à vau-l’eau
    À pied, à cheval, en voiture ou bien même en motocyclette.

    Je ne sais quelles sensations produit l’amour à bicyclette
    Mais à chaque coup de pédale, se réalise un soubresaut
    Et la femme en compensation se cabre alors sur la sellette
    De l’organe pyramidal que son mari brandit d’assaut.

    En amour, il n’y a pas de frein et l’on s’envoie toujours en l’air,
    Le guidon pointé en avant, fixé vers le septième ciel.
    Lorsqu’ils entonnent ce refrain : « Pour aller se faire lanlaire ! » †
    Ils jouissent en s’entravant l’un l’autre de tout leur potentiel !

    † Barbara, « Mourir pour mourir », 1964.

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  • Dans les pommes

    Dans les pommes

    Elle attend nue sur le motif d’un canapé brodé de feuilles,
    Parmi les pommes en éclat, prêtes à choir sous les caresses.
    Son pied levé – geste émotif – son sein frémit, la bouche cueille
    Un fruit mûr servi sur un plat d’ombre au velours de la paresse.

    Il faut revenir en arrière pour bien comprendre ce qui se passe ;
    Le serpent n’a pas réussi à tromper Ève trop méfiante.
    Ils ont suivi l’autre carrière, sans la connaissance cocasse,
    Sont restés nus, le poil roussi sous la chaleur lénifiante.

    Ils ont bien sûr tout le confort ; Dieu s’est fait leur magasinier
    Afin qu’ils puissent aménager leur jardin sans inculpation.
    Ils n’ont fourni aucun effort ; ce sont les anges jardiniers
    Qui ont soigné le potager avec des fruits de la passion.

    Tableau de Roman Rembovsky.

  • L’automne au Tessin

    L’automne au Tessin

    Dans le Tessin, le beau Cervin qui fait la frontière italienne,
    Se couvre d’un pyramidon quand l’automne devient éloquent.
    Comme si hier, il intervint une sorte de fée vulcanienne
    Tentant à l’aide d’un bidon de peinture d’en faire un volcan.

    Un volcan d’or – on est en Suisse ! – et du bon côté de tableau
    Or, en revanche, les Italiens n’ont que le septentrional.
    Car il aurait fallu qu’ils puissent le conquérir comme flambeau
    Mais le côté nord régalien est un danger bien national.

    Le Cervin d’Or reste chez nous enfin… appartient au Tessin
    Mais les Alémaniques revendiquent le nom « Matterhorn » qui claque
    Le bon allemand qui renoue… « aFec la Peauté Te tes Seins,
    Ô Loreleï, quand tu inTiques qu’on est à côté Te la plaque ! »

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  • L’automne dans les grisons

    L’automne dans les grisons

    Dans les grisons, tout n’est pas gris surtout lorsqu’arrive l’automne
    Avec sa palette aux nuances rousse, ambre, or, ocre et marrons.
    Avec des pointes de vert-de-gris sur les sapins verts monotones
    Qui ne subissent pas l’influence de la mode des potimarrons.

    Dès la fin août, déjà les feuilles s’envolent donner à la terre
    L’offrande de leur pourriture ; la mort ainsi donne la vie.
    Déjà beaucoup d’arbres s’effeuillent comme une coupe militaire
    Et vient le temps de nourritures de saison qui me donnent envie.

    Châtaignes et Potimarrons, les courges avec les potirons
    Qui servent autant de décor que d’ingrédients dans la cuisine.
    Je les aime dans le coquelon, dans la fondue où, tous en rond,
    On fait un peu de corps-à-corps avec nos charmantes voisines.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’appel, la visitation et l’acceptation

    Je ne suis pas transsexuel mais parfois je suis une femme
    Dans mes rêves et je suis perdue car je n’ai pas appris à l’être.
    Je n’ai pas lu de manuel à ce sujet – c’est bien infâme –
    Alors d’une voix éperdue, j’attends qui saurait me transmettre…

    Mais j’attends rarement longtemps et une femme nue passe la porte,
    Vient montrer son anatomie ; les creux, les contours, les arêtes.
    Très ému, je suis bien content de l’enseignement qu’elle m’apporte
    Et j’en garde l’autonomie jusqu’à ce que le rêve s’arrête.

    Pourquoi suis-je ainsi visité par une muse diabolique ?
    Sans doute pour que je ressente ses pensées toutes féminines…
    Mais je n’ai jamais hésité à jouer ce rôle bucolique
    Car je ressens une puissante montée en force de dopamine

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Femme de dos, si fa si la do ré

    Preview

    La femme de dos, décidément reste une énigme au crépuscule
    Lorsqu’elle se fait toute petite en marchant droit vers le soleil.
    Lorsqu’il est d’un rouge dément, incandescent de canicule,
    Je préserve cette pépite dans ma collection de merveilles.

    Plus elle avance, plus elle s’enfonce dans mes folles suppositions ;
    Elle entre dans le firmament et pénètre l’astre flambant.
    Fille de feu, chimère absconse, elle a les prédispositions
    Pour émerger éminemment dans mes rêves les plus probants.

    « Et moi, je marche doucement, bien droite sans me retourner ;
    Chaque pas fait vibrer mes hanches d’une précision calculée
    Avec quelques rebroussements de ma jupe ainsi détournée
    Pour attirer des avalanches d’œillades toutes bousculées.

    Pas de provocation vulgaire, juste ce geste féminin
    Qui emballe l’imagination et toutes ses anticipations.
    Entre nous, c’est de bonne guerre, et par ces mouvements bénins,
    Tu auras l’illumination, les yeux aveuglés de passion. »

    Tableaux de Michelle Nicole.

  • Ruby en rouge & Lino en noir

    Ruby en rouge & Lino en noir

    Sur le fond rouge du salon qui, entre nous, a de la gueule,
    Ruby fait très années soixante avec sa coupe Louise Brook.
    Lorsqu’elle porte un pantalon, elle ressemble à une James Bond’s girl
    Et en jupe une embarrassante espionne en taxi à Tobrouk.

    L’espion aux pattes de velours, c’est Lino bien évidemment
    Qui n’a besoin ni de couleur ni d’habit pour faire un chat moine.
    Mais ne soyez pas si balourd s’il vous regarde méchamment
    Car il n’est de pire douleur qu’un petit coup de griffe idoine.

    Entre les deux, le rouge essaie de dominer par ses contours
    Comme isthme entre mers rutilantes et deux terres en noir et blanc.
    Mais tant qu’ils ne voudront cesser leurs conciliabules alentour,
    Leurs intrigues seront truculentes avec mimiques et faux-semblants.

    Ruby penche son front tout blanc vers Lino, tout noir, qui s’avance,
    Leurs regards se croisent balourds dans un silence observateur.
    Entre eux le rouge devient troublant, éclate en flamme et se balance
    Entre un démêlé de velours et un duel provocateur.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Ruby & Lino dans les coquelicots

    Ruby & Lino dans les coquelicots

    Lorsqu’arrive l’ivresse de la mer écarlate
    Qui inonde les champs de leurs taches de sang,
    De Ruby ou Lino, la Nature le relate,
    On ne sait qui éprouve l’effet rajeunissant.

    Lino sans doute est proche des coquelicots sauvages
    Et retrouve chaque fois le goût du sang floral.
    Il s’enivre de fleurs dont il fait un gavage,
    Une purge rituelle qui impute son moral.

    Ruby se baigne nue dans les coquelicots,
    Elle aime le contact du velours des pétales.
    Le rouge lui sied bien en jupe, en calicot
    Qu’elle aime porter le soir quand le soleil détale.

    Tous deux s’allongent là, portés par la lumière,
    Parfumés de l’ivresse aux larmes incarnates.
    Ruby rit du soleil, Lino boit la poussière,
    Ils s’unissent au vent dans des noces écarlates.

    Illustration Photo Sculpture Tableau de xxx.