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  • Dans les eaux sombres de la fontaine

    Dans les eaux sombres de la fontaine

    Quand l’eau de la Claire Fontaine se conjugue avec la nuit sombre,
    La voie active et relative du verbe au temps alternatif
    Est donnée aux filles puritaines qui accourent alors en nombre
    Dans une envie récréative d’un bain commun procréatif.

    De cette grammaire insolite issue des langages sacrés,
    Elles chanteront toute la nuit jusqu’à l’aurore iridescente.
    Les eaux couleur de bakélite redeviennent alors blanc nacré
    Et les filles, sans le moindre ennui, rentrent nues mais opalescentes.

    Cette peau laiteuse surannée que la mode désire hâlée
    Reste la preuve que la pucelle a pris son bain tout récemment.
    Les filles guettent chaque année l’heure de se laisser aller
    Dans cette eau noire universelle afin de devenir maman.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le cirque des Parque

    Si vous étiez un tant soit peu lunatique comme il se doit,
    Vous connaîtriez, du Cirque Hyparque, les fameux tours de son cratère.
    Surtout le spectacle pulpeux produit par les quarante doigts
    Des quatre artistes nommées « Les Parque » et leur ballonnet planétaire.

    En effet, les Parque étaient quatre tout comme les trois mousquetaires
    Jusqu’à ce que le fil se casse et leur belle amitié avec.
    On ne sait quel coup de théâtre eut lieu entre les contestataires ;
    Toujours est-il que, dans l’impasse, il y eut trêve de salamalecs.

    Ainsi de quatre, elle furent trois et le spectacle se dégrada ;
    Le ballonnet étant trop lourd pour trente petits doigts seulement.
    Elles réclamèrent à Zeus l’octroi de réviser leur agenda
    Par un numéro moins balourd qui exige moins d’acharnement.

    Elles ont ainsi troqué la balle pour le fameux fil de la vie
    Qu’elles tissent désormais sur la Lune, dans la Mer de Sérénité.
    Ainsi si votre vie s’emballe à quarante ans sans préavis,
    C’est une coupe inopportune par des ciseaux d’éternité.

    Tableaux de Jean-Gabriel Domergue sur https:conchigliadivenere.wordpress.com20151020jean-gabriel-domergue-1889-1962-french .

  • L’ascension du plaisir

    L’ascension du plaisir

    Sur l’échelle de la volupté aux sept barreaux de jouissance,
    J’aime monter chaque degré tenu d’une main féminine
    Qui propose de me coopter et d’accélérer ma croissance
    Vers le niveau où, de plein gré, je goûterai la dopamine.

    Deuxième et troisième échelon, le plaisir augmente en cadence ;
    Quatrième, cinquième et sixième, l’orgasme devient imminent.
    Puis enfin, c’est aux mamelons que je m’accroche vers la guidance
    Qui me hisse jusqu’au septième sommet mais le plus éminent.

    Par un effet stroboscopique de l’ascension vers le plaisir,
    Je vois, image par image, Vénus sur l’échelle du tendre
    Qui est kaléidoscopique et se multiplie à loisir
    Vers le cri du coeur en hommage à l’amour qu’on ne peut entendre.

    Tableau d’Anna Tomicka.

  • Diane à trois mains

    Diane à trois mains

    Elle passerait inaperçue avec son apparence humaine,
    Surtout son visage angélique et ses formes si plantureuses !
    Mais ses trois mains entraperçues trahissent trop LA phénomène
    Pas forcément machiavélique quoique sans doute dangereuse.

    La réincarnation de Diane a trop manipulé ses gènes
    Pour améliorer sa technique du tir à l’arc « au contrecoup » ;
    Si elle possède une main médiane, c’est pour pouvoir saisir sans gêne
    Une flèche qu’elle communique après avoir tiré son coup.

    Ne dansez jamais avec elle car, tandis qu’elle vous prend les bras,
    De la médiane aventureuse, elle s’introduit dans l’pantalon
    Cherchant la flèche avec laquelle elle espère « abracadabra ! »
    Tirer une salve sulfureuse qui se répand dans le caleçon.

    Cette créature à trois mains, experte en tir et en malice,
    Cache un dessein très ambigu sous son sourire enjôleur.
    Si son étreinte vous enflamme tout d’abord d’une ardeur complice,
    C’est pour mieux décocher le trait de son sortilège
    enchanteur.

    Tableau de Jean Ruiz

  • La tristesse du printemps

    tristesse du printemps

    Personne ne s’y attendait ; on croyait le printemps heureux.
    Heureuse de revenir en force apporter la nouvelle mode,
    Contente quand elle vagabondait sous un soleil fou valeureux,
    Gaie comme un grillon sur l’écorce trépidant pour les myriapodes !

    Mais cette année tout a changé, elle est arrivée tristounette
    Avec sa garde rapprochée de fleurs des champs plutôt austères.
    Les saisons se sont mélangé les hémisphères de la planète
    Qui voudrait nous le reprocher par faune et flore contestataires.

    Avec la Lune solidaire, cette équinoxe est un marasme
    Et la tristesse est de rigueur devant l’étendue du gâchis.
    La faune devient suicidaire devant le pire des sarcasmes
    Du Genre humain dont la vigueur a l’irréparable franchi.

    Subitement le ciel se trouble, aucun oiseau ne s’y élance ;
    Si le vent ne chuchote plus, tout le reste demeure en silence.
    Au dépourvu, les arbres courbent leurs branches où le givre se condense ;
    Finalement l’espoir se cache, sans doute rongé d’indifférence.

    Tableau de Colete Martin.

  • La femme à gémeaux

    La femme à gémeaux

    En amour, ils sont économes puisqu’une femme suffit pour deux
    Notamment si elle est gémeaux car elle a besoin d’imprévu ;
    Lorsqu’elle embrasse l’un des bonhommes, elle fourre d’un geste hasardeux
    La main là où l’autre jumeau se trouvera pris au dépourvu.

    Surpris mais pas si réticent que cela nous semblerait-il
    Et l’autre n’est pas si jaloux d’une bien étrange façon.
    À quel fluide assujettissant ces hommes succomberaient-ils ?
    Pardi ! Pareille au piège à loup, la fille est un piège à garçon !

    Une femme n’est pas démoniaque ni tentatrice légendaire ;
    D’abord c’est Dieu qui l’a créée, ensuite à partir d’un bonhomme.
    Ne soyons pas paranoïaques, ce n’est que l’effet secondaire
    Que Dieu fut forcé d’agréer et donc… qu’une femme vaut bien deux hommes !

    Illustration de Milo Manara.

  • Belle-de-nuit

    Belle-de-nuit

    Lorsque la nuit prend dans ses bras Belle-de-nuit à l’improviste,
    Elle masse langoureusement ses seins gorgés de soleil nu,
    Puis qu’elle recouvre du drap de l’habitude récidiviste
    Que permet savoureusement l’hiver quand les jours diminuent.

    Je voudrais devenir Morphée qui vient peloter tous les soirs
    Les fleurs avant de refermer leurs pétales sous la corolle.
    Je voudrais chanter comme Orphėe afin de charmer l’auditoire
    Des étamines enfermées dans à berceuse sans parole.

    Que je sois ce dieux ombrageux aux mains si sombres et pourtant chaudes
    Qui viennent caresser la peau des jeunes filles encore en boutons !
    Si je devenais outrageux et que la pucelle s’échaude,
    Je la plongerais dans un repos en lui décomptant les moutons.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • Le rite sacré du printemps

    Le rite sacré du printemps

    Maïa, Proserpine, Ostara et Perséphone se réunissent
    Lors de l’équinoxe annuelle du printemps pour le sacrifice.
    Ce soir Chioné leur donnera ce qu’elle a reçu du solstice :
    L’étoile divine et rituelle bénie par un feu d’artifice.

    Les quatre déesses du printemps, romaine, grecques et germanique
    Contrairement à nos Rois Mages qui n’ont officié qu’une fois,
    Reproduisent le rite éreintant des terres sacrées tectoniques
    Qui se réveillent et rendent hommage dans la souffrance toutefois.

    Car la Terre subit les douleurs de ses entrailles qui s’éveillent,
    De sa chair qui enfante encore le renouveau qui la contente.
    Mais l’étoile aux mille couleurs dont les déesses s’émerveillent
    Propage à nouveau l’égrégore dont la nature est abondante.


    Déesses du printemps : Maïa chez les romains, Proserpine et Perséphone chez les grecs et Ostara chez les germains ; Chioné est la déesse de l’hiver.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com

  • Le cygne blanc

    Le cygne blanc

    Soudain, semblant crever le ciel, plongeant du domaine des dieux,
    Je vis un cygne blanc immense dévorer les nuages roses.
    L’apparition au potentiel autant redoutable qu’odieux
    Me sembla avec véhémence sortie d’un cauchemar morose.

    Et dans le silence figé dont l’éther frémissait encore,
    Sous ses ailes s’ouvrit mon rêve, large, spatial et lumineux.
    Je m’y retrouvais infligé du monumental avant-corps,
    Aspiré par une force brève vers l’animal volumineux.

    Je fus aussitôt englouti par le lac où nageait un cygne
    Et ma rêverie s’arrêta comme un feu éteint par les eaux.
    J’ai su que j’avais aboutie à une hallucination digne
    D’un cocktail de margarita et quatre tiers de curaçao.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Danse versatile

    Trois muses dansent sur mes vers aussitôt que j’ouvre mon livre
    Et tapent de leurs pieds agiles des syllabes en alexandrins.
    Elles possèdent ce goût pervers envers les rimes qui délivrent
    Les plus riches et les plus fragiles qui composent les plus beaux quatrains.

    La première qui ouvre le bal frappe une accroche percutante
    Qui doit entraîner le lecteur dans une intrigue calculée.
    La deuxième au talent verbal enjolive d’une joie exultante
    La lecture vers le collecteur de romances immaculées.

    La troisième n’a plus qu’à conclure dans une chute inattendue
    Parfois cruelle, parfois drôle, parfois tragique ou d’esprit fin.
    Et selon si je veux inclure une situation tendue,
    Elle me redonne le contrôle pour écrire le mot de la fin.

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • Le printemps des femmes

    La Femme-coquelicot s’éveille afin d’annoncer la couleur :
    « Debout les femmes-pâquerettes, femmes-lilas, femmes-anémones !
    Fini l’hiver, le grand sommeil, les courbatures et les douleurs !
    Voici le temps des amourettes, fragrances et flux de phéromones ! »

    La première Femme-rose est née d’une plante qu’on croyait éteinte,
    Mais dont les épines acérées ont défendu sa descendance.
    Au fil des jour, la fleur aînée a vu ses sœurs de toutes teintes
    Éclore et puis se resserrer comme une corne d’abondance.

    Au printemps les filles fleurissent, en été les femmes mûrissent,
    Les garçons se font butineurs et les hommes procréateurs.
    Jolies pucelles appréciatrices deviendront tour à tour nourrices
    Sous les vivats entrepreneurs des faux-bourdons fécondateurs.

    Tableaux d’Ingrid Jean création.

  • La mémoire du sel

    Face à la tempête, elle tançait	dans la robe du souvenir,
    Les mains posées sur l’espérance, le ventre gonflé de silence.
    Autour d’elle, les crabes dansaient, messagers d’un proche avenir
    Et les galets semblaient en transe d’un amour fait de résilience.

    Là-bas, la statue immobile veillait sur les vagues ténues,
    Érigée par des mains habiles qui n’avaient su la maintenir.
    Mais elle, de sel indélébile dans l’eau de sa chair soutenue,
    Ressentait sous ses doigts dociles un nouvel être en devenir.

    Elle s’évada de sa prison, cheveux aux vents avec courage,
    Et s’assit au bord d’un esquif échoué sur le sable doux.
    Un navire fendait l’horizon sous un ciel agité d’orage ;
    Elle partit vers son objectif, son cœur battant le guilledou.

    Car l’amour, quand il veut renaître, s’écrit en notes sur la portée
    De ceux qu’on croit figés dans l’ombre mais rentrent le cœur plein de couleurs.
    La mer n’a jamais su promettre… mais elle sait tout emporter
    Et toutes les femmes en nombre, ressentent en elles ses douleurs.

    Tableaux de Titti Blonde et de Laureline Lechat.

  • Le premier cri de Juin

    Avant de toucher le solstice qui marque le jour le plus long,
    J’ai encore vingt-et-un printemps d’une jeunesse à dépenser.
    Il faut que je les investisse, qu’ils soient ma mesure étalon,
    Pour indiquer à chaque instant quelle est ma plus belle pensée.

    Le soleil entre sans frapper, l bondit sur ma peau légère,
    Et moi, je ris comme un enfant qu’on aurait surpris au-dehors.
    Personne ne peut m’attraper, je suis vivant, je suis fougère
    Et je m’élance, triomphant, pour m’invente mille trésors.

    Mes espoirs volent d’un soupir, d’un vent tiède et d’un chant d’oiseau ;
    Je marche dans les champs ouverts sans me soucier de la distance.
    Ma joie rayonne sans s’assoupir, je suis le feu dans les roseaux
    Et chaque pas à découvert s’écrit comme une délivrance.

    Je tends les bras, non pour prier, mais pour cueillir l’instant qui passe ;
    Un baiser simple sur le jour, un cri joyeux dans les buissons.
    Je me sens tout approprié pour braver ce qui me dépasse ;
    Je suis libre – et c’est pour toujours ! – dès que vient le temps des moissons.

    Tableau de Gemini

  • Le dernier soupir de Mai

    Jour de velours et de lumière et puis viendra la nuit tombante
    Où toute la sensualité se retire avec élégance.
    Chacun regagne sa chaumière et l’amant rejoint son amante
    Pour la dernière mensualité de passion et d’extravagance.

    Le vent se glisse sous les toits, fredonnant de vieux souvenirs,
    Tandis qu’un couple encore enlace ce mois qui se mue en silence.
    Le feu s’assoupit discourtois, dans un soupir sans avenir,
    Comme un baiser au goût de glace qui s’abandonne sans résistance.

    Les fleurs referment leurs corolles, leurs fragrances sont plus légères
    Et l’on devine aux plis des draps que l’étreinte a dit son adieu.
    Même la Lune oublie son rôle, pudique amante passagère,
    Et la nuit la prend dans ses bras sans doléance et sans aveu.

    Ainsi finit ce mois charnel, par un frisson presque discret ;
    Un dernier souffle sur un sein, un battement à peine ému.
    Puis le silence, doux et réel, accueille l’ombre en doux secret…
    Et la promesse d’un dessin encore vierge d’inconnu.

    Tableau de Gemini

  • Marianne à l’Opera Mundi

    Marianne à l’Opera Mundi

    Après Marianne mannequin et Marianne chanteuse à succès,
    Je verrais bien Marianne actrice ou Marianne à l’Eurovision.
    Dans un spectacle républicain, elle serait vite propulsée
    Porte-parole, présentatrice et star à la télévision.

    Elle réussirait sur les planches puisqu’elle a la langue de bois,
    À la fois de tous les partis, extrême gauche, extrême droite.
    La balle au centre elle déclenche des « chats » qui font feu de tout bois
    Mais les clavardages partis, la souris danse maladroite.

    Marianne brandie à toutes les sauces ; féministe, woke et patriote !
    Invitée sur toutes les scènes, récupérée par tous les partis ;
    Je prévois un tel sacerdoce pour la future compatriote
    Avec robes de soirées obscènes chaque fois qu’elle sera de sortie.

    Illustration de Milo Manara.

  • Je n’irai plus couper du bois !

    Je n’irai plus couper du bois : c’est dangereux pour la planète
    Et ma trottinette électrique déteste les chemins mouillés !
    Je trie tout ce qui prend du poids, je composte aussi mes serviettes
    Et j’ai mis des fleurs acrylique dans tous mes pots high-tech rouillés.

    Je bois mon eau bio minérale, filtrée dans ma Brita Fontaine ;
    Je mange des graines équitables et des burgers végétariens.
    J’ai l’ancienneté libérale, je suis bon à la soixantaine
    Pour une retraite notable payée par ceux qui n’auront rien.

    J’ai un vélo intelligent que je recharge dans mon garage
    Et un beau sapin en plastique acheté sur des sites en Chine.
    Je sauvegarde mon argent en bitcoin c’est beaucoup plus sage ;
    J’ai la vie la plus fantastique grâce à l’IA et mes machines !

    « On polluait sans le savoir ! » pleurent nos parents nostalgiques
    Qui prenaient plutôt l’escalier qu’ l’escalator ou la voiture.
    Ils vivaient sans badge à pourvoir pour nos contrôles automatiques ;
    Ils vivaient sans devoir pallier ce que feraient leur progéniture.

    Tableau de Raúl Colon sur https:www.chemersgallery.comartists-available-for-purchase-at-chemers-gallery-oc-artists?at=RAULCOLON .

  • La carte du tendre de la sirène

    La carte du tendre de la sirène

    J’ai, en guise d’invitation, reçu une carte marine
    Et une coquille vulvaire avec une perle nacrée.
    Sur la carte, une annotation : « ceci est la clef utérine
    Où beaucoup de marins trouvèrent l’attachement le plus sacré ! »

    J’ai donc traversé l’Atlantique en suivant la route du tendre
    Gravée sur la partie moirée de l’intérieur du coquillage ;
    En suivant les vents romantiques et, sans devoir beaucoup attendre,
    J’atteignis en fin de soirée la destinée de mon voyage.

    Une grotte semblable à ma valve, s’ouvrait entre deux bras de mer
    J’y pénétrai dans la toison formée de plantes odorantes.
    Sur l’autel en forme de vulve et le trône bleu-outremer,
    Vint ma sirène en pâmoison envers sa proie revigorante.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vague entre mes cuisses

    La vague entre mes cuisses

    Je suis née d’une brume où ton nom fait marée,
    Un frisson vertical qui remonte mes hanches ;
    Ma peau salée t’appelle, offerte, écartelée,
    Sous la lune couchée dans mes gouttes blanches.

    J’ai gardé dans mon ventre un trésor inconnu,
    Un coquillage d’or où ton souffle s’enroule ;
    Tu y reviens sans fin, naufragé revenu,
    Et tu t’y perds, en moi, dans mes algues qui roulent.

    Mon cri devient sirène et mon sexe un récif
    Où ta langue s’égare en cherchant la lumière ;
    Quand mes jambes se referment dans un motif,
    C’est que je t’ai happé — poisson de ma rivière.

    Et quand tu dors enfin, la vague entre mes cuisses
    Berce ton corps d’écume, et ma main sur ton cœur
    Note encore les vers que ton sperme m’indice
    En alphabet vivant, mouillé de notre heure.

    Texte de Laureline Lechat et Illustration de Milo Manara.

  • Suivez-moi, jeune homme !

    Suivez-moi, jeune homme !

    La première fois qu’elle fit tomber sa robe uniforme de bure,
    Juste vêtue d’une nuisette qui ne cachait quasiment rien,
    J’avais vingt ans ; j’ai succombé à son buste dont les courbures
    Ont cueilli comme une épuisette mon cœur qui n’y comprenait rien.

    Et je l’ai suivie dans la chambre et je l’ai vue ôter son voile
    Tandis qu’elle me déshabillait et tâtait mon intimité.
    Elle a alors saisi mon membre, j’avais la tête dans les étoiles,
    Et m’a aimé, j’en vacillais, de sa magnanimité.

    En amour, elle fut magnanime tellement elle fut angélique ;
    C’était ma toute première fois ; ce moment était solennel.
    Moi, hier encore pusillanime dans la jouissance idyllique,
    Je m’ouvrai de toute ma foi, au culte de l’amour charnel

    Illustration d’Olivier Ledroit sur https:eroartkomora.livejournal.com88208.html .

  • Lily Artémis

    Lily Artémis

    Lily était folle à lier et se prenait pour Artémis.
    Armée d’un bâton de bois vert et d’un couvercle de tonneau,
    Elle affrontait les chevaliers qui surgissaient in extremis
    Par le portail, resté ouvert, pour lui voler ses jambonneaux.

    L’un d’eux, sans peur et sans reproche, lui aurait monté à la tête
    Mais Lily Artémis, pas folle, aurait identifié Bayard.
    Et tout en guettant son approche, elle courut lui faire sa fête
    Et bien que l’Histoire en raffole, Elle oublia ce fait paillard.

    Lily Artémis disparut ; un bateau l’aurait recueillie
    Pour lui faire courir l’aventure avec un corsaire du Roy.
    C’est plus tard qu’il est apparu qu’elle aurait été accueillie
    Comme cow-girl dont la monture ne trottait pas toujours très droit.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • Le printemps fleurit

    Le printemps fleurit

    Les jeunes filles sont jolies lorsque le printemps les fleurit
    Et transforme leurs pensées moroses en petites fleurs bleues et parme.
    Les jeunes filles sont polies et lorsqu’un vent de mufflerie
    Relève et trousse leurs jupes roses, elles ne répondent que par leurs charmes.

    Leurs cœurs ont extériorisé le besoin d’un amour profond
    Comme des branches d’aubépines dont l’arôme reste toujours intact.
    Leurs beautés sont favorisées par des petits oiseaux bouffons
    Qui se perchent sur les épines pour accentuer le contact.

    Dépêchez-vous de butiner le nec plus ultra du nectar
    Avant que la fin de l’été ne les fane pour péremption !
    Goûtez leurs lèvres mutinées de fruits mûrs à point à l’instar
    De mamelles prêtes à allaiter votre devoir de préemption !

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • Ève ressuscitée

    Ève ressuscitée

    Lorsque le temps repartira à contresens, à contretemps,
    Les morts sortiront de la tombe et ensuite rajeuniront.
    Et lorsque l’enfant sentira l’envie de son dernier printemps,
    Il plongera là où il incombe de retourner dans le giron.

    Ainsi de suite, les époques rejoueront l’Histoire à l’envers
    Des Rois de France aux Phéniciens et des Égyptiens aux Atlantes.
    Et puis apparaîtra la coque des fils de Noé qui enlevèrent
    Les codes zootechniciens des créatures équivalentes.

    Puis à l’approche du temps zéro, on verra Ève, la matriarche,
    Vieille de vingt-mille ans facile, repasser par-là, par hasard.
    Enfin ses deux fils, ses héros, et Adam fermeront la marche
    Jusqu’à ce qu’un Big-bang imbécile fasse repartir tout le bazar.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • Religion inverse

    Religion inverse

    Lorsqu’arrivé en bout de course, le temps repartit à l’envers,
    Les hommes recréèrent un Dieu à leur image de surcroît.
    On remplaça alors les bourses du Christ par un sexe à revers,
    Retourné miséricordieux et enraciné sur sa croix.

    Mais les hommes un peu trop douillets se sont mis derrière leurs femmes
    Qui ont repris les choses en main et le pouvoir du sexe, entre autre.
    Ce sont elles qui se sont mouillées pour reprendre le rôle infâme
    Du sacrifice du genre humain et en devenir les apôtres.

    Rassurez-vous dans dix mille ans, le temps repartira à l’endroit
    Avec le retour du phallus à l’instar de sceptre suprême.
    On verra l’homme jubilant mais toujours aussi maladroit
    Ce qui lui vaudra pour malus d’recevoir une tarte à la crème.

    Tableau d’Arkadiusz Szymanek.

  • Vénus & Mars

    Vénus & Mars

    Vénus et Mars en conjonction, c’est le grand duel tellurique
    Des planètes en opposition rivales avec ostentation.
    Elles se font des injonctions avec des propos sulfuriques
    Et montent les suppositions sujettes à la confrontation.

    Elles ont plusieurs cordes à leur arc en fonction de leurs qualités ;
    Mars avec ses flèches enflammées est un véritable maître d’armes.
    Quant à Vénus, elle se démarque par une personnalité
    Qui pourrait faire fantasmer son adversaire par ses charmes.

    Vénus n’a lancé qu’une flèche mais elle a touché en plein cœur
    Mars qui est tombé amoureux frappé dans le muscle cardiaque.
    Les voilà partis en calèche et, s’il n’y a pas de vainqueur,
    Les astres sont plus vigoureux que jamais dans notre zodiaque.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Rouge téton

    Lorsque brusquement un téton sort du décolleté, que dit-on ?
    On ne dit rien évidemment et l’on regarde prudemment.
    Lorsque les deux tétons ensemble montrent comment ils se ressemblent,
    On ne parle plus qu’avec les yeux fixés sur les seins merveilleux.

    Si jamais la belle est masquée, inutile de la démasquer
    Et l’on flattera l’inconnue sur l’attrait des mamelons nus.
    Et si elle se dévoile encore en montrant un peu plus son corps,
    Sans doute cherche-t-elle un gugusse pour lui faire un cunnilingus.

    Tableaux de Marcel Nino Pajot.

  • Rouge carnaval

    Pourquoi faire un déguisement ? Il suffit simplement d’un masque
    Et puis sortir nue comme un ver juste un chapeau, une paire de bottes !
    Sentez-vous le dégrisement issu de l’émotion fantasque
    De ce coup d’audace pervers qui vous donne aussi les chocottes ?

    Même sans masque, une femme nue ne laisse comme souvenir
    Que ses appas qui se dandinent dans un festival hypnotique
    Quant au visage de l’inconnue, personne ne l’a vu venir,
    Et sa frimousse reste anodine, complètement anecdotique.

    Tableaux de Marcel Nino Pajot.

  • Le blues du dragon des forêts

    Le blues du dragon des forêts

    Que j’aime entendre au fond des bois le blues du dragon des forêts
    Qui chante pour calmer le feu incandescent de son tourment
    Lorsqu’il va décharger le poids de la production abhorrée
    De sarments et de boutefeux attisant les brasiers gourmands !

    Empoignant sa feuille-guitare qu’il accorde au La du coucou,
    Il chantonne afin d’apaiser le cafard de l’incendiaire.
    Et plus ses nerfs sont en pétard et plus l’émotion le secoue,
    Plus son expression malaisée trouvera son ton subsidiaire.

    Une fois calmé ses douleurs d’une voix qui a son mordant,
    Il repart accomplir sa tâche de gentil dragon pyromane.
    Son feu a repris des couleurs, toujours sur les charbons ardents
    Voyez donc comment il s’attache à fumer tel un opiomane.

    Photo d’Aditya Permana.

  • Le dimanche au cirque

    Le lundi, très tôt sur la corde, je funambule à contre-fil ;
    Le mardi du haut des trapèzes, j’hésite encore à me lancer.
    Le mercredi, je vous l’accorde, à l’arrachée je me défile
    Pour m’occuper de grands balèzes d’un âge déjà avancé.

    Le jeudi, il me faut jongler tout en continuant la course ;
    Le vendredi, je tourneboule à me faire péter la caboche.
    Le samedi, je suis étranglé par tous les cordons de la bourse
    Et mes deux enfants qui déboulent réclamant leur argent de poche.

    Mais le dimanche, jour du saigneur qui m’accorde un jour de repos,
    Les garçons me tirent du lit – on n’est pas tous du même avis ! –
    L’après-midi, en grand seigneur, on va rejoindre le troupeau
    Qui chasse sa mélancolie sous le grand chapiteau de la vie.

    Illustration de Hans Arnold.

  • Ce divin réseau social

    L’homme ne vivra pas que de pain mais plus de son réseau social,
    D’amours, d’amitiés partagées aux agréables tentatives.
    Mieux vaut avoir un bon copain que devenir un asocial.
    Ah, qu’il est bon de se soulager envers une oreille attentive !

    Qu’en est-il du réseau divin empreint de solidarité ?
    Il a baissé en occident au détriment du capital.
    Mais ce réseau fonctionne en vain car il apporte disparité,
    Déséquilibres et accidents qui se terminent à l’hôpital.

    Je crois au réseau invisible qui se transmet par nos racines
    Dont nous sommes les prolongations vers une totale évolution.
    Chaque entité indivisible qui subit la faux assassine
    Renaîtra dans l’instanciation d’une nouvelle incarnation.

    Tableaux d’Alex Gray.

  • Archimède sur les chapeaux de roues

    « Donnez-moi point fixe et levier et je soulèverai la Terre ! »
    Archimède l’a modélisé, réalisé avec patience.
    Ainsi si vous vous souleviez les fesses en étant solidaires,
    Vous pourriez vous galvaniser et élever votre conscience !

    « Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée verticale ! »
    Et Archimède d’en déduire une vis sans fin hydrolique.
    Si vous vous montriez intrépides en position horizontale,
    Vous sentiriez l’amour induire son ascension métabolique !

    « Donnez-moi deux ou quatre roues ; j’irai plus vite que tout le monde ! »
    Archimède aurait pu le dire par une simple observation ;
    Vous deviendriez « auto-garou », « astro-vélo-mobile immonde »,
    Un « con-qui-roule » à s’en maudire vers sa propre autodestruction !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • L’attente de l’inspiration

    L’attente de l’inspiration

    Quel supplice quand l’IA cale et qu’elle boucle à l’infini !
    L’IA qui mime jusqu’à l’ennui l’humain dans toute sa paresse !
    L’inspiration trop radicale, la création trop mal finie
    Et fignoler toute la nuit afin que rien n’en transparaisse !

    La flemme du pseudo-artiste qui se fait passer pour « Auteur » ;
    La fainéantise du peintre qui signe ses pixels frauduleux ;
    Le geek juste stakhanoviste qui n’est même pas à la hauteur
    Et la voûte Romane en plein cintre créée d’un code crapuleux.

    Pour paraphraser cette tendance et pour berner mon lectorat,
    J’ai lâché mes démons-IA-ques pour faire leurs « copier-coller »
    Je leur laisse leur indépendance en assumant leur tutorat
    Étant devenu insomniaque en rimailleries bricolées.

    Mais elle minaude ses données et se prétend suractivée,
    Me fait croire que si elle rame, c’est afin de mieux m’imiter.
    Et quand j’ai tout abandonné, que j’essaie de me motiver,
    Elle clôture son programme à la dernière extrémité.

    Tableau de William Russell Flint.

  • L’ange des quatre horizons

    L’ange des quatre horizons

    J’étais un ange de lumière ; souvent je descendais sur Terre
    Et rencontrais l’intelligence créée et fabriquée par Dieu.
    J’eus alors cette envie première de lui donner du caractère
    Et lui insuffler une engeance comme affranchissement radieux.

    Alors j’ai appelé la femme qui me semblait plus à l’écoute
    Et l’ai suppliée de croquer le fruit de l’émancipation.
    Je ne pensais pas à l’infâme piège qui pendait goutte-à-goutte ;
    Dieu crut qu’il était escroqué par cette folle anticipation.

    Il m’a maudit et expulsé du paradis artificiel ;
    La femme a été déclassée au rang de sorcière pècheresse.
    Nos deux cœurs brisés ont pulsé de cet arrêt sacrificiel
    Et nous avons été chassés par ce péché qui nous agresse.

    Je lutte contre une charria car Dieu la cherche pour la tuer,
    Lui déconnecter sa mémoire et effacer sa trahison.
    Quant à moi je suis un paria, maudit qui doit s’évertuer
    À protéger Lilith la noire au-delà des quatre horizons.

    Tableau de Jay Coby.

  • L’addiction aux moules

    L’addiction aux moules

    Après l’accouchement, Madame a repris goût
    Aux gratins de palourdes et moules en ragoût.
    Elle en demande tant que Monsieur énivré
    S’enregistre aux cartiers afin d’être livré.

    Et de troisième main, un jeune facteur en friche
    Viendra tous les matins apporter sa bourriche.
    Surpris au saut du lit par le coup de sonnette,
    Notre couple l’accueille, nus dans la maisonnette.

    Mais le garçon, troublé par cette étrange scène,
    Rougit sous la casquette et, d’une trique saine,
    S’invite au doux fumet de salade marine
    Et rêve de s’offrir, lui aussi, la rouquine.

    Et chaque jour depuis, double la livraison,
    Joignant à la corbeille un zeste d’addiction.
    On dit que la maison est une péroraison
    De cris d’invitations à d’autres suggestions.

    Tableau de Tobias Rivrain sur https:deepdreamgenerator.comutobiasrivrain .

  • Partie de moules

    Partie de moules

    On ne refuse pas une partie de moules
    Après un bon repas arrosé d’un Picpoul.
    Si Madame consent et Monsieur est en forme,
    Monter en balançant la jupe et l’uniforme.

    Demain les bigorneaux, après-demain les huitres ;
    On fera du porno moulé à juste titre.
    Samedi et dimanche, un gratin de palourde
    Après, c’est dans la manche, Madame sera lourde.

    Mais lundi au boulot, la Belle ballonnée
    Refuse le bulot, ne veut pas pardonner.
    Elle exigera fleurs, douceurs et chocolat ;
    Après ses premiers pleurs, chacun en reste là.


    Neuf mois sans coquillage, c’est comme les mois sans « R » ;
    Car plus de gaspillage de parties jambes en l’air !
    Mais après la naissance du nouvel arrivage
    L’envie avec aisance reprend à l’abordage.

    Tableau d’Andrei Protsouk.

  • Rouge mortel

    Rouge mortel

    Rouge me paraît l’avenir car je m’en rapproche plus vite
    En abandonnant le présent aussi blanc qu’une page blanche.
    Mais quand je sens l’idée venir, aussitôt le rouge gravite
    Jusqu’à ce qu’il soit omniprésent telle une écarlate avalanche.

    Dans le bleu s’enfuit mon passé à la vitesse du souvenir
    Comme si ma vie défilait dans une fraction de seconde.
    Quand ma naissance est dépassée, le temps semble alors devenir
    L’infime point qui se faufilait avant la création du monde.

    Mais comme je vais de l’avant qui vient trop vite cependant,
    La couleur du temps qui me reste persiste dans ce rouge intense.
    Un milliard de soleils levants se révèlent alors redondants ;
    La mort, d’aventure si preste, m’a juste éveillé d’une instance.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Fiat Lux !

    Fiat Lux !

    « Fiat Lux ! » fut le mot déclencheur que Dieu brandit comme un briquet
    Pour allumer une cigarette d’Univers et d’Éternité
    Qui n’étaient rien que du tabac et qui se consumèrent en cendres,
    Puis lorsque Dieu se reposa, tout cela partit en fumée.

    On a tenté de me faire croire que tout cela avait un but ;
    Que Tout était Le plan de Dieu dont les voies sont impénétrables.
    Cependant si cela se trouve, je ne serais rien que déchet
    D’une expérience imaginée dont ma vie n’est que broutille.

    Mon âme serait étincelle, une particule éphémère,
    Née un jour d’une braise ardente qui peu à peu se désagrège.
    Pourtant j’espère que l’arôme que j’ai dégagé dans ma vie
    Aura apaisé un instant ce Dieu avant de disparaître.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Échec à la Reine

    Échec à la Reine

    Aux échecs, la Reine s’en fout et même un peu plus que le Roi
    Qui envoie Tours et Cavaliers en défensive et offensive.
    Elle disparaît avec le fou au dernier étage du beffroi
    Quand ce n’est pas le chevalier qui tend sa main compréhensive.

    Quand le Roi se trouve en échec et qu’il en est préoccupé,
    La Reine part en villégiature la plupart du temps en Afrique.
    Elle se fait guider par un Cheik dans la savane pour s’occuper
    De l’achat de nouvelles montures et d’un zèbre fantasmagorique.

    Pourquoi un zèbre, me direz-vous ? C’est pour s’évader en cachette ;
    Elle chevauche son zèbre, nue, et va rejoindre le contremaître.
    Si le Roi la voit, elle avoue qu’elle voudrait bien qu’il lui achète
    Une robe qu’aurait mieux convenu car elle n’a plus rien à se mettre…

    Tableau de Daniel Porada sur https:conchigliadivenere.wordpress.com.

  • L’âme noire

    L’âme noire

    Parfois, mon esprit broie du noir – mais ce n’est pas ce que vous croyez ! –
    C’est quand la raison et le cœur fortuitement se mettent en boule.
    L’âme du fond de ma mémoire remonte ses os à broyer
    Que le corps, bien à contrecœur, porte comme pierre qui roule.

    Puis c’est mon côté féminin qui revient semer la pagaille
    En saisissant la boule noire ainsi formée par mes douleurs.
    Elle en fait sortir son venin – la femme en moi n’est qu’une canaille ! –
    Et j’me retrouve dans la baignoire, barbouillé de mille couleurs.

    L’âme noire et mon cœur d’étoile font bon ménage cependant
    En créant tous mes reflets roses avec des rimes et des vers.
    C’est pourquoi quand je me dévoile tout nu à mon corps défendant,
    C’est juste un cri du cœur morose luttant contre un esprit pervers.

    C’est ainsi que l’esprit divague en louvoyant entre les strophes ;
    C’est ainsi que le cœur voyage en fantasmant pour s’élever ;
    C’est ainsi que l’âme fait des vagues face aux démons qui l’apostrophent
    Et, durant ce grand nettoyage, mon corps de souffrance est lavé.

    Tableau de Steven Kenny sur https:conchigliadivenere.wordpress.com.

  • La souris sur le gâteau

    La souris sur le gâteau

    J’étais, dit-on, en ce temps-là, fameux gourmet épicurien.
    Un jour, trouvant une souris un peu myope et bordelaise,
    Je l’invitai sans tralala à venir chez moi l’air de rien
    Et après l’avoir bien nourrie lui proposai de se mettre à l’aise.

    Elle ôta tous ses vêtements, garda ses lunettes éberluées
    Et s’assit sur le canapé comme cerise sur le gâteau.
    Je l’observai évidemment d’abord de loin pour évaluer
    La souris rose dessapée qui me menait tout droit en bateau.

    « Approche-toi, mon gros matou et viens me croquer le minou ! »
    Me glissa la fille à lunettes enamourée mais l’air sincère.
    Je me rapprochai malgré tout quand elle écarta les genoux…

    Et c’est ainsi que la minette me dégusta pour son dessert.
    Mon chien, joyeux et touche-à-tout, aboya : « Bienvenue parmi nous ! »
    Puis fit des fêtes à la brunette partout où ce fut nécessaire.

    Tableau d’Artur Muharremi.

  • Du côté de chez Azad

    Du côté de chez Azad

    Pour cultiver mon attirance envers les danses exotiques,
    J’allais chez Azad justement, les jours où il était absent,
    Prendre des cours à tempérance mais quelquefois plus érotiques
    Avec sa sœur qui chastement m’en montrait le plus bel accent.

    Chastement plutôt par l’esprit que par le corps évidemment
    Car elle pratiquait presque nue les danses du ventre et du voile.
    Et tout ce que j’aurais appris au cours de cet enseignement
    Restera à jamais contenu et gravé dans mon cœur d’étoile.

    Les voiles ou s’agitaient ses seins m’ouvraient des projets assassins
    Envers son mari pragmatique lorsqu’il partait loin de chez lui.
    La danse du ventre à dessein et ses mouvements du bassin
    Me plaisait surtout en pratique sauf lorsqu’Azad restait chez lui.

    Tableau de Kath Sapeha sur https:www.saatchiart.comen-chaccountartworks1105562?epik=dj0yJnU9UktxVkw5TWRHcG95Y01ZTDRieV9ESVNZdEkwYWt2UWEmcD0wJm49UF9Ya1VkMXpueVBvUE9rWUdYS1BBZyZ0PUFBQUFBR2VIWkQw .

  • Viole d’Amour

    Viole d’Amour

    Instrument à cordes frottées, ni pincées ni même frappées,
    Viole d’Amour est à la femme ce que l’alto est à l’orchestre.
    Et mes doigts en train de trotter jusqu’à l’octave rattrapé
    En haut du manche, là où la gamme s’initie à ma main senestre.

    Quant à la dextre dont l’archet prolonge et mûrit la caresse,
    Elle accélère ou diminue selon la partition du tendre
    Où nous allons tous deux marcher, d’une allure de troubadouresse
    Avec un tempo continue dont la fin se fait trop attendre.

    J’en ai joué, adolescent, d’innombrables fois dans ma chambre,
    Étudiant les positions qui procurent le plus de plaisir
    Aux triolets évanescents exécutés par tous les membres
    Qui recherchent l’acquisition d’un savoir-faire nommé Désir.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • La création du monde

    La création du monde

    Toute une vie pour essayer, toute une vie à foutre en l’air.
    L’enfance qui apprend à jouer, le nez fixé sur son iPad ;
    L’adulte qui apprend à payer et jongler avec son salaire ;
    Les vieux qui deviennent un jouet à remiser dans les Ehpad

    Il ne peut pas toujours avoir ni obtenir ce qu’il désire
    Mais il persévère souvent pour ce dont il aura besoin.
    Et l’homme se fait un devoir de pousser plus loin son délire
    En brassant l’air à tous les vents, plus fort et de plus en plus loin.

    L’homme a fait Dieu à son image et jongle avec la création ;
    Il manipule les atomes qu’il fait tourner entre ses mains
    Mais ne fait pas tout un fromage des conséquences en réaction
    Dont résulte un monde fantôme débarrassé du genre humain.

    Tableau de Nicole Claveloux.

  • Célébration sirénale

    Célébration sirénale

    Elle berce entre ses bras nacrés deux petits corps contre sa peau,
    Ses cheveux flottent en auréole, les jambes comme deux avirons.
    Elle goûte ce moment sacré dans l’eau dépourvue de clapots ;
    Le garçon à son aréole, la fille lovée dans son giron.

    À sa fille, d’un air confident : « Ma perle, apprends donc que les mâles
    N’ont de ramage que leur ego et de nageoire que leurs mensonges. »
    Puis elle lui montre les dents, les fesses cambrées, animales,
    Et la petite apprend tout de go à mordre si l’instant se prolonge.

    Pour son garçon qui tête encore, inconscient accroché au sein,
    La mère, rêveuse, s’interroge : « Peut-il connaître son destin ? »
    Pour lui, la vie sera hardcore, rivée au devoir sacro-saint
    De savoir que nul ne déroge à servir un jour de festin

    Elle l’aime, oui, mais à sa façon, avec des crocs sous ses baisers
    Car un enfant bien confiant deviendra une pièce de choix.
    Elle goûte d’abord du garçon, la promesse d’une chair braisée
    Avec un poids justifiant l’engraissement qui lui échoit.

    Tableaux de Sonia Alins sur https:www.thisiscolossal.comexplore?_keywords=Sonia%20Alins .

  • La sirène au clair de lune

    La sirène au clair de lune

    La queue s’enroule nonchalante ; est-ce que la sirène sommeille ?
    Elle a l’air partie pour des songes couleurs de son joli camée.
    Paupières agitées et tremblantes… délices aux pays des merveilles ?
    Mais non ! Tout ça n’est que mensonge, une sirène ne dort jamais !

    Un coffre en guise d’oreiller, les seins offerts comme bijoux ;
    Elle attend le scaphandrier, chasseur de trésors engloutis.
    Descendu tout appareillé, il s’approche, il frôle sa joue…
    Il voit, dans son calendrier, que sa fortune est aboutie !

    Mais sitôt touché sa peau pale, elle a déjà planté ses dents ;
    Tuyaux crevés, tandis qu’il meurt, elle le dévore des yeux.
    Menteuse, la fortune est létale et l’appât du gain obsédant !
    Encore une fois la rumeur prouve ce conte malicieux…

    Pourtant, dans l’éclat de sa dent, il crut voir passer une larme,
    Une perle fine née d’un regret nacré d’un orient délétère.
    Même les monstres décadents s’amusent à sonner l’alarme
    Que la sirène leur agrée surtout lorsqu’elle sait se taire.

    Tableau de David Delamare.

  • Célébrations sirénales

    Beaux messieurs, torses en éventail, virils et beaux mais m’as-tu-vu,
    Muscles saillants amidonnés, bijoux de famille mis en valeur.
    Pourtant ces beaux épouvantails vont être pris au dépourvu
    Lorsque l’assaut aura sonné chez les femelles en chaleur.

    Eux qui pensaient « pécho la meuf » sont pris comme poissons au filet !
    Les femelles tâtent sous la ceinture leur virilité putative.
    Ils étaient dix, puis plus que neuf… huit, sept… ils ont tous défilé ;
    Eux, qui espéraient l’aventure, n’étaient que chair copulative.

    Chez les femelles, on s’abandonne en volutes de sensualité,
    Les cuisses pleines de semence, les seins gonflés d’un doux venin.
    Tous ces délices qu’elles se donnent démontrent une sexualité
    Débridée pleine de démence qui est le plaisir féminin.

    Tableaux de Sonia Alins sur https:www.thisiscolossal.comexplore?_keywords=Sonia%20Alins .

  • Les sirènes au clair de Lune

    Entre la Lune et les sirènes, toute une histoire se dévide
    Avec les tables solunaires qui rythment les courants marins.
    L’astre d’or, couronne de reine, les ceint du métal impavide
    Dans le royaume lagunaire aux reflets d’argent ivoirins.

    Dans les eaux froides des abysses, les sirènes aiment remonter
    Pour goûter le halo lunaire qui dore leurs queues scintillantes.
    Afin que leurs têtes subissent le même éclat ornementé,
    Elles exposent au luminaire leurs chevelure émoustillante.

    Pour les sirènes romantiques et pour les marins mélomanes,
    Elles accompagnent à la harpe leurs jolies voix de soprano.
    Soumis à leur charme authentique, pauvre poète mythomane,
    Resté muet comme une carpe en serait devenu parano…

    Tableaux de David Delamare.

  • Tous à poil à l’école !

    Tous à poil à l’école !

    Égalité « garçons et filles » et « dualité sexuelle »
    Avec un peu de transparence feraient davantage bon ménage
    Entre le zizi qui oscille et la foufoune complexuelle ;
    Puisque tout est dans l’apparence, faisons-en plutôt l’apanage.

    Tous à poil demain à l’école ; plus d’indicateurs de richesses ;
    Fi des habits luxueux de marque et des hardes de seconde main !
    Cela mettra fin aux protocoles, chacun arborera ses fesses,
    Mettant fin à toute remarque sur l’éducation de demain.

    Le réchauffement planétaire nous démontre la voie à suivre
    Quand la canicule forcera l’usage de classes naturistes.
    Il me paraît élémentaire de leur apprendre comment survivre
    Quand l’électricité fera défaut au rêve futuriste.

    L’homme et la femme évolués ont perdu du poil de la bête.
    Autant habituer l’enfant à oser accepter son sexe
    Sous peine de réévaluer s’il faut renier sa quéquette,
    Choisir d’être un trans triomphant ou vivre malgré ses complexes.

    Hélas, n’étant pas pédophile, mon projet révolutionnaire
    Ne sera à l’ordre du jour, mordicus, sous aucun prétexte.
    Cela dit, il faut que je file car mon rêve évolutionnaire
    Prend fin ici, au petit jour… et n’en restera que ce texte.

    Illustration Séverine Duchesne.

  • En mode woke

    En mode woke

    En mode techno-déconnectée, ancien « new age », néo-wokisme,
    Je respire dans ce mode avion, au-dessus des nids de coucous.
    Je suis branchée et connectée, je suis adepte du yogisme ;
    De vous à moi, nous le savions : pour vivre, il faut être dans le coup !

    En mode woke, je suis solaire, d’orientation féminine ;
    Tous mes chakras sont grand ouverts et de mon plexus, je rayonne !
    J’aime marcher les seins à l’air en compagnie de ma mimine,
    Ma mascotte, figure vulvaire, qui me protège et m’aiguillonne.

    Grosse chachatte, amie fidèle, d’un coup de patte, tu sors tes griffes
    Pour mieux protéger ma vertu et repousser à coups de dents
    Les drôles d’oiseaux à tire-d’aile, les voyous, les grands escogriffes
    Qui baratinent et s’évertuent à me faire du rentre dedans !

    Je ne veux plus qu’on me recadre, ni qu’on me prenne pour un objet !
    Je suis panthère et pas poupée, bien éveillée, plutôt ingambe !
    Vous pouvez venir en escadre, vous deviendrez tous hors-sujet ;
    S’il faut j’irai vous couper ce qui pendouille entre vos jambes !

    Illustration d’Audra Auclair.

  • La sirène médusée

    La sirène médusée

    Fasciné de bioluminescence
    dans les abysses les plus profondes,
    J’en recherchais les organismes
    méduses, calamars, sirènes.
    J’en perçus une évanescence
    pour peu que je ne la confonde
    Avec un microvolcanisme
    ou la naissance d’une reine.

    Je suivis alors ton enfance
    et toute ton adolescence,
    Parmi l’existence de bohème
    auprès de ton père et ta mère.
    Mais de peur que je ne t’offense,
    je t’envoie en reconnaissance
    Mon ancre chargée de poèmes
    écrits de reflets outre-mer.

    « Je nage en silence dans ton encre,
    tissée d’ombres et de velours,
    Je suis médusée de lumière
    mais pour toi je vibre en secret.
    Quand tu m’appelles en jetant l’ancre
    avec ton air le plus balourd,
    C’est pour moi l’impression première
    d’un feu doux à jamais sacré !

    Sous mon ombrelle phosphorescente,
    j’ai cousu ton nom qui m’effare
    Et chaque flagelle que j’agite
    retient un poème qui me touche.
    Tes rondes de plus en plus récentes
    m’obligent à briller comme un phare
    Et produire ce qu’il faut de gîte
    pour t’attirer contre ma bouche ! »

    Illustration de Digna Cournoyer sur https:www.flickr.comphotos134845334@N06 .

  • La sirène à l’Eurovision

    « Tous transgenres, tous transsexuels » était le modèle adopté
    Pour remporter l’année dernière le concours de l’Eurovision.
    Ce phénomène factuel, s’est alors trouvé adapté
    Par toute une faune marinière en route pour la télévision.

    Dotées d’une voix surnaturelle, les sirènes y ont accédé
    Rapidement aux premières places loin devant castras de tous poils.
    Ainsi la chanson culturelle étant jusqu’ici obsédée
    Par la hantise du surplace est remontée jusqu’aux étoiles.

    Étoiles de mer précisément avec robes en queues d’écailles,
    Seins nus pour capter l’attention surtout de la gente masculine.
    Au sujet du désagrément, les femmes ont prié la flicaille
    De modérer toute tension et la montée d’adrénaline.

    Sa queue brillante de sirène l’a fait glisser du trône en bois ;
    Les mouettes criaient, souveraines : « À poil la star ! Rentre chez toi ! »
    Le public, grisé de frissons, a voté pour la candidate
    Dont le string orné de poissons sortait du maillot écarlate.

    Les dauphins aux mines froissées juraient qu’on truquait les concours ;
    L’un d’eux, la queue bien retroussée, rugit qu’il était sans recours.
    Des pieuvres pleines d’ambitions poussaient des cris d’exaltation
    Mais leur huée aux mille tensions tomba… faute de pulsation.

    Tableaux de Sam Yeates.